MonpĂšre m’a dit « tu travailles jamais » j’ai dit « je travaille en silence la rĂ©ussite se chargera du bruit » il m’a rĂ©pondu « ferme ta gueule » mdrr. 23. Avr, 2018. admin. LOL. Leave a comment PensĂ©ede Lea-trent sur Silence Une citation au hasard ? >> Faites vos projets en silence, la rĂ©ussite se chargera du bruit. 1 Citation d'internaute Lea-trent Auteur, Chanteuse, InterprĂšte, Achetezle design « Travaille en silence, la rĂ©ussite se chargera du bruit » par DesignAgency sur le produit suivant : Sticker Vendez vos Ɠuvres Connectez-vous Inscrivez-vous Artistes populaires LecontrĂŽle du niveau sonore est une clĂ© de la rĂ©ussite du dispositif. LĂ  encore, des expĂ©riences peuvent ĂȘtre vĂ©cues par les Ă©lĂšves pour les aider Ă  prendre conscience du bĂ©nĂ©fice du silence pour tous dans les apprentissages. On peut utiliser un code son en classe pour indiquer aux Ă©lĂšves le cadre nĂ©cessaire Ă  la phase de travail. Dịch VỄ Hỗ Trợ Vay Tiền Nhanh 1s. ï»żSaviez-vous Que? Saviez-vous que ? Conseils Utiles LOL Story Terreur 03. DĂ©c, 2013 admin Conseils Utiles Leave a comment Tags Conseils Utiles, Faire du bruit, laissez le succĂšs faire du bruit !, le succĂšs, Travailler, Travailler dur, Travailler dur en silence © 2022 Saviez-vous Que?. All Rights Reserved. Contactez-nous Conditions d’Utilisation Politique de confidentialitĂ© Powered By Lia Communication 1 i K?'* -v ETHICS ETH-BIB 00100002598889 fĂšdr p&ts ÉTUDES L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES EN 4862 Paris. — Imprimerie P .-a. Bouiidik» cl Oie, rue Mazarine, 30. ÉTUDES SUR UNIVERSELLE L’EXPOSITION DE LONDRES EN 4862 RENSEIGNEMENTS TECHNIQUES SUR LES PROCÈDES NOUVEAUX MANIFESTÉS PAR CETTE EXPOSITION PAR MM. ALCAN , professeur au Conservatoire des Arts et MĂ©tiers; BECQUEREL , id. — BOQU1LLON , bibliothĂ©caire du Conservatoire ; CHAMBRELENT, ingĂ©nieur des pouts et chaussĂ©es ; DEHÉRAIN, professeur au CollĂšge Cliaptal ; — EUG. FLACHAT, ingĂ©nieur ; CH. LABOULAYE, directeur des Annales du Conservatoire ; GĂ©nĂ©ral MORIN de l’Institut, directeur du Conservatoire; Contre-amiral PARIS ; — PAYEN de l'Institut, professeur au Conservatoire SAINT-EDME , prĂ©parateur du cours de physique ; ‱ S AL VET AT, chimiste Ă  la manufacture de SĂšvres ; H. TRESCA , professeur et sous-directeur du Conservatoire. Ouvrage illustrĂ© LIBRAIRIE SCIENTIFIQUE, INDUSTRIELLE ET AGRICOLE EUGÈNE LACROIX, ÉDITEUR L I B R A l R B DB LA SOCIBTB DBS 1N OBNIBURS CI V ILS 15, QUAt MALAQUAIS, 15 1863 Reproduction interdite. . /... i I il K^'^/KU A ij ui miiV, ' /. mĂąi . i g m HĂŒKfjarr i jiiinf . jm . " fç»» .uas-rw^s»»' ‱ ' -u TW'U'ÎH-ii'tĂźWi ti,’Ct;’S 'Vv fl -Uvÿï*-T-i stii* .!!'‱ ' " fjr; . 3f* >?3 ***' *U 3 T»û$ ,X?CAJ di! Ht ! ne co ℱ^. pas trente millions d’habitants ; ce n’est pas le sixiĂšme e population de ses colonies. . . , A mesure que l’industrie s’est dĂ©veloppĂ©e chez nos voisins, e colonies ont Ă©tĂ© pour le gouvernement l’objet de 1 Ă©tu e a p us attentive la production des matiĂšres premiĂšres s y est eve op pĂ©e, pour ainsi dire, suivant leurs ordres et suivant leurs esoins. Si la guerre amĂ©ricaine ne s’était produite que dans que ques annĂ©es, les cotons de Surate auraient suppléé, pour une arge proportion, Ă  ceux dont nous sommes aujourd hui prives. us que les nĂŽtres, les manufactures anglaises souffrent de la stagna tion du marchĂ© amĂ©ricain, mais la persĂ©vĂ©rance de ses liabitan s trouvera dans ces souffrances mĂŽmes une raison de plus pour activer la production indienne. Moins de 600 mĂštres avaient suffi en 1851 pour contenir les produits des colonies anglaises, parmi lesquels ceux de l’Australie avaient fait une si grande sensation aujourd’hui, deux mille mĂštres carrĂ©s ne sont pas assez, et cette progression nous montre bien l’importance toute vitale de ces colonies pour l’Angleterre. Nous voulions essayer de caractĂ©riser les diverses possessions anglaises d’aprĂšs les produits envoyĂ©s par elles Ă  l’Exposition; mais nous avons dĂ» renoncer Ă  cette tĂąchetout s’y trouve mines, denrĂ©es alimentaires, graines, Ă©pices, drogues, filaments, sucres, huiles et graisses, et cette plĂ©nitude mĂȘme est sans contredit le gage le plus Ă©clatant de la puissance industrielle du pays dont nous nous occupons; la lecture seule des catalogues des colonies est la meilleure Ă©tude de gĂ©ographie industrielle que l’on puisse faire. Nous remettons au prochain numĂ©ro l’examen des expositions des autres nations. H. T. CLASSE 2- PRODUITS CHIMIQUES. par M. PAYEN. PARAFFINE ET HYDROCARBURES LIQUIDES. EXTRACTION, RAFFINAGE, APPLICATIONS. DĂ©jĂ  plusieurs comptes rendus de l’Exposition de Londres, ont pu donner une idĂ©e gĂ©nĂ©rale de cette grande agglomĂ©ration des produits des diverses industries, artistiques, agricoles et manufacturiĂšres des nations. Cependant le plus grand nombre des produits chimiques qui s’y trouvaient rangĂ©s dans les vitrines, ne pouvaient ĂȘtre apprĂ©ciĂ©s Ă  la simple vue, quel que fĂ»t l’examen que l’on en eĂ»t pu faire dans le palais de Kensington ; la plupart, en effet, prĂ©parĂ©s Ă  dessein en vue de soutenir la comparaison avec les plus beaux spĂ©cimens, avaient Ă©tĂ© obtenus dans des conditions exceptionnelles, irrĂ©alisables en cours d’une fabrication soutenue, on ne sera donc pas Ă©tonnĂ© qu’à leur Ă©gard, la formule sacramentelle imposĂ©e par la rĂšgle de la commission royale ait pu ĂȘtre trĂšs-souvent, trop souvent sans doute, adoptĂ©e on peut ajouter qu’en gĂ©nĂ©ral ces produits excellents Ă©taient, en rĂ©alitĂ©, d’une qualitĂ© tout Ă  fait exceptionnelle, car on n’aurait pu en rencontrer de semblables dans les magasins du commerce. Pour bien juger, du mĂ©rite des exposants, il Ă©tait donc nĂ©cessaire de remonter aux origines des inventions et des principaux perfectionnements; on devait s’assurer, en outre, de l’état actuel de chacune des industries dans les usines elles-mĂȘmes. C’était lĂ , sans doute, une partie fort dĂ©licate de la tĂąche que se sont imposĂ©e plusieurs jurĂ©s internationaux. Pour mon compte, je dois dĂ©clarer qu’il m’eĂ»t Ă©tĂ© impossible de la remplir, si l’extrĂȘme bienveillance des manufacturiers français et anglais, la gracieuse et toute libĂ©rale hospitalitĂ© britannique n’eussent rendu nos PRODUITS CHIMIQUES. examens approfondis et comparatifs trĂšs-faciles, intĂ©ressant , agrĂ©ables et fort instructifs. L’Exposition universelle a donc offert une excellente occasi d’étude Ă  diffĂ©rents points de vue, mais ce fut surtou en c e vor _ de cette exposition elle-mĂȘme et dans les ateliers i e rance e d’Angleterre que les principales comparaisons ont P us r a ise f’ tout en profitant des renseignements prĂ©cieux recuei Ăźs auprĂšs des manufacturiers et des savants jurĂ©s, qui reprĂ©sentaien es nations les plus avancĂ©es dans les diverses applications es sciences Ă  l’industrie. f , Au nombre des industries chimiques de crĂ©ation recen e, qui manifestaient leur existence manufacturiĂšre par de trĂšs-ro u mineux et magnifiques spĂ©cimens, on remarquait particuliĂšrement, dans le palais de Kensington, les Ă©chantillons de para me exposĂ©s dans les vitrines anglaises, françaises, belges et a e mandes ; l’attention Ă©tait particuliĂšrement attirĂ©e vers un b oc blanc, demi translucide, d’un demi-mĂštre cube, exposĂ© par M. Young de Batligate; ce n’était pas lĂ , Ă©videmment, un Ă©chantillon de laboratoire, pas plus que les trois ou quatre blocs prĂ©sentĂ©s par MM. Cogniet et MarĂ©chal, des fondriĂšres prĂšs de Nanterre Seine, ni que plusieurs autres envoyĂ©s par les manufacturiers allemands; au surplus, la question importante Ă  rĂ©soudre n’était pas dans la possibilitĂ© de fabriquer la paraffine en grand, mais bien de savoir quelles Ă©taient les matiĂšres premiĂšres et les procĂ©dĂ©s industriels qui pouvaient la fournir avec une Ă©conomie rĂ©elle ; sur ces deux points j’ai pu obtenir les renseignements les plus positifs et suivre dans une usine des plus progressives toutes les opĂ©rations graduellement perfectionnĂ©es qui ont conduit au but atteint depuis peu de temps. Ce . sont ces procĂ©dĂ©s ingĂ©nieux et trĂšs-efficaces que je me propose surtout de dĂ©crire ici; mais d’abord je dois Ă©claircir un point restĂ© jusqu’ici plus ou moins douteux dans la science et 1 industrie, relativement aux matiĂšres premiĂšres de la paraffine et aux produits diffĂ©rents que l’on en tire. L’examen isolĂ©ment fait des produits exposĂ©s, eĂ»t encore Ă©tĂ© fort insuffisant pour Ă©lucider les questions intĂ©ressantes Ă  ce double point de vue. Ainsi, par exemple, on voyait dans l’Exposition la plus large ment installĂ©e, celle de M. Young, sur le bloc de paraffine, les diffĂ©rents hydrocarbures liquides lĂ©gers et lourds, successive- 20 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. ment obtenus pendant la distillation et les rectifications fractionnĂ©es, puis des schistes d’Ecosse bog-liead des lignites, plusieurs variĂ©tĂ©s du cannel-coal anglais, des houilles de Newcastle, etc., etc. Or quelles Ă©taient parmi ces matiĂšres premiĂšres les plus Ă©conomiques? S’y trouvaient-elles toutes, et toutes pouvaient elles ĂȘtre employĂ©es manufacturiĂšrement? suivant quels procĂ©dĂ©s? quels Ă©taient les produits principaux de cette industrie au point de vue de la valeur vĂ©nale? Ă©tait-on mĂȘme fixĂ© sur les propriĂ©tĂ©s utiles de la paraffine? cette belle substance Ă©tait-elle variable dans ses propriĂ©tĂ©s suivant les matiĂšres diffĂ©rentes d’oĂč on l’extrait et les procĂ©dĂ©s mis en usage pour l’obtenir? Telles Ă©taient alors les questions ardues qu’un simple examen des objets exposĂ©s ne pouvait approfondir ni rĂ©soudre ; il n’a pas fallu moins, pour y parvenir, que l’étude des opĂ©rations manufacturiĂšres, complĂ©tĂ©e par quelques recherches expĂ©rimentales dans le laboratoire. Nous rappellerons en quelques mots l’historique, les propriĂ©tĂ©s et la composition de la paraffine avant d'indiquer les procĂ©dĂ©s actuels de son extraction et ses applications principales. La paraffine, dĂ©couverte, en 1829, par Reichenbach, ainsi que l’eupione, dans les produits goudronneux de la distillation du bois et de diverses autres substances organiques, a Ă©tĂ© observĂ©e parSelligue et par Laurent dans les matiĂšres volatiles de la distillation des schistes. Elle a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par Gay-Lussac, Laurent, Magnus et plusieurs autres chimistes. Selligue, en 1834, avait indiquĂ© les quatre groupes principaux des produits de la distillation des schistes bitumeux, hydrocarbures lĂ©gers et trĂšs-volatils, huiles moins lĂ©gĂšres, huiles lourdes et graduellement plus chargĂ©es de paraffine ; il avait mĂȘme signalĂ© plusieurs applications spĂ©ciales de ces produits, Ă  la dissolution des rĂ©sines, Ă  la fabrication et Ă  la carburation du gaz de l'Ă©clairage, Ă  l’éclairage direct dans des lampes particuliĂšres et au graissage des machines. MM. Tribouillet, Hugon, Young, et surtout MM. Cogniet et MarĂ©chal, ont fait connaĂźtre des conditions nouvelles et plus favorables de son Ăšxtraction et de son raffinage en grand. . La propriĂ©tĂ© caractĂ©ristique de cette substance est une rĂ©sistance remarquable Ă  toute combinaison dĂ©finie; de lĂ  le nom qu’on lui donne [paraffine, parum affinis, indiquant en elle l’ab- 27 PRODUITS CHIMIQUES. sence d’affinitĂ©; en effet, elle n’éprouve aucune action de la part du chlore, des acides ni des bases alcalines, on a mis ‱ P cette rĂ©sistance dans les procĂ©dĂ©s employĂ©s pour sa purification. A l’état pur, sa composition Ă©lĂ©mentaire peut ĂȘtre am 1 prĂ©sentĂ©e C 48 II 50 . C’est donc un carbure d hydrogĂšne hydrocarbure. Elle est blanche, plus ou moins cris a me, 1 transparente, solide Ă  la tempĂ©rature ordinaire, fusible Ă  m 44 degrĂ©s, suivant les premiers auteurs qui s en son ’ 31,86 d’aprĂšs Laurent, ou 65,37, suivant Bolley, ou es e pĂ©ratures intermĂ©diaires 62, Brodie, 52, Esling, * , Anderson indique 45,5, pour la paraffine cristalline du bog-heau, 52 id. pour la paraffine amorphe de la mĂȘme provenance, pour celle de la tourbe, et 61 pour la paraffine tirĂ©e u na P * e de Rangoon. On a dĂ» supposer que ces degrĂ©s de fusion ' » 10,1 leum qui s’effectue, dans des alambics spĂ©ciaux. . 1. On a expĂ©diĂ© parfois des mines du sud de l’Angleterre un sens e an mais plus lourd south, bog-head], contenant une plus forte proportion e su de fer donnant A la distillation des hydrocarbures infects et en quanti moindres que le schiste d’Écosse. . fond, entre lesquels circule la vapeur d’eau. On obtien ainsi un liquide brun-rougeĂźltre ayant Ă  peu prĂšs la nuance c e a i r forte. Ce liquide est soutirĂ© au siphon dans un vase c enn cj in drique chauffĂ© de mĂȘme par la vapeur, muni d un couverc mobile et d’un agitateur mĂ©canique; celui-ci est forme e ias adaptĂ©s en hĂ©lice perpendiculairement Ă  l’axe. Dans cette soi e de pĂ©trin, on ajoute de l’acide sulfurique concentrĂ©, b h b p. du poids de la matiĂšre, puis on met en mouvement 1 agita eui pendant deux heures environ - , il se dĂ©gage des vapeuis t aci sulfureux dirigĂ©es par une cheminĂ©e en bois au-dessus de a oi ture. On laisse alors reposer et l’on sĂ©pare du dĂ©pĂŽt gou ion neux acide, le liquide clair par dĂ©cantation. Ce liquide, distri ue dans des moules ou cristallisoirs plats, se prend en une masse cristalline, formant des plaques de 2 centimĂštres d’épaisseur, qui ont la hauteur et la largeur de la bĂąche d’une presse horizontale, analogue aux presses des fabriques d’acides gras solides. C’est en effet dans ces presses hydrauliques que l’on soumet les plaques de paraffine, enveloppĂ©es d’une forte toile Ă  voiles, aune pression graduellement plus Ă©nergique. Afin de rendie cette Ă©puration plus efficace, on fait circuler dans toutes les plaques creuses de la presse un courant d’eau tiĂšde qu amĂšne chacune d’elles un tube en caoutchouc en communication par un tube mĂ©canique horizontal avec le rĂ©servoir contenant cette eau, graduellement Ă©chauffĂ©e aux tempĂ©ratures de 30, 35, 40 et jusqu’à 45 degrĂ©s centĂ©simaux, et s’échappant aprĂšs avoii circulĂ© de haut en bas et de bas en haut dans l’intĂ©rieur de c laque plaque creuse par un deuxiĂšme tube flexible vers une pompe qui le remonte au rĂ©servoir. 1. M. Cogniet employait naguĂšre pour cette refoule le sulfure de caibone lui produisait l'effet voulu, c'est-Ă -dire l’élimination des hydrocarbures Ă©trangers Ă  la paraffine, et pouvait Ă©purer complĂštement les cristaux d’une deuxiĂšme Ăźefonle, mais ayant bien constatĂ© les inconvĂ©nients, les dangers mĂȘme, inhĂ©ienls Ă  1 em ploi de ce liquide dĂ©lĂ©tĂšre qui agit toujours dĂ©favorablement sur la sautĂ© des hommes, il est parvenu Ă  substituer un agent relativement inoffensif, et qui n’a plus en effet exercĂ© la moindre influence dĂ©favorable sur les ouvriers. EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. - ‱42 Les tourteaux obtenus aprĂšs cette pression Ă  chaud doivent alors ĂȘtre refondus en y ajoutant 0,2 de leur poids d’hydrocarbure liquide lĂ©ger et parfaitement rectifiĂ©. Les plaques obtenues par la nouvelle cristallisation de ce mĂ©lange sont soumises Ă  la presse, et l’on renouvelle une ou deux fois encore cette Ă©puration par dissolution dans l’hydrocarbure lĂ©ger, cristallisation et pressage Ă©nergique. 11 ne reste plus qu’à dĂ©barrasser la paraffine de l’hydrocarbure volatil interposĂ© entre ses cristaux dont il retient une partie en dissolution; on y parvient sans peine en soumettant cette paraffine Ă  l’action de la vapeur d’eau, que l’on fait passer pendant deux ou trois heures au travers de la matiĂšre que la chaleur a liquĂ©fiĂ©e, par les trous nombreux d’un tube contournĂ© en spirale au fond de la-cuve en bois doublĂ©e de plomb. Au bout de ce temps, aucune odeur n’indiquant plus la prĂ©sence de l’hydrocarbure volatil dans la vapeur d’eau', cette Ă©puration est terminĂ©e; on laisse dĂ©poser, on dĂ©cante la paraffine surnageante, puis on la dessĂšche complĂštement en la chauffant Ă  140 degrĂ©s environ, dans un vase Ă  double fond oĂč la vapeur circule ; il ne reste plus alors qu’à la filtrer sur des cĂŽnes en toile garnis de feuilles de papier non collĂ©. La paraffine limpide, versĂ©e dans des auges en fer-blanc, se prend en masses cristallines incolores; on l’expĂ©die en cet Ă©tat. On voit qu’en dĂ©finitive M. Cogniet, par le traitement au moyen de la distillation Ă  sec des rĂ©sidus goudronneux, a créé une source nouvelle de paraffine dont on comprendra l’importance d’aprĂšs les rĂ©sultats pratiques et comparatifs suivants qu’il a obtenus 100 kilog. d’huiles brutes du bog-hcad donnent, en moyenne Essence et huile lĂ©gĂšre . 50 Huile paraffinĂ©e . 20 RĂ©sidus goudronneux restĂ©s dans la eucurhile .... 25 Perte. 5 Or 100 parties de ces derniers rĂ©sidus goudronneux donnent Essence et huile lĂ©gĂšre . 20 1 Huile paraffinĂ©e, environ. 59 > 100 Coke dur, 15, et gaz, 1 . 21 > Des deux parts les hydrocarbures lĂ©gers sont semblables; 1. Quoique le point d’ébullition de la paraffine soit trĂšs-Ă©levĂ© 370° environ, cependant la vapeur d’eau en entraĂźne toujours un peu avec l'hydrocarbure, on PRODUITS CHIMIQUES. 43 mais tandis que V huile paraffinĂ©e des liuiles brutes ne ^ ne Ă  7 centiĂšmes de son poids de paraffine fusible + 0 / les huiles paraffinĂ©es provenant de la distillation ' sec c eS dus fournissent 15 Ă  48 centiĂšmes de leur poids d paraffine fusible Ă  45»; celle-ci est donc plus abondante et de meilleur q litĂ©. Les huiles de naphte brutes de couleur brune vert r ’ pĂ©troleum de Pensylvanie et du Canada, sur lesque es ren de la Rue a le premier appelĂ© l’attention des manu ac ’ sont soumises, comme les huiles pyrogĂ©nĂ©es des bog- Ăźeac , distillations fractionnĂ©es en apportant de grands soins. a s -1 ration des premiers produits trĂšs-volatils Ă  odeui or t. a 1 raffine se concentre de mĂȘme dans les rĂ©sidus moins vo a 1 ’ que l’on traite comme nous venons de le dire, poui en ex ia\ la paraffine Ă©purĂ©e. M. Cogniet, dans ses distillations en grand, en a obtenu 1. Gax et vapeurs non condensables, Ă  la t. de .. 0 j 2. Hydrocarbure Ă©thĂ©rĂ©, densitĂ© GAO il 100, bouillant Ă  -f- AO". . >°l 3. ij 1 lĂ©ger il. 700 Ă  700, —15 it 50 4. id. plus stable id. 7 GO Ă  800 . 20 i 5. Huile paraffinĂ©e, densitĂ© 800 Ă  825 . 6. RĂ©sidus laissĂ©s dans la .. ' La distillation des rĂ©sidus avec dĂ©composition it sec, dans les cylindres, a donnĂ© 1. Huile d’une densitĂ© de 785 5 800 .. 2. id. id. 800 Ă  830. il00 60l 3. id. paraffinĂ©e. 4. Coke et dĂ©perdition galeuse. A la sortie des serpentins, tous ces produits sont plus ou moins infects; ce n’est qu’aprĂšs les traitements par Vacide su unque, la soude caustique, les lavages et la rectification attentivemen tractionnĂ©e, qu’ils deviennent beaucoup moins odotans,que mĂȘme les huiles lourdes peuvent acquĂ©rir une odeur sensiblement balsamique. Les premiers hydrocarbures Ă©thĂ©rĂ©s bien rectifiĂ©s sont bm- aperçoit en effet des traces blanchĂątres de paraffine sur les murs vers lesquels te courant de vapeur se dirige, mais ce sont des quantitĂ©s insignifiantes, aupoi vue Ă©conomique. 44 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. pitiĂ©s, incolores, d’une mobilitĂ© extrĂȘme lorsqu’on en rĂ©pand sur le papier, ils s’évaporent aussitĂŽt, ne laissant aucune trace sensible. Leur Ă©nergie dissolvante est remarquable; ils pourront sans doute remplacer le sulfure de carbone et l’éther dans plusieurs de leurs applications; leur prix ne dĂ©passe pas le quart de celui de l’éther. Les huiles moins lĂ©gĂšres remplacent les huiles de schiste pour l’éclairage dans les lampes spĂ©ciales. Les huiles lourdes dĂ©pouillĂ©es de paraffine servent au graissage dans les filatures. La principale application de la paraffine consiste dans la fabrication des bougies dites diaphanes. On a Ă©prouvĂ© des difficultĂ©s assez grandes dans le moulage, ou plutĂŽt pour le dĂ©moulage de cette matiĂšre, qui prend peu de retrait et dont le point de fusion est moins Ă©levĂ© que celui de Yacide stĂ©arique, mĂȘme commercial. Cette difficultĂ© a Ă©tĂ© vaincue en chauffant les moules au moment de couler jusqu’à 70 degrĂ©s, et la paraffine Ă  la mĂȘme tempĂ©rature, puis soumettant aprĂšs le coulage les moules Ă  un refroidissement brusque par un courant d’eau froide Ă  l’aide de dispositions analogues Ă  celles employĂ©es par M. Wilson pour les bougies d’acides gras distillĂ©s et mixtes, dispositions que nous dĂ©crirons plus loin, on comprend sans peine que l’alliage bon conducteur Ă©tain et plomb permet aux moules de se refroidir vite en se contractant aussitĂŽt, tandis que la paraffine, liquide encore et chaude, remonte en partie dans la masselotte, et sa quantitĂ© pondĂ©rale se trouvant ainsi diminuĂ©e, lorsqu’à son tour elle acquiert en se solidifiant la mĂȘme tempĂ©rature que le moule, son volume se trouve amoindri, et par suite du retrait plus grand qu’elle a Ă©prouvĂ© sous ces conditions, le dĂ©moulage devient facile; relativement Ă  quelques variĂ©tĂ©s de paraffines trĂšs-adhĂ©sives; lorsque ces prĂ©cautions sont insuffisantes, on peut vaincre toutes les difficultĂ©s en Ă©chauffant un instant l’extĂ©rieur des moules par une injection de vapeur au moment de dĂ©mouler. Nous avons vu que les paraffines les plus fusibles, comme celle qu’on obtient du bog-head distillĂ© Ă  une tempĂ©rature trĂšs-mĂ©- nagĂ©e, avaient une valeur commerciale moindre'. C’est qu’effec- 1 . Sous ce rapport, on peut classer les parafllnes en trois catĂ©gories 1 ° celle du bog-head distillĂ© avec mĂ©nagement de façon Ă  obtenir le maximum de produit Ăšn poids, qui ont une valeur commerciale de 200 l'r.; 2° les paraffines des goudrons de bog-head distillĂ© Ă  haute tempĂ©rature dans la fabrication du gaz, et AK PRODUITS CHIMIQUES. tivement les bougies que l’on confectionne avec ces pat affines sont plus assujetties Ă  couler, s’amollir et se couiber c ans a mosphĂšre chaude des salons oĂč se trouvent rassemblĂ©es es re nions nombreuses. Les bougies de paraffine produisent une belle umi re, qui pourrait devenir fuligineuse, si l’on ne rĂ©duisait le nom re es fils de la mĂšche Ă  55, comme l’a conseillĂ© M. Cogniet, au ieu 70 fils qui forment la mĂšche des bougies stĂ©ariques, cet e re uc tion amĂšne d’ailleurs une diminution notable dans la consom mation de la paraffine, et la lumiĂšre obtenue en devien p us Ă©conomique. Toutefois il arrive encore, surtout dans es mouve ments de l'air un peu rapides, que la flamme de ces ougies laisse Ă©chapper quelques traces de fumĂ©e Ăč la combus ion, i y aurait donc un certain intĂ©rĂȘt Ă  modĂ©rer l’ascension capi aire de la substance liquĂ©fiĂ©e. J’ai eu l’occasion dobservei cet e e utile de l’amoindrissement de l’ascension capillaire dans es bougies de paraffine teintes en nuances trĂšs-lĂ©gĂšres; il serait peut-ĂȘtre utile d’essayer d’obtenir des rĂ©sultats analogues en employant des doses minimes de diverses substances incolores qui pourraient engorger trĂšs-lĂ©gĂšrement les pores ou interstices des filaments du coton de la mĂšche. La paraffine s’emploie avec avantage en vue de donner de la demi-transluciditĂ© et un plus beau poli aux. bougies stĂ©ariques, 10 Ă  15 centiĂšmes suffisent pour produire ce rĂ©sultat en mĂȘme temps que l’intensitĂ© lumineuse de la flamme est augmentĂ©e sensiblement. En raison de sa grande fluiditĂ© Ă  chaud et de son inflammabilitĂ© facile, elle peut ĂȘtre substituĂ©e avantageusement Ăč 1 acide stĂ©arique pour imprĂ©gner le bois de la partie infĂ©rieure des allumettes Ă  frottement en bois, sans soufre. MĂ©langĂ©e avec la cire, elle sert Ă  confectionner les allume! es- bougies Ă  mastic inflammables par frottement, dont on fait un usage habituel dans le midi de la France. On fait entrer la paraffine dans quelques apprĂȘts des Ă©toiles, des huiles de naphte bruts PĂ©troleum de Pcnsylvanie et du Canada, qui se vendent 250 IV.; 3° les paraffines des schistes d’Autun, de 1 Allier, de 1 Aideche, la tourbe et des huiles du naphte de Rangoon, dont la valeur s’élĂšve Ă  275 et 300 tr. les 100 kilog. EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 4i dans la prĂ©paration de certains papiers photographiques et dans la composition de plusieurs vernis. Sa rĂ©sistance aux acides et aux alcalis permettrait sans doute de s’en servir pour luter les bouchons en verre ou en grĂšs maintenus d’ailleurs par une toile solidement fixĂ©e Ă  l’aide d’une ligature, dans les tubulures des bouteilles ou bombonnes contenant certains produits Ă  expĂ©dier notamment de l’acide sulfurique, de la soude en solution concentrĂ©e ou mĂŽme en fragments; on Ă©viterait ainsi l’adhĂ©rence trop forte des luts ou mastics rĂ©sineux difficiles Ă  enlever, et qui exposent Ă  casser le col des tlacons lorsqu’on veut les ouvrir. Nous avons indiquĂ© les principales applications des hydrocarbures liquides et plus ou moins volatils des schistes; les produits analogues des huiles de naphte brut ou pĂ©troleum, ont de semblables applications plus nombreuses mĂȘme et plus variĂ©es peut- ĂȘtre, parce que convenablement rectifiĂ©es, elles ont une odeur moins forte, plutĂŽt balsamique que fĂ©tide ; qu’en outre, parmi ces produits Ă©purĂ©s du pĂ©troleum, les hydrocarbures multiples, incolores, trĂšs-lĂ©gers et volatils, dont la densitĂ© varie de 640 Ă  760, et le point d’ébullition de—f-40 Ă  50°, ont un pouvoir dissolvant Ă©nergique et une volatilitĂ© complĂšte au-dessous de 100° qui pourront sans doute, en beaucoup de circonstances, les faire substituer avec avantage Ă  l’essence de tĂ©rĂ©benthine pour les peintures Ă  l’huile, Ă  l'alcool dans certains vernis, Ă  l’éther, Ă  la benzine, pour dissoudre les matiĂšres grasses, gonfler le caoutchouc, et surtout au sulfure de carbone dont ils n’ont pas, Ă  beaucoup prĂšs, les propriĂ©tĂ©s dĂ©lĂ©tĂšres. Nous avons vu que dĂ©jĂ  M. Cogniet a rĂ©alisĂ© une fort utile substitution de ce genre dans les opĂ©rations du raffinage de la paraffine. Par ce qui prĂ©cĂšde, on a pu voir que l’Exposition universelle a donnĂ© l’occasion de reconnaĂźtre les immenses progrĂšs acquis et en voie de dĂ©veloppement de l’industrie des hydrocarbures liquides et de la paraffine. On a pu constater en mĂȘme temps la part trĂšs-large que nos inventeurs ont prise Ă  la crĂ©ation et aux perfectionnements de cette industrie moderne. ALCOOL Obtenu Ă  l’aide des transformations de l'hydrogĂšne bicarbonĂ©. AprĂšs avoir parlĂ© des produits utiles que fournissent les schistes PRODUITS CHIMIQUES. 47 et en particulier le bog-liead, une des matiĂšres premiĂšres les plus productives d’un gaz de l’éclairage des plus riches en hydrogĂšne bicarbonĂ©, il ne sera pas inutile d’ajouter un mot sur un produit qui excita une grande attention Ă  l’Exposition de Londres, et qui bientĂŽt aprĂšs causa une Ă©motion plus grande en France; car ce produit, l’alcool pur, tel qu’il apparaissait dans une des vitrines françaises, semblait devoir ĂȘtre obtenu manufacturiĂšre- ment sous des conditions exceptionnellement Ă©conomiques au moyen du gaz de la houille. Telle Ă©tait du moins l’annonce du fait inattendu publiĂ© en France, deux mois environ aprĂšs l’ouverture de l’Exposition universelle, qui rĂ©pandit l’inquiĂ©tude parmi tous nos fabricants d’alcool, et jeta dans l’hĂ©sitation plusieurs agriculteurs manufacturiers, au moment mĂȘme oĂč ils se disposaient Ă  installer dans leurs exploitations des distilleries de betteraves, c’est-Ă -dire une des plus grandes amĂ©liorations que l’on ait rĂ©alisĂ©es dans ces derniers temps en Ă©conomie rurale manufacturiĂšre. BientĂŽt heureusement la vĂ©ritĂ© se fit jour, quelques mots suffiront pour la faire connaĂźtre. Et d’abord il sera bon que l’on sache que le litre d’alcool pur exposĂ©, loin de reprĂ©senter un produit manufacturier ou de fabrication courante, avait Ă©tĂ© prĂ©parĂ© en y employant du gaz hydrogĂšne bicarbonĂ©, sensiblement pur, qui lui-mĂȘme provenait de la dĂ©composition de l’alcool; or, si l’on tient compte de toutes les dispendieuses opĂ©rations, de la recomposition de ce litre d’alcool pur, on ne sera pas Ă©loignĂ© de croire qu’il aura coĂ»tĂ© prĂšs de 1,000 francs. La concurrence d’une pareille fabrication n’était donc pas redoutable, et Ton n’avait Ă©videmment fait autre chose que de rĂ©pĂ©ter un peu plus largement l’une des remarquables synthĂšses qui, entre les mains extrĂȘmement habiles et heureuses de ont fourni de si beaux et nombreux rĂ©sultats dans une voie peu explorĂ©e jusqu’alors et purement scientifique. „ Mais bientĂŽt nous est venue d’une de nos villes manufacturiĂšres cette annonce d’un procĂ©dĂ© tout nouveau, du moins dans ses rĂ©sultats extraordinaires;-car, disait-on, il suffisait d’un appareil combinĂ© dans ce but pour obtenir avec la houille introduite Ă  1 une des extrĂ©mitĂ©s, du gaz d’éclairage directement transformĂ© en alcool s Ă©coulaut pur Ă  l’autre bout de l’appareil. Un tel rĂ©sultat 48 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Ă©tait contraire Ă  ce que la science actuelle pouvait admettre ; la consommation seule du combustible et des matiĂšres premiĂšres, de l’acide sulfurique notamment, dont il aurait fallu employer thĂ©oriquement plus de six fois le poids de l’alcool Ă  obtenir, l’extrĂȘme difficultĂ© d’éliminer les produits volatils Ă  odeur forte, accompagnant les Ă©lĂ©ments de l’alcool, devaient rendre le prix de revient beaucoup plus Ă©levĂ© que celui des distilleries ordinaires. Telle a Ă©tĂ© la conclusion dĂ©finitive Ă  laquelle sont arrivĂ©es les personnes consciencieuses et compĂ©tentes qui ont essayĂ© d’approfondir cette question; elle n’a donc pas d’importance rĂ©elle dans l’état actuel de la science et de l’industrie manufacturiĂšre. BLEU DE PRUSSE ET PRUSSIATE de POTASSE Cyanoferrure de potassium. NOUVEAUX PROCÉDÉS DE FABRICATION Dans les rĂ©sidus ou les produits accessoires de la fabrication du gaz de la houille, deux inventeurs français ont indiquĂ© les sources nouvelles du cyanogĂšne et de ses composĂ©s applicables Ă  l’industrie ; nous allons dĂ©crire la sĂ©rie des opĂ©rations Ă  l’aide desquelles on peut parvenir Ă  ces rĂ©sultats. Chacun connaĂźt les rĂ©sidus infects de l’épuration du gaz, au sein desquels se sont accumulĂ©es les matiĂšres volatiles Ă  odeur forte, la plupart plus ou moins insalubres ou incommodes Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents. Dans l’intĂ©rĂȘt de la salubritĂ©, les rĂšglements administratifs imposent aux compagnies d’éclairage l’obligation d’épurer le gaz en Ă©liminant le sulfliydrate et le carbonate d’ammoniaque, au moins jusqu’à ce que les papiers imprĂ©gnĂ©s, soit d’acĂ©tate de plomb, soit de teinture bleue de tournesol, n’ac- cuseut plus la prĂ©sence de ces sels par une coloration brune pour les premiers, ou rouge quant aux seconds. * L’épuration du gaz de la houille s’effectuait naguĂšre Ă  l’aide de l’hydrate de chaux, qui fixait seulement l’acide sulfhydrique ; la rĂ©action Ă©tait quelquefois prĂ©cĂ©dĂ©e de celle du plĂątre humide, qui arrĂȘtait principalement le carbonate d’ammoniaque par simple condensation dans la masse poreuse, ou par une double dĂ©composition produisant du carbonate de chaux et du sulfate d’ammo- PRODUITS CHIMIQUES. 49 niaque, fixes l’un et l’autre aux tempĂ©ratures atmosphĂ©riques ordinaires. TrĂšs-gĂ©nĂ©ralement aujourd’hui dans les grandes usines, on Ă©pure le gaz en le faisant filtrer d’abord au travers de masses de coke continuellement arrosĂ©es avec des eaux de condensation et quelquefois ensuite avec de l’eau simple. Cette sorte de lavage arrĂȘte la plus grande partie des matiĂšres goudronneuses tenues en suspension et qui forment dans le gaz une sorte de brouillard; elle fixe en outre, en grande partie, les composĂ©s ammoniacaux qui se dissolvent et dont on doit ultĂ©rieurement extraire l’ammoniaque. AprĂšs cette premiĂšre Ă©puration, le gaz est dirigĂ© vers d’autres filtres oĂč il traverse mĂ©thodiquement Ă  deux reprises, des couches Ă©paisses d’un mĂštre environ, disposĂ©es sur plusieurs claies horizontales, d’un mĂ©lange de sesquioxyde de fer hydratĂ©, contenant du sulfate de chaux et allĂ©gĂ© par une interposition de sciure de bois. Cette substance Ă©purante que l’on revivifie de temps il autre par une simple exposition Ă  l’air, et l’action oxydante qui reproduit le sesquioxyde, se charge de plus en plus, et contient lorsqu’enfin il faut la renouveler, outre ce qui peut rester de sesquioxyde de fer et de sulfate de chaux, du carbonate de chaux, du sulfate d’ammoniaque, du soufre, du sulfure, du cyanure de fer et du sulfo-cyanure ; enfin divers hydrocarbures, quelques acides et bases organiques, et des composĂ©s ammoniacaux. Ce sont ces rĂ©sidus Ă  composition si complexe que M. Gautier-Bouchard parvient Ă  utiliser en les traitant de la maniĂšre suivante on les soumet d’abord, Ă  des lavages par l’eau froide pour Ă©liminer le sulfo-cyanure, et les autres composĂ©s directement solubles. O11 mĂ©lange intimement ensuite la matiĂšre lavĂ©e, avec de l’hydrate de chaux, environ 30 kilogrammes par mĂštre cube de rĂ©sidu, puis elle est soumise Ă  un lessivage mĂ©thodique avec de l’eau ordinaire. Les premiĂšres solutions les plus denses sont dĂ©composĂ©es par du carbonate de potasse, il se forme un prĂ©cipitĂ© de carbonate de chaux; le cyanure de potassium reste en dissolution, on extrait Ă  l’aide de la concentration du liquide par simple Ă©vapo- lation. Quant aux derniĂšres eaux de lavage, trop faibles pour ĂȘtre Ă©conomiquement concentrĂ©es, on les prĂ©cipite au moyen du pio o-sulfate de fer, puis on avive le prĂ©cipitĂ© par des additions lypochlorite de chauxet d’un lĂ©ger excĂšs d'acide chlorhydrique. 50 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Le bleu de Prusse se dĂ©pose ; il est facilement recueilli sur des fdtres, aprĂšs que l’on a dĂ©cantĂ© le liquide clair surnageant. Le bleu obtenu directement ainsi, sous forme pĂąteuse ou soumis Ă  la dessiccation, se trouve douĂ© d’une remarquable intensitĂ© de ton, double Ă  peu prĂšs de celle des bleus anglais ordinaires, Ă  quantitĂ© Ă©gale de substance sĂšche. Il est facile de s’en rendre compte Ă  cet effet on dĂ©laye une quantitĂ© Ă©gale des bleus Ă  comparer, en mĂ©langeant chacun d’eux d’une façon trĂšs-intime avec dix fois son poids de belle cĂ©ruse trĂšs-blanche, dite blanc d'argent , aprĂšs cette addition les nuances sont assez affaiblies pour ĂȘtre facilement comparables, et l’on a reconnu que pour arriver Ă  une teinte Ă©gale, le bleu de rĂ©sidu pouvait supporter une quantitĂ© de blanc double de celle qui a Ă©tĂ© mĂ©langĂ©e avec le bleu anglais. A l’aide du traitement ci-dessus indiquĂ©, l’inventeur obtient d’un mĂštre cube du rĂ©sidu des usines, 15 kilogammes de bleu de Prusse. Au moment oĂč l’exposition fut ouverte, les 1,500 mĂštres ' cubes livrĂ©s parla C ie parisienne du gaz avaient produit 22,500 kilogrammes de bleu de Prusse. PKOCKDÉ NOUVEAU DE EABItICATION DU I'KUSSIATE DE POTASSE. La seconde source nouvelle de la production des cyanures et du bleu de Prusse, sans avoir encore reçu la consĂ©cration d’une pratique suffisamment prolongĂ©e, permet d’espĂ©rer un succĂšs dĂ©finitif dans les localitĂ©s surtout oĂč, comme en Angleterre, certains produits accessoires de la fabrication du gaz de la houille dĂ©passent les besoins actuels de la consommation; de temps Ă  autre ils sont livrĂ©s Ă  bas prix, dans des circonstances qui se reprĂ©sentent pĂ©riodiquement et qu’il est utile de connaĂźtre ce sont surtout les produits ammoniacaux qui se trouvent accumulĂ©s dans les magasins. Alors les compagnies ainsi encombrĂ©es font vendre ces produits aux enchĂšres; les acheteurs qui se prĂ©sentent n’ont pas ordinairement le placement immĂ©diat de ces marchandises, mais ils les achĂštent souvent Ăč des prix fort infĂ©rieurs aux cours habituels, puis attendent une occasion favorable pour les revendre. C’est une spĂ©culation qui permet d’obtenir le sulfate d’ammoniaque Ă  25 francs les 100 kilogrammes, quelquefois au-dessous. On comprend donc le succĂšs pro- PRODUITS ClUMIQUKS. a * bable d’une industrie fondĂ©e sur les cours pĂ©riodiquement favorables des produits ammoniacaux, dont on pourrait sans peine s’assurer un approvisionnement rĂ©gulier 1 ; on profiterait d’ailleurs du prix de revient trĂšs-bas de la houille en certaines localitĂ©s. Cette circonstance se rencontre frĂ©quemment en Angleterre ; elle permettra de se procurer Ă  bon marchĂ© le sulfure de carbone acide sulfo-carbonique, autre matiĂšre premiĂšre de la fabrication inventĂ©e par M. GĂ©lis. Quant au soufre, l’une des trois substances qui concourent Ă  la production du cyanogĂšne, il se trouve sans cesse rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© dans les opĂ©rations. M. GĂ©lis compare son action au rĂŽle que remplit l’acide azotique dans la production de l’acide sulfurique. De mĂȘme, en effet, que le bioxyde d’azote est, en dĂ©finitive, l’intermĂ©diaire qui transporte l’oxygĂšne de l'air sur l’acide sulfureux, de mĂȘme le soufre est un agent intermĂ©diaire entre le carbone etl’azote, qui, parleur union, doivent former le cyanogĂšne. Voici en quoi consistent les opĂ©rations du nouveau procĂ©dĂ©. En mĂ©langeant Ă  froid l’acide sulfo-carbonique et le sulfhy- drate d’ammoniaque dans un vase clos muni d’un agitateur, on obtient aisĂ©ment le composĂ© mixte, sulfo-carbonate de sulfure d’ammonium. Celui-ci, traitĂ© par du sulfure de potassium Ă  la tempĂ©rature de 100° dans un vase disĂŒllatoire Ă  double fond, oĂč la vapeur d’eau circule et Ă  retour de l’eau condensĂ©e, laisse dĂ©gager des vapeurs de sulfhydrate de sulfure d’ammonium et d’acide sulfhydrique; ces vapeurs, recueillies par condensation st saturĂ©es d'ammoniaque, serviront pour l'opĂ©ration suivante. Quant au rĂ©sidu fixe, formĂ© de sulfo-cyanure de potassium, il suffit de le dessĂ©cher et de le traiter Ă  la tempĂ©rature du rouge sombre, puis de le soumettre Ă  une lixiviation pour en obtenir d une part du sulfure de fer insoluble et une solution de cyarto- ferrure de potassium, qu’une simple concentration amĂšne Ă  1 Ă©tat convenable, pour donner par refroidissement le prussiate de potasse cristallisĂ©, livrable au commerce ou trĂšs-facilement transformable en bleu de Prusse par les sels de fer et les moyens usuels. Les ustensiles et appareils Ă  l’aide desquels ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© dĂ©jĂ  sur plus de 1,000 kilogrammes Ă  la fois se composent 1° Du mĂ©langeur clos, dans lequel s’opĂšre Ă  froid la combi- 1. A cet Ă©gard les conditions durĂšrent peu en France par suite de l’accroissement de la production du gai. S2 EXPOSITION UNIVERSELLE LE LONDRES. naison du sulfure de carbone avec le sulfhydrate d’ammoniaque, produisant le sulfo-carbonate d’ammoniaque 2 C S 1 + 2 S II 4 Az] = C 4 S 4 , S J H 8 Az 2 . 2° Un alambic pour la dĂ©composition du sulfo-carbonate d’ammoniaque et sa transformation en sulfo-cyanure de potassium ; cet appareil, une chaudiĂšre dans laquelle on chauffe Ă  100° le mĂ©lange de deux Ă©quivalents de sulfo-carbonate d’ammoniaque avec un Ă©quivalent de sulfure de potassium, rĂ©action qui laisse un rĂ©sidu de sulfo-cyanure de potassium et dĂ©gage du sulfhydrate de sulfure d’ammonium et de l’acide sulfhydrique C J S 4 , S J IP Az + K S = C J Az, S ! K + S II, S II 4 Az + 3 II S. L’appareil doit donc comprendre une chaudiĂšre close Ă  produire l’ammoniaque gazĂ©iforme, un cylindre en tĂŽle, complĂštement entourĂ© d’eau, dans lequel se condensent les produits dĂ©gagĂ©s des deux chaudiĂšres, sortes de cucurbites, c’est-Ă -dire d’une part l’ammoniaque, de l’autre l’acide sulfhydrique et le sulfhydrate de sulfure d’ammonium, reformant par leur rĂ©union du sulfure neutre d’ammonium applicable aux opĂ©rations suivantes. Si nous ne dĂ©crivons pas ici ces appareils ni dans leurs dĂ©tails les condensateurs Ă  rĂ©frigĂ©rant d’eau, c’est que la fabrication n’étant pas dĂ©finitivement installĂ©e, ils pourront ĂȘtre modifiĂ©s encore, leur construction d’ailleurs n’otfre aucune difficultĂ©. Quant Ă  la bassine en fonte oĂč l’on chauffe le sulfo-cyanure de potassium avec du fer rĂ©duit, elle est munie d’un couvercle en tĂŽle qui la clĂŽt hermĂ©tiquement; la transformation en prussiate de potasse s’y effectue d’aprĂšs l’équation suivante 3 C 1 Az, S’ K -f 6 Fe = 2 C J Az K, C s Az Fe + 5 S Fe + S K. Les principaux avantages de ce procĂ©dĂ© consisteraient dans la production Ă©conomique du prussiate de potasse en quantitĂ© Ă©gale, sensiblement Ă  celle que la thĂ©orie indique, tandis qu’en suivant l’ancienne mĂ©thode du traitement des matiĂšres animales Ă  demi carbonisĂ©es, on emploie en grand excĂšs le carbonate de potasse et l’on ne peut utiliser qu’une partie de l’azote, en occasionnant une dĂ©perdition au prĂ©judice de l’agriculture, qui partout manque de substances azotĂ©es en doses suffisantes pour produire le maximum de rĂ©colte. A ces diffĂ©rents titres, le procĂ©dĂ© ingĂ©nieux de M. GĂ©lig mĂ©rite d’ĂȘtre recommandĂ© Ă  toute l’attention de nos manufacturiers. PRODUITS CHIMIQUES. ^ S3 Voici quelques autres conditions importantes Ă  remplir relaĂč veinent Ă  la prĂ©paration des matiĂšres premiĂšres et Ă  1 emp oi c es rĂ©sidus, en vue du succĂšs Ă©conomique de l'opĂ©ration et que M. GĂ©lis a bien voulu m’indiquer. L’oxyde de fer rĂ©duit se prĂ©pare en employant les Ă©clats e er et de fonte enlevĂ©s Ă  la gouge, que l’on trouve exempts t nn e dans les ateliers d’ajustage. Le fer, Ă  cet Ă©tat est trans orme aci lement en peroxyde hydratĂ© en l’exposant humide, en couc Ăźe mince Ă  l’action de l’air. Cet oxyde, sĂ©parĂ© des fragments par e tamisage, est ramenĂ© Ă  l’état mĂ©tallique en le chauffant avec 2ĂŻ> centiĂšmes de poussier dans un cylindre en fonte, h fou p a semblable aux cornues Ă  gai, chauffĂ© sous une voĂ»te et seu e ment au rouge sombre; le charbon s’emparant de loxyg ne ce l’oxyde forme du gaz oxyde de carbone qui se dĂ©gage ; 1 opĂ©ration est terminĂ©e dĂšs que le dĂ©gagement du gaz cesse le produi obtenu est entiĂšrement privĂ© d’oxygĂšne, il contient un petit excĂšs de charbon qui ne prĂ©sente aucun inconvĂ©nient. Une autre source de l’oxyde de fer hydratĂ© vient de l’opĂ©ration elle-mĂȘme, elle est le rĂ©sultat de la production du sulfure de fer ; en effet, ce sulfure Ă©tendu it l’air et arrosĂ© d’eau afin d oxyder le fer et d’isoler le soufre sans produire de grillage ou de combustion, donne cet oxyde hydratĂ© que l’on rĂ©duit par le charbon dans les conditions indiquĂ©es ci-dessus. Nous avons vu comment dans le cours des rĂ©actions s engendre le sulfhydrate d’ammoniaque ; ce composĂ© se reproduisant sans cesse en quantitĂ© surabondante, on en tire facilement parti en le dĂ©composant par le peroxyde de fer hydratĂ© dont nous venons d’indiquer les deux principales sources. Cet oxyde agit en dĂ©gageant sous forme gazeuse l’ammoniaque qui sert directement Ă  la rĂ©action, il laisse du sulfure de fer mĂ©langĂ© de soufre dans la chaudiĂšre oĂč sa dĂ©composition s’est faite 3 SU Az H 3 + Fe 2 O 8 = Az 11 3 + 2 FĂš S + S + 3 110 ‱ Le sulfure de fer obtenu ainsi peut ĂȘtre utilisĂ© de plusieurs maniĂšres 1° En le soumettant au grillage dans un four, on produit de l’acide sulfureux applicable Ă  la prĂ©paration des sulfites ou des hyposullites ou Ă  la fabrication de l’acide sulfurique dans les chambres de plomb. 54 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 2° En rĂ©gĂ©nĂ©rant le soufre par la mĂ©thode suivante ce dĂ©pĂŽt de sulfure de fer Ă©tendu et entretenu humide sous un hangar, absorbe rapidement l’oxygĂšne de l’air et comme nous l'avons vu dĂ©jĂ  se change en sesquioxyde laissant le soufre libre Ă  peine se produit-il des traces de sulfate de fer la rĂ©action Ă©tant ainsi reprĂ©sentĂ©e 2 Fe S + O 3 = Fe 3 O 3 - f S. Si ce mĂ©lange est employĂ© Ă  la dĂ©composition d’une nouvelle quantitĂ© de sulfhydrate d’ammoniaque, Ă  chacun des traitements successifs, il se chargera d’une proportion plus forte de soufre. M. GĂ©lis a pu obtenir ainsi des mĂ©langes renfermant 9 parties de soufre pour ! d’oxyde. Or, il est facile d'extraire Ă©conomiquement le soufre d’un pareil mĂ©lange, en le soumettant Ă  l’action dissolvante du sulfure de carbone dans un appareil semblable Ă  celui de M. Deiss, que nous dĂ©crirons prochainement. L’oxyde de fer, dĂ©barrassĂ© du soufre, peut servir aux opĂ©rations suivantes. Enfin, deux autres prĂ©cautions observĂ©es rĂ©cemment par M. GĂ©lis consistent, l’une Ă  enlever complĂštement le dernier Ă©quivalent d’eau qui reste uni au sulfocyanure de potassium, on y parvient en le chauffant Ă  feu nu, dans un vase en fonte, Ă  la tempĂ©rature de 140 Ă  160°, et l’agitant sans cesse pendant trois heures. L’autre prĂ©caution a pour but de clore trĂšs-hermĂ©tiquement la bassine en fonte dans laquelle on chauffe le sulfocyanure de potassium avec le fer rĂ©duit. Cette fermeture devant prĂ©venir tout accĂšs d’air qui dĂ©truirait du cyanogĂšne en formant de l’ammoniaque est produite en mĂ©nageant dans le bord de la bassine une rainure demi-cylindrique, et terminant les bords du couvercle par un bourrelet qui s’engage Ă  frottement dans cette rainure et intercepte tout passage d’air Ă  l’aide d’une couche lĂ©gĂšre de terre argileuse. Enfin, un petit ajutage adaptĂ© Ă  la partie supĂ©rieure de ce couvercle permet de laisser, au commencement de l’opĂ©ration, dĂ©gager les derniĂšres traces de vapeur d’eau et vers la fin, de s’assurer que la transformation est complĂšte, en prenant une minime quantitĂ© du produit au bout d’une baguette de verre et constatant qu’il ne donne plus d’indice de sulfocyanure avec une solution de sel de fer 1 . 1. A ces renseignements, que je lui dois, M. GĂ©lis a bien youIu joindre les Ă©lĂ©ments qui PRODUITS CHIMIQUES. 5 DÉGRAISSAGE ET DÉOOUDRONNAGE DES LAINES par le. sulfure de carbone. L’industrie nouvelle que nous allons dĂ©crire se fonde sur une application du sulfure de carbone dans des conditions fort re marquables qui ont assurĂ© son succĂšs en grand, il 1 aide une modification trĂšs-lĂ©gĂšre. Faute de cette innovation cependant, le traitement des laines, en vue d'en extraire les matiĂšres grasses par ce dissolvant, dĂ©terminait une altĂ©ration telle de la substance filamenteuse, qu’il avait fallu renoncer Ă  l’emploi de ce moyen. Ce procĂ©dĂ© d’extraction des matiĂšres grasses et goudronneuses a Ă©tĂ© perfectionnĂ© et rendu manufacturier par M. Moison, l u * a fondĂ© pour son exploitation une trĂšs-intĂ©ressante usine prĂšs e Mouy Oise. Il repose sur l’action dissolvante et sur la volatili e du sulfure de carbone, et permet de dissoudre ces matiĂšres Ă©trangĂšres dont les laines sont imprĂ©gnĂ©es; de les isoler et de recueillir la plus grande partie du dissolvant par distillation et condensations continues. Cette opĂ©ration, facile en apparence, prĂ©sentait dans son application de sĂ©rieux obstacles. Les plus grandes difficultĂ©s Ă©taient, d’une part, de produire un dĂ©graissage rĂ©gulier et complet; d’un autre cĂŽtĂ©, d’expulser, sans dĂ©tĂ©riorer suivent pour Ă©tablir un pria de revient approximatif base sur une fabrication de 30,000 kilogr. rte pruMtcUc de potasse par sou procĂ©dĂ©. Sulfure de carbone brut.. 35,000 kilogr. Ă  45 Ăźr. les 100 kilogr. 15» ‱ r * Sulfate de potasse. . » . — 40 — Sulfate d’ammoniaque. . 25,300 — 35 ‱— Fer rĂ©duit . 50,000 — 10 — Chaux vive grasstf. . . 17,500 — 4 — Frais pour ti ausfurmcr \e sulfate de potasse en sulfure de potassium, 3 100 kilogr., main-d’Ɠuvre et combustible. 1,092 Main-d’Ɠuvre 12 hommes Ă  3 fr. 50 peudaut 30 jours. CobusliWe ... ,000 Loyer et frais gĂ©nĂ©raux pour un mois ...» .‱ ‱ ‱ ' J* . DĂ©ficit sur matiĂšre premiĂšre et pertes, 15 p. 100 rte la dĂ©pense . 1 Total des frais. ..‱‱‱* 56,139 fr. X dĂ©duire pour la valeur des produits rentrant dans les opĂ©rations 1\3 de la potasse Ă  l’état de carbonate.. 5 >000ĂŻ g 25,000 soufre Ă  13 fr. 3,2501 _ Hesie net, pour 30,000 kilogr de prussiate*.47,889 d’ou l’oa tire pour prix coĂ»tant de i kilogr., 1 fr. 59. .. , v _* m ;Ăšre est Si dans ces calculs le fer rĂ©duit n’est comptĂ© qu’à 10 fr., c est que la ma i V ' l e fournie par les rĂ©sidus il n’y a donc Ă  faire de dĂ©pense que pour la maui-aƓu combustible. Le soufre recueilli n'est compte qu’à 13 fr. les 100 kilogr. ou moitiĂ© d diffĂ©rence Ă©tant attribuĂ©e aux frais de revivification. notasse pw te barbon dans Le sulfure de potassium est obtenu eu dĂ©composant le sulfate P un four Ă  rĂ©verbĂšre four Ă  soude. 56 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. la laine et de recueillir le sulfure de carbone dont la laine reste imbibĂ©e aprĂšs le dĂ©graissage. L’eau bouillante, et mieux encore la vapeur d’eau injectĂ©es au travers de la laine dĂ©graissĂ©e volatilisent et chassent parfaitement le liquide sulfurĂ©, mais non sans altĂ©rer la substance textile sous l’influence combinĂ©e de l’eau , de la tempĂ©rature et de l’acide sulfo-carbonique, elle est durcie, devient adhĂ©rente et prend une couleur jaunĂątre plus ou moins brune, teintes variables encore suivant que les laines sont demeurĂ©es depuis plus ou moins longtemps en contact avee les corps gras. Ces inconvĂ©nients disparaissent si l’on effectue le dĂ©graissage par l’injection du sulfure de carbone dans la laine comprimĂ©e en masse exempte de trop d’humiditĂ©, pourvu que l’expulsion de ce liquide trĂšs-volatil ait lieu seulement Ă  l’aide d’un courant forcĂ© d’air chaud Ă  une tempĂ©rature de 70 Ă  80° centĂ©simaux, au plus au travers de la masse aprĂšs le dĂ©graissage. Cette opĂ©ration s’effectue facilement dans un appareil construit par M. Moison et prĂ©sentant les dispositions qu’indique la figure ci-dessous. A, cuve en fonte parfaitement close, c’est-Ă -dire qui se ferme hermĂ©tiquement au moyen d’un couvercle Ă©galement en fonte. Elle est enveloppĂ©e d’une chemise de tĂŽle qui laisse tout autour un intervalle vide de quelques centimĂštres entre elle et la cuve. Un tuyau amĂšne Ă  volontĂ© de la vapeur dans cette double enve- PRODUITS CHIMIQUES. 37 loppe, afin d’écliauffer la cuve au moment de produire l’insufflation de l’air chaud. Le couvercle porte prĂšs de sa circonfĂ©rence une rainure circulaire remplie de plomb. La bande de plomb rend le joint herm tique par la pression que l’on exerce Ă  l’aide de boulons ar 1 culĂ©s sur le bord anguleux de la cuve. A quelques centimĂštres du fond de cette cuve se trome un faux fond solide percĂ© de trous ou un grillage en fonte sur e quel on pose la laine Ă  dĂ©graisser. Un disque en fonte percĂ© de trous est fixĂ© Ă  trois tiges c e er filetĂ©es Ă  leur partie supĂ©rieure et lisses dans leur partie infĂ©rieure, glissant chacune dans une boĂźte Ă  Ă©toupe adaptĂ©e Ă  1 ajutage, qui fait corps avec le couvercle. Ce disque sert Ă  comprimer a laine par des vis qui terminent les tiges et forment, au moyen de trois Ă©crous correspondants, une vĂ©ritable presse. La cuve A Ă©tant remplie avec 100 kilogrammes de laine, celle-ci se trouve rĂ©duite Ă  la moitiĂ© de son volume par la pression. Une pompe aspirante et foulante C en fonte de fer et piston plein prend Ă  volontĂ© le sulfure de carbone dans un rĂ©cipient en tĂŽle D par son tuyau d’aspiration et le conduit par le tuyau de refoulement sous le faux fond Ă  claire-voie. Un tuyau G, adaptĂ© h la moitiĂ© de la hauteur de la cuve, conduit le liquide, chargĂ©, aprĂšs sa filtration, de corps gras, ou goudronneux, ou rĂ©sineux, dans un alambic B. Ce vase distillatoire est chauffĂ© Ă  la vapeur au moyen d un double fond, ou mieux encore d’un serpentin contournĂ© en spirale, en fer creux, Ă  retour d’eau. Un robinet est adaptĂ© au fond de l’alambic pour retirer es corps gras aprĂšs la distillation et le barbotage de la vapeui d eau. Un deuxiĂšme serpentin en fer creux, mais percĂ© de trous et placĂ© entre les spires du premier, est destinĂ© Ă  faire traverseĂŻ chaleur d’agir d’une maniĂšre plus efficace; on arrivera sans doute Ă  produire beaucoup par mĂštre carrĂ© de surface de chauffe, mais les gĂ©nĂ©rateurs qui jouissent de cette propriĂ©tĂ© sont loin d ĂȘtre les meilleurs, et les gaz brĂ»lĂ©s ne sauraient ĂȘtre convenablement refroidis dans une chaudiĂšre de ce systĂšme. On voit, par ces dĂ©tails, que l’Exposition de 1862 ne se fait pas remarquer par d’importants perfectionnements dans la construction des chaudiĂšres Ă  vapeur; mais il n’en est pas pas de mĂȘme quant aux accessoires des gĂ©nĂ©rateurs ; de trĂšs-heureuses modifications ont Ă©tĂ© introduites, soit dans les procĂ©dĂ©s d’alimentation, soit dans les moyens d’éviter les incrustations, soit enfin dans les moyens de prĂ©venir la fumĂ©e, si gĂȘnante, surtout dans les grandes villes, des foyers oĂč l’on brĂ»le de la houille. Parmi les solutions nouvelles de ces importantes questions, l’injecteur Giffart est sans contredit le plus remarquable faire qu’un jet de vapeur Ă©manant d’une chaudiĂšre Ă vapeur produise, .. par succion latĂ©rale, l’appel, tout au pourtour de ce jet, d’une certaine quantitĂ© d’eau, qu’il se condense dans cette eau en lui fournissant le travail nĂ©cessaire pour qu’elle rentre dans la chaudiĂšre, malgrĂ© la pression qui s’oppose Ă  cette introduction, c’est lĂ  sans doute un fait aussi bizarre qu’inattendu. Lorsqu’une invention entre mille est appelĂ©e Ă  un grand succĂšs, il n’est pas difficile de trouver toujours quelques recherches antĂ©rieures, faites dans la mĂȘme direction, et l’opinion publique accueille avec une dĂ©plorable facilitĂ© la pensĂ©e que la chose n’est pas nouvelle. L’injecteur Giffart lui-mĂȘme n’a pas Ă©chappĂ© Ă  ces arguments rĂ©trospectifs, quoique son action soit basĂ©e sur des phĂ©nomĂšnes trĂšs-diffĂ©rents de ceux sur lesquels reposent les appareils qu’il remplace dĂšs aujourd’hui; mais il a eu du moins l’honneur d’un succĂšs exceptionnel. Bien qu’inconnu encore Ă  l’Exposition de 18o5, il en est dĂ©jĂ  sorti des ateliers de M. Flaud fils plus de deux mille exemplaires, sans compter ceux que les compagnies de chemins de fer ont Ă©tĂ© autorisĂ©es Ă  construire dans leurs ateliers. , Nous sommes loin de considĂ©rer l’injecteur Giffart comme la machine Ă©lĂ©vatoire la plus Ă©conomique ; mais pour l’application spĂ©ciale de l’alimentation des chaudiĂšres Ă  vapeur, c’est sans contredit uiĂź trĂšs-bon appareil, rustique, bien que dĂ©licat dans son fonctionnement, sĂ»r dans son action, entre certaines limites, fonctionnant sans aucune transmission mĂ©canique, et par consĂ©- u V S 'o " O 4 a Z Z .2 a "S o t; 05 -2 s I I ” w — ^ fl” ^ 3 . tS ta □ U Ph Oh Ph Ph Ă» 3 > tn 2 9 .s * Æ Z ‱ sohhkĂŒn O»C0tHiOCi1>00©© Le tableau ci-joint fait connaĂźtre la composition et la quantitĂ© 102 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. des eaux employĂ©es pour le service de cette locomotive depuis le 30 dĂ©cembre 1859 jusqu’au 4 juillet 1860. Les dĂ©pĂŽts des plaques ont Ă©tĂ© pesĂ©s aprĂšs un service de quelque durĂ©e, et l’on a ainsi reconnu que leur poids total reprĂ©sentait 311 k 80, l’appareil a donc permis d’éliminer 311 k 80 sur 441 k , soit 0,76; les sept dixiĂšmes des incrustations avaient Ă©tĂ© Ă©vitĂ©s par l’emploi de ces quelques plaques. On voit dĂ©jĂ  que la composition des eaux est notablement modifiĂ©e quant Ă  la proportion relative des sulfates et des carbonates; ce fait est d’ailleurs mis en lumiĂšre, avec plus de prĂ©cision encore, par les expĂ©riences de M. Durenne sur l’appareil Wagner Ă  basse pression. INDICATION DES SELS. COMPÛSITIO de la Seine Avant son introduction dans l'appareil. N DE L'EAU par litre. A sa sortie do l'appareil. PROPORTION de matiĂšres Ă©limiuĂ©es par l’appareil. Bicarbonate de chaux et de magnĂ©sie. gr. 1*140 gr. gr- Sulfate de chaux et de magnĂ©sie. Silice, chlorures, matiĂšres vĂ©gĂ©tales, et pertes. On retire donc beaucoup plus de carbonate que de sulfate, et l’eau introduite dans la chaudiĂšre renferme, Ă  la suite de son Ă©puration, la mĂȘme teneur, Ă  peu prĂšs, en chacun de ces genres de sels. Ces chiffres suffisent pour montrer toute l’importance des appareils de cette nature et des dĂ©jecteurs. La suppression de la fumĂ©e des machines Ă  vapeur fixes ou mobiles est certainement un des problĂšmes les plus intĂ©ressants de notre Ă©poque. Parmi les procĂ©dĂ©s qui ont le mieux rĂ©ussi, nous pouvons citer la grille inclinĂ©e de M. Tembrinck, adoptĂ©e aprĂšs des essais concluants sur le chemin de l’Ouest et sur celui de Paris Ă  OrlĂ©ans. Les grilles inclinĂ©es possĂšdent ce grand avantage que, si l’angle d’inclinaison a Ă©tĂ© choisi convenablement pour la grosseur et la nature du combustible, le bas de la MACHINES MOTRICES. 103 grille est toujours rempli de coke incandescent, qui laisse pĂ©nĂ©trer dans le foyer de l’air neuf, acquĂ©rant Ă  son contact une tempĂ©rature suffisamment Ă©levĂ©e pour dĂ©terminer la combustion des hydrogĂšnes carbonĂ©s, gazeux ou volatils, qui auraient Ă©chappĂ© il l’action comburante des gaz Ă  l’entree du foyer. Ces gaz sont d’ailleurs obligĂ©s de se mouvoir parallĂšlement Ă  la grille, et ils rencontrent dans ce parcours une sorte de bouilleur qui utilise, dans la boĂźte Ă  feu mĂȘme, une partie de la chaleur dĂ©gagĂ©e. M. Couche a fait, sur les foyers de M. Tembrinck, un rapport qui sera consultĂ© avec intĂ©rĂȘt, et auquel nous ne saurions mieux faire que de renvoyer nos lecteurs pour les dĂ©tails. Nous pensons que cet appareil ne brĂ»le si complĂštement les produits fuligineux de la houille que parce qu'il emploie une quantitĂ© d’air surabondante. On peut d’ailleurs en dire autant de la plupart des appareils fumivores, et c’est pour cela qu’en gĂ©nĂ©ral ils donnent lieu, quoi que l’on ait dit, Ă  une augmentation de consommation ; la proportion dans laquelle la consommation peut ĂȘtre augmentĂ©e est d’ailleurs si faible, qu’elle ne peut en aucune façon ĂȘtre un empĂȘchement Ă  un progrĂšs qu’une circulaire rĂ©cente de M. le ministre du commerce et de l’agriculture vient de rendre obligatoire sur nos lignes de fer ; si nos compagnies ont un si grand intĂ©rĂȘt Ă  substituer au coke ordinaire la houille crue, elles pourront bien employer une petite portion de la diffĂ©rence dont elles profitent Ă  l’amĂ©lioration de la condition des voyageurs. Tous les procĂ©dĂ©s reviennent donc Ă  introduire une plus grande quantitĂ© d’air pour la mĂȘme consommation de combustible, et tout porte Ă  croire que l’injection de plusieurs filets de vapeur dans le foyer agissent Ă  cet Ă©gard comme une vĂ©ritable machine soufflante. M. Thierry fils, en France, rĂ©ussit parfaitement par ce procĂ©dĂ©, dont il attribue l’efficacitĂ© Ă  ce que la vapeur serait surchauffĂ©e, et il rĂ©alise cette condition en faisant circuler la vapeur dans, des tubes disposĂ©s autour du foyer lui- mĂȘme. M. Clark, en Angleterre, a rĂ©ussi tout aussi bien par un moyen analogue; mais, tandis que M. Thierry cherche Ă  donner Ă  la flamme une longueur plus grande en soufflant dans le sens de son mouvement, M. Clarke souffle de façon Ă  rompre ces cou- 104 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES, rants, et il mĂ©lange plus parfaitement les gaz brĂ»lĂ©s, la vapeur et l’air affluent. La figure ci-jointe donne l’idĂ©e de l’application du systĂšme de M. Clark, dans son application aux boites Ă  feu des locomotives. La vapeur Ă©tant introduite dans le tuyau A, vu en coupe, forme, lorsqu’elle s’écoule par l’orifice a, une sorte de gerbe conique qui s’introduit directement dans le tube Ă  air WN, Ă  la bouche duquel on adapte une ouverture Ă©vasĂ©e; c’est par cette ouverture que l’air ambiant est entraĂźnĂ© par la vitesse du courant de vapeur, et portĂ© simultanĂ©ment jusque dans la boĂźte Ă  feu ; le rĂŽle de la vapeur dans cette circonstance est tout mĂ©canique, et remplace celui d’une machine soufflante qui serait chargĂ©e de fournir un excĂšs d’air chaud Ă  la combustion. D’aprĂšs les dessins originaux, la vapeur devrait ĂȘtre injectĂ©e par la partie du foyer qui remplace l’autel, et par consĂ©quent en sens inverse de l’air appelĂ© par la grille et par la porte, pour activer la combustion ; cette diffĂ©rence radicale est la seule que l’on remarque entre l’appareil français et le nouvel appareil de M. Clark, mais elle ne laisse pas que d’avoir une grande importance. M. Clark a lu derniĂšrement Ă  l’Institution des ingĂ©nieurs civils de Londres un important mĂ©moire, dans lequel il a examinĂ© les divers procĂ©dĂ©s fumivores qui commencent Ă  ĂȘtre appliquĂ©s aux locomotives anglaises, et il a comparĂ© particuliĂšrement les rĂ©sultats obtenus par M. Mac-Connell, par M. Beathe et par M. Cud- worth. Le systĂšme de M. Mac-Connell est basĂ© sur l’emploi de larges grilles avec addition de tubes Ă  air, en front de la chaudiĂšre et sur les cĂŽtĂ©s; en mĂȘme temps la boĂźte Ă  feu est prolongĂ©e jusqu’à une certaine distance dans le corps cylindrique de la chau- MACHINES MOTRICES. 105 diĂšre, de maniĂšre Ă  augmenter dans une grande proportion la chambre de combustion, dans laquelle les gaz se mĂ©langent et doivent se brĂ»ler. Dans le systĂšme de M. Beathe, il y a rĂ©ellement deux foyers successifs avec deux portes superposĂ©es. La porte supĂ©rieure sert Ă  introduire, sur un plan inclinĂ©, le combustible frais, qui descend pendant qu’il brĂ»le, et tombe dans le premier foyer quand il est dĂ©jĂ  parvenu Ă  l’état de coke l’air qui arrive par la partie de la grille qui correspond Ă  ce foyer est donc toujours amenĂ© Ă  une haute tempĂ©rature avant d’arriver sur la houille neuve ; l’air peut en outre pĂ©nĂ©trer par les portes et par le fond de la boĂźte Ă  feu, et la tempĂ©rature est maintenue trĂšs-Ă©levĂ©e partout, au moyen de garnitures et de sĂ©parations en terre rĂ©fractaire et en briques qui s’étendent mĂȘme Ă  une certaine profondeur dans le corps de la chaudiĂšre, formant ainsi un prolongement notable pour la chambre de combustion. M. Cudworth combine la grille inclinĂ©e avec un long parcours des gaz ; la boĂźte Ă  feu est trĂšs-longue et divisĂ©e longitudinalement en deux parties, par une cloison qui rĂšgne jusque vers la naissance des tubes. Le systĂšme de M. Clark a l’avantage de pouvoir s’adapter aux machines existantes, tandis que ces diffĂ©rentes dispositions exigent une construction spĂ©ciale ; les auteurs ont tous pensĂ© qu’il Ă©tait convenable de sĂ©parer le foyer en deux parties, de maniĂšre Ă  charger alternativement d’un cĂŽtĂ© et de l’autre. Bien que certaines houilles de l’Angleterre soient trĂšs-fumantes, elles ont pour le chauffage des locomotives un avantage bien prĂ©cieux, rĂ©sultant de leur puretĂ© mĂȘme elles donnent trĂšs-peu de rĂ©sidus et encrassent par consĂ©quent moins les grilles que les charbons employĂ©s en France. Il rĂ©sulte de lĂ  que les entrĂ©es d air par la grille sont moins frĂ©quemment obstruĂ©es, et que par consĂ©quent la combustion doit donner lieu Ă  moins de fumĂ©e . c’est Ă  cette circonstance qu’il faut attribuer sans doute la facilitĂ© avec laquelle cette fumĂ©e disparaĂźt sous la seule influence du tirage produit par l’échappement dans la cheminĂ©e aussi les diverses compagnies supplĂ©ent-elles Ă  cet Ă©chappement, pendant les temps d’arrĂȘt, par un jet de vapeur spĂ©cial dirigĂ© dans la cheminĂ©e, et qui suffit Ă  peu prĂšs Ă  la suppression de la fumĂ©e, tout autant par l’action physique que cette vapeur exerce EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 106 pour entraĂźner, au moment de sa condensation, les particules charbonneuses, que par l’excĂšs d’air qu’elle peut aider Ă  introduire dans un foyer sans activitĂ©. Il en est tout autrement pendant la marche, et l’échappement dĂ©termine alors une introduction d’air considĂ©rable. Les tableaux qui accompagnent le MĂ©moire de M. Clark Ă©tablissent les chiffres de la consommation par tonne et par kilomĂštre ces consommations sont les suivantes Indication des appareils. Consommation par tonne et par kilomĂštre. M. Mac-Connell. 0 k ,088 M. Ileallie.. 0 ,067 M. Cudworth. 0 ,063 Les chiffres fournis par le procĂ©dĂ© de M. Clark sont les plus favorables, et cette circonstance doit ĂȘtre attribuĂ©e sans doute Ă  ce que son insufflation de vapeur dans la boĂźte Ă  feu n’est pas nĂ©cessaire pendant la totalitĂ© du parcours ses orifices d’entrĂ©e d’air sont suffisants lorsqu’ils obĂ©issent Ă  l’action de l’échappement dans la cheminĂ©e, et son soufflage ne fonctionne le plus ordinairement que pendant les temps d’arrĂȘt. Le problĂšme du remplacement du coke par le combustible naturel, tel qu’il sort des houillĂšres, est certainement une des plus importantes questions du moment tous les faits que nous avons indiquĂ©s semblent Ă©tablir que ce remplacement n’est possible qu'Ă  la condition d’admettre une quantitĂ© d’air surabondante dans la boĂźte Ă  feu. Les expĂ©riences rĂ©cemment faites par la SociĂ©tĂ© industrielle de Mulhouse ont Ă©tabli que cette condition ne saurait ĂȘtre avantageuse que si la chaleur, habituellement perdue par les gaz de la combustion, pouvait ĂȘtre utilisĂ©e dans des rĂ©chauffeurs spĂ©ciaux de l’eau d’alimentation. Tel n’est pas le cas dans les locomotives, mais ces nouveaux procĂ©dĂ©s doivent cependant produire une Ă©conomie notable, rĂ©sultant de ce que le kilogramme de houille coĂ»te moins cher que le kilogramme de coke; voici, d’ailleurs, quant Ă  la consommation en poids, quelques chiffres comparatifs M. Mac-Connell dĂ©pense une fois et demi autant de charbon que de coke; M. Cudworth seulement 0,94 de charbon, par rapport au poids du coke consommĂ© dans les mĂȘmes circonstances, mais ce rĂ©sultat tient Ă  ce qu’il em- MACHINES MOTRICES. 107 ployait un charbon d’un pouvoir calorifique exceptionnel [Lord Ward’s coal et Ruabon coal. M. Clark a dĂ©pensĂ© sur diffĂ©rentes lignes 1,08 du poids du coke, et l’on doit considĂ©rer ce chiffre comme s’approchant de la vĂ©ritable valeur comparative des deux combustibles. Cette mĂȘme transformation s’opĂšre en France avec tout autant d activitĂ© qu’en Angleterre, et notre Compagnie du Nord, par exemple, tend de plus en plus Ă  remplacer le coke par du charbon on en jugera par le tableau suivant de la consommation annuelle EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. dJlçuiojpi aed auDD/Cora MOIIVKHOSĂŒOD OS * sdsreĂŽtrsjj 89xiomooO sap SHflOOUYd MACHINES MOTRICES. 109 Le procĂ©dĂ© de M. Clark a Ă©tĂ© employĂ© avec le plus grand succĂšs aux gĂ©nĂ©rateurs de l’Exposition ; nous avons obtenu le mĂȘme rĂ©sultat par l’application du procĂ©dĂ© Thierry Ă  l’une des chaudiĂšres du Conservatoire, et l’on peut aujourd’hui considĂ©rer pour certain que l’injection de la vapeur dans le foyer rĂ©sout d’une maniĂšre complĂšte le problĂšme de la fumivoritĂ©, sans une augmentation notable dans la dĂ©pense du combustible. La fumĂ©e n’apparaĂźt que pendant l’allumage, jusqu’à ce que le jet de vapeur puisse fonctionner c’est lĂ  un inconvĂ©nient que nous avons Ă©vitĂ© rĂ©cemment en ajoutant Ă  l’appareil un petit fourneau Ă  gaz capable de produire dĂšs les premiers instants la vapeur nĂ©cessaire Ă  l’alimentation du jet. Nous ne quitterons pas M. Clark sans dire un mot de son rĂ©-., chauffeur de l’eau d’alimentation, qui n’est autre chose que l’injecteur Giffard, appliquĂ© dans un but diffĂ©rent l’eau envoyĂ©e par la pompe s’introduit par un orifice annulaire autour du jet de vapeur, qui se condense en totalitĂ© et porte l’eau Ă  une tempĂ©rature Ă©levĂ©e. La diffĂ©rence consiste prĂ©cisĂ©ment en cette circonstance, et M. Clark, aprĂšs avoir obtenu dans la pratique courante des locomotives une tempĂ©rature de 50° pour l’eau d’alimentation, a pu porter cette tempĂ©rature jusqu’à 90° dans une machine fixe de 20 chevaux. On sait que l’injecteur Giffard ne fonctionne pas Ă  cette tempĂ©rature, mais on pourrait peut- ĂȘtre arriver Ă  un rĂ©sultat satisfaisant en associant Ă  l’appareil alimentaire uninjecteur spĂ©cialement chargĂ© du rĂ©chauffement. Nous citerons encore parmi les appareils destinĂ©s Ă  empĂȘcher la fumĂ©e le systĂšme de M. Chodsko, qui reproduit avec quelques modifications de dĂ©tail la grille Ă  deux Ă©tages dĂ©jĂ  proposĂ©e pour cet objet, et le systĂšme de M. Palazot de Bordeaux, qui fait arriver derriĂšre la grille la quantitĂ© d’air nĂ©cessaire Ă  la complĂšte combustion des gaz fumeux ces deux appareils peuvent donner de bons rĂ©sultats lorsqu’ils sont convenablement conduits, et ils Ă©taient tous deux exposĂ©s au palais de Ken- sington. Les machines Ă  vapeur sont en trĂšs-grand nombre Ă  l’Exposition, mais elles ne prĂ©sentent non plus que des modifications de dĂ©tail, dont la somme cependant finira par produire une transformation assez notable dans la construction de ces moteurs. no EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Nous ne parlerons pas des machines ordinaires, agencĂ©es plutĂŽt au point de vue de la simplicitĂ© de la construction qu’à celui de la meilleure utilisation du combustible. Beaucoup de machines anglaises sont dans ce cas absence d’enveloppe, absence de condensation; ce sont lĂ  les anciennes conditions de nos machines; mais les enveloppes sont aujourd’hui chez nous d’un emploi gĂ©nĂ©ral, et l’on doit certainement Ă  MM. Thomas et Lau- rens d’avoir fait connaĂźtre et d’avoir rĂ©alisĂ© les avantages de l’extension de cette pratique jusqu’aux couvercles des cylindres. Comme machines rĂ©alisant les meilleures conditions sous le rapport de la consommation de vapeur dans un seul cylindre, nous en trouvons dans l’exposition française les diffĂ©rents types la machine Farcot, de 60 chevaux, pouvant fonctionner avec ou sans condensateur, est munie du nouveau modĂ©rateur Ă  bras croisĂ©s, qui satisfait Ă  cette condition des modĂ©rateurs paraboliques de rĂ©gler la machine Ă  la mĂȘme vitesse pour toutes les puissances auxquelles on la fait fonctionner; l’introduction pour la puissance normale est seulement de 1/15 de la course Ă  la pression de 5 atmosphĂšres. Dans cette machine, l’assemblage du cylindre intĂ©rieur avec l’enveloppe est obtenu au moyen d’un cercle en fer interposĂ© avec mattage ce mode d’assemblage remplace d’une maniĂšre heureuse les masticages toujours incertains, qui finissaient toujours par se dĂ©truire et donner passage Ă  des fuites de vapeur. Dans une machine, Ă©galement de 60 chevaux, construite par M. Lecouteux, la pression sur le tiroir est en partie Ă©quilibrĂ©e par l’emploi d’une contre-plaque et l’interposition d’une lame de caoutchouc le choix de cette matiĂšre, entre deux surfaces mĂ©talliques immobiles, nous paraĂźt parfaitement convenable pour dĂ©terminer cet isolement, sans craindre de produire le moindre grippement entre les parties rottantes du tiroir ce perfectionnement aux tiroirs Ă  entraĂźnement nous paraĂźt ĂȘtre d’un rĂ©el intĂ©rĂȘt. A l’exemple de M. Farcot, M. Lecouteux a d’ailleurs fractionnĂ© les orifices de maniĂšre Ă  rendre l’ouverture et la fermeture des lumiĂšres plus rapides. M. Cail, et MM. Varrall, Elwell et Poulot emploient la dĂ©tente de Meyer, Ă  deux excentriques, variable Ă  la main au moyen du dĂ©placement des plaques de dĂ©tente, par une mĂȘme vis Ă  pas opposĂ©s; ces deux usines ont plus ou moins modifiĂ© dans ses lii MACHINES MOTRICES. dĂ©tails la disposition primitive, mais ce qui recommande surtout la machine de M. Varrall, c’est la variĂ©tĂ© du modĂ©rateur parabolique, que ce constructeur a rĂ©alisĂ© d’une maniĂšre trĂšs-commode, en articulant les tiges du manchon un peu en dehors des tiges des boules du pendule. Cette disposition est certainement la plus simple de celles par lesquelles on a cherchĂ© Ă  atteindre la possibilitĂ© de rĂ©gler la marche Ă  une vitesse constante. MM. Varrall, Elwell et Poulot ont en outre chargĂ© leur axe central d’un poids considĂ©rable, comme nous le verrons en parlant du rĂ©gulateur amĂ©ricain de Porter. Ce poids additionnel dans la machine exposĂ©e est de 47 kilogrammes, et nous verrons l’influence que son action doit exercer nĂ©cessairement sur la rĂ©gularitĂ© de la machine. Nous avons aussi remarquĂ© que, suivant la pratique anglaise, plusieurs des piĂšces de cette machine sont entiĂšrement terminĂ©es sur le tour, sans aucun travail ultĂ©rieur Ă  la lime. Nos constructeurs gagneraient beaucoup Ă  entrer dans cette voie tout Ă  la fois favorable, selon nous, Ă  la puretĂ© de l’exĂ©cution et au prix delĂ  main-d’Ɠuvre. La machine Ă©galement horizontale dont MM. Thomas et Lau- rens ont seulement exposĂ© les dessins, diffĂšre des prĂ©cĂ©dentes en ce que le modĂ©rateur Ă  houles est remplacĂ© par un modĂ©rateur Ă  air, qui fonctionne trĂšs-bien Ă©galement, et en ce que la limite de la course des plaques de dĂ©tente est dĂ©terminĂ©e par une cale en forme de trapĂšze, qui remplitle mĂȘme objet que la rame. Le rĂ©gulateur, dit la notice jointe aux dessins, agit sur la pression de la vapeur pour les puissances supĂ©rieures Ă  la force normale de la machine, et sur la durĂ©e de l’introduction pour les puissances infĂ©rieures Ă  cette limite. » Dans le rĂ©glage par le modĂ©rateur, il est certain que l’on peut satisfaire Ă  la dĂ©pense de la machine, soit en admettant davantage avec une pression trop faible, soit en admettant le moins possible avec la pression normale; cette derniĂšre solution est Ă©videmmentla meilleure, et dans la crainte que le chauffeur ne prĂ©fĂšre la premiĂšre, MM. Thomas et Laurens veulent que l’on soit obligĂ© de fixer Ă  la main la limite de l’admission, suivant les diverses conditions du travail; il nous semble qu’une surveillance convenable serait toujours facile Ă  exercer Ă  cet Ă©gard, et que la dĂ©tente par le rĂ©gulateur est Ă  tous les points de vue prĂ©fĂ©rable. Lorsque la machine est H2 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. trĂšs-chargĂ©e, le degrĂ© le plus Ă©levĂ© de la pression est pour ainsi dire obligatoire, et mĂȘme dans l’opinion de ces messieurs, il n’y a plus aucun inconvĂ©nient Ă  confier au rĂ©gulateur le soin d’agir automatiquement sur le tiroir de dĂ©tente. Toutes ces machines sont supĂ©rieures Ă  la plupart des machines anglaises, et mĂȘme Ă  toutes celles de l’Exposition, si nous en exceptons toutefois la machine du systĂšme amĂ©ricain de Cor- liss, qui est reprĂ©sentĂ©e par deux modĂšles de vingt chevaux, construits dans deux usines diffĂ©rentes du Zollverein. Lecylindre de cette machine est aussi horizontal, Ă  enveloppe de vapeur sur les couvercles et sur le cylindre, mais elle diffĂšre de toutes les autres par le mode d’attache de ce cylindre, et par tous les dĂ©tails de la distribution. Le bĂąti se compose d’une grande poutre horizontale, sur le cĂŽtĂ© de laquelle le cylindre est boulonnĂ©, ce qui donne Ă  l’ensemble un aspect tout particulier les glissiĂšres, au lieu d’ĂȘtre dans le mĂȘme plan horizontal, sont placĂ©es l’une au-dessus de l’autre ; mais comme elles sont fortement reliĂ©es au bĂąti, elles prĂ©sentent toute la rigiditĂ© dĂ©sirable. La dĂ©tente est variable par l’action d’un modĂ©rateur de Porter Ă  contre-poids, qui dĂ©termine par un dĂ©clanchement la fermeture rapide de l’admission Ăą l’instant convenable. Les tiroirs sont rĂ©mplacĂ©s par quatre robinets de dispositions particuliĂšres, qui sont symĂ©triquement commandĂ©s par un plateau central animĂ© d’un mouvement de rotation alternatif ; les organes de cette distribution ont Ă©tĂ© dĂ©crits et figurĂ©s en dĂ©tail dans le Polyteck- nisches Journal de Dingler, tome 161, page 321 1861, et l’on trouvera dans l’article qui a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă  cette machine toutes les particularitĂ©s qu’il importe de connaĂźtre Ă  cet Ă©gard. On y a reproduit plusieurs diagrammes quipermettentd’apprĂ©cierlebon fonctionnement de cette machine, dans laquelle on peut obtenir sĂ©parĂ©ment l’avance convenable, soit Ă  l’admission, soit Ăč l’échappement, puisque la fonction de chacun des tiroirs circulaires est limitĂ©e Ă  l’une ou l’autre de ces fonctions. On assure que la machine Corliss fonctionne couramment en AmĂ©rique, avec une consommation de 1 kilogramme de charbon par force de cheval et par fleure, et cette indication, jointe Ă  celles que l’on peut tirer de l’examen des diagrammes, suffira sans doute pour que nos constructeurs eh Ă©tudient avec soin les dispositions. MACHINES MOTRICES. Nous aurons Ă  parler ultĂ©rieurement d’une autre machine amĂ©ricaine de Allen, Ă©galement remarquable par les circonstances de sa distribution. Parmi quelques dispositions originales de machines Ă  un seul cylindre, celle de M. Cowan mĂ©rite une mention particuliĂšre. MM. Burgh et Cowan, qui en sont les inventeurs, ont cherchĂ© Ă  obtenir les avantages que prĂ©sentent les machines Ă  fourreau par rapport Ă  l’allongement de la bielle, sans tomber dans l’inconvĂ©nient de ces Ă©normes stuffing-box que l’emploi mĂȘme des fourreaux rendait nĂ©cessaires. Htfc' au;-J n;rrr f Dans leur disposition, le piston annulaire est muni de deux tiges a a , faisant corps avec une forte piĂšce Ă  T, dĂ©signĂ©e sur la figure par A; c’est cette piĂšce qui se prolonge dans le fourreau fixe B, dans l’intĂ©rieur duquel elle glisse, et qui porte l’extrĂ©mitĂ© de la bielle motrice C. Quant au piston, il est prolongĂ© par une sorte de poche D, assez profonde pour ne jamais rencontrer le fourreau, et le cylindre lui-mĂȘme est muni d’une poche semblable E, pour laisser place Ă  cet appendice du piston. Cette disposition esttrĂšs-ramassĂ©e, mais la saillie du fond du cylindre compense pour une certaine part la diminution de longueur totale, que l’on cherche Ă  obtenir par l’emploi des fourreaux. D’un autre cĂŽtĂ©, les stuffing-box sont rĂ©duits Ă  leurs dimensions ordinaires, et le piston n’a besoin que de la seule garniture extĂ©rieure, qu’on serait obligĂ© de lui donner pour toute machine de mĂȘme dimension. Les machines horizontales sont en Angleterre comme en France II!. 8 ii4 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. les plus employĂ©es, et sous ce rapport l’Exposition actuelle est trĂšs-remarquable. Depuis dix ans il s’est fait un changement radical dans l’opinion publique Ă  l’égard des machines de cette espĂšce. Les locomotives, les locomobiles, les bateaux ont montrĂ© les avantages de cette disposition l’installation est plus facile, la fondation moins coĂ»teuse pour les machines fixes, le nombre des piĂšces est diminuĂ©, et elles sont toutes d’un abord plus facile. Ces avantages ont Ă©tĂ© si gĂ©nĂ©ralement reconnus que l’on a cherchĂ© Ă  y appliquer le principe de Woolf; c’est lĂ  peut-ĂȘtre le caractĂšre le plus saillant de l’Exposition actuelle, relativement aux dispositions gĂ©nĂ©rales des machines Ă  vapeur. Des tentatives analogues avaient Ă©tĂ© faites en France, particuliĂšrement Ă  Rouen, oĂč la machine de Woolf est en grand honneur Ă  cause de sa rĂ©gularitĂ©, mais jamais nous n’avions vu autant de tentatives de ce genre. En Belgique, M. de Landtsheer place ses deux cylindres l’un Ă  cĂŽtĂ© de l’autre, et les fait agir sur des manivelles dans le prolongement l’une de l’autre en dĂ©signant par A et A' les extrĂ©mitĂ©s contiguĂ«s des deux cylindres, par B et B' les extrĂ©mitĂ©s opposĂ©es, il fait arriver les vapeurs de la chambre A dans la chambre A', celles de la chambre B dans la chambre B', et il arrive ainsi Ă  faire mouvoir constamment les pistons en sens contraires l’un de l’autre, tandis qu’ils marchent dans le mĂȘme sens dans la machine de Woolf ordinaire. Le systĂšme de M. de Landtsheer n’est reprĂ©sentĂ© que par un dessin, mais par l’accouplement de deux systĂšmes semblables, Ă  angle droit sur un mĂȘme arbre, et il est facile de voir qu’il obtient prĂ©cisĂ©ment le mĂȘme rĂ©sultat qu’avec deux machines doubles Ă  balancier, c’est-Ă -dire la rĂ©gularitĂ© la plus parfaite que l’on ait encore obtenue dans les machines Ă  vapeur. M. Scribe de Gaud a cherchĂ© la mĂȘme solution au moyen de deux cylindres placĂ©s bout Ă  bout; l’un des pistons est conduit, par une tige centrale, Ă  la maniĂšre ordinaire, l’autre par deux tiges latĂ©rales guidĂ©es par le premier cylindre, et l’on voit que les deux pistons ainsi attelĂ©s sur un mĂȘme arbre et marchant dans le mĂȘme sens, exigent que la vapeur d’échappement de la chambre extrĂȘme du petit cylindre soit ramenĂ©e pour produire son action de dĂ©tente dans la chambre opposĂ©e du grand cylin- MACHINES MOTRICES. u5 dre il y a lĂ  un parcours considĂ©rable, tandis que les deux chambres sĂ©parĂ©es seulement parleurs couvercles donnent lieu, vers le milieu de la machine, Ă  une distribution bien plus favorable. Cette disposition est bien encombrante par sa longueur, et l’on assure cependant que plus de cinquante machines de ce systĂšme fonctionnent dans les principales filatures de la Belgique. Le modĂšle qui figure Ă  l’Exposition de Londres est de 30 chevaux le constructeur compte sur une diminution de plus de 40 p. 400 dans le prix de revient, par rapport aux machines Ă  balanciers ordinaires. La machine suĂ©doise de Bergsund est aussi Ă  deux cylindres accouplĂ©s suivant le principe de Woolf, mais ici le petit cylindre est placĂ© dans le grand cette machine de 60 chevaux est des- tinĂ©eĂ une chaloupe canonniĂšre elle doit fonctionner Ă  120 tours par minute, et la dĂ©tente est au total prolongĂ©e jusqu’à cinq fois le volume primitif; on a eu soin d’équilibrer par des contrepoids les diffĂ©rentes piĂšces, condition sans laquelle il serait impossible de marcher rĂ©guliĂšrement avec une si grande vitesse. Le condenseur est disposĂ© dans le bĂąti mĂȘme de la machine, par consĂ©quent de maniĂšre Ă  occuper le moins de place, et le changement de marche s’opĂšre comme dans la machine de Carlsund, si bien apprĂ©ciĂ©e en 1855, au moyen d’une bague excentrĂ©e, que l’on manƓuvre par une glissiĂšre taillĂ©e en hĂ©lice cet organe trĂšs-simple est parfaitement appropriĂ© Ă  sa destination. Nous avons dit qu’en Angleterre aussi la machine horizontale Ă  deux cylindres dans lesquels la vapeur fonctionne d’aprĂšs le principe de Woolf paraissait ĂȘtre l’objet d’un grand nombre de dispositions; la figure ci-jointe reprĂ©sente l’une des applications Fig. 4 . les plus simples de ce principe dans cette machine de MM. Car- 116 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. rett, Marshall et Cie de Leeds, les deux pistons ont la mĂȘme course et leurs bielles sont fixĂ©es sur des manivelles M et N Ă  180 degrĂ©s l’une de l’autre il en rĂ©sulte que le cylindre B se remplit de vapeur pendant que le piston A marche en sens contraire du premier, et que les deux cylindres, ainsi placĂ©s l’un Ă  cĂŽtĂ© de l’autre, permettent Ă  la vapeur de passer directement de A Ă  B par une communication Ă©tablie contre les fonds adjacents des deux cylindres. La distribution peut alors se faire par un seul tiroir, chargĂ© tout Ă  la fois de permettre Ă  la vapeur nouvelle d’entrer dans le petit cylindre A, et Ă  celle qui a dĂ©jĂ  fourni dans ce premier cylindre son travail de pleine pression, de pĂ©nĂ©trer dans le grand cylindre B de dĂ©tente. Cet unique tiroir est reprĂ©sentĂ© en coupe dans la figure 5, mais il semble que l’on pourrait utilement rĂ©duire le volume de la boĂźte-de distribution qui paraĂźt ici trĂšs-exagĂ©rĂ©; la durĂ©e de l’introduction dans le petit cylindre est d’ailleurs rĂ©glĂ©e par l’action du modĂ©rateur, le tiroir commun permettant ainsi de fonctionner toujours suivant la puissance dĂ©pensĂ©e, dans les conditions d’économie les plus satisfaisantes. On remarquera d’ailleurs que le piston du grand cylindre est soutenu par sa tige, qui se prolonge de maniĂšre Ă  faire fonctionner la pompe Ă  air Ă  double effet qui est placĂ©e dans le mĂȘme axe. Afin d’éviter les temps morts auxquels donneraient lieu les deux manivelles, placĂ©es comme nous l’avons dit dans le prolongement l’une de l’autre, MM. Carrett, Marshall et Cie leur font d’ailleurs faire un petit angle afin que la machine puisse se mettre facilement en marche, et qu’il y ait dans toutes les positions des pistons une petite force agissante. Les dimensions de cette jolie machine sont les suivantes Course commune 0 m ,786 diamĂštre 0 ra ,317 et 0 m ,533, ce qui correspond Ă  un rapport de 1 Ă  3 entre les sections ; force normale, 14 chevaux. Nous pourrions citer quelques autres exemples de dispositions analogues, mais nous avons hĂąte de parler des diverses dispositions proposĂ©es pour rĂ©chauffer la vapeur aprĂšs sa sortie du premier cylindre et avant son admission dans le second. Dans le courant de 1860 nous avons assistĂ©, sur la Seine, aux F'S. S- MACHINES MOTRICES. 117 expĂ©riences de M. Normand fils du Havre, sur le bateau Ă  vapeur le Furet , transformĂ© par lui d’une maniĂšre analogue. L’un des cylindres de ce bateau fonctionnait alors comme cylindre de dĂ©tente d’une machine de Woolf, et la vapeur d’échappement du premier cylindre n’y arrivait qu’aprĂšs avoir parcouru, dans toute sa longueur, un tuyau de conduite placĂ© dans la chaudiĂšre mĂȘme; c’est cette mĂȘme idĂ©e qui est aujourd’hui, en Angleterre, l’objet des principales prĂ©occupations. Nous en trouvons une premiĂšre application Ă  une machine fixe dans le modĂšle exposĂ© par M. May et Cie de Birmingham. Voici la description de cette intĂ©ressante machine m ĂŻW*> JM Fig. 6. ' v,t Am q”, pt O 1 ,53 de diamĂštre, Les cylindres ont respectivement 0 ,45 et . . une che _ et la course de chacun des deux pistons e pnveloope mise de vapeur alimentĂ©e directement par la chau g A les deux cylindres. La vapeur s’introduit dans e p 1 5faction [fig. 6j Ă  la pression mĂȘme de la chaudiĂšre, et *>°n m certaineS cesse Ă  partir de la moitiĂ© de la course comme . oir c, machines Ă  dĂ©tente; elle s’échappe ensuite dans un Ăź de placĂ© sous la plaque de fondation, et entiĂšremen en J ^ vapeur; elle est emmagasinĂ©e dans ce rĂ©servoir jusq 18 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. la manivelle b du plus grand cylindre, calĂ©e Ă  angle droit de la manivelle a du petit, aient amenĂ© le piston correspondant Ă  l’extrĂ©mitĂ© de sa course ; alors seulement le tiroir du grand cylindre s’ouvre Ă  l’admission et laisse entrer dans ce cylindre la vapeur du rĂ©servoir, Ă©galement jusqu’à demi-course elle agit enfin par sa dĂ©tente et s’échappe dans le condenseur D, qui dans la machine exposĂ©e Ă©tait un condenseur Ă  surface le mouvement de la pompe Ă  air est commandĂ© par la traverse de la tige du grand piston. On s’est approchĂ© le mieux possible des conditions les plus favorables Ă  la continuitĂ© d’une action uniforme en traçant thĂ©oriquement les diagrammes auxquels diverses combinaisons auraient conduit. On remarquera que la vapeur est dĂ©jĂ  dĂ©tendue au double de son volume primitif dans le premier cylindre, et que ce volume dĂ©tendu, aprĂšs ĂȘtre venu occuper pendant l’introduction la moitiĂ© du volume du grand cylindre, remplit en fin de compte ce volume tout entier, et comme ces volumes sont dans le mĂȘme rapport que les carrĂ©s des diamĂštres 0,53 2 0,25 J =4,5, on voit que chaque demi-cylindre du grand cylindre se dĂ©tend jusqu’à occuper un volume neuf fois plus considĂ©rable que son volume primitif. Le mĂȘme principe est encore rĂ©alisĂ© dans la locomobile de M. Wenham, exposĂ©e sous le nom de Thermo-expansive steam engine. La patente de Wenham est du 23 mai 1860, et nous y lisons Ă  peu prĂšs que Cette invention est principalement applicable aux machines marines Ă  condensation, par la dĂ©tente de la vapeur Ă  haute pression, ainsi qu’il suit Le pignon d’un arbre Ă  manivelles, tournant par l’action d’un ou plusieurs cylindres Ă  haute pression, engrĂšne avec l’arbre principal des machines Ă  condensation, soit au moyen d'une roue dentĂ©e, soit au moyen de tout autre organe, les machines Ă  haute pression faisant ainsi un plus grand nombre de courses ou de rĂ©volutions que les machines Ă  condensation. La vapeur Ă  haute pression arrive directement de la chaudiĂšre aux machines sans condensation, et aprĂšs y avoir agi par sa dĂ©tente, elle se rend dans une sĂ©rie de tubes placĂ©s dans la boĂźte Ă  fumĂ©e pour s’y surchautfer, et ensuite dans les cylindres Ă  condensation oĂč elle peut encore agir par dĂ©tente avant de se rendre dans les conduits. » MACHINES MOTRICES. 1,9 Ea locomobile exposĂ©e rĂ©pond exactement Ă  cette description de la patente, et voici maintenant la traduction littĂ©rale de la note appendue Ă  cette locomobile. Puissance mesurĂ©e au frein 10 chevaux et demi. Consommation de combustible en 10 heures 152 k ,21. Consommation d’eau en 10 heures 1170 litres. Pression effective 6 atmosphĂšres et demie. DiamĂštres des cylindres 0,127 et 0,216. Poids de la machine 2500 kilog. La machine qui Ă©tait destinĂ©e Ă  l’Exposition n’ayant pas Ă©tĂ© terminĂ©e, on lui a substituĂ© celle-ci qui est destinĂ©e Ă  faire comprendre le principe. » Cette derniĂšre indication n’était pas inutile, car l’exĂ©cution laissait beaucoup Ă  dĂ©sirer. Quoi qu’il en soit, nous voyons que les chiffres ci-dessus reviennent Ă  une consommation de 1 k ,45 par cheval et par heure en combustible, et en eau Ă  11 k ,53 seulement. Ce dernier chiffre surtout est remarquable, et suppose une vaporisation trĂšs-admissible de 7 kilog. d’eau par kilogramme de charbon. VoilĂ  donc trois dispositions, nous dirons mĂȘme trois rĂ©sultats analogues, car les essais ont donnĂ© pour chacune dfelles des chiffres Ă©galement avantageux. Depuis les expĂ©riences de 1860, M. Normand n’a cessĂ© de donner ses soins Ă  cette question importante il atrouvĂ© dans plusieurs circonstances une Ă©conomie notable, mais seulement pour les machines sans enveloppes, telles que sont la plupart des machines de mer. Si nous sommes bien informĂ©, on construirait en ce moment deux grands steamers sur le mĂȘme principe, dĂ©jĂ  appliquĂ© au Loiret, dont la machine se compose de trois cylindres parallĂšles, celui du milieu alimentant les deux autres, qui reprĂ©senteraient ensemble le deuxiĂšme cylindre de Woolf. On nous assure Ă©galement qu’en Angleterre, aprĂšs 1 essai qui en a Ă©tĂ© fait par un industriel, l’amirautĂ© serait disposĂ©e Ă  augmenter encore le champ de cette application, en portant jusqu’à quatre le nombre de cylindres successifs, de capacitĂ©s nĂ©cessairement croissantes, entre chacun desquels la empĂ©rature primitive de la vapeur serait ainsi restaurĂ©e par un rĂ©chauffage mĂ©thodique. L importance que semble prendre cette question nous fait un devoir de revendiquer pour notre compatriote le bĂ©nĂ©fice d’une 120 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. antĂ©rioritĂ© qui nous semble surabondamment constatĂ©e par ses essais de 1860 et par la communication que nous avons faite de ses premiers rĂ©sultats Ă  la sĂ©ance de la SociĂ©tĂ© d’encouragement du 5 dĂ©cembre Le brevet de M. Normand est d’ailleurs datĂ© du 26 juin 1856. A la suite de ces apprĂ©ciations gĂ©nĂ©rales nous dirons quelques mots sur un certain nombre d’organes spĂ©ciaux sur lesquels il nous paraĂźt utile d’appeler l’attention de nos constructeurs. La figure ci-jointe reprĂ©sente une disposition proposĂ©e par Allen pour opĂ©rer plus rapidement l’ouverture et la fermeture des orifices de distribution. Fig. 7. L’introduction se faisant en A et en B, et l’échappement en e, les choses sont ainsi disposĂ©es que le canal MN intervienne pour faciliter l’introduction par l’ouverture d’orifices supplĂ©mentaires. Le tiroir marchant de droite Ă  gauche, l’admission commencera, comme Ă  l’ordinaire, aussitĂŽt que l’arĂȘte a sera venue coĂŻncider avec l’arĂȘte b, la vapeur entrera librement en A, mais en mĂȘme temps l’arĂšte n aura dĂ©passĂ© l’arĂȘte pet la vapeur entrant aussitĂŽt dans le conduit supplĂ©mentaire MN dĂ©bouchera aussi par son orifice M dans la lumiĂšre d'introduction A. Pendant toute la durĂ©e de l’admission, la vapeur entrera donc comme si l’orifice ordinaire Ă©tait d’une largeur double, ce qui est d’un grand intĂ©rĂȘt pour la meilleure utilisation de la vapeur. Dans la disposition que reprĂ©sente la figure 7, les largeurs de bande sont rĂ©glĂ©es pour que la dĂ©tente commence aux deux tiers de la course. 1. Bulletin de la SociĂ©tĂ© d’encouragement pour l’industrie nationale, t. LIX , page 740. MACHINES MOTRICES. 12t Comme exemple de distribution Ă  dĂ©tente variable Ă  un seul excentrique nous citerons encore la machine de ce mĂȘme Allen, ouvrier mĂ©canicien de New-York. Cette petite machine fonctionne avec une rĂ©gularitĂ© parfaite, Ă  une vitesse de 150 tours, elle a quatre orifices spĂ©ciaux, destinĂ©s deux Ă  deux Ă  la distribution, Ă  chacune des extrĂ©mitĂ©s du cylindre. L’excentrique unique est calĂ© sur l’arbre dans la direction de la manivelle; son mouvement horizontal fait osciller la bielle de suspension avec laquelle la coulisse est articulĂ©e, et son mouvement vertical dĂ©termine pour cette coulisse un mouvement de va-et-vient autour de son pivot, qui devient ainsi le centre de rotation d’un mouve- vement de sonnette. Cette disposition, trĂšs-remarquable par sa simplicitĂ©, est compliquĂ©e dans la machine qui nous occupe en ce que l’on a voulu obtenir tous les dĂ©placements de tiroirs avec de trĂšs-petites amplitudes dans les organes que nous venons de dĂ©crire, et que pour obtenir ce rĂ©sultat, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire d’avoir recours Ă  des leviers multiplicateurs dont les articulations doivent prendre rapidement du jeu par l’usĂ©. ‱ Cette question des distributions Ă  un seul excentrique est certainement l’une des plus intĂ©ressantes et des plus nouvelles, en ce qui concerne la simplification des machines Ă  vapeur et le meilleur emploi de ce fluide. M. Elwell, de Paris, s’est beaucoup occupĂ© de ce problĂšme, et il est parvenu Ă  le rĂ©soudre par des procĂ©dĂ©s analogues, mais plus sĂ»rs, soit par une coulisse rectiligne, soit par une c', qui lui sera transmise, ne sera pas assez grande pour satisfaire Ă  la relation il _ p R __ ^ r R. ’ p P Plus p sera petit par rapport Ă  R et plus l’instrument sera paresseux. On devra donc donner Ă  p une assez grande valeur, mais le contre-poids de M. Porter permet Ă©galement de rĂ©soudre laques tion si, en effet, nous dĂ©signons par P son action verticale sur les boules, les raisonnements qui prĂ©cĂšdent se traduiront dans 124 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. le mĂȘme ordre par les Ă©galitĂ©s suivantes, dans lesquelles nous n’aurons point Ă  faire participer le poids P, au dĂ©veloppement de la force centrifuge FA= p-f Pr F = — ’r, d’oĂč „. = i-F = i. X f +PĂź = l E±ï pr pr 'h h p F'A= p + P + Rr d’oĂč F' = — »'»r; 9 '* = -ÂŁ F = X p + P + R f = ' *‱ *‱ * h h pr et enfin p r ‱>'’ _ M-P+R _ 00 mĂštres Ă  l’heure, sont Ă  peine suffisants si la Chambre des communes est pleine. 1. Page 210. 138 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Or, d’aprĂšs des relevĂ©s rapportĂ©s par le D r Reid, le nombre des personnes prĂ©sentes s’est Ă©levĂ© au plus Ă  800. Le volume ci-dessus correspondrait donc Ă  105 mĂštres cubes par heure et par individu, ce qui excĂšde les Ă©valuations que j’ai donnĂ©es, et que quelques personnes sont tentĂ©es de trouver exagĂ©rĂ©es. MalgrĂ© ce chiffre Ă©levĂ©, la ventilation, mĂȘme avec les amĂ©liorations qu’elle a reçues, ne paraĂźt pas satisfaisante. Le mode d’introduction Ă  travers des tapis que l’on a adoptĂ© et que j’indiquerai plus loin, doit apporter trĂšs-probablement, Ă  l’arrivĂ©e de l’air nouveau par les orifices disposĂ©s Ă  cet effet, un obstacle qui empĂȘche son volume d’atteindre celui de l’évacuation et dĂ©terminer, comme j’ai eu l’occasion de le constater, des courants d’air trĂšs-considĂ©rables, entrant par les portes et les ouvertures accidentelles. Dispositions proposĂ©es pour la Chambre des communes. M. le D r Reid ' donne la description d’un projet qu’il avait proposĂ© pour la ventilation de la Chambre des communes et dans lequel l’admission de l’air devait avoir lieu par le plafond et l’extraction par le plancher. Les dispositions dĂ©jĂ  existantes et que l’on ne voulut ou que l’on ne put sans doute pas changer, dans un 1. G82, page 302. 139 RENSEIGNEMENTS SUR LA VENTILATION- bĂątiment construit, empĂȘchĂšrent l’adoption de ce systĂšme ra tionnel et obligĂšrent V auteur Ă  laisser produire Ă  l’inverse VentrĂ©e par le sol et l’échappement par le haut, ce qui ne lui a pas rĂ©ussi, non plus qu’à ses successeurs. À l’appui de la disposition qu i proposait, le D r Reid a fourni l’exemple dune grande sa e de rĂ©union qu’il avait fait construire Ă  Edimbourg et dont il onne la coupe que nous reproduisons dans la figure ^ ci-contre. L’on voit de suite le mode d’introduction et de sortie proposĂ© par l’auteur et qui consistait dans l’évacuation et 1 introduction de l’air par appel. Disposition pour Ă©viter les inconvĂ©nients de l'emploi du gaz d'Ă©clairage Ă  l'intĂ©rieur. Une autre question, qui lui Ă©tait aussi soumise, Ă©tait celle de l’emploi du gaz d’éclairage Ă  l’intĂ©rieur des salles et des moyens d’en Ă©viter les inconvĂ©nients. Il en indique les solutions suivantes que l’on comprendra de suite Ă  l’examen des figures. Pour le cas d’un Ă©clairage Ă  l’aide de lustres placĂ©s au-dessous d’un pendentif, il propose ou de conduire les gaz brĂ»lĂ©s par un tuyau traversant le pendentif et les Ă©vacuant directement Ă  l’extĂ©rieur [fig. 2, ou de les verser %‱ s. dans des conduits, qui, aprĂšs gĂ©nĂ©raux de toiture, redescendraient aux conduit du gai et de la l’appel [fig. 3. Dans ce dernier cas, l’hiver la combustion pourrait ĂȘtre en partie utilisĂ©e pour me tempĂ©rature des locaux Ă©clairĂ©s. U indique que QU un position peut ĂȘtre appliquĂ©e au cas oĂč il y a e La Ă©clairage Ă  travers des panneaux honzont Ă©clairer figure 4 fait comprendre la disposition ex eu 140 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. tout le pourtour d’un plafond par une corniche en panneaux transparents. iĂźt Fig. 3. » m 1 W V Fig. 4. Le gaz afflue par deux tubes, l’un c destinĂ© Ă  alimenter les becs permanents, l’autre b qui ne sert qu’à l’allumage. Le premier porte environ 60 becs et le second est percĂ© d’une infinitĂ© de trous. En allumant celui-ci en un seul point, la flamme se communique, de proche en proche, sur toute sa longueur et allume tous les becs permanents du tuyau c. Cela fait, on ferme le robinet du tuyau d’allumage b et les becs permanents seuls restent lumineux. Par ce dispositif, une seule ouverture est nĂ©cessaire pour l’allumage gĂ©nĂ©ral, et le lĂ©ger 'Ă©chappement de gaz qui se produit 141 RENSEIGNEMENTS SUR LA VENTILATION, ne prĂ©sente pas d’inconvĂ©nients, parce que la corniche creuse est toujours soumise Ă  l’action de l’appel gĂ©nĂ©ral de ventilation. L’auteur indique enfin, par une sorte de plan gĂ©nĂ©ral qu’il est inutile de reproduire, que, pour la Chambre des communes, les lustres principaux placĂ©s au plafond devaient avoir leurs con- i» duits spĂ©ciaux d’évacuation des gaz brĂ»lĂ©s, et que ces conduits recevaient par des branchements particuliers les gaz de tous les autres appareils. Des vannes rĂ©gulatrices Ă©taient d’ailleurs disposĂ©es de maniĂšre Ă  modĂ©rer le tirage particulier de chacun des appareils. EnquĂȘte de 1854. En 1854, la Chambre des lords a fait une enquĂȘte trĂšs-dĂ©taillĂ©e sur les rĂ©sultats obtenus avec les diffĂ©rents appareils de chauffage, de ventilation et d’éclairage employĂ©s ou Ă  employer dans le nouveau palais du parlement. Les questions relatives Ă  ces parties du service sont traitĂ©es et dĂ©cidĂ©es sĂ©parĂ©ment par chacune des deux Chambres, quoique les lieux de leurs sĂ©ances et toutes leurs dĂ©pendances soient situĂ©s dans le mĂȘme bĂątiment et trĂšs-rapprochĂ©s les uns des autres. v DĂ©jĂ , Ă  cette Ă©poque, la salle de la Chambre des communes Ă©tait chauffĂ©e et ventilĂ©e par les appareils que nous dĂ©crirons plus loin, mais la Chambre des lords l’était encore au moyen de ceux que le D r Reid avait Ă©tablis. Dans cette enquĂȘte, M. Goldsworthy Gurney, Ă  qui la Chambre des lords a dĂ©finitivement confiĂ© la direction des travaux et du service du chauffage et de la ventilation des parties du palais qui lui sont affectĂ©es et qui avaient dĂ©jĂ  reçu les mĂȘmes attributions de la Chambre des communes, a exprimĂ© des opinions que nous allons chercher Ă  rĂ©sumer ainsi qu’il suit Les Ă©manations de la transpiration cutanĂ©e altĂšrent davantage la puretĂ© de l’air que les effets de la respiration. L extraction de ces Ă©manations au niveau ou au travers du plancher les entraĂźne avant qu’elles n’aient pu s’élever et se / mĂȘler Ă  l’ai r qui doit ĂȘtre respirĂ©, et plus tĂŽt elles peuvent ĂȘtre ' es udeux cela vaut 1 . Il insiste pour montrer qu’une fe e partie de 1 ’air viciĂ© tend naturellement Ă  se maintenir 1* N°* 432 ’ j P ge sa, e j 434 p a g e 42 d e3 procĂšs-verbaux de l’enquĂȘte de la Chambre des lords, 24 mars 1854. 142 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES, prĂšs du sol, tandis que l’air provenant de la respiration et de la chaleur dĂ©veloppĂ©e par le contact des corps tendrait Ă  faire monter l’azote, Ă  moins qu’une cause contraire ne s’y oppose. Son opinion dĂ©finitive est qu'il est dĂ©sirable que l’air nouveau arrive par le haut et que l’air viciĂ© soit extrait par le bas \ Il ajoute 2 que, dans les lieux oĂč il a Ă©tabli une ventilation, l’air entre par le plafond et sort par le plancher, mais que dans certains cas on peut renverser le mouvement avec grande facilitĂ©, par l’action d’un petit foyer, tandis que l’emploi d’une machine de 20 chevaux, alors en usage au parlement, cause une sujĂ©tion dont on peut se dispenser. Il assure que les courants descendants ont Ă©tĂ© trouvĂ©s plus agrĂ©ables et plus efficaces que les courants ascendants. Relativement Ă  l’influence relative de la tempĂ©rature, de la vitesse et du degrĂ© d’hygromĂ©tricitĂ© de l’air, il s’exprime en ces termes 3 Des courants partiels Ă  la surface du corps sont incommodes, parce qu’ils lui enlĂšvent la chaleur par l’effet de l’évaporation. Il y a en outre une autre cause de la sensation du froid, c’est l’état hygromĂ©trique de l’atmosphĂšre. J’ai entendu, dit-il, des personnes se plaindre du froid dans des lieux oĂč le thermomĂštre marquait 21 degrĂ©s, et j’en ai Ă©galement vu d’autres qui avaient trop chaud, quand la tempĂ©rature n’était que de 15°,5. La cause n’était pas, dans le premier cas, l’évaporation produite par les courants d’air, mais l’état de sĂ©cheresse de l’air qui produit exactement le mĂȘme effet. Lorsque l’hygromĂštre marque 8 Ăč 9 degrĂ©s mesure anglaise, l’air est sec, il dessĂšche la peau comme un courant et produit la mĂȘme sensation. Le terme le plus convenable d’hygromĂ©tricitĂ© est Ă  4 ou 5 degrĂ©s. » M. Ch. Barry, architecte du palais, dĂ©clare qu’il est tout Ă  fait impossible d’éviter le dĂ©sagrĂ©ment de courants partiels, quand l’air est admis par le plancher et prĂšs des personnes *. M. Ed. Pleydell Bouverie, membre du parlement, interrogĂ© dans l’enquĂȘte, dit 5 que le projet de M. G. Gurney, dans sa per- 1. N 441, page 41, de l’enquĂȘte de la Chambre des lords. 2. N 0 * 469, 410, 41 1, 412. 3. N° 694, page CI. 4. N° 505, page 41 de l’enquĂȘte de laXhambre des lords. 5. N 166, page 15. 143 RENSEIGNEMENTS SUR LA VENTILATION. .fection, Ă©tait dĂ©faire arriver l’air parle haut, mais qu’il n’a eu ni le temps, ni les moyens de le faire Ă  la Chambre des communes et qu’il a Ă©tĂ© obligĂ© de le faire affluer par le bas. Lord Ch. Fox Russell 1 dĂ©clare que la ventilation a Ă©tĂ© trĂšs- amĂ©liorĂ©e parM. G. Gurney,etil pense que sous ce rapport le plus grand perfectionnement consiste en ce que l’on a obtenu l’effet si dĂ©sirable de la fraĂźcheur de l’air chaud, ce qui n’avait jamais existĂ© dans cette Chambre. L’air chaud semblait toujours auparavant torride, brĂ»lĂ©, tandis que maintenant l’on a de l’air chaud et en mĂȘme temps rafraĂźchissant. Cela tient Ă©videmment au procĂ©dĂ© employĂ© pour donner en tout temps Ă  l’air le degrĂ© d’humiditĂ© convenable. A cĂŽtĂ© de ces dĂ©clarations favorables aux dispositions que M. G. Gurney a Ă©tĂ© obligĂ© d’adopter, contrairement Ă  son opinion, il y a certaines objections assez graves contre l’introduction de l’air par le plancher, et qu’il importe de prendre en considĂ©ration. M. R. Vernon-Smith, membre de la Chambre des communes, reconnaĂźt que les dispositions adoptĂ©es par M. G. Gurney ont apportĂ© un grand perfectionnement au systĂšme prĂ©cĂ©dent, que l’on n’éprouve plus, dans la chambre cette sensation oppressive que l’on ressentait toujours avec le prĂ©cĂ©dent dispositif, et qu’il est sensible pour chacun que l’air paraĂźt plus frais et plus lĂ©ger. Mais qu’il s’élĂšve beaucoup de poussiĂšre au-dessous des personnes; que quand on arrive dans la chambre, quoique les tapis posĂ©s sur le grillage en fonte soient, Ă  ce que l’on assure, battus tous les matins, l’on aperçoit encore une grande quantitĂ© de PoussiĂšre qui s’élĂšve ; quand on frappe quelque peu avec les Pieds, il s’en dĂ©gage encore davantage. Cet inconvĂ©nient existait avec l’ancien dispositif, et il n’a pas disparu avec le nouveau, oĂč l’on a Ă©tĂ© obligĂ© de conserver l’admission de l’air par le plancher. M- Ed. Stilling-Flut-Cayley, membre du Parlement, reproche Ă  1 introduction de l’air par le plancher, que cet air est souvent iop' froid, ce qu’il attribue Ă  l’emploi de la fonte, malgrĂ© la ou e Ă©paisseur du tapis. Cette explication est probablement eironee, et la sensation Ă©prouvĂ©e tient uniquement Ă  ce que l’air I. N° 839, pape 83. 144 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. affluent est toujours un peu plus frais que l’air intĂ©rieur, et surtout Ă  une tempĂ©rature infĂ©rieure Ă  celle du corps. De ce rĂ©sumĂ© de l’enquĂȘte de la Chambre des lords l’on peut conclure que les opinions ont Ă©tĂ© unanimes pour reconnaĂźtre la supĂ©rioritĂ© des dispositions adoptĂ©es par M. G. Gurney, qui a procĂ©dĂ© par aspiration, sur celles de M. Reid, mais que M. Gurney, s’il avait Ă©tĂ© complĂštement libre, aurait prĂ©fĂ©rĂ©, comme M. Reid lui-mĂȘme, l’introduction de l’air par le haut et l’appel par le plancher, Ă  la disposition contraire qu’il a dĂ» conserver, et que, malgrĂ© les prĂ©cautions qu’il a prises, il n’a pu Ă©viter les inconvĂ©nients de l’élĂ©vation de la poussiĂšre et du refroidissement des pieds par l’effet de l’air affluent Ă  travers le plancher. D’une autre part, les effets favorables des moyens employĂ©s pour conserver Ă  l’air le degrĂ© convenable d’hygromĂ©tricitĂ© et pour le rafraĂźchir en Ă©tĂ©, paraissent avoir eu l’approbation gĂ©nĂ©rale et mĂ©riter une sĂ©rieuse attention. Chauffage etventilation des salles des sĂ©ances du parlement. D’aprĂšs ce qui prĂ©cĂšde, on voit que l’on a essayĂ©, pour assurer le chauffage et la ventilation de ces salles et des bureaux qui en dĂ©pendent, divers procĂ©dĂ©s avant d’arriver Ă  celuiiqui est aujourd’hui en usage depuis trois ans et dont on se dit satisfait. Vers 1845 Ă  4847, on a essayĂ© le systĂšme de l’insufflation Ă  l’aide de deux ventilateurs qui existent encore, mais qui ne fonctionnent plus depuis longtemps. L’un se composait de deux roues Ă  aubes planes, de 6 mĂštres de diamĂštre sur 1 mĂštre environ de largeur chacune; l’autre de 6 mĂštres de diamĂštre, Ă  aubes courbes, entourĂ©es de deux enveloppes tronconiques, offrant Ă  la circonfĂ©rence extĂ©rieure une largeur de 0 m ,75. L’air que ces ventilateurs devaient refouler Ă©tait, au prĂ©alable, chauffĂ© par des jeux de tuyaux Ă  vapeur verticaux en trĂšs-grand nombre et de 0 m ,10 Ă  0 m ,12 de diamĂštre. Tous ces appareils sont complĂštement abandonnĂ©s. On a Ă©galement renoncĂ© Ă  l’emploi de l’eau chaude, auquel on reprochait, dit-on, la lenteur de rĂ©chauffement. Le systĂšme qui fonctionne aujourd’hui d’une maniĂšre qui paraĂźt assez satisfaisante, au moins quant Ă  la tempĂ©rature, est uniquement basĂ© sur l’aspiration. Sous chacune des salles d’assemblĂ©e des lords ou des com- RENSEIGNEMENTS SUR LÀ VENTILATION. ' 14S munes se trouve, au rez-de-chaussĂ©e, une salle de mĂȘme dimension et d’environ 5 m ,50 de hauteur, partagĂ©e par un plancher intermĂ©diaire, dont la plus grande partie est formĂ©e par des grilles. Sur le sol infĂ©rieur rĂ©gnent quatre rangĂ©es parallĂšles de tuyaux chauffĂ©s Ă  la vapeur et qui n’ont que O" 1 ,025 de diamĂštre intĂ©rieur. Ces tuyaux sont, de distance en distance, renflĂ©s et entourĂ©s de plaques de tĂŽle carrĂ©es destinĂ©es Ă  absorber par conductibilitĂ© fig. 5 et Ă  transmettre Ă  l'air la chaleur abandonnĂ©e par la vapeur condensĂ©e, que des tuyaux de retour ramĂšnent aux chaudiĂšres. rstht. mÆ Fig. 5. Les tuyaux principaux d’arrivĂ©e de la vapeur ont environ ĂȘ m ,025 de diamĂštre intĂ©rieur. Ils sont soigneusement enveloppĂ©s. Ceux de retour d’eau ont Ă  peu prĂšs 0 m ,014 de diamĂštre. L’air nouveau, que l’on veut faire pĂ©nĂ©trer dans les salles, entre dans ces chambres infĂ©rieures par de trĂšs-larges ouvertures, Ă©gales en surface au moins Ă  la moitiĂ© de chacun des grands cĂŽtĂ©s, et devant lesquelles sont Ă©tendues verticalement des espĂšces de rideaux en canevas Ă  grandes mailles, que l’air est obligĂ© de traverser avant d’entrer dans les salles et contre lesquelles il se dĂ©barrasse de la poussiĂšre. Cet air est pris au rez- de-chaussĂ©e et au niveau des cours. Afin qu’il ne devienne pas trop sec, mĂȘme l’hiver, par suite de ec ĂźaufĂŻernent qu’il Ă©prouve, on a placĂ© les tuyaux de retour de vapeur dans une auge oĂč il y a de l’eau, qui, Ă©chauffĂ©e par celle qui piovient de la condensation, se transforme en partie en vapeur. L Ă©tĂ©, p our rafraĂźchir l’air, on a disposĂ© devant chaque orifice d entrĂ©e de l’air un petit tuyau percĂ© d’un orifice capil- UI. io ‱ EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 140 laire et qui, au moyen d’un robinet, permet de rĂ©pandre en avant du canevas et en dehors de la salle une sorte de poussiĂšre aqueuse qui, en se vaporisant, refroidit trĂšs-notablement eet air au moment oĂč il arrive. Cette Ă©vaporation de l’eau produit un effet trĂšs-remarquable car, d’aprĂšs ce que l’on m’a assurĂ©, quand la tempĂ©rature extĂ©rieure Ă©tait de 26° environ, l’on a pu abaisser celle de l’air dans les chambres Ă  air Ă  18° et mĂȘme Ă  12°. Si ce rĂ©sultat, que je chercherai Ă  faire constater, est exact, il y aurait lĂ  un moyen assurĂ© de. rafraĂźchir l’air Ă  introduire pendant l’étĂ© dans les lieux Ă  ventiler. Il convient d’ailleurs de remarquer que le volume d’eau ainsi rĂ©pandu dans l’air est excessivement faible, qu’il est divisĂ© en poussiĂšre aqueuse Ă  peine perceptible, et qu’il en arrive trĂšs-peu sur le sol, qui est dallĂ© et pourrait ĂȘtre bitumĂ©. L’air qui est ainsi entrĂ© par appel dans la chambre infĂ©rieure pĂ©nĂštre dans la salle d’assemblĂ©e, situĂ©e immĂ©diatement au- dessus, Ă  travers des grillages en fonte qui rĂ©gnent sur toute son Ă©tendue et qui laissent libre pour son passage au moins le tiers de leur surface totale. Cet air dĂ©bouche sous tous les gradins latĂ©raux et sous tous les bancs et passages. Sur les marches et dans une partie des couloirs, les grilles sont simplement recouvertes d’une sorte de lilet ou tapis de sparlerie Ă  larges mailles, laissant des ouvertures Ă  peu prĂšs Ă©gales en surface Ă  celles des orifices des grilles. Mais, aux places des membres des assemblĂ©es, il y a sur les grilles un premier tapis aussi en spar- terie, Ă  tissu trĂšs-ouvert, que l’on recouvre d’un vrai tapis, assez mince et permĂ©able Ă  l’air. Cette disposition, qui a pour but d’éviter aux personnes l’inconvĂ©nient de l’arrivĂ©e de l’air frais vers les jambes, apporte un obstacle sensible Ă  l’introduction de l’air, et il paraĂźt mĂȘme que, pour quelques personnes, elle n’est pas encore suffisante, attendu que j’ai vu, Ă  quelques places, qu’entre les deux tapis on en a insĂ©rĂ© un troisiĂšme en toile peinte et tout Ă  fait impermĂ©able. Un autre inconvĂ©nient du passage de l’air Ă  travers les tapis, c’est de donner lieu Ă  l’élĂ©vation d’une grande quantitĂ© de poussiĂšre dĂšs qu’on marche dessus. C’est ce qui a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© dans l’enquĂȘte de 1854, comme on l’a dit plus haut. Outre ces orifices d’accĂšs de l’air, on en a mĂ©nagĂ© d’autres RENSEIGNEMENTS SUR LA. VENTILATION. U7 plus libres dans certains endroits, soit par des conduits verticaux, qui dĂ©bouchent Ă  2 mĂštres environ au-dessus du sol, soit dans quelques parois verticales des passages de circulation. D’une autre part, la tempĂ©rature Ă  laquelle on Ă©lĂšve l’air dans la chambre A air est, Ă  trĂšs-peu prĂšs, celle que l’on veut conserver dans la salle pendant l’hiver. Ainsi, quand l’air est Ă  zĂ©ro Ă  l’extĂ©rieur, on peut l’échauffer dans la chambre Ă  air Ă  16 ou 17°, et la tempĂ©rature de la salle ne dĂ©passe pas, assure-t-on, 18 Ă  20°. On a vu que l’étĂ©, par l’évaporation de l’eau, on peut aussi ramener l’air extĂ©rieur A 18° environ. Il rĂ©sulte de IA que, dans toutes les saisons, l’air introduit est A une tempĂ©rature trĂšs-peu diffĂ©rente de celle que l’on veut maintenir dans les salles d’assemblĂ©e. Ce rĂ©sultat mĂ©rite confirmation; mais on comprend de suite qu’il ne peut ĂȘtre obtenu que par l’admission et l’extraction d’une quantitĂ© d’air assez cort- sidĂ©rable, A moins que l’étendue des surfaces refroidissantes des murs et des fenĂȘtres ne compense l’effet de rĂ©chauffement produit par la prĂ©sence des membres et du public. L’extraction de l’air viciĂ© se fait par l’aspiration Ă©nergique que produit une cheminĂ©e qui est mĂ©nagĂ©e dans une des hautes tours du palais. Cette cheminĂ©e a environ 115 mĂštres de hauteur sur 1 m ,80 de diamĂštre intĂ©rieur Ă  la base; on la chauffe Ă  l’aide du coke. L’air viciĂ© sort des salles de deux façons diffĂ©rentes. Dans la partie assez restreinte qui est occupĂ©e par le public, il est appelĂ© ^ travers les grilles qui ne sont recouvertes d’aucun tapis et Ă  travers les contre-marches de quelques gradins voisins. Dans les autres parties de la salle, J’air nouveau arrivant au contraire par les planchers, l’air viciĂ© s’échappe par les caissons du plafond, dans lesquels de nombreux passages sont ouverts. Dans les deux eas, cet air viciĂ© descend vers des conduits infĂ©rieurs, qui le mĂšnent Ă  la base de la grande cheminĂ©e d’appel. msi 1 Ă©vacuatioh se fait par appel en bas, comme dans les anciennes chambres du parlement. En rĂ©sumĂ©, l e systĂšme de la ventilation par insufflation a Ă©tĂ© abandonnĂ©, aprĂšs des essais infructueux, et remplacĂ© par l’introduction et l’extraction par appel. 148 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES, La Chambre des communes a 22 m ,27 de longueur, 13ℱ,72 de largeur et 12 m ,50 de hauteur au centre du plafond, ce qui correspond Ăą une capacitĂ© de 3922 mĂštres cubes environ. La chambre Ă  air ayant 5”,50 de hauteur et la mĂȘme superficie, on voit que la 5 50 1 capacitĂ© de cette chambre est d’environ = — de celle de la 12Ov ĂŒ salle d’assemblĂ©e. Cette large proportion facilite beaucoup l’arrivĂ©e de l’air et l’uniformitĂ© de sa tempĂ©rature. Le nombre des membres de cette Chambre est de 373. En tenant compte des absents et de la prĂ©sence du public, il n’y a au plus que 800 personnes dans la salle, et le rapport de sa capacitĂ© Ă  celui des personnes prĂ©sentes est d’environ 70 Ă  80 mĂštres cubes par personne. Aucune expĂ©rience n’a Ă©tĂ© faite pour dĂ©terminer les volumes d’air entrĂ©s, et je n’ai pu me procurer d’autres rĂ©sultats que ceux que j’ai rapportĂ©s prĂ©cĂ©demment. Quelques pairs que j’ai consultĂ©s se plaignent que l’air intĂ©rieur des salles est lourd et porte au sommeil. Ils assurent qu’ils sont parfois obligĂ©s de rĂ©clamer l’ouverture des fenĂȘtres; mais il faut observer que les sĂ©ances ont lieu le soir, aprĂšs le dĂźner, et se prolongent souvent assez tard. Salle des ingĂ©nieurs civils Ă  Londres. Cette salle peut contenir 200 personnes. Elle est Ă©clairĂ©e par deux lustres relevĂ©s Ă  fleur du plafond et presque logĂ©s dans sa surface, qui est, Ă  cet endroit, garnie d’une plaque de fonte percĂ©e d’un grand nombre de trous et communiquant avec un tuyau d’échappement de l’air. C’est par ces deux tuyaux que se fait l’évacuation de l’air viciĂ© fortement Ă©chauffĂ© et appelĂ© par les lustres. L’air nouveau arrive par un grand nombre de trous de 1 pouce ou 0 m ,025 environ de diamĂštre, percĂ©s sous les bancs, presqu’en arriĂšre et le plus loin possible des jambes des assistants. L’arrivĂ©e de l’air est trĂšs-sensible. Le dessous de l’amphithéùtre peut communiquer avec l’air extĂ©rieur, qui n’est pas chauffĂ©. Le 13 mai 1802, Ă  la sĂ©ance Ă  laquelle nous avons assistĂ©, il faisait trĂšs-chaud dans cette salle, et il y avait une certaine odeur de gaz. Il nous a Ă©tĂ© assurĂ© que l’étĂ© il y faisait excessivement chaud. RENSEIGNEMENTS SUR LA. VENTILATION. 149 Le nombre de trous percĂ©s dans le plancher, quoique dĂ©jĂ  considĂ©rable et pouvant, dans certain cas, donner lieu Ă  une introduction d’air assez gĂȘnante, n’est cependant pas suffisant pour alimenter l’appel que dĂ©termine la chaleur dĂ©veloppĂ©e par la combustion du gaz. Il en rĂ©sulte qu’il s’établit parla porte supĂ©rieure d’admission, dans les amphithéùtres, un courant d’air rapide et incommode. Maison particuliĂšre d Londres. L’intĂ©rieur de cette maison est Ă©clairĂ© au gaz. Il y a au rez-de-chaussĂ©e, dans la salle Ă  manger, deux lustres de trois becs chacun et autant au premier Ă©tage, dans les deux salons. Au-dessus de chaque lustre, au plafond, est une rosace offrant Ă  l’air chaud et aux produits de la combustion des passages d’évacuation. Dans l’épaisseur du plafond on a mĂ©nagĂ© un canal de 0 m ,20 environ de hauteur sur 0 m ,30 de large, qui conduit l’air viciĂ© dans une cheminĂ©e situĂ©e dans le mur mitoyen et qui contient un poĂȘle annulaire Ă  eau chaude, destinĂ© Ă  activer l’appel. Dans la salle Ă  manger, oĂč le buffet est placĂ© dans une sorte d’alcĂŽve, il y a en outre, Ă  l’un des angles, vers le plafond, une large ouverture, tout Ă  fait libre, de 0 ra ,30 de diamĂštre environ, formant l’origine d’un tuyau qui se rend dans la cheminĂ©e de l’usine contiguĂ«. Enfin la cheminĂ©e, chauffĂ©e au charbon, contribue aussi Ă  l’évacuation. On obtient ainsi l’évacuation de l’air vicie par un appel activĂ© par la chaleur. L introduction de l’air nouveau est dĂ©terminĂ©e Ă  l’aide d’un ventilateur dont la vitesse est rĂ©glĂ©e par divers appareils ingĂ©nieux qu'il est inutile de dĂ©crire. Elle se fait 1° par les joints du plancher, qui est composĂ© de madriers d’environ 0 m ,I5Ă  0 n, ,16 de largeur, laissant entre eux des ouvertures de 0 m ,006 Ă  0,008 ^ peu prĂšs; 2° par un intervalle de mĂȘme dimension qui r ^gne Ă  peu prĂšs tout autour des piĂšces, sous la plinthe, qui est as du lambris. Les planchers sont, Ă  cet effet, Ă©tablis Ă  une *M^T Ce Convena fd e du plafond de l’étage infĂ©rieur. .f ‱ ’ c ? mme cette introduction d’air, relativement frais, serait vert°rT re s ^ nan te, le plancher est, selon l’usage anglais, recou- f’ , , ℱ a P' s ffui repose sur une sorte de thibaude vĂ©gĂ©tale. es ravers ces deux tissus, dont le supĂ©rieur est en moquette assez paisse, que l air doit p asser pour entrer dans les apparte- ISO EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. ments. On conçoit facilement qu’il Ă©prouve au passage une rĂ©sistance trĂšs-sensible, qui, pour ĂȘtre vaincue, exige que l’air acquiĂšre, par l’action du ventilateur, une certaine pression. Cet effet se manifeste d’une maniĂšre trĂšs-notable dĂšs que l’on ouvre la communication, qui permet Ă  l’air d’affluer sous le plancher. Le tapis se soulĂšve alors sur la plus grande partie de son Ă©tendue et jusque vers les extrĂ©mitĂ©s de la piĂšce, en se bombant de 0 m .10 Ă  0 m ,12 au moins dans les endroits oĂč il n’y a ni meubles ni personnes. Le passage de l’air Ă  travers ces tapis est cependant assez sensible, car en posant une bougie allumĂ©e Ă  sa surface, la flamme de cette bougie est lĂ©gĂšrement agitĂ©e. Quant aux orifices mĂ©nagĂ©s sous la plinthe du lambris, on y sent trĂšs-bien Ă  la main l’arrivĂ©e de l'air, et elle doit y ĂȘtre naturellement d’autant plus rapide, qu’il y a sur le tapis plus de meubles et de personnes qui gĂȘnent l’arrivĂ©e de l’air Ă  travers son tissu. Cette derniĂšre circonstance doit avoir pour rĂ©sultat de restreindre d’autant plus l’arrivĂ©e de l’air Ă  travers le tapis qu’il y a plus de monde dans les appartements, ce qui montre l’un des inconvĂ©nients d’une semblable disposition pour des appartements de rĂ©ception. Des ventelles mobiles Ă  volontĂ©, de l’intĂ©rieur de l’appartement permettent de rĂ©gler, de modĂ©rer ou de suspendre, Ă  volontĂ© et selon les circonstances, l’arrivĂ©e et l’évacuation de l’air. Cette maison renferme une foule de dispositions ingĂ©nieuses pour assurer l’ouverture et la fermeture des portes dĂšs qu’on s’en approche, pour Ă©clairer l’intĂ©rieur par des becs de gaz placĂ©s au dehors, pour fermer les volets sans y toucher, etc. Palais de Sydenham. Ce bĂątiment est Ă©tabli sur un terrain en pente assez prononcĂ©e pour que d’un cĂŽtĂ© Ton arrive de plain- pied au rez-de-chaussĂ©e, tandis que de l’autre cet Ă©tage est Ă  plus de 4 mĂštres au-dessus du sol. Cette circonstance a permis d’établir sur toute l’étendue du rez-de-chaussĂ©e un vaste espace vide, dont on a tirĂ© parti pour la ventilation et pour le chauffage. La tempĂ©rature qu’il est nĂ©cessaire d’entretenir dans l’espace destinĂ© aux plantes tropicales, que l’on nomme le Tropical department, Ă©tant bien supĂ©rieure Ă  celle dont on peut se contenter pour le reste de l’édifice, l’on a Ă©tĂ© obligĂ© d’établir une sĂ©paration Ă  peu prĂšs complĂšte dans toute la hauteur du bĂątiment. RENSEIGNEMENTS SUR LA VENTILATION. loi Elle est formĂ©e par un immense panneau vitrĂ©, qui, par l’effet rie sa transparence, interrompt le moins possible la continuitĂ© de l’aspect gĂ©nĂ©ral. Dans le mĂȘme but, on a placĂ© sous cette partie, un nombre proportionnellement beaucoup plus considĂ©rable de chaudiĂšres et de tuyaux de chauffage. Le plancher du rez-de-chaussĂ©e est formĂ© de madriers de 0 m ,22 de largeur moyenne, sĂ©parĂ©s les uns des autres Ă  peu prĂšs uniformĂ©ment de 0 m ,015 h O m ,OI8, de sorte que l'espace vide qui permet, comme on va le voir, le passage de l’air, est d’environ 1 ,'1 2 de la surface totale, ou de 1/15 en tenant compte des parties recouvertes par diffĂ©rents objets. G’est sous ce plancher, et du cĂŽtĂ© de la pente gĂ©nĂ©rale du terrain, que sont Ă©tablies les chaudiĂšres, au nombre de vingt-cinq, destinĂ©es Ă  procurer partout la tempĂ©rature convenable, qui est d’environ 16 Ă  18 degrĂ©s dans l’ensemble, et de 30 Ă  35 degrĂ©s pour la partie rĂ©servĂ©e aux plantes tropicales. Toutes ces chaudiĂšres sont semblables, et ont la forme d’un demi-cylindre annulaire de 1 m ,30 environ de diamĂštre intĂ©rieur, de O 1 »,45 d’épaisseur, et de5 m ,50 de longueur. Au sommet de ce cylindre s'Ă©lĂšvent deux tuyaux de dĂ©part de l’eau chaude, de 0“,20 de diamĂštre, et vers le fond pĂ©nĂštrent deux tuyaux de retour du mĂȘme diamĂštre, qui sont en communication avec les PrĂ©cĂ©dents, comme dans le chauffage par circulation d’eau par te tuyaux gĂ©nĂ©raux d’aller et de retour. Dans ce systĂšme, analogue Ă  celui des serres, il n’y a pas de rĂ©cipient supĂ©rieur, et les chaudiĂšres Ă©tant d’ailleurs Ă  basse pression, cela a permis d’em- Rloyer des tuyaux de fonte d’assez grands diamĂštres, que l’on * est contentĂ© de rĂ©unir par un emboĂźtement, comme les conduites d’eau ordinaires. Tout le systĂšme des tuyaux d’aller et d retour Ă©tant sous le plancher du rez-de-chaussĂ©e et au-dessus Un S °1 non utilisĂ©, les fuites d’eau, assez faibles d’ailleurs, qui de^ r ^ UlSen ^’ n ' on l P as d’inconvĂ©nient, mais il n’en serait pas Cha me ^ 3ns c l' au l res conditions, de t " Ue c ^ lau diĂšre alimente Ă  p eu prĂšs en moyenne 3200 mĂštres di d 1 ^*!* c rcu l a l* on aller et retour compris, et la totalitĂ© , ,^ Ve ° PP ei nent de tous ces tuyaux est d’environ 75 Ă  80 ki- ome res, cest-Ă -dire Ă  peu prĂšs la distance de Londres Ă  Douvres. r 152 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. L’air nouveau qui doit ĂȘtre admis dans l’intĂ©rieur, est introduit sous les planchers par de larges et nombreuses ouvertures mĂ©nagĂ©es dans les soubassements du bĂątiment. Il s’y trouve en contact avec les tuyaux de circulation de l’eau, et est ainsi naturellement appelĂ© dans l’intĂ©rieur. Si l’on se rappelle que l’espace libre laissĂ© dans le plancher est d’environ 1/15 de sa surface, et par consĂ©quent de 0 mq ,066 par mĂštre carrĂ©, l’on voit qu’en supposant seulement Ă  l’air une vitesse d’admission de 0 m ,20 par seconde, Ă  peine sensible aux organes les plus dĂ©licats, l’on peut, par ce dispositif, introduire, par heure et par mĂštre carrĂ© de plancher, 0 m' nouvelle fraction, sans ĂȘtre une moyenne entre les deux, donnera un rĂ©sultat plus fort que celui de la premiĂšre et plus faible que celui de la seconde. Si sa dĂ©composition prĂ©sente un nombre premier trop considĂ©rable, on pourra l’additionner terme Ă  terme avec les deux fractions dont elle dĂ©rive, et ainsi de suite ; obtenant par lĂ , Ă  volontĂ©, de nouvelles fractions se rapprochant de plus en plus de l’exactitude, et parmi lesquelles on peut trouver des nombres successivement dĂ©composables et s’appliquant Ă  des mobiles de dimensions convenables. Pour rendre sa mĂ©thode plus pratique, M. Brocot a fait imprimer une table des fractions ordinaires dont le dĂ©nominateur n’excĂšde pas 100, et en regard la fraction dĂ©cimale qui y correspond. Cette colonne de fractions dĂ©cimales a pour but de faciliter les recherches, en ce sens qu’elles sont classĂ©es par ordre de grandeur, et qu’ainsi on arrive, de prime-saut, Ă  la fraction ordinaire qui se rapproche le plus, dans la table, de la fraction qui rĂ©sulte du problĂšme posĂ©. Telles sont les conditions gĂ©nĂ©rales de la Nouvelle mĂ©thode du calcul des rouages , dont M. A. Brocot n’a encore fait imprimer que la table en question, et sur laquelle nous regrettons vivement de ne pouvoir nous Ă©tendre davantage. Nous ne quitterons pas M. Brocot sans le signaler comme le constructeur de piĂšces de cheminĂ©e marchant un an, au moyen d’un dispositif inventĂ© par M. Maurel 1 , et qui consiste en une sĂ©rie de barillets se commandant rĂ©ciproquement et successivement par les arbres et les viroles, de maniĂšre Ă  se restituer simultanĂ©ment, par portions Ă©gales, la force dĂ©pensĂ©e par le barillet moteur immĂ©diat du rouage, condition analogue Ă  celle qui rĂ©sulterait du remontage permanent d’un seul chaque" instant de l’annĂ©e. Si les barillets se commandaient rĂ©ciproquement dans les mĂȘmes conditions, c’est-Ă -dire soit par tous les axes, soit par toutes les viroles, le rĂ©sultat serait une augmentation de force proportionnelle au nombre des barillets, sans affecter la durĂ©e de la marche. Mais la commande se faisant alternativement par 1. M. Maurel est aussi l’inventeur des ingĂ©nieuses machines Ă  calculer que 1 AcadĂ©mie des sciences Ă  jugĂ©es digue du prix de mĂ©canique de la fondu lion Mimljon. 192 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. l’arbre du premier barillet sur la virole du second dont l’arbre commande la virole du troisiĂšme, etc., la force du dernier barillet reste la mĂȘme que s’il Ă©tait seul, et c’est la durĂ©e de la marche qui devient proportionnelle au nombre des barillets. M. Redier est un industriel qui, avec les labeurs d'une immense fabrication de piĂšces courantes, sait concilier les patientes et incessantes mĂ©ditations qui font passer les thĂ©ories scientifiques dans le domaine de la pratique son exposition Ă  Londres en fait foi. Nous y remarquons d’abord deux rĂ©gulateurs de luxe, compensĂ©s au mercure; mais, au lieu du tube unique qui constitue ce genre de compensation partout oĂč nous l’avons rencontrĂ©, M. Redier en a employĂ© deux, non-seulement pour satisfaire aux conditions de symĂ©trie d’une piĂšce de prix, mais surtout parce que, ainsi divisĂ©e, la masse de mercure se met plus rapidement en Ă©quilibre de tempĂ©rature avec l’atmosphĂšre. Nous nous rappelons qu’en 1839 M. Duchemin, prĂ©dĂ©cesseur de M. Redier, mĂ» sans doute par les mĂȘmes considĂ©rations, avait aussi multipliĂ© le nombre des tubes qui, communiquant ensemble, pouvaient en outre prendre, sur la tige du pendule, une position plus ou moins inclinĂ©e, ce qui permettait dĂ©rĂ©gler, avec une extrĂȘme prĂ©cision, la longueur virtuelle de ce pendule. La symĂ©trie manquait, il est vrai, Ă  cet ensemble; mais cette espĂšce de tlĂ»te de Pan, se balançant dans l’espace, produisait un effet trĂšs-original. L’horlogerie de prĂ©cision ne peut que gagner Ă  ces rĂ©surrections de bonnes conditions pratiques trop facilement abandonnĂ©es, et nous savons trĂšs-bon grĂ© Ă  M. Redier d’avoir exhumĂ© celle-ci au profit da la gĂ©nĂ©ration qui s’élĂšve. Deux autres rĂ©gulateurs oĂč M. Redier a eu la prĂ©cision comme but essentiel, comportent un Ă©chappement sans fourchette; condition bien antĂ©rieurement appliquĂ©e, l’un Ă  ancre, l’autre Ă  chevilles, et qui diffĂšrent des Ă©chappements connus en ce que la levĂ©e et la chute J , ali lieu de se faire sur des leviers rigides, 1. On dĂ©signe sous le nom de levĂ©e, la disposition qui restitue au pendule la vitesse perdue pendant une oscillation simple ou double, suivant le cas. La chute est l’espace parcouru par l’organe qui donne l’impulsion , dent ou cheville de la roue d’échappement, aprĂšs l’impulsion donnĂ©e, pour atteindre l’organe de repos, qui arrĂȘte pĂ©riodiquement le rouage, jusqu’à la prochaine impulsion. HORLOGERIE. 19a s’opĂšre sur des leviers flexibles dont l’élasticitĂ© amortit le coup; de sorte que cette mĂȘme chute peut ĂȘtre accidentellement forte ou faible, sans que la marche du pendule en soit sensiblement affectĂ©e. 11 en est de mĂȘme de la levĂ©e, qui, Ă©tant flexible comme le repos, cĂšde sous l’action de la roue d’échappement, quand cette action n’est pas en rapport avec la marche du pendule. 11 en rĂ©sulte que certaines conditions de prĂ©cision, d’une nĂ©cessitĂ© absolue dans la construction ordinaire, n’ont plus qu’une importance secondaire; que, lorsqu’une cause perturbatrice de l’égalitĂ© du moteur se prĂ©sente, les consĂ©quences sont plus lentes Ă  se produire, et qu’enfin , dans les vices de cette nature provenant des engrenages, la cause disparaĂźt souvent avant que l’effet soit produit. Pour vĂ©rifier expĂ©rimentalement les rĂ©sultats de cette disposition, M’. Redier a construit des Ă©chappements dont les leviers deviennent, Ă  volontĂ©, flexibles ou rigides. Voici les rĂ©sultats de ses expĂ©riences Avec des leviers flexibles, il faut moins de force motrice pour obtenir les mĂȘmes arcs d’oscillation. Lorsque la puissance motrice vient Ă  augmenter brusquement, les arcs demeurent encore fort longtemps de mĂȘme Ă©tendue, tandis qu’ils grandissent rapidement avec des leviers fixes. Enfin, quand la force motrice vient Ă  diminuer brusquement, les rĂ©sultats sont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes pour les leviers flexibles que pour les leviers rigides. U y a lĂ  Ă©videmment un rĂ©sultat important, que confirmera trĂšs-probablement l’observation de longues marches. Un exposant anglais, dont le nom a disparu de nos notes, prĂ©sente aussi un Ă©chappement fixĂ© sur le pendule et Ă  leviers flexibles mais d’un dispositif tout Ă  fait diffĂ©rent de celui de M. Redier. L’absence de cet exposant, ainsi que la distance Ă  laquelle la piĂšce se trouve des visiteurs, ne nous a pas permis d’en bien voir les dĂ©tails, et par consĂ©quent de nous faire une opinion sur son compte. Depuis longues annĂ©es la maison J. Wagner neveu construit des Ă©chappements dont les leviers sont susceptibles de s’écarter l’un de l’autre, et ne sont maintenus Ă  la distance normale que par l’action d’un ressort de traction. Mais cette flexibilitĂ© n’a d autre but que de prĂ©venir la rupture des chevilles de la roue III. 13 m EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. d’échappement, lorsque la nĂ©gligence du remonteur de l’horloge a laissĂ© le poids moteur descendre jusqu’à terre, ce qui arrĂȘte nĂ©cessairement le rouage mais non le lourd pendule, qui continue Ă  osciller pendant un certain temps. Si, dans ce cas, une des chevilles de la roue d’échappement se trouve en face de l’un des becs de l’ancre, sa rupture aurait lieu, si le bec n’avait pas la facultĂ© de cĂ©der en tendant le ressort en question. Mais revenons Ă  M. Redier. Son compas chronomĂ©trique est une espĂšce de montre Ă  secondes indĂ©pendantes, dont on peut mettre l’aiguille en coĂŻncidence parfaite avec l’aiguille de secondes d’un autre instrument, et qui indique, en mĂȘme temps, Ă  moins d’un 20° de seconde prĂšs, la diffĂ©rence qui existait primitivement entre les deux instruments. D’importantes applications peuvent rĂ©sulter de ces conditions, qui permettent d’éviter le transport, toujours chanceux, d’un chronomĂštre, du bord Ă  terre, pour en vĂ©rifier la marche pendant la traversĂ©e que le bĂątiment vient de faire. Il suffit, pour cela, de mettre en coĂŻncidence l’aiguille des secondes du compas chronomĂ©trique avec celle du chronomĂštre de bord, puis de transporter le compas chronomĂ©trique Ă  terre, et de dĂ©terminer la mĂȘme coĂŻncidence avec un rĂ©gulateur donnant exactement l’heure du lieu d’atterrage. La diffĂ©rence indiquĂ©e par l’instrument donnera la marche du chronomĂštre depuis la derniĂšre observation, en tenant compte nĂ©cessairement de la diffĂ©rence, en longitude, des lieux de chacune d’elles. On obtient la coĂŻncidence en question en faisant tourner le fond de la boĂźte soit Ă  droite soit Ă  gauche, selon que le compas chronomĂ©trique avance ou retarde sur la piĂšce avec laquelle on veut le mettre d’accord ; en d’autres termes, en faisant tourner concentriquement les deux rouages d’une montre Ă  secondes indĂ©pendantes. Les personnes familiĂšres avec ce dernier mĂ©canisme comprendront en effet que le mouvement dans un sens retardera l’action d’un rouage sur l’autre d’une durĂ©e proportionnelle Ă  la grandeur de l’arc de dĂ©placement, et, rĂ©ciproquement, que le mouvement en sens contraire accĂ©lĂ©rera cette action dans la mĂȘme proportion. L’échappement Ă  ancre, employĂ© habituellement par M. Redier, fait dix oscillations par seconde. Il en a expĂ©rimentĂ© avec succĂšs qui en donnent vingt. On voit par lĂ  que sa tendance ' HORLOGERIE. 199 est de se rapprocher le plus possible du mouvement continu, tendance qu’expliquent les nombreuses expĂ©riences qu’il a faites sur le pendule conique, dont nous allons dire quelques^mots. Le pendule conique s’appelle ainsi parce qu’au lieu de se mouvoir dans un plan perpendiculaire Ă  l’horizon, chacun des points de sa longueur dĂ©crit un cercle qui va toujours s’agrandissant depuis le point de suspension jusqu’à son extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure, de sorte que l’espace circonscrit par ces points forme un cĂŽne. Huyghens est le premier qui s’en soit occupĂ©, mais Ă  un point de vue plus thĂ©orique que pratique; car aucun de ceux qui, postĂ©rieurement, en ont voulu faire l’application, ne paraĂźt avoir pu saisir sa pensĂ©e sur le mode d’application. Un compteur Ă  secondes dĂ©cimales, faisant partie des collections du Conservatoire, paraĂźt ĂȘtre le plus ancien modĂšle existant de l’emploi du pendule conique, tel que l’ont compris et utilisĂ© MM. BrĂ©guet, Foucault, Pecqueur, Cuel, VĂ©ritĂ©, llalliman, Laurendon, quelques artistes anglais, et entin M. Redier. La principale difficultĂ© que prĂ©sente l’application du pendule conique rĂ©side dans la suspension. Un fil de mĂ©tal se rompt aprĂšs trĂšs-peu de temps de service, celle Ă  quatre couteaux est d’une exĂ©cution difficile pour arriver Ă  la perfection. Nous donnons la prĂ©fĂ©rence, de tous points, Ă  celle Ă  quatre lames qu’emploie M. Redier au moyen d’un dispositif trĂšs-ingĂ©nieux, qui, laissant Ă  chaque couple de lames une entiĂšre libertĂ©, leur assigne rigoureusement la mĂȘme position par rapport au pendule. Les marches qu’il en a obtenues sont parfaitement comparables Ă  ce qu’on peut obtenir du pendule ordinaire. Le but principal que s’était proposĂ© M. Redier, Ă©tait la solution du problĂšme important de la transmission Ă  distance de l’heure astronomiquement exacte d’un lieu donnĂ©. L’est par suite des expĂ©riences faites au moyen du pendule conique, q u ’il es t arr ivĂ© Ă  la construction de son compas chronomĂ©trique. On savait, par les expĂ©riences de M. Foucault, que le pendule ordinaire a la propriĂ©tĂ© de conserver son plan d’oscillation. Le expĂ©riences de M. Bravais ont constatĂ© la mĂȘme propriĂ©tĂ© dans le pendule conique. Si on place, sur un plateau horizontal, mobile autour de son centre, une horloge Ă  pendule conique dont la vitesse soit exac- 196 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. tement d’un tour par seconde, et si l’on fait tourner le plateau dans le mĂȘme sens que le pendule, l’horloge retardera. Elle avancera si le mouvement du plateau est en sens contraire. Un tour entier du plateau, dans un sens ou dans l’autre, produira un retard ou une avance d’une seconde, de deux pour deux tours, etc., etc., ou d’une fraction de seconde exactement proportionnelle Ă  la fraction de tour qu’on aura fait faire au plateau. ‱ Rien n’est donc plus facile que d’établir la coĂŻncidence prĂ©cise de l’heure, entre un rĂ©gulateur ordinaire et une horloge Ă  pendule conique, ou entre deux horloges de cette derniĂšre espĂšce; la distance entre les deux piĂšces n'Ă©tant plus un obstacle, au moyen des facilitĂ©s que donnent les communications Ă©lectriques. Si nous avons Ă©tĂ© assez heureux pour ĂȘtre compris dans notre description trop succincte du compas chronomĂ©trique de M. 11e- dier, on reconnaĂźtra facilement, dans les deux cas, l’heureuse application du mĂȘme principe. M. Ch. Couet fils expose une pendule de cheminĂ©e, Ă  rouage visible, exĂ©cutĂ©e Ăąvec une perfection de main-d’Ɠuvre hĂ©rĂ©ditaire dans sa famille. Rien que le pendule n’ait que la longueur donnant la demi-seconde et qu’il reçoive deux impulsions par seconde, d’un Ă©chappement de Graliam, l’aiguille donne seulement la seconde, ce qui produit, dans la vraie acception du mot, un Ă©chappement Ă  coup perdu. La tige de secondes porte deux roues, dont l’une est folle et reliĂ©e Ă  la roue fixe par un ressort bandĂ© par le mouvement que fait celle-ci Ă  chaque double oscillation, sous l’action d’un remontoir. A l’exception du coup perdu sur lequel notre mĂ©moire nous fait dĂ©faut, ce dispositif de remontoir Ă  double roue n’est pas nouveau, sans que nous puissions toutefois y attacher un nom. Mais ce que nous ne nous rappelons pas d’avoir vu ailleurs, ce sont les dispositions au moyen desquelles M. Ch. Couet est arrivĂ© Ă  rĂ©duire au minimum l’influence de la force motrice sur le dĂ©gagement du remontoir, et Ă  soustraire, en trĂšs-grande partie, le pendule Ă  cette mĂȘme influence. Le dĂ©gagement n’ayant lieu que pour une oscillation sur deux, cette influence se trouve nĂ©cessairement rĂ©duite de moitiĂ©. Il s’opĂšre au milieu de la levĂ©e, et par consĂ©quent dans le moment le plus favorable, et non, comme dans le plus grand nombre des cas, pendant l’arc supplĂ©mentaire. HORLOGERIE. 197 Enfin la dĂ©tente sur laquelle vient s’appuyer l’une des branches du remontoir, n’oppose Ă  l’action du pendule, pour opĂ©rer le dĂ©gagement, que la rĂ©sistance d’un ressort dont on peut rĂ©gler Ă  volontĂ© la tension de maniĂšre Ă  n’avoir que la rĂ©sistance rigoureusement nĂ©cessaire pour la sĂ»retĂ© de l’effet. Si cette piĂšce, d’ailleurs si remarquable dans son exĂ©cution, ne justifie pas, dans toute sa rigueur, l’expression d e force constante 1 , dont M. Couet fils s’est servi pour la caractĂ©riser, nous croyons pouvoir dire qu’elle est une de celles qui en approche le plus. Il est de principe en horlogerie de donner au pendule des piĂšces fixes un poids assez considĂ©rable pour attĂ©nuer, par l’inertie de sa masse, les variations qui peuvent survenir dans la force motrice qui, dans ce cas, deviennent d’autant moins sensibles que cette masse est plus considĂ©rable. On agit rarement ainsi dans les piĂšces portatives dont on rĂ©duit -autant que possible le volume et par consĂ©quent Celui de l’organe moteur. On est ainsi logiquement conduit Ă  diminuer proportionnellement la masse du balancier dont la marche varie nĂ©cessairement avec les variations de la force motrice. M. H. Robert a sagement conservĂ© le balancier lourd et augmentĂ© la force motrice, non en modifiant la hauteur ou l’épaisseur du ressort moteur, mais en faisant agir, pour une mĂȘme durĂ©e, une plus grande longueur de ce mĂȘme ressort; ce qu’il obtient en augmentant la vitesse angulaire du barillet; en d’autres termes, en modifiant convenablement les nombres de dents qui constituent le rouage. Pour ses piĂšces astronomiques, M. II. Robert supprime la minuterie ou quadrature, c’est-Ă -dire le mĂ©canisme spĂ©cial qui permet de rendre concentriques plusieurs ou toutes les aiguilles d’une mĂȘme piĂšce; ce qui, dans les rĂ©gulateurs les plus soignĂ©s, produit 1. Nous ne connaissons que deux systĂšmes d’horlogerie auxquels cette expression puisse s’appliquer dans toute son exactitude. L’un est du fondateur de la maison BrĂ©guet, l’autre de M, VĂ©ritĂ©, de Beauvais, qui, depuis l’exposition de 1844 Ă  laquelle il a fait son apparition, commande, dans toutes les piĂšces du monument oĂč siĂšge le tribunal de Beauvais, un trĂšs-grand nombre de cadrans, sans que son admirable marche s’en trouve altĂ©rĂ©e. Depuis lors, les dispositions fondamentales de cette horloge ont Ă©tĂ© appliquĂ©es Ă  des pendules Ă©lectriques, par >1. VĂ©ritĂ© d’abord, puis par un certain nombre d’autres horlogers. 198 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. toujours des frottements variables qui se traduisent en variations dans la marche de la piĂšce. Chaque aiguille a son cadran et est montĂ©e sur le pivot prolongĂ© de la roue Ă  laquelle elle appartient. D’autres dispositions, se rattachant Ă  la fabrication mĂȘme, lui permettent d’établir, sans tĂątonnement, soit le parallĂ©lisme ou la perpendicularitĂ© de certains organes, et par consĂ©quent d’établir des piĂšces de prĂ©cision Ă  un bon marchĂ© assez notable. M. H. Robert est laurĂ©at de la SociĂ©tĂ© d’encouragement pour ses piĂšces Ăč l’usage civil auxquelles il a, depuis longues annĂ©es, apportĂ© d’heureuses modifications. Il est arrivĂ© Ă  donner Ă  ses compteurs Ă  secondes un degrĂ© de prĂ©cision remarquable. Celui qui figure Ă  l’exposition peut enregistrer photographiquement les diverses phases d’une Ă©clipse de soleil, en ouvrant et fermant automatiquement le passage de la lumiĂšre projetĂ©e sur un papier sensibilisĂ©. Depuis longtemps M. II. Robert exĂ©cutait des cadrans solaires et autres appareils destinĂ©s Ă  donner l’heure par le soleil. En ce moment, lui et son fils terminent un appareil dont la prĂ©cision est au moins dĂ©cuple de celle de tous les cadrans solaires connus. Une carte horaire, qui en est l’accessoire obligĂ©, permet de rĂ©soudre graphiquement, Ă  l’instant et sans calcul, tous les problĂšmes d’angles horaires, notamment ceux-ci Trouver l’heure, la hauteur du soleil et la latitude du lieu de l’observation Ă©tant donnĂ©es. Conclure la latitude au moyen de deux observations de la hauteur du soleil, etc. La solution de ce dernier problĂšme intĂ©resse surtout les navigateurs, qu’elle dispense de calculs aussi long6 que fastidieux. Si l’exposition de M. Oudin-Charpentier ne se composait que des piĂšces qui attirent le plus particuliĂšrement l’attention de la masse des visiteurs par la richesse et le bon goĂ»t des ornements ; s’il n’avait que des croix-montres de styles divers, exĂ©cutĂ©es sur commande pour des tĂȘtes couronnĂ©es, nous garderions sur son comptĂ© le silence le plus complet, parce que nous ne verrions pas, dans ces piĂšces, le genre de progrĂšs que nous avons mission de rechercher et de signaler Ă  nos lecteurs, quand nous avons le bonheur de le rencontrer. Mais, Ă  eĂŽtĂ© de questions de joaillerie, qui ne nous regardent pas, nous rencontrons divers essais HORLOGERIE. 199 dont le but et les moyens sont tout Ă  fait de notre compĂ©tence et dont nous allons dire quelques mots. Dans la notice qu’il a publiĂ©e au sujet de son exposition, M. Oudin-Charpentier annonce avoir constatĂ© la supĂ©rioritĂ© de marche des rĂ©gulateurs accrochĂ©s Ă  la muraille sur ceux dont le support est le parquet de l’appartement. Depuis trĂšs-longues annĂ©es et trĂšs-probablement dĂ©jĂ  pendant la direction personnelle du fondateur de la maison BrĂ©guet, les rĂ©gulateurs exĂ©cutĂ©s dans cette maison ont toujours Ă©tĂ© disposĂ©s de maniĂšre Ă  ĂȘtre accrochĂ©s Ă  la muraille pour leur assurer la plus grande stabilitĂ© possible. Nous n’en fĂ©licitons pas moins M. Oudin-Charpentier d avoir introduit, dans sa fabrication, une condition qui, bien qu’ancienne, n’était pas sĂ©rieusement entrĂ©e dans la pratique gĂ©nĂ©rale. Il y a quelque chose de plus nouveau dans l’idĂ©e de faire battre la seconde Ă  un pendule raccourci de prĂšs de moitiĂ©, appliquĂ© Ă  des rĂ©gulateurs suspendus, pour les accommoder Ă  l’exiguĂŻtĂ© de nos appartements modernes. Toutefois, la nouveautĂ© n’est pas absolue, car ce pendule, dĂ©jĂ  employĂ© dans la pendule branlante d’Abraham BrĂ©guet, est encore celui que Maelzel a appliquĂ© i\ son mĂ©tronome, dont l’usage est aujourd’hui si vulgaire, et qui consiste Ă  placer, au-dessus du point de suspension, une masse additionnelle dont le poids ou la distance Ă  ce mĂȘme point rĂšgle la durĂ©e des oscillations. . Mais le pendule d’un rĂ©gulateur doit ĂȘtre nĂ©cessairement compensĂ©; et, comme les moyens employĂ©s pour compenser la portion placĂ©e au-dessous du point de suspension sont tout Ă  fait sans influence pour la portion placĂ©e au-dessus, ce genre de pendule exige impĂ©rieusement une double compensation trĂšs-dĂ©licate Ă  produire et par consĂ©quent coĂ»teuse. Cette derniĂšre question n’est toutefois que secondaire dans tous les cas oĂč les exigences locales ne comporteraient pas, avec la nĂ©cessitĂ© d’un rĂ©gulateur, la possibilitĂ© d’un emplacement suffisant pour un pendule ordinaire, ou bien encore, dans les cas beaucoup plus nombreux oĂč l’art rĂšgne en souverain absolu et subordonne, Ă  ses caprices plus ou moins lĂ©gitimes, les conditions techniques les moins discutables. G donc, en dĂ©finitive, un progrĂšs rĂ©el que M. Oudin-Char- PntÎAĂŻ 1 O pentier a rĂ©alisĂ©. en rendant possible l’accord des deux incom- patibihtes que nous venons de signaler. 200 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Le bruit qu’a fait en France l’adoption d’un diapason normal a engagĂ© M. Oudin-Charpentier Ă  en placer un dans ses montres spĂ©cialement destinĂ©es aux musiciens de profession. C’est le moyen de l’avoir toujours Ă  sa portĂ©e. Mais si ce bruit a eu quelque retentissement au dehors, il est aujourd’hui bien attĂ©nuĂ© car notre oreille n’a pu en percevoir le plus faible Ă©cho dans le palais de Kensington. Les piĂšces d’horlogerie exposĂ©es par MM. Desfontaiues, Leroy et fils sont d’une grande richesse extĂ©rieure et d’une belle exĂ©cution. On y remarque diverses espĂšces d’échappements visibles d’une disposition originale, ayant le mĂȘme but qu’un certain nombre de ceux que nous avons dĂ©jĂ  signalĂ©s, celui de faire marquer la seconde Ă  des piĂšces dont le pendule 11 e bat que la demie. Les chronomĂštres de marine, exposĂ©s par M. VissiĂšre du Havre, n’offrent rien de nouveau dans leurs dispositions. Nous n’avons donc Ă  les signaler ici que pour rappeler la rĂ©putation lĂ©gitimement acquise par M. VissiĂšre, par la perfection des piĂšces qu’il livre aux navigateurs. Les renseignements nous ont complĂštement fait dĂ©faut sur les Il en est de mĂȘme pour l’exposition collective de Besançon. L’idĂ©e d’appliquer l’électricitĂ© dynamique, comme force motrice des appareils destinĂ©s Ă  la mesure du temps, est contemporaine de celle qui a eu pour but la transmission, par le mĂȘme agent, de la pensĂ©e humaine Ă  des distances quelconques ; et il est peu de personnes, s’occupant de tĂ©lĂ©graphie Ă©lectrique, qui n’aient songĂ© Ă  son application chronomĂ©trique, soit comme moteur d’un premier appareil, soit, surtout, comme moyen de transmission, Ă  distance, de l’heure donnĂ©e par un rĂ©gulateur mĂ» par un moteur quelconque. Mais, soit faute d’ĂȘtre suffisamment familiarisĂ©s avec les phĂ©nomĂšnes Ă©lectriques, soit toute autre cause, les auteurs des nombreuses tentatives faites dans ce double but Ă©taient loin de l’avoir atteint, lorsqu’en 1853, M. VĂ©ritĂ©, de Beauvais, qui s’était dĂ©jĂ  fait connaĂźtre,dĂšs 1844, par un rĂ©gulateur dontle pendule est constamment indĂ©pendant de la force motrice de l’horloge, et par consĂ©quent des variations de cette force, non-seulement quant Ă  l’impulsion, mais quant au dĂ©gagement du rouage, rĂ©ussit, avec HORLOGERIE. 201 un Ă©gal bonheur, Ă  substituer l’électricitĂ© dynamique Ă  la force motrice, poids ou ressort, qu’il employait prĂ©cĂ©demment. Le rĂŽle de l’électricitĂ© se borne, dans cet appareil, Ă  faire attirer successivement, par deux Ă©lectro-aimants placĂ©s Ă  droite et Ă  gauche du pendule, une bascule dont le milieu est formĂ© d’une substance non conductrice, et dont les extrĂ©mitĂ©s sont en fer doux. Chaque bras de cette bascule porte un petit poids suspendu Ă  un fil mĂ©tallique trĂšs-flexible, au-dessus d’une barrette faisant la croix avec le haut du pendule. Le circuit s’établit du pendule Ă  la pile, et de celle-ci aux Ă©lectro-aimants, au moyen d une bifurcation du fil conjonctif qui se termine, Ă  sa sortie de la bobine, par le fil beaucoup plus fin qui suspend les deux petits poids au-dessous de la bascule. Supposant le pendule Ă©cartĂ© de la verticale jusqu’à son contact avec le petit poids de gauche; le circuit est fermĂ©, le courant s’établit et l’électro-aimant de gauche attire Ă  lui le bras gauche de la bascule, ce qui fait peser le petit poids sur le bras gauche de la barrette du pendule et donne Ă  celui-ci l’impulsion de gauche Ă  droite; impulsion qui se continue pendant toute la durĂ©e du contact entre la petite boule et la barrette du pendule. Lorsque ce contact a cessĂ©, le pendule continue son mouvement en vertu de la vitesse acquise, et le bras droit de la barrette arrive au contact de la petite boule de droite. Le circuit se trouve de nouveau fermĂ©, mais le courant passe dans l’électro-aimant de droite qui, attirant le bras droit de la bascule, laisse au petit poids de droite toute son action pour donner l’impulsion de droite Ă  gauche, et ainsi de suite jusqu’à Ă©puisement de la source Ă©lectrique qui, dans les conditions Ă©tablies par M. VĂ©ritĂ©, peut marcher six mois et plus sans qu’on ait besoin d’y toucher. Si nous avons Ă©tĂ© assez heureux pour nous faire comprendre de nos lecteurs, ils reconnaĂźtront que, quelles que soient les variations de la force Ă©lectrique, elles sont absolument sans influence sur la marche du pendule, puisque, si rapide que puisse ^tre l’établissement du courant, quand le contact a lieu entre le pendule et la petite boule, celle-ci se trouve soulevĂ©e d’une certaine quantitĂ©, en vertu de la vitesse que le pendule conserve encore, et que ce n’est que lorsque cette vitesse est complĂštement anĂ©antie par la rĂ©sistance que lui oppose la petite boule que l’impulsion commence, de sorte que cette impulsion a tou- 202 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. jours pour mesure la hauteur constante d’oĂč descend la petite boule jusqu’au moment oĂč cesse le contact. Cette piĂšce est donc vĂ©ritablement Ă  force constante, dans toute la rigueur du mot. A l’exposition de 1855, oĂč elle figurait, on a pu voir une horloge de M. Froment, basĂ©e sur le mĂȘme principe. La seule diffĂ©rence consistait dans l’emploi d’une seule boule donnant l’impulsion au pendule d’un seul cĂŽtĂ©. On voyait Ă©galement, dans l’exposition de M. Detouclie, des piĂšces de M. Robert-Houdin, oĂč les boules Ă©taient remplacĂ©es par des ressorts relevĂ©s par l’action du courant, pour agir en temps utile sur le pendule, lorsque le circuit se trouvait interrompu. Nous avons maintenant Ă  nous occuper d’une nouvelle horloge Ă©lectrique qui figure Ă©galement dans l’exposition de la mĂŽme maison Detouche. Bien qu’elle fonctionne et doive fonctionner dans les meilleures conditions de marche, nous regrettons d’avoir Ă  dire qu’elle s’écarte de ce caractĂšre de simplicitĂ© qui distingue si Ă©minemment ses aĂźnĂ©es, et qui, selon nous, doit constituer la condition fondamentale de toute horloge Ă©lectrique. M. Detouche peut, il est vrai, nous rĂ©pondre que, tout le mĂ©canisme Ă©tant en vue, l’amateur donnera nĂ©cessairement la prĂ©fĂ©rence Ă  la piĂšce plus compliquĂ©e, qui attirera d’avantage l’attention, sur la modeste simplicitĂ© des dispositifs dĂ©crits plus haut. A cela nous n’avons rien Ă  rĂ©pliquer; et, tous les goĂ»ts Ă©tant dans la nature, nous acceptons qu’au point de vue industriel on fabrique plus volontiers ce qui plaĂźt au plus grand nombre. Cette rĂ©serve faite, nous n’avons que des Ă©loges Ă  donner au dispositif adoptĂ©, dont le principe rĂ©side dans l’emploi d’un remontoir, faisant fonction de force motrice sur le pendule, pour lui restituer la portion de vitesse qu’il perd Ă  chaque oscillation. Ce remontoir est formĂ© par une roue satellite engrenant avec une autre roue concentrique Ă  la roue d’échappement, sur laquelle elle est fixĂ©e, avec cette condition, qu’au moyen d’un encliquetage la roue satellite ne tourne que dans un sens autour de l’autre, c’est-Ă -dire quand elle est remontĂ©e. Devenue alors solidaire avec la roue d'Ă©chappement, son poids tend Ă  faire tourner celle-ci, qui est successivement dĂ©gagĂ©e, Ă  chaque double oscillation du pendule, dont le mouvement repousse une piĂšce d’arrĂȘt. Une cheville de la roue d’échappement agit alors HORLOGERIE. 203 sur l’unique bec d’une demi-ancre, pour restituer au pendule ce qu’il a perdu de sa vitesse. Le pendule ayant la longueur qui convient Ă  la demi-seconde, et la roue d’échappement ne se dĂ©plaçant qu’une fois pour deux oscillations, une aiguille fixĂ©e sur son axe donne par consĂ©quent la seconde entiĂšre. C’est encore un Ă©chappement dit il coup perdu. Toutes les dix secondes, une piĂšce appartenant Ă  la monture de la roue satellite, qui est descendue au point le plus bas de sa Bourse, agit sur un autre arrĂȘt qui maintient soulevĂ© un ressort droit en cuivre. Ce ressort dĂ©gagĂ© retombe sur l’extrĂ©mitĂ© d’un autre ressort droit, ce qui ferme le circuit, et dĂ©termine l’attraction, par deux Ă©lectro-aimants, d’une piĂšce en fer doux, dont le mouvement produit l'ascension d’une tige verticale, armĂ©e de deux projections. L’une, la supĂ©rieure, placĂ©e au-dessous de la roue satellite, soulĂšve celle-ci par son axe, et la remonte Ă  son point de dĂ©part. L’autre, mobile sur un axe et formant une espĂšce de pied de biche, soulĂšve les deux ressorts dont le contact ferme le circuit, et remet le ressort supĂ©rieur en prise avec sa piĂšce d’arrĂȘt, puis continue sa marche ascendante au delĂ  de ces mĂȘmes ressorts, ce qui permet au ressort infĂ©rieur de se sĂ©parer du premier en vertu de son Ă©lasticitĂ©. Le circuit est rouvert, l’attraction des deux Ă©lectro-aimants cesse, et la tige verticale retombe par son propre poids, sans ĂȘtre gĂȘnĂ©e, dans cette descente, par le pied de biche qui tourne sur son axe lors de son contact avec les deux ressorts. Telles sont les conditions gĂ©nĂ©rales delĂ  nouvelle horloge Ă©lectrique; conditions qui nous ont paru devoir atteindre complĂštement le rĂ©sultat cherchĂ©. Nous croyons pouvoir ajouter, qu’au Point de vue industriel, les formes et les dispositions des divers organes employĂ©s rĂ©vĂšlent autant' d’intelligence que de sagacitĂ©. Les autres piĂšces de la trĂšs-riche exposition de M. Detouche ne contenant que des conditions entrĂ©es depuis longtemps dans m pratique industrielle, nous n’avons pas Ă  nous en occuper ici. Quelques mots sur XHorloge Perreaux, dite SabliĂšre. Cette horloge, aux yeux du plus grand nombre des personnes qui la voient fonctionner, paraĂźt plutĂŽt un pas en arriĂšre qu’un progrĂšs, et nous ramener vers l’époque oĂč le sablier, dont les applications sont aujourd’hui si restreintes, Ă©tait l’unique indicateur de la marche du temps. 204 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Sans vouloir assimiler l’horloge Perreaux Ă  une piĂšce de prĂ©cision, nous dirons qu’elle peut donner la mesure du temps Ă  un degrĂ© remarquable d’approximation, et Ă  un prix trĂšs-modĂ©rĂ©, parce que son mĂ©canisme est aussi simple que rustique, et n’est guĂšre sujet aux dĂ©rangements. Bien que l’orifice par lequel s’écoule le sable soit rĂ©glĂ© de grandeur, comme dans le sablier, pour produire un Ă©coulement dĂ©terminĂ© dans un temps donnĂ©, c’est le poids de ce mĂȘme sable agissant comme moteur, et non son volume qui donne la mesure du temps. Sur l’axe de l’aiguille des minutes est fixĂ©e une roue Ă  rochet. Un levier a ce mĂȘme axe pour centre de mouvement, et est maintenu dans une position voisine de l’horizontalitĂ©, tant par un contre-poids que par un cliquet qui le rend pĂ©riodiquement solidaire avec la roue Ă  rochet. A l’extrĂ©mitĂ© libre de ce levier est un auget dans lequel s’écoule le sable placĂ© dans une trĂ©mie supĂ©rieure, et dont l’écoulement est, comme nous l’avons dit, convenablement rĂ©glĂ©. Lorsque le poids du sable accumulĂ© dans l’auget est suffisant pour vaincre le frottement et l’inertie des piĂšces mobiles du systĂšme, ce levier, en s’abaissant, fait tourner la roue Ă  rochet, et, avec lui, l’aiguille indicatrice des minutes; l’auget se vide du sable qu’il contenait, et le contre-poids du levier relĂšve celui-ci Ă  sa hauteur primitive sans faire tourner la roue en sens contraire, parce que le cliquet cĂšde dans ce mouvement rĂ©trograde, et vient se placer dans la dent voisine de celle qu’il occupait d’abord. N’oublions pas de dire que le mouvement de descente du levier a produit l’occlusion de l’orifice d’écoulement, qui n’est rouvert que lorsque l’auget rĂ©cepteur du sable s’est complĂštement vidĂ© et s’est convenablement replacĂ© sous l’orifice d’écoulement. On comprend qu’au moyen d’une quadrature ordinaire l’aiguille des minutes peut conduire celle des heures, et que quant Ă  la sonnerie, elle peut se produire en temps utile par l’ouverture automatique d’un second orifice dont le sable s’écoule dans des augets successifs, dont le mouvement produit, pour chacun, un coup de marteau. La sĂ©cheresse ou l’humiditĂ© du sable produite par l’état variable de l’atmosphĂšre paraĂźt n’exercer aucune influence sur la marche de la piĂšce. Plus humide, le sable coule moins vite par HORLOGERIE. ‱205 un mĂȘme orifice, mais pĂšse davantage et rĂ©ciproquement; de sorte qu’il s’établirait lĂ  une double compensation. Lorsque nous aurons signalĂ© les ressorts de tous genres exposĂ©s par les frĂšres Montandon , dont les bonnes qualitĂ©s nous ont Ă©tĂ© attestĂ©es par tous ceux des exposants auxquels nous avons demandĂ© des renseignements Ă  ce sujet, nous aurons terminĂ© la trop courte nomenclature des produits qu’il nous a Ă©tĂ© donnĂ© d’étudier dans l’Exposition chronomĂ©trique de la France. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, notre rĂ©colte hors de l’horlogerie française a Ă©tĂ© des plus minces. Nous signalerons toutefois les conditions gĂ©nĂ©rales d'un Ă©chappement anglais qui paraĂźt avoir une certaine vogue en Angleterre, car nous l’avons vu se reproduire, Ă  trĂšs-peu de diffĂ©rence prĂšs, chez un certain nombre d’exposants quil’appliquentparticuliĂšrementĂ  de petites horloges de clocher. Nous en avons entendu attribuer l’invention Ă  M. Cole, dont la rĂ©putation faite depuis longtemps est un bon prĂ©jugĂ© en faveur d’une disposition dont certains dĂ©tails ont pu nous Ă©chapper, attendu que, lors de nos visites si infructueuses dans l’horlogerie anglaise, tous les spĂ©cimens de cette piĂšce Ă©taient en mouvement. Mais dĂ©crivons ce que nous avons vu ou cru voir. L’axe de la roue d’échappement est dans la verticale occupĂ©e par la tige du pendule au repos. Elle se compose d’un disque d’oĂč rayonnent un certain nombre de bras en Ă©toile. La face du disque est occupĂ©e par autant de chevilles, placĂ©es circulai- rement. Deux pendules beaucoup plus petits sont suspendus 1 un a droite l’autre Ă  gauche du grand pendule. Ils ont la forme d un arc de cercle, dont la concavitĂ© reçoit le disque Ă  chevilles de la rouĂ© d’échappement. Tous deux portent un petit bras servant successivement d’arrĂȘt aux branches de l’étoile de cette mĂȘme roue. En un point convenable de leur hauteur, est un plan lĂ©gĂšrement inclinĂ© sur lequel agissent les chevilles qui, les Ă©cartant de la verticale,les mĂšnent, en temps utile, tour Ă  tour, Ă  une mĂȘme hauteur, oĂč les maintient une branche de l’étoile s’arc-boutant sur le bras d’arrĂȘt. Enfin ces petits pendules sont terminĂ©s par une boule qui vient successivement au contact delĂ  tige du grand pendule pour lui donner l'impulsion. 11 est bien entendu que, lorsque l’un des petits pendules, amenĂ© 206 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. au plus haut point de sa course, y est maintenu par l’arc-boutement d’une brandie de l’étoile, l’autre est complĂštement libre. Examinons maintenant la marche de la piĂšce. Supposons le grand pendule arrivĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© de l’arc parcouru de droite Ă  gauche. Il est au contact du petit pendule de gauche, qui vient d’ĂȘtre rendu libre; tous deux, en vertu de leur poids, commencent une nouvelle oscillation de gauche Ă  droite, le petit pendule ajoutant son poids Ă  celui du grand dont il accĂ©lĂšre en outre la vitesse, puisque, isolĂ©, il marcherait plus vite que lui. Il accompagne ainsi le grand pendule, dĂ©passant, la verticale avec lui, jusqu'Ă  la rencontre du petit pendule de droite, qui, lĂ©gĂšrement repoussĂ©, dĂ©gage le rouage. La roue d’échappo- ment se met en marche; l’une de ses chevilles repousse le petit pendule de gauche, dont l’action impulsive vient d’ĂȘtre accomplie, jusqu’au point oĂč une branche de l’étoile vient s’arc-bouter sur son bras d’arrĂȘt, c’est-Ă -dire jusqu’à la hauteur d’oĂč il Ă©tait prĂ©cĂ©demment parti pour donner l’impulsion au grand pendule qui, maintenant, se trouve au contact du petit pendule de droite, rendu libre par le dĂ©gagement qui vient de s’opĂ©rer. Les mĂȘmes conditions se reproduisent, mais en sens contraire le pendule reçoit son impulsion du petit pendule de droite, jusqu’à la rencontre du petit pendule de gauche, qui, dĂ©gagĂ© Ă  son tour, met en libertĂ© la roue d’échappement; celle-ci repousse le petit pendule de droite jusqu’à son point de dĂ©part, pour laisser au petit pendule de gauche toute sa libertĂ© d’action, et ainsi de suite. Nous avons entendu reprocher Ă  ce dispositif un excĂšs de frottement entre les deux petits pendules et le grand, rĂ©sultant surtout de ce que les trois centres de mouvement ne sont pas concentriques. L’auteur peut rĂ©pondre que, dans le plus grand nombre des piĂšces qui ont des prĂ©tentions Ă  la plus grande perfection possible, la fourchette et le pendule prĂ©sentent identiquement le mĂȘme genre de frottement. La rĂ©sistance au dĂ©gagement du rouage est variable avec les variations de la force motrice cela est encore vrai, mais se retrouve dans la presque totalitĂ© des piĂšces considĂ©rĂ©es comme excellentes. Et, d’ailleurs, ne suffit-il pas que la hauteur oĂč ce mĂȘme rouage ramĂšne les petits pendules soit constante, que le poids de ceux-ci prĂ©sente un excĂšs constant capable de vaincre la plus grande rĂ©sistance au dĂ©gagement, pour que le pendule parcoure des arcs constamment Ă©gaux ? HORLOGERIE. 207 En effet, il ne faut pas perdre de vue que le dĂ©gagement opĂ©rĂ©, le pendule n’a pas, Ă  proprement parler, d’arc complĂ©mentaire, parce que, quelle que soit la vitesse qu’il pourrait conserver, la plus grande partie est absorbĂ©e soit par l’inertie du petit pendule qui vient d’ĂȘtre dĂ©gagĂ©, soit, et surtout, par la rĂ©sistance de celui-ci Ă  s’élever plus haut que le point ou le rouage 1 avait amenĂ©. Ajoutons Ă  ces considĂ©rations le temps trĂšs-court qui s’écoule entre le dĂ©gagement et l’action rĂ©pulsive de la roue d’échappement qui, soustrayant de la masse totale le petit pendule dont l’action cesse d’ĂȘtre utile, laisse le grand pendule sous l’action unique de celui qui vient d’ĂȘtre dĂ©gagĂ©, et que nous supposons toujours suffisante pour dĂ©terminer, Ă  la fin de 1 oscillation Ă  laquelle il prend part, le dĂ©gagement du rouage, quelle que soit la rĂ©sistance que la force motrice puisse opposer Ă  ce dĂ©gagement. Si donc, comme nous aimons Ă  le croire, sans l’avoir pu vĂ©rifier, les choses sont disposĂ©es de maniĂšre, sinon Ă  dĂ©truire absolument, mais Ă  diminuer l’arc complĂ©mentaire au point de le considĂ©rer comme pratiquement nul, et par consĂ©quent Ă  rendre constant l’arc d’oscillation du grand pendule, nous pensons que l’échappement dont nous nous occupons rĂ©sout, avec une simplicitĂ© remarquable, un problĂšme d’une importance radicale en chronomĂ©trie celui de l’isochronisme du pendule, quelles que soient les variations de la force motrice. Nous avons dĂ©signĂ©, d’aprĂšs un on dit que nous n’avons pu vĂ©rifier, M. Cole, comme l’auteur de cet Ă©chappement; nous serons plus affirmatif quant Ă  la suspension dont nous allons parler, car son nom figure au-dessus de la piĂšce mĂȘme. Cette suspension repose sur des conditions exactement inverses de celles qui constituent la suspension ordinaire dite Ă  ressort. Dans cette derniĂšre, le pendule est suspendu Ă  1 extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure d’une lame d’acier, fixĂ©e Ă  la piĂšced’horlogerie par son extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure. Le plus souvent on emploie deux lames disposĂ©es parallĂšlement entre elles. On peut donc dire que le pendule agit sur elles par traction. C est tout le contraire dans la suspension de M. deux lames sont fixĂ©es chacune sur un des bords extrĂȘmes d une fente assez longue, pratiquĂ©e dans un plan horizontal, et i travers laquelle s Ă©lĂšve la tige du pendule qui reçoit, Ă  son extrĂ©- 208 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. mitĂ© supĂ©rieure, les deux bouts relevĂ©s des deux ressorts en question, qui sont goupillĂ©s sur cette mĂȘme tige. Au lieu d’agir sur ces lames par traction, comme dans le premier cas, le pendule agit, pour ainsi dire, par compression, et son poids dĂ©termine, dans chaque ressort, une courbure symĂ©triquement rĂ©guliĂšre quand il est au repos. Mais il n’en est plus de mĂȘme pendant le mouvement. Dans l’oscillation de droite Ă  gauche, le rayon de courbure du ressort de gauche grandit, le ressort tend Ă  se redresser, tandis que le rayon de courbure du ressort de droite diminue, et que ce ressort s’inflĂ©chit d’avantage. Le contraire a lieu dans l’oscillation de gauche Ă  droite. Nous regrettons yivement de ne rien avoir appris sur les motifs qui ont dĂ©terminĂ© M. Cole Ă  employer ce dispositif, non plus que sur les rĂ©sultats qu’il a pu en obtenir. Tandis que nous sommes sur le terrain anglais, indiquons, en passant, une horloge de clocher exactement copiĂ©e sur les modĂšles créés dans l’ancienne maison Wagner, de la rue du Cadran, et qui se compose essentiellement d’un chĂąssis horizontal, sur lequel les palliers qui reçoivent les axes des roues, principalement de la sonnerie, sont fixĂ©s par des vis qui traversent leur base dans un trou allongĂ©. Il en rĂ©sulte ce double avantage, qu’on peut dĂ©monter un axe sans toucher aux autres, parce qu’il n’y a pas de mise en cage, et qu’on peut rĂ©gler la pĂ©nĂ©tration rĂ©ciproque des dents, avec toute l’exactitude possible, sans employer de bouchons excentriques. Nous avons remarquĂ© que, sous ce rapport, les grosses piĂšces anglaises sont en progrĂšs, en ce sens que des palliers analogues sont rĂ©partis autour de la cage et donnent, mais plus coĂ»teusement, les mĂȘmes facilitĂ©s. A l’occasion de la piĂšce plus complĂštement imitĂ©e, et dont nous ne nommerons pas l’exposant, un membre du jury anglais nous disait que, dans son opinion et celle de ses collĂšgues, cette piĂšce avait Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©e Ă  Paris. Nous nous sommes permis d’ĂȘtre d’un autre avis, l’exĂ©cution de cette piĂšce, trop peu soignĂ©e, lui assignant Ă©videmment une autre origine. CLASSE „ oug avons pensĂ© qu’il pouvait trouver un autre emploi, et permettre p expression dans les grandes orgues. C’est dans ce but que nous 1 a'ons proposĂ©, il y a p[ us , j e v j n gt an8i Ă  M. CavaillĂ©-Coll qui a su en faire de tres heureuses appn ca j ong qu’ont imitĂ©es depuis, Ă  notre grande satisfaction, un certain nombre de fa,.,, n tueurs d orgues Cuique snum. 21S EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. auditeurs que le meuble devant lequel l’organiste est assis a, tout au plus, pour mission de contenir le clavier et les -organes de renvoi Ă  des jeux nombreux de tuyaux dissimulĂ©s dans quelque coin du monument. Si l’on pouvait adresser une critique au nouvel instrument, ce serait celle d’un excĂšs de puissance comme orgue d’appartement, excĂšs que l’artiste ou l’amateur peut facilement attĂ©nuer dans l’exĂ©cution, et que de nouvelles dispositions en cours d’expĂ©rience ne tarderont pas Ă  mettre sous le contrĂŽle absolu de tous les exĂ©cutants, quel que soit leur degrĂ© d’habiletĂ©. On peut maintenant se rendre compte Ă  Londres de la variĂ©tĂ© infinie d’effets qu’on peut obtenir de ces dispositions. Un instrument exceptionnel, dont le volume est d’environ deux tiers de mĂštre cube 0 n ’ c ,624, non compris un piano Ă  queue placĂ© sous l’estrade, contient neuf jeux complets d’anches libres, comportant chacun deux demi-jeux sĂ©parĂ©s, chaque demi-jeu pouvant se combiner avec un nombre quelconque des autres, et formant un total de dix-huit demi-jeux, plus un demi- jeu de tuyaux flĂ»te, et quatre jeux de dix-sept notes pĂ©dales deux de seize et deux de huit pieds, deux demi-jeux de cordes et autant de percussion, ce qui donne vingt-sept genres d’organes sonores, tous diffĂ©rant de timbre; en tout vingt-huit en y comprenant le piano Ă  queue. Or, si l’on considĂšre que ces vingt-huit organes sonores, comprenant chacun plusieurs octaves, sont tous, soit isolĂ©ment, soit combinĂ©s par deux, par trois, par quatre, par cinq, six, etc., jusqu’à vingt-huit, sont Ă  l’entiĂšre disposition de l’exĂ©cutant, qui peut, Ă  volontĂ©, en faire entendre tel nombre qu’il voudra, et si l’on effectue le calcul des diverses combinaisons possibles, on arrivera au nombre Ă©norme de 826, 830, 479, 415, 026, 674, 879, 029, 912, 684. Si nous ajoutons vingt-quatre organes modificateurs du son, comme intensitĂ©, comme expression, etc., etc.; se prĂ©sentant sous forme de registres ou de genouillĂšres, etc., un certain nombre pouvant opĂ©rer simultanĂ©ment sur plusieurs jeux, quelques-uns sur presque tous, nous nous montrerons assurĂ©ment trĂšs-modĂ©rĂ© en ne portant qu’à deux la moyenne des modifications que chacun des vingt-huit organes sonores peut recevoir, ce qui per- 29 INSTRUMENTS HE MUSIQUE. met trĂšs-largement de tripler le nombre ci-dessus, et d’obtenir le total des effets, des ressources, mis il la disposition de l’artiste. L’harmonieorde est encore une invention de M. Debain, qui, depuis 1854, a fait un rapide chemin dans le monde musical. H se compose de la rĂ©union de l’harmonium Ă  un piano comportant une seule corde, contrairement aux tentatives antĂ©rieures, oĂč figurait le piano Ă  plusieurs cordes, dont l’unisson rigoureux, sans ĂȘtre absolument impossible, n’a probablement jamais Ă©tĂ© atteint par les accordeurs. La corde unique prĂ©sente, au contraire, une puretĂ© de son qui s’harmonise parfaitement avec les sons de l’anche libre, et donne Ă  l’instrument la plus dĂ©licieuse variĂ©tĂ© d’effets. Comme facteur de pianos, M. Debain ne le cĂšde en rien aux meilleures maisons par le choix et l’anciennetĂ© des bois qu’il emploie, et son piano mĂ©canique est l’objet d’une vogue toujours croissante, motivĂ©e sur uu double avantage de faire entendre, dans des contrĂ©es lointaines oĂč ne s’aventurent pas les artistes, les chefs-d’Ɠuvre de la musique moderne, avec toute la perfection possible; les nuances les plus dĂ©licates , indiquĂ©es par le compositeur, pouvant se noter avec la plus scrupuleuse exactitude sur des planchettes qu’on prĂ©sente successivement ĂŒ l’instrument, et qui sont d’un transport et d’une conservation beaucoup plus faciles que les cylindres prĂ©cĂ©demment employĂ©s. Dans les rĂ©unions intimes, un bal peut s’improviser sans imposer Ă  personne le supplice de faire danser les autres en ne touchant que du bout des doigts au plaisir commun. Au moment oĂč nous mettons sous presse, nous n’avons reçu de M. Alexandre aucun des renseignements qu’il nous avait promis Ă  diverses reprises. Nous indiquerons toutefois un dispositif que nous avons pu voir Ă  Londres.. Il consiste dans l’échange possible, pour le mĂȘme instrument, de deux jeux qui peuvent s’enlever et se remplacer par deux autres, tenus en rĂ©serve. Ce changement peut se faire sans la moindre difficultĂ© par le possesseur de l’instrument, dont les dimensions peuvent ĂȘtre ainsi rĂ©duites et se prĂȘter mieux Ă  1 exiguĂŻtĂ© de nos appartements modernes. Nous signalerons, dans les harmoniums de M. Mustel,un effet qu il appelle fortĂ© expressif, et qui rĂ©sulte de la proportionnalitĂ© m EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. de l’ouverture d’une jalousie avec la pression du pied sur la soufflerie. On comprend que les variations d’intensitĂ© dans le son rĂ©sultent d’une double variation dans la pression de l’air, et dans la grandeur de l’ouverture qui donne passage au son. * IndĂ©pendamment de l’expression produite par la pression variĂ©e des pieds sur la soufflerie, M. Mustel arrive au mĂȘme rĂ©sultat par l’emploi du rĂ©gulateur dont nous avons parlĂ© plus haut, et qui est commandĂ© par une genouillĂšre. Cette double expression, comme il l’appelle, permet une variĂ©tĂ© de nuancesjju’on obtiendrait difficilement des conditions ordinaires. Enfin il donne Ă  ses anches libres une trĂšs-grande flexibilitĂ©, ce qui leur permet de parler trĂšs-facilement sous la plus faible impulsion du vent, de maniĂšre Ă  graduer cette variation d’intensitĂ© depuis le son peine entendu jusqu’aux fortĂ© les plus Ă©nergiques. M. Mustel ne fabrique annuellement qu’un petit nombre d’instruments exceptionnels par les soins minutieux qu’il donne Ă  l’exĂ©cution remarquable des nombreux Ă©lĂ©ments qui entrent dans la fabrication de ses harmoniums. Tout le monde a entendu l’accordĂ©on, mais ceux qui n’ont eu que le malheur de l’entendre ne se doutent pas de l’hĂ©roĂŻsme dont ceux qui en jouent doivent ĂȘtre douĂ©s pour avoir persĂ©vĂ©rĂ© dans une Ă©tude dont les difficultĂ©s au dĂ©but sembleraient devoir rebuter les plus intrĂ©pides. En effet, chaque touche de l’instrument commande deux sons, l’un qui se produit quand on tire le soufflet, l’autre qui exige le mouvement contraire; de sorte qu’indĂ©pendammentdela nĂ©cessitĂ© d’une attention constante Ă  Ă©viter de tirer quand il faudrait pousser, il faut encore, lorsque se prĂ©sentent plusieurs notes consĂ©cutives, exigeant le mĂȘme mouvement, savoir mĂ©nager l’action du bras, la vitesse du soufflet pour ne pas rester court d’haleine, avant d’avoir fourni Ă  chaque note le vent nĂ©cessaire pour la faire parler pendant toute la durĂ©e que le rhythme lui assigne aussi compte-t-on trĂšs-peu d’amateurs qui sachent rĂ©ellement jouer de cet instrument, qui, outre la monotonie de son timbre nasillard, ajoute Ă  l’ennui qu’il procure Ă  l’auditeur, l’agacement qui rĂ©sulte d’une exĂ©cution nĂ©cessairement toujours incorrecte. C’est donc un service rendu Ă  nos oreilles et aux amateurs 221 INSTRUMENTS DE MUSIQUE. trop nombreux de l’accordĂ©on, que le perfectionnement dont, sous le nom d ’harmoniflĂ»te, M. Busson est parvenu Ă  le doter. Il consiste essentiellement en ce que chaque touche ne commande qu’une note qui reste la mĂȘme, soit qu’on tire, soit qu’on pousse le soufflet, d’oĂč rĂ©sulte la possibilitĂ© d’y adapter un clavier chromatique ordinaire, comme celui des orgues et des pianos. Ajoutons qu’exĂ©cutĂ© avec beaucoup plus de soins que l’ancien accordĂ©on, l’harmoniflĂ»te se distingue encore par une qualitĂ© de son qui se rapproche de celui de la flĂ»te, et qu'Ă  ce double titre l’instrument n’aura guĂšre conservĂ© que les apparences extĂ©rieures de l’accordĂ©on. INSTRUMENTS A VENT. L’exposition de M. Adolphe Sax est sans contredit la plus brillante et la plus nombreuse de toutes celles de cette catĂ©gorie qui figurent dans le palais deKensington. Elle est, en outre, celle oĂč l’on peut signaler le plus de progrĂšs rĂ©els, dans l’acception que nous attribuons Ă  ce mot. Mais ils sont en si grand nombre, et l’espace dont nous pouvons disposer est tellement restreint, qu’aprĂšs plusieurs tentatives restĂ©es infructueuses pour en signaler, le plus succinctement qu’il nous a Ă©tĂ© possible, le but et les moyens, nous avons dĂ» renoncer Ă  en faire une apprĂ©ciation motivĂ©e, qui eĂ»t envahi un espace au moins triple de celui qui nous est allouĂ© pour les instruments de musique. Nous avons Ă  signaler un certain nombre de progrĂšs sĂ©rieux dans l’immense fabrication de la maison Gautrot, probablement la plus considĂ©rable du monde entier dans la fabrication de presque tous les genres d’instruments de musique. Nous citerons d'abord un nouvel instrument que M. Gautrot nomme duplex, parce qu’en rĂ©alitĂ© il forme deux instruments distincts, de tonalitĂ© diffĂ©rente, ayant chacun son pavillon et se complĂ©tant l’un l’autre, avec les mĂȘmes pistons, sans changement de doigtĂ©. Pour atteindre ce but, chaque instrument, bien que commandĂ© par les mĂȘmes pistons, disposĂ©s ad hoc, comporte les tubes additionnels qui conviennent Ă  sa propre tonalitĂ©, avec leurs coulisses d accord. En avant du jeu de piston se trouve un piston supplĂ©mentaire dont la position, dĂ©terminĂ©e parla main gauche, 222 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. dirige la colonne d’air tantĂŽt dans un instrument, tantĂŽt dans l’autre, selon les besoins de l’exĂ©cutant. Les deux Ă©chelles de ces instruments se croisant d’une certaine quantitĂ©, il en rĂ©sulte qu’ils ont en commun plusieurs notes dont l’émission est plus facile sur un instrument que sur l’autre, ce qui donne Ă  l’artiste un choix qu’il sera loin de dĂ©daigner. Ce dispositif a permis Ă  M. Gautrot d’établir des cors Ă  piston qu’il dĂ©signe sous le nom de cors Ă  doubles coulisses, parce qu’en effet l’instrument comporte un double jeu de tubes additionnels, commandĂ©s, comme dans le prĂ©cĂ©dent instrument, par les mĂŽmes pistons, et dont les longueurs s’additionnent lorsque la main gauche de l’exĂ©cutant agit sur le piston supplĂ©mentaire. Il n’y a pas lĂ , comme dans le cas prĂ©cĂ©dent, deux instruments distincts se complĂ©tant l’un l’autre, mais un seul instrument dont la longueur est variable, au grĂ© de l’artiste. Dans les instruments en cuivre, oĂč le degrĂ© d’acuitĂ© ou de gravitĂ© d’un certain nombre des sons est dĂ» Ă  l’allongement ou au raccourcissement de la colonne d’air, au moyen de portions de tubes dĂ©signĂ©es sous le nom de tubes additionnels, dont on dĂ©termine Ă  volontĂ© l’ouverture ou l’occlusion, l’organe spĂ©cial qui produit ce double rĂ©sultat peut affecter des formes trĂšs- diverses. . En France, les artistes donnent la prĂ©fĂ©rence Ă  celui qu’on dĂ©signe le plus habituellement sous le nom de piston, tandis qu’ail- leurs, et surtout en Allemagne, on n’emploie guĂšre que le cylindre dit de rotation. Le premier est un vĂ©ritable corps de pompe dans lequel se meut un piston dont la position, dĂ©terminĂ©e par l’artiste, produit ou supprime l’addition, au corps principal, de l’un de ces tubes additionnels. Le cylindre dit de rotation est un vĂ©ritable robinet Ă  plusieurs eaux, dont la noix douĂ©e d’un mouvement de rotation alternatif produit les mĂȘmes rĂ©sultats que les mouvements de descente et d’ascension du piston. Mais, pistons ou cylindres de rotation, ces organes exigent un dĂ©montage frĂ©quent, mĂȘme en marche, par suite de l’accumulation de la salive entre les parties frottantes. Les cylindres de rotation ordinaires comportent l’enlĂšvement d’un assez grand nombre de piĂšces qui peuvent facilement s’égarer pendant la 223 INSTRUMENTS DE MUSIQUE. double opĂ©ration du dĂ©montage et du remontage. Les pistons n’exigent que l’enlĂšvement du chapeau supĂ©rieur et celui du piston proprement dit; c’est ce qui leur a valu la prĂ©fĂ©rence parmi les artistes français. M. Gautrot est parvenu Ă  donner les mĂŽmes avantages aux cylindres de rotation, avec plus de simplicitĂ© encore. Il suffit de dĂ©visser le chapeau infĂ©rieur, solidaire avec la noix intĂ©rieure qui, se dĂ©tachant avec lui, se nettoie facilement, ainsi que le boisseau, sans qu’on risque de perdre aucune partie de l’appareil. C’est au moyen d’un ressort que le piston ou la noix, dans .. chacun des deux appareils, sont ramenĂ©s Ă  la position normale quand l’artiste cesse de peser, du doigt, sur l’organe qui les fait mouvoir. La rigiditĂ© de ces ressorts n’est pas toujours la mĂȘme, ni surtout en rapport avec les habitudes de l’artiste. Quelques-uns se rendent avec le temps et cessent d’offrir la mĂŽme rĂ©sistance que leurs voisins, ce qui amĂšne une autre espĂšce de gĂȘne pour l’exĂ©cutant. Dans ses cylindres de rotation, M. Gautrot emploie un ressort analogue Ă  ceux des montres et qui, renfermĂ© dans un barillet dont le bord, dentĂ© en rochet, engrĂšne avec une couronne du mĂȘme genre, comme les deux parties d’une clef Breguet, ce qui permet de tendre ou de dĂ©tendre le ressort de quantitĂ©s quelconques, et de l’amener au point prĂ©cis qui convient le mieux Ă  l’exĂ©cutant. Pour Ă©viter que le ressort se rende, on peut le dĂ©tendre complĂštement quand on ne se sert pas de l’instrument. Depuis un certain nombre d’annĂ©es, on exĂ©cute, en cuivre, des instruments qu’on fabriquait exclusivement en bois. L’intĂ©rieur de l’instrument a conservĂ© les mĂȘmes proportions diamĂ©trales, mais on comprend que l’extĂ©rieur a diminuĂ© de volume. M. Gau- trot a rĂ©tabli l’ancien volume extĂ©rieur en formant l’instrument de deux tubes plus minces que le tube unique, pour lui conserver Ă  peu prĂšs le mĂȘme poids. Son but, en cela, a Ă©tĂ© de prĂ©server le tube intĂ©rieur des bosselures, q ue d es chocs accidentels produisent si frĂ©quemment, et par consĂ©quent de rendre les rĂ©parations moins frĂ©quentes. Les trous sont exĂ©cutĂ©s dans de petits morceaux de jet placĂ©s entre les deux tubes, dont la soliditĂ© s’en trouve augmentĂ©e. Enfin, il peut revĂȘtir le tube extĂ©rieur de la clarinette, de la flĂ»te, etc., etc., d’une chemise en argent, en Ă©caille ou en ivoire. 224 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Sous le nom de Sarrusophone, il expose un nouvel instrument dont l’anche est semblable Ă  celle du basson. Il en obtient, surtout dans le grave, des sons nouveaux et d’un volume extraordinaire. Il a 16 clefs, dont le doigtĂ© est Ă  peu prĂšs celui du basson ou de la clarinette. Les essais qu’on en a faits sont trop peu nombreux pour que nous puissions nous prononcer sur l’avenir destinĂ© Ă  cet instrument. On sait que la mise au ton d’une paire de timbales exige un temps assez long, parce que le frottement de la peau sur les bords du fĂ»t ne permet de la tendre rĂ©guliĂšrement qu’en agissant successivement sur une sĂ©rie de vis disposĂ©es autour de ce fĂ»t ; de sorte qu’au milieu des modulations si nombreuses qui caractĂ©risent la musique moderne, le temps fait complĂštement dĂ©faut Ă  l’artiste pour changer le ton de ses deux caisses, et que le compositeur est privĂ© de cette ressource. Plusieurs tentatives plus ou moins heureuses ont Ă©tĂ© faites pour donner au timbalier la mĂȘme facilitĂ© de changer de ton que les autres artistes rencontrent dans leurs instruments. Dans celle que nous allons dĂ©crire, la rapiditĂ© du rĂ©sultat se combine efficacement Ă  la simplicitĂ© des moyens. Qu’on se figure, en effet, deux roues en couronne, taillĂ©es en dents de rochet trĂšs-inclinĂ©es, engrenant l’une avec l’autre et placĂ©es dans l’instrument dont elles ont un peu moins que le diamĂštre intĂ©rieur. La roue infĂ©rieure repose sur une sĂ©rie de galets, et peut tourner sur elle-mĂȘme au moyen d’une vis tangente mue Ă  l’extĂ©rieur de l’instrument. Quanti le seconde roue, dont les bords supĂ©rieurs affleurent ceux de la caisse, elle ne peut que s’élever ou descendre, empĂȘchĂ©e qu’elle est de tourner avec la roue infĂ©rieure par quelques goupilles fixĂ©es sur la caisse et traversant autant de fentes verticales pratiquĂ©es dans sa hauteur. C’est, en dĂ©finitive, l’encliquetage d’une gigantesque clef BrĂ©guet. 11 rĂ©sulte de ce dispositif, que si l’on fait tourner, dans un sens ou dans Vautre, la roue infĂ©rieure, ses dents agiront comme des plans inclinĂ©s se glissant sous les plans inclinĂ©s de la roue supĂ©rieure, qui, s’élevant parallĂšlement Ă  elle-mĂȘme, tendra la peau de la timbale avec la plus prĂ©cise rĂ©gularitĂ©, ou qui, s’abaissant dans les mĂȘmes conditions, dĂ©tendra cette mĂȘme peau avec une prĂ©cision non moins grande, et cela avec beaucoup plus de faci- INSTRUMENTS DE MUSIQUE. 225 litĂ© et moins de temps qu’il n’en faut pour changer la tonalitĂ© des autres instruments d'un orchestre x . Enfin, M. Gautrot expose une sĂ©rie d’instruments en aluminium, savoir l°un cornet; 2° une clarinette ; 3° une flĂ»te; 4° une petite flĂ»te et un jeu de timbre de quatre notes. Cette sĂ©rie pourra mettre sur la voie des applications possibles du nouveau mĂ©tal aux instruments de musique. La clarinette, la flĂ»te et la petite flĂ»te, ont donnĂ© de bons rĂ©sultats; et, bien que massifs, ils ne pĂšsent pas plus que les autres instruments en Ă©bĂšne. Ils n’ont pas prĂ©sentĂ© de difficultĂ©s sĂ©-" rieuses dans leur exĂ©cution. Il n’en a pas Ă©tĂ© de mĂȘme quant au cornet, soit Ă  cause des nombreuses soudures que cet instrument exige sur des points trĂšs-rapprochĂ©s, soit dans le rodage des pistons et des coulisses d’accord, le rodage de l’aluminium amenant rapidement un grippement trĂšs-Ă©nergique analogue Ă  celui qui se produit sur les mĂ©taux mous, tels que l’étain et le plomb. GrĂące Ăą l’obligeance Ă©clairĂ©e de M. Mourey, chez lequel, pour la premiĂšre fois, on a pu opĂ©rer la soudure de l’aluminium, toutes les dillicultĂ©s ont Ă©tĂ© surmontĂ©es, et la rĂ©ussite a Ă©tĂ© aussi complĂšte que possible. Le timbre de ce cornet diffĂšre de celui des instruments en cuivre du mĂȘme genre. Les artistes et le public auront Ă  se prononcer sur la question de savoir s’ils l’admettent comme un progrĂšs. Question de goĂ»t, et peut-ĂȘtre mĂȘme de mode, dont le temps seul dĂ©cidera. Le rĂ©sultat le plus avantageux que M. Gautrot ait obtenu jusqu’à prĂ©sent de l’emploi de l’aluminium, est sa substitution, pour les timbres, au mĂ©tal de cloche. Il en expose une sĂ©rie donnant l’accord sol, si, rĂ©, sot. Tous ont une sonoritĂ© remarquable, qui tient le milieu entre celle du cristal et celle de l’argent. Leurs vibrations prĂ©sentent une trĂšs-grande amplitude. .Quant Ă  nous, nous ne pouvons que fĂ©liciter M. Gautrot d’une initiative dont la hardiesse a dĂ©jĂ  un rĂ©sultat sĂ©rieux, pour divers instruments, dans l’application d’une matiĂšre qui, offrant, sous un poids moindre, une soliditĂ© plus que suffisante, est exempte 1. Ce qui prĂ©cĂšde allait ĂȘlro livrĂ© Ă  l’imprimeur lorsque nous avons appris que M. Sax revendique la prioritĂ© des dispositions que nous venons de dĂ©crire. 111 . 15 226 EXPOSITION UNIVERSELLE IE LONDRES. fie tous les inconvĂ©nients que font subir au bois les variations hygromĂ©triques de l’atmosphĂšre. Nous signalerons, comme derniĂšre tentative de M. Gautrot, la substitution au bois, pour les baguettes de tambour, du fer creux qui, Ă  la condition d’une plus grande Ă©lasticitĂ©, rĂ©unit celle d’une plus grande lĂ©gĂšretĂ©. Les autres facteurs français d’instruments en cuivre ne paraissent pas avoir apportĂ© d’innovation sĂ©rieuse dans leur fabrication ; mais nous croyons savoir de bonne source que le plus grand nombre de leurs produits ont donnĂ©, devant le jury, d’excellents rĂ©sultats connue qualitĂ© de sons. On en peut dire autant d’une certain nombre d’exposants Ă©trangers Ă  la France; mais on reconnaĂźt toujours les Allemands Ă  la lourdeur traditionnelle des formes qu’ils donnent Ă  leurs instruments, auxquels il manque Ă©galement le fini qui distingue les instruments français. L’Angleterre, au contraire, a fait beaucoup de progrĂšs, non au point de vue de l’exĂ©cution proprement dite, mais dans les dĂ©tails de fabrication. 11 est vrai que beaucoup de ses fabricants achĂštent encore au dehors, en Allemagne et surtout en France, la plupart des piĂšces dĂ©tachĂ©es, telles que cylindres, pistons, pavillons, etc. Un certain nombre commence Ă  fabriquer l’instrument complet. On cite parmi eux, pour la beautĂ© des sons et la bonne fabrication, MM. Distin, de Londres, et lligam de Manchester. INSTRUMENTS A ARCHET. Dans cette catĂ©gorie d’instruments, le progrĂšs, loin de consister Ă  faire du nouveau, donnant mieux que ce qui a Ă©tĂ© fait, se borne, au contraire, Ă  se rapprocher, le plus possible, des instruments fabriquĂ©s pendant une certaine pĂ©riode, presque tous dans une seule ville CrĂ©mone, par quelques artistes restĂ©s cĂ©lĂšbres entre tous, sous les noms d’Amati, de Stradivarius, de Guarnerius, de SteĂŻner, etc., etc. 11 faut bien le reconnaĂźtre, tous ces instruments possĂšdent, en gĂ©nĂ©ral, mais Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents, d’admirables qualitĂ©s de sons qui expliquent, jusqu’à un certain point, le culte que les artistes professent pour eux; culte qui, chez un certain nombre, 227 INSTRUMENTS DE MUSIQUE. va jusqu’à une espĂšce de fĂ©tichisme donnant souvent la prĂ©fĂ©rence Ă  une tache de vernis bien authentique, conservĂ©e par un instrument de qualitĂ© moindre, sur celui qui, mieux douĂ© comme qualitĂ© de son, n’aura pas un certificat d’origine aussi absolu. Depuis trente et quelques annĂ©es, M. Vuillaume, qui s’était d’abord livrĂ© Ă  l’étude attentive, non-seulement des formes extĂ©rieures, mais de toutes les parties de ccs instruments privilĂ©giĂ©s, est parvenu Ă  les imiter, soit comme apparences, soit comme qualitĂ© de son, de maniĂšre Ă  tromper les plus fins connaisseurs; et, comme les instruments originaux ne sont pas parvenus jusqu’à nous sans porter des traces, plus ou moins nombreuses, d’accidents de diverse nature, notamment d’écaillement du vernis et surtout de l’usure plus rĂ©guliĂšre de celui-ci dans les points frottĂ©s par le menton et les vĂȘtements ou par la main de l’artiste dans les dĂ©manchĂ©s, la plus grande partie du travail personnel de M. Vuillaume car il a jusqu’à prĂ©sent gardĂ© son Secret, a consistĂ© Ă  gĂąteries rĂ©sultats primitivement obtenus, en produisant volontairement l’usure et les Ă©caillements accidentels que prĂ©sentent les originaux. Ajoutons qu’aujourd’hui que sa rĂ©putation est complĂštement Ă©tablie, et qu’à peu prĂšs retirĂ© des affaires, il a considĂ©rablement rĂ©duit sa fabrication, on commence, avec raison, Ă  prĂ©fĂ©rer les instruments ayant l’apparence du neuf Ă  ceux qu’il n’aurait pu placer autrefois sans leur faire subir une vĂ©ritable mutilation. Son exposition consiste en un vĂ©ritable Stradivarius d’uue conservation parfaite, du prix de 15,000 francs, qu’accompagnent deux violons qui acceptent franchement la comparaison avec leur frĂšre aĂźnĂ©, et, disons-le, la supportent avec honneur. NommĂ© jurĂ©-supplĂ©ant, M. Vuillaume n’a pas concouru. Quant aux autres exposants de la mĂȘme catĂ©gorie, on comprend que nous n’avons pu que regarder leurs produits, ce qui ne suffit pas, dans le cas particulier, pour en faire une apprĂ©ciation Ă©quitable. Cependant, le hasard aidant, nous avons pu recueillir, sur le compte d’un certain nombre, des renseignements dont la vĂ©racitĂ© ne nous paraĂźt pas douteuse, et que nous allons communiquer Ă  nos lecteurs. Nous placerons au premier rang M. F. Vuillaume, frĂšre de ĂŻi s EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. celui dont nous venons de nous occuper, et qui depuis longues annĂ©es s’est acquis, Ă  Bruxelles, une rĂ©putation mĂ©ritĂ©e. M. Grirri, de Berlin, l’emporte sur tous les exposants d’Allemagne, par la bonne qualitĂ© des sons, la beautĂ© des formes et celle du vernis. Les instruments de M. Miremont, de Paris, sont d’une trĂšs- bonne fabrication et d’une trĂšs-belle apparence. La ville de Mirecourt est reprĂ©sentĂ©e par MM. Derazey, Grandjean, et la maison Husson, Buthod et Thibonville. Cette derniĂšre a exposĂ© une sĂ©rie de violons, depuis 3 francs jusqu’il 40 francs piĂšce, et des guitares de belle apparence, Ă  trĂšs-bon marchĂ©. Depuis vingt-cinq ans la fabrication de Mirecourt s’est singuliĂšrement perfectionnĂ©e. Cela tient essentiellement il une Ă©migration et Ă  un retour incessant de jeunes ouvriers dĂ©sireux de ne pas croupir dans la routine, et qui, stimulĂ©s par les progrĂšs de leurs camarades, vont dans les grandes villes acquĂ©rir ce qui leur manque. Ajoutons que bon nombre d’entre eux ont fait, chez M. Vuillaume, un sĂ©jour plus ou moins prolongĂ©, et sont retournĂ©s Ă  Mirecourt avec des connaissances et une habiletĂ© qui se propagent dans la population ouvriĂšre, et contribuent aux progrĂšs gĂ©nĂ©ral de cette industrie. MM. Lembacli, David Bittner et PƓtzel, de Vienne Autriche, ont fourni leur contingent en instruments de bonne qualitĂ©. La fabrique de Neukirken Saxe est reprĂ©sentĂ©e par les frĂšres Scliultz, qui ont exposĂ© une grande variĂ©tĂ© de violons ornĂ©s et historiĂ©s de tous prix, des guitares, des zithern surchargĂ©s de dessins de toute nature; et enfin des archets Ă©galement couverts d’ornements. Ce n’est pas lĂ  le progrĂšs tel que nous le comprenons; mais ce genre d’instruments rĂ©pond probablement au goĂ»t particulier de certaines populations; et nous n’avons garde de blĂąmer les industriels qui, satisfaisant Ă  ces besoins spĂ©ciaux, parviennent Ă  ce rĂ©sultat Ă  un bon marchĂ© incroyable. L’importante fabrication de Mittenwald ne s’est pas prĂ©sentĂ© e au concours. M. Ilill, de Londres, exposait un assortiment d’archets qui mĂ©ritent d’ĂȘtre citĂ©s comme bonne qualitĂ© et belle apparence. Le doyen probablement de cette industrie spĂ©ciale, au moins parmi ceux qui sont parvenus Ă  s’y faire une rĂ©putation, M. Dodd, INSTRUMENTS DE MUSIQUE. 220 de Londres, a prouvĂ© qu’il n’a pas, malgrĂ© son grand Ăąge, dĂ©mĂ©ritĂ© de celle qu’il s’est justement acquise, depuis longues annĂ©es. La bonne qualitĂ© des cordes est la condition essentielle, qui seule peut faire valoir les instruments dont nous nous occupons. Le meilleur instrument joue faux avec des cordes fausses; et, pendant des siĂšcles, Naples a joui du monopole presque absolu de cette fabrication, grĂące Ă  deux conditions essentielles La premiĂšre, c’est l’abondance des sources fraĂźches qui l'environnent, et qui permettent de prolonger la macĂ©ration des intestins de mouton, sans amener leur dĂ©composition putride; d’oĂč" rĂ©sulte l’enlĂšvement beaucoup plus complet des matiĂšres qui ne doivent pas entrer dans la composition de la corde. La seconde se rattache spĂ©cialement Ăą la confection des chanterelles qui s’y fabriquent, avec des intestins d’agneau. Elle consiste en ce qu’on laisse Ă  ces jeunes animaux le temps de grandir avant de les considĂ©rer fiscalement comme moutons; tandis qu ailleurs, et notamment en France, la Saint-Jean le 24 juin est l’époque fixĂ©e pour leur majoritĂ©; et qu’alors les boucliers, pour Ă©viter de payer des droits supĂ©rieurs, s’abstiennent de tuer les agneaux jusqu’à ce qu’ils soient devenus hygiĂ©niquement moutons. 'A Naples, c’est dans le mois de septembre et d'octobre qu’on fabrique le plus habituellement les chanterelles. Cependant, depuis I82G, Ă©poque Ă  laquelle M. Savaresse-Sara est parvenu, par un traitement particulier des intestins de moutons, Ă  prolonger leur macĂ©ration sans arriver Ă  la fermentation putride, procĂ©dĂ©s qui lui ont valu le prix proposĂ© par la SociĂ©tĂ© d’encouragernent, la fabrication des cordes pour instruments de musique, Ă  l’exception toutefois des chanterelles, a non-seulement pu rivaliser en France avec celles de Naples, mais mĂȘme la surpasser en qualitĂ© ; car ce n’est pas seulement au nettoyage plus parfait des intestins qu’est due la bonne qualitĂ© de ce genre de produits, mais c’est surtout aux soins apportĂ©s dans le tor- age de la corde, qui doit ĂȘtre parfaitement cylindrique d’un bout Ă  1 autre, ne prĂ©senter ni rendement, ni dĂ©pression, et avoir un poids Ă©gal p our toutes les portions de mĂȘme longueur. On sait en effet qu’à tension Ă©gale, une corde de matiĂšre quelconque aura des sons d’autant plus graves que la masse vibrante sera plus considĂ©rable, et rĂ©ciproquement. 230 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Or, si une corde de violon ou de basse prĂ©sente des portions plus pesantes les unes que les autres, il en rĂ©sulte nĂ©cessairement que les doigts de l’artiste qui la partagent en longueurs dĂ©terminĂ©es, laissent, dans la portion vibrante, tantĂŽt plus, tantĂŽt moins de matiĂšre qu’il n’en faut pour avoir un son juste. Si la corde va en s’etlilant rĂ©guliĂšrement, si elle forme un cĂŽne allongĂ©, elle n’aura pas ce qu’on dĂ©signe sous le nom de justesse du quinte. A vide, elle donnera la quinte juste avec ses voisines attaquĂ©es Ă©galement Ă  vide. Mais si les doigts de l’artiste la raccourcissent d’une mĂȘme quantitĂ© avec une ou plusieurs, les deux sons obtenus ne donneront plus la quinte, parce que la masse vibrante sera laissĂ©e trop considĂ©rable ou trop faible, selon que la base du cĂŽne sera tournĂ©e vers le chevalet ou vers le haut du manche. Tandis qu’à Naples on restait dans la routine ancienne des procĂ©dĂ©s primitifs, ceux de M. Savaresse-Sara, s’amĂ©liorant chaque jour, annulaient ou attĂ©nuaient considĂ©rablement les dĂ©fauts que nous venons de signaler, et faisaient une rude concurrence Ă  la fabrication napolitaine, qui, s’appuyant sur la rĂ©putation incontestĂ©e de ses chanterelles, se voua presque exclusivement Ă  leur fabrication Ă  toutes les Ă©poques de l’annĂ©e, avec tous les matĂ©riaux qui prĂ©cĂ©demment en Ă©taient complĂštement exclus. Ajoutons cependant que quelques maisons consciencieuses livrent encore aujourd’hui des chanterelles irrĂ©prochables. Parmi les exposants, nous croyons pouvoir placer en premiĂšre ligne M. II. Savaresse, de Grenelle, qui a notablement perfectionnĂ© les procĂ©dĂ©s de son oncle. Il parvient, par un choix judicieux des intestins, et par le mode spĂ©cial de leur prĂ©paration, Ă  fabriquer des chanterelles qui ne le cĂšdent en rien aux meilleures de celles que Naples fournit encore, malgrĂ© les difficultĂ©s de tous genres contre lesquelles les conditions locales, si favorables aux Napolitains, l’obligent constamment Ă  lutter. Nous regrettons vivement de ne pouvoir, dans cette courte notice, dĂ©crire les procĂ©dĂ©s aussi simples qu’efficaces au moyen desquels des intestins coniques donnent des cordes cylindriques et parfaitement homogĂšnes dans toute leur longueur, etc., etc. Nous nous bornerons Ă  dire que, depuis 1835, Ă©poque de sa fondation, l’importance de l’établissement de M. H. Savaresse s’est accrue au point de convertir annuellement, en cordes harmoniques, les issues de plus de 600,000 moutons, dont une partie lui arrive INSTRUMENTS DE MUSIQUE. 231 de trĂšs-loin, grĂące = 0 et w = 90°, c'est-Ă -dire pour p Ă©gal au petit axe et au grand axe, on a donc 1 e v cos. 9’ cos. 9 » — rn7-rZ Ceci compris, on voit qu’il suffira de placer une feuille de papier sur la table pour pratiquer une sĂ©rie de trous Ă  la place que l’on voudra , en faisant faire un tour au petit volant, et par suite, en faisant occuper successivement Ă  la feuille diverses positions d'aprĂšs des guides disposĂ©s sur la table, de faire semblablement, sur des sĂ©ries de teuilles, telles opĂ©rations de poinçonnage que l’on voudra. CLASSE 29. MATÉRIEL DS L’ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE, Par M. SAINT-EDME. Des trente-six classes dont se compose l’Exposition de Londres, celle qui attire le moins les regards des visiteurs, tout Ă  la fois Ă  cause de son apparence modeste et du peu d’abondance de ses produits, c'est la classe vingt-neuf, dont le titre officiel est MatĂ©riel de l’enseignement Ă©lĂ©mentaire. — A l’origine, le programme dĂ©taillĂ© de cette classe, arrĂȘtĂ© par les commissaires de S. M. la reine d’Angleterre, s’appliquait Ă  l’enseignement en gĂ©nĂ©ral, dont il embrassait tous les degrĂ©s ; cependant, dĂšs le dĂ©but de ses travaux, la commission française, pensa devoir rĂ©duire le sujet au point de vue purement Ă©lĂ©mentaire ; toutefois, pour laisser Ă  cette classe une latitude plus grande, la commission adopta pour elle la subdivision suivante 1° Moyens d’enseignements, livres et objets compris sous la dĂ©nomination gĂ©nĂ©rale de matĂ©riel classique ; 2° Travaux d’élĂšves obtenus Ă  l’aide de ces moyens. Quel but se proposait-on, en consacrant une classe entiĂšre Ă  l’enseignement, si ce n’est le suivant Ă©tablir un concours international dans lequel toutes les nations seraient appelĂ©es Ă  exposer leurs mĂ©thodes d’enseignement et les rĂ©sultats qu’elles en obtiennent? L’entreprise a-t-elle Ă©tĂ© couronnĂ©e de succĂšs ? De toutes les nations, trois seulement, la France, l’Angleterre, le Zollverein, ont rĂ©pondu Ă  l’appel qui leur Ă©tait fait ; les autres, ou n’ont pas compris le vrai sens de la question, ou n’ont pas voulu en tenir compte. Chacune des trois nations que nous venons de nommer possĂšde une [exposition spĂ©ciale consacrĂ©e au enseignement Ă©lĂ©mentaire. 277 matĂ©riel de l’enseignement ; ailleurs on rencontre çà et lĂ  des instruments, des livres qui ont trait Ă  l’éducation, mais qui ne composent nullement une exposition d'ensemble. De quel sentiment Ă©taient animĂ©s les membres de la commission française, en limitant le concours Ă  l’instruction Ă©lĂ©mentaire? Peut-ĂȘtre espĂ©raient-ils qu’il surgirait un remĂšde Ă  l’atonie dont se trouve trappĂ©e l’éducation primaire en France; il n’en a pas Ă©tĂ© ainsi. — Le point de dĂ©part de la civilisation d’un Etat repose sur la nĂ©cessitĂ©, pour chacun de ses membres, de savoir lire, Ă©crire et compter; ce n’est qu’à la condition qu’il possĂšde cette Ă©ducation obligatoire que l’homme est digne d’occuper son rang dans la sociĂ©tĂ©. Suffit-il pour atteindre ce but d’augmenter le nombre des instituteurs? En France, il est entiĂšrement suffisant ; la moindre commune possĂšde son Ă©cole primaire, Ă  cĂčtĂ© de laquelle existe le plus souvent une Ă©cole des frĂšres, souvent mĂȘme une ou plusieurs Ă©coles libres, selon le chiffre de la population. Le mal existe cependant et il est grave ; chaque annĂ©e en effet, Ă  l’époque du tirage au sort, on constate une nombreuse population masculine ne sachant ni lire ni Ă©crire ; nous ne parlons pas de la classe fĂ©minine, mais, au dire de personnes compĂ©tentes, le nombre des ignorantes absolues est encore plus considĂ©rable. En devrait-il ĂȘtre ainsi au sein d’une nation aussi versĂ©e dans les sciences que la France ! Le seul et unique remĂšde Ă  ce dĂ©plorable Ă©tat de choses est de dĂ©crĂ©ter cet enseignement primitif obligatoire; il est urgent de voter une loi rĂ©pressive contre les parents qui sont assez coupables envers leurs enfants pour les priver d’une instruction indispensable, que l’État donne Ă  tous gratuitement. De pareilles lois, trĂšs-sĂ©vĂšrement conçues, existent en Allemagne, en Prusse, dans la confĂ©dĂ©ration nommĂ©e Zollverein ; la France et l’Angleterre sont les seuls pays oĂč le nombre de personnes ignorantes des premiers Ă©lĂ©ments soit aussi considĂ©rable. VoilĂ  une des plus graves rĂ©flexions que doive inspirer, selon nous, la crĂ©ation Ă  l’Exposition universelle d’une classe relative 1 enseignement Ă©lĂ©mentaire. Longtemps livrĂ© Ă  la routine, l’enseignement de la lecture est devenu l’objet de sĂ©rieuses Ă©tudes ; des mĂ©thodes bien diverses ont Ă©tĂ© successivement proposĂ©es. Celles qui sont le plus en usage reposent sur la base synthĂ©tique la mĂ©thode d’épellation vul- 278 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- gaire, la mĂ©thode de Port-Royal, la mĂ©thode syllabique qui est adoptĂ©e dans la plupart des Ă©tablissements d’enseignement primaire ; cette derniĂšre consiste Ă  prĂ©senter aux enfants les syllabes toutes formĂ©es, dans des tableaux graduĂ©s, et alors Ă  leur faire lire la syllabe tout d’un jet, sans la dĂ©composer. Quelques maĂźtres ont recours Ă  la mĂ©thode analytique, qui consiste Ă  familiariser l’enfant avec des mots et Ă  les lui faire retrouver ensuite ; cette mĂ©thode fit un grand bruit sous le nom deM. Jacotot, qui l'a ressuscitĂ©e en 1790, mais elle n’a jamais Ă©tĂ© admise dans les Ă©coles primaires du gouvernement. A cĂŽtĂ© de ces diverses mĂ©thodes classiques vient se ranger le procĂ©dĂ© mĂ©canique de lecture et d’écriture. Celui qui a eu le plus de succĂšs jusqu’à prĂ©sent est dĂ» Ă  M. Fallempin, et fut honorĂ© d’une mention Ă  l’Exposition universelle de 1855. Rien de plus simple que cet enseignement mĂ©canique deux disques concentriques portent, l’un les lettres servant Ă  former les syllabes, l’autre les syllabes qui composent les mots. Le maĂźtre fait mouvoir les disques par derriĂšre, et les Ă©lĂšves voient apparaĂźtre dans de petites fenĂȘtres entaillĂ©es dans le tableau, qui cache les disques, la syllabe ou le mot qu’ils doivent apprendre Ă  Ă©peler, et cela, sans ĂȘtre distraits par la prĂ©sence des autres lettres. — M. Lallement, instituteur primaire, expose, cette annĂ©e, un appareil destinĂ© Ă  apprendre Ă  lire et Ă  Ă©crire ; il est encore plus simple les lettres sont Ă©crites sur des fiches de bois, et Ă  mesure que le maĂźtre les range sur un casier exposĂ© Ă  la vue des Ă©lĂšves, ceux-ci doiventexĂ©cuter le mĂȘme travail sur leur casier particulier ; on fait former ainsi successivement aux Ă©lĂšves les syllabes et les mots. A en juger par les livres de lecture qui existent dans l’Exposition anglaise, les mĂȘmes mĂ©thodes sont suivies dans les deux pays pour atteindre le mĂȘme but ; seulement nous n’avons aperçu aucun systĂšme mĂ©canique de lecture, ni d’écriture. Ce n’est pas un reproche, car nous sommes peu partisan de ces procĂ©dĂ©s, tout au plus bons Ă  employer avec des natures par trop dĂ©shĂ©ritĂ©es. L’enseignement de l’écriture atteint un trĂšs-haut degrĂ© de perfection dans les Ă©coles primaires ; il faut reconnaĂźtre que, sous ce rapport, les enfants qui les frĂ©quentent laissent bien, loin d’eux les Ă©lĂšves des Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur. D’excellentes mĂ©thodes sont mises en pratique pour tirer parti de cet instinct d’imitation qui est innĂ© chez l’enfant mĂ©thode de ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE. 279 pure imitation, de calque, mĂ©thode mĂ©canique, elles rĂ©ussissent toutes Ă  merveille dans les Ă©coles primaires ; aux distributions de prix certains cahiers exposĂ©s aux yeux du public sont de vraies Ɠuvres d’art dans ce genre. — L’éducation premiĂšre, que l’État doit rendre obligatoire, se borne Ă  la lecture, l’écriture, la connaissance des quatre rĂšgles du calcul ; mais l’éducation Ă©lĂ©mentaire que l’école primaire peut fournir aux enfants qui la frĂ©quentent s’élĂšve Ă  un degrĂ© plus Ă©levĂ©. Si une trop grande partie de la population des communes reste dans l’ignorance ou conserve son Ă©ducation excessivement bornĂ©e, il faut l’attribuer Ă  une honteuse aviditĂ© de la part des parents, qui ont hĂąte de recouvrer les frais que leur ont causĂ© leurs enfants, et qui cherchent Ă  les utiliser dĂšs qu’ils leur jugent la force de travailler manuellement; c’est alors que le maĂźtre d’école pourrait intervenir et plaider la cause de l’instruction. Mais, pour peser sur la volontĂ© de ces natures si difficiles Ă  persuader, pour les amener Ă  comprendre que leur intĂ©rĂȘt mĂȘme, si ce n’est leur devoir de parents, exige le dĂ©veloppement de l’intelligence chez leurs enfants , il faudrait que les habitants de la commune eussent de la considĂ©ration, du respect pour l’instituteur. Or, surtout dans la campagne, la considĂ©ration se mesure Ă  la position linanciĂšre, et celle de l'instituteur est bien humble en France. GrĂące aux nobles ministre actuel de l’instruction publique, le traitement de tous les instituteurs primaires comptant cinq annĂ©es de service, vient d’ĂȘtre Ă©levĂ© Ă  700 francs. Le vingtiĂšme de ceux qui comptent de dix Ă  quinze annĂ©es d’activitĂ© recevront une indemnitĂ© qui portera leur traitement Ă  800 et 900 francs. L’élĂ©vation du traitement courra Ă  dater du 1" janvier 1863. 100 000 francs sont rĂ©partis entre les institutions comptant moins de 400 francs de traitement. 60 500 francs sont destinĂ©s Ă  des secours Ă  donner aux instituteurs que les infirmitĂ©s ou l’ñge Ă©loignent du service. ment' S ^ 116 sera t F as ^° ^ stac ^ c > s * l’instituteur pouvait haute- men donner ses avis sans craindre de perdre les ressources pĂ©- ^? aiaires d’oĂč dĂ©pend l’existence journaliĂšre de sa famille; le mal c °nsiste dans la dĂ©pendance sous laquelle il se trouve par rapport au maire, dont il est le secrĂ©taire, et au curĂ©, dont il es requemnient le servant Ă  l’église. Il serait de la plus grande 280 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. nĂ©cessitĂ©, dans l’intĂ©rĂȘt de l’enseignement primaire, de faire en sorte que l’instituteur trouvĂąt, dans son Ă©cole, une subvention suffisante Ă  son existence, et qu’une loi s’opposĂąt Ă  cette servitude intĂ©ressĂ©e dans laquelle se trouve l’instituteur auprĂšs de ces deux autoritĂ©s locales. A cette condition, les services que l’instituteur rendra Ă  l’enseignement, s’accroĂźtront en raison mĂȘme de l’influence morale dont il jouira. La France, l’Angleterre, et le Zollverein, avons-nous dit, sont les seules nations qui aient une exposition spĂ©ciale destinĂ©e au matĂ©riel de l’enseignement; pour les autres, il faut parcourir l’Exposition pour rencontrer ce qui a trait Ăą la question. Nous devons dire, que dans la salle que l’Angleterre consacre de nom au matĂ©riel de l’éducation, nous avons remarquĂ© une collection de jouets bien pi us riche que celle des objets relatifs Ă  l’éducation ces jeux sont du reste trĂšs-beaux, la plupart en ivoire, et conditionnĂ©s avec tout le confortable anglais; on remarque que les jeunes Anglais sont Ă©pris des jeux de billard; il y en a de toutes sortes, et tous portent des noms Ă©minemment belliqueux Game of t/Ɠ Amstrong gun, Game of ivar... Les machines Ă  calculer ont en Angleterre la mĂȘme vogue qu’en France. Notre opinion Ăč cet Ă©gard est qu’il y a intĂ©rĂȘt, pour renseignement du calcul, Ăą suivre 1a vieille mĂ©thode qui consiste Ă  faire compter les enfants au tableau devant leurs camarades qui suivent Ăč la plume sur leur cahier. Nous avons vu beaucoup d’appareils mĂ©caniques destinĂ©s Ă  exĂ©cuter rapidement les calculs dans les bureaux, les administrations. L’instrument qui nous a paru le plus perfectionnĂ© dans ce genre, est l’arithmomĂštre de M. Thomas, de Colmar, dĂ©jĂ  honorĂ© d’une mention Ă  l’Exposition de 1855. L’auteur dit, dans sa note, qu’à l’aide de son instrument on fait une multiplication de 2 nombres, de 8 chiffres chaque, en 18 secondes, la division d’un nombre de 16 chiffres par un nombre de 8 chiffres en 24 secondes ; une minute suffit pour l’extraction de la racine carrĂ©e d’un nombre de 16 chiffres. Cet instrument a en outre- l’avantage d’une grande modicitĂ© de prix. L’enseignement Ă©lĂ©mentaire s’élĂšve Ă  un degrĂ© plus Ă©levĂ© que l’enseignement primaire ce dernier, nous l’avons dĂ©jĂ  dit, se borne Ă  la lecture, l’écriture, l’orthographe usuelle, le calcul. . Mais l’enseignement Ă©lĂ©mentaire comporte de plus l’arithmĂ©- 281 ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE. tique commerciale, les Ă©lĂ©ments de gĂ©omĂ©trie, de mathĂ©matiques appliquĂ©es, le dessin, des notions d’astronomie, de physique, de chimie et mĂȘme de botanique rurale. Des Ă©tablissements de l’État, trĂšs-renommĂ©s sous le nom d’écoles d’arts et mĂ©tiers, ont pour but de donner aux jeunes gens qui se destinent Ă  l’industrie en gĂ©nĂ©ral, aux chemins de fer, au service des bateaux Ă  vapeur, etc., l’instruction nĂ©cessaire pour en faire des contre-maĂźtres, des dessinateurs, des ouvriers instruits. Ces Ă©coles, au nombre de trois 1 , possĂšdent chacune 300 Ă©lĂšves. Les Ă©tudes ont une durĂ©e de trois ans; elles se divisent en instruction thĂ©orique et en instruction pratique l’instruction thĂ©orique prend S heures de la journĂ©e de travail ; son programme se compose de ArithmĂ©tique; AlgĂšbre jusqu’au deuxiĂšme degrĂ© inclusivement; GĂ©omĂ©trie; TrigonomĂ©trie rectiligne; ÉlĂ©ments de gĂ©omĂ©trie descriptive; MĂ©canique gĂ©omĂ©trique et industrielle; ÉlĂ©ments de physique et de chimie. Le dessin est rĂ©parti entre les trois annĂ©es d’études, de mĂȘme l’enseignement du français, de l’histoire, de la gĂ©ographie et de la comptabilitĂ©. * L’instruction pratique occupe 7 heures de la journĂ©e et se donne dans quatre ateliers ; Les tours Ă  modĂšles travail du bois ; La fonderie; Les forges ; L’ajustage ce dernier reçoit Ă  lui seul les 3/4 des Ă©lĂšves. La commission pour l’Exposition de Londres section de l’instruction, a demandĂ© au ministre que les Ă©coles d’agriculture et d'arts et mĂ©tiers envoyassent Ă  l’Exposition les livres et autres documents relatifs Ă  l’instruction. — Les Ă©coles d’Aix, Angers et ChĂ lons ont donc envoyĂ© Ă  l’Exposition, d’une part, les livres, documents, etc., capables de mettre en relief le mode d’enseignement qui i eur es t propre; d’autre part, des dessins, spĂ©cimens 1. Aix. — Angers. — ChĂąlons. 282 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. divers de croquis, calligraphie, plans, etc., dus aux Ă©lĂšves; on a pu regretter de n’y pas voir figurer quelques piĂšces de machines exĂ©cutĂ©s par ceux-ci. Le nombre de cĂ©s Ă©tablissements spĂ©ciaux n’est pas suffisant; il faudrait que l’enfant qui a suivi l’école primaire pĂ»t s’instruire aux mĂȘmes conditions dans un Ă©tablissement remplissant le programme que nous venons d'indiquer; il en rĂ©sulterait un avantage Ă  la fois matĂ©riel et moral considĂ©rable aujourd’hui, un jeune homme douĂ© d’une certaine instruction quitte les travaux agricoles pour la fabrique et l’industrie ; l’éducation d’un ordre plus Ă©levĂ© se vulgarisant dans les campagnes, le nombre d’agriculteurs instruits augmentera forcĂ©ment, et l’exception sera bientĂŽt du cĂŽtĂ© des ignorants; alors on ne croira plus dĂ©choir en se livrant aux travaux des champs; les campagnes se repeupleront, et l’on sait combien en France il reste de territoire vierge Ă  dĂ©fricher. Le matĂ©riel d’éducation que l’on rencontre Ă  l’Exposition convient surtout Ă  l’enseignement professionnel; il y a une quantitĂ© de modĂšles en bois, en tĂŽle, etc., pour l’enseignement pratique de la gĂ©omĂ©trie; c’est dans l’exposition du Zollverein que nous avons rencontrĂ© ce qu’il y a de plus parfait dans ce genre; lĂ  aussi, nous avons vu une collection remarquable d’appareils destinĂ©s Ă  l’enseignement pratique de la mĂ©canique. L’enseignement pratique de l’histoire naturelle s’est Ă©levĂ© Ă  un degrĂ© de perfection remarquable. Dans la section française, l’exposition de l’Institut normal agricole de Beauvais est des plu attachantes; elle se compose d’une collection des insectes nuisibles aux abeilles et aux animaux agricoles; une sĂ©rie de papillons nuisibles Ă  la culture des champs; l’histoire de l’ailante, acclimatĂ©e en France par M. GuĂ©rin, s’y trouve complĂšte depuis le cocon jusqu’à l’étoilĂ© nommĂ©e ailantine. Dans une mĂȘme sĂ©rie sont rĂ©unis les principaux insectes nuisibles aux cĂ©rĂ©ales, et les Ɠufs de tous les oiseaux destructeurs de ces insectes. Cette exposition nous paraĂźt surtout remarquable en ce qu’elle rĂ©alise la mĂ©thode d’enseignement qui convient aux Ă©coles professionnelles. Comme curiositĂ© du mĂȘme genre, nous devons citer dans l’exposition prussienne, une collection de chenilles Ă©vidĂ©es et remplies de bourre, sans que la peau ait souffert la moindre dĂ©formation ; chaque animal est placĂ© sur la feuille qui sert Ă  sa nourriture. 283 ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE. Les spĂ©cimens de M. le D r Auzoux pour l’enseignement de l’anatomie sont Ă©minemment remarquables; ces modĂšles reprĂ©sentent les parties Ă©corchĂ©es, sur lesquelles les veines, les artĂšres, indiquĂ©es en couleur rouge, sont d’une vĂ©ritĂ© Ă©tonnante; chaque modĂšle est, de plus, de grandeur naturelle. M. Auzoux a suivi la mĂȘme mĂ©thode quant Ă  l’enseignement de la botanique; il prĂ©sente des spĂ©cimens en mĂȘme matiĂšre pour l’anatomie de la tige, de la feuille, de la fleur et du fruit. L’Exposition abonde aussi en spĂ©cimens de minĂ©ralogie c’est dans le Zollverein que l’on voit l’Ɠuvre la plus remarquable en ce genre c’est une collection de modĂšles de cristaux Ă  faces de verre, dans l’intĂ©rieur desquels sont les cristaux dĂ©rivĂ©s, exĂ©cutĂ©s en carton, oĂč les axes de cristallisation sont dĂ©signĂ©s par des fds. La photographie a trouvĂ© une nouvelle application dans le matĂ©riel de l’enseignement. La dĂ©monstration des thĂ©orĂšmes de gĂ©omĂ©trie dans l’espace est toujours trĂšs-difficile Ă  saisir par les Ă©lĂšves, parce qu’ils ne peuvent se reprĂ©senter la forme et comprendre la constitution du solide dont on leur parle; roontrez-leur prĂ©alablement les figures dont vous leur parlez, dans un stĂ©rĂ©oscope, ils saisiront de suite la maniĂšre d’ĂȘtre de la ligure en question, et la dĂ©monstration au tableau deviendra bien plus claire pour eux. L’enseignement du dessin est aussi susceptible de recevoir un grand secours de la photographie cet art permet la vulgarisation des modĂšles de maĂźtres dans les Ă©coles le professeur peut dresser lui-mĂȘme un carton de dessins et les rĂ©pandre dans les mains de ses Ă©lĂšves A l’état de photographies. L’art de la construction a fait des progrĂšs immenses depuis quelques annĂ©es, surtout sous le rapport de l’économie; aussi u’avons-nous Ă©tĂ© nullement surpris en voyant cette quantitĂ© de Projets de maisons d’école qui tapissent les murs de l’Exposition. e t remplissent des cartons tout entiers. Aujourd’hui, pour une somme minime, une commune peut se donner une maison-Ă©cole parfaitement disposĂ©e, avec logement convenable pour le maĂźtre ecole, et susceptible de recevoir un grand nombre d’enfants dans des conditions sanitaires excellentes. Cependant il y a, surtout au centre et au midi de la France, nombre de communes qui ne peuvent absolument pas remplacer, par une de ces constructions Ă©conomiques, leur Ă©cole, dans laquelle les enfants 284 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. passent des journĂ©es entiĂšres dans des conditions sanitaires dĂ©plorables ; n’y aurait-il pas lieu de chercher un remĂšde financier Ă  cet Ă©tat des choses, aujourd’hui surtout que les travaux de construction sont entrepris sur une si grande Ă©chelle 1 ? Il y a beaucoup de livres l’Exposition, et surtout de bons ouvrages nos principaux Ă©diteurs ont tenu Ă  exposer les Ɠuvres les plus utiles Ă  l’enseignement qu’ils ont produites durant ces derniĂšres aimĂ©es; MM. Desobry, Delalain, Lahure, P. Dupont, Charpentier, Hetzel,... s’y sont donnĂ© rendez-vous. Ce sujet nous amĂšne naturellement Ă  parler en faveur de la crĂ©ation des bibliothĂšques communales. Le but essentiel de ces utiles etablissements est de prĂȘter gratuitement aux ouvriers et aux habitants des campagnes des livres moraux et instructifs, dans le double but d’étendre leur instruction et d’occuper des loisirs qu’ils n’emploieraient plus d’une maniĂšre nuisible Ă  leur santĂ© et Ă  l’intĂ©rĂȘt de la famille. L’État a vivement encouragĂ© cette institution, il l’a mĂȘme protĂ©gĂ©e de son autoritĂ©, et nous voyons avec plaisir ces bibliothĂšques prospĂ©rer rapidement dans la ville de Paris et les communes environnantes. Les dotations en livres coĂ»tent peu, surtout aux libraires et Ă©diteurs ce sont eux surtout qui peuvent contribuer il la. prospĂ©ritĂ© de ces Ă©tablissements. La musique contribue beaucoup Ă  la moralisation des nations, c’est un fait reconnu et prouvĂ© ; aussi ne saurait-on inspirer trop tĂ»t le goĂ»t musical aux enfants dans les Ă©coles; l’artisan a gĂ©nĂ©ralement une sorte de passion pour la musique vocale, et il la cultive avec succĂšs, les sociĂ©tĂ©s chorales en sont la preuve 1 j plus frappante. La mĂ©thode la plus rĂ©pandue et qui a donnĂ© les meilleurs rĂ©sultats pour l’enseignement de la musique vocale est sans contredit celle de MM. Paris et ChevĂ©; il y a longten. ;>s que cette mĂ©thode est populaire en France ; ce fut M. Galin qui crĂ©a l’écriture rhythmique, il consigna le rĂ©sultat de toutes ses recherches dans un ouvrage spĂ©cial, mais il mourut Ă  35 ans, avant d’avoir terminĂ© ses travaux. M. Paris et le docteur ChevĂ© se sont efforcĂ©s de mettre Ăč la 1. Une dĂ©cision ministĂ©rielle vient d’attribuer la somme de 540 000 francs Ăč la construction de maisons-Ă©coles dans les communes pauvres qui ne pouvaient, mĂȘme pour partie, contribuer Ă  la dĂ©pense de ces crĂ©ations. ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE. 285 portĂ©e de tous ce que M. Galin avait Ă©crit pour les maĂźtres seulement. M. ChevĂ© fait depuis 1849 un cours public et gratuit de musique vocale, dans le grand amphithéùtre de l’École de mĂ©decine. Quelques mois aprĂšs l’ouverture de son cours, les Ă©lĂšves de M. ChevĂ© commençaient Ă  donner des concerts gratuits. La mĂ©thode ChevĂ© ne tarda pas Ă  fixer l’attention des autoritĂ©s musicales les mieux reconnues, et il s’érigea spontanĂ©ment un comitĂ© de patronage de l'Ă©cole ChevĂ©. Ce comitĂ© est maintenant composĂ© comme il suit PrĂ©sident M. le comte de Morny; vice- prĂ©sidents Rossini, le prince Poniatowski; membres MM. Aguado, EĂ©licien David, Dubois, Gevaert, LefĂ©bure-WĂ©ly, Offenbach. L’école Galin-Paris-ChevĂ© se propose principalement de vulgariser la lecture de la musique vocale. Cette Ă©cole est reprĂ©sentĂ©e Ă  l’Exposition par un instrument qui, nous l’espĂ©rons, sera adoptĂ© par l’enseignement, c’est l’ƒdipe musical, inventĂ© par M. Paris. Cet instrument est destinĂ© Ă  rĂ©soudre, avec la plus grande rapiditĂ©, aussitĂŽt qu'on lui a confiĂ© la donnĂ©e mĂ©lodique, le problĂšme difficile et multiple dont voici l’énoncĂ© 1° Distinction immĂ©diate et sĂ»re de tout genre d’intervalle, ou majeur ou mineur, en un ton quelconque de la musique sur portĂ©e ; 2° Grouper tous les intervalles du mĂȘme nom en tous les tons. 3° Former et prĂ©senter sous un coup d’Ɠil synoptique la gamme majeure ou la gamme mineure dans tous les tons. 4° Enfin transporter une mĂ©lodie dans tous les tons ou dans l n tou dĂ©terminĂ©. L’enseignement de la musique vocale dans les Ă©coles est aussi en usage en Angleterre; mais, tandis qu’en France l’instrument accompagnateur est l’orgue ou l’harmonium, on fait usage chez nos voisins d’un instrument Ă  lames vibrantes sur lequel on joue ^ l’aide d’un marteau ; les Psaumes sont les morceaux de musique ^ es plus usitĂ©s. Dans la Belgique, l’Allemagne, la musique est cultivĂ©e avec passion, la moindre commune a sa sociĂ©tĂ© musi- ca le, instrumentale et vocale; chaque Ă©tablissement d’éducation est montĂ© avant tout au point de vue de l’enseignement musical. 286 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. L’industrieet lecommerces’étendent en raison du progrĂšs des sciences, Ă  mesure aussi les peuples tendent Ă  fraterniser, Ă  ne former qu’une seule et mĂŽme famille; une barriĂšre lesrsĂ©pare de ce but suprĂȘme, c’est la variĂ©tĂ© des langues. Cet obstacle est-il invincible, l’homme sera-t-il toujours un Ă©tranger sur la terre alors qu’il aura franchi les frontiĂšres de sa nationalitĂ©? Nous ne tombons pas dans la folle erreur dont s’étaient bercĂ©s ces utopistes qui proposaient d’instituer une langue universelle; mais nous avons Ă  soutenir une idĂ©e d’autant plus vraie qu’elle est Ăč la fois simple de thĂ©orie et Ă©minemment pratique, celle de l’éducation internationale. M. Barbier, puis M. Rendu, inspecteur gĂ©nĂ©ral de l’UniversitĂ©, ont profitĂ© de l’occasion que leur prĂ©sentait l’Exposition pour faire connaĂźtre une idĂ©e qu’ils nourrissaient chacun en particulier, celle de fonder quatre collĂšges internationaux en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, partant de ce principe qu’une personne pouvant parler ces quatre langues ne serait Ă©trangĂšre en aucune partie du globe. Ce projet de fondation de collĂšges internationaux a reçu l’approbation de personnages influents de ces nations, et M. Barbier, qui s’est constituĂ© l’apĂŽtre de son idĂ©e, a Ă©tĂ© surtout favorablement Ă©coutĂ© du gouvernement français. Loin de se confier exclusivement Ă  ses seules lumiĂšres, M. Barbiervoulut faire appel aux conseils des personnes compĂ©tentes de tous les pays, qui voudraient faire une Ă©tude sĂ©rieuse de la question qu’il venait de soulever. Dans ce but, il ouvrit un concours auquel les diffĂ©rentes nationalitĂ©s furent admises, et il fonda gĂ©nĂ©reusement quatre prix 1 u 2 000 fr.; 2° 1 500 fr.; 3° 1 000 fr.; 4° 500 fr., pour rĂ©compenser de leur travail les auteurs des MĂ©moires les plus satisfaisants. Une commission internationale fut convoquĂ©e, Ă  l’effet dĂ©juger ces MĂ©moires, et aprĂšs sa constitution la commission impĂ©riale accepta le programme que lui soumit M. Barbier, et dĂ©clara le concours ouvert par dĂ©cision insĂ©rĂ©e au Moniteur du 30 dĂ©cembre 1861; le concours a Ă©tĂ© fermĂ© le 30 juin 1862, et 227 projets ont Ă©tĂ© remis; le travail de la commission touche Ă  sa lin, nous sommes bien impatient de connaĂźtre les rĂ©sultats qui ressortiront de ses travaux. Voici maintenant l’exposĂ© du projet conçu par M. Barbier ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE. 287 Sa combinaison repose sur la fondation d’un collĂšge international, sous la protection commune des quatre puissances coopĂ©rantes; quatre Ă©tablissements existeraient en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie. On y rĂ©unirait les enfants depuis dix ans jusqu'Ă  dix-huit ans; ils seraient rĂ©partis en nombre Ă©gal dans chacun des Ă©tablissements; les Ă©tudes, la discipline seraient soumises Ă  un programme unique, rĂ©sumant les rĂšgles et les mĂ©thodes les plus parfaites de chaque pays. Partout l'enseignement serait le mĂŽme, de telle sorte que l’enfant sortant d’une classe en France trouvĂąt dans la classe supĂ©rieure d’un autre collĂšge, quel qu’il fĂ»t, la suite des Ă©tudes commencĂ©es. Ala tin de chaque annĂ©e, un concours serait ouvert dans chaque classe entre les quatre Ă©tablissements. L’enfant, entrĂ© Ă  dix ans au collĂšge international, serait envoyĂ© chaque annĂ©e d’un Ă©tablissement dans un autre, et quand il aurait successivement passĂ©, dans chaque pays, une annĂ©e dans les classes infĂ©rieures, il recommencerait la mĂȘme rotation dans les classes supĂ©rieures, de maniĂšre que, ses Ă©tudes finies Ă  l’ñge de dix-huit ans, il aurait vĂ©cu deux ans dans chaque pays. Certes il faut s’attendre Ă  nombre de difficultĂ©s pratiques; c’est dans le but d’amoindrir ou d’anĂ©antir les plus graves que le concours a Ă©tĂ© ouvert. Le projet conçu par M. Barbier occupe spĂ©cialement les esprits en Angleterre, la presse anglaise lui est favorable ; espĂ©rons qu’un commun accord permettra d’essayer si cette idĂ©e est une grandiose utopie ou un progrĂšs rĂ©alisable. L’enseignement des aveugles et des sourds-muets n’a pas Ă©tĂ© oubliĂ© Ă  l’Exposition. La seule mĂ©thode que nous ayons remarquĂ©e est celle de M. L. Foucault, dĂ©jĂ  honorĂ© d’une mĂ©daille en 1855. M. L. Foucault, qui est uu aveugle-nĂ©, a fait en sorte qu’un aveugle puisse Ă©crire pour un voyant et pour un aveugle, qui peut corriger lui-mĂȘme ce qu’il a Ă©crit. Il expose, en tĂȘte de s °n ouvrage, les raisons qui ont dĂ©terminĂ© son travail L’ius- Utution des aveugles apprend Ă  lire et Ă  Ă©crire aux aveugles-nĂ©s, nia s la lecture s’apprend dans des livres eu relief, de sorte que, sorti de l’institution, l’aveugle retombe dans le dĂ©sert, il n’a plus delivres; quant Ă  l’écriture, il l’oublie presque de suite, l’or- gane du toucher dĂ©veloppĂ© Ă  l’institution perdant trĂšs-vite sa sensibilitĂ©. » C’est sur le pointĂ© que repose la mĂ©thode de M. Foucault; il 288 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. a construit une mĂ©canique Ă  Ă©crire avec laquelle on peut Ă  volontĂ© ou piquer le papier seulement, ou le noircir en mĂȘme temps. On a cherchĂ© aussi Ă  donner aux sourds-muets une Ă©ducation particuliĂšre qui leur permĂźt de supplĂ©er aux organes qui leur manquent. DĂšs le seiziĂšme siĂšcle, le bĂ©nĂ©dictin Pedro de Ponce, en Espagne, le ministre W. HĂŽlder, en Angleterre, essayaient d'instruire quelques jeunes sourds-muets ; mais ceux dont les efforts eurent le plus de succĂšs furent sans contredit le cĂ©lĂšbre abbĂ© de l’ÉpĂ©e, qui inventa l’alphabet manuel et fonda, Ă  ses frais, l’Institut des sourds-muets, et l’abbĂ© Sicard, son successeur, qui contribua beaucoup Ă  rendre son Ɠuvre populaire. Plusieurs mĂ©thodes bien diffĂ©rentes ont Ă©tĂ© employĂ©es pour l’instruction des sourds-muets. On se borna d’abord Ă  dĂ©velopper chez eux le langage naturel d'action et Ă  en faire d’excellents mimes que tout le monde put comprendre, puis ou crĂ©a pour eux un alphabet manuel purement conventionnel, reprĂ©sentant chaque lettre par un signe particulier, c’est l’Ɠuvre de l’abbĂ© de l’ÉpĂ©e. On est enfin parvenu Ă  leur faire comprendre la parole d’aprĂšs le seul mouvement des lĂšvres, Ă  leur faire articuler des sons, Ă  les faire parler enfin, sans qu’ils s’entendent eux- mĂȘmes; ce dernier procĂ©dĂ© est appliquĂ© aujourd’hui avec succĂšs par M. Dubois. En rĂ©sumĂ©, la crĂ©ation Ă  l’Exposition universelle de 1862 d’une classe spĂ©cialement affectĂ©e Ă  l’enseignement, nous paraĂźt devoir ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un fait capital, non pas principalement quant au perfectionnement qui peut en rĂ©sulter pour le matĂ©riel classique, mais surtout quant aux importantes questions qui se rĂ©vĂšlent d’elles-mĂȘmes Ă  cette occasion. C’est le moment que doivent saisir les hommes Ă©clairĂ©s sur le grave sujet de l’éducation, pour prendre la parole et indiquer avec nettetĂ© et fermetĂ© les besoins de l’enseignement, et surtout pour formuler les rĂ©formes importantes que a rĂ©clame l’état de souffrance de l’enseignement primaire. Caris. — Imprimerie BOUItDIER et C“, rue Mazarine, so. EXAMEN COMPARATIF DES EXPOSITIONS des diffĂ©rents peuples, suite. Par M. H. TRESCA. Belgique. — L’industrie de la Belgique ressemble, tout Ă  la tois, Ă  celles de l’Angleterre et de la France; plus active que la nĂŽtre, dans tout ce qui touche Ă  l’exploitation de ses mines nombreuses, elle s’en rapproche beaucoup dans l’organisation de ses fabriques de tissus. La population laborieuse de ce pays, qui ne compte pas moins de cinq millions d’habitants, Ă©tait reprĂ©sentĂ©e Ă  l’Exposition par plus de sept cents numĂ©ros proportionnellement aux populations des deux pays, c’est une fois et demie autant que la France. Beaucoup de produits minĂ©raux, une agriculture de bon aloi, des machines en assez grand nombre, des produits manufacturĂ©s de grande consommation, trĂšs-peu de recherche artistique dans la plupart de ces produits, voilĂ , d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le caractĂšre de l’Exposition belge dans laquelle nous aurons Ă  signaler, de loin en loin, quelques dĂ©tails d’un grand intĂ©rĂȘt. Le gouvernement belge a profitĂ© du concours actuel pour faire connaĂźtre toutes ses richesses minĂ©rales ; il y a mis une s °rte de coquetterie, et la collection des roches constitutives et des produits minĂ©raux de son sol, recueillis parM. Scherpen- zee L de LiĂšge, constitue, Ă  elle seule, un vrai musĂ©e pratique de f°utes les industries qui s’y rattachent. Les Ă©chantillons, au nombre de douze cents, ont Ă©tĂ© classĂ©s suivant la mĂ©thode du professeur Dumont, et des notices des plus instructives accompagnent les produits principaux. C’est ainsi que nous apprenons C[u’en 1860 la Belgique a extrait 10 000 000 dĂ©tonnes de combustible minĂ©ral, reprĂ©sentant une valeur de 107 000 000 de fr. ; III. , 19 -2!>0 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- ces chiffres indiqueraient un prix moyen de par tonne, en y comprenant toutes les qualitĂ©s et grosseurs. Les minerais de 1er oxydĂ© se prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement dans les terrains carbonifĂšres, tantĂŽt en vĂ©ritables couches et en contact des divers Ă©tages de ce terrain, tantĂŽt sous forme de dĂ©pĂŽts dans les dĂ©pressions et les crevasses des roches. Sans ĂȘtre de trĂšs- bonne qualitĂ©, ils fournissent gĂ©nĂ©ralement des fontes et des fers applicables Ă  la plupart des emplois industriels; exploitĂ©s sur douze cents points diffĂ©rents, ils ne produisent pas moins de 561 000 tonnes de minerai lavĂ©. Les mines de zinc, les carriĂšres de marbres rouges et noirs, les pavĂ©s, les pierres Ă  aiguiser, et, dans une bien moindre proportion, les pierres Ă  meules complĂštent ces immenses richesses miniĂšres. Parmi les produits agricoles, le houblon, le lin et le tabac occupent une grande place, et l’on y remarque un blĂ© dit pluie d’or, qui, semĂ© seulement au commencement de juillet, vient Ă  maturitĂ© avant la fin d’octobre. MalgrĂ© le vin mousseux de M. Patron Joly de Huy, dans la province de LiĂšge, la Belgique continuera Ă  ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un bon pays de consommation, mais non de production vinicole. Nous voyons, dans les produits de la classe 4, que l’industrie du dĂ©filochage se tient Ă  la hauteur du dĂ©veloppement de celle de la draperie, dont elle paraĂźt former maintenant une annexe de plus en plus essentielle. Dans les classes o et 6 nous remarquerons le wagon d’étĂ© de la compagnie gĂ©nĂ©rale du matĂ©riel des chemins de fer, la fabrication des rails en acier puddĂ©, et la carrosserie parfaitement exĂ©cutĂ©e de MM. Jones frĂšres, de Bruxelles. Le wagon d’étĂ© se compose d’une plate-forme couverte, donnant accĂšs Ă  deux salons, trĂšs-confortablement mais trĂšs-simplement dĂ©corĂ©s. Ce mode de construction devrait bien ĂȘtre introduit chez nous. Les machines sont en gĂ©nĂ©ral d’une construction courante, mais non point irrĂ©prochable, si ce n’est peut-ĂȘtre en ce qui concerne les machines des arts textiles, parmi lesquelles on doit signaler les assortiments pour la filature de la laine de MM. llou- get et Teston; les tondeuses de MM. Neubartli et Longtain, et la machine Ă  teiller, tout Ă  fait pratique, de M. Mertens. Deux belles machines Ă  papier; un lavage de minerai, systĂšme EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 291 BĂ©rard; une machine soufflante, systĂšme Fossey, Ă  distribution rotative, plus ingĂ©nieuse que pratique ; le dessin d’un ventilateur, de Guibal, devant expulser 100 mĂštres cubes par seconde, avec une dĂ©pression de 40 Ă  100 millimĂštres d’eau, forment un ensemble trĂšs-remarquable. Une machine Ă  agglomĂ©rer, de M. Dehaynin, produisant par an 180 000 tonnes, est bien faite pour dĂ©montrer l’importance qui s’attache, dĂšs maintenant, Ă  l’utilisation des dĂ©bris de houille. Enfin, le fait le plus considĂ©rable de l’exposition belge, sinon le plus apparent, est celui qui est reprĂ©sentĂ©, bien Ă  l’écart, par le modĂšle de cuvelage de M. Chaudron. Au moyen de garnitures de mousse qui suffisent Ă  rendre momentanĂ©ment Ă©tanches tous les joints, M. Chaudron est parvenu Ă  faire traverser, Ă  son cuvelage en tĂŽle, des nappes aquifĂšres de grande hauteur cet appareil sera dĂ©crit avec soin en traitant des machines de la classe 1 re . Nous ne trouvons ensuite, jusqu’à la classe 16, que les chro- noscopes de M. Gloesener, et la fabrication des armes de LiĂšge, parmi les objets qui contribuent Ă  l’éclat de l’Exposition. Remarquons que nos armes Lefaucheux y sont en assez grand honneur pour que quatre des exposants, au moins, se livrent presque exclusivement Ă  la confection de cette invention française. Il y a sans doute plus d’originalitĂ©, mais moins d’utilitĂ© peut-ĂȘtre dans une brouette, se transformant en lit de camp, tente, nacelle ou pont, Ă  volontĂ©. Il semblerait qu’aprĂšs de pareils chefs- d’Ɠuvre la guerre ne doive plus prĂ©senter aucune fatigue. Dans la section des produits manufacturĂ©s, la Belgique est trĂšs, bien reprĂ©sentĂ©e par une multitude d’articles de fabrication courte, particuliĂšrement pour ses tissus et ses fers ouvrĂ©s. L’industrie du coton 44 exposants, celle du lin et du clian- Vre 85, n’ont pas cependant l’importance de ses fabriques de lainage 92, qui, Ă Verviers seulement produisent annuellement ^00 000 piĂšces de tissus, particuliĂšrement des draps de bonne ffialitĂ©. Il y a peu de soieries, Ă  peine quelques expositions de a Ps, parmi lesquelles cependant celle de la manufacture impĂ©- nale de T 0 U rnay; mais la dentelle est l’objet d’une fabrication Plus dĂ©veloppĂ©e que partout ailleurs, et bon n’y compte pas monis de 45 expositions d’une grande richesse c’est beaucoup Plus que dans les galeries françaises. La dentelle constitue en Belgique une industrie vraiment natio- 292 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. nale dans laquelle la plupart des villes se sont fait un nom. Bruxelles, Malines, Courtrai, Bruges, Grammont, Alost ont leurs points spĂ©ciaux; cette industrie se retrouve sur la frontiĂšre française, Ă  Valenciennes principalement; maison commence chez nos voisins Ă  imiter notre Chantilly et les produits de la Suisse. Les toiles cirĂ©es et les ornements d’église sont aussi l’objet d’une grande industrie. Parmi les exposants figurent un grand nombre d’ateliers d’apprentissage dont l’organisation doit ĂȘtre signalĂ©e, au moment oĂč l’on s’occupe de tous cĂŽtĂ©s de l’organisation de l’enseignement professionnel. Les ateliers d’apprentissage doivent leur origine Ă  la crise liniĂšre des Flandres et Ă  une crise alimentaire dont le gouvernement s’est appliquĂ© Ă  conjurer les effets. Former des tisserands habiles pour l’industrie privĂ©e, les initier Ă  tous les procĂ©dĂ©s d’un travail plus variĂ©, en vue de crĂ©er Ă  l’industrie nationale de nouveaux dĂ©bouchĂ©s; populariser les mĂ©tiers et les procĂ©dĂ©s les plus perfectionnĂ©s du tissage; en un mot fonder, sur des bases rationnelles et solides, l’instruction professionnelle de l’ouvrier tisserand; lui fournir les Ă©lĂ©ments d’un travail meilleur et mieux rĂ©tribuĂ©, et par lĂ  travailler Ă  l’augmentation du prix de la journĂ©e, tel fut le but de la crĂ©ation de ces ateliers. » Le nombre des ateliers d’apprentissage est de 68; 50 sont Ă©tablis dans la Flandre occidentale, 16 dans la Flandre orientale, et 2 seulement dans le Hainaut. Les frais de ces institutions sont supportĂ©s en partie par l’État, en partie par les provinces, et en partie par les communes sur le territoire desquelles elles sont Ă©tablies. On nous permettra d’entrer dans quelques dĂ©tails sur l’organisation de ces Ă©tablissements, dont la France est entiĂšrement privĂ©e, et qui dĂ©montrent surabondamment qu’il ne serait pas difficile d’y organiser cependant des Ă©coles de filatures. Lyon, Nancy et Dieppe sont nos seules villes qui jusqu’ici aient fait quelque chose dans ce but. L’enseignement primaire est donnĂ© dans les ateliers par l’instituteur communal ou par tout autre agent choisi par l’autoritĂ© locale. Des contre-maĂźtres instructeurs sont chargĂ©s de l’instruction professionnelle des apprentis. Pour ĂȘtre admis dans un atelier, il faut ĂȘtre ĂągĂ© de 12 ans au 293 EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. moins et avoir l’aptitude voulue pour exercer la branche d’industrie qui y est enseignĂ©e; les apprentis qui possĂšdent l’instruction primaire peuvent, par exception, ĂȘtre admis avant l’Age de 12 ans. Des commissions administratives veillent Ă  ce que le travail des enfants soit toujours en rapport avec leurs forces physiques. Dans aucun cas la durĂ©e de la journĂ©e de travail ne peut dĂ©passer douze heures. Un salaire stipulĂ© par la commission administrative avec les entrepreneurs est allouĂ© aux apprentis. Une retenue, qui ne peut ĂȘtre infĂ©rieure Ă  5 p. 100, ni dĂ©passer 10 p. 100, est faite; le montant de cette retenue est versĂ© dans une caisse spĂ©ciale et employĂ©, s’il y a lieu, lors de la sortie des apprentis, Ă  l’achat de l’outillage dont ils ont besoin pour exercer leur industrie Ă  domicile. A leur sortie, un certificat constatant leur aptitude et leur conduite leur est dĂ©livrĂ©, s’il y a lieu, par la commission. Le travail des ateliers se fait au compte des industriels, qui fournissent la matiĂšre premiĂšre; la prĂ©fĂ©rence doit ĂȘtre donnĂ©e aux fabricants qui offrent les conditions les plus avantageuses Ă  l’ouvrier, tant au point de vue du salaire que de l’instruction professionnelle. Les commissions administratives peuvent, Ă  cet effet et en cas de nĂ©cessitĂ©, conclure, sous l’approbation du ministre de l’intĂ©rieur, des conventions dont la durĂ©e ne dĂ©passe pas le terme de deux annĂ©es. U est accordĂ©, dans les limites des allocations des budgets, aux apprentis qui, Ă  leur sortie des ateliers, en sont jugĂ©s dignes, fi f aison de leur aptitude et de leur conduite, des rĂ©compenses pĂ©cuniaires, destinĂ©es soit Ă  complĂ©ter le prix d’achat d’ustensiles PerfectionnĂ©s, en cas d’insuffisance des retenues, soit Ă  pourvoir Ă  d’autres besoins dĂ©rivant de l’exercice de leur mĂ©tier. La sagesse de ce programme donne une idĂ©e fort exacte de la s agesse qui prĂ©side Ă  toute l’organisation industrielle de la Bel- S'que ses fers ouvrĂ©s, sa quincaillerie, sa coutellerie, ses usines ffe cĂ©ramique, ses fabriques de glaces mĂȘme, sont toutes remarquables par une administration bien conduite et une rĂ©gularitĂ© e Production que l’on ne retrouve qu’en Angleterre. Parmi les industries les plus spĂ©ciales Ă  ce pays, nous citerons Ce lle des briques et poteries rĂ©fractaires pour laquelle encore son S °1 est singuliĂšrement privilĂ©giĂ©, et la fabrication de ses beaux 294 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. parquets, non celle des meubles. Enfin, comme produits auxquels on cherche Ă  donner une certaine extension, nous citerons les tuyaux de plomb, Ă  profils de corniches et de moulures, pour conduites d’eau et de gaz, et le minium de fer d’Auderghem, qui paraĂźt pouvoir remplacer le minium de plomb comme peinture dans une partie de ses applications. Suisse. — Les industrieux habitants delĂ  Suisse ont figurĂ© au nombre de prĂšs de quatre cents dans le palais de Kensington ce chiffre est considĂ©rable pour une population de 2 400 000 habitants, dont la plus grande partie sont exclusivement vouĂ©s Ă  l’agriculture» Quelques industries y sont cependant pratiquĂ©es, pour ainsi dire, en famille, l’horlogerie surtout, qui comprenait Ă  elle seule plus du quart du nombre des exposants. Les produits agricoles les plus apprĂ©ciĂ©s ont Ă©tĂ©, non pas les fromages, ce qui n’aurait Ă©tonnĂ© personne, mais les vins de NeuchĂątel, de Yevey, du Valais et des Grisons, etc. Quelques produits isolĂ©s ont paru remarquables; le manganĂšse du professeur Brunner, obtenu par un nouveau procĂ©dĂ©, les beaux produits dĂ©rivĂ©s de l’aniline de M. Muller, et la roue flottante de M. le professeur Colladon, faisant mouvoir une pompe hĂ©liçoĂŻ- dale, la belle machine de navigation Ă  faible tirant d’eau de MM. Escher, WilletC' 6 ; les machines Ă  plier et Ă  relier, dont notre collĂšgue, M. Laboulaye, a parlĂ© en dĂ©tail, les beaux disques pour verres d’optique de M. Duguet de Fribourg, sont dans ce nombre. Mais ces objets n’appartiennent pas aux industries principales et rĂ©ellement nationales de la Suisse. AprĂšs l’horlogerie, qui occupe un trĂšs-grand nombre de bras, mais qui ne prĂ©sente pas de progrĂšs importants, si ce n’est peut-ĂȘtre dans la plus grande perfection du travail manuel, nous citerons, par ordre d’importance, la fabrication des mousselines brodĂ©es, dans laquelle la Suisse occupe une des premiĂšres places, celle des rubans de soie, trĂšs-considĂ©rable, mais infĂ©rieure Ă  l'industrie analogue de Saint-Étienne, les tissus de coton teints en rouge turc pour l’exportation, la fabrique des chapeaux de paille, et celle des objets en bois sculptĂ©. Dans toutes ces spĂ©cialitĂ©s, les produits suisses ont un caractĂšre particulier, mais assez voisin de celui de nos produits analogues. Plus française qu’allemande, l’industrie de la Suisse est trĂšs-spĂ©cialisĂ©e on la croirait celle EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 295 d’un de nos dĂ©partements, si la pratique des machines y Ă©tait plus rĂ©pandue, et si les questions de forme et de goĂ»t Ă©taient, en gĂ©nĂ©ral, mieux Ă©tudiĂ©es. Oisons cependant que, dans tout ce qui concerne la fabrication des montres, et sans doute par suite de la parentĂ© qui existe entre elles, en ce qui concerne la bijouterie et la joaillerie, certains produits ne laissent rien Ă  dĂ©sirer. Quant Ă  l’industrie des machines, rien de plus remarquable assurĂ©ment que le mĂ©tier Ă  rubans de MM. Wahl et Socin, dont notre collĂšgue, M. Alcan, aura Ă  dĂ©crire les organes principaux. Au prorata de sa population, la Suisse doit dĂ©jĂ  ĂȘtre comptĂ©e parmi les nations les plus industrielles de l’Europe. Italie. —Le royaume d’Italie figure pour la premiĂšre fois dans les expositions universelles de l’industrie, et l’on aurait pu craindre que, prĂ©occupĂ© de sa propre organisation, le gouvernement nĂ©gligerait de prĂ©parer, avec le soin convenable, tous les Ă©lĂ©ments d’un pareil concours. Cependant l’Exposition de 1861 Ă  Florence s’était produite avec nu certain Ă©clat; et, dans le palais de Kensington, on peut faire une Ă©tude intĂ©ressante de tous les Ă©lĂ©ments de prospĂ©ritĂ© industrielle que l’Italie trouve dans la constitution de son sol et dans son climat on a voulu que toutes les industries italiennes fussent reprĂ©sentĂ©es, et, parmi elles, nous en trouvons' plusieurs qui sont tout Ă  fait exceptionnelles. PlacĂ©e entre l’Orient et l’Occident, avec ses ports dans la MĂ©diterranĂ©e et dans l’Adriatique, l’Italie semble plutĂŽt destinĂ©e Ă  servir d’intermĂ©diaire commercial entre ces contrĂ©es, et elle doit facilement trouver, dans ces relations dĂ©jĂ  Ă©tablies, l’écoulement des produits de son sol. Le catalogue que vient de publier la Commission italienne est T’empli d’indications trĂšs-Ă©tendues sur les produits des quatre PremiĂšres classes, et ce sont celles qui sont le mieux reprĂ©sentes Ă  l’Exposition. bien que l’industrie des mines ne soit pas trĂšs-dĂ©veloppĂ©e en Italie, i a ma tiĂšre premiĂšre y est abondante, Ă  l’exception du combustible minĂ©ral qui fait complĂštement dĂ©faut, si ce n’est dans quelques gisements d’anthracite et de lignite; la tourbe y est abondante et remplace la houille dans la plupart des opĂ©rations mĂ©tallurgiques. 2 de Waldeek. Totaux. Dont 12 0 °00 000 seulement en Allemagne. F est dans cet ordre que nous nous proposons de jeter un POPULATION. NOMBRE des Exposants. 35000000 ’ 1400 llOOOOOĂŒ 1552 1085000 255 1520000 195 4070000 140 148000 134 760000 125 2000000 108 1810000 , 83 450000 78 41000 30 44000 32 502000 22 125000 21 32000’ 19 385000 , 18 242000 15 136000 15 27000 13 295000 H 266000 12 107000 6 80000 5 110000 222000 1 3 37000 3 56000 3 61249000 4309 30S IMPOSITION UMVKKSIiLLIi Dli LONDRES. coup d'Ɠil sur les industries de ces divers pays, nous bornant quant Ă  prĂ©sent Ă  remarquer qu’aprĂšs les villes libres qui sont, sous ce rapport, le mieux reprĂ©sentĂ©es, les Ă©tats secondaires de l’Allemagne qui comptent, proportionnellement au chiffre de leur population le plus d’exposants, sont la Saxe et le Wurtemberg ; ensuite le grand-duchĂ© de llade, et les royaumes de Hanovre et de BaviĂšre. Le duchĂ© de Nassau, qui avait Ă  l’exposition de 1851 une si belle collection de minerais, n’a pas cette t’ois pris les mĂȘmes j soins, et il n’est que trĂšs-imparfaitement reprĂ©sentĂ©. Quant aux deux Etats principaux, l’Autriche et la Prusse, leur nombre d’exposants est il peu prĂšs le mĂȘme, quoique l’étendue des territoires soit bien diffĂ©rente. Autriche. L’exposition autrichienne comprend 1400 exposants rĂ©partis assez uniformĂ©ment dans toutes les classes, ce qui dĂ©- j note une industrie assez avancĂ©e. Les produits agricoles y ligu- j rent pour 542; les produits minĂ©raux pour 81; il n’y a que j 199 exposants dans le deuxiĂšme groupe de la classification gĂ©- j nĂ©rale; c’est dire que les arts mĂ©caniques et les sciences d’ap- { plication ne sont pas encore dĂ©veloppĂ©es dans ce pays Ă  l’égal de j ses industries naturelles. Ăź Le chiffre total de 1400 n’est pas considĂ©rable pour une po- tĂ©s Ă  l’Exposition par d’excellents spĂ©cimens. La brasserie de Klein-Schwechut, prĂšs Vienne, est la plus Kiande brasserie du momie; l’Angleterre mĂȘme ne possĂšde point, en ce genre, d’établissement aussi considĂ©rable. fabrication des liuiles est montĂ©e, en dilfĂ©rents points, sur Ulle granje Ă©chelle la seule usine de Josephsthal pressure, par l 0lI1 ’> plus de vingt quintaux d'huile de navette; l'huile de mais t I huile de tabac, cette derniĂšre exclusivement employĂ©e pour e graissage des machines, constitueront bientĂŽt des industries l u clque importance. La culture du tabac ne peut se faire en Autriche que par voie 312 EXPOSITION UNIVERSELLE UE LONDRES- Ăźle concession elle est surtout rĂ©pandue en Hongrie, oĂč elle s’élĂšve Ă  plus des huit dixiĂšmes de la production totale. A cĂŽtĂ© de ces produits principaux que l’Autriche avait envoyĂ©s pour constituer la classe 2, il faut ajouter encore, connue dignes d’intĂ©rĂȘt, Ă  divers titres les liqueurs devienne, et particuliĂšrement le wermulh de Hongrie, le marasquin, qui provient delĂ  distillation d’une espĂšce particuliĂšre de cerise, la marasca; les belles farines des moulins Ă  vapeur de la BohĂȘme, les houblons de la mĂȘme contrĂ©e et de la haute Autriche, les pĂątes alimentaires de Piume, sont de ce nombre. La levure comprimĂ©e qui peut sc conserver, suivant la tempĂ©rature, pendant 4 ou 5 semaines, sans Ă©prouver d'altĂ©ration, et surtout les farines comprimĂ©es, dites farine-pierre, qui se fabriquent Ă  Prague, sont dĂ©jĂ  l’objet d'un commerce considĂ©rable cette derniĂšre denrĂ©e se trouve rĂ©duite, par compression, Ă  prĂšs de moitiĂ© de son volume primitif, et simplement enveloppĂ©e dans des feuilles d'Ă©tain, elle peut se conserver, presque indĂ©finiment, en petits prismes de 10 Ă  12 kilogrammes. La classe 4 renferme aussi quelques types particuliers qu’il est bon de faire connaĂźtre ce sont particuliĂšrement les laines et les bois. On compte, en Autriche, plusieurs troupeaux de 3U000 tĂȘtes, et les races mĂ©rinos et nĂ©gretli y sont en grand honneur. La production gĂ©nĂ©rale s’élĂšve Ă  plus de 70000 j quintaux ; la Hongrie produit, Ă  elle seule, la moitiĂ© de ce chiffre, mais les laines les plus lincs sont celles de la Moravie, de la SilĂ©sie et de la BohĂšme. Les forĂȘts ont une importance considĂ©rable celle du Boehmer- wald sont particuliĂšrement renommĂ©es pour les bois propres Ă  la fabrication des instruments de musique; le comte de MĂŒnch- Bellinghausen avait rĂ©uni tous les produits rĂ©sineux du pin noir pinus Austriaca], qui ne se rencontre que dans les forĂȘts de la basse Autriche, et dont la rĂ©sine est d’une qualitĂ© particuliĂšre. C’est Ă  ce mĂȘme propriĂ©taire qu’appartient un Ă©chantillon de noisetier trois fois centenaire. Ce bois sert en Autriche Ă  faire des objets de gaĂźnerie, imitant parfaitement ceux de cuir plusieurs fabricants excellent dans ce genre de fabrication. La SociĂ©tĂ© de Bistritz est spĂ©cialement adonnĂ©e Ă  la prĂ©paration du noyer et du frĂȘne pour armes de guerre, comme celle de Moderhaeuser Ă  celles des bois pour instruments de musique. La colle de Hongrie, la fabrication des objets en Ă©cume de mer EXAMEN COMPARA TIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 3ii i. hydro-silicate de magnĂ©sie naturel, celle des gommes artificielles, doivent ĂȘtre particuliĂšrement mentionnĂ©es, ainsi que les chardons Ă  carder de la haute Autriche et de la Styvie, qui ne le cĂšdent en rien Ă  ceux de BaviĂšre. La deuxiĂšme section delĂ  classification anglaise est beaucoup moins bien reprĂ©sentĂ©e Deux locomotives nouvelles, l’une de M. Engerth, pour les rampes, l’autre dite Duplex, Ă  quatre cylindres, de M. Ilaswell, seront examinĂ©es en dĂ©tail dans l'Ă©tude spĂ©ciale de la classe 5. Les chemins de fer en Autriche ont tous Ă©tĂ© cĂ©dĂ©s par l’État, Ă  l’exception du seul chemin de ceinture de Vienne. Le parcours total des lignes s’élĂšve Ă  prĂšs de 6000 kilomĂštres les locomotives et les wagons sont construits emAutri- che; les premiĂšres dans trois usines seulement; quant aux voitures Ă  voyageurs, elles sont tirĂ©es en grande partie des autres Ă©tals du Zoliverein, l’Autriche ne possĂ©dant que trĂšs-peu d'ateliers de carrosserie, si ce n’est Ă  Vienne, oĂč ils sont principalement consacrĂ©s Ă  la construction des voitures de voyage. Dans l’est de l’Empire, le charronnage est encore si arriĂ©rĂ© qu’on y fabrique un grand nombre de chariots dans lesquels on ne fait pas entrer la moindre parcelle de fer. La construction des machines industrielles n’a pas pris encore une importance suffisante pour satisfaire aux besoins du pays, et il ne faut pas s’étonner dĂšs lors que l’exposition autrichienne soit sous ce rapport trĂšs-peu intĂ©ressante. On commence cependant Ă  y construire quelques-unes des machines des industries textiles. Les appareils Jacquard, de M. Scliramm de Vienne, sont d’une bonne exĂ©cution, et les rouleaux pour impression, de MM. Portheim, KĂŒndig et Bertschy, constituent une innovation trĂšs-intĂ©ressante ces cylindres sont en fer, recouvert de cuivre Par les procĂ©dĂ©s galvano-plastiques ; l’on rĂ©duit ainsi le poids d e ce dernier mĂ©tal A un dixiĂšme environ. M. Ifubezy a modifiĂ© d’une maniĂšre heureuse les foyers des °comobiles que l’on doit chauffer avec des menus combustibles, els ffue la paille, seuls employĂ©s en Hongrie les parcelles en- a, mnĂ©es sont arrĂȘtĂ©es par une sorte de grillage, contre lequel blesse maintiennent, par le tirage, jusqu’à complĂšte combustion. Quant aux machines agricoles, elles sont en gĂ©nĂ©ral d’une bonne exĂ©cution, mais un peu lourdes, et elles ne prĂ©sentent rien de bien remarquable. EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. H i Les classes suivantes renferment, en petit nombre, quelques objets clignes d’ĂȘtre citĂ©s; dans la classe 10, de nombreux spĂ©cimens de ciments artificiels et les belles cartes en relief de M. le chevalier de Loessl, qui ont excitĂ© l’admiration gĂ©nĂ©rale; dans la classe 11, quelques armes, parmi lesquelles un revolver ">i coups; dans la classe 13, une trĂšs-belle collection d’instruments de prĂ©cision, de M. Lenoir, parmi lesquels une lampe philosophique avec un petit Ă©lectroscope ; les appareils tĂ©lĂ©graphiques, fort bien exĂ©cutĂ©s Ă  Vienne, de MAI. Siemens et Ilalske ; de trĂšs-beaux objectifs pour appareils photographiques, de Voigt- lauder et fils, dont la rĂ©putation est bien Ă©tablie ; enfin, un trĂšs- joli modĂšle d’optique et de diorama, de AI. Ponti de Venise. Dans la classe 14, de fort belles photographies, et particuliĂšrement une complĂšte reproduction du cĂ©lĂšbre / irevario Grimani de la bibliothĂšque de Saint-Marc. Ces fac-similĂ© des chefs-d’Ɠuvre typographiques reprĂ©sentent dĂ©jĂ , pour Venise, une industrie d’un caractĂšre tout spĂ©cial. La fabrication des appareils de chirurgie est, comme la plupart des professions importantes de l’Autriche, concentrĂ©e Ă  Vienne et Ă  Prague les travaux du docteur Czermak, qui ont Ă©tĂ© couronnĂ©s par le prix Montyon de notre AcadĂ©mie des sciences, servaient de commentaires Ă  ses laryngoscopes, et il paraĂźtrait que l’emploi continu des bains pour la guĂ©rison des brĂ»lures et de certaines maladies de la peau, a donnĂ©, entre les mains du professeur liĂ©bra, des rĂ©sultats vraiment sĂ©rieux; enfin, les modĂšles anatomiques du docteur Teich- mann, et surtout les prĂ©parations du professeur Ityrtt, qui s’est attachĂ© Ă  reproduire, avec les formes qu’il all'ecte dans les diffĂ©rents ordres d’animaux, le mĂȘme organe, Ă©taient de nature Ă  ĂȘtre examinĂ©s avec intĂ©rĂȘt par les visiteurs les plus indiffĂ©rents. D’aprĂšs ce que nous avons dit dĂ©jĂ  de l’organisation industrielle des États allemands, on doit s’attendre Ă  trouver, dans les produits fabriquĂ©s de l’Autriche, la reprĂ©sentation de la plupart des industries leur Ă©numĂ©ration ne serait, pour nous, d’aucun intĂ©rĂȘt, et nous nous bornerons Ă  indiquer rapidement ceux qui prĂ©sentent quelque caractĂšre local, ou qui font connaĂźtre un progrĂšs rĂ©cent. Les industries textiles ont Ă©tĂ©, pendant longtemps, exploitĂ©es en Autriche Ă  l’état d’industrie domestique; et ce mode de produc- EXAMEN COMPARATIF DUS DIFFÉRENTS PEUPLES. 315 tion est encore celui qui domine quant aux chiffres comparatifs des produits. Depuis quelques annĂ©es plusieurs grandes usines se sont Ă©tablies; et, bien qu’encore en petit nombre, elles ne le cĂšdent en rien, par leur importance, Ă  celles des pays les plus avancĂ©s ; l’association de grands capitaux s’est merveilleusement prĂȘtĂ©e Ă  ce dĂ©veloppement rapide. La filature de coton de Potten- dorf compte 64000 broches; les fabriques de tissus pour meubles de M. Haas et fils ne possĂšdent pas moins de 500 mĂ©tiers Ă  tisser, celle de MM. Lovv et Sclunal atteint le chiffre de 700 mĂ©tiers, employĂ©s, pour la plupart, au travail de la laine de Vigogne; mais ce sont lĂ  des exceptions, et les mĂ©tiers de la draperie et de la soierie eux-mĂ©mes sont, la plupart du temps, distribuĂ©s chez de simples tisserands. Ce mouvement industriel vers les grandes exploitations s’est surtout produit dans les ateliers de confection la machine Ă  coudre a transformĂ©, plus rapidement qu’ailleurs, la petite industrie en vĂ©ritables usines. C’est par lĂ  que s’est produit le plus grand progrĂšs ; peut-ĂȘtre aussi dans les tissus damassĂ©s et dans la teinture. Les tissus de bois deM. Kumpf pourraient donner lieu Ă  une industrie importante rĂ©duite en copeaux minces et teinte en couleurs variĂ©es, cette matiĂšre premiĂšre de la lĂźoliĂ©tne peut donner lieu Ă  des tissus lĂ©gers et souples, pour meubles, pour chapeaux; et, sans doute, comme article d’exposition seulement, pour habillement et pour pantalon. Les chevilles en bois pour chaussures, donnent lieu, dans les mĂȘmes localitĂ©s, Ă  une fabrication par machines qui s’élĂšve Ă  plus de 10000 quintaux. L’industrie des jouets en bois n’y est pas non plus sans importance L’établissement impĂ©rial de Vienne a fait faire un grand pas aux diffĂ©rentes brandies de l’art typographique, mais il s'est abstenu de paraĂźtre Ă  l’Exposition de Londres; la fabrication du papier a Pris un dĂ©veloppement considĂ©rable, et la paille de maĂŻs entre dĂ©jĂ , pour un contingent notable, dans l’alimentation en matiĂšres PremiĂšres; la reliure, quoique d’une trĂšs-belle exĂ©cution, est ornĂ©e et massive, mais la chromo-lithographie a fait, depuis 1855, Ă©normes progrĂšs. ^ es meubles, fort remarquĂ©s en 1851, sont beaucoup moins “dĂ©ressants cette annĂ©e ; on croirait, Ă  voir l’Exposition, que cette industrie s’est transformĂ©e, et qu’elle ne porte plus que sur * es petits meubles de fantaisie, qui se sont beaucoup rapprochĂ©s 316 KXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. de quelques-uns de ceux de notre industrie parisienne. Il faut citer cependant la grande fabrication de meubles en bois courbĂ©s de MM. Thonel frĂšres, et une sĂ©rie fort originale de meubles de voyage, qui se dĂ©montent et se servent Ă  eux-mĂ©mes de caisses d’emballage, voire mĂŽme de voiture de transport. Cet article, Ăč lui seul, alimente une industrie de quelque importance. Parmi les articles en fer, il convient surtout de citer les faux de Styrie, et une immense fabrication d'outils Ă  main, de toutes sortes et Ă  bon marchĂ©, qui alimentent Ă  Steyr plus de 30000 ouvriers. La poterie Ă©maillĂ©e constitue plusieurs usines importantes, et, dans quelques-unes, l’émail est formĂ© suivant le procĂ©dĂ© du professeur Pleisclil, dans d’excellentes conditions hygiĂ©niques et sans plomb l’application de ces poteries aux formes Ă  sucre est presque gĂ©nĂ©rale en Autriche. La bijouterie est toujours en grand honneur Ă  Yienn . La Manufacture impĂ©riale de porcelaine n’a pas de produits comparables, pour la forme, Ă  ceux de notre manufacture de SĂšvres; enfin les diverses verreries de la BohĂšme soutiennent, malgrĂ© la bizarrerie de quelques-uns de leurs modĂšles, leur vieille rĂ©putation. La taille du verre y occupe de nombreux ouvriers, et nous avons particuliĂšrement remarquĂ© les sujets en verre taillĂ© et dĂ©poli pour serre-papiers et ornementation. Telle est, dans son ensemble, l’exposition autrichienne en \ 362 si le mĂȘme mouvement se poursuit avec lti mĂȘme allure, l’industrie autrichienne acquerra, avant vingt ans, en Europe, une importance considĂ©rable. ‱ Prusse. DivisĂ©e, par la Hesse et par le Hanovre, en deux parties complĂštement isolĂ©es, le royaume de Prusse prĂ©sente, plus encore que l’Autriche, deux zones parfaitement distinctes. Les provinces rhĂ©nanes et surtout'la Westphalie, avec ses rĂ©centes dĂ©couvertes de combustible minĂ©ral, sont destinĂ©es Ă  un avenir industriel dont ou n’avait jusqu’à prĂ©sent aucune idĂ©e. Nous consacrerons, un peu plus loin, un paragraphe spĂ©cial aux richesses minĂ©rales des diffĂ©rents Etats qui composent le Zollverein suivant, en cela, les indications d’un travail qui a Ă©tĂ© publiĂ© sur cette question, nous intĂ©resserons plus nos lecteurs que si nous leur indiquions, en dĂ©tail, la part de chacun des petits États dans ce grand ensemble. Les produits chimiques EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 317 sont assez nombreux, mais ils n'offrent aucun fait saillant, si ce n’est peut-ĂȘtre dans la prĂ©paration des matiĂšres colorantes et dans les produits dĂ©rivĂ©s de l’aniline. La paraffine est aujourd’hui extraite, en grandes masses, des lignites roux de diverses localitĂ©s et particuliĂšrement des mines de Ascherlaben. Aucune industrie n’a jamais pris une aussi rapide extension le nombre des usines qui distillent les lignites s’accroĂźt tous les jours, et les bĂ©nĂ©fices qu’elles rĂ©alisent sont presque fabuleux. Les huiles volatiles fournissent un Ă©clairage particuliĂšrement Ă©conomique, et la paraffine est couramment utilisĂ©e dans la fabrication des bougies. Plusieurs journaux ont parlĂ© rĂ©cemment d’accidents dus Ă  Ă  l’inflammation des huiles de schiste nous pensons qu’il s’agit plutĂŽt d’huiles volatiles extraites des pĂ©troles rĂ©cemment dĂ©couverts en si grande abondance sur le continent amĂ©ricain. Les huiles de schiste sont moins inflammables, et l’on peut en approcher sans danger une allumette ou un papier allumĂ©. M. Geiss, de Berlin, avait une collection fort remarquable de plus de quarante essences extraites des vĂ©gĂ©taux naturels ou cultivĂ©s Ăźle l’Allemagne. Le cinabre, le minium Ă  l’état de puretĂ©, et la poudre de bronze, sont au nombre des produits les plus remarquables. Nous 11e parlerons pas des eaux de Cologne des cinq ou six Jean-AIarie Farina, sans compter les Ă©tablissements dans lesquels 011 n’a pu encore se procurer que des Farina d’un autre prĂ©nom encore quelques annĂ©es, et toute une lĂ©gion de Jean-Mario viendra, de par les droits de ses actes de baptĂȘme, taire une nouvelle concurrence aux anciennes maisons. Les substances alimentaires sont beaucoup moins nombreuses 'tue dans l’exposition autrichienne; maison peut signaler cependant les jambons de Westphalie, les liqueurs de Dantzig, et surtout les vins du Rhin, du Palatiuat et de la SilĂ©sie, particuliĂšrement ceux de la vallĂ©e de Saar, mousseux et non mousseux; les orges perlĂ©es, les amidons et le sucre entrent, pour une Fraude part, dans les produits fabriquĂ©s. Enlin, des laines fines de premier choix, du houblon et du tabac de bonne qualitĂ© complĂštent cette nomenclature des richesses naturelles de la Prusse. Les industriels se sont efforcĂ©s d’en tirer le meilleur parti possible; et, eu ce qui concerne les arts mĂ©caniques, il n’est peut- IMPOSITION UNIVIÏRSIÏLLK llĂź LONDRES. JiS ĂȘtre pas une centrĂ©e qui ait fait, en ces derniĂšres annĂ©es, d’aussi grands progrĂšs. Tout auprĂšs de la locomotive de Borsig se trouvent les Expositions de M. Krupp et celle de la compagnie de Boclium. Quels que soient les progrĂšs rĂ©alisĂ©s par nos plus habiles mĂ©tallurgistes, les produits de M. Krupp sont toujours supĂ©rieurs Ă  tous autres, et, cette lois, cet habile industriel s’est encore surpassĂ©. Ses arbres de locomotives de deux tonnes et demie, son arbre de roue de I i tonnes, son canon et son lingot cylindrique de 20 tonnes, sont encore plus remarquables par l’homogĂ©nitĂ© du mĂ©tal que par leur masse. L’acier fondu est devenu, entre les mains deM. Krupp, un mĂ©tal qu’il peut appliquer Ă  tous les usages avec une entiĂšre certitude de rĂ©ussite. L’exposition de la compagnie de Boclium doit ĂȘtre citĂ©e plutĂŽt pour ses cloches que pour ses piĂšces de locomotive; on sait qu’à l’Exposition de 1855 on avait contestĂ© que le mĂ©tal de ces cloches, si rĂ©guliĂšres dans leur formes, pĂ»t ĂȘtre de l’acier, et la conviction ne fut vĂ©ritablement acquise qu’au moment oĂč le fabricant en lit briser une et en lit forger, sĂ©ance tenante, les fragments. Aujourd’hui l’industrie de Boclium s’est acclimatĂ©e en Angleterre, et elle alimente une des grandes usines de Shefiield. La construction des wagons et des voitures est trĂšs-avancĂ©e la voiture de cour de M. Neuss est d’un goĂ»t bien plus satisfaisant que les carrosses de gala ordinaires, toujours trop chargĂ©s d’ornements. Les constructeurs prussiens recherchent beaucoup les machines nouvelles qui jouissent de quelque rĂ©putation Ă  l'Ă©tranger. C’est ainsi que la Compagnie de Magdebourg et celle de MM. Lie- berinann et Mestern de Sprottau ont, Tune et l’autre, reproduit, avec une grande perfection, le modĂšle de la machine Ă  vapeur amĂ©ricaine, de Corliss. M. Schwartzkopff, de Berlin, a dĂ©jĂ  exĂ©cutĂ© uu grand nombre de machines Ă  air, systĂšme Lanberean, rĂ©ellement perfectionnĂ© dans ses propres ateliers. Il y a, en outre, uu grand nombre do machines-outils bien exĂ©cutĂ©es, et quelques machines de lilature et de tissage qui attestent aussi l’habitude des bonnes constructions et une grand»! intelligence des meilleures formes. La Brusse n’a pas manquĂ© d’apporter aussi son canon d’ordonnance; mais celui-ci Ă©tait en acier fondu les beaux produits EXAMEN COMl'AUATIl' DES DUTKUKNÏS PEUPLES. Ăź mi de M. Krupp sont en possession lĂ©gale de cet emploi ; l’all'Ă»t lui- mĂ©me est entiĂšrement en mĂ©tal, et disposĂ© dans d’excellentes conditions. Les instruments de prĂ©cision de Berlin et de Frauctbrt-sur- l’Oder sont d’une excellente exĂ©cution la balance de M. ltohr- beckest tout Ă  t'ait remarquable, et il paraĂźtrait que les tĂ©lĂ©graphes Ă©lectriques de MM. Siemens et llalske appartiennent autant l’exposition de la Prusse qu’à celle de l’Autriche, car ils sont indiquĂ©s tout Ă  la fois dans les deux catalogues. Les micromĂštres de M. Nobert, les pantographes de M. Wagner, et l’ensemble d’un photomĂštre de Bunsen, rĂ©alisĂ© par M. Elster, sont Ă©galement remarquables. Quant aux photographies, elles sont surtout dirigĂ©es vers un but d’études, soit en reproduisant les Ɠuvres des premiers peintres, soit en rĂ©unissant, en albums, un grand nombre de modĂšles d’art industriel. Sous ce rapport la Prusse est plus avancĂ©e que 1 Autriche la plupart des produits manufacturĂ©s sont d’une composition plus agrĂ©able, et quelques-uns vraiment artistiques. Nous citerons, parmi les plus intĂ©ressantes photographies, l’Ɠuvre de RaphaĂ«l, et les sept volumes in-lolio de M. Alexandre Menutoli, contenant la reproduction, par la photographie, de 4000 Ɠuvres de l’antiquitĂ©, rĂ©unies pour servir de modĂšles aux manufacturiers et aux artisans. L’horlogerie prussienne fait dĂ©jĂ  concurrence Ă  celle de la Suisse, et quelques-unes des piĂšces sont d’une exĂ©cution trĂšs- remarquable. Les arts textiles sont dĂ©veloppĂ©s en Prusse Ă  peu prĂšs comme ils le sont dans lĂ©s Etats dĂ©jĂ  avancĂ©s dans la pratique industrielle, mais ils n'offrent aucun fait saillant ; l’imprimerie et la reliure ont fait beaucoup de progrĂšs, et l’on peut citer un nou- VĂź au procĂ©dĂ© d’impression typographique et deolichage pour la musique, qui est un des faits les plus saillants. On voit, d’aprĂšs les objets destinĂ©s Ă  l’enseignement primaire, que cette question est sĂ©rieusement Ă©tudiĂ©e dans toute l’Allemagne. L’enseignement est obligatoire pour les enfants, et les Ă©coles sont amplement MutĂ©es de tout ce qui peut contribuer Ă  leurs succĂšs. De fort l'eaux globes et des modĂšles de cristallographie, en verre et en *’ ĂŒ is, ont vivement attirĂ© notre attention. l-a Prusse se livre, avec une certaine importance, Ă  l’industrie 320 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. des bronzes d’art, qui n’existe pas encore en Angleterre les tours de force qu’elle exĂ©cute en fonte de fer et mĂŽme en zinc se ressentent de ce voisinage et le mĂȘme caractĂšre artistique est extrĂȘmement dĂ©veloppĂ© dans les articles de joaillerie et de bijouterie; ils avaient Ă©tĂ© remarquĂ©s dĂ©jĂ  Ă  l’Exposition de 1855, mais ils se prĂ©sentent, cette fois, dans des conditions beaucoup plus satisfaisantes l’aspect gĂ©nĂ©ral et le style laissent souvent Ă  dĂ©sirer; mais les dĂ©tails, surtout, sont, le plus souvent, irrĂ©prochables. La porcelaine prussienne ressemble beaucoup Ă  celle de l’Autriche; mais la fabrication des glaces, dans le bel Ă©tablissement d’Aix-la-Chapelle, est tout Ă  fait en premiĂšre ligne. En rĂ©sumĂ©, la Prusse est un pays qui deviendra plus industriel qu’agricole, et qui possĂšde dĂ©jĂ  tous les Ă©lĂ©ments d’une fabrication sagement conduite. Royaume de Saxe. Bien que le nombre des exposants soit proportionnellement plus Ă©levĂ© que celui des autres États de mĂȘme importance, l’industrie de la Saxe ne prĂ©sente, Ă  l’exposition, qu’un petit nombre de faits saillants. Les principaux Ă©tablissements sont Ă  Cheinnitz, Ă  Leipzig, Ă  Dresde et Ă  Freiberg; ceux de la principautĂ© de lteuss sont presque tous Ă  GĂ©ra. Les essences et les huiles d’un grand nombre de produits vĂ©gĂ©taux forment, avec les matiĂšres colorantes, et particuliĂšrement celles qui sont dĂ©rivĂ©es de l’aniline, la majeure partie des produits chimiques. Les laines si renommĂ©es de la Saxe n’y figuraient pas en grand nombre, mais les tissus qui en provenaient Ă©taient remarquables; les filaments de la vigogne, de l’angola, du lama, occupaient, parmi ces tissus, une place importante, et constituaient, avec les toiles cirĂ©es et les articles de bonneterie, la presque totalitĂ© des produits. Aucune partie de l’Allemagne n’était aussi bien reprĂ©sentĂ©e quant Ă  l’industrie des machines ; la locomotive des ateliers de M. Hartmann, Ă  Cheinnitz, ses belles machines-outils, celles, non moins remarquables de M. Zimmermann et de M. Son domaine et Stier, peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es Ă  bon droit comme aussi parfaites qu’aucune autre, et constituent un outillage vraiment perfectionnĂ©. Plusieurs de ces machines pourraient ĂȘtre introduites en France avec utilitĂ©. Les aciĂ©ries de DƓhlen, prĂšs Dresde, sont trĂšs-renommĂ©es. EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 321 Une grande quantitĂ© de jouets d’enfants, quelques meubles, et les produits si estimĂ©s de la manufacture royale de porcelaines de Saxe, complĂ©taient cet ensemble. Les porcelaines sont restĂ©es ce qu’elles Ă©taient il y a trente ans toujours trĂšs-remarquables au point de vue de la fabrication, elles ont conservĂ© toutes les exagĂ©rations de leurs formes, et elles constituent plutĂŽt des curiositĂ©s que des objets vraiment artistiques. Il en est de mĂŽme des produits des manufactures privĂ©es ce sont ces porcelaines qui, avec les machines outils et les laines, reprĂ©sentent le cĂŽtĂ© vraiment intĂ©ressant de l’exposition saxonne. Royaume de Wurtemberg. Aucun pays n’a fait, dans ces dix derniĂšres annĂ©es, plus d’efforts que le Wurtemberg pour se constituer une industrie nationale. Des collections de produits ont Ă©tĂ© faites avec discernement pour servir de modĂšles aux fabricants, et la direction de ce musĂ©e, par ses tendances tout la fois scientifiques et techniques, a produit de grands rĂ©sultats. Le Roilui-meme s intĂ©resse au ilĂ©veloppeinent de l’industrie ; ses vins, et ses soies, rĂ©coltĂ©es Ă  une latitude qui ne paraĂźt pas trĂšs-favorable Ă  la culture du mĂ»rier, indiquent parfaitement cette tendance. On trouve, dans l’exposition du Wurtemberg, comme un rĂ©sumĂ© de toutes les fabrications de l'Allemagne les extraits de quinine, les produits de l’aniline, l’alun, l’acĂ©tate de plomb, les couleurs et les laques pour la coloration des fleurs artificielles, reprĂ©sentent les arts chimiques. Les nombreux Ă©chantillons d’engrais et de guano artiliciel dĂ©montrent les tendances agricoles ; la Chambre d'agriculture du Wurtemberg avait envoyĂ© cinquante et un spĂ©- chuens de vins de diffĂ©rents crus, et quatre-vingts Ă©chantillons de laines du pays. Des objets en ivoire, de la gĂ©latine et des s avons complĂštent la sĂ©rie des objets appartenant au rĂšgne 0r ganique. Dans les arts mĂ©caniques, un trĂšs-grand nombre d'outils, des gardes, des pompes Ă  incendie, et, comme construction faite dans e Pays mĂŽme, des machines Ă  tricot qui indiquent dĂ©jĂ  une assez grande habiletĂ©. AI. le professeur Rau, du cĂ©lĂšbre institut agronomique de llohenhem, avait reprĂ©sentĂ©, par une sĂ©rie te cei 't modĂšles, l’histoire de la charrue chez les diffĂ©rents Peuples. Ăźt III. 322 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Les principaux produits fabriquĂ©s consistent en tissus de toutes sortes, parmi lesquels il convient de signaler les produits de l’école de lilature de Stuttgard, en maroquineries, papiers de toutes espĂšces, papiers parchemins et papiers de bois, quincaillerie, coutellerie, orfĂšvrerie et bijouterie. L’horlogerie en bois a fait, dans la forĂȘt Noire, de notables progrĂšs, mais cette industrie est encore plus dĂ©veloppĂ©e dans le duchĂ© de Rade. C’est du royaume de Wurtemberg que nous viennent en grande partie ces jouets en plomb, qui fondus maintenant dans d’excellents moules, peints et vernis avec soin, laissent bien loin derriĂšre eux les soldats informes, que nous avons connus dans notre enfance. Les jouets de toutes sortes du Wurtemberg reprĂ©sentent un trĂšs-gros chiil're d’affaires. Royaume de BaviĂšre. Le mouvement industriel est un peu moins marquĂ© en BaviĂšre que dans le Wurtemberg, bien que plusieurs associations se soient formĂ©es pour l’exciter L’Association de Munich, pour les perfectionnements industriels, avait exposĂ© la collection des publications qu’elle n’a cessĂ© de faire depuis l’annĂ©e 1851, et celle de Furtli avait envoyĂ© en grand nombre les produits fabriquĂ©s sous son impulsion. Les richesses minĂ©rales de la BaviĂšre sont bien connues; mais elles Ă©taient seulement reprĂ©sentĂ©es Ă  l’Exposition par quelques lignites, des terres rĂ©fractaires, des pierres lithographiques, et un magnifique spĂ©cimen de phosphate de chaux, rĂ©cemment dĂ©couvert Ă  Amberg. Les matiĂšres colorantes sont l’objet d’une fabrication importante, particuliĂšrement chez M. Hoffmann de Schweinfurth, et le vert de chrome non vĂ©nĂ©neux, de M. Meyer d’Augsbourg, mĂ©rite d’ĂȘtre recommandĂ©. Les houblons et les vins composaient les produits agricoles plus remarquables, particuliĂšrement les vius exposĂ©s par M. Oppermann, inspecteur des caves royales les plus cĂ©lĂšbres sont ceux de Steinwein, Leisten et Hochsteiner, ainsi que quelques vins mousseux de Eranconie. MM. C. Leuclis et C ie ont formĂ©, Ă  Nuremberg, un Ă©tablissement pour la vente des nouveaux procĂ©dĂ©s, et ils ont, comme premiĂšre tentative, prĂ©sentĂ© Ă  l’Exposition du vin fait avec de l’eau, sans employer ni raisin ni aucune autre plante ou fruit, EXAMEN COMPARATIF UES DIFFÉRENTS PEUPLES. 323 au moyen d’une poudre particuliĂšre dĂ©terminant la fermentation. Ces bouteilles d’eau ne coĂ»teraient pour leur prĂ©paration que 2 centimes, mais il est douteux qu’elles jouissent jamais d’une grande faveur. Les machines Ă©taient peu nombreuses quelques machines d’impression seulement; et l’objet le plus considĂ©rable de l’ex- position bavaroise Ă©tait le modĂšle du pont construit Ă  Mayence, s, ir le Rhin, d’aprĂšs les plans de l’ingĂ©nieur Poli. Les cassettes de mathĂ©matiques et les instruments de musique paraissent faire l’objet d’un commerce spĂ©cial assez considĂ©rable; la typographie est en grand honneur; la fabrication des crayons, de M. Faber Ă  Stein, prĂšs Nuremberg, est une des plus considĂ©rables de l’Europe. Les prĂ©parations des mĂ©taux en poudre et en feuilles l'or, l’argent, l’aluminium, le platine, et les mĂ©taux blancs communs forment aussi une spĂ©cialitĂ© trĂšs-importante pour cette ville. Les tissus sont en petit nombre, mais les arts cĂ©ramiques sont assez dĂ©veloppĂ©s dans quelques parties, telles que la fabrication des verres de montre et celle des verres mousselines. Munich possĂšde plusieurs ateliers de peinture sur porcelaine, dont les produits sont de vĂ©ritables objets d’art, tels qu’on devait s’attendre Ă  en rencontrer dans la capitale de la BaviĂšre. Grand-duchĂ© de Bade. Moins bien reprĂ©sentĂ© qu’à l’exposition de 1855, ce pays industrieux se fait cependant remarquer par quelques spĂ©cialitĂ©s bien tranchĂ©es. Ses mais, ses vins et ses houblons, n’ont pas une grande importance, mais ses tabacs constituent, dans le I’alatinat, une s ource de richesses considĂ©rables. Les arts mĂ©caniques n’ont fourni que quelques pompes Ă  incendie trĂšs-bien exĂ©cutĂ©es et des balances. L’horlogerie, au contraire, occupe un grand nombre de bras, particuliĂšrement dans la partie badoise de la forĂȘt ^ oil- e; quelques piĂšces sont trĂšs-intĂ©ressantes, et le nombre des ^Posants, pour ces articles seulement, ne s’élĂšve pas Ă  moins de ving t . Ées industries du lin, la peausserie, les articles de paille sont res-rĂ©pandus; mais nous ne retrouvons une spĂ©cialitĂ© trĂšs- arquĂ©e que dans les produits de la bijouterie et de la joaille- lie 'les chaĂźnes, les bracelets, les boutons, les Ă©pingles, les 324 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. broches, et tous les articles courants de bijouterie sont fabriquĂ©s Ă  Pforzheim en Ă©normes quantitĂ©s. Cette concentration d’une grande industrie est trĂšs-favorable aux prix de revient qui sont trĂšs-infĂ©rieurs Ă  ceux de toute autre localitĂ©; et, pour le goĂ»t comme pour le travail, ces objets ne le cĂšdent en rien aux bijoux ordinaires de l’industrie parisienne. Le grand-duchĂ© de Bade possĂšde Ă  Mannheim, pour la fabrication des glaces, une grande usine qui appartient Ă  notre compagnie de Saint-Gobain, Chauny et Cirey. Royaume de Hanovre. Les exposants du Hanovre sont en trop petit nombre pour que nous trouvions une grande variĂ©tĂ© dans leurs produits. La pierre meuliĂšre de MĂŒnden, les anthracites d’Osnabruck forment toute la partie minĂ©rale de l’exposition ; les produits chimiques sont les mĂȘmes que ceux des États voisins; quelques vins mousseux, les pĂątes alimentaires et le tabac, composent seuls la troisiĂšme classe; mais, dans la quatriĂšme, nous trouvons, Ă  llarbourg, une colossale fabrication de caoutchouc dirigĂ©e par M. Cohen Vaillant et C e ; une autre usine est entiĂšrement consacrĂ©e Ă  la fabrication des peignes en caoutchouc durci. La fabrique de M. Coben Vaillant est certainement la plus considĂ©rable de l’Europe; la force motrice qui lui est nĂ©cessaire dĂ©passe 600 chevaux, et elle met en Ɠuvre, chaque jour, 1500 kilogrammes de caoutchouc, avec lesquels on confectionne tous les articles connus. En nous bornant Ă  indiquer, parmi les chiffres de la production journaliĂšre, 1000 paires de chaussures, 10000 balles ou ballons, 3000 figures moulĂ©es de toutes sortes, 150 piĂšces de tissus pour vĂȘtements, nous aurons suffisamment fait connaĂźtre l’importance exceptionnelle de cette industrie. Dans les autres classes, peu de produits textiles, quelques cuirs, plusieurs imprimeries Ă  Hanovre, une grande usine Ă  papier Ă  MĂŒnden, Ă  Goslar une grande fabrication d’objets d’albĂątre du Harz, Ă  Linden des fabriques d’armes et de coutellerie, enfin Ă  Osterwald une verrerie trĂšs-importante, dont les bouteilles sont particuliĂšrement recherchĂ©es. Le grand fait relevĂ© par l’exposition hanovrienne est l’importance de l’usine de Harburg, et il suffit quelquefois de l’existence d’une seule industrie pour que vingt autres viennent se grouper promptement autour d elle. EXAMEN COMPARATIF UES DIFFERENTS PEUPLES- 32o lirand-duchĂ© de Hesse. Les produits chimiques sont les mĂȘmes que ceux de la plupart des Etats de l’Allemagne; cependant la prĂ©paration de l’outrerner et celle des produits dĂ©rivĂ©s de l’aniline paraissent y occuper une grande place, ainsi que les vernis et les encres grasses. Les vins d’IIock, ceux du Rhin et de la Moselle, y sont en grande abondance ; le tabac et l’ambre figurent aussi parmi les objets exposĂ©s. MM. Deck et Kirschten d’Otl'enbach ont envoyĂ© une belle voilure suspendue sur huit ressorts, et un grand nombre d’articles de carrosserie les machines elles-mĂȘmes ne faisaient pas dĂ©faut Ă  cette exposition ; une petite machine Ă  vapeur de 6 chevaux, une machine pour fabriquer les cigares, une machine pour faire les tuyaux et les briques, et une fort belle sĂ©rie de machines Ă  coudre, tĂ©moignent de l’avancement des arts mĂ©caniques dans ce duchĂ©. Le canon obligĂ© et un petit nombre d’instruments de musique complĂštent les produits delĂ  deuxiĂšme section. Parmi les produits fabriquĂ©s, les cuirs de toutes sortes indiquent une industrie avancĂ©e; mais l’exposition la plus remarquable Ă©tait celle de M. Schroeder, del’Institutpolyteclmique de Darmstadt; M. Schroeder s’est attachĂ© Ă  construire, pour l’usage des Ă©coles techniques, des modĂšles de gĂ©omĂ©trie, d’organes de machines, et des appareils de prĂ©cision; on ne trouverait nulle part en Europe une collection aussi complĂšte et aussi intĂ©ressante que celle de M. Schroeder. MM. Seebatt, Richard et O ont Ă  OlĂŻ'enbach une grande fabrique de quincaillerie, dont les produits sont trĂšs-intĂ©ressants e t trĂšs-variĂ©s; et, pour l’utilisation de sa pausserie, le duchĂ© de Messe possĂšde un grand nombre de fabriques de portefeuilles et d’autres objets de maroquinerie. Autres États allemands. Les expositions des autres Etats de 1 Allemagne sont relativement peu considĂ©rables, et il nous suffira d’indiquer, pour chacune d’elles, les objets les plus importants. Grand-duchĂ© de Mecklembourg-Schiverin, 50 exposants. BlĂ©s, av 'oines et pois ; fromages et oies fumĂ©es ; laines, fusils Le- faucheux; instruments de prĂ©cision et appareils de chirurgie; Ouvertures de meubles en fibres de manille ; cuirs et gants ; Parquets. 32fi EXPOSITION UNIVERSELLE IE LONDRES. Électorat de Hesse, 25 exposants. Couleurs; instruments le science et d’arpentage; tissus de laine; plans en relief du SinaĂŻ et du Golgotha; bijouterie; creusets renommĂ©s de Hesse et creusets de plombagine employĂ©s Ă  la monnaie de Francfort pour des fontes de 600 kilogrammes. DuchĂ© de Saxe-Cobourg-Gotha, 21 exposants. Prussiate de potasse et prĂ©parations de manganĂšse; instruments de prĂ©cision Ă  Gotha; tissus de lin et de laine; jouets en papier mĂąchĂ© et en Ă©tain; porcelaines. DuchĂ© de Anhalt-Dessnu-Coethen, 19 exposants. Paraffine et grande collection de produits de la distillation des lignites ; cette industrie a pris un rapide essor dans presque toutes les contrĂ©es de l’Allemagne; l’usine de Rosslau est importante; peluches et soie, draps , flanelles, typographie. Grand-duchc de Nassau, 18 exposants. Produits minĂ©raux parmi lesquels le nickel et le manganĂšse; belles ardoises; vins; lin rĂ©coltĂ© sur le haut Westerwald, Ă  1500 pieds au-dessus de la mer; publications artistiques et scientifiques. DuchĂ© de Saxe Melningen, 15 exposants. Outremer, moletons, grande fabrication de toiles mĂ©talliques, verreries, manufactures de porcelaine Ă  Posnach et Ă  Vallendorf. DuchĂ© de Brunswick, 15 exposants. Sucre, tissus pour robes, importante collection d’ouvrages scientifiques de M. Vievig et fils, de Brunswick; ouvrages illustrĂ©s de Westermann. Grand-duchĂ© de Luxembourg, 11 exposants. Cuivre et antimoine; tissus de coton ; reproduction d’un manuscrit du onziĂšme siĂšcle. Grand-duchĂ© d’Oldembourg, 6 exposants. Pierres Ă  fusil, acide stĂ©arique, bouchons, bobines, instruments de chirurgie. DuchĂ© de Saxe-Altembourg, 6 exposants. Potassium, sodium, tissus de laines, brosses et gants. PrincipautĂ© de Lippe, 5 exposants. Blanc de Cremnitz, amidon, gomme artificielle, tissus de lin, pipes en Ă©cume de mer. Les expositions des autres États sont sans intĂ©rĂȘt, mais nous avons Ă  revenir sur les quatre villes libres Francfort, Hambourg, BrĂȘme et Lubeck. Francfort-sur-le-Mein. Exposition peu intĂ©ressante si ce n’est pour quelques balances de prĂ©cision , l’impression lithogra- EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES- 327 plaque et typographique et la bijouterie. C’est Ă  Francfort que se fabriquent en grandes quantitĂ©s ces meubles en cornes de cerf qui sont comme la nĂ©gation de tout sentiment artistique, sans ĂȘtre pour cela mieux appropriĂ©s Ă  leur destination. Hambourg. Eaux minĂ©rales, alun, viandes fumĂ©es et conservĂ©es, laines mĂ©rinos, machines il coudre, diamants et rubis, horloges, instruments de musique, articles de peausserie et meubles. BrĂšme. Petit dynamomĂštre de M. Valtjen, pour Ă©tudier les variations du frottement suivant la nature du graissage cet ap- pareil est fort bien construit et peut ĂȘtre trĂšs-utile. Lubeck. Conserves et massepains, broderies. Apres cette aride nomenclature, il ne nous reste plus qu’à jeter un coup d’Ɠil sur l’ensemble des produits minĂ©raux du Zollwerein, et il nous suffira, pour en bien faire saisir l’importance, d’analyser rapidement le catalogue spĂ©cial qui a Ă©tĂ© ré— digĂ© par M. le docteur Widding, sous la direction du cĂ©lĂšbre minĂ©ralogiste Van Dechen. Produits minĂ©raux du Zollverein. La salle dans laquelle tous ces produits ont Ă©tĂ© rassemblĂ©s est certainement une des plus curieuses de l’JExposition. Tout au pourtour on a placĂ© successivement les combustibles fossiles de la Prusse rhĂ©nane et de la Westplialie, puis les minerais de plomb, de zinc, de cuivre, de nickel, de mercure, d’antimoine et de manganĂšse; les diffĂ©rentes roches sont ensuite placĂ©es dans l’ordre suivant les pierres de construction, les ardoises et les marbres des mĂȘmes provinces. Les charbons et les minerais de la SilĂ©sie et du Nassau forment deux sĂ©ries distinctes. Les caries et coupes gĂ©ologiques des diverses contrĂ©es sont appendues aux murailles de cette salle, et les produits les plus intĂ©ressants forment au milieu autant de groupes sĂ©parĂ©s. Au centre, les places principales ont Ă©tĂ© rĂ©servĂ©es aux sels de la formation de Stassfurtli et aux cuivres de l’usine de Mansfeld. On a fait une installation Ă  part pour les eaux minĂ©rales de la BaviĂšre, et pour les diverses exploitations des lignites de la Prusse saxonne, qui ont donnĂ© lieu, dans ces derniers temps, Ă  d’immenses usines qui se livrent exclusivement Ă  la distillation de ces combustibles bruts. Quatre de ces Ă©tablissements ont 328 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. exposĂ©s, et voici la nomenclature de leurs produits telle qu’elle rĂ©sulte de la Notice de M. de Decker» Goudron, huile minĂ©rale brute, huile volatile dite photogĂšne, photogĂšne raffinĂ©e, huile moins volatile dite huile solaire, huile solaire raffinĂ©e, huile paraffinĂ©e, paraffine brute, cristaux de paraffine Ă©purĂ©s, bougies de paraffine, sans compter la benzine et toutes les matiĂšres colorantes qui en dĂ©rivent. Notre collĂšgue, M. Paye», est entrĂ© dans de nombreux dĂ©tails sur cette industrie importante, que nous exploitons Ă©galement en France, par la distillation des schistes dits bog-heads d’Écosse, et de nos schistes bitumineux du Morvan et du Bourbonnais. Quatre grandes Ă©tagĂšres sont, en outre, consacrĂ©es aux produits minĂ©raux les plus importants. Deux d’entre ellesrenferment les produits mĂ©tallurgiques de la Prusse rhĂ©nane et de la West- phalie d’une part, les fontes de diverses provenances ; de l’autre, les fers, les cuivres, les plombs, les zincs, les antimoines, et de magnifiques lingots de nickel et de cobalt que nous n’avions point encore vus sous de tels volumes. Les deux derniĂšres vitrines sont remplies, d’un cĂŽtĂ©, avec les produits de la BaviĂšre, du Luxembourg, de la Saxe et des autres provinces du Zollverein ; de l’autre, par ceux de la SilĂ©sie le fer, l’arsenic, le plomb, l’or, le nickel, avec les aluns et les vitriols de cette riche contrĂ©e. Sans doute, la salle des produits minĂ©raux du Zollverein n’a pas Ă©tĂ© la plus recherchĂ©e Ă  l’Exposition, mais, lorsqu’on l’étudie dans ses dĂ©tails, lorsqu’on se laisse guider par les quarante-six cartes gĂ©ologiques et plans d’exploitation qu’elle renferme, on ne tarde pas Ă  la considĂ©rer comme l’un des faits les plus saillants de l’Exposition. AidĂ© de la Notice de M. de Decken, on lit comme Ă  livre ouvert dans la constitution minĂ©rale de l’Allemagne, et l’on arrive bien vite Ă  cette conclusion, que nulle part la nature n’a Ă©tĂ© plus prodigue de ses dons. Nous terminerons dans le prochain numĂ©ro des Annales cet examen comparatif des expositions des diffĂ©rents peuples. H. TrescĂ . CLASSES 2 ET 4- PRODUITS CHIMIQUES, far >1. l'AYEN. PARAFFINE ET CARBURES D’HYDIIOGÈNE LIQUIDES. RÉSIDUS OLÉAGINEUX. INDUSTRIES STÉARIQUES. CÉT1NE. ÉPURATION DR LA PARAFFINE. Aux dĂ©tails que nous avons donnĂ©s sur l’épuration de la paraffine p. 42 du dernier numĂ©ro, nous devons ajouter quelVu/tfrocar- bure lĂ©ger employĂ© de prĂ©fĂ©rence par M. Cogniet pour la refonte est celui qu’il obtient dans le second produit de la distillation bien mĂ©nagĂ©e du pĂ©troleum, ce carbure d’hydrogĂšne ayant une densitĂ© de 720 est incolore, limpide, exempt de l’odeur dĂ©sagrĂ©able qui caractĂ©rise les produits des schistes. Afin d’éviter une dĂ©perdition notable de l’hydrocarbure lĂ©ger Pendant la refonte, on opĂšre dans une cuve close en tĂŽle ; sur le couvercle de ce vase est adaptĂ© un col d’alambic aboutissant A un rĂ©frigĂ©rant qui condense les vapeurs. La paraffine Ă©tant uĂčse dans la cuve, on Ă©lĂšve sa tempĂ©rature Ă  75 ou 80° par un serpentin eu plomb Ă  retour d’eau; aussitĂŽt que la matiĂšre est liquĂ©fiĂ©e, on y verse par un tube, plongeant dans le liquide, 15 ^ 20 pour 100 de l’hydrocarbure Ă  720 , puis on effectue le UiĂ©lange intime Ă  l’aide d’un agitateur dont la tige verticale Pusse dans une boĂźte d’étoupes au dehors du couvercle. On ouvre alors le robinet de fond, le liquide s’écoule dans des moules ou disses plates oĂč il se prend en masse. On soumet les pains cristallisĂ©s Ă  une pression Ă©nergique ; il faut renouveler une deuxiĂšme et mĂȘme une troisiĂšme fois ce traitement pour les Paraffines difficiles Ă  Ă©purer. Voyez p. 41 et 42. 330 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Nous avons indiquĂ© comment aprĂšs avoir Ă©liminĂ© les derniĂšres traces d’hydrocarbures par le barbotage de la vapeur d’eau,' on dessĂšche la paraffine en la chauffant au-dessus de 100° par la vapeur circulant dans un serpentin en spirale, Ă  retour d’eau. Nous devons dire qu’à ce moment on mĂ©lange Ă  la paraffine liquide, environ 1 centiĂšme de noir animal fin 1 pour achever la dĂ©coloration avant de filtrer cette paraffine; quant au noir qui s’est dĂ©posĂ©, on le lave avec un hydrocarbure lĂ©ger, puis on le revivifie par une calcination en vase clos, qui vaporise et permet de recueillir dans un rĂ©frigĂ©rant le peu d’hydrocarbure et de paraffine dont il restait imprĂ©gnĂ©. Il est aujourd’hui bien reconnu que la matiĂšre premiĂšre la plus Ă©conomiquement productive en hydrocarbures liquides est le pĂ©troleum. Les sources les plus abondantes, aux Etats-Unis, sont situĂ©es auprĂšs d’une station du chemin de fer dit l’Atlantique et le grand Occidental; de lĂ  Xhuile naturelle peut ĂȘtre transportĂ©e facilement Ă  New-York ; plus de 5 millions de gallons 22,750,000 litres ont Ă©tĂ© expĂ©diĂ©s par cette seule voie, sans que Ton ait pu encore utiliser, Ă  beaucoup prĂšs, les Ă©normes quantitĂ©s qui s’écoulent spontanĂ©ment. Au Canada, les sources de pĂ©troleum ne sont pas aussi favorablement situĂ©es, et cependant des centaines d’ouvriers s’occupent Ă  recueillir leur produit; la plus grande partie toutefois s’écoule en pure perte au travers de la contrĂ©e et va gagner le lac Suron, dont il recouvre les eaux. Voici les derniers renseignements que nous nous sommes procurĂ©s sur les prix comparatifs de la paraffine et des hydrocarbures liquides en Prusse, chez MM. Bernard Ilubner de Rehms- dorf, prĂšs Zeitz, et en France chez MM. Cogniet et MarĂ©chal, aux fondriĂšres Nanterre, Seine Prusse. France. Paraffine 1 re qualitĂ©, fusible de 50 Ă  60° le kil. 2 f 02 e 2 f 50 e — 2' — 44 Ă  47°. 2 06 2 00 Hydrocarbure lĂ©ger, densitĂ© 7 lit. 0 94 0 70 — — 795.. 0 86 0 70 Huile pour lampes solaires, densitĂ© 830 Ă  840. 0 63 5 70 e 0 55 Huile lourde paraffinĂ©e. 0 45 0 45 1. Dans un brevet obtenu le 24 juin 1857, MM. Haussoulier et Cogniet ont substituĂ© aux huiles grasses l’emploi bien plus Ă©conomique et plus efficace du sulfure de carbone et indiquĂ© l’application du charbon animal pour achever 1» 331 PRODUITS CHIMIQUES. On voit que les cours commerciaux de ces produits sont peu diffĂ©rents, et toutefois sensiblement moins Ă©levĂ©s chez nous 1 . Les prix courants de M. Hubner ne mentionnent pas d’hydrocarbures trĂšs-lĂ©gers, semblables Ă  ceux que MM. Coignet et MarĂ©chal obtiennent dans les premiers produits de la distillation du Petroleum ; leur densitĂ© varie de 640 Ă  655, ils se vendent 0 f 80 e le litre, peuvent remplacer le sulfure de carbone et l’étlier dans quelques usages et sont trĂšs-propres Ă  la carburation des gaz lĂ©gers de l’éclairage, mĂȘme Ă  donner une flamme trĂšs-lumineuse par la tension de leur vapeur dans l’air atmosphĂ©rique, ce simple mĂ©lange brĂ»lant dans les becs usuels Ă  gaz d’éclairage 2 . Nous donnons plus loin p. 376 les rĂ©sultats d’expĂ©riences sur les quantitĂ©s de lumiĂšre obtenues des bougies de paraffine et d’acide stĂ©arique et de nouvelles observations sur la paraffine et les hydrocarbures ou carbures d'hydrogĂšne lĂ©gers. EXTRACTION PAR LE SULFURE DE CARBONE DE L’HUILE DE MARCS D’OLIVES, DES TOUllTEAUX DE GRAINES OLEAGINEUSES ET DES MATIÈRES GRASSES DE DIVERS RÉSIDUS. Nous avons terminĂ© la premiĂšre partie de ce compte rendu sur les industries chimiques reprĂ©sentĂ©es Ă  l’Exposition de Londres, dĂ©coloration. Ce fut dans un brevet accordĂ© le 2 septembre Ăź 861, que M. Cogniet Wdiqua la substitution do l'hydrocarbure lĂ©ger de pĂ©troleum au sulfure de carbone. rĂ©alisant ainsi une nouvelle et importante amĂ©lioration. 1. Dans les applications Ă  l’éclairage avec les trois systĂšmes de lampes il est arrivĂ© parfois qu’en vue d’obtenir la moyenne convenable on a mĂ©langĂ© ensemble des hydrocarbures de densitĂ©s trĂšs-diffĂ©rentes il rĂ©sultait de lĂ  des chances de Pertes et de graves dangers, car les hydrocarbures les plus lĂ©gers et les plus vola- 61s brĂ»lent les premiers et peuvent, en raison de la forte tension acquise par leur vapeur en un instant, dĂ©terminer des explosions, des blessures et des in- c endics. Ăź. Cette mĂ©thode nouvelle d’éclairage, proposĂ©e par M. Mengruel pourrait de- Ve nir Ă©conomique tout en Ă©tant exempte d’une grande partie des inconvĂ©nients du ordinaire, si les moyens d’exploitation, d’embarrillage et de transport des huiles brutes naturelles'Ă©taient perfectionnĂ©s et plus dĂ©veloppĂ©s qu’ils ne le sont encore dĂ©jĂ  cependant la SociĂ©tĂ© qui exploite aux États-Unis les sources naturelles de V PĂ©troleum a exportĂ©, dit-on, en 1860 67,500,000 litres de cette huile minĂ©rale en 1861, 90 millions; on pense que la quantitĂ© exploitĂ©e en 1862 dĂ©passera *00 millions de litres. 332 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. par la description de l’application nouvelle et Ă©conomique que M. Moison a rĂ©alisĂ©e en extrayant Ă  l’aide du sulfure de carbone les matiĂšres grasses, goudronneuses et rĂ©sineuses des laines de dĂ©bourrage et des toisons tachĂ©es par les marques des moutons, utilisant ainsi au prolit des manufactures de lainages ces dĂ©chets naguĂšre perdus Une industrie analogue manifestait dans la mĂŽme exposition son existence moins rĂ©cente par plusieurs Ă©chantillons de produits remarquables. Si nous en avons ajournĂ© jusqu'aujourd'hui la description, c’est que dans l’extension beaucoup plus grande qu’elle a prise, elle s’applique Ăč des matiĂšres premiĂšres variĂ©es et de diffĂ©rentes origines, offrant ainsi plus de complication dans ses moyens d’approvisionnements et du traitement des matiĂšres sur lesquelles son action s’exerce, enfin donnant lieu Ă  l’extraction de produits dont les applications sont plus variĂ©es; nous avons donc ainsi procĂ©dĂ© Ă  dessein du simple au composĂ© tout en intervertissant l’ordre chronologique Ă  son Ă©gard. C’est effectivement Ă  M. Deiss que l’on doit les premiĂšres applications manufacturiĂšres du sulfure de carbone Ă  l’extraction des huiles, des matiĂšres grasses, neutres ou acidifiĂ©es et de la cire, Ă©galement engagĂ©es dans des rĂ©sidus et jusqu’alors nĂ©gligĂ©es ou complĂštement perdues, qui mĂŽme en certaines circonstances I. Entre les classes 2 et 4, du catalogue rĂ©digĂ© par la Commission royale Ă  Londres, de nombreux points de contact se sont rencontrĂ©s, et parfois Tordre s’e3t trouvĂ© interverti ainsi, par exemple, la paraffine et les hydrocarbures liquides des exposants français Ă©taient rangĂ©s dans la 4 e classe, bien que toutes ces matiĂšres pyrogĂ©nĂ©es fussent comprises dans les produits chimiques, Ă  T Exposition universelle de 1855, et que tous les produits similaires des autres nations se trouvassent, cette annĂ©e, dans la 2 e classe. M. Deiss, qui exposait du sulfure de carbone, des marcs d’olive, de l'huile et du savon, Ă©lait placĂ© dans la 2 e classe, les autres exposants de matiĂšres grasses et de savons avaient Ă©tĂ© inscrits dans la 4 e ; si par le fait de cette confusion regrettable, un de nos exposants a Ă©tĂ© l’objet de deux rapports, un autre est restĂ© en dehors de tout examen. Nous avons cru devoir rĂ©unir dans la premiĂšre partie de ce compte rendu et dans celle-ci l’examen des procĂ©dĂ©s de M. Moison compris avec son dynamomĂštre dans la classe 8, de MM. Cogniet MarĂ©chal, et de M. Deiss; ces procĂ©dĂ©s se rapportant, sans aucun doute, aux industries chimiques. Par la mĂȘme raison nous parlerons ici des savonneries, de la fabrication des acides gras et des bougies slĂ©ariques comprises dans la classe 4 de l'Exposition de Londres. PRODUITS CHIMIQUES. 333 pouvaient, comme nous le ferons voir, devenir des causes d’accidents plus ou moins graves. Nous indiquerons d’abord le systĂšme d’épuration en grand du sulfure de carbone, adoptĂ© par M. Deiss dans son importante usine de Pantin, oĂč il fabrique ce produit ; nous dĂ©crirons e usuite les appareils Ă  l’aide desquels on extrait par ce dissolvant les matiĂšres grasses de divers rĂ©sidus. Le sulfure de carbone brut contient en proportions notables du soufre, que l’on doit en Ă©liminer avec soin avant de l’appliquer Ă  l’extraction des matiĂšres grasses ; on y parvient Ă  l’aide d’une distillation assez bien mĂ©nagĂ©e pour Ă©viter tout entraĂźnement de vapeurs globulaires. b’appareil se compose, chezM. Deiss, d’une cucurbite en tĂŽle il fond plat, ayant 3 mĂštres de longueur, 2 mĂštres de large et I mĂštre de hauteur. Le couvercle, bombĂ©, est muni d’un large trou d’homme et de six tubes de dĂ©gagement en tĂŽle de fer ou de zinc de 13 cent, de diamĂštre graduellement rĂ©trĂ©cis Ă  10' et aboutissant chacun Ă  un serpentin. Les 6 serpentins sont plongĂ©s dans un rĂ©servoir ou rĂ©frigĂ©rant commun dont l’eau se renouvelle continuellement pendant la distillation, afin de condenser la vapeur. Le liquide provenant de cette condensation s’écoule dans un rĂ©cipient clos et muni d’un tube destinĂ© Ă  porter au dehors et au-dessus des ateliers les gaz incondensables en grande Partie formĂ©s d’hydrogĂšne sulfurĂ© et d’air atmosphĂ©rique. Sur toute l’étendue du fond de cette cucurbite serpentent 1° Un tube Ă  retour d’eau en plomb, parallĂšle aux parois latĂ©rales et recourbĂ© trois fois sur lui-mĂȘme ; 2° Un autre tube semblablement disposĂ©, mais perforĂ© d’un grand nombre de trous. Ces deux tubes admettent chacun isolĂ©ment, par un robinet spĂ©cial, la vapeur d’eau Ă  la volontĂ© de 1 opĂ©rateur. Au moyen d’un ajutage adaptĂ© sur le couvercle, on fait arriver tans la cucurbite, pour la remplir Ă  peu prĂšs aux trois quarts de contenance totale, 3,000 kil. du sulfure de carbone Ă  rectitier, Puis, l’ajutage d'introduction Ă©tant fermĂ©, on commence l’opĂ©- Uition en introduisant la vapeur dans le premier serpentin Ă  retour d’eau, et l’on rĂšgle cette introduction de maniĂšre Ă  maintenir la tempĂ©rature Ă  48°, sans produire une Ă©bullition trop v >ve ; dĂšs lors la distillation commence, elle dure trois Ă  quatre 334 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- jours 1 . Lorsqu’il ne se dĂ©gage plus sensiblement de vapeur de sulfure de carbone, on doit introduire la vapeur d’eau dans le 2 e tube percĂ©, afin que cette vapeur libre puisse chasser tout ce qui se trouve encore de sulfure dans la cucurbite, soit adhĂ©rent au dĂ©pĂŽt de soufre, soit maintenu en vapeur dans toute la capacitĂ© du vase. On laisse vers la fin s’échapper l’excĂšs de vapeur en ouvrant l’ajutage au sommet du couvercle, puis rentrer l’air atmosphĂ©rique par la mĂȘme ouverture. C’est alors que l’on enlĂšve l’obturateur du trou d’homme, et qu’un ouvrier peut, sans courir aucun danger, entrer dans la cucurbite pour retirer le dĂ©pĂŽt de soufre, puis effectuer un lavage dont les eaux s’écoulent par un robinet de fond, et remettre enfin tout en Ă©tat pour recommencer une autre opĂ©ration semblable. Le sulfure de carbone, ainsi rectifiĂ© soigneusement, ne retient plus guĂšre que des traces d’acide sulfhydrique 2 , mais durant les opĂ©rations de filtrations et de distillations multiples auxquelles il doit s’appliquer pour extraire les matiĂšres grasses, l’hydrogĂšne sulfurĂ© s’élimine de plus en plus complĂštement, en sorte que le dissolvant s’épure spontanĂ©ment lui-mĂȘme sans qu’on ait Ă  s’en prĂ©occuper 3 . 1. On pourrait facilement en observer les progrĂšs en rĂ©unissant dans un tube commun les produits condensĂ©s dans tous les serpentins et adaptant sur le trajet de ce tube commun, avant son entrĂ©e dans le rĂ©servoir, un court manchon en crislal qui laisserait voir le liquide passer en plus ou moins grande abondance jusqu’à ce qu’il cessĂąt de couler, lorsque la rectification serait Ă  son terme. Les joints seraient facilement rendus Ă©tanches, Ă  l’aide d'un vernis de gomme laque Ă  l’alcool. 2. On peut l’expĂ©dier en cet Ă©tat dans des tourillos en grĂšs, mais afin d’éviter les chances de fracture des vases, M. Deiss emploie, pour transporter le sulfure de carbone, des tonneaux cylindriques en tĂŽle Ă  fonds clouĂ©s et rentrĂ©s de Ă  Ă  6 centimĂštres ; ces vases ont 60 cent, de diamĂštre et 80 cent, de hauteur, ils sont munis sur l’un des fonds d’un ajutage fermant Ă  Ă©crou; on ouvre Ă  volontĂ© cet ajutage pour extraire le liquide Ă  l’aide d’un siphon. 3. Pour certaines opĂ©rations plus dĂ©licates il pourrait Être utile de se procurer Ă©conomiquement du sulfure de carbone exempt, Ă  peu prĂšs, d’acide sull'hydrique on y parviendrait sans peine, en ayant le soin de fractionner les produits delĂ  rectification; du moins en en faisant l’essai, par une rectification au bain-marie dans le laboratoire ; j’ai pu constater que les premiĂšres porlions distillĂ©es exhalent une odeur infecte, tandis que la deuxiĂšme moitiĂ© n’offre plus que l’odeur normale, relativement faible, du sulfure de carbone pur. l'HODUlTS CHIMIQUES. 33S Outre les dĂ©chets de laines de marques, de dĂ©bourrage et de tonte des draps qui exigent un traitement tout spĂ©cial, et sur lequel nous avons donnĂ© des dĂ©tails suffisants dans la premiĂšre partie de ce compte rendu, voici quels sont les rĂ©sidus actuellement soumis au lavage par le sulfure de carbone, et la prĂ©paration, particuliĂšre Ă  plusieurs d’entre eux, faite en vue de cette extraction 1° Les dĂ©pĂŽts bruns dits glycĂ©rine goudronneuse provenant de l’un des procĂ©dĂ©s encore en usage ou accidentellement produits dans la saponification sulfurique, prĂ©paratoire Ă  la distillation des corps gras; opĂ©rations dĂ©crites plus loin et relatives aux industries stĂ©ariques. Ces dĂ©pĂŽts bruns, avant d’ĂȘtre soumis au traitement qui doit en extraire environ 18 Ă  20 centiĂšmes d’acides gras, sont mĂ©langĂ©s avec de la sciure de bois, afin de les rendre assez permĂ©ables pour faciliter la filtration du sulfure de carbone au travers de la masse. Les rĂ©sidus de cette sorte, provenant de plusieurs fabriques, sont traitĂ©s en France dans l’usinede M. Deiss, Ă  Pantin, prĂšs de Paris, en Angleterre et en Belgique par les concessionnaires de l’inventeur, Ă  Bow-Bridge, prĂšs de Londres et Ă  Molenbek Saint-Jean, Bruxelles. M. Stanley, concessionnaire Ă  Leeds, dans le Yovck-Shire, traite particuliĂšrement les dĂ©chets de laine de cardes, de tontisse, de peignages, avec du sulfure de carbone expĂ©diĂ© de France et fabriquĂ© chez M. Deiss. 2° Les cambouis ou rĂ©sidus bruns des matiĂšres grasses employĂ©es a u graissage des essieux de voitures et wagons, les graisses de cuisine, etc. Ces matiĂšres doivent Ă©galement, et par les mĂȘmes motifs, ĂȘtre mĂ©langĂ©es avec de la sciure de bois avant qu’on les place dans l’extracteur, oĂč s’effectue la filtration du sulfure de carbone les cambouis des wagons sont prĂ©alablement traitĂ©s Ă  cbaud par l’acide sulfurique, lavĂ©s et sĂ©chĂ©s pour dĂ©composer 1 Ă©mulsion savonneuse et mettre Ă  nu la matiĂšre grasse. 3° Les Ă©toupes et chiffons gras qui ont servi au nettoyage des parties frottantes des machines fixes et mobiles dans les filatu- r es, divers ateliers et sur les chemins de fer lubrifiĂ©es avec des graisses ou des huiles. Ces filaments et lambeaux de tissus sont as sez facilement permĂ©ables pour ĂȘtre traitĂ©s sans mĂ©lange PrĂ©alable ; un triple avantage peut rĂ©sulter de l’extraction des MatiĂšres grasses qu’ils contiennent les soins que l’on doit prenne de les renfermer dans des vases clos pour les expĂ©dier ultĂ©- 33ti EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. rieurement, Ă©vitent les graves dangers d’incendie occasionnĂ©s en maintes circonstances par l’accumulation en tas, dans les coins des ateliers, de ces tissus ou filaments graissĂ©s qui, absorbant et fixant l’oxygĂšne de l’air, peuvent s’échauffer au point de s’enflammer spontanĂ©ment 1 ; le deuxiĂšme avantage rĂ©sulte de la valeur mĂȘme de la matiĂšre grasse que l’on a extraite, et le troisiĂšme, de l’emploi ultĂ©rieur que l’on peut faire pour le mĂȘme service des dĂ©bris de filaments ou de tissus ainsi nettoyĂ©s. 4° Les rĂ©sidus lavĂ©s et pressĂ©s de l’extraction directe de la cire, ce sont encore des rĂ©sidus retenant une matiĂšre soluble dans le sulfure de carbone, habituellement perdue. A la vĂ©ritĂ© on les utilise comme engrais ; ils se vendent pour cet usage 18 Ă  20 fr. les 100 kil., mais leur valeur rĂ©elle ne serait en rien diminuĂ©e si l’on en extrayait, par le dissolvant spĂ©cial, 20 p. 100 de cire dont on pourrait se servir pour frotter ou pour fabriquer des bougies, brunes, Ă©conomiques et donnant beaucoup de lumiĂšre. Ces rĂ©sidus doivent donc ĂȘtre traitĂ©s Ă  part, puisque le produit que l’on en tire ayant les propriĂ©tĂ©s spĂ©ciales des cires, s’applique Ă  des usages diffĂ©rents de ceux des matiĂšres grasses qui sont Ă©conomiquement saponifĂźables. 5° Les sciures de bois aprĂšs qu’elles ont servi Ă  la filtration des huiles Ă©purĂ©es par l'acide sulfurique et subi une forte pression; ces tourteaux de sciure cĂšdent au sulfure de carbone 13 Ă  18 d’huile pour 100 de leur poids. 6° Les fĂšces acides, dĂ©pĂŽts boueux des huiles battues avec 2,3 pour 100 d’acide sulfurique; ces rĂ©sidus contiennent 0,30 d’huile que le sulfure de carbone enlĂšve aprĂšs qu’on les a lavĂ©s Ă  l’eau bouillante pour dĂ©composer les acides sulfo gras, sĂ©chĂ©s puis mĂ©langĂ©s avec de la sciure qui facilite la filtration. 7° Les os des animaux de boucherie, provenant de la consommation des viandes alimentaires, ces rĂ©sidus ramassĂ©s dans les 1. On peut se mettre Ă  l’abri des dangers d'inflammation spontanĂ©e et rĂ©aliser une Ă©conomie notable en substituant aux Imites grasses en usage, pour lubrifier les parties frottantes des machines, les huiles dites minĂ©rales paraffinĂ©es, provenant de la distillation des schistes, des lignites, du pĂ©troleum, etc., qui, n’étant pas susceptibles d’absorber l’oxygĂšne atmosphĂ©rique, ne sauraient Ă©prouver celle sorte de combustion, c’est li un avantage bien apprĂ©ciĂ© dĂ©jĂ , surtout en Angleterre. Au reste, le procĂ©dĂ© de M. Deiss s'appliquerait Ă©galement Ă  enlever par le sulfure de carbone ces hydrocarbures pour les utiliser de nouveau. PRODUITS CHIMIQUES. 337 maisons ou dans les rues, constituent la matiĂšre premiĂšre de la fabrication du noir animal, ou de la gĂ©latine. On en rĂ©colte annuellement en France plus de 20 millions dekilogr., qui, aprĂšs avoir fourni de la graisse, puis du charbon d’os appliquĂ© Ă  la dĂ©coloration des sirops, retournent Ă  l’agriculture celle-ci emploie trĂšs-avantageusement ce rĂ©sidu comme engrais sous le nom de noir animal. Les os bruts, encore frais, dits os gras, aprĂšs avoir Ă©tĂ© concassĂ©s, sont traitĂ©s habituellement par Ă©bullition dans l’eau. Ils ne donnent alors, en moyenne, que 6 Ă  7 centiĂšmes de matiĂšre grasse, vendue sous le nom de petit suif ou suif d’os, et employĂ©e dans la savonnerie ou la fabrication des produits stĂ©ariques par distillation. On obtient jusqu’à 10 et11 centiĂšmes de leur poids de la mĂŽme matiĂšre grasse, lorsqu’on les soumet, dans l’appareil de M. Deiss, Ă  l’action dissolvante du sulfure de carbone, en prenant quelques prĂ©cautions spĂ©ciales indiquĂ©es plus loin. 8» Les tourteaux des graines olĂ©agineuses, colza, navette, sĂ©same, cameline, lin, arachides, lorsqu’ils ne sont pas destinĂ©s Ă  l’alimentation ou Ă  l’engraissement des bestiaux, soit qu’ils se trouvent produits en excĂšs pour cette consommation, soit que leur qualitĂ© les y rende moins favorables ou qu’ils y soient devenus tout Ă  fait impropres par suite de certaines altĂ©rations spontanĂ©es fermentation, ranciditĂ©, moisissures, etc. qu’ils ont pu subir 1 . Eu tout cas, avant de soumettre Ă  l’action du sulfure de carbone c es tourteaux, il fautles diviser; on y parvientĂ  l'aide de cylindres cannelĂ©s qui les rĂ©duisent en fragments gros comme la moitiĂ© G La quantitĂ© de tourteaux disponible tous les ans est trĂšs-considĂ©rable, on peut s’en l'aire une idĂ©e en considĂ©rant les importations annuelles pour le com- U erce intĂ©rieur, et la production moyenne des graines olĂ©agineuses en France, ^oici sur quelles bases peuvent s’établir les calculs pour l’annĂ©e 1859 Graines importĂ©es.... 118 664 37fi k RĂ©coltĂ©es... 313 828 912 Total. 7 s2 493Ü38T prĂ©sentant aprĂšs les pressions ordinaires Tourteaux. 289 500 000 k j ^ es importations relevĂ©es sur les Ă©tats des douanes, pour 1859, comprennent Sa racliides; celte annĂ©e elles dĂ©passent 1858 et sont infĂ©rieures Ă  celles de *60. C’esl donc sensiblement une moyenne pour notre Ă©poque. Quant Ă  la production des graines olĂ©agineuses "en France, elle a Ă©tĂ© constatĂ©e 111 . 22 338 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. d’une noix la surface qu’ils prĂ©sentent en cet Ă©tat est suffisante j pour que leur Ă©puisement soit complet. j Si les tourteaux Ă©puisĂ©s de matiĂšre huileuse sont devenus im- j propres Ă  la nourriture des animaux, ils sont, au contraire, plus j favorables Ă  la nutrition des plantes. En effet, la matiĂšre grasse, Ă  peu prĂšs inutile dans ce cas, puisque les dĂ©bris hydro-carbonĂ©s surabondent dans les sols en culture, agit mĂȘme dĂ©favorablement parfois, en raison de sa ranciditĂ©, sur les organes dĂ©licats des graines en germination. D’ailleurs, en enlevant aux tourteaux dix pour cent de leur poids d’une matiĂšre inerte, les substances les plus efficaces phosphates, matiĂšres azotĂ©es, sels alcalins, se trouvent, par cela mĂȘme, augmentĂ©es dans une semblable proportion. Enfin, une derniĂšre considĂ©ration qui n’est pas sans valeur, c’est que l’engrais, dessĂ©chĂ© aprĂšs sa sortie des appareils, se prĂ©sente sous un Ă©tat de division convenable pour ĂȘtre aisĂ©ment rĂ©pandu sur le sol, en sorte que les agriculteurs Ă©vitent, en j l’employant, la dĂ©pense du broyage, indispensable relativement aux tourteaux ordinaires. Ceux- ci, Ă  la vĂ©ritĂ©, offrent aux acheteurs une certaine garantie, par leur forme spĂ©ciale, contre tout mĂ©lange frauduleux avec des matiĂšres Ă©trangĂšres; mais on ' obtiendrait des garanties semblables, plus certaines mĂȘme, en [ achetant les tourteaux pulvĂ©rulents sur Ă©chantillons cachetĂ©s, j renfermĂ©s dans des emballages, munis de la marque du vendeur, et se rĂ©servant le droit de faire vĂ©rifier, par l’analyse, l’identitĂ© du produit au moment de la livraison. Telles sont, au surplus, les prĂ©cautions Ă  prendre, relativement aux diffĂ©rents engrais commerciaux. Ces prĂ©cautions, gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©es en Angleterre, commencent Ă  servir de base aux transactions entre nos agriculteurs et les marchands d’engrais. Les tourteaux de graines olĂ©agineuses peuvent ĂȘtre traitĂ©s parle sulfure de carbone sous deux Ă©tats diffĂ©rents aprĂšs avoir d’aprĂšs la statistique agricole du ministĂšre de l’agriculture, recueillie parM. Legoyt, la valeur en argent y est portĂ©e Ă  116 425 268 fr., non compris les huiles d’olives et de noix, qui reprĂ©sentent L’unte. 28 701 126 fr. L’autre. 14 288 398 Ensemble 42 989524 fr. PRODUITS CHIMIQUES. 339 subi soit une, soit deux pressions ; quelle est, Ă  cet Ă©gard, la mĂ©thode prĂ©fĂ©rable, au point de vue Ă©conomique? Le choix, au premier abord, ne semble pas douteux. En effet, l’extraction Ă  l’aide du moyen mĂ©canique donne, dĂšs la premiĂšre pression , la plus grande partie de l’huile, surtout en faisant intervenir la chaleur ; mais pour obtenir une partie de ce qui reste, il faut rebattre les tourteaux et les chauffer de nouveau avant de les soumettre Ă  une deuxiĂšme pression. On dĂ©pense donc plus que la premiĂšre fois, et l’on obtient moins de produit, celui-ci ayant, mĂȘme Ă  poids Ă©gal, une moindre valeur. Le procĂ©dĂ© chimique ne coĂ»te pas davantage, qu’il s’applique aux tourteaux de premiĂšre, de deuxiĂšme, ou mĂȘme de troisiĂšme pression ; or, dans le premier cas, on recueille une quantitĂ© double d’huile, 20 centiĂšmes environ, au lieu de 10 dans les produits de seconde pression; l’excĂ©dant ne coĂ»te donc sensiblement rien, tandis qu’il aurait exigĂ©, par le moyen mĂ©canique, une dĂ©pense au moins Ă©gale Ă  celle de la premiĂšre opĂ©ration. Lors donc que le rĂ©sidu sera apprĂ©ciĂ©, comme engrais, Ă  sa valeur, la mĂ©thode la plus avantageuse consistera dans le traitement des tourteaux, par le sulfure de carbone, aprĂšs une premiĂšre pression ; sous la rĂ©serve que les rĂ©sidus ne serviront pas Ă  nourrir des animaux, du moins jusqu’à ce que l’expĂ©rience ait prononcĂ© sur ce point 1 . 9° Les pains de creton contenant 20 pour 100 de suif que l’on obtient en les traitant comme les tourteaux. 10° Les dĂ©tritus de cacao dont on extrait de mĂȘme la substance butyreuse, d’un prix assez Ă©levĂ©. 11° Les rĂ©sidus de l’extraction de l’huile des olives. Ces marcs d olives se trouvent sous deux Ă©tats diffĂ©rents, suivant le systĂšme a loptĂ© pour l’extraction de l’huile. En Italie, oĂč se rencontrent ^ es plus grandes masses de ces rĂ©sidus, une partie est mainte- na nt exploitĂ©e Ă  l’aide du sulfure de carbone et des appareils M. Deiss, que nous allons dĂ©crire. On dĂ©signe sous le nom sanza le rĂ©sidu des olives simplement Ă©crasĂ©es et pressĂ©es. ^ e tte matiĂšre, la plus abondante, contient, outre la pulpe du 1 ‱ A Marseille la quantitĂ© de ces tourteaux, obtenue journellement, s’élĂšve Ă  ^99 000 kilog. reprĂ©senlant20 000 kilog. d’huile, ou pour une annĂ©e de 300 jours, a ' aillions de kilog. On monte en ce moment une grande usine pour traiter par sulfure de carbone les tourteaux olĂ©agineux dans cette localitĂ©. 340 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. fruit, les noyaux, qui en augmentent le volume et le poids sans rien ajouter Ă  leur rendement Une autre sorte de marc d’olives est dĂ©signĂ©e, en Italie, sous le nom de buccia. Voici dans quelles circonstances elle est obtenue. Les fabricants d’huile de recense, nommĂ©s en Toscane f'rullini, achĂštent les marcs compacts dits sanza, les font bouillir dans l’eau, afin d’en Ă©liminer les noyaux qui, en effet, se dĂ©tachent et se rassemblent au fond de la chaudiĂšre. La substance pulpeuse demeurĂ©e en suspension dans le liquide est reçue sur un amis, puis portĂ©e Ă  la presse ; les tourteaux qui rĂ©sultent de cette opĂ©ration ne contiennent pas de noyaux, et la matiĂšre huileuse s’y trouve, par cette raison, en proportion plus forte. En beaucoup d’endroits, on s’en sert comme d’un combustible flambant. Dans diverses localitĂ©s de l’Italie centrale, on la met en rĂ©serve pour en faire des feux de joie pendant les fĂȘtes ; il en rĂ©sulte que son prix dĂ©passe souvent la valeur rĂ©elle des 18 Ă  20 centiĂšmes d’huile qui s’y trouvent contenus ; on ne s’en procure que difficilement des quantitĂ©s considĂ©rables Ă  un prix qui permette d’en extraire avec avantage l’huile par le sulfure de carbone ; aussi M. Deiss a-t-il dĂ» faire construire, pour l’exploitation de MM. Daninos et Compagnie, Ă  Pise, des appareils trĂšs- grands afin de traiter principalement la sanza, qui ne renferme qu’environ 12 pour 100 d’huile. Le vase extracteur de ces appareils a une capacitĂ© de 21,000 litres et peut traiter Ă  la fois 12,500 kilos de sanza et les deux appareils, en 26 Ă  30 heures, 23,000 kilos donnant de 2,500 Ă  2,700 kilog. d’huile ; nous allons dĂ©crire un de ces appareils et nous donnerons ensuite des notions nouvelles sur l’approvisionnement des matiĂšres premiĂšres et les applications des produits 1 2 . 1. Il se trouve Ă  la vĂ©ritĂ© dans l'amande que les noyaux renferment une matiĂšre huileuse pariieuliĂšre, or celle-ci ne pourrait Être atteinte et dissoute par le sulfure de carbone que si les noyaux Ă©taient brisĂ©s; mais on no doit pas pousser jusque-lĂ  le broyage, afin d’éviter, lors de la premiĂšre expression, le mĂ©lange de l’huile des noyaux avec l’huile de meilleure qualitĂ© comestible et moins susceptible de rancir, qui est secrĂ©tĂ©e dans la pulpe du fruit. 2. Lorsqu’on peut se procureur des marcs sans noyaux, dits baccia, la mĂŽme capacitĂ© en contient 10,000 kilogr.; le rendement s’élĂšve Ă  17 pour 100 au sortir des presses, de 22 Ă  25 lorsqu’ils sout secs, et jusqu'Ă  28 lorsqu’ils proviennent des Calabres, oĂč l’expression s'effectue moins Ă©nergiquement. PRODUITS CHIMIQUES. 341 Les deux figures ci-dessous montrent, par une coupe verticale et un plan, les dispositions principales de l’appareil Ă  filtration, distillation et condensation continues qui rĂ©alise en grand l’ex- l'iK t. Fig. Ăź. VMM iiiĂźĂŒĂ‹i faction Ă©conomique des matiĂšres grasses par le dissolvant vo- a M Quant aux gĂ©nĂ©rateurs Ă  vapeur qui doivent fournir toute '‱ Un ustensile Ă , flltraliou et distillation continues que j’ai depuis longtemps introduit dans les laboratoires peut donner une idĂ©e de la thĂ©orie de celte exlrac- l ' on Ă©conomique en grand Voy. p. S2i, t. 2, du PrĂ©cis de chimie industrielle, 342 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. la chaleur nĂ©cessaire Ă  cette opĂ©ration, Ă  raison de 100 kil. de vapeur d’eau pour distiller 770 kil. de sulfure d’aprĂšs les expĂ©riences de M. Moussu, outre la quantitĂ© nĂ©cessaire pour Ă©liminer les derniĂšres portions de sulfure de carbone retenues par le liquide huileux et pour vaporiser ce qui reste de sulfure de carbone interposĂ© dans les marcs aprĂšs la filtration et l’égouttage , enfin, pour dĂ©velopper la force mĂ©canique ; ces gĂ©nĂ©rateurs doivent ĂȘtre dans un bĂątiment isolĂ©. Chez MM. Daninos et C ie ; ils sont Ă©loignĂ©s Ă  28 mĂštres, afin d’éviter toute chance de communication, de la vapeur inflammable du sulfure de carbone avec les foyers et les dangers d’incendie qui en rĂ©sulteraient. A /fy. 1 rĂ©servoir en maçonnerie solide et compacte hourdĂ©e en ciment romain, dont la longueur dĂ©passe vers l’un de ses bouts le rĂ©frigĂ©rant superposĂ© I. Vers cette extrĂ©mitĂ© se trouve un trou d’homme clos ordinairement et dans lequel aboutissent le tube commun j du rĂ©frigĂ©rant et le tuyau aspirateur h' des pompes h. La profondeur de ce rĂ©servoir est de 1»>80, sa largeur de 2 m , et sa longueur de 6 m 60. Toute la partie du rĂ©servoir A pouvant contenir 23,000 litres, qui doit se remplir de sulfure de carbone et d’eau, est doublĂ©e en plomb; un intervalle de 2 centimĂštres est mĂ©nagĂ© entre les parois de ce rĂ©servoir et le parement de la maçonnerie. On remplit cet intervalle avec du plĂątre fin, de façon Ă  mouler et consolider le vase; une disposition semblable est prise relativement aux deux autres grands vases que nous allons dĂ©crire, l’extracteur et la chaudiĂšre distillatoire ! . B, extracteur dont le fond ainsi que les parois latĂ©rales sont en lames de plomb et le couvercle bombĂ© en tĂŽle, maintenu sur les bords rabattus du vase par une double bride et clos hermĂ©tiquement Ă  l’aide d’étriers articulĂ©s munis de boulons Ă  vis. Ce vase extracteur cube 21,000 litres et peut recevoir 12,500 kil. de sanza. A la partie infĂ©rieure se trouve un faux fond mobile en tĂŽle percĂ© I. Suivant les dispositions adoptĂ©es par M. Deiss pour l’appareil, construit dans son usine de Pantin, prĂšs Paris, le rĂ©servoir, le rĂ©frigĂ©rant et la chaudiĂšre dislilla- toire, entiĂšrement en tĂŽle, se soutiennent seuls, et leurs parois latĂ©rales isolĂ©es de la maçonnerie sont accessibles de toutes parts; quant Ă  l’extracteur qui peut recevoir des rĂ©sidus acides tels que les sciures d’épuration des huiles et les rĂ©sidus de glycĂ©rine retenant de l’acide sulfurique, les parois latĂ©rales et le fond sont en plomb, le couvercle seul est en tĂŽle. 343 PRODUITS CHIMIQUES. de trous d d ; entre le fond et le faux fond un tube en serpentin percĂ© de trous, mis Ă  volontĂ© en communication par des robinets avec le tube commun f venant du gĂ©nĂ©rateur, permet l’introduction de la vapeur d’eau Ă  la fin de l’extraction Un second faux fond mobile d'd 1 , Ă©galement horizontal et percĂ© de trous, se place sur la charge de sanza, rĂ©gularise et limite sa hauteur, reposant lui-mĂȘme sur des appuis fixĂ©s aux parois. PrĂšs de chaque extrĂ©mitĂ© de ce faux fond, Ă  50 centimĂštres environ des parois, sont pratiquĂ©es deux ouvertures d’environ 12 centimĂštres, Ă  chacune desquelles s’adapte un tube Ă©vasĂ© sortant au travers de la paroi latĂ©rale et aboutissant Ă  la chaudiĂšre distillatoire D. Ces deux tubes font fonctions de trop-pleins qui dirigent, par une diffĂ©rence de niveau de 60 centimĂštres, tout le liquide dĂ©passant le niveau du faux fond supĂ©rieur, vers la chaudiĂšre D. ImmĂ©diatement au-dessous du couvercle, neuf gros tubes ee de 20 centimĂštres rĂ©duits Ă  15 centimĂštres Ă  leur bout opposĂ© sont fixĂ©s aux parois de l’extracteur. Entre le fond et le premier faux fond de l’extracteur arrivent les tubes ouverts des deux pompes h h, qui puisent Ă  volontĂ© le sulfure de carbone dans le rĂ©servoir A pour le refouler et le faire filtrer de bas en haut dans l’extracteur. A la paroi mĂȘme du fond de ce rĂ©servoir est adaptĂ© un tube ouvert qui aboutit au tube commun du rĂ©frigĂ©rant et permet d’effectuer vers le rĂ©servoir A le retour du sulfure de carbone, lorsque jugeant l’épuisement terminĂ© dans l’extracteur, on veut le vider; il suffit alors d’ouvrir u n robinet adaptĂ© sur le trajet de ce tube Ă  retour du sulfure. Enfin, prĂšs de chacune des extrĂ©mitĂ©s du fond de l’extracteur, u tube de vidange i, Ă©galement muni d’un robinet, permet de taire Ă  volontĂ© Ă©couler au dehors les eaux de lavages lorsqu’on n ettoie l’appareil. Les neuf tubes Ă©vasĂ©s adaptĂ©s Ă  la partie supĂ©rieure de l’extracteur devant fonctionner comme autant de cols d’alambic ° u s’engagent les vapeurs Ă  condenser, aboutissent chacun Ă  un Se rpentin plongeant dans le rĂ©frigĂ©rant commun et recevant par On a trouvĂ© avantageux de joindre Ă  ce serpentin trouĂ© un autre contournĂ© PsrallĂšlemenl, mais fermĂ© ou Ă  retour d'eau, et permettant, sans mĂ©lange de va- Peur, d’échauffer le liquide Ă  33° tempĂ©rature qui augmente beaucoup la facultĂ© dissolvante du sulfure de oarbone. On comprend que oette disposition soit plus dRle en France qu’en Italie. 344 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. un ajutage bifurquĂ© l’extrĂ©mitĂ© correspondante de chacun des neufs cols de cygne, e, e, qui adaptĂ©s au sommet du couvercle bombĂ© de la chaudiĂšre distillatoire D, conduisent au mĂȘme serpentin les vapeurs formĂ©es dans cette chaudiĂšre que nous allons dĂ©crire; les neuf serpentins aboutissent, par leur partie infĂ©rieure, Ă  un plus large tube horizontal de 15 centimĂštres de diamĂštre qui se recourbe verticalement pour entrer en j dans le rĂ©servoir Ă  sulfure de carbone A, oĂč doivent en effet se rĂ©unir tous les produits liquides des vapeurs condensĂ©es ; Ă  l’aide de trop pleins on maintient facilement it la superlicie du sulfure de carbone, dans ce rĂ©servoir, une couche de quelques centimĂštres d’eau, qui intercepte la communication de ce sulfure volatil avec l’air et prĂ©vient toute Ă©vaporation, lors mĂȘme que le trou d’homme n’est pas clos; l’eau elle-mĂȘme surnage en raison de son poids spĂ©cifique moindre que celui du sulfure de carbone, suivant le rapport de 1293 Ă  1000. La chaudiĂšre distillatoire D a 5 n, 50° de long, 1 m 65 de large, et 40 cent, de profondeur, et 45 cent, sous son couvercle bombĂ© ; le liquide qu’elle contient, jusques Ă  une hauteur de 20 cent., forme un volume de 1,800 litres; ses fonctions consistent Ă  recevoir continuellement, pendant toute la durĂ©e de la filtration au travers de l’extracteur, le liquide qui dĂ©borde par les deux tubes trop-plein, de vaporiser le dissolvant trĂšs-volatil, et de retenir la matiĂšre grasse dissoute, relativement fixe. Voici comment ces fonctions s’accomplissent dans le tube /', en communication directe avec les gĂ©nĂ©rateurs, on fait Ă  volontĂ© passer la vapeur d’eau par l’une des deux branches d’une bifurcation que montre la fig. 2; l’une de ces branches plus rapprochĂ©e du tube commun /, dĂšs qu’on ouvre le robinet qu’elle porte, laisse circuler la vapeur dans le tube qui fait suite, et parcourt deux fois l’étendue de la chaudiĂšre parallĂšlement Ă  ses parois; revenant vers l’extrĂ©mitĂ© par laquelle il est entrĂ©; ce tube, au sortir de la chaudiĂšre, se dirige vers un retour d’eau; il a donc communiquĂ© indirectement ou au travers de ses parois la chaleur latente delĂ  vapeur d’eau qui s’est condensĂ©e, dĂ©terminant ainsi l’évaporation du sulfure de carbone. A l’autre bout de la mĂȘme chaudiĂšre, dont la fig. 2 ne laisse voir que la moitiĂ©, les choses sont disposĂ©es symĂ©triquement de mĂȘme, en sorte que l’un des deux tubes, d’une bifurcation toute PRODUITS CHIMIQUES. 345 semblable et dont on ouvre le robinet, fait circuler en sens inverse la vapeur d’eau ; le tube qui sort symĂ©triquement aussi, au bout opposĂ©, ramĂšne l’eau de condensation au gĂ©nĂ©rateur. On comprend le but de cette double circulation symĂ©trique et en sens inverse qui en effet tend Ă  rĂ©gulariser sur tous les points du parcours la transmission de la chaleur; on voit aussi comment le dĂ©gagement rĂ©gulier Ă  peu prĂšs sur tous les points, de la vapeur Ă©mise par l’ébullition du sulfure de carbone, trouve un Ă©coulement facile par les neuf cols tubulaires qui aboutissent aux neuf serpentins oĂč elle doit se condenser. Mais lorsque l’évaporation est Ă  son terme, c’est-Ă -dire que la matiĂšre huileuse restĂ©e dans la chaudiĂšre D retient seulement des traces du sulfure, il faut, pour chasser ces derniĂšres portions, faire passer directement au travers du liquide gras, des courants de vapeur d’eau sur tous les points ; on y parvient en ouvrant Ă  chacun des bouts de la chaudiĂšre le robinet du second tube de la bifurcation. Celui-ci, en effet, parcourt le fond parallĂšlement au premier, et revient sur lui-mĂȘme ; or, comme dans toute son Ă©tendue il est percĂ© de trous, il laisse sortir la vapeur par un grand nombre de jets. Ici encore, en donnant accĂšs Ă  la vapeur Ă  la fois dans les deux tubes par les bouts opposĂ©s, et lançant leurs jets nombreux symĂ©triquement, le but que l’on a voulu et dĂ» atteindre Ă©tait de rĂ©gulariser sur toute l’étendue de la masse huileuse le passage de la vapeur d’eau, afin d’entraĂźner sur tous les points simultanĂ©ment les derniĂšres traces de sulfure de carbone. C’est alors qu’un tube de fond, adaptĂ© Ă  la chaudiĂšre D indiquĂ© sur la lĂźg. 1, permet, soit en levant une soupape interne, soit en ouvrant un robinet extĂ©rieur, de soutirer le liquide huileux pour le diriger vers un rĂ©servoir oĂč il laisse dĂ©poser quelques corps Ă©trangers et se refroidit avant qu’on le mette en barils pour l’expĂ©dier. Maintenant que les diffĂ©rentes parties de cet appareil sont suffisamment indiquĂ©es, nous allons reprendre la description des opĂ©rations successives qui s’y effectuent. D’abord les marcs d’olives, assez secs, et divisĂ©s au point convenable, sont chargĂ©s sur le premier faux fond dd de l’extrac- teur B; lorsque ce vase est rempli de marc bien rĂ©guliĂšrement tassĂ© au niveau du deuxiĂšme faux-fond d'ad', celui-ci est posĂ© e t maintenu horizontalement par quelques boulons Ă  Ă©crous ou 340 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. clavettes; le couvercle Ă©tant placĂ© alors et clos hermĂ©tiquement, on met en mouvement les pompes h h, fig. 2, qui aspirent par le tube N le sulfure de carbone au fond du rĂ©servoir A, fig. 1, pour le refouler sous le premier faux fond, aux deux bouts du vase extracteur, afin de faire monter rĂ©guliĂšrement ce liquide au travers de toute la masse, reprĂ©sentant environ 13,000 kil. de ces rĂ©sidus. Au fur et Ă  mesure que dans la filtration ascendante le sulfure de carbone se charge de matiĂšre grasse, il devient plus lĂ©ger, en sorte que l’épuisement est rendu plus facile, puisque les couches liquides superposĂ©es n’ont aucune tendance Ă  se confondre 1 . Lorsque l’épuisement est terminĂ©, ce que l’on peut reconnaĂźtre soit par la durĂ©e de la filtration, d’aprĂšs les donnĂ©es pratiques, soit Ă  l’aide d’un court manchon en cristal interposĂ© sur le trajet du tube trop plein qui conduit le liquide de l’extracteur B la chaudiĂšre Ă©vaporatoire D, puisqu’à ce moment le sulfure de carbone passe tout Ă  fait incolore. On ouvre alors le robinet qui par le tube b laisse retourner au rĂ©servoir A le liquide interposĂ© dans la matiĂšre Ă©puisĂ©e, lors mĂȘme que ce liquide contiendrait encore de la substance huileuse, elle ne serait pas perdue, puisque le mĂŽme liquide servira pour la filtration suivante. En tout cas, lorsque l’écoulement est fini, que le marc est suffisamment Ă©gouttĂ©, il faut Ă©liminer tout le sulfure de carbone retenu par cette matiĂšre spongieuse. On parvient Ă  ce rĂ©sultat en injectant sous le premier faux fond de nombreux jets de vapeur par le serpentin percĂ© de trous, qui circule sous ce faux fond et doit alors ĂȘtre mis en communication avec les gĂ©nĂ©rateurs par un tube, Ă  chaque bout de l’extractew, adaptĂ© au tube commun f, fig. I et 2. La vapeur d’eau, en. Ă©levant graduellement la tempĂ©rature de 1. Si l’on ne craignait une dĂ©pense d’installation premiĂšre trop considĂ©rable, on pourrait obtenir un Ă©puisement plus mĂ©thodique et charger davantage le dissolvant en disposant, comme l’a proposĂ© derniĂšrement M. Rochette, Ă©lĂšve de l’École centrale, trois vases extracteurs semblables, Ă  la suite les uns des autres, communiquant entre eux de la partie supĂ©rieure du premier Ă  la partie infĂ©rieure du deuxiĂšme, et de mĂȘme entre celui-ci et le troisiĂšme; ce ne serait qu’aprĂšs la troisiĂšme filtration que le sulfure chargĂ© d’huile s’écoulerait Ă  la chaudiĂšre Ă©va- poratoire on Ă©conomiserait ainsi prĂšs des deux tiers des frais d’évaporation, en gissaut toujours, sur une solution plus chargĂ©e. PRODUITS CHIMIQUES. 347 la masse Ă  100°, vaporise tout le sulfure de carbone interposĂ©, puis, passant elle-mĂȘme dans les neuf cols de cygne tubulaires e, e, elle se rend aux serpentins correspondants et vient se joindre Ă  la couche d’eau surnageante sur le sulfure de carbone que contient le rĂ©servoir A. C’est en ce moment, oĂč le passage de la vapeur d’eau Ă©chauffe Ă  100° les tubes ee aboutissant aux serpentins, que l’on est par cela mĂȘme averti que tout le sulfure de carbone interposĂ© dans le marc doit ĂȘtre dĂ©gagĂ©. On ferme l’accĂšs Ă  la vapeur d’eau, puis on ouvre le robinet du tube t, qui laisse Ă©couler au dehors l’eau de condensation. La montĂ©e du sulfure pour remplir l’extracteur dure 8 heures ; la liltration jusques Ă  dĂ©coloration complĂšte, 4 heures; le retour ou descente au rĂ©servoir, 2 heures le sulfure descendu est aus-“ sitĂŽt refoulĂ© dans le deuxiĂšme extracteur; la vaporisation du sulfure de carbone exige 8 Ă  12 heures. Lorsque les marcs d’olive, Ă©puisĂ©s de matiĂšre grasse puis dĂ©barrassĂ©s de sulfure, sont Ă©gouttĂ©s, il ne reste plus qu’à enlever le couvercle et les plaques formant le faux fond supĂ©rieur pour vider le vase extracteur, le nettoyer et le recharger, afin de recommencer une autre opĂ©ration ; le rĂ©sidu est dessĂ©chĂ© Ă  l’air, en l’étendant sur un dallage. Si l’on effectue, dans deux appareils de cette dimension, deux opĂ©rations semblables en 26 Ă  30 heures, les 25,000 kil. de sanza traitĂ©s ainsi donneront 2,500 kilog. d’huile'. On obtiendrait prĂšs du double, c’est-Ă -dire 4,000 Ă  4,500 kil. d’huile, dans le mĂȘme temps, si l’on pouvait se procurer de labuccia, et dans ce dernier cas le rĂ©sidu dessĂ©chĂ© aurait plus de valeur comme engrais; il serait, surtout, bien utilisĂ© si on le faisait servir d’excipient pour les dĂ©jections animales en le mĂ©langeant avec les litiĂšres de paille ou terreuses 1 2 . Dans les localitĂ©s oĂč l’on Ă©lĂšverait un assez grand nombre de moutons, pour faire consommer directement comme nourriture les marcs d’olives dĂ©barrassĂ©s des noyaux, ce serait une des meilleures applications 1. Le rĂ©sidu de la sanza, Ă©puisĂ© de matiĂšre grasse, est employĂ© Ă  Pise pour le chauffage des deux gĂ©nĂ©rateurs qui fournissent, sous une pression de 3 ou 4 atmosphĂšres, toute la vapeur Ă  l’opĂ©ration, y compris la force mĂ©canique. 2. Ces rĂ©sidus des traitements de lluocia, dont M. Deiss a mis derniĂšrement 348 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. que l’on pĂ»t faire de ces rĂ©sidus, et alors il n’y aurait pas lieu de les traiter par le procĂ©dĂ© que nous venons de dĂ©crire, mais cette circonstance se rencontre bien rarement. Quant au produit principal, l’huile extraite par ce procĂ©dĂ©, on l’emploie avantageusement dans la fabrication du savon dur, avec la soude; le savon prĂ©parĂ© ainsi, envoyĂ© par M. Deiss Ă  l’Exposition de Londres, a soutenu, de l’avis unanime du jury international, la comparaison avec les meilleurs savons dits d’huile d’olive. Ce n’est pas seulement dans les parties septentrionales de l’Italie que l’extraction de l’huile des marcs d’olives peut ĂȘtre profitable, d’énormes quantitĂ©s de ces marcs sont perdues tous les ans dans les Calabres, en Espagne, en AlgĂ©rie et aux environs de Marseille. On pourrait compter par centaines de millions de kilos les quantitĂ©s des matiĂšres premiĂšres de ce genre Ă  utiliser suivant la mĂ©thode de M. Deiss ; dĂ©jĂ  l’on s’occupe de propager cette importante industrie dans plusieurs contrĂ©es mĂ©ridionales. Les expĂ©riences en grand sur plus de 300,000 kil. de marcs d’olives expĂ©diĂ©s d’Espagne et de Marseille Ă  l’établissement de Pantin, prĂšs de Paris, ne laissent aucun doute sur la possibilitĂ© de cette extraction manufacturiĂšre ; quant aux avantages Ă  en attendre, ils dĂ©pendaient surtout des applications de l’huile obtenue par ce moyen, de la valeur qu’on devait lui attribuer, enfin des dĂ©bouchĂ©s probables qu’on pouvait lui ouvrir. Sur tous ces points, les doutes semblent levĂ©s, et ce sera l’une des consĂ©quences utiles 100 000 kilog. Ă  la disposition des agriculteurs, ont Ă©tĂ©, sur un Ă©chantillon moyen, analysĂ©s au Conservatoire impĂ©rial des arts et mĂ©tiers. Nous avons obtenu les rĂ©sultats suivants MatiĂšres organiques non azotĂ©es. 73,10 Eau. 10,65 MatiĂšres azotĂ©es.'‱ 6,32 Substances minĂ©rales. 3,93 100,00 Les matiĂšres azotĂ©es contenaient, pour 100 parties, 0,972d’azote, et les substances minĂ©rales0,58dephospbate,cequireprĂ©sentepourlavaleurderazote. 2 fr. » du phosphate.... 0 29 Total. 2fr. 29 Cette valeur serait doublement augmentĂ©e en imprĂ©gnant ces rĂ©sidus des dĂ©jections qui les enrichiraient et en mĂȘme temps les utiliseraient comme litiĂšre, PRODUITS CHIMIQUES. 349 de l’Exposition internationale que d’avoir mis en Ă©vidence la qualitĂ© vraiment exceptionnelle du produit principal de l’application de ces huiles. En effet, le savon trĂšs-facilement prĂ©parĂ© avec la soude et cette huile des marcs d’olives, rĂ©unit les qualitĂ©s depuis trĂšs-longtemps reconnues aux produits de la saponification, de la substance huileuse directement extraite des fruits eux-mĂȘmes par la pression usuelle et employĂ©s sans mĂ©lange d’autres substances grasses ; tous les caractĂšres extĂ©rieurs et la composition chimique sont semblables, le lĂ©ger arĂŽme agrĂ©able s’y retrouve mĂȘme, et dĂ©jĂ  une faveur prononcĂ©e s’attache Ă  ce produit nouvellement introduit dans le commerce. La seule diffĂ©rence qui puisse le caractĂ©riser, si on veut le comparer avec les savons de Marseille de premiĂšre qualitĂ©, c’est qu’il n’est ni blanc, ni marbrĂ© sa teinte est verdĂątre, elle est due Ă  la matiĂšre colorante naturelle du fruit. Ce savon, exposĂ© Ă  l’air et Ă  la lumiĂšre, se dĂ©colore superficiellement, en sorte que par degrĂ©s il acquiert naturellement un manteau blanchĂątre qui pourra lui servir de cachet d’origine. En tout cas, le savon nouveau offre cet avantage, que l’on ne rencontre que fort exceptionnellement aujourd’hui, d’ĂȘtre complĂštement exempt de substance grasse Ă©trangĂšre Ă  l’huile d’olives. DĂ©jĂ , malgrĂ© les frais relativement considĂ©rables du transport de la matiĂšre premiĂšre, achetĂ©e 3 fr. les 100 kil. Ă  Marseille et traitĂ©e dans l’usine prĂšs de Paris, l’huile obtenue a pu ĂȘtre vendue avec bĂ©nĂ©fice 50 fr. les 100 kil., environ le tiers du prix courant des huiles d’olives, et le savon fabriquĂ© avec cette buile naguĂšre perdue, livrĂ© au prix de 80 fr. ou 72 fr. net, escompte de 10 pour 100 dĂ©duit les 100 kil.; il a Ă©tĂ© reconnu prĂ©fĂ©rable dans presque toutes ses applications Ă  la plupart des variĂ©tĂ©s de savon fabriquĂ©s avec des matiĂšres grasses autres que l’huile d’olives; afin de le distinguer mieux encore, M. Deiss en livre au commerce une grande quantitĂ© sous la forme de morceaux rectangulaires dits frappĂ©s, c’est-Ă -dire comprimĂ©s dans des moules et portant eu saillie ou en creux, sur les six faces, avec la marque de f'abri- que, l’indication de sa composition spĂ©ciale, qui n’admet aucune autre matiĂšre grasse que l’huile d’olives '. l. Sous les deux formes de briques et de morceaux cubiques frappĂ©s, on en prĂ©pare actuellement 950 kilogr. par jour dans l'usine de Pantin. 350 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- Le traitement des tourteaux de graines olĂ©agineuses, notamment du colza, prĂ©alablement concassĂ©s comme nous l’avons dit plus haut, donnent 10 Ă  20 centiĂšmes de leur poids d’huile, suivant qu’ils proviennent d’une double ou d’une simple pression ; on emploie cette huile extraite par le sulfure de carbone aux mĂȘmes usages que les huiles de ces graines olĂ©agineuses obtenues par les moyens ordinaires ; quant aux rĂ©sidus dessĂ©chĂ©s Ă  l’air ou sur des plaques de fonte chauffĂ©es par des cheminĂ©es traĂźnantes, nous avons dĂ©montrĂ© plus haut les avantages particuliers de leur application comme engrais Les dĂ©pĂŽts goudronneux qui se forment pendant la saponification des graisses par l’acide sulfurique suivant l’ancien procĂ©dĂ© sont mĂ©langĂ©s avec la sciure de bois et soumis au mĂȘme traitement par le sulfure de carbone, dans un appareil semblable Ă  celui que nous venons de dĂ©crire, mais de moins grande dimension parce qu’on ne pourrait se procurer en peu de jours assez de matiĂšre pour le remplir, donnent directement des acides gras qui, versĂ©s encore fluides au sortir de la chaudiĂšre distilla- toire, dans des auges en bois ou des baquets mouillĂ©s, se prennent en masse cristalline; ils constituent alors une substance grasse acidifiĂ©e et toute prĂȘte Ă  subir la distillation par la vapeur surchauffĂ©e, celle-ci en extrait directement par volatilisation des acides gras incolores, faciles Ă  Ă©purer par la pression, et trĂšs- convenables pour la fabrication des bougies stĂ©ariques, surtout lorsqu’on les emploie mĂ©langĂ©s avec les acides gras solides provenant de la saponification calcaire. DĂ©graissage des os. On se sert encore, comme nous l’avons dit plus haut, d’un appareil semblable pour extraire la matiĂšre grasse contenue dans les os des animaux de boucherie; surtout lorsque ces os ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s assez longtemps Ă  l’air pour s’ĂȘtre Ă  peu prĂšs corrfplĂ©tement dĂ©ssĂ©chĂ©s ; car alors, Ă  mesure que l’eau s’est Ă©vaporĂ©e spontanĂ©ment, la matiĂšre grasse, s’étant 1. Voici Ă  cet Ă©gard la comparaison que l’on peut Ă©tablir entre eux avant et aprĂšs l’épuisement par le sulfure de carbone. Les tourteaux privĂ©s sensiblement de toute l’eau hygroscopique lorsqu'ils ont subi une deuxiĂšme pression Ă  chaud, contiennent pour 100 azote 4,92, phosphates calculĂ©s Ă  l’état de phosphate de chaux tribasique 8,46 et aprĂšs l’extraction de l’huile 0,1, azote 5,4, phosphate 9,3. PRODUITS CHIMIQUES. 3M insinuĂ©e Ă  sa place dans les pores de la matiĂšre osseuse, s’y trouve si fortement retenue qu’en employant les moyens usuels d’ébullition dans l’eau il devient impossible de l’en faire sortir. C’est au point que l’on avait supposĂ© autrefois que pendant cette dessication la graisse elle-mĂȘme s’était Ă©vaporĂ©e avec l’eau ; mais j’ai depuis longtemps dĂ©montrĂ© que dans ce cas la matiĂšre grasse est seulement devenue en quelque sorte latente, fortement retenue par la force capillaire, et ne peut ĂȘtre extraite alors par simple liquĂ©faction dans l’eau bouillante, tandis qu’un dissolvant tel que l’éther hydrique ou le sulfure de carbone l’enlĂšve facilement. Dans ces circonstances, l’extraction par le sulfure de carbone constitue un moyen Ă©conomique, il suffit d’exposer Ă  son action les os concassĂ©s et placĂ©s dans l’extracteur; on doit faciliter l’action du dissolvant en Ă©levant sa tempĂ©rature Ă  - 40°. Quant au rĂ©sidu aprĂšs l’extraction de la matiĂšre grasse, il est trĂšs-propre Ă  la fabrication du noir animal ou charbon d’os, mais on ne saurait s’en servir pour fabriquer la gĂ©latine, car une rĂ©action particuliĂšre, analogue peut-ĂȘtre, Ă  celle qui dĂ©tĂ©riore la laine lorsque le sulfure est dĂ©placĂ© par la vapeur d’eau, modifie le tissu organique des os, et il ne donne plus, dans les opĂ©rations ordinaires de transformation du tissu en gĂ©latine et d’extraction par l’eau Ă  105 ou 110 degrĂ©s en vases clos, qu’une gĂ©latine friable aprĂšs sa dessiccation, il est vrai que pour la fabrication de la gĂ©latine on n’emploie pas plus d’un vingtiĂšme de la production des os. INDUSTRIES STÉARIQUES. FABRICATION DES ACIDES GRAS ET DES BOUGIES STÉARIQUES. C’est encore lĂ  une importante industrie chimique d’origine toute française basĂ©e sur les analyses exactes de M. Chevreul, sur l es recherches expĂ©rimentales accomplies durant plus de vi ngt annĂ©es par ce savant illustre, pour Ă©tablir la vĂ©ritable constitution des corps gras et dĂ©terminer les transformations qu’ils peuvent Ă©prouver en prĂ©sence des bases ou des acides, avec le concours de l’eau et de la chaleur. Ces notions fondamentales ont reçu d’utiles dĂ©veloppements 352 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. par les travaux de Gay-Lussac, unissant ses efforts Ă  ceux de M. Chevreul ces deux savants indiquĂšrent les principales conditions de la fabrication et de la distillation des acides gras Ă  la vapeur, de la prĂ©paration des bougies Ă  mĂšches tordues ou tissĂ©es. Diverses notions furent ajoutĂ©es par Braconnot, Laurent, MM. Bussy et Lecanu, Dupuy, FrĂ©my, Pelouze, Boudet, Bouis, et quelques autres chimistes; plusieurs modifications furent indiquĂ©es au point de vue pratique, notamment par M. CambacĂ©rĂšs, qui proposa le tressage des mĂšches, MM. Dubrunfaut, Thomas et Laurens, Tribouillet, qui rendirent plus rĂ©guliĂšre la distillation par la vapeur surchauffĂ©e. Enfin, M. de Milly avec le concours de M. Motard, rendit tout Ă  fait manufacturiĂšre cette industrie en adoptant la saponification calcaire. Ces faits historiques sont gĂ©nĂ©ralement connus, les questions de prioritĂ© dĂ©battues au sein du jury international en 1851 n’ont fait que les mettre mieux en Ă©vidence, tout en montrant la part prĂ©dominante que les manufacturiers français ont prise Ă  la rĂ©alisation en grand de l’industrie stĂ©arique, et les perfectionnements introduits sur quelques points Ă  l’étranger. L’histoire de la fondation et des dĂ©veloppements de cette industrie a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e dans les rapports officiels des Expositions nationales françaises de 1839' et des Expositions universelles de Londres en 1851 et de Paris en 1855; nous y ajouterons les donnĂ©es nouvelles qui se sont rĂ©vĂ©lĂ©es Ă  l’occasion de la grande exposition internationale de 1862, notamment en ce qui touche la saponification Ă  l’eau tentĂ©e en AmĂ©rique par M. Tilg- man, puis, en Allemagne et en France par MM. Wright et FouchĂ©; la distillation des matiĂšres grasses sans saponification prĂ©alable Ă©tablie en grand dans des conditions bien dĂ©terminĂ©es, par MM. Wilson et Gvvine de Londres ; le moulage Ă  mĂšches continues, par MM. Cahouetet Morane; enfin, les perfectionnements introduits avec sĂčccĂšs dans plusieurs phases de ces opĂ©rations dĂ©licates, notamment par M. de Milly et MM. Petit frĂšres. Nous n’aurons pas besoin de rappeler ici les beaux travaux synthĂ©tiques de M. Berthelot, car tous les chimistes savent combien ces nou- I. Voyez le rapport par M. Payen, 2 e volume, p. 472, Rapport du jury gĂ©nĂ©ral sur les produits de l’industrie française en 1839. 3 vol. in-8. PRODUITS CHIMIQUES. 3S3 velles synthĂšses ont ajoutĂ© d’élĂ©gantes dĂ©monstrations aux dĂ©ductions originaires tirĂ©es dĂ©jĂ  de la synthĂšse et de l’analyse. L’Exposition de Londres a d’ailleurs fourni plusieurs occasions de constater les grands et utiles rĂ©sultats dus au concours actif de M. de Milly, pour la propagation de l’industrie stĂ©arique en Angleterre, en Belgique, en SuĂšde, en Russie, en BaviĂšre, en Espagne, en Italie, en Prusse et en Autriche; les dĂ©nominations de bougies de Milly ou bougies de l’Etoile, placĂ©es sur les vitrines par les exposants, eux-mĂȘmes, de plusieurs de ces contrĂ©es tĂ©moignaient assez de l’assentiment gĂ©nĂ©ral sur ce point. Les innovations plus ou moins rĂ©centes sur lesquelles nous nous proposons d’insister ici sont celles sur lesquelles l’expĂ©rience en grand, suffisamment rĂ©pĂ©tĂ©e dans plusieurs fabriques des diffĂ©rentes nations, a pu nous fournir des renseignements positifs' Nous dĂ©crirons successivement dans cette direction, la saponi- lication calcaire Ă  dose de chaux rĂ©duite, le procĂ©dĂ© de moulage Ă  mĂšches continues, la nouvelle mĂ©thode de saponification sulfurique dite instantanĂ©e, la distillation perfectionnĂ©e rĂ©cemment ; nous indiquerons les motifs de la prĂ©fĂ©rence que l’on donne maintenant, surtout en Angleterre, parfois en Belgique et mĂȘme en Hollande, Ă  la saponification sulfurique, tandis qu’en France on a recours simultanĂ©ment dans plusieurs usines aux deux mĂ©thodes, calcaire et acide, qui se prĂȘtent en effet un mutuel appui. Dans toute l’Allemagne, la saponitication calcaire est gĂ©nĂ©ralement employĂ©e. Nous dirons oĂč en est la question longtemps controversĂ©e de la saponification Ă  l’eau. Nous donnerons quelques dĂ©tails prĂ©cis sur la saponification et la distillation directe par la vapeur surchauffĂ©e, avec production et distillation simultanĂ©es de glycĂ©rine ; enfin, nous signalerons les applications nouvelles de cette base organique pure. FABRICATION DES ACIDES GRAS I’AR SAPONIFICATION CALCAIRE. Nouveaux perfectionnements introduits dans cette fabrication. nou s pas de dĂ©tails sur l’ancienne mĂ©thode de saponiiĂź ca ti on ca i ca ; re telle qu’elle a Ă©tĂ© manufaduriĂšrement eta lie par MM. de Milly et Motard ', c’est qu’elle est bien connue 1. Dansl origi ne> cependant, ces fabricants habiles iTfecluaient dans un vase clos 111 . 2 a 334 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. et dĂ©crite dans les ouvrages spĂ©ciaux, sauf quelques amĂ©liorations rĂ©centes indiquĂ©es plus loin, qui s’y appliquent comme Ă  la mĂ©thode nouvelle. Nous rappellerons seulement ici qu’en faisant usage de l’ancien procĂ©dĂ© dans beaucoup de fabriques, on opĂšre toujours Ă  l’air libre, que l’on emploie 14 de chaux pour 100 de matiĂšre grasse, et, aprĂšs la rĂ©action complĂšte, 28 d’acide sulfurique concentrĂ© ou l’équivalent pour saturer la base minĂ©rale et eifectuer les lavages acides. Le nouveau systĂšme instituĂ© par M. de Millv dans sa grande usine a obtenu, depuis plusieurs annĂ©es chez lui, ainsi que dans quelques contrĂ©es de l’Allemagne, la sanction d’une pratique manufacturiĂšre, il n’exige que 3 de chaux au plus pour 100 de suif et ensuite 6 d’acide sulfurique, pour saturer la chaux et opĂ©rer les lavages acides. Il y a donc Ă©conomie de plus des 3/4 de chacun de ces deux agents, outre la suppression de toute difficultĂ© quart au lavage du sulfate de chaux. ThĂ©orie de la saponification calcaire Ă  faible dose de chaux. Voici comment on peut expliquer les rĂ©actions qui se passent dans ce nouveau systĂšme. Nous prendrons pour type des substances grasses neutres l’une d’elles, la stĂ©arine, par exemple, les rĂ©actions et leurs consĂ©quences seraient les mĂŽmes pour la margarine et l’olĂ©ine qui, avec elle, constituent les suifs en nĂ©gligeant les proportions faibles et variables, ici sans importance, des corps gras neutres Ă  acides volatils. Les mĂȘmes consĂ©quences encore auraient lieu relativement Ă  la palmitine qui forme la plus grande par tie de l’huile de palme, dont nous indiquerons plus loin l’application principale en parlant de la saponification sulfurique. La stĂ©arine considĂ©rĂ©e Ă  l’état naturel, d’aprĂšs M. Berthelot, comme tristĂ©arine, offre dans son hydratation par les diffĂ©rents modes de saponification la composition Ă©lĂ©mentaire et les transformations suivantes en tĂŽle, sous uneprcssiondc4 Ă 5atmosphĂšreslasaponillcationpar la chaux. M. Duriez, contre-maĂźtre chez MM. Gallet et Bigot, substitua au vase de tĂŽle une cuve ouverte en bois, opĂ©rant la saponitication Ă  l'air libre comme le fuisuit M. Chevreul dans le laboratoire voyez le rapport de 1839, t. 11, p. 47 7, qui lit accorder Ă  M. Duriez une mĂ©daille de bronze. 11 est assez remarquable que maintenant M. de Milly soi! revenu Ă  la mĂ©thode eu vases clos, Ă  la vĂ©ritĂ©, dans des conditions toutes spĂ©ciales. PRODUITS CHIMIQUES. lĂŻisfĂ©arine. Eau. Acide stĂ©arique. GlycĂ©rine. pin H no O 1 * + GIIO = 3 C 36 II 36 O 4 + C° II 8 0° Kn substituant des nombres dans cette Ă©quation, l’on voit que 11 > 125 de stĂ©arine donnent 10,650 d’acide stĂ©arique ou 95,7 pour 100, ce qui ne s’éloigne guĂšre des rĂ©sultats pratiques caron peut obtenir en grand par la saponitication calcaire, de 100 de suif, 93 Ă  94 1 d’acides gras, dont 48 Ă  50 l’état solide fusibles de 52 Ă  54° et 44 Ă  45 Ă  l’état liquide acide olĂ©ique. Or, lorsqu’on emploie trois Ă©quivalents de chaux pour obtenir la saturation complĂšte des trois Ă©quivalents d’acide stĂ©arique, en dĂ©composant la tristĂ©arine dont le poids est reprĂ©sentĂ© par H,125, il faut 3 CaO = 1050; ou pour 100 de stĂ©arine, 9,43 de chaux; en grand on emploie gĂ©nĂ©ralement pour 100 de suif 14 de*' chaux, car l’excĂšs de cette base, trĂšs-peu soluble, a Ă©tĂ© reconnu utde afin de mieux assurer le contact intime entre toutes les parties; on a donc, dans ce cas, un savon calcair» > excĂšs de chaux. 11 pour ie dĂ©composer, ajoutei une dose Ă©quivalente d’acide sulfurique. Si cet acide Ă©tait exactement Ă  un Ă©quivalent d’eau, il en faudrait 24,5 en effet 350 612,5 1424,5. L’expĂ©rience a dĂ©montrĂ© que l’on doit porter la dose Ă  28 centiĂšmes double du poids delĂ  chaux employĂ©e afin d’obtenir une rĂ©action acide suffisante dans les lavages, de dissoudre les derniĂšres traces de chaux et d’enlever l’oxyde de fer formĂ© par l’action de l’oxygĂšne de l’air, puis uni aux acides gras, en contact avec les plaques en tonte et les armatures des presses. Lorsque, suivant la mĂ©thode de M. de Milly, on emploie seulement un Ă©quivalent de chaux au lieu de trois, la dose thĂ©oiique est trois fois moindre ou 3,14 au lieu de 9,43 11,125350 100 3,14, et, en effet, dans les conditions oĂč l’on opĂšre, le contact Ă©tant plus intime, cette dose est bien suffisante, mais Ă©videmment le produit obtenu doit ĂȘtre un mĂ©lange d’un Ă©quivalent de savon calcaire avec deux d’acides gras, outre la glycĂ©rine sĂ©parĂ©e Ă  l’état de solution aqueuse. Pour expliquer la rĂ©action dans ce cas 2 * , on peut signaler cinq 1. Le suif formĂ© j e stĂ©arine, de margarine et d’olĂ©ine donne dans ces rĂ©actions un rĂ©sultat pondĂ©ral peu diffĂ©rent de celui que l’on obtient avec la stĂ©arine. 2. Suivant M. llonis l’équivalent de chaux formant un sel neutre dĂ©place la glycĂ©rine unie il trois Ă©quivalents d’acide dans la maliĂšrej?rasse et par cet Ă©brau- 3HI> EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. causes qui concourent au phĂ©nomĂšne et que nous allons spĂ©cifier en les rapportant Ăš la stĂ©arine naturelle. 1 u La formation d’un Ă©quivalent de stĂ©arate de chaux qui trouble la constitution de la tristĂ©arine , et la rend moins stable ; , . 2» La solubilitĂ© notable du stĂ©arate de chaux dans la stearme et plus encore dans l’acide stĂ©arique, ce qui tend, comme je l’ai expĂ©rimentalement reconnu, Prendre le mĂ©lange Ă©mulsif dans le liquide aqueux, et par l’affinitĂ© mĂŽme qui existe entre l’acide gras et le savon calcaire, Ă  provoquer la dĂ©composition du corps gras neutre ; 3 L’action saponifiante qu’exercent en gĂ©nĂ©ral tous les savons sur les matiĂšres grasses neutres, comme M. Pelou/e l’a dĂ©montrĂ© ; 4° L’influence de l’eau Ă  une haute tempĂ©rature, influence qui Rire Ă  elle seule pour dĂ©composer la matiĂšre grasse neutre, eh ptĂŽtiuisam ‱vx- jusqu’à ce que la concentration du liquide ait portĂ© sa densitĂ© Ă  20 ou 2+ degrĂ©s lĂźaumĂ©; il est livrĂ© dans cet Ă©tat aux fabricants de produits rhi- mtques pour ĂȘtre Ă©purĂ© par les procĂ©dĂ©s que nous dĂ©crirons plus loin et servir aux applications que nous ferons Ă©galement connaĂźtre. 360 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. savon calcaire liquide passe dans le tube D, arrive dans le dĂ©versoir C qui le conduit Ă  la cuve B. DĂ©composition du savon calcaire et lavage acide. On verse dans cette cuve de l’acide sulfurique Ă  14 ou 15° BauniĂ©', en quantitĂ© Ă©quivalente aux 66 kilog. de chaux plus un lĂ©ger excĂšs. La dĂ©composition du savon calcaire est aidĂ©e par l’élĂ©vation de la tempĂ©rature Ă  100° soutenue durant environ deux heures Ă  l’aide d’une injection de vapeur par un tube en plomb contournĂ© en cercle au fond de la cuve. On dĂ©cante alors tout le liquide gras surnageant composĂ© des acides stĂ©arique, margariqueet olĂ©ique rnis en libertĂ©, au moyen d’un robinet adaptĂ© au milieu de la hauteur de la cuve, c’est-Ăč- direau niveau infĂ©rieur de la couche des acides gras liquides; ces acides gras sont dirigĂ©s dans une cuvĂ© semblable et chauffĂ©s de mĂȘme; on y effectue un lavage acide avec de l’acide sulfurique Ă  14 degrĂ©s 1 2 et l’on ajoute dans la mĂȘme cuve toute la quantitĂ© d’acide gras liquide expulsĂ© des tourteaux par la pression Ă  chaud d’une opĂ©ration prĂ©cĂ©dente. Ces acides gras liquides ont entraĂźnĂ© une grande quantitĂ© d’acide margarique et d’acide stĂ©arique qu’on se propose ^le reprendre en les faisant cristalliser, comme nous allons le voir, avec les produits de la dĂ©composition que nous venons d’indiquer. Le lavage acide a en outre pour but d’entraĂźner en dissolution l’oxyde de fer en transformant en sulfate soluble les composĂ©s ferrugineux produits par le contact des acides gras avec la 1. Cet acide peut provenir de la saponification sulfurique et rendre plus Ă©conomiques les deuv opĂ©rations qui, dans d’autres phases des rĂ©actions successives, se prĂȘtent encore un mutuel concours. 2. On peut encore rĂ©aliser une Ă©conomie en faisant servir cet acide Ă  la premiĂšre dĂ©composition du savon calcaire dans ce cas il convient d’effectuer le chauffage par l’intermĂ©diaire d’un serpentin fermĂ© ou Ă  retour d'eau, on Ă©vite ainsi d’étendre l’acide par la condensation de la vapeur et il conserve le degrĂ© utile pour la premiĂšre dĂ©composition du savon calcaire, puant Ă  toutes les eaux acides soutirĂ©es des cuves, on les dirige par des caniveaux dans des bassins hors des ateliers et dĂ©versant les uns dans les autres, par des tubes partant du fond et dĂ©versant Ă  la partie supĂ©rieure du bassin suivant, afin de retenir Ă  la superficie les matiĂšres grasses, naturellement surnageantes entraĂźnĂ©es par le mouvement des liquides. 361 PRODUITS CHIMIQUES, fonte et le fer des ustensiles. Au bout de deux heures le lavage acide est terminĂ©, on dĂ©cante comme la premiĂšre fois les acides gras surnageants dans une troisiĂšme cuve oĂč s’effectue, dans les mĂȘmes conditions de chauffage par la vapeur, un dernier lavage Ă  l’eau pure. Cristallisation des acides gras. Nouveaux perfectionnements. Il s’agit alors de faire cristalliser les acides stĂ©arique et mar- garique afin de dĂ©barrasser ultĂ©rieurement leurs cristaux de l’acide gras liquide contenant l’acide olĂ©ique saturĂ© des acides cristallisables qu’il dissout en proportion d’autant plus forte que la tempĂ©rature ambiante est plus Ă©levĂ©e. 11 suffĂźt ordinairement de rĂ©partir le mĂ©lange, liquide Ă  [chaud, des acides gras lavĂ©S', dans des cristallisuirs disposĂ©s sur une Ă©tagĂšre ; ce sont des petites auges plates en fer-blanc ayant environ 50 cont. do long, 36 cent, de large, 6 cent, de profondeur, de sorte qu’aprĂšs la premiĂšre pression Ă  froid, les tourteaux puissent entrer aisĂ©ment dans la bĂąche de la presse Ă  chaud. Ces cristallisoirs dĂ©versent les uns dans les autres, afin que la pompe, Ă©levant le liquide gras dans un caniveau au-dessus de la premiĂšre rangĂ©e horizontale, toutes ces auges se puissent remplir spontanĂ©ment; on arrĂȘte le jeu de la pompe aussitĂŽt que la derniĂšre rangĂ©e infĂ©rieure est pleine. Nous n’insistons pas sur les dĂ©tails bien connus de cette opĂ©ration trĂšs-simple ; mais une des innovations importantes que nous nous proposions surtout de signaler trouvera ici sa place. Les fabricants expĂ©rimentĂ©s savaient depuis longtemps que dans un travail commencĂ© Ă  neuf, sans rĂ©sidus d’opĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, notamment sans qu’on eĂ»t Ă  mĂ©langer les acides gras liquides sortis des presses Ă  chaud qui contiennent une plus forte proportion d’acide margarique et cristallisent mieux avec le produit en acides gras directement obtenus de la saponification calcaire, la premiĂšre cristallisation Ă©tait confuse; il devenait trĂšs-difficile dans ce cas d’extraire par la pression, le liquide interposĂ© entre les cristaux trop menus. On avait parfois observĂ© un inconvĂ©nient du mĂȘme genre rĂ©sultant de l’emploi des suifs fondus dans lesquels le suif brut 302 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. de mouton s’était trouvĂ© en proportions plus fortes qu’à l’ordinaire relativement au suif provenant des bƓufs; en d’autres circonstances enfin, on avait Ă©prouvĂ© des difficultĂ©s semblables, et mĂȘme plus grandes encore, lorsqu’on employait exclusivement le suif venu de la Russie et dans lequel la matiĂšre grasse tirĂ©e des moutons est ordinairement dominante; soupçonnant dans ces derniĂšres matiĂšres premiĂšres la prĂ©sence de quelque substance Ă©trangĂšre particuliĂšrement nuisible, plusieurs fabricants n’étaient parvenus Ă  s’affranchir de ces embarras qu’en soumettant Ă  la saponification sulfurique, puis Ă  la distillation, les matiĂšres grasses trop difficiles Ă  traiter par les procĂ©dĂ©s usuels de la saponification calcaire. Dans ce cas en effet, et dans d’autres encore, les deux mĂ©thodes peuvent s’entr’aider. Cependant les faits que nous venons de rappeler s’expliqueraient par la surabondance de l’acide rtĂ©arique dans les produits delĂ  saponification calcaire de certains suifs; or, la saponification sulfurique, en y comprenant la distillation, devait effectivement lever cet obstacle en diminuant la quantitĂ© d’acide stĂ©arique dans le mĂ©lange des produits des deux sortes de saponifications, et il en Ă©tait de mĂȘme de l’addition dans les matiĂšres Ă  saponifier par la chaux, de substances grasses moins riches que le suif de mouton en stĂ©arine. On en Ă©tait lĂ , au point de vue pratique et thĂ©orique, lorsqu’une complication nouvelle s’est prĂ©sentĂ©e en saponifiant par l’acide sulfurique, puis distillant certaines huiles de palme, on obtint des produits trĂšs-blancs mais offrant une cristallisation confuse opaque, tellement serrĂ©e que les acides gras liquides n’en pouvaient ĂȘtre Ă©liminĂ©s par la pression ; d’un autre cĂŽtĂ© dans la mĂȘme usine, certains produits de la saponification calcaire, rĂ©sultant sans doute du traitement de suifs trop durs, donnĂšrent une cristallisation encore plus confuse, opaque et serrĂ©e; le mĂ©lange des deux produits Ă  parties Ă©gales ne donnait pas de meilleurs rĂ©sultats. MM. Petit frĂšres ne se dĂ©couragĂšrent pas, et en variant les rapports entre les deux produits qui, chacun de son cĂŽtĂ©, cristallisaient si mal, ils parvinrent Ă  obtenir un mĂ©lange en proportions fixes, qui produisait une masse demi-translucide formĂ©e de volumineux cristaux nettement distincts et dont il Ă©tait alors PRODUITS CHIMIQUES. 363 facile d’expulser, par la pression Ă  froid, une trĂšs-grande partie des acides gras fluides interposĂ©s. Il semblerait, que dans de tels mĂ©langes, des composĂ©s doubles et dĂ©finis se seraient produits; douĂ©s, dans leur rĂ©union, de propriĂ©tĂ©s cristallines nouvelles ; comme on le remarque par exemple on chimie minĂ©rale dans la sĂ©rie des divers aluns. Quoi qu’il en soit de la cause principale, le fait est bien certain et j’ai pu le constater dans mon cours Ă  l’École centrale, en liquĂ©fiant ensemble, au bain-marie, 80 gr. d’acides gras en masse blanche, opaque, dure, rĂ©sistante Ă  la pression, provenant de la saponification calcaire du suif de mouton, avec 20 gr. d’acide gras qui prĂ©sentait des caractĂšres semblables et provenait de l’huile de palme traitĂ©e par la saponification sulfurique, puis distillĂ©e; ce mĂ©lange donna spontanĂ©ment une cristallisation bien distinctĂȘ", demi-translucide et cĂ©dant Ă  la pression, Ă  froid, la plus grande partie des acides gras liquides Voy. p. 398. C’est lĂ  sans doute un point de dĂ©part pour de nouvelles recherches expĂ©rimentales, dont les rĂ©sultats immĂ©diatement utiles sans doute au point de vue pratique seront en outre susceptibles de conduire Ă  d’intĂ©ressantes donnĂ©es thĂ©oriques. Nouveau moyen Ă©conomique de faire varier l’épaisseur des tablettes d’acide gras cristallisĂ©. Jusqu’au moment oĂč cette mĂ©thode de cristallisation normale aura pu s’établir et se gĂ©nĂ©raliser on pourra diminuer beaucoup les difficultĂ©s de la pression efficace des acides gras, en rĂ©duisant plus ou moins l’épaisseur des tablettes d’acides gras obtenues dans les cristallisoirs superposĂ©s; une simple et ingĂ©nieuse disposition imaginĂ©e par le contre-maĂźtre de M. de Milly rĂ©alise Ă©conomiquement cette condition, voici en quoi elle consiste Sur un bĂąti ordinaire oĂč les cristallisoirs plats sont posĂ©s ho- ri zontalement, chacune des rangĂ©es dĂ©passant alternativement SUr les deux faces du bĂąti la rangĂ©e infĂ©rieure dans laquelle tous ces cristallisoirs versent leur trop-plein, on place des barres sous tous les vases, au bout opposĂ© au trop-plein ; des montants c jaque bout du bĂąti, mus verticalement par un double levier, sou vent Ă  la volontĂ© de l’opĂ©rateur toutes les barres horizontales, par consĂ©quent, font Ă  la fois incliner tous les cristallisoirs, 364 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. et diminuent d’autant plus leur capacitĂ© jusqu’au trop-plein, que la pente est plus forte; de moitiĂ©, par exemple, si l’on soulĂšve l’un des bouts de chaque cristallisoir d’une hauteur Ă©gale Ă  la moitiĂ© de la profondeur du vase. Dans cette situation, tous les vases Ă©tant remplis depuis la rangĂ©e* supĂ©rieure et par dĂ©versement dans toutes les rangĂ©es au-dessous, jusqu’à la derniĂšre, tous contiennent moitiĂ© moins de liquide que dans la position normale, et en effet, dĂšs que le remplissage est terminĂ©, pendant que la matiĂšre grasse est encore 11 uide, on laisse abaisser les montants mobiles, et par consĂ©quent les barres qu’ils supportent; tous les fonds des vases reprennent aussitĂŽt leur position horizontale, mais la hauteur du liquide s’y trouve rĂ©duite de moitiĂ©, et par consĂ©quent la masse cristalline aura une Ă©paisseur moitiĂ© moindre. On peut donc ainsi faire varier Ă  volontĂ© l’épaisseur des pains ou tablettes Ă  mettre en pression, et faciliter par lĂ  l’expulsion du liquide T . Lorsque la cristallisation est achevĂ©e, les tablettes d’acide gras sont enveloppĂ©es dans un tissu de laine dit de mal fil, puis rangĂ©es par lits horizontaux de quatre ou six tablettes que sĂ©parent des plaques Ă©paisses de zinc, sur le plateau d’une presse hydraulique verticale, et en les accumulant Ă  une hauteur de 1 m ,50 environ; cette premiĂšre pression dite Ă  froid doit ĂȘtre cxercĂ©ebien graduellement et prolongĂ©e le plus possible six heures lorsque le nombre des presses le permet, et au moins trois ou quatre heures. Perfectionnement relatif Ă  l’épuration de l'acide olĂ©ique. Ici nous trouvons encore l’occasion de rendre compte d’une importante innovation que nous avons observĂ©e dans l’usine de MM. Petit l’acide olĂ©iqĂ»e qui s’écoule des presses Ă  froid est, comme nous l’avons dit, saturĂ© d’acides cristallisables en raison de 1. C’est ainsi, en effet, que l’on parvient facilement aujourd’hui Ă  sĂ©parer la partie la plus fluide de matiĂšres grasses dont les cristaux sont mous et menus, en Ă©tendant en couches peu Ă©paisses ces matiĂšres grasses entre des tissus de laine et les soumettant Ă  une pression graduellement plus Ă©nergique par exemple le saindoux en vue d’obtenir une bonne huile lubrifiante, tandis que le rĂ©sidu solide peut entrer dans la composition des savons durs. Les mĂȘmes dispositions s'appliquent au pressage de Vhuile de coco, dont la partie solide est employĂ©e en Angleterre dans la confection des bougies communes. PRODUITS CHIMIQUES. 365 la tempĂ©rature ; or on a tout intĂ©rĂȘt Ă  extraire ceux-ci, car leur valeur Ă  poids Ă©gal est Ă  peu prĂšs trois fois plus grande que celle de l'acide liquide. Afin d’y parvenir, on a mĂ©nagĂ©, dans toutes les fabriques, des caves spacieuses dans lesquelles des cuves, ou de grands tonneaux posĂ©s debout, reçoivent directement les acides gras liquides sortant des presses Ă  froid, et qui laissent par degrĂ©s cristalliser les acides margarique et stĂ©arique Ă  mesure que la tempĂ©rature s’abaisse. En Ă©tĂ©, cette prĂ©caution devient quelquefois insuffisante, parce que les grandes quantitĂ©s d’acide olĂ©ique qui se succĂšdent chaque jour dans les caves Ă  la tempĂ©rature des ateliers, dĂ©gageant d’ailleurs une quantitĂ© de chaleur proportionnĂ©e au changement d’état des acides gras devenant solides, de liquides qu’ils Ă©taient, il rĂ©sulte de ces deux causes que la tempĂ©rature des caves en Ă©tĂ© s’élĂšve assez rapidement pour annuler bientĂŽt leur utile influence. MM. Petit ont changĂ© complĂštement dans leur fabrique cet Ă©tat des choses et sont parvenus Ă  maintenir dans leurs caves la tempĂ©rature basse favorable Ă  la cristallisation par un moyen bien simple mettantĂźi profit le rayonnement nocturne, d’autant plus efficace que les nuits d’étĂ© sont plus belles, ils dirigent sous un hangar lout entourĂ© de persiennes Ă  larges lames l’acide olĂ©ique sortant des presses Ă  froid; on l’entrepose en ce lieu pendant la nuit dans des bassins peu profonds, en bois doublĂ©s de plomb, isolĂ©s au-dessus du sol; la cristallisation s’y effectue, et le matin, en levant une bonde de fond, on fait Ă©couler la portion demeurĂ©e liquide dans des filtres paniers doublĂ©s de tissu de laine qui retiennent et laissent Ă©goutter les cristaux; ceux-ci rentrent en chargement; quant ii l’acide olĂ©icjue filtrĂ© on le garde dans de grandes cuves oĂč il dĂ©pose encore quelques cristaux, et au moment des livraisons on le filtre une derniĂšre fois. En cet Ă©tat il est prĂ©fĂ©rable pour une de ses principales applications, l’ensimage ou graissage des laines, il y a donc double bĂ©nĂ©fice il le traiter ainsi *. 1 ‱ Par cette mĂ©thode l’acide olĂ©ique est si bien dĂ©pouillĂ© de la plus grande partie des acides gras crislallisables, qu’il prĂ©sente des caractĂšres diffĂ©rents d’une maniĂšre notable de ceux des acides liquides, mis eu Ă©tĂ© dans les caves ordinaires. M. de MiUy obtient des rĂ©sultats analogues par une ventilation bien rĂ©glĂ©e des vastes caves ĂŒe BOn u8 jnc. 366 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Pression Ă  chaud; nouvelles plaques creuses. Nous venons de dire comment s’effectue la premiĂšre pression Ă  froid lorsque l’on veut y mettre fin, on arrĂȘte le jeu des pompes, et le robinet de retour d’eau Ă©tant alors ouvert, le plateau s’abaisse sous son propre poids et sous la charge qu’il supporte; on enlĂšve successivement les tourteaux enveloppĂ©s dans le tissu de laine pour les placer aussitĂŽt, et chacun sĂ©parĂ©ment, entre les parois d’une Ă©treindelle en crin dans la bĂąche d’une presse horizontale, afin de les soumettre Ă  la pression Ă©nergique de 500 Ă  800 mille kil. sur la tĂȘte du piston, en Ă©levant d’ailleurs par degrĂ©s la tempĂ©rature qui doit faciliter la sortie de l’acide oléïque entraĂźnant une partie des acides cristallisables. Relativement Ă  cette pression dite Ă  chaud, quatre ou cinq modes de chauffage sont encore usitĂ©s. Ce sont, en commençant par le plus ancien , l’immersion dans une bĂąche en fonte contenant de l’eau bouillante ou un excĂšs de vapeur, des plaques Ă©paisses et pleines en fonte que l’on doit interposer entre les Ă©trein- delles chargĂ©es comme nous venons de le dire; ou une injection de vapeur dans les doubles parois de la bĂąche ainsi que dans la bĂąche elle-mĂȘme, que l’on recouvre momentanĂ©ment de grosse toile ou de sacs, afin d’amoindrir la dĂ©perdition de la chaleur; ou encore l’emploi de plaques doubles entre lesquelles des canaux sinueux permettent de faire circuler la vapeur pendant la durĂ©e de la pression ; ces plaques peuvent suivre le mouvement des Ă©treindelles Ă  mesure que le volume des tourteaux diminue, car les tubes en laiton qui amĂšnent la vapeur sont articulĂ©s et s’allongent ou se raccourcissent comme les tubes des lorgnettes ; souvent on remplace ces tubes mĂ©talliques par des tuyaux plus Ă©conomiques en caoutchouc volcanisĂ©, assez longs, flexibles et Ă©lastiques pour suivre plus facilement encore les mouvements graduĂ©s de la masse qui se comprime. Cette derniĂšre mĂ©thode, le plus gĂ©nĂ©ralement en usage maintenant, laissait encore Ă  dĂ©sirer, surtout quant aux plaques doubles sujettes Ă  ĂȘtre attaquĂ©es dans leurs joints par l’action combinĂ©e de la vapeur, de l’oxygĂšne de l’air et des acides gras, qui, formant des oxydes, puis des sels de fer, occasionnent des engorgements, puis de nombreuses fuites et rendent le chauffage irrĂ©gulier; elles nĂ©cessitent, d’ailleurs, des rĂ©parations dispendieuses. PRODUITS CHIMIQUES. 367 AprĂšs de nombreuses tentatives pour remĂ©dier Ă  ces inconvĂ©nients, MM. Petit y sont parvenus au moyen d’une remarquable innovation, fort simple en apparence, mais qui, dans son installation, n’a pas Ă©tĂ© exempte de difficultĂ©s sĂ©rieuses. Ils s’étaient proposĂ© d’obtenir des plaques creuses coulĂ©es d’un seul jet et offrant Ă  l’intĂ©rieur une grande Ă©tendue de surface chauffĂ©e. Dans ces conditions, aucune des plaques prĂ©parĂ©es sans prĂ©cautions spĂ©ciales ne put supporter les changements de tempĂ©rature et la pression maximum toutes furent cassĂ©es. Il fallut chercher un moyen de donner quelque ductilitĂ© Ă  ces plaques ; l’on y parvint en ayant recours Ă  la fonte mallĂ©able. Les dispositions intĂ©rieures sont d’ailleurs si mples et faciles Ă  exĂ©cuter la plaque en fonte ayant 3 cent, d’épaisseur et 42 cent, de large sur 76 cent, de haut, doit contenir 12 cavitĂ©s tubulaires de 18 millimĂštres de diamĂštre traversant de haut en bas toute la plaque; ces cavitĂ©s sont sĂ©parĂ©es les unes des autres par un intervalle de 16 millimĂštres. Deux oreilles en fonte Ă  6 cent, de la partie supĂ©rieure de la plaque, dĂ©bordant de 8 cent, de chaque cĂŽtĂ©, servent Ă  la faire glisser sur les bords de la bĂąche et Ă  maintenir Ă  10 cent, des bords, le joint que forme un sommier creusĂ© d’une rainure mettant les cavitĂ©s cylindriques en communication entre elles ainsi qu’avec l’ouverture au milieu du sommier ; celui-ci recevant l’ajutage qui amĂšne la vapeur. Celle-ci, en traversant la plaque de haut en bas, ne peut Ă©prouver aucune dĂ©perdition ; elle se condense en grande partie par son contact avec une surface considĂ©rable, Ă©chauffĂ© dans toute son Ă©paisseur la plaque de fonte dont les parois extĂ©rieures transmettent la chaleur utile aux tourteaux par l’intermĂ©diaire des Ă©treindelles et des enveloppes de malfil; on dirige le chauffage de façon Ă  communiquer graduellement une tempĂ©rature de 49°, Ă  peu prĂšs, aux tourteaux pressĂ©s. La pression Ă  chaud ne dure qu’une heure >. On arrĂȘte la trans- 1 Un manomĂštre permet de surveiller l’accroissement de celte pression ; atlu ^ v 6er qu’elle dĂ©passe le terme assignĂ© et qu’elle occasionne la rupture du corps P°n>pe, oĂč ge meut le piston de la presse, accident arrivĂ© dans plusieurs fabriques malgrĂ© l’épaisseur considĂ©rable de 20 centimĂštres environ donnĂ©e Ă  ce corps de pompe, on emploie parfois une sonnerie Ă©lectrique mise en jeu par le mano- mctie et avertissant l’ouvrier aussitĂŽt que le maximum voulu de pression est atteint. 368 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. mission et on laisse retourner l’eau vers la bĂąche. Les produits liquides Ă©coulĂ©s dans un rĂ©cipient infĂ©rieur sont remontĂ©s Ă  la pompe dans la cuve de lavage acide oĂč ils se mĂȘlent avec les acides gras de la saponification et subissent les traitements ci- dessus indiquĂ©s; quant aux tourteaux, on en fait un triage et l’on enlĂšve les parties tachĂ©es pour les Ă©purer dans la premiĂšre cuve Ă  lavage acide ; les tourteaux Ă©barbĂ©s sont alors soumis Ă  un lavage avec de l’acide sulfurique Ă©tendu Ă  5° dans une cuve directement chaulfĂ©e par le barbotage de la vapeur. On soutire la matiĂšre grasse liquide surnageante, dans une seconde cuve oĂč s’effectue le lavage Ă  l’eau Ă©purĂ©e par I Ă  3 milliĂšmes d’acide oxalique, afin d’éliminer toute trace de chaux ou de sel calcaire, qui ternirait les bougies. PrĂ©paration des mĂšches, moulage Ă  mĂšches continues, nouvelle mĂ©thode de refroidissement des moules. La prĂ©paration des mĂšches en 75 Ă  80 fils de coton, tressĂ©es, imbibĂ©es Ă  la tempĂ©rature de 45° d’une solution acidulĂ©e contenant 15 d’acide borique raffinĂ©, plus 1 d’acide sulfurique pour 1000 d’eau s’effectue dans les diffĂ©rentes contrĂ©es suivant la mĂ©thode française, de mĂȘme aussi on soumet les mĂšches au sortir du bain Ă  un essorage forcĂ© dans une machine rotative faisant 1200 Ă  1400 tours par minute, puis Ă  un Ă©tuvage graduĂ© jusqu’à dessiccation complĂšte. Quant au moulage des bougies, les perfectionnements dus Ă  MM. Cahouet et Morane ont Ă©tĂ© adoptĂ© chez les nations Ă©trangĂšres. Nous indiquons ci-dessous les dispositions de leur machine qui permet l’emploi de mĂšches continues, fournissant Ă  chacun des moules les mĂšches de 150 bougies, et supprimant les embarras et la main-d’Ɠuvre de la mĂ©thode primitive d’enfi- lage Ă  la main. En dĂ©crivant ici les principales dispositions actuelles de cette machine, nous aurons l’occasion d’indiquer une intĂ©ressante modification introduite par M. Wilsou chez qui fut appliquĂ© le premier systĂšme d'enfilage continu de M. Marshall. Dans cette machine, reprĂ©sentĂ©e par le dessin ci-contre, les moules en Ă©tain sont fixĂ©s verticalement par doubles sĂ©ries de 10 moules, et chaque sĂ©rie double, comprenant 20 moules, se termine Ă  la partie supĂ©rieure par une petite cuvette rectangulaire Ă  parois Ă©vasĂ©es formant comme une auge d’une faible profondeur PRODUITS CHIMIQUES. 309 2 cent, environ, dix doubles sĂ©ries semblables sont renfermĂ©es dans une longue caisse en tĂŽle Ă©tamĂ©e AB, le fond de cette caisse est percĂ© d’autant de petits trous qu’il y a de moules ; le bout conique de ceux-ci se trouve implantĂ© dans ces trous. Sur la paroi latĂ©rale de la caisse, et Ă  la moitiĂ© de sa hauteur, des regards circulaires x sont disposĂ©s vis-Ă -vis chaque double sĂ©rie, afin de permettre, en ĂŽtant le tampon qui les ferme, d’introduire la main, de toucher les moules et d’apprĂ©cier ainsi leur tempĂ©rature. A l’un des bouts de la caisse un conduit rectangulaire, communiquant avec un ventilateur N, amĂšne Ă  volontĂ©, pour refroidir les moules, un courant d’air qui s’échappe au delĂ  de l’autre bout. 0 ©* 0 * ©* © Fig. 4. Au-dessous de cette caisse se trouve un intervalle libre CD, dune hauteur Ă©gale, puis, au-dessous de celui-ci, une autre caisse en tĂŽle EF semblable Ă  la premiĂšre et de mĂȘme longueur mais un peu pl us profonde; la paroi formant le dessus de celle-ci UI. 24 370 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. est percĂ©e d’un nombre de trous Ă©gal Ă  celui des moules et correspondant Ă  chacun d’eux. Cette caisse infĂ©rieure elle-mĂȘme renferme, enfilĂ©es sur des arbres horizontaux, les bobines en fer- blanc reprĂ©sentĂ©es dans une des cases ouvertes GII, ep nombre Ă©gal Ă  celui des moules ; chaque bobine est chargĂ©e de mĂšches tressĂ©es et prĂ©parĂ©es comme nous l’avons dit, dont la longueur totale ainsi enroulĂ©e doit suffire pour garnir 150 fois l’intĂ©rieur d’un moule, et pour subvenir en outre aux dĂ©perditions de quelques centimĂštres de cette mĂšche Ă  chaque dĂ©moulage. Pour la premiĂšre fois seulement, toutes les mĂšches enroulĂ©es sur les bobines, et garnies chacune d’une petite rondelle Ă©paisse en caoutchouc volcanisĂ©, sont enfilĂ©es dans les moules Ă  l'aide de l’ancienne tige Ă  crochet introduite dans l’intĂ©rieur, que l’ou fait dĂ©passer au-dessous et que l’on retire avec la mĂšche accrochĂ©e; celle-ci est tendue et serrĂ©e au haut du moule contre une lame portant une entaille qui fixe la mĂšche exactement dans l’axe. La petite rondelle de caoutchouc tirĂ©e par la tension mĂȘme de la mĂšche ferme exactement l’orifice Ă©troit Ă  la pointe du moule 1 , vers la partie supĂ©rieure de celui-ci; on fixe alors, Ă  l’aide de verrous , deux lames minces coudĂ©es, s’appuyant contre la saillie Ă  chaque bout de la cuvette et formant entre elles une petite trĂ©mie renversĂ©e jj, qui surmonte la double rangĂ©e des 20 moules suivant toute la largeur de la caisse. C’est dans cette trĂ©mie que l’on verse, au moyen d’un bassin en fer-blanc ou en cuivre Ă©tamĂ©, Ă  bec de cafetiĂšre, le mĂ©lange des acides gras cris- tallisables qui constituent les bougies stĂ©ariques. Mais d’abord il a fallu mettre ces acides gras dans l’état le plus convenable au moulage, et notamment du moins pour les produits stĂ©ariques fusibles entre 52 et 55° tels qu’on les fabrique eu France rompre ou troubler la cristallisation, afin d’éviter la formation des longs et larges cristaux qui rendraient les bougies rugueuses et fragiles; on y parvient en agitant sans cesse soit Ă  bras avec une spatule, soit mĂ©caniquement Ă  l’aide d’un moulinet en bois, ou mieux de deux lames en 1 . Cette petite rondelle, qui n’est pas, je crois, indiquĂ©e dans les ouvrages, a seulement 1 centimĂštre de diamĂštre et 5 millimĂštres d’épaisseur, il faut que la mĂšche y soit introduite Ă  frottement, mais le petit trou s'agrandit, et aprĂšs avoir servi pour le moulage de 150 bougies, il faut, en rechargeant chaque bobine, renouveler la petite rondelle. PRODUITS CHIMIQUES. 371 hĂ©lice fixĂ©es sur un arbre vertical tournant les acides gras clarifiĂ©s et dĂ©cantĂ©s dans une petite cuve. A mesure que par le refroidissement la cristallisation commence et fait des progrĂšs, le mouvement divise les cristaux la blancheur des bougies sera d’autant plus apparente en effet que ces cristaux seront plus menus, puisque l’air, en s’insinuant entre eux par degrĂ©s, rendra ultĂ©rieurement l’opacitĂ© plus grande 1 . A mesure que la cristallisation confuse s’effectue ainsi, et surtout au moment oĂč elle approche du terme convenable, elle produit une sorte de bouillie claire, dont on ne saurait d’avance assigner la tempĂ©rature, dĂ©pendante des relations entre les acides stĂ©arique, marga- rique, et mĂȘme olĂ©ique; Ă  ce moment il faut Ă©chauffer les moules afin que le liquide gras, lorsqu’on les emplira, y pĂ©nĂštre sans se figer trop tĂŽt. A cet effet on ouvre le robinet K qui amĂšne' la vapeur dans toute la longueur de la caisse A par un tube horizontal percĂ© de trous correspondant aux intervalles entre les moules. De temps Ă  autre, dans l’intervalle de quelques minutes, on ferme le deuxiĂšme robinet A vapeur K' qui sert Ă  rĂ©gler ou arrĂȘter l’injection, et l’on apprĂ©cie la tempĂ©rature des moules en introduisant la main dans la caisse par les regards x, en en touchant quelques-uns de distance en distance ; l’eau produite par la condensation de la vapeur sur les moules et les parois internes de la caisse s’écoule sur le fond de celle-ci et sort par un tube LL qui la dirige par un entonnoir dans un tube vertical aboutissant au rĂ©servoir commun de ces condensations ; lorsqu’on juge la tempĂ©rature suffisante 45° environ, on cesse l’introduction de la vapeur, puis on procĂšde Ă  l’emplissage des moules en versant le liquide gras dans chaque petite auge / j qui surmonte chacune des doubles sĂ©ries de moules. AussitĂŽt que le liquide a bien rempli toutes les cavitĂ©s, que quelques bulles d’air se sont dĂ©gagĂ©es ou logĂ©es dans les masselottes des petites au ges, il faut alors hĂąter le refroidissement de tous les moules. A ce t effet, on ouvre le registre du conduit, livrant aussitĂŽt passage ^ 1 air extĂ©rieur lancĂ© par le ventilateur spĂ©cial N ou par un gazomĂšt re ĂŒ Ă  pression, l’air parcourt rapidement la caisse, sort 1 ‱ ' le ' a mĂȘme cause provient le blanchiment spontanĂ© des bougies renfermĂ©es dans les caisses, j orS j ue l’exposition Ă  l’air cl h la lumiĂšre n’a pu ĂȘtre assez prolongĂ©e pour produire son maximum d’effet avant l’emballage. 2. Ordinairement le ventilateur ou le gazomĂštre contenant l’air comprimĂ© est 372 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- Ă©chauffĂ© Ă  l’autre bout B, jusqu’au moment oĂč sa tempĂ©rature n’étant plus sensiblement diffĂ©rente de celle de l’atelier, on ferme l’accĂšs Ă  l’air insufflĂ©, puis on procĂšde au dĂ©moulage. Dans cette vue, on fait rouler sur les barres horizontales du bĂąti O, P, le chĂąssis Ă  crĂ©maillĂšre Q, dont la traverse infĂ©rieure Ă©tant abaissĂ©e prĂšs de la masselotte en tournant la manivelle R, on engage dans des trous qui se correspondent prĂšs des lames coudĂ©es deux broches horizontales qui se trouvent aussitĂŽt accrochĂ©es aux deux bouts de la traverse; il ne reste plus qu’ñ faire tourner en sens contraire la petite manivelle R, qui transmet par deux pignons le mouvement Ă  la double crĂ©maillĂšre. Celle-ci, en s’élevant, entraĂźne la masselotte et les 20 bougies adhĂ©rentes; elles sortent des moules comme on le voit en S, S, par 2 des 20 bougies de l’une des 10 doubles rangĂ©es. Les mĂšches suivent le mĂŽme mouvement, tendues par leur frottement, dans l’ouverture Ă©troite de la rondelle en caoutchouc ; on les pince toutes Ăą la fois entre les deux lames susindiquĂ©es; on les coupe toutes aussi parle passage rapide d’une petite serpette; on enlĂšve les deux lames prĂ©cĂ©demment posĂ©es, formant les parois latĂ©rales// supĂ©rieures de chaque masselotte, puis on dĂ©tache les bougies pendantes pour les livrer aux opĂ©rations ordinaires de l’exposition Ă  l’air et Ă  la lumiĂšre afin de les blanchir. On procĂšde ensuite au lavage en les mettant dans un baquet qui contient une solution aqueuse Ă  1 centiĂšme de carbonate de soude, puis on les soumet Ăą l’action d’une frotteuse mĂ©canique; de lĂ , elles sont reprises, essuyĂ©es, et placĂ©es dans la trĂ©mie d’une seconde machine oĂč elles sont rognĂ©es par un couteau circulaire, rĂ©glĂ© Ă  l’aide d’une vis de rappel, suivant la longueur qu’il convient de donner aux bougies pour qu’un paquet de 5 ou de 6 bougies pĂšse exactement le poids indiquĂ© sur l’étiquette de 485 gr. ordinairement 1 . M. Morane jeune s’occupe en ce moment de construire une machine produisant dans un seul passage les quatre plus ou moins Ă©loignĂ© des machines Ă  mouler ; dans ce cas, des caniveaux sous le sol amĂšnenl le courant d’air par un conduit qui se relĂšve et se recourbe vers l’un dĂ©s bouts A de la caisse. 11 suflll d’ouvrir un registre pour donner accĂšs Ă  l’air. 1, On peut adopter des poids moindres, suivant le dĂ©sir des consommateurs, pourvu que le poids rĂ©el se trouve exactement inscrit sur l’enveloppe de chacun de ces paquets livrĂ©s Ă  la vente. 373 PRODUITS CHIMIQUES. effets successifs rognage, premier frottement, sĂ©chage et dernier frottement qui donne le poli. On n’aurait plus alors qu’à mettre les bougies en paquets dans leurs enveloppes, si l’on ne voulait marquer chacune d’elles d’un cachet spĂ©cial, atin de donner aux acheteurs une garantie de plus, comme M. de Milly l’a fait le premier. Plusieurs fabricants ont suivi ce bon exemple. L’opĂ©ration est d’ailleurs fort simple et trĂšs-facile il suffit, en effet, d’appuyer pendant 2 secondes chacune des bougies sur un cachet en bronze dont la tige est chauffĂ©e dans une petite boĂźte Ă  vapeur, pour que les lettres en creux de ce cachet s’impriment en saillie sur la bougie; au surplus, les Ă©tiquettes sur les enveloppes de chaque paquet portent ordinairement, avec une dĂ©nomination spĂ©ciale pour caractĂ©riser le produit, le nom du fabri-* cant qui prend ainsi la responsabilitĂ© convenable. Perfectionnement de la machine Ă  mouler. Depuis plusieurs annĂ©es on s’est prĂ©occupĂ© en France de rendre dans la manƓuvre de la machine Cahouet et Morane le refroidissement des moules plus Ă©conomique et plus prompt, en substituant Ă  l’air insufflĂ© un courantd’ eau froide. ThĂ©oriquement, l’économie ne saurait ĂȘtre douteuse; lors mĂȘme qu’il faudrait Puiser l’eau Ă  une profondeur de 15 mĂštres, si l’on tient compte de la faible capacitĂ© de l’air pour le calorique un quart de celle de l’eau Ă  poids Ă©gal et de sa faible densitĂ©, 800 fois moindre Ă  peu prĂšs, on voit que, pour obtenir un effet Ă©gal, il faut un volume d’air, 3,200 fois plus considĂ©rable que celui de l’eau, mĂȘme eu faisant abstraction de l’imperfection toujours trĂšs-grande du contact entre les gaz en mouvement et les corps solides auxquels Us doivent prendre de la chaleur. Mais les complications ou les difficultĂ©s d’exĂ©cution et d’entretien des appareils oĂč l’eau pour- rait agir comme rĂ©frigĂ©rant sur un aussi grand nombre de menus ustensiles, tels que les moules Ă  bougies de diffĂ©rents calibres, on t jusqu’ici fait donner la prĂ©fĂ©rence au refroidissement p ar p a j r atmosphĂ©rique dans les conditions ci-dessus indiquĂ©es. 11 n en a p as Ă©tĂ© { e mĂȘme en Angleterre oĂč le refroidissement par 1 air Ă©tait encore bien plus dispendieux qu’en France ; car la diffĂ©rence de tempĂ©rature devait ĂȘtre plus grande, comme nous 874 EXPOSITION UNIVERSELLE UE LONDRES. allons le voir; d’un autre cĂŽtĂ©, il fallait ĂȘtre en mesure de refroidir davantage c’est-Ă -dire Ă  plusieurs degrĂ©s plus bas. En effet, les habitudes de la population anglaise laissent beaucoup plus de latitude que chez nous. En Angleterre, les fabricants ont intĂ©rĂȘt Ă  prĂ©parer des bougies plus fusibles, moins sĂšches, moins sonores, et moins lisses, car elles reviennent Ă  meilleur marchĂ© et se vendent tout aussi bien ; une odeur sensible, une lĂ©gĂšre ranciditĂ© ne nuisent pas Ă  la vente; aussi le plus grand nombre des bougies stĂ©ariques et Ă  bien plus forte raison des bougies mĂ©langĂ©es [composite candies contiennent-elles des matiĂšres grasses neutres la partie solide des huiles de coco, des suifs pressĂ©s; souvent on les amĂ©liore en y ajoutant de la paraffine, parfois on y introduit un peu de rĂ©sine de carnauba qui rend les mĂ©langes plus fermes. En tout cas et par l’effet mĂȘme de ces mĂ©langes on n’a pas Ă  redouter une cristallisation trop rĂ©guliĂšre, il n’est donc en aucune façon utile de rompre la cristallisation ; ces circonstances locales expliquent l’emploi des procĂ©dĂ©s en usage, pour cette opĂ©ration, chez l’un des plus habiles fabricants d’acides gras, de glycĂ©rine et de bougies diverses Ă  Londres. Nous allons succinctement dĂ©crire ce remarquable procĂ©dĂ©. Le systĂšme gĂ©nĂ©ral d’enfilage continu des mĂšches, Ă  l’aide de moules fixes et de bobines, adoptĂ© dans cette usine est celui qu’ont perfectionnĂ© MM. Cahouet et Morane; les dispositions relatives Ă  l’emplissage, au refroidissement et au dĂ©moulage, diffĂšrent cependant un peu d’abord n’ayant pas Ă  se prĂ©occuper de troubler la cristallisation, qui doit ĂȘtre naturellement confuse, on peut maintenir la tempĂ©rature de la substance grasse assez Ă©levĂ©e au-dessus de son point de fusion pour qu’elle soit bien liquide tout le temps de l’opĂ©ration; l'emplissage s’effectue donc trĂšs-facilement Ă  l’aide d’un rĂ©servoir mobile Ă  roulettes, parcourant sur un petit chemin de fer, qui rĂšgne au-dessus de tous les moules, une Ă©tendue d’environ 30 mĂštres, Ă©gale Ă  l’étendue mĂȘme de chacune des longues machines Ă  mouler. Ce rĂ©servoir Ă©tant rempli du liquide gras, on le fait avancer successivement au-dessus de chaque sĂ©rie de 10 moules, puis, ouvrant un large robinet, la nappe fluide qui s’écoule remplit Ă  la fois tous les moules de la sĂ©rie sans rĂ©server de masselotte gĂ©nĂ©rale ; on ferme le robinet et on l’ouvre successivement, de nouveau, au-dessus de chacune PRODUITS CHIMIQUES. 37!> Ăźles sĂ©ries de moules; toute l’étendue des caisses ayant Ă©tĂ© parcourue et le remplissage effectuĂ© de la mĂȘme maniĂšre, on ouvre Ă  chaque sĂ©rie de moules des robinets qui introduisent dans des doubles enveloppes l’eau froide, celle-ci sortant Ă©chauffĂ©e par autant de tubes trop-pleins s’écoule en dĂ©finitive par un tube commun dans un vaste rĂ©servoir Ă  eau chaude 1 . MalgrĂ© l’emploi de ce mode plus Ă©nergique de refroidissement, les bougies formĂ©es avec les mĂ©langes de corps gras neutres et d’acides gras distillĂ©s ne prennent pas, durant la cristallisation, un retrait suffisant pour ĂȘtre facilement extraites des moules par les mĂȘmes moyens que les bougies stĂ©ariques normales de France on se sert, chez d’un procĂ©dĂ© de dĂ©moulage tout par- ticuliĂ©r et fort ingĂ©nieux. Chacun des moules est muni, prĂšs de son extrĂ©mitĂ© conique infĂ©rieure, d’un ajutage Ă  robinet, au moyen duquel, au moment oĂč l’on doit extraire la bougie, on donne accĂšs Ă  l’air atmosphĂ©rique, comprimĂ© dans un gazomĂštre spĂ©cial; cet air, Ăč l’instant, s’insinue entre les parois du moule et la bougie, pousse celle-ci de bas en haut et la fait immĂ©diatement sortir; il semble, Ă  voir la rapiditĂ© de ce dĂ©moulage, effectuĂ© si facilement par un jeune garçon, que celui-ci n’ait qu’à cueillir chaque bougie s’élançant toute seule au-devant de la main qui va la saisir. Et, en effet, lorsqu’à ma demande, un d’entre eux voulut bien laisser ces petits projectiles parcourir un espace un peu plus long, on voyait chaque bougie s’élancer successivement du moule, atteignant une hauteur de 20 Ă  30 cent, avant d’ĂȘtre en quelque sorte prise au vol par le jeune ouvrier. 1 ‱ Dans ce rĂ©servoir en maçonnerie, le volume considĂ©rable d’eau qui se renou- y elle Ă  uue douco tempĂ©rature sutltt pour la philanthropique destination que lui a donnĂ©e 51. Wilson, le savant directeur de celte immense usine fondĂ©e au capital de 25 millions de francs. Trois fois charpie semaine, et Ă  tour de rĂŽle, les hommes et Puis les jeunes garçons peuvent y prendre des bains de natation ; on comprend qtUls profitent avec empressement de celle mesure hygiĂ©nique qui leur est offerte. n. 395, e8t Ă  trois branches et 5 trois eaux, afin de pouvoir adapter une allonge sur la troisiĂšme branche lorsqu’on veut expulser de la chaudiĂšre le liquide goudronneux Ă©puisĂ© d’acides gras, restant Ă  la lin de chacune des opĂ©rations. Il suffit alors de placer l’allonge en question, de fermer le papillon du col de l’alambic et de tourner le robinet C de façon Ă  faire communiquer le fonds de la chaudiĂšre avec l’allonge, pour qu’en injectant un fort courant de vapeur par le tube R on puisse chasser, par la pression exercĂ©e dans la cucurbite, tout le goudron remontant dans le tube C sortant par l’allonge qui le dirige et le projette sur un bassin plat en tĂŽle hors de l’atelier. 397 PRODUITS CHIMIQUES. vent tous les robinets des tubes Ă  matiĂšre grasse et Ă  vapeurs simple et mixte; 3°le rĂ©frigĂ©rant Ă  air libre, situĂ© entiĂšrement au dehors des ateliers; ce rĂ©frigĂ©rant est formĂ© de longs tubes en cuivre recourbĂ©s en siphons; Ă  sa suite on voit le rĂ©cipient K ou citerne aux acides gras distillĂ©s placĂ©e sous un hangard Fig. ». mm. sm eesAKji ..Ăčlf ..I ĂąHH! rr?s*sj bans l’atelier principal, la cucurbite A, entourĂ©e de maçonnerie qui la prĂ©serve du refroidissement extĂ©rieur, est chargĂ©e, eommenous l’avons vu, de matiĂšre grasse acidifiĂ©e, lavĂ©e, sĂ©chĂ©e ^ * a tempĂ©rature de 150°. On fait alors arriver par le tube D', en ouvrant le robiuet spĂ©cial sur son trajet, la vapeur du gĂ©nĂ©rateur dans le cylindre purgeur D, oĂč sont retenus les globules d’eau; a vapeur ainsi Ă©purĂ©e passe dans le serpentin en fonte chauffĂ© '300 u environ par le foyer G, dont la flamme parcourt successi- vement les espaces sous les voĂ»tes G E F ; Ă  l’extrĂ©mitĂ© opposĂ©e l- * lois CUl urbĂŒes disposĂ©e» de la mĂȘme maniĂšre permettent d’en avoir une nchange, en sorte qu’avec deux appareils rĂ©frigĂ©rants on puisse maintenir tonsliiiument en fonction deux cucurbites munies chacune d’un semblable appareil rĂ©frigĂ©rant. 398 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. du serpentin, la vapeur surchauffĂ©e passe par un tube engagĂ© dans la maçonnerie aboutissant au robinet E' dans l’atelier de l’appareil distillatoire; c’est en ouvrant le robinet E'que l’on introduit la vapeur surchauffĂ©e dans la cucurbite, oĂč elle se divise, par la pomme d’arrosoir, en une multitude de jets ou bulles traversant toute la matiĂšre grasse liquide et lui communiquant une tempĂ©rature Ă©levĂ©e Ă  290° environ. Ce courant multiple de vapeurs entraĂźne successivement les acides gras mĂ©langĂ©s, mais aussi suivant l’ordre de leur volatilitĂ© qui pour ceux de l’huile de palme est en ordre inverse du degrĂ© de solidification. Voir plus haut, p. 394. Ces vapeurs grasses et aqueuses passent ensemble dans le col H de la cucurbite et son prolongement pour se rendre au rĂ©frigĂ©rant extĂ©rieur. Sur leur trajet, les premiĂšres portions condensĂ©es de ces vapeurs rencontrent un large ajutage C par lequel le liquide s’écoule en suivant le tube C, au bas de l’ajutage qui les conduit vers une bĂąche I; arrivĂ© lĂ , le tube, comme le montre la figure, se termine en siphon renversĂ©, ce qui permet l’écoulement du liquide dans cette bĂąche, sans que les vapeurs et les gaz puissent sortir. Un robinet, que l’on voit Ă  la naissance du siphon, sert Ă  intercepter l’issue, lorsque les premiĂšres parties condensĂ©es qui ont pu entraĂźner des projections sont sorties, et que dĂšs lors il convient de sĂ©parer ces premiers produits impurs; ce qui s’écoule ensuite est dirigĂ© dans le rĂ©cipient gĂ©nĂ©ral K. Les vapeurs engagĂ©es dans le long col H de la cucurbite se rendent au dehors de l’atelier dans un rĂ©frigĂ©rant Ă  l’air, formĂ© de tubes de 20 cent, de diamĂštre, en cuivre, adaptĂ©s Ă  brides sur les ajutages des bĂąches qui reçoivent tous les produits liquides de la condensation; ces produits s’écoulent par un tube collecteur dans le rĂ©servoir commun K placĂ© sous un hangard clos, tandis que les gaz et vapeurs continuent de circuler en passant de bas en haut et de haut eu bas alternativement, d’une branche Ă  l’autre de chaque large siphon ; l’avantage principal de cette disposition comparĂ©e avec les serpentins rĂ©frigĂ©rants Ă  l’eau, c’est que ceux- ci peuvent s’engorger, surtout au commencement de l’opĂ©ration, si, la tempĂ©rature de l’eau se trouvant infĂ©rieure au point de leur congĂ©lation, les acides gras qui distillent se figent dans les tubes et obstruent le passage, occasionnant une pression plus ou moins forte et des fuites avec leurs inconvĂ©nients et leurs dangers ; les ’ PRODUITS CHIMIQUES. 399 mĂȘmes accidents se peuvent produire, si l’on renouvelle trop rapidement l’eau qui environne le serpeutin; sans doute on parvient Ă  Ă©viter ces inconvĂ©nients par de simples prĂ©cautions ou Ă  l’aide d'un tube supplĂ©mentaire rectiligne, dont la tempĂ©rature ne saurait s’abaisser au-dessous de 50°, et dont l’extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure, plongeant dans la cuvette Ă  trop plein, rĂ©cipient des liquides condensĂ©s, ne laisse aucune issue aux vapeurs. Le rĂ©frigĂ©rant Ă  l’air est en tous cas prĂ©fĂ©rable, puisqu’il n’oblige Ă  aucune de ces prĂ©cautions, et cependant la condensation des acides gras s’y effectue si bien que les tubes rĂ©trĂ©cis des siphons, dans lesquels circulent les derniĂšres portions des gaz et des vapeurs, ne donnent plus qu’un liquide aqueux en arrivant au tonneau I' indiquĂ© dans la figure ci-dessous ; ce dessin montre la disposition de toute la partie du rĂ©frigĂ©rant Ă  l’air, disposĂ©e suivant un plan perpendiculaire Ă  la direction du long col de l’alambic. Le bout de ce col allongĂ© vient s’assembler en T Ă  Fig. 10. l’ajutage conique A, celui-ci est terminĂ© Ă  sa partie infĂ©rieure par un tube plus Ă©troit qui laisse Ă©couler dans la premiĂšre bĂąche le liquide de condensation, tandis que les gaz et vapeurs s’élĂšvent 400 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. vers le coude B parcourant avec les portions liquĂ©fiĂ©es toute la longueur du tube BB disposĂ© en pente; lĂ  ce tube recourbĂ© j s’adapte Ă  l’ajutage de la bĂąche correspondante; les vapeurs, j aprĂšs avoir parcouru les trois premiers tubes verticaux des si- plions, vus dans la fig. prĂ©cĂ©dente, circulent dans les siphons ! suivants indiquĂ©s ici de D en D', E E\ F F', G G', Il H', II" H" ; i en cet endroit, les tubes n’ayant plus guĂšre Ă  condenser que des i traces de vapeur aqueuse, sont rĂ©trĂ©cis comme le dessin l’indi- que, en formant les quatre branches des siphons suivants; de la derniĂšre bĂąche ; le dernier tube s’élĂšve verticalement en I, se recourbe et se dirige en pente de I en 1' vers le tonneau I', ne laissant plus Ă©couler dans la cuvette I" que de faibles quantitĂ©s ! de liquide aqueux lorsqu’on ouvre le robinet I". Ce tonneau est j doublĂ© de plomb et clos par un couverclesur lequel un deuxiĂšme ajutage reçoit un deuxiĂšme tube semblable Ă  celui que nous venons de dĂ©crire 1, I' appartenant au serpentin du deuxiĂšme appareil en fonction et qu’il termine de mĂȘme. Le tonneau sert donc de rĂ©cipient au produit des derniĂšres vapeurs condensĂ©es; quant aux gaz incondensables qui s’y rendent Ă©galement, ils trouvent une libre issue par un troisiĂšme tube X, Ă  plus large section, implantĂ© sur le mĂȘme couvercle et aboutissant Ă  la cheminĂ©e qui dissĂ©mine dans l’atmosphĂšre ces gaz avec la fumĂ©e. La cucurbite de cet appareil se vide aisĂ©ment, comme nous l’avons dit plus haut, p. 395, en fermant la valve Ă  papillon de cette allonge ouvrant la communication entre l’intĂ©rieur de la cucurbite et l’air extĂ©rieur par le tube Ă  trois eaux abducteur des matiĂšres grasses, qui, muni alors d’une allonge, offre une issue au goudron liquide, dĂšs qu’en laissant arriver la vapeur par le tube terminĂ© j en pomme d’arrosoir, la pression interne chasse aussitĂŽt toute la ! matiĂšre fluide vers la nouvelle issue. Dans d’autres fabriques, la ! vidange s’effectue Ă  l’aide d’un siphon Ă  demeure; on peut quel- * quefois obtenir des acides gras distillĂ©s plus blancs en opĂ©rant cette vidange, sans attendre que le rĂ©sidu soit Ă©puisĂ©, c’est-Ă -dire lorsque les 9 dixiĂšmes ou les 95 centiĂšmes du produit sont extraits; on laisse alors la tempĂ©rature de la chaudiĂšre s’abaisser pendant quelques heures, puis on recharge l’alambic comme la i premiĂšre fois avec la matiĂšre grasse acidiliĂ©e lavĂ©e et sĂ©chĂ©e Ă  150 degrĂ©s. AprĂšs huit ou dix distillations semblables, on peut laisser Ă©puiser la matiĂšre goudronneuse, puis la chasser au de- It PRODUITS CHIMIQUES. 401 hors par le siphon, Ă  l’aide d’une injection de vapeur, enfin lorsqu’on veut nettoyer Ă  fond la chaudiĂšre, on suspend les opĂ©rations pendant un jour, on ouvre dans cet intervalle de temps le, trou d’homme en dĂ©montant le col de l’alambic et l’on effectue sans peine ce nettoyage. On a dĂ» prendre le soin de fermer la vanne B, situĂ©e sur le trajet du col de l’alambic, afin d’éviter la rentrĂ©e des gaz et vapeurs dans la cucurbite et dans l’atelier. Lorsque l’on a limitĂ© chaque distillation aux 0,9 ou 0,95 de la matiĂšre volati- lisable les rĂ©sidus non Ă©puisĂ©s sont mis en rĂ©serve, et, aprĂšs dix Ă» quinze opĂ©rations, la quantitĂ© rĂ©unie est suffisante pour en faire une distillation spĂ©ciale avant de procĂ©der au nettoyage Ă  fond de la chaudiĂšre. Dans l’usine de M. Wilson, la distillation des corps gras s’effectue Ă  l’aide d’appareils semblables Ă  celui que nous venons de dĂ©crire, mais en raison de l’importance plus considĂ©rable de la fabrication et de l’emploi des produits de l’acidification Ă  l’exclusion de ceux de toute saponification calcaire dans cette usine, les appareils distillatoires sont beaucoup plus grands chacun d’eux suffit pour distiller, Ă  la fois, 6,000 kil. de matiĂšre grasse acidifiĂ©e, en sorte que les quatre appareils reprĂ©sentent une fabrication journaliĂšre de 24,000 kil., non compris la production, de l’appareil Ă  distiller par la vapeur seule et sans acidification prĂ©alable, appareil dont la cucurbite peut contenir Ă©galement 6,000 l'il- qui passent Ă  la distillation en 24 ou 36 heures. fies acides gras distillĂ©s sont ordinairement soumis Ă  la cristallisation dans des augettes peu profondes en fer-blanc, comme les acides gras provenant de la saponification calcaire, puis, au naoyen des pressions successives Ă  froid et Ă  chaud, on Ă©limine rte mĂŽme la plus grande partie de l’acide olĂ©ique, afin d’élever le Point de fusion des acides selidifiables qui doivent ĂŽtre moulĂ©s en bougies. t hes bougies ainsi obtenues donnent une belle lumiĂšre et offrent es autres propriĂ©tĂ©s des bougies d’acides gras de saponification 4° les^ 6 ’ Sau ^ eur point rte fusion qui Ă©tant moins Ă©levĂ© de 2 Ă  3 ou est 1 Ien ^ ^ US susce ptihi es rte couler dans les endroits oĂč l’air , . iaac ou agitĂ©. Nous avons vu plus haut comment, d’aprĂšs la ^i e 10 e rte MM. Petit, on peut rendre plus rĂ©guliĂšre la cristal- Ăźsa ion e certains acides gras, provenant de distillation ou de saponi Ăźcation, et qui, chacun isolĂ©ment, se prendrait en masse IU - 26 402 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. confuse difficile Ă  presser ; lorsque l’on opĂšre exclusivement par voie de saponification acide et de distillation, de l’huile de palme, cette ressource manque, mais alors on peut cependant obtenir des cristallisations normales en mĂ©langeant les acides gras provenant de suifs acidifiĂ©s et distillĂ©s, avec les produits d’acidification et distillation de l’huile de palme; pourvu que l’on observe dans ce mĂ©lange les doses favorables, prĂ©alablement dĂ©terminĂ©es, entre les acides gras des suifs et ceux de l’huile de palme. Je tiens de M. Wilson un autre moyen, qui consiste faire cristalliser et presser directement les produits de la saponification acide, puis Ă  distiller Ă  part les acides gras solides qui en proviennent. De cette façon, la matiĂšre blanche distillĂ©e offre un point de fusion assez Ă©levĂ© pour ĂȘtre, sans nouveau pressage, directement moulĂ©e en bougies. Dans ce cas il importerait beaucoup, je le crois, de sĂ©parer les derniers produits de la distillation qui, sans doute, seraient plus fusibles que les autres, C’est, en tout cas, une innovation remarquable qui m’a paru digne d’ĂȘtre signalĂ©e Ă  l’attention des fabricants ; avantageuse sans doute en Angleterre, elle offrirait peut-ĂȘtre un intĂ©rĂȘt moindre en France oĂč les consommateurs exigent des produits plus durs que ceux que l’on obtiendrait ainsi. Applications spĂ©ciales de l'acide olĂȘique des deux origines. L’acide olĂ©ique, suivant qu’il provient d’une saponification sulfurique ou calcaire, prĂ©sente des caractĂšres particuliers que souvent il importe de reconnaĂźtre, en vue des applications spĂ©ciales de ces deux variĂ©tĂ©s d’acides gras liquides. TrĂšs-gĂ©nĂ©ralement l’acide olĂ©ique de saponification calcaire, quelque soin que l’on ait pris d’en extraire autant que possible les acides cristallisables, est toujours prĂ©fĂ©rable Ă  l’autre pour la fabrication des savons de soude, car ceux-ci sont plus durs et d’un meilleur usage que les savons Ă  l’acide olĂ©ique de distillation. D’ailleurs, pour donner Ă  ces derniers la consistance ferme que les consommateurs prĂ©fĂšrent, on est parfois obligĂ© d’ajouter du suif aux matiĂšres premiĂšres, et le prix coĂ»tant se trouve ainsi plus Ă©levĂ©. Une considĂ©ration analogue tend Ăč dĂ©prĂ©cier l’acide olĂ©ique de distillation, lorsqu’il s'agit de la fabrication des savons mous ou Ă  base de potasse, bien que l’on ajoute Ă l’acidegras,!, 2 ou 3 dixiĂšmes de PRODUITS CHIMIQUES. 403 rĂ©sine et d’huile commune ou plutĂŽt de fĂšces d’huile 1 de colza, car le rendement est, en tout cas, moindre de 10 Ă  12 centiĂšmes due celui obtenu, lorsqu’on emploie l’acide olĂ©ique de saponification calcaire. Celui-ci, par ces motifs, se vend, en gĂ©nĂ©ral, plus cher que l’autre, bien qu’il ne semble pas prĂ©fĂ©rable pour d’autres applications, le graissage des laines, par exemple 2 ; il importe, en tout cas, de distinguer ces deux acides gras d’origines diffĂ©rentes ; on y peut parvenir en effectuant certaines rĂ©actions d’une maniĂšre comparative. Si, par exemple, on agite ensemble 25 grammes d’acide olĂ©ique de saponification calcaire, et 1 gramme d’un mĂ©lange de 3 parties d’acide azotique, avec 1 partie d’acide hypoazotique, la totalitĂ© du liquide se prend en une masse consistante. Lorsqu’on, opĂšre exactement de mĂȘme avec l’acide olĂ©ique de distillation, le liquide ne se solidifie pas. Un phĂ©nomĂšne contraire se manifeste lorsque l’on traite comparativement les deux acides gras par un centiĂšme de chaux, prĂ©alablement hydratĂ©e, en lait de chaux aprĂšs le mĂ©lange intime dans des conditions Ă©gales l’acide olĂ©ique de distillation se prend en une masse de consistance graisseuse plus ou moins prononcĂ©e, tandis que l’acide des apo- ification calcaire donne un mĂ©lange sensiblement fluide. En effet, chauffĂ©s l’un et l’autre Ă  100 degrĂ©s, le premier se solidifie presque totalement, tandis que dans le deuxiĂšme un quart seulement du volumĂ© est consistant ; la diffĂ©rence devient encore plus manifeste si l’on recueille de chaque mĂ©lange la portion solide sur un filtre entretenu Ă  la tempĂ©rature de 50°; enfin un dernier caractĂšre distinctifs curieux, c’est que les savons calcaires lavĂ©s Ă  l’alcool, puis dĂ©composĂ©s par l’acide chlorhydrique, donnent Aes acides gras inĂ©galement fusibles, le premier de distillation ^ 34°,5, i e deuxiĂšme de saponification calcaire Ă  33°. Les observations que j’avais faites sur la nature des acides gras fit * ^ eS Sortes 116 dĂ©pĂŽts, le l’épuration des huiles par l’acide sulfurique, doivent ' e PrĂ©alablement lavĂ©s Ă  l’eau bouillante qui dĂ©compose les acides sulfo-gras, ils retiennent al °rs de l’acide margarique en plus fortes proportions relatives ee qui n’arrive pas avec l’acide olĂ©ique de saponification calcaire surtout en l , lorsqu il retient on trop fortes proportions des acides gras cristallisahles, dans ce cas 1 acide olĂ©ique de distillation a semblĂ© prĂ©fĂ©rable. 404 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Ă  fusion plus Ă©levĂ©e s’unissant de prĂ©fĂ©rence avec la chaux, lorsque cette base est employĂ©e en close insuffisante pour saturer la totalitĂ© Voy. ci-dessus, pag. 356 et 357, m’ont conduit Ă  rechercher s’il se passerait des phĂ©nomĂšnes analogues en traitant de mĂȘme l’acide olĂ©ique de saponification calcaire; en effet, cet acide Ă  l’état commercial ordinaire, ayant Ă©tĂ© traitĂ© par l centiĂšme de son poids de chaux, le savon calcaire fut extrait Ă  l’aide de l’alcool qui retint en solution les acides gras non saponifiĂ©s ; le savon insoluble fut dĂ©composĂ© par l’acide chlorhydrique; les acides gras ainsi mis en libertĂ©, lavĂ©s et sĂ©chĂ©s, avaient un point de fusion de 36° centĂ©simaux; la solution alcoolique Ă©vaporĂ©e, pour chasser l’alcool, laissa en rĂ©sidu les acides gras non saponifiĂ©s; ceux-ci, traitĂ©s comme la premiĂšre fois, par 1 centiĂšme de leur poids de chaux, donnĂšrent un savon calcaire qui fut extrait de mĂȘme, et qui, dĂ©composĂ© Ă©galement, donna des acides gras dont le point de fusion fut de 31°. La solution alcoolique Ă©vaporĂ©e donna alors un rĂ©sidu d’acide gras liquide, qui, traitĂ© par un troisiĂšme centiĂšme de chaux prĂ©alablement hydratĂ©e laissa, aprĂšs dĂ©composition par l’acide chlorhydrique et lavage, la matiĂšre grasse fluide Ă  la tempĂ©rature de -f- \ 6°. Ces expĂ©riences ajoutent un nouvel exemple de l’inĂ©gale affinitĂ© des acides gras pour la base minĂ©rale employĂ©e en dose insuffisante; elles pourraient servir de guide dans des essais comparatifs, en vue de dĂ©terminer l’état particulier des diffĂ©rents mĂ©langes dĂ©signĂ©s sous la dĂ©nomination commune d’acide olĂ©ique. CÉTINE BOUGIES DIAI'HANES. Cette substance blanche, cristalline, translucide, fusible Ă  49°, composĂ©e de carbone 80, hydrogĂšne 13,33 et oxygĂšne 6,67 C 04 , 11 04 O 4 , cristallisable dans l’éther et l’alcool qui en dissolvent beaucoup plus Ă  chaud qu’à froid, la cĂ©tine est encore trĂšs-improprement appelĂ©e dans le commerce, blanc de baleine, — car la baleine proprement dite ne fournit aucune quantitĂ© de cette sub- ‱ stance.— La cĂ©tine est contenue principalement dans une cavitĂ© spĂ©ciale situĂ©e Ă  la partie supĂ©rieure du crĂąne du cachalot, elle forme avec l’olĂ©ine une matiĂšre huileuse importĂ©es dans des cargaisons amĂ©ricaines pour la plus grande partie, et dont l’armement se fait Ă Newbedford et anglaises. Ces cargaisons, au retour de longues et pĂ©rilleuses navigations dans les mers lointaines de PRODUITS CHIMIQUES. 4% l’archipel Indien et du Japon, ont parfois, depuis plus de 80 ans, reprĂ©sentĂ© une valeur annuelle totale de 45 millions de francs. Quant Ă  nos sept ou huit baleiniers partant du Havre dans le mĂȘme but afin de se garantir du moins, avant de s’embarquer, contre une des chances auxquelles cette entreprise les expose, ils vendent, Ă  livrer, le produit probable de leur pĂȘche aventureuse '. L’extraction et le raffinage de la cĂ©tine constituent, en Angleterre, une industrie importante, fondĂ©e sur la fabrication et le commerce des bougies demi-transparentes dites diaphanes, prĂ©parĂ©es avec la belle substance cristalline blanche, brillante, translucide, dĂ©signĂ©e sous les noms de spermacĂ©ti ou de blanc de baleine. Sa prĂ©paration fournit d’ailleurs une des meilleures huiles qu’on puisse employer pour lubrifier les parties frottantes des machines et notamment pour les broches des filatures. A l’Exposition de Londres plusieurs manufacturiers, et notamment M. Miller, qui est Ă  la tĂȘte de cette industrie, en avaient envoyĂ© de trĂšs-beaux spĂ©cimens. MM. Cogniet et MarĂ©chal, dont nous avons plusieurs fois citĂ© les noms propos des hydrocarbures minĂ©raux et de la paraffine en particulier, Ă©taient les seuls manufacturiers français reprĂ©sentant l’industrie de l’épuration de blanc de baleine et AqY huile de spermacĂ©ti; successeurs de M. Lajon- h-aire, qui avait, en 1825, fondĂ© cette industrie Ă  Montrouge auprĂšs de Paris et obtenu en 1836 un brevet d’invention pour le raffinage du blanc de baleine. MM. Cogniet et MarĂ©chal ont PerfectionnĂ© le procĂ©dĂ© de raffinage de la cĂ©tine; leurs produits ne le cĂ©daient en rien Ă  ceux des habiles fabricants anglais. Mais les quantitĂ©s sur lesquelles ils opĂšrent sont bien moindres, on le comprendra facilement en voyant sur nos registres de la douane ' ‱ Le cachalot macroeĂ©phale IMiysetcr macrocephalus, mammifĂšre gigantesque presque aussi grand que la haleine, atteint, dit-on, jusqu’il 23 mĂštres de longueur ; 83 l te Ă©norme, de forme cylindroide tronquĂ©e, est Ăš peu prĂšs aussi longue que le 1-8 du corps do l’animal. Au-dessus de sa cavitĂ© crĂąnienne osseuse et cartilagi- neuse rp l irouve le vaste amas adipeux, renfermant la matiĂšre olĂ©iforme qui con- lient la cĂ©ĂŒn . “ne. La peau trcs-unie de ce mammifĂšre recouvre uno Ă©paisse couche graisseuec l » ‱ *-es cachalots se nourrissent de poissons, de mollusques, de erusla- ces, etc, ia vont par bandes de deux Ă  trois cents, dirigĂ©s par un d'entre eux; dans certaines . . . basions > ils se rĂ©unissent pour leur dĂ©fense commune, et quelquefois se battent ues f 't UĂźlvec fureur, ils ont parfois aussi, dans leurs mouvements brus- q s, ait chaviier des embarcations puis englouti les hommes de l’équipage. 406 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. les importations de blanc de baleine brut limitĂ©es Ă  44 438 kil. en 1839 et Ă  35 115 kil. en 1860 les quantitĂ©s de blanc de baleine raflinĂ© importĂ©es durant ces deux aimĂ©es ont Ă©tĂ© de 2 238 kil. et 2 410 kil.. C’est que le produit principal, le blanc de baleine cristallisĂ©, ne peut ĂȘtre classĂ© que parmi les objets d’un luxe trĂšs- Ă©levĂ© et dont la consommation est par cela mĂȘme, fort restreinte au point de vue Ă©conomique, il ne saurait supporter la concurrence de l’acide stĂ©arique ni de la paraffine, ces deux derniers produits, pour des applications analogues, ne coĂ»tant que 2 fr. Ă  2 fr. 30, tandis que la valeur du blanc de baleine est en ce moment de 4 fr. le kil. Quant Ă  l’huile de spermacĂ©ti, quelle que soit sa qualitĂ©, elle ne peut offrir l’économie qu’on trouve pour le graissage des machines dans l’emploi de diverses matiĂšres lubrifiantes, notamment de Y olĂ©ine de saindoux graisse de porc pressĂ©e Ă  froid et des hydrocarbures paraffinĂ©s dont nous avons parlĂ© plus haut. Quoi qu’il en soit, les procĂ©dĂ©s de raffinage du blanc de baleine brut, tel qu’il nous arrive, ne sont pas dĂ©pourvus d’intĂ©rĂȘt. Voici comment on les exĂ©cute dans l’établissement de MM. Cogniet et MarĂ©chal la matiĂšre, telle qu’elle est importĂ©e 1 , est chauffĂ©e d’abord Ă  la tempĂ©rature de 70 Ă  80° c., on la laisse dĂ©poser et le liquide clair est dĂ©cantĂ© dans des cristallisoirs oĂč l’on ne peut obtenir des cristaux assez abondants qu’en attendant que la tempĂ©rature ambiante s’abaisse entre 5 et 8° au-dessus de zĂ©ro; on recueille alors tout le produit de cette cristallisation dans des sacs ou grandes chausses en tissu de laine dit de Malfil; l’huile fluide passe aisĂ©ment au travers des filtres, tandis que la substance cristallisĂ©e reste sur le tissu. On soumet celle-ci Ă  une premiĂšre pression graduĂ©e Ă  froid, les tourteaux sont traitĂ©s Ă  chaud par quatre centiĂšmes d’une lessive de soude caustique Ă  20° qui, 1. L'huile brute de premiĂšre qualitĂ© provient du dĂ©pĂŽt de matiĂšre grasse rĂ©unie au-dessus du crlne, dans la cavitĂ© formĂ©e par les os relevĂ©s sur les bords; plusieurs ramifications de cejdĂ©pĂŽt s’étendent dans le tissus adipeux au-dessous de la peau. Ce sont sans doute les produits de ces ramifications qui, en se mĂ©langeant avec ceux des tissus adipeux sous-cutanĂ©s, forment la matiĂšre brute appelĂ©e huile de corps, donnant 7 centiĂšmes de eĂ©tine, tandis que la premiĂšre, dĂ©signĂ©e commercialement sous le nom d’huile de tĂȘte, fournit au moins 12 de eĂ©tine pour 100 de son poids. PRODUITS CHIMIQUES. ‱ 17 sans action sensible, dans ces conditions, sur la cĂ©tine, commence la saponification de l’olĂ©ine; on laisse reposer et la matiĂšre dĂ©cantĂ©e est mise dans des moules, sortes de petites auges peu profondes en fer-blanc, oĂč elle cristallise de nouveau; elle est alors soumise Ă  une seconde pression entre des plaques creuses chauffĂ©es par un courant de vapeur qui Ă©lĂšve graduellement leur tempĂ©rature jusqu’à quarante-cinq degrĂ©s environ. Les tourteaux obtenus sont soumis Ă  un lavage par trois ou quatre centiĂšmes de solution de soude caustique Ă  18 ou 20° qui continue la premiĂšre rĂ©action, Ă©galement favorisĂ©e par le barbotage de la vapeur. AprĂšs avoir ensuite laissĂ© dĂ©poser, on dĂ©cante la cĂ©tine, puis onia chauffe Ă  sec, soit directement, soit Ă  l’aide d’un serpentin en spirale Ă  retour d’eau dans lequel circule la vapeur sous une pression de 5 atmosphĂšres Ă  une tempĂ©rature de 153°; quel que soit au surplus le mode de chauffage, il faut Ă©lever la tempĂ©rature de toute la masse Ă  120° environ, afin de porter Ă  l’ébullition les parties aqueuses; on ajoute Ă  plusieurs reprises et par aspersions quelques milliĂšmes alternativement d’eau et de lessive caustique Ă  13 ou 20° qui, formant encore avec ce qui reste d’olĂ©ine un savon olĂ©ate de soude insoluble dans la cĂ©tine, le ramĂšnent Ă  la superficie, et que l’on enlĂšve en Ă©cumes. Pour complĂ©ter l’épuration, lorsqu’il ne se produitplus d’écumes, on effectue la dĂ©coloration ultime par l’addition d’un centiĂšme de noir animal en poudre. LĂ© liquide chaud est versĂ© sur des filtres en papier contenus dans des vases Ă©tamĂ©s Ă  parois doubles entre lesquelles circule de la vapeur qui entretient la fluiditĂ© de la substance et facilite sa filtration. Le liquide limpide versĂ© dans des cristallisoirs se prend en masse blanche composĂ©e de longues lames cristalliues. Si l’on dĂ©cante le liquide restĂ© au centre avant que le refroidissement soit complet, °u obtient ces magnifiques cristallisations en lames aiguĂ«s, brillantes, que l’on admirait dans plusieurs vitrines de l’Exposition internationale, notamment dans celles de et de MM. Co- ffuiet et MarĂ©chal. On moule la cĂ©tine en bougies en ayant le soin rĂŻ y ajouter trois centiĂšmes de cire pour mieux troubler sa cris- ^Uisation. Deux centiĂšmes de cĂ©tine suffisent pour augmenter I e poli et la transluciditĂ© des bougies de paraffine de mĂȘme que pour la paraffine seule, on doit couler Ă  -{- 70° et plonger dans leau froide les moules dĂšs qu’ils sont pleins. La cĂ©tine, enfin, sort Ă  l’apprĂȘt de quelques Ă©toffes. CLASSE H. RENSEIGNEMENTS SUR LA VENTILATION RECUEILLIS EN ANGLETERRE EN 1862, I ' U'/ 409 RENSEIGNEMENTS SUR LA VENTILATION. binets particuliers du mĂ©decin et du chirurgien, le cabinet du dentiste, les logements des gens de service, des laboratoires, etc. Le 1 ei , le 2 e et le 3 e Ă©tage forment trois divisions, disposĂ©es sur un plan uniforme et comprenant chacune quatre grandes salles EE de 70 pieds anglais ou 21 m .35 de longueur, 21 pieds anglais ou 6 m . 40 de largeur, 14 pieds anglais ou i m .27 de hauteur, et une grande salle de rĂ©union E pour la journĂ©e, ayant 48 pieds anglais ou 14”.64, sur 38 pieds anglais ou 9 m .15, situĂ©e Ă  la rencontre des salles, avec des chambres pour les sƓurs, des lavoirs, une chambre de bains, un cabinet d’aisances et une Ă©tuve qui s’ouvre au dehors. Chaque salle particuliĂšre a, en outre, ses lieux d’aisances, ces derniers Ă©tant, dans tous les cas, en dehors des salles^ I^e nombre des malades admis dans chaque aile est de 130, dont 30 dans chaque division du 1 er , du 2 e et du 3 e Ă©tage. Les salles de subdivision EE contiennent de 12 Ă  13 lits. Il y a six personnes attachĂ©es Ă  chaque division, savoir deux sƓurs et quatre gardes pour les 50 malades. Le volume d’espace allouĂ© pour chaque lit dans les salles est de 1 600 Ă  1 700 pieds cubes ou de 44 mc ,8 Ă  47 mc ,6. A l’étage supĂ©rieur sont les dortoirs des gardes et des autres personnes du service. . La totalitĂ© du bĂątiment, Ă  l’exception du vestibule central, du grand escalier et de quelques-uns des logements des employĂ©s au rez-de-chaussĂ©e, est chauffĂ©e et ventilĂ©e artificiellement par appel. L’espace ainsi chauffĂ© et ventilĂ© est d'environ 500 000 pieds cubes anglais ou 14 000 mĂštres cubes, dont pour Pieds anglais. MĂštres cubes. 3080 8820 2100 14000 Les diffĂ©rents logements. 110 000 ou i Les trois divisions.. 315 000 ou j Les dortoirs,...... . . 75000 ou j 500 000 pieds. Dans le systĂšme de ventilation adoptĂ©, qui est celui de l'aspiration, l’air nouveau pris Ă  une grande hauteur, alin d’assurer s a plu S grande puretĂ©, descend par la cheminĂ©e d’appeljusqu’au tas de l’édifice, oĂč il dĂ©bouche vastes galeries G G appelĂ©es chambres d’air frais, qui rĂ©gnent sous toute l'Ă©tendue du bĂątiment. De,ces chambres il se rend dans des conduits verticaux Ă©tablis dans l’épaisseur des murs, mais aprĂšs avoir passĂ© entre 410 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. des groupes de tuyaux horizontaux de circulation d’eau chaude pour le service d’hiver. L’air nouveau ainsi Ă©chauffĂ© vient dĂ©boucher dans chacune des salles Ă  chauffer ou Ă  ventiler par des orifices mĂ©nagĂ©s prĂšs des plafonds. Le long du mur de face antĂ©rieur et Ă  sa base il n’y a que deux rangĂ©es de tuyaux horizontaux a a, l’une pour le dĂ©part, l’autre pour le retour de l’eau, parcequ’ils ne sont destinĂ©s qu’au chauffage du rang de piĂšces simples placĂ©es de ce cĂŽtĂ© au rez-de- chaussĂ©e. En avant et dans toute la longueur du mur de refend, il y a sept rangĂ©es de tuyaux horizontaux b, b, b , pour le dĂ©part et autant pour le retour de l’eau. Ils sont destinĂ©s Ă  chauffer l’hiver l’air nouveau qui doit ventiler les trois Ă©tages des salles de malades. 1 En avant et dans toute la longueur du mur de face postĂ©rieur, il y a trois rangĂ©es de tuyaux horizontaux c c, pour le dĂ©part et autant pour le retour de l’eau chaude. Ils sont destinĂ©s Ă  chauffer l’hiver l’air d’alimentation des piĂšces habitĂ©es du rez-de-chaussĂ©e correspondantes, et qui sont plus nombreuses que de l’autre cĂŽtĂ©. Les tuyaux de circulation d’eau chaude sont Ă  section triangulaire et disposĂ©s comme l’indique le croquis ci-contre. Cette forme a pour objet d’obliger l’air Ă  passer le long de 4d 1 RENSEIGNEMENTS SUE LA VENTILATION. surfaces de chauffe, plus grandes que celles qu’offriraient des tuyaux horizontaux cylindriques. L’air qui a circulĂ© entre les tuyaux gagne ensuite, comme on l’a dit, des conduits verticaux d d mĂ©nagĂ©s dans l’épaisseur des murs. La coupe transversale du bĂątiment [fig. 1, fait voir qu’à tous les Ă©tages l’air arrive prĂšs des plafonds dd au rez-de-chaussĂ©e; il est fourni, comme on l’a dit, par les tuyaux dd placĂ©s le long des façades, et aqx autres Ă©tages par ceux du milieu. Des conduitsverticaux e,e, e, Ă©tablis dans l’épaisseur des murs de face et ouverts Ă  fleur du plancher, dirigent sĂ©parĂ©ment l’air viciĂ© de chaque Ă©tage, au moyen d’autres conduits horizontaux ff dans un grand conduit principal g g Ă©tabli dans le comble, et- qui se termine Ă  la tour d’évacuation Ă©tablie au pavillon central, laquelle reçoit aussi la fumĂ©e des fourneaux d’eau chaude et des chaudiĂšres. Il y a dans chaque division 79 conduits d’introduction d'air dans les salles, et 63 conduits d’évacuation pour 150 lits, sans compter ceux de la salle de rĂ©union de jour et des diffĂ©rents cabinets. L’on a eu soin de ne placer dans les lieux d’aisances que des cheminĂ©es d’évacuation, afin que l’appel de l’air s’y fasse toujours de l’extĂ©rieur vers l’intĂ©rieur de ces cabinets. A l’intĂ©rieur du grand conduit g g d’air viciĂ©, qui a environ 1 m .80 de largeur, passe un tuyau principal de fumĂ©e h h en fonte, de 0 m .90 Ă  peu prĂšs de diamĂštre, dans lequel viennent dĂ©boucher tous les conduits de fumĂ©e i i des foyers des appartements particuliers e t des salles. Un tuyau de circulation d’eau chaude parcourt aussi ce grand conduit et assure la ventilation d’étĂ©. Ce conduit principal aboutit Ă  un autre kk, vertical qui verse dans la grande cheminĂ©e d’évacuation B tous les produits de la combustion de ces foyers et l’air viciĂ© qu’ils ont contribuĂ© Ă  aspirer. L’on voit que ces tuyaux de fumĂ©e, outre l’effet direct de ven- dlation qu’ils produisent dans les salles, peuvent aussi, par la chaleur de leurs parois mĂ©talliques, contribuer Ă  activer l’appel de l’air viciĂ© qui les entoure dans le canal g g. Lidin au centre et dans l’axe de la cheminĂ©e gĂ©nĂ©rale B, s’élĂšve le tuyau de fumĂ©e des calorifĂšres, qui y verse ses produits Ă  une hauteur supĂ©rieure Ă  celle du comble. Il rĂ©sulte de cette dispo- 412 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. sition, dans la saison du chauffage, un appel Ă©nergique et une Ă©lĂ©vation notable de la tempĂ©rature de l’air viciĂ©, dĂšs qu’il a atteint les conduits supĂ©rieurs, ce qui donne l’hiver une grande activitĂ© Ă  cet appel. Il y a lieu de remarquer que la circulation d’eau chaude se fait, principalement dans les appareils employĂ©s, dans le sens horizontal, et que la distance verticale des tuyaux de dĂ©part et des tuyaux de retour n’excĂšde guĂšre 0 m .50. Cette disposition n’est peut-ĂȘtre pas la plus favorable pour obtenir d’une surface donnĂ©e de tuyaux rĂ©chauffement du plus grand volume d’air possible, mais d’un autre cĂŽtĂ© l’établissement au rez-de-chaussĂ©e, dans des galeries closes et non habitĂ©es, de ces tuyaux, dont le dĂ©veloppement est de plus deS50 mĂštres, pour chaque aile, diminue beaucoup l’inconvĂ©nient des fuites d’eau. Aussi est-ce le mode le plus gĂ©nĂ©ralement employĂ© en Angleterre pour les chauffages par circulation d’eau chaude. La forme de prismes triangulaires donnĂ©e aux tuyaux et les dispositions prises pour assurer rĂ©chauffement de l’air sont d’ailleurs favorables, et les tuyaux n’étant soumis ;'i aucune pression cette torme n’a pas d’inconvĂ©nient. Dans cet Ă©difice l’on paraĂźt avoir rĂ©alisĂ© avec succĂšs le problĂšme pour lequel M. Reid avait Ă©chouĂ© au parlement, et qui consiste Ă  n’avoir qu’une seule cheminĂ©e gĂ©nĂ©rale d’évacuation, non-seulement pour l’air viciĂ©, mais encore pour la fumĂ©e de tous les feux d’un mĂȘme bĂątiment. Le systĂšme de ventilation ainsi Ă©tabli est tout Ă  fait indĂ©pendant des moyens accidentels de ventilation des salles, auxquels on peut recourir, quand le temps permet d’ouvrir les fenĂȘtres. Dans la distribution des grandes divisions l’on a portĂ© une attention particuliĂšre Ă  obtenir tous les avantages possibles de ce que l’on nomme la ventilation naturelle. Les salles particuliĂšres de chaque division sont placĂ©es deux Ă  deux l’une Ăą cĂŽtĂ© de l’autre, de maniĂšre qu’un mur de refend allant jusqu’au centre de l’édifice les sĂ©pare. Chaque salle n’a de fenĂȘtre que d’un cĂŽtĂ©, mais il y a dans le mur de refend de larges arcades ouvertes, par lesquelles il peut s’établir un courant d’air au travers des deux salles contiguĂ«s, quand les fenĂȘtres sont ouvertes; Ă  peu prĂšs comme si chacune de ces salles avait des fenĂȘtres des deux cĂŽtĂ©s. Les fenĂȘtres sont ouvertes comme des chĂąssis ordinaires Ă  cou- 413 RENSEIGNEMENTS SUR LA VENTILATION. lisses verticales, et leur ouverture ue trouble en rien le systĂšme de la ventilation. La ventilation constante d’étĂ© du bĂątiment est calculĂ©e pour fournir en 1' 70 pieds cubes 1,96 mĂštres cubes ou H7 rao .60 par heure et au delĂ  Ă  chaque malade. Dans l’hiver, le volume d’air nouveau Ă  fournir est calculĂ© de maniĂšre Ă  concilier le maintien d’une ventilation efficace avec la conduite Ă©conomique de l’appareil de chauffage. Pendant le froid trĂšs-rude qui a eu lieu en fĂ©vrier et mars 1862, l’on a fait une sĂ©rie d’expĂ©riences pour dĂ©terminer la ventilation effective, et la comparer Ă  la consommation de combustible nĂ©cessaire pour chauffer cet air. Le volume d’air introduit dans la cheminĂ©e d’appel a Ă©tĂ© mesurĂ© Ă  diverses reprises Ă  l’aide de l’anĂ©momĂštre. L’ouverture, par laquelle l’air passe de cette cheminĂ©e dans les conduits d’air froid est munie d’une ventelle Ă  coulisse, au moyen de laquelle 1 aire de l’orifice d’introduction peut ĂȘtre agrandie ou diminuĂ©e Ă  volontĂ© ; Ă  chaque observation Ton mesurait cette ouverture. Pendant la premiĂšre partie de la pĂ©riode sur laquelle les expĂ©riences s’étendent, l’alimentation d’air neuf fut entiĂšrement supprimĂ©e durant la nuit, ainsi que le chauffage des appareils. Cette marche avait Ă©tĂ© suivie dans l’hĂŽpital pendant les deux derniers hivers, et semble avoir pour origine la tendance Ă  donner plus d’importance aux considĂ©rations d’économie qu’à celles qui sont relatives Ă  la salubritĂ©, tendance qui se manifeste souvent lĂ  oĂč Ton devait le moins s’attendre Ă  la rencontrer. Ainsi qu’on pouvait le prĂ©voir, la suspension de la ventilation pendant la nuit avait dĂ©terminĂ© dans les salles une odeur dĂ©sagrĂ©able particuliĂšrement sensible le matin. Ce systĂšme ayant Ă©tĂ© abandonnĂ©, l’air nouveau fut aussi in- h’oduit pendant la nuit, le volume admis Ă©tant toutefois proportionnĂ© Ă  la puissance calorifique conservĂ©e par l’appareil de chauffage, dont le feu n’était pas alimentĂ© pendant la nuit, mais SI , S. T. S.. i L’on voit que, dans ces Ă©preuves, les poudres de Dartford se sont montrĂ©es supĂ©rieures Ă  celles le Ilonslow, etĂŒ peine Ă©gales aux trois espĂšces de poudres françaises correspondantes, fabriquĂ©es aux meules, et que nos poudres des pilons et des laminoirs sont aussi un peu plus fortes que celles de Ilonslow. En 1845, je rapportai Ă©galement d’Angleterre, des mĂȘmes fabriques anglaises, des poudres qui me furent signalĂ©es comme de qualitĂ© supĂ©rieure. Des Ă©preuves comparatives au fusil pendule furent faites entre ces poudres et la poudre extraline d’Es- querdes, et fournirent les rĂ©sultats suivants Vitesse communiquĂ©e Ă  la balle de fusil du poids de 25 grammes, par une charge de 5 grammes. Poudres extralines Poudres anglaises. I d’Esquerdes, fabrication courante.... 41 l m ,95 du Bouchet. ld. 413 ,30 du Bouchet, fabrication spĂ©ciale. 436 ,40 i d’Honslow. 403 ,00 de Dartford... 397 ,45 Ces rĂ©sultats montrent qu’en effet les poudres anglaises de 1845 Ă©taient un peu supĂ©rieures Ă  celles de 1842, mais qu’elles ont encore Ă©tĂ© infĂ©rieures aux poudres françaises fabriquĂ©es sous les meules. L’on voit donc que sous le rapport de la puissance balistique, les poudres de chasse françaises, qui, depuis plusieurs annĂ©es sont exclusivement fabriquĂ©es par le procĂ©dĂ© des meules, sont FOUDRES DE CHASSE FRANÇAISES ET ANGLAISES. 429 supĂ©rieures ou au moins Ă©gales aux meilleures poudres anglaises. Quant Ă  la question de l’encrassement, des Ă©preuves spĂ©ciales exĂ©cutĂ©es Ă  la Direction des poudres ont montrĂ© que, sous ce rapport encore, les poudres françaises ne le. cĂ©daient en rien aux poudres anglaises. Enfin, et quoique la valeur relative des poudres de guerre n’ait pas pour le public le mĂȘme intĂ©rĂȘt que celle des poudres de chasse, l’on peut ajouter que des Ă©preuves faites sur des poudres de guerre ont aussi prouvĂ© que les poudres françaises, fabriquĂ©es par le procĂ©dĂ© des pilons, Ă©taient au moins Ă©gales Ă  toutes les poudres Ă©trangĂšres obtenues par divers procĂ©dĂ©s. Le ministĂšre des finances, auquel le service des poudres remet les produits destinĂ©s au commerce, a d’ailleurs pris depuis plusieurs annĂ©es des mesures pour que les poudres, qui ne lui sont jamais livrĂ©es qu’aprĂšs des Ă©preuves qui constatent leur bonne qualitĂ©, ne soient plus exposĂ©es Ă  se dĂ©tĂ©riorer dans les magasins des entrepĂŽts. Elles sont renfermĂ©es dans des boĂźtes de fer-blanc, au lieu de l’ĂȘtre, comme par le passĂ©, dans du papier, toujours plus ou moins hygromĂ©trique, et ne doivent plus ĂȘtre dĂ©posĂ©es dans les mĂȘmes magasins que le tabac, qui a besoin d’une certaine humiditĂ©. Il ne faut pas oublier en effet que les soins apportĂ©s Ă  la conservation des poudres, et Ă  les prĂ©server de teute humiditĂ©, influent beaucoup sur leur qualitĂ©, et que les Meilleures poudres mal abritĂ©es peuvent bientĂŽt perdre beau- c °up de leur puissance balistique. CLASSE \ 2 . MATÉRIEL NAVAL ET MACHINES MARINES, Par M. le contre-amiral paris. La marine est, par sa nature, la partie de l’industrie moderne qui se trouve le plus mal reprĂ©sentĂ©e dans une exposition universelle. Ses navires, chefs-d’Ɠuvre d’expĂ©rience et de hardiesse, sont trop gigantesqiies pour ĂȘtre transportĂ©s sous des galeries, et quand mĂȘme on irait les examiner dans les chantiers qui les produisent, on ne verrait qu’une Ă©norme construction en bois ou en fer dont rien ne dĂ©noterait les qualitĂ©s ou les dĂ©fauts. C’est sur mer et animĂ© de la vie factice que l’homme a su lui donner, qu’il faut allĂšr admirer et juger ce grand ĂȘtre assez puissant pour sur- itionter les tempĂȘfĂšs et assez hardi pour parcourir tout notre globe et mĂȘme en rechercher les parties ignorĂ©es. C’est lĂ  seulement qu’il pĂ©iit ĂȘtre connu et apprĂ©ciĂ©; encore faut-il du temps et de l’expĂ©rience pour se former une opinionĂ son Ă©gard. Comme un nouveau cheval il doit ĂȘtre montĂ© longtemps et dans toutes sortes de circonstances avant d’ĂȘtre jugĂ© rĂ©ellement sans cela on est rĂ©duit Ă  des apprĂ©ciations par analogies, et si elles ont leur valeur, elles ne possĂšdent malheureusement pas la certitude de l’expĂ©rience directe. Aussi les nombreux modĂšles exposĂ©s dans la partie rĂ©servĂ©e Ă  la classe 12 ont-ils Ă©tĂ© jugĂ©s plutĂŽt d’aprĂšs la rĂ©putation acquise parles navires qu’ils reprĂ©sentent, que par l’opinion fondĂ©e sur leur examen direct, et certes il y avait moins d’erreur Ă  craindre de la sorte, qu’en se basant sur l’aspect d’un modĂšle Ă  petite Ă©chelle, dont le vernis brillant empĂȘchait d’apprĂ©cier les lignes. Cependant, quelque imparfaite que soit l’opinion formulĂ©e d’aprĂšs des modĂšles, il y a eu lieu de regretter de ne pas en avoir aperçu un seul appartenant Ă  la marine impĂ©riale ou marchande de la France. Ce fut un regret, 431 MATÉRIEL NAVAL ET MACHINES MARINES. car nous avons produit Ă  toutes les Ă©poques de beaux types de navires, et les constructions du temps de Louis XVI, celles de l’empire exĂ©cutĂ©es sur les plans de SanĂ©, auraient certes aussi bien figurĂ© que les modĂšles des mĂȘmes Ă©poques en Angleterre. Le premier navire blindĂ© rapide, la Gloire, construit par M. Dupuy-de-LĂŽme, aurait bien tenu sa place prĂšs du Northum- berland qui est Ă  peine en chantier; de mĂȘme que la premiĂšre batterie flottante française due Ă  la volontĂ© de l’Empereur eĂ»t figurĂ© non loin de celles qui arrivĂšrent trop tard Ă  Kilbouroun, pour prendre part au premier essai de ces nouvelles constructions. Il en eĂ»t Ă©tĂ© de mĂȘme des modĂšles du PhocĂ©en de M. Vence et du NapolĂ©on de la poste, de M. Normand, qui, dĂšs 1835 et 1840, prĂ©cĂ©dĂšrent l’époque actuelle, en montrant sur mer des navires ayant des avants trĂšs-aigus jusque dans leur partie supĂ©rieure et sĂ©parant les vagues au lieu de les refouler; principe gĂ©nĂ©ralement adoptĂ© depuis, et quia produit les paquebots rapides capables d’arriver presqu’Ăč heure fixe, malgrĂ© les obstacles prolongĂ©s des coups de vent et de la grande mer de l’OcĂ©an. En examinant les diffĂ©rents types exposĂ©s, on remarque les pĂ©riodes par lesquelles la construction navale vient de passer. L’ancien vaisseau est court, il n’a en longueur que trois fois et demie sa largeur, son avant arrondi prĂ©sente pour les deux cĂŽtĂ©s un angle de 100° Ă  120°; ce n’est pas un coin qui sĂ©pare l’eau, c’est un demi-cercle qui la refoule presque direclement. Le navire de mer moderne est, au contraire, arrivĂ© progressivement Ă  avoir six, sept, huit, huit et demi et mĂȘme dix fois sa largeur; ses lignes sont trĂšs-fines aux extrĂ©mitĂ©s, l’angle des deux cĂŽtĂ©s de sa flottaison n’est quelquefois que de 20°, et au lieu de devenir presque carrĂ© Ă  sa partie supĂ©rieure, il y conserve cette acuitĂ© de forme. Pourquoi de si grandes diffĂ©rences dans des objets ayant le mĂȘme but, c’est-Ă -dire de porter de grands poids et de le faire avec le plus fie rapiditĂ© possible; car tel est et sera toujours le but de toute construction maritime, que son objet soit le transport du coton, fies grains et du charbon, ou celui d’une artillerie formidable, aussi prĂȘte Ă  l’attaque qu’à la dĂ©fense? Ce n’est certes pas sans raison que les nouveaux navires diffĂšrent autant des anciens, et ces raisons dĂ©duites de l’expĂ©rience de l’homme de mer sont plus faciles Ă  saisir que celles qui ont prĂ©sidĂ© Ă  cette variĂ©tĂ© infinie d’animaux qui ne semblent diffĂ©rer que par la nature de leur alimen- 432 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. tation. Le navire Ă  voiles n’allait pas oĂč il voulait, condamnĂ© Ăą ne s’approcher que de 60° Ă  70° de la direction du vent, il Ă©tait en danger, si cette direction Ă©tait une mauvaise route. Il lui fallait donc pouvoir en changer subitement et avec certitude ; il devait par consĂ©quent virer de bord vent devant avec facilitĂ©; or que faisait-il pour cela? il employait l’inertie de sa masse Ă  conserver â–ș assez de vitesse pour que le gouvernail continuĂąt son action pendant un temps et un espace suffisant pour recevoir le vent du cĂŽtĂ© opposĂ© et continuer sa route dans une nouvelle direction. Il employait ses voiles Ăą aider ce mouvement; mais l’effet de la vitesse sur le gouvernail Ă©tait la vraie cause or l’étendue des Ă©volutions est en raison des longueurs des navires, et la conservation de la vitesse acquise est en raison de la masse; il en rĂ©sulte qu’il fallait ĂȘtre court et pesant pour Ă©voluer avec certitude. C’est ce qui a maintenu les navires dans des limites aussi restreintes et leur fait donner des formes si Ă©lancĂ©es Ă  l’arriĂšre et surtout Ă  l’avant, pour augmenter en longueur l’échafaudage aĂ©rien qu’on ne pouvait Ă©lever davantage et obtenir ainsi une plus vaste surface de voilure sans allonger le navire Ă  la flottaison. Le moteur mĂ©canique a changĂ© toutes ces conditions, et l’a prĂšs- ’ que ramenĂ© Ă  celles oĂč se trouvait la galĂšre avec ses rames ; il im- primeĂ  volontĂ© la vitesse, donc il donne etconserve au gouvernail son action. Si l’application de ce moteur est faite au moyend el 'hĂ©lice, il augmente mĂȘme l’effet du gouvernail, en jetant sur sa surface la niasse d’eau qui cĂšde Ă  son impulsion. DĂšs lors on a pu allonger le navire autant qu’on l’a dĂ©sirĂ©; mais il s’est prĂ©sentĂ© pendant longtemps un obstacle Ă  l’exagĂ©ration; ce fut la nature des matĂ©riaux employĂ©s le bois Ă©tait alors exclusivement consacrĂ© Ă  la construction navale ; mais on sait combien il est difficile de l’unir Ă  lui-mĂȘme par des corps plus durs, aussi la liaison des parties fut toujours une des grandes difficultĂ©s des anciennes constructions et elle en limita la grandeur comme celle des constructions en bois exĂ©cutĂ©es Ă  terre. On n’aurait pas plus fait passer des voitures dans un pont tubulaire de Menai en bois, * qu’on n’aurait osĂ© faire sortir du port un Great-Eastern formĂ© des mĂȘmes matĂ©riaux. L’adoption du fer, due Ăą l’initiative hardie de quelques constructeurs anglais, a donc aidĂ© Ă  la rĂ©volution que le moteur mĂ©canique produisait; on a pu allonger les navires sans que les inĂ©galitĂ©s des vagues les tissent plier et se disjoindre de 433 MATÉRIEL NAVAL ET MACHINES MARINES. plus, comme la machine Ă  vapeur est docile Ă  la main qui la conduit, quelle quesoitsa dimension, on a possĂ©dĂ© une force capable d’entraĂźner des navires immenses, et par ces deux causes, on est arrivĂ© Ă  montrer que la dimension des navires n’est plus qu’une affaire de convenance militaire ou commerciale, que les limites sont inconnues, et la rĂ©ussite du Grcat-Eastem prouve que s’il fallait des navires plus grands encore, rien ne s’opposerait Ă  leur exĂ©cution ni Ă  leur emploi. Tout cela Ă©tait impossible avec les anciens navires non-seulement nous avons vu que leur coque n’aurait jamais eu la soliditĂ© nĂ©cessaire; mais, eĂ»t-on rĂ©solu ce premier problĂšme, celui dĂ© la manƓuvre se prĂ©sentait plus insoluble encore; car plus le navire est grand, plus il lui faut de voiles, et plus la surface de celles-ci est vaste, plus la toile doit ĂȘtre forte et pesante. Or l’étendue des voiles est comme le carrĂ© de leurs dimensions, tandis que l’homme ne change pas de taille, et distribuĂ© sur les vergues, son nombre n’augmente que comme les dimensions. Il en rĂ©sulte qu’il est un point oĂč les efforts des matelots devenaient impuissants et le vaisseau Ă  trois ponts Ă©tait dĂ©jĂ  trop grand pour eux, tandis que la frĂ©gate Ă©tait assortie Ă  ce qu’ils pouvaient faire. Telles sont donc les grandes diffĂ©rences des deux marines, et bien que les modĂšles exposĂ©s soient sur des Ă©chelles diffĂ©rentes, ces changements sont sensibles, surtout lorsqu’en Ă©levant les yeux, on voit le dessous de la carĂšne du Great-Eastem et qu’on se dit celui-lĂ  a de 207 mĂštres et pĂšse 30 millions de kilogr. tandis que ce beau trois ponts qui Ă©tale si haut ses mĂąts n’a que 64 mĂštres et ne pĂšse que 5 millions de kilogr. En se reportant sur de plus petits modĂšles, on remarque ces formes effilĂ©es qui, sous l’im- Pulsion des machines, arrivent Ă  filer 14 et mĂȘme 15 nƓuds l , c’est-Ă -dire 26 Ă  28 kilom. Ă  l’heure, tandis que si quelques circonstances de vent ou de mer donnaient trĂšs-rarement 11 ou 12 nƓuds, la vitesse moyenne en bonne route n’était cependant que de 4 nƓuds ou 7 kilom. et demi en comptant, il est vrai, les calmes 'lui parfois retenaient des semaines entiĂšres Ă  la mĂȘme place. La 'apeur a donc produit sur mer des changements aussi admira- es fine sur terre, mais elle n’y est arrivĂ©e qu’en augmentant lll'Ul'f. “u-uu est l exprcssion III. 28 434 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. beaucoup les dĂ©penses; aussi n’a-t-elle pas supprimĂ© l’usage des navires poussĂ©s par les voiles; car la valeur de l’action du vent n’est reprĂ©sentĂ©e que par les hommes de la manƓuvre et l’usure des voiles ou des agrĂšs; il faut donc seulement lui ajouter l’intĂ©rĂȘt du navire et de sa cargaison. De plus, les voiles laissent Ă  celle-ci toute la capacitĂ© du navire ; la vapeur, au contraire, en prend beaucoup pour son appareil et plus encore pour son combustible Ă  mesure que le trajet est plus long. DĂšs qu’il s’agit de marcher vite, le navire est complĂštement chargĂ© par sa machine et quelques heures de combustible ; s’il veut aller plus loin, il faut ju’il devienne plus grand. Aussi M. Brunei avait-il reconnu depuis longtemps qu’il fallait que les dimensions des navires il vapeur fussent en raison de leur vitesse et de l’étendue de leur parcours. Les machines Ă  vapeur ont donc jouĂ© un aussi grand rĂŽle sur mer que sur terre, seulement leur influence a Ă©tĂ© toute diffĂ©rente. En effet, les chemins de fer se sont aussitĂŽt emparĂ©s des grandes communications, le roulage et les diligences ont disparu, et loin de dĂ©truire les petits services, ils les ont augmentĂ©s; les chevaux qui traĂźnaient quelques diligences ont Ă©tĂ© attelĂ©s Ă  d’innombrables omnibus. Sur mer l’inverse s’est prĂ©sentĂ©, la voile a conservĂ© la grande navigation, le clipper est apparu pour faire concurrence Ă  la vapeur et souvent il est arrivĂ© avant le paquebot, forcĂ© de renouveler son combustible; au contraire, le cabotage Ă  voiles est en train de disparaĂźtre et c’est une consĂ©quence naturelle des moyens d’approvisionnements; puis- qu’en mer il faut porter du combustible pour tout le trajet, tandis que les locomotives se relĂšvent ou prennent de l’eau et du charbon; s’il leur fallait aller d’un trait de Paris Ă  Moscou, leur train entier serait chargĂ© d’eau et de combustible, elles seraient dans le cas du paquebot parcourant de grandes distances. Si de ces gĂ©nĂ©ralitĂ©s on passe Ă  des comparaisons, on remarque qu’aprĂšs s’ĂȘtre ressemblĂ©s Ă  peu de chose prĂšs pendant des siĂšcles, le navire de guerre et celui du commerce ont dilfĂ©rĂ© complĂštement ; le premier s’est obstinĂ© Ă  rester court, le second, affranchi de considĂ©rations secondaires et guidĂ© parles profits et pertes, s’est allongĂ© de plus en plus, parce qu’on admettait que la rĂ©sistance est en raison de la masse d’eau divisĂ©e, c’est-Ă -dire de la maĂźtresse section, tandis que la cargaison est eii raison du volume. Sauf un modĂšle de frĂ©gate russe, d’aprĂšs un type construit en 435 MATÉRIEL NAVAL ET MACHINES MARINES. AmĂ©rique, tous les navires de guerre sont restĂ©s courts et on prĂ©fĂ©rĂ© entasser encore jusqu’à quatre Ă©tages de canons, plutĂŽt que de les distribuer sur une grande longueur pour acquĂ©rir les qualitĂ©s des paquebots. Cette erreur est surtout venue de ce que l’hĂ©lice est un propulseur si bien assorti Ă  l’action des voiles que, malgrĂ© l’exemple des clippers, on n’a pu se dĂ©cider Ă  changer les proportions si longtemps regardĂ©es comme nĂ©cessaires Ă  l’ancienne navigation. Cependant, si les regards se portent sur le modĂšle de la grande frĂ©gate blindĂ©e le Northumberland, on voit presque un grand paquebot, comme l’ Himalaya; elle a 122 mĂštres de long sur 18 mĂštres de large, le rapport est donc 16,77, et cependant ce navire de 12 000 de dĂ©placement est destinĂ© Ă  ĂȘtre couvert de plaques de fer dont le mĂštre carrĂ© pĂšse prĂšs d’un tonneau avec les accessoires ; de combien de millions de kilogr. raffinement de ses extrĂ©mitĂ©s augmente donc la charge de la partie renflĂ©e au milieu? 11 faut estimer bien haut les avantages d’une marche rapide pour les avoir recherchĂ©s Ă  un pareil prix. En effet, on peut Ă©tablir que, dans un navire, chaque qualitĂ© a son poids et sa valeur, les unes par elles-mĂȘmes, les autres parce qu’il faut les porter. Ainsi, la vitesse pĂšse en raison de son cubĂ©, puisque la force dĂ©pensĂ©e et par suite la machine est en raison du cube des vitesses; la longueur des parcours pĂšse par le combustible, la force pĂšse suivant le nombre de canons, de coups par piĂšce et de canonniers avec leurs vivres; lasĂ©curitĂ©, c’est-Ă -dire la cuirasse pĂšse suivant son Ă©tendue en longueur et son Ă©paisseur; entin le navire pĂšse d’autant plus qu’il faut le rendre plus grand pour porter tout cela. C’est ainsi qu’on arrive Ă  des dĂ©penses exorbitantes et qu’aprĂšs avoir trouvĂ©, il y a peu de temps encore, qu'un vaisseau de 120 canons coĂ»tait trĂšs-cher au prix de 3 millions de h'aucs, on en est venu Ă  se faire Ă  l’idĂ©e d’une valeur de 12 500 000 Pour 50 canons, sans compter qu’avec les 15 nƓuds que les anglais veulent avoir on brĂ»lera plus de 3000 francs de charbon par jour ‱ n Europe, ce qui coĂ»tera des sommes Ă©normes, surtout dans les pays lointains. Jamais les engins de guerre maritime n’ont Ă©tĂ© plus ruineux; leurs savants boulets sont la moindre de leurs dĂ©penses. L Exposition prĂ©sente aussi un modĂšle du Warrior, c’est lĂ  le type de ce qui existe maintenant, et il serait curieux de le com- 435 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. parer Ă  notre Gloire pour connaĂźtre dans quelle voie chacun des deux grands peuples maritimes s’est lancĂ©, si dĂ©jĂ  beaucoup de publications n’avaient traitĂ© cette question, et si l’adoption d’une cuirasse complĂšte ne donnait raison Ă  une partie de ce qui a Ă©tĂ© fait en France. Il convient donc plutĂŽt de s’occuper des dĂ©tails tels que les blindages. A ce sujet, on a reconnu qu’une Ă©paisseur de 4 pouces et demi anglais 0 ra ,H2 Ă©tait Ă  l’abri des plus forts projectiles actuels, lancĂ©s Ă  petite distance, que les fers les plus doux et les plus liants sont seuls propres Ă  former les blindages; on a d’abord cru convenable d’embouveter les plaques pour les endenter les unes dans les autres; cette mĂ©thode dispendieuse est abandonnĂ©e et la fixation continue Ă  ĂȘtre opĂ©rĂ©e par des boulons, le nombre des trous par unitĂ© de surface est Ă  peu prĂšs le mĂȘme qu’en France. On a proposĂ© de ne mettre les boulons que sur le pourtour ou les rendant communs Ă  deux plaques; on a eu l’idĂ©e de remplacer le bois que nous mettons derriĂšre les plaques par un poids Ă©gal de fer et de porter l’épaisseur Ă  6 pouces ouO m ,1oO ; ces plaques devenant alors le bordĂ© des navires. On a voulu mettre en dehors la couche de bois que nous plaçons en dedans; mais l’expĂ©rience de boulets entrĂ©s par les sabords a prouvĂ© que c’étaitplus dangereux qu’utile. Parmi les objets exposĂ©s Ă  ce sujet Ă©taient les planches de fer engougĂ©es sur les cĂŽtĂ©s proposĂ©es par M. Lancaster relies ont 6 m , 10 Ă  7 m ,60 de long, 0 m ,450 de large, et 0'», 160 d’épaisseur. Les engoujures auront toujours le dĂ©faut d’ĂȘtre trĂšs-difliciles dans les parties gauches de la carĂšne et de prĂ©senter beaucoup d’obstacles pour remplacer les plaques avariĂ©es dans une affaire. Pour Ă©viter les fentes qui presque toujours partent des trous de boulons M. Griflith a proposĂ© de glisser les plaques comme des trappes, entre des corniĂšres en saillie, en dehors du navire. C’est impraticable dans les parties Ă  surfaces gauches, et si les corniĂšres Ă©taient brisĂ©es les plaques tomberaient naturellement Ă  l’eau. L’arsenal de Chatham a un outil qui Ă©vite les pertes de temps et les frais de l’envoi des formes du navire Ă  l’atelier de fabrication ; c’est une puissante presse hydraulique, Ă  gros piston arrondi descendant vers une surface plane sur laquelle on met des coins de maniĂšre Ă  gauchir les plaques par la pression aprĂšs les avoir recuites. L’éperon, ou plutĂŽt nu avant saillant Ă  la flottaison seulement, paraĂźt ĂȘtre regardĂ© comme une arme ollensive utile, du moins d’aprĂšs les nouveaux 437 MATÉRIEL NAVAL ET MACHINES MARINES. modĂšles de l’amirautĂ©, car le Warrinr a un avant Ă©lancĂ©, ainsi qu’un mĂ»t de beauprĂ©. En armant de la sorte les nouveaux navires d’un engin dont les effets et surtout l’emploi sont inconnus, on surcharge leur avant dĂ©jĂ  si bas et si lourd,on compromet encore plus leurs qualitĂ©s nautiques dĂ©jĂ  si douteuses, et tout cela sans savoir si en adressant de la sorte les coups Ă  la partie la plus solide de l’ennemi, c’est-Ă -dire Ă  sa flottaison, on n'Ă©prouvera pas autant de mal qu’on en causera, et si dans le dĂ©sordre et la fumĂ©e il sera possible Ă  ces nouveaux chevaliers de 6, 9 et bientĂŽt 12,000,000 de kilogrammes d’avoir un horizon assez dĂ©gagĂ© pour prendre du champ. C’est faire de grands sacrifices pour des idĂ©es quijusqu’à prĂ©sentne sont appuyĂ©es sur aucune expĂ©rience. Avant de quitter la salle oĂč sont exposĂ©s de nombreux navires blindĂ©s et Ă  Ă©peron aussi variĂ©s que souvent impraticables, il convient d’examiner une idĂ©e toute nouvelle dont l’application en AmĂ©rique vient d’émouvoir profondĂ©mentl’opinion publique; c’est celle des tourelles dans le genre du Monitor et des navires invulnĂ©rables de toutes parts, que la vapeur et l’hĂ©lice ont ren- Fig. t. dus piaticables en renfermant le moteur entier dans le navire au lieu de le placer sur les flancs ou de l’étaler dans les airs. Ce fut 438 EXPOSITION, le rĂ©sultat de quelques boulets entrĂ©s par les sabords encore larges de nos batteries flottantes devant Kilbouroun, qui inspira au capitaine Cowper Coles l’idĂ©e de protĂ©ger encore plus les hommes en les renfermant ainsi que leur piĂšce dans une sorte de carapace tournante, de maniĂšre Ă  pointer le canon en faisant pivoter le bouclier blindĂ© qui le contient. La figure \ donne une idĂ©e exacte de cette disposition, a est l’un des deux canons placĂ©s cĂŽte Ă  cĂŽte dans la tourelle conique bb, qui par un mĂ©canisme d’engrenages d tourne sur des rouleaux c comme un plateau de locomotive et qui est maintenu par un axe creux e, par lequel un ventilateur fait arriver de l’air qui s’échappe par le haut. Toute la tourelle est en madriers " solides couverts par des plaques de fer. e de 0 m ,'l20. Les canons pointent dans toutes les directions, ce qui exige que le navire soit rasĂ© tout autour comme le montre l’étrange transformation d’un majestueux trois ponts en un bĂątiment cupola dont la figure 2 donne le triste aspect. Certes, un tel navire avec ses vingt canons tournant dans tous les sens et protĂ©gĂ© contre les coups, sera plus fort qu’une troupe nombreuse d’anciens vaisseaux ; son peu d’élĂ©vation sur l’eau sera mĂȘme une dĂ©fense de plus, dans le genre de nos’ fortifications entourĂ©es de longs talus Ă©levĂ©s jusqu’au niveau des piĂšces. Tout cela est vrai, mais pourra-t-il naviguer? VoilĂ  aussitĂŽt la question qui se prĂ©sente. En effet, il y a d’abord lieu de remarquer que ce navire bas pĂšse autant MATÉRIEL NAVAL ET MACHINES MARINES. 43l> que l’ancien qui avait quatre Ă©tages, parce qu’il est formĂ© d matĂ©riaux plus lourds; or, pour que les vagues remuent un corps flottant, il faut qu’elles trouvent au-dessus de la flottaison moyenne un volume suffisant pour soulever accidentellement et faire osciller les 6,000,000 kilogrammes que pĂšse le navire, et cela dans le court passage d’une vague; or il y a lieu de remarquer qu’en opĂ©rant ainsi, les vagues montent souvent Ă  la seconde batterie et forcent Ă  en fermer les sabords avec un temps trĂšs-maniable pour la navigation, et que dans un coup de vent il est nĂ©cessaire de fermer ceux de la troisiĂšme batterie, qu’enfin on a vu des temps qui ont fait embarquer de l’eau j$ur le pont Ă  la quatriĂšme batterie, qui est Ă  ciel ouvert. Comme le passage des lames est Ă  peu prĂšs de cinq Ă  six secondes, qu’on se ligure, d’aprĂšs cela, combien le navire Ă  coupole sera envahi par la mer au moindre mauvais temps. Puissent des catastrophes terribles ne pas vĂ©rifier la justesse de ces conditions naturelles de la navigation des navires blindĂ©s, que les prouesses du Moni- tor semblent avoir fait oublier Ă  tout le monde. Si aprĂšs avoir ainsi examinĂ© les nouveaux moyens de guerre maritime nous passons Ă  la charpente des navires en fer, nous remarquerons quelle n’a pas subi de changement depuis l'adoption de ce genre de construction; ce sont toujours des corniĂšres rivĂ©es sur les tĂŽles; celles-ci se doublent entre elles par clins alternĂ©s c’est-Ă -dire, l’une est tout Ă  fait en dehors, l’autre en dedans. Cela permet de mettre une rognure de tĂŽle dans l’intervalle de la membrure et la tĂŽle extĂ©rieure, tandis qu’avec les clins ordinaires, il fallait forger des piĂšces triangulaires pour remplir cet intervalle. La quille est souvent supprimĂ©e ou remplacĂ©e par deux quilles latĂ©rales pour tĂącher de diminuer l’exagĂ©ration du roulis, qui est le dĂ©faut de toutes les nouvelles constructions. Les cadres formant la portion de quille et les deux ctambots entre lesquels l’hĂ©lice tourne sont devenus des chefs- d Ɠuvre de forge. Le dĂ©faut des navires en fer est la quantitĂ© d’herbes et de coquilles q u i s’attachent en peu de temps aux carĂšnes et font perdre en s *x mois un nƓud et demi et jusqu’à trois nƓuds de vitesse, de sorte q ue ce surcro Ăźt d’obstacle augmente la consommation de charbon et fait perdre l’avantage d’une belle marche, qui est toujours payĂ© s i cher. Comme le navire en bois est exempt de ce 440 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. dĂ©faut, grĂące au poison des feuilles de cuivre qui le recouvrent, on a voulu procurer les mĂȘmes avantages aux constructions en fer, et M. Grantham a proposĂ© de mettre des corniĂšres extĂ©rieures tig. R, de remplir les intervalles entre elles par deux couches de bois et de clouer le cuivre sur ce dernier de maniĂšre Ă  Ă©viter tout contact des deux mĂ©taux. Les ingĂ©nieurs distinguĂ©s qui composaient la douziĂšme classe ont examinĂ© cette question Ă  plusieurs reprises, et ont conclu que cette addition d’épaisseur sera une cause de perte de marche, que l’avant et l’arriĂšre seront trĂšs- difficiles Ăč garnir de la sorte, et que Timbibition rendant le bois conducteur de l’électricitĂ©, le fer serait promptement rongĂ© par l’effet galvanique de cette immense surface de cuivre toujours mouillĂ©e d’eau salĂ©e. Cette chance de dĂ©composition gĂ©nĂ©rale est l’objection la plus fondĂ©e, car la perte de marche par l’addition de volume n’approchera jamais de celle que les coquilles et les herbes occasionnent en moyenne, sans compter les dĂ©penses des passages aux bassins et des peintures au minium. Quant au bois, il a le dĂ©faut de devenir plus lourd par l’eau qui s’inliltre dans ses pores, et au bout de cinq ans on a vu des vaisseaux enfoncer de 0 m ,30 de plus, et faire perdre une partie de la hauteur de batterie, qu’il est Ă©galement si difficile d’obtenir. Parmi les modĂšles de bateaux, il y a surtout eu lieu de citer ceux des life-boats, de cette association rĂ©ellement philanthropique qui, sous le gĂ©nĂ©reux patronage du duc de Northumber- land, a garni les cĂŽtes de l’Angleterre de 120 bateaux d’une forme et d’une disposition remarquables. Ils se redressent s’ils chavirent, se vident par leurs mouvements, ont des caissons d’air qui les rendent insubmersibles, enfin ils se transportent sur des roues aux lieux les plus voisins des naufrages, et dans les derniĂšres annĂ©es ils ont sauvĂ© plus de mille existences. Mais ce ne sont pas les constructions qu’il faut le plus admirer en cela, c’est l’esprit d’association et la persĂ©vĂ©rance qui ont produit l’orga- 441 MATÉRIEL NAVAL ET MACHINES MARINES. nisation de cette SociĂ©tĂ©, ainsi que de bien d’autres tout aussi utiles ; c’est lĂ  ce que les Français doivent le plus Ă©tudier et chercher Ă  imiter, suivant les particularitĂ©s de leur organisation sociale. Heureusement le gouvernement s’occupe d’organiser des bateaux de sauvetage; on lui doit beaucoup de reconnaissance, mais on ne peut s’empĂȘcher de remarquer la dilĂŻĂ©rence qui existe entre une ordonnance et une souscription volontaire. On remarque naturellement beaucoup d’objets de dĂ©tail relatifs Ă  la marine, tel que les boussoles, les divers moyens de mesurer la vitesse, de connaĂźtre la profondeur et la qualitĂ© du fond, mais bien qu’ingĂ©nieuses, la plupart des inventions exposĂ©es ne promettent pas de rĂ©ussite pratique. Ce que nous avons dit plus haut des carĂšnes en fer donne l’idĂ©e de 1’ importance acquise dans ces derniers temps par les moyens de les mettre Ă  sec, pour en enlever les herbes et les coquilles et renouveler la peinture au minium, qui rend un peu de poli Ă  la surface et, jusqu’à prĂ©sent, est le seul moyen de prĂ©server les tĂŽles de l’action corrosive de l’eau de mer. On a donc prĂ©sentĂ© sous diffĂ©rentes formes l’idĂ©e dĂ©jĂ  ancienne des docks flottants, c’est-Ă -dire de grandes caisses jadis en bois mais actuellement toujours construites en tĂŽle, qui se remplissent d’eau afin de s’enfoncer assez pour permettre au navire d’ĂȘtre amenĂ© au-dessus, et qui peu aprĂšs le soulĂšvent en pompant l’eau. M. Rennie en a exĂ©cutĂ© un Ă©norme pour la marine espagnole; il est disposĂ© de maniĂšre Ă  ce qu’une fois soulevĂ©, le navire puisse ĂȘtre balĂ© Ă  terre et laisser le dock libre pour en prendre un autre. C y a des systĂšmes dont le caisson est coulĂ© entiĂšrement, et se trouve maintenu horizontal par de grosses tiges articulĂ©es au fond de l’eau, d’autres ont des caissons divisĂ©s; mais tous ces Projets sont effacĂ©s par la maniĂšre remarquable dont fonctionne le dock hydraulique de M. Edward Clarck. Il prĂ©sente deux ran- Eees parallĂšles, longues de 91 mĂštres et distantes de 18 m ,3, for- ℱees de seize colonnes en fonte enfoncĂ©es dans le sol; elles sont bo C UGS ’ et Une ^ or * e f raverse en tĂŽle va de l’une Ă  l’autre; chaque Om'lt; * e trave, se' est soulevĂ© par une presse hydraulique de ^e diamĂštre et 7 n, ,62 de course, dont l’eau est pressĂ©e pai une machine commune. On place entre les colonnes un t,raru c laland en tĂŽle, avec des traverses supĂ©rieures, on ouvre es soupapes de f ont i ĂŒ coule. Alors le navire est amenĂ© au- 442 EXPOSITION UNIVERSELLE IE LONDRES. dessus, il est coincĂ© sur la partie supĂ©rieure et enlevĂ© avec les pontons par les presses; l’eau se vide d’elle-mĂ©me, et lorsque le ÉBSil SiSill h !,; "V pm ĂŒlk T”vw ÊssaS ’i&ĂŻT’.y. a?''*} If as m mm MM eu* f- l iĂŻ fond est Ă  la surface, les soupapes sont fermĂ©es, les presses hydrauliques dĂ©virĂ©es, tout flotte et le navire est conduit ailleurs 443 MATÉRIEL NAVAL ET MACHINES MARINES. pour se rĂ©parer, tandis que les presses en soulĂšvent un autre si c’est nĂ©cessaire. L’opĂ©ration entiĂšre ne dure que vingt minutes, et pour le prix modique de 40 centimes par tonneau pour hisser, et 5 centimes pour chaque journĂ©e suivante. Cette mĂ©thode ingĂ©nieuse est applicable Ă  toutes les dimensions de navires ; mais de mĂŽme que les bassins Ă  sec ou flottants, elle doit coĂ»ter Ă  peu prĂšs comme le fenbe des dimensions des navires Ă  rĂ©parer. A l’aperçu qui prĂ©cĂšde il convient d’ajouter quelques dĂ©tails sur les machines Ă  vapeur spĂ©cialement destinĂ©es Ă  la navigation, en ce que, bien que basĂ©es sur les mĂȘmes principes que celles de terre, elles en diffĂšrent par les conditions toutes spĂ©ciales oĂč elles sont placĂ©es, et parles dispositions qui en ont Ă©tĂ© la consĂ©quence. En effet, la place occupĂ©e par une machine n’importe guĂšre plus que son poids lorsqu’il s’agit de l’établir Ă  terre, l’un et l’autre ne sont qu’une question de matĂ©riaux employĂ©s d’une maniĂšre plus ou moins utile; si les machines de mer prĂ©sentent quelque analogie avec celles de terre, c’est tout au plus avec les locomotives qui, elles aussi, sont amenĂ©es par leur nature Ă  peser peu et Ă  ĂȘtre concentrĂ©es. Sur mer chaque mĂštre cube occupĂ© par la machine est ravi Ă  quelque chose d’utile; chaque tonneau empĂȘche d’embarquer un poids correspondant de marchandises ou de munitions. Il a donc fallu dĂšs le principe replier la machine sur elle-mĂȘme, et Ă  chaque modification chercher Ă  Ă©conomiser de la place et du poids, au point qu’aprĂšs avoir eu les appareils Ă  double balancier, on a rĂ©duit les organes et inventĂ© beaucoup de dispositions dont les cylindres oscillants ont seuls survĂ©cu. Quand il s’est agi de l’hĂ©lice, on s’est dĂ©barrassĂ© des Ă©normes Ă©grenages, longtemps regardĂ©s comme nĂ©cessaires Ă  la rapiditĂ© de sa rotation, et le piston a Ă©tĂ© directement attelĂ© Ă  l’arbre du propulseur ; mais aussi on a imprimĂ© Ă  tout le mĂ©canisme une rapiditĂ© de mouvement qui, vu l’énormitĂ© des puissances dĂ©veloppĂ©es, prĂ©sente aussi de graves inconvĂ©nients. fcn effet, nous avons sur mer des appareils de deux cylindres de 2-, 10 de diamĂštre et de t m ,30 de course chacun, qui battent jusqu Ă  50 coups doubles, et qui dĂ©veloppent sur leurs pistons jusqu’à 3,400 chevaux de 75 k m . Ces appareils si puissants n’ont cependant q Ue 7,^,1 q dans le sens de la largeur, 6,90 dans celui de la quille, e t 4 m ,20 de haut, c’est-Ă -dire qu’ils tiendraient dans un parallĂ©lipĂźpbde de 206 mS On comprendd’aprĂšscela, etd’aprĂšs 444 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. les conditions de lĂ©gĂšretĂ© imposĂ©es, combien le problĂšme des machines marines a prĂ©sentĂ© de difficultĂ©s, depuis qu’on les confine au fond des cales pour ĂȘtre Ă  l’abri du boulet, et cependant pour imprimer des vitesses de plus de 12 nƓuds Ă  des navires pesanto,600,000 kilogrammes. Ces dilficultĂ©s font aussi comprendre combien de mĂ©comptes on a Ă©prouvĂ©s, et combien ces appareils battant ' p' sont employĂ©es Ă  faire circuler l’eau dans les condenseurs. La vapeur est fournie aux six tiroirs par un tuyau commun; lorsqu’elle a terminĂ© son effet, elle s’échappe aux condenseurs d’une maniĂšre directe pour les cylindres extrĂȘmes, et pour celui du milieu par des tubulures latĂ©rales qui entourent ensuite une partie du cylindre pour se rendre au gros tuyau de lĂąfclBUl W- bail VU chaque cĂŽtĂ©, l’our diminuer les effets fonds, reste delĂ  surface des cylindres est en ’ ...eispe Celle-ci est par 1, vapeur arrivĂ©e directement de la chsmd, rĂ©chauffĂ©e dans la boĂźte Ă  fumĂ©e par un appa n i aaues de tĂŽle dont cependant les extrĂ©mitĂ©s engagĂ©es ans j es boĂźtes sont conservĂ©es rondes ; l’alimentation passe a A fumĂ©e pour prendre un peu de la chaleur p rdue P a Je » de la combustion. C’est sur une surchauffe et suru beaucoup plus grande que d’habitude, produit p n ,»e sont basĂ©es les chances d'Ă©conomies de cette drachme.^ faut cependant encore lui ajouter les condenseurs , u6rale _ caisses pleines de tubes, dont la surface totale ĂȘga » haudiĂšre ment celle de chauffe des chaudiĂšres; de la s °r e _ de dĂ©pĂŽts ; reçoit toujours de l’eau douce et n’est pas encombr 448 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. mais les tubes du condenseur se couvrent promptement d’une lĂ©gĂšre couche de la graisse des tiroirs et des pistons qui diminue leur conductibilitĂ© et les empĂȘche de condenser assez rapidement la vapeur. Aussi le vide diminue chaque jour et devient trĂšs-mĂ©diocre Ă  la fin d’une traversĂ©e de peu de jours ; les paquebots de la Compagnie des Indes, partis avec 65 cent, de vide, n’en avaient pas 20 au bout de huit jours. De plus, les innombrables joints de tous ces tubes exposent Ă  des fuites d'air, puisque leur intĂ©rieur est sans pression pour produire la force nĂ©gative qui s’ajoute Ă  celle de la vapeur sur le piston. C’est ce qui avait fait employer en AmĂ©rique 1 e double vacuum condenser de Pirsson, qui fait agir en mĂȘme temps les condensations par contact et par mĂ©lange, afin d’avoir la mĂȘme pression sur les deux faces des tubes. Pour Ă©viter ces dĂ©fauts, M. Benjamin Normand, du Havre, a eu l’idĂ©e d’adopter le refroidissement de l’eau de condensation elle-mĂȘme, de sorte qu’il injecte directement comme Ă -l’ordinaire et que son rĂ©frigĂ©rant tubulaire aies mĂȘmes dimensions, mais ne fait pas de la force, par la diffĂ©rence de pression ; ce qui lui Ă©vite toutes chances de fuites, et, en cas d’avaries, il a la ressource de marcher comme le condenseur Ă  mĂ©lange ordinaire. Avant de quitter le modĂšle de la machine Ă  trois cylindres de Maudslay, il convient de donner un coup d’Ɠil Ă  son mouvement de tiroir qui, au lieu d’ĂȘtre opĂ©rĂ© par le double excentrique, comme dans tous les appareils marins anglais, est effectuĂ© par un mouvement nouveau, dont la fig. 7 donne une idĂ©e. A est l’arbre Ă  six manivelles des grands cylindres, a est celui qui, par une sĂ©rie d’excentriques e e, mĂšne les tiroirs 111. Pour transmettre le mouvement de l’un Ă  l’autre, il y a quatre roues dentĂ©es d’égal diamĂštre A ' cd a', les deux extrĂȘmes montĂ©es sur les arbres, les deux autres entre les branches d’un double chĂąssis b b qui porte leurs axes, est entiĂšrement indĂ©pendant et tient les dents de ces roues en prise avec les autres au moyen d’un arc fendu et fixe, dans lequel glisse un bloc e comme pour les doubles excentriques des locomoteurs. Le support b b est abaissĂ© ou Ă©levĂ© au moyen d’un balancier et d’un mouvement de vis V, que les mĂ©caniciens manƓuvrent avec la roue Ă  manettes M. Si donc la machine est au repos et la roue A! fixe, et qu’on abaisse les deux roues mobiles, celle c sera forcĂ©e de tourner suivant la flĂšche, MATÉRIEL NAVAL DE MACHINES MARINES. 449 elle fera tourner d en sens inverse et a dans le mĂȘme sens; or ,a' porte les excentriques, il fera donc mouvoir les tiroirs et les disposera pour la marche en avant par exemple. Quand A se mettra Ă  tourner, toutes les roues conservant leurs positions relatives, la machine aura sa vapeur distribuĂ©e pour la marche en avant. Si, au contraire, on Ă©lĂšve le tout, les roues prennent des mouvements inverses de ceux indiquĂ©s et renversent ainsi les positions des tiroirs par rapport Ă  la course de piston. Au dire de l’inventeur, ce systĂšme produit la dĂ©tente dans les positions intermĂ©diaires, comme la coulisse Stephenson, et si son systĂšme a le dĂ©faut d’employer des engrenages qu’on ne voit jamais avec plaisir apparaĂźtre sur mer, il a au moins l’avantage de pouvoir ĂȘtre manƓuvrĂ© en marche et sans craindre de secousses. Mais il ne peut ĂȘtre stoppĂ© que par le registre comme avec les mĂ©canismes usitĂ©s par la marine; car la vitesse acquise du navire fait tourner f hĂ©lice et par suite l’arbre Ă  manivelles du tiroir, qui, si son calage est changĂ©, fait mal distribuer, mais ne peut ĂȘtre arrĂȘtĂ© ni maintenu Ă  mi-course. A Fig. 7. ... — mç, mais eue en a un muircuicu uc ijuo mo- os* 10n a serv * de base Ă  ce que M. Mazelinea fait en France, sur 450 EXPOSITION ÜNITÉII9ÈLLE DE LONDRES. la gabare le Loiret potir profite! 1 clĂ©s avantages Ă©conomiques du systĂšme Ă  ddtible Cyfindi’é de Wolf, il fait arriver lĂ  vapeur dans le cylindre du milieu, et, comme les manivelles sont Ă  120°, il en rĂ©sulte que lâ€™ĂŒfl des cylindres latĂ©raux est en avarice, l’autre en retard d’ufr quart de course, Ă©t que ni l’un ni l’autre n’est en mesure dĂ© recevoir la vapeur qui doit nĂ©cessairement trouver une issue i pour cela il existe en dehors des cylindres un rĂ©servoir ayant cinq fois environ le volume de l’un d'eĂŒx, et qui est formĂ© d’un long cylindre terminĂ© par deux sphĂšres, et enveloppĂ© dans un vase semblable, afin qu’en circulant entre les deux, la vapeur arrivĂ©e de la chaudiĂšre s’oppose aux dĂ©perditions de ce rĂ©servoir, et soit elle-mĂȘme protĂ©gĂ©e par une enveloppe en feutre. D’aprĂšs cettĂ© disposition, la vapeur sort du tiroir du cylindre milieu, et remplit le rĂ©servoir, pour en sortir par deux tutaux et agir dans les cylindres extrĂȘmes. L'augmentation de volume du systĂšme de Wdlf Ă©tant dĂ© la sorte produite par un nombre double de cylindres Ă©gaux, au lieu de l’ĂȘtrĂ© par un plus grand rapport des volumes, la dĂ©tente dans les seconds cylindres est moins considĂ©rable ; mais c’est sans inconvĂ©nients, puisqu’on n’emploie que la pression rĂ©glementaire de 1 k .33 par centimĂštre carrĂ©. Il rĂ©sulte de cette disposition que, dans la machine de M. Mazeline, l’économie est basĂ©e sur le genre d’action des machines de Wolf, tandis que dans celle de M. Maudslay, elle rĂ©sulte de la surchauffe et d’une dĂ©tente plus grande; les deux appareils profitent de la distribution d’effort sur trois manivelles, mais aussi prĂ©sentent plus de complications. MM. Ravenhill et Salked exposent un modĂšle de machine Ă  bielle en retour, dont ils ont fabriquĂ© un grand nombre; tandis que MAI. Tod et Slac-GrĂ©gor, Alorrisson, Itennie et autres ont des appareils Ă  hĂ©lice d’une faible puissance, dont les dispositions sont loin de valoir celles des premiĂšres. MM. Ilumphry et Tennant exposent un bel appareil, simple et solide, dont la bielle est Ă  la suite de la tige du piston et par consĂ©quent trĂšs-courte par le manque d'espace. La France avait, en fait de machine Ă  hĂ©lice, un appareil de 400 chevaux exposĂ© par les forges et chantiers delĂ  MĂ©diterranĂ©e, qui a aussi sa bielle en retour, mais diffĂšre par la disposition de son condenseur, qui, loin de laisser la bielle Ă  dĂ©couvert, la guide dans un tunnel ; au lieu d’ĂȘtre en coquille, ses tiroirs sont en D, 1 MATÉRIEL NAVAL DE MACHINES MARINES. 451 comme ceux de Watt, et leur renvoi de mouvement, effectuĂ© par des engrenages et des pignons, se renverse si instantanĂ©ment par l’obstacle d’un frein, qu’on prĂ©fĂšre stopper par le registre pour manƓuvrer une roue Ă  mannettes quand la machine est arrĂȘtĂ©e. Cette machine est trĂšs-bien exĂ©cutĂ©e, elle a des dĂ©tails remarquables, mais elle est trĂšs-difficile Ă  visiter. M. Nillus, du Havre, a exposĂ© un petit appareil direct pour hĂ©lice, dont la pompe Ă  air est Ă  fourreau , menĂ©e par les tiges du piston et au fond duquel est le tourillon du pied de bielle, qui est inaccessible. Enlin, la SuĂšde expose une machine de canonniĂšre, remarquable par sa simplicitĂ©, en ce qu’elle produit les effets de la machine de Wolf, au moyen de deux cylindres concentriques, et n’a qu’une bielle et une manivelle son vireur est trĂšs-lourd et rĂ©gularise le mouvement comme un volant. Elle a une mise en train trĂšs-simple, avec un seul excentrique, dont le callage, par rapport aux manivelles, est changĂ© Ăč volontĂ©, au moyen d’une rainure en spirale, conduite par un arbre intĂ©rieur, qui glisse suivant son axe, au moyen d’anneaux saillants pris dans les dents d’un pignon. Si, de ces machines, on passe Ă  celles du commerce, on remarque que pour les roues Ă  aubes les cylindres oscillants sont gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©s, du moins pour les petits paquebots rapides, tels que le remarquable Cmnaught de M. Laird; car la grande compagnie Cunard a toujours conservĂ© l’ancienne machine Ă  balancier pour ses paquebots dont le service, entre 1 Europe et l’AmĂ©rique, est si rĂ©gulier en toute saison. Une petite machine Ă  double cylindre, exposĂ©e par la Suisse et destinĂ©e Ă  ses lacs, offre une particularitĂ©, en ce que sa pompe Ă  air est mue par une machine spĂ©ciale, ce qui ne peut ĂȘtre un avantage, dĂšs que l’appareil principal n’a pas trop de vitesse, comme lors- Çl u d s’agit d’entraĂźner des roues. Enfin, pour le commerce, les sonuT** 8 ^ exposĂ©s par Tod, Mac-GrĂ©gor et Morrisson, ; e ’est-Ă -dire avec leurs cylindres renversĂ©s et sup- ar le b* 11 - ^ *° rles P^ 8 carrf ^ es servant de condeuseur et reliĂ©es pai e as au moyeu de la plaque de fondation ; les tiroirs et leur , lu entie les cylindres et rnenes par des excentriques p aces au-dessous. La pompe Ă  air est conduite par un excen- nque ou mieux par le piston lui-mĂȘme, et, comme ces machines 432 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. ont des condenseurs tubulaires, les supports de leurs cylindres sont joints entre eux de l’avant Ă  l’arriĂšre, pour offrir le volume nĂ©cessaire aux nombreux tubes de ce systĂšme. D’autres fabricants ont voulu faire profiter la marine de toutes les sources d’économie reconnues. Ils ont surchauffĂ© la vapeur, l’ont dĂ©tendue dans des cylindres sĂ©parĂ©s, et l’ont condensĂ©e sans mĂ©lange. Mais aussi on peut dire qu’ils ont accumulĂ© toutes les chances de mĂ©comptes de systĂšmes dĂ©licats, et qui, employĂ©s sĂ©parĂ©ment, sont loin d’avoir rĂ©ussi, quoiqu’il y ait longtemps qu’on les a essayĂ©s. M. Rowan a fait des machines Ă  six cylindres renversĂ©s, disposĂ©s en deux groupes. Celui du milieu de chaque bord reçoit la vapeur de la chaudiĂšre et la dĂ©tend dans ceux des cĂŽtĂ©s; un joug rĂ©unit les actions des trois tiges de piston, les fait marcher ensemble et transmet leurs efforts Ă  la bielle et Ă  la manivelle. MM. Elder et Randolph ont exposĂ© des dessins dĂ©taillĂ©s d’un autre appareil, qui a donnĂ© de bons rĂ©sultats Ă©conomiques dans la mer du Sud il se compose aussi de deux jeux de trois cylindres; mais ils sont placĂ©s obliquement Ă  45°, sont aussi renversĂ©s, Ă  bielle directe, et ont quatre pompes Ă  air aux extrĂ©mitĂ©s. Ce mĂ©canisme est d’une complication qui porte Ă  douter des Ă©loges qu’on lui donne. Aussi est-il probable que celui qui, par sa disposition, a le plus de chance de rĂ©aliser les espĂ©rances conçues, a Ă©tĂ© exposĂ©, sous forme de modĂšle fonctionnant, par MM. Humphry et Tennant. Comme le montre la figure 8, cette machine est ce qu’en marine on nomme Ă  pilon ; les deux cylindres C et c du systĂšme de Woolf sont l’un au-dessus de l’autre et portĂ©s par quatre piliers carrĂ©s A A qui forment les condenseurs tubulaires. Les pistons sont liĂ©s par une mĂȘme tige 11 qui va d’un cylindre Ă  l’autre Ă  travers une bague en acier, qui sort par un presse-Ă©toupe en dessous du cylindre infĂ©rieur et s’articule Ă  la bielle b; un montant Ă  coulisse b' b' placĂ© en arriĂšre sert de guide Ă  la tige. Pour se faire une idĂ©e de la maniĂšre dont fonctionne l’appareil, on a tracĂ© Ă  gauche sa section hypothĂ©tique; car le modĂšle n’était pas ouvert et les plans n’ont Ă©tĂ© vus que pendant quelques minutes Ă  l’atelier. La vapeur arrive par le tuyau d, entoure les deux grands cylindres ainsi que les petits, et, par le cĂŽtĂ©, monte au tiroir supĂ©rieur T par une tubulure latĂ©rale qui n’est pas visible sur le dessin. Ce tiroir la distribue au pis- MATÉRIEL NAVAL IlĂź MACHINES MARINES. M3 ton supĂ©rieur et, quand elle a fini son effet, elle descend Ă  la boite du tiroir infĂ©rieur par une grosse tubulure latĂ©rale ce, est distribuĂ©e par le tiroir T et de lĂ  se rend au condenseur A. Celui-ci tmMi est formĂ© d’une forĂȘt de tubes verticaux en cuivre Ă©tirĂ©s au banc; ils ont 2 mĂštres de long et 0'“,015 de diamĂštre; leurs extrĂ©mitĂ©s sont engagĂ©es dans des plaques de tĂȘte en bronze et elles y sont rendues Ă©fanclies par un petit anneau de coton, pressĂ© par une bague filetĂ©e en dehors et vissĂ©e dans le taraudage de la plaque de tĂȘte. Cette mĂ©thode est remplacĂ©e dans un autre condenseur de la machine Ă  pilon de MM. Tod et Mac-GrĂ©gor par une grande feuille de caoutchouc de 0 ,n ,003 Tl’épaisseur, dont les trous, plus petits que les tubes, font rebrousser le caoutchouc, qui se louve pressĂ© par une grande plaque Ă©paisse et percĂ©e de trous toUde^ 61 ^ b resse- l° u P e ^ tous l es tubes Ă  la fois. La surface cha VI GS ^ u ^ es c * e Humphry est Ă  peu prĂšs Ă©gale Ă  celle des vaut-les f T'^ U ^ eS ^° " el>s compris ; cette proportion varie sui- narce 3 lcailts ’ nia s H vaut mieux ne pas se tenir au-dessous, tubes e^ 110 ' 3 ^ ra ' sse diminue beaucoup la conductibilitĂ© des ten i 11 CX1 ^ e ^ ors Plus de surface pour que le vide soit main- nU ' ' a I ua tre pompes Ă  air g g menĂ©es par des tiges g' per- 454 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. çant le dessous du cylindre dans un presse-Ă©toupe; d’aprĂšs la distribution des tuyaux elles aspirent probablement de l’eau par les tuyaux latĂ©raux h h , la font circuler dans le condenseur et sortir par un tuyau opposĂ© i i, tandis que d’aprĂšs sa dimension le tuyau K K sert probablement Ă  l’alimentation des chaudiĂšres, l’appareil n’ayant aucune pompe spĂ©ciale consacrĂ©e Ă  ce travail. Telle est Ă  peu prĂšs la disposition de cette machine dont la chaudiĂšre est en outre pourvue d’un surchauffeur et qui a donnĂ© des rĂ©sultats assez satisfaisants sur la ligne du PĂ©rou, pour qu’on en construise maintenant plusieurs autres. Elle est remarquable par la simplicitĂ© de ses renvois et de tout son mĂ©canisme, surtout lorsqu’on la compare aux deux prĂ©cĂ©dentes. Tels sont les types des machines marines de l’Exposition, et, pour terminer tout ce qui regarde les appareils spĂ©cialement destinĂ©s Ă  la navigation, il reste quelques mots Ă  dire sur le peu de propulseurs qui mĂ©ritent l’attention. Ce sont les hĂ©lices Griffith avec leur grosse boule et leurs ailes tronquĂ©es sur les coins, dont la surface extrĂȘme, au lieu de s’opposer Ă  la dispersion de l’eau, comme dans les hĂ©lices Ă  cuiller de M. Holm, ou celles Ă  cannelures de M. Vergne, prĂ©sente au contraire un revers trĂšs-marquĂ© qui repousse l’eau en dehors. A cĂŽtĂ© se trouve l’hĂ©lice tordue de M. Ilirsch, qui rappelle en partie le Boomerang propeller, imitĂ© d’une arme des sauvages de la Nouvelle-Hollande, consistant en une petite douvelle de barrique tordue, qu’on lance en tournoyant dans l’air jusqu’à une grande distance. L’amirautĂ© a toujours conservĂ© l’hĂ©lice Griffith ou celle Ă  deux larges ailes, parce qu’elle tient avant tout Ă  ce que le propulseur soit remontĂ© dans un puits afin de ne pas nuire Ă  la marche avec les voiles mais quelques navires marchands adoptent les quatre ailes. Cependant, d’aprĂšs ce qu’il a Ă©tĂ© possible d’examiner, il est facile de s’apercevoir que la question importante des formes et surtout des proportions de l’hĂ©lice est loin d’avoir Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e avec autant de soin en Angleterre qu’en France. Il serait trop long de s’occuper des accessoires de la navigation ; peu mĂ©ritent d’ĂȘtre mentionnĂ©s, si ce n’est le compas liquide de West, dont l’aiguille et la rose, noyĂ©es dans de l’esprit-de-vin, n’obĂ©issent pas aux soubresauts du navire ou du canot et indiquent constamment la route; le liquide est comprimĂ© par un fond Ă  ressort. Les poulies en fonte mallĂ©able, plus 4ĂŒ5 MATÉRIEL NAVAL DE MACHINES MARINES. souple que la tĂŽle et qui, Ă  poids Ă©$a, supportent de plus grands efforts. Les ancres n’ont rien de nouveau, ce sont les anciens types et ceux de Porter et de* Marti» j les chaĂźnes n’ont rien de remarquable; l’amirautĂ© n’en fabrique pas. Il y a cependant lieu de mentionner la chaĂźne Sisco dont les maillons sont formĂ©s de feuillard de barrique roulĂ© en forme d’ellipse autour de la traverse ou Ă©tai, par un procĂ©dĂ© trĂšs-simple. On a voulu arrondir et braser les couches de fer, mais on a probablement diminuĂ© la grande rĂ©sislançe de ce systĂšme qui, pour les travaux de force exĂ©cutĂ©s Ă  couvert, prĂ©sente plus de sĂ©curitĂ© qu’aucune autre chaĂźne, mais qui dans l’eau de mer ne serait bientĂŽt plus qu’une masse de rouille. La marine française n’a exposĂ© que des objets peu importants de beaux cordages de divers fabricants, les scaphandres et la lampe pour travailler au fond de l’eau, de M. Cabirol, remarquables par leur confection et leur prix modĂ©rĂ©, des filets et engins de pĂȘche, le cabestan et des chaĂźnes de M. David du Havre, le modĂšle de la cale installĂ©e par M. Labat, pour haler les navires en travers Ă  Bordeaux, et en avoir plusieurs sur la mĂȘme cale, et enfin le procĂ©dĂ© ingĂ©nieux employĂ© par M. BouquiĂ© sur les canaux de l’Est pour remorquer les bateaux sur une chaĂźne placĂ©e au fond, leur permettre de se croiser, de passer les Ă©cluses, et de transporter le moteur d’un bateau Ă  l’autre. Les autres nations n’ont exposĂ© rien d’assez intĂ©ressant pour qu’il y ait lieu d’en faire mention, En rĂ©sumĂ©, l’exposition maritime prĂ©sente des sujets d’études trĂšs-importants, surtout en ce qui regarde les nouvelles formes des navires; mais ce n’est pas dans l’étude des objets matĂ©riels exposĂ©s sur les Ă©tagĂšres ou sous les vitrines, qu’il faut puiser les instructions les plus utiles ; c’est plutĂŽt dans la direction des idĂ©es qui ont amenĂ© Ă  produire tant d’objets remarquables. C’est l’organisation intellectuelle de cette vaste industrie qui montre mieux la voie Ă  suivre pour progresser. Il ne suffit pas aux nombreux Français qui ont visitĂ© l’Exposition de rapporter quelques cr °quis et quelques cotes de machines; il faut plutĂŽt qu’ils reviennent avec le dĂ©sir d’imiter cet esprit de publicitĂ©, de discussion approfondie et de communication constante des idĂ©es ou des faits, dont ils ont vu de beaux exemples dans les nombreuses sociĂ©tĂ©s industrielles, oĂč ils ont Ă©tĂ© admis. OĂč en seraient l’élec- 456 EXPOSITION UNIVERSELLE UE LONDRES. tricitĂ© et la photographie si ceux qui s’en occupent ne rĂ©pandaient pas leurs dĂ©couvertes et n’avaient produit par la publicitĂ© la cĂ©lĂ©ritĂ© merveilleuse avec laquelle ces nouveaux arts se sont perfectionnĂ©s. Si quelques industries ont l’avantage d’ĂȘtre concentrĂ©es dans des villes importantes, plusieurs manquent de centre et la marine surtout est complĂštement isolĂ©e, comme tous les arts l’ont Ă©tĂ© pendant le moyen Ăąge elle n’a plus aucune annale, et elle est rĂ©duite Ă  suivre de loin ce que publient les sociĂ©tĂ©s anglaises sur la mĂ©canique et sur l’architecture navale. Aussi les marins ne doivent que plus de reconnaissance aux publications industrielles qui veulent bien donner place Ă  quelques observations sur ce qui concerne la navigation actuelle. CLASSE 15. APPAREILS ÉLECTRIQUES, Pau M. E. BECQUEREL. La supĂ©rioritĂ© incontestable acquise depuis longtemps par les exposants français delĂ  classe 13, dont quelques-uns ont prĂȘtĂ© un concours si prĂ©cieux aux savants dans leurs recherches, assignait Ă  l’avance, Ă  la branche de l’industrie qu’ils reprĂ©sentent, une des premiĂšres places Ă  l’Exposition de cette annĂ©e. En effet, Ă  cĂŽtĂ© des appareils pour l’astronomie et la gĂ©odĂ©sie de M. Brun- ner construits avec toute la perfection possible, on trouve les instruments de prĂ©cision de M. Perreaux; pour l’astronomie, la gĂ©odĂ©sie et l’art du dessin, les appareils de MM. Bardou, Balbreck, Colombi, Molteni, Gavard, etc. ; parmi les instruments d’optique on distingue les appareils exposĂ©s par M. Duhoscq, lesquels embrassent presque toute l’étendue de l’optique, puis les lentilles et les cristaux taillĂ©s de M. Bertaud, les microscopes de MM. Art- nack, ceux de les lunettes de M. Lebrun, etc.; parmi les appareils relatifs Ă  l’emploi de l’électricitĂ©, on peut citer ceux qui sontexposĂ©s parMM. Breguet, Hardy, Dujardin, Serin, Digney, Mouilleron; comme constructeurs d’appareils de physique tels que balances, baromĂštres, on peut citer MM. Collot, Deleuil, CastrĂ©, Breton. Dntrmi. Naudet nnnr l’aeonstioue. M. KƓniar est phy 6 ' 1 ' a ^ an * ^ es a PP are H s relatifs Ă  l’étude de cette partie de la tirer 1 attention. M. Lepaute et M. Sauter, nos deux habiles cons- d’ n ^ a PP are H s de phares, c’est-Ă -dire les reprĂ©sentants rnĂŒĂŒ e n!! 1 l UStlae d’invention française qui prend de jour en jour 1*6 4- u u uuyuiou vjwi v*v> juut v** j- x e usion, ont exposĂ© quelques-uns de ces appareils que on p ace sur presque toutes les cĂŽtes du globe; M. Roland, direc- 458 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. teur gĂ©nĂ©ral des manufactures de tabac, a montrĂ© un spĂ©cimen des appareils rĂ©gulateurs de tempĂ©rature qu’il a imaginĂ©s et qui sont si utiles dans l’industrie; M. Berlioz, directeur de la compagnie l’Alliance, a fait placer dans l’annexe des machines un appareil magnĂ©to-Ă©lectrique destinĂ© Ă  la production de la lumiĂšre, et plusieurs des constructeurs prĂ©cĂ©dents, auxquels on doit joindre MM. Derogy, Jamin, etc., ont exposĂ© des objectifs photographiques. Nous aurions dĂ©sirĂ© voir figurer Ă  l’Exposition plusieurs ingĂ©nieurs mĂ©caniciens, parmi lesquels nous citerons notre collĂšgue M. Froment, M. Rhumkorf, M. B. Bianchi, M. Paul Garnier, parce que leurs appareils, rĂ©unis Ă  ceux dont nous avons parlĂ©, auraient constituĂ© une rĂ©union presque unique en son genre, en embrassant dans leur ensemble les diffĂ©rentes branches de l’astronomie, de la physique et de la gĂ©odĂ©sie. L’Exposition, anglaise pour la classe 13, est trĂšs-nombreuse, mais elle est loin d’ĂȘtre aussi complĂšte ; des instruments d’optique et des microscopes, d’une part, des appareils que des cĂąbles de fils conducteurs de l’autre, tiennent la plus forte place; en dehors de ces deux spĂ©cialitĂ©s, trĂšs-bien reprĂ©sentĂ©es du reste,, il y a peu d’objets Ă  remarquer. Pour terminer cet aperçu rapide et avant de traiter certains points sur lesquels nous dĂ©sirons surtout appeler l’attention, nous devons dire que parmi les objets exposĂ©s, on doit encore signaler particuliĂšrement dans l’Exposition prussienne les appareils de tĂ©lĂ©graphie Ă©lectrique de M. Siemens et Halske, elles tubes exposĂ©s par M Geissler q,ui ont servi, comme on le sait, Ă  un trĂšs- grand nombre de recherches sur la production de la lumiĂšre Ă©lectrique dans les gaz rarĂ©fiĂ©s; dans l’Exposition autrichienne, les objectifs photographiques de M. dans l’Exposition italienne les instruments de M. Amici et les appareils Ă©lectriques de M. Bonelli ; dans l’Exposition belge quelques instruments de physique, parmi lesquelles nous distinguerons ceux de M. Gloesener. 1“ TÉLÉGRAPHES ÉLECTRIQUES. t- Les tĂ©lĂ©graphes Ă©lectriques, depuis leur origine, bien que ne reposant que sur un petit nombre de principes fondamentaux, ont Ă©tĂ© modifiĂ©s frĂ©quemment. AprĂšs le tĂ©lĂ©graphe Ă  cadran et APPAREILS ÉLECTRIQUES. 459 celui Ă  signes, adoptĂ©s Ă  l’origine en France, et encore en usage dans les administrations des chemins de fer, est venu le tĂ©lĂ©graphe Morse plus ou moins perfectionnĂ©, qui est le plus gĂ©nĂ©rale- nient employĂ© depuis plusieurs annĂ©es, et qui est 1 une grande simplicitĂ© et d’un service trĂšs-facile. DĂ©jĂ , Ă  diffĂ©rentes reprises, on avait proposĂ© de leur substituer des tĂ©lĂ©graphes imprimeurs, afin qu’il pĂ»t rester des traces de la transmission des dĂ©pĂȘches, mais la plupart des appareils ne fonctionnaient pas avec une vitesse et une sĂ»retĂ© suffisantes, ou bien exigeaient une trop grande intensitĂ© Ă©lectrique. Depuis plus d’un an, un tĂ©lĂ©graphe imprimeur imaginĂ© par M. Hughes, professeur de physique .Ă  New-York, et construit par M. Froment qui a apportĂ© tous ses soins Ă  l’exĂ©cution et au perfectionnement de cet appareil, n’a pas prĂ©sentĂ© les mĂȘmes inconvĂ©nients que ceux qui avaient Ă©tĂ© proposĂ©s antĂ©rieurement, et marche avec une rapiditĂ© trĂšs-grande; il fonctionne avec la plus faible force Ă©lectrique, puisque entre des stations Ă©loignĂ©es il n’exige pas l’emploi de relais. Il est Ă  regretter que cet appareil n’ait pas paru Ă  l’Exposition universelle, car bien qu’il soit compliquĂ© mĂ©caniquement, quoique l'organe Ă©lectrique qui le fait fonctionner soit trĂšs-simple, il donne d’excellents rĂ©sultats, surtoutdans les grands postes tĂ©lĂ©graphiques, alors qu’il faut transmettre trĂšs-rapidement les dĂ©pĂȘches. Mai6, en raison mĂȘme de sa complication, il peut se dĂ©ranger. C’est sans doute ce motif qui fait que pour la pratique courante le tĂ©lĂ©graphe Morse, modifiĂ© de maniĂšre Ă  tracer les dĂ©pĂȘches Ă  l’encre d’imprimerie, n’a pas Ă©tĂ© remplacĂ© jusqu’ici. Parmi les tĂ©lĂ©graphes imprimeurs exposĂ©s cette annĂ©e, un des plus intĂ©ressants est celui prĂ©sentĂ© par M. Dujardin; le manipulateur de cet appareil ressemble Ă . celui des tĂ©lĂ©graphes ^ cadran, si ce n’est que dans son mouvement de rotation il envoie alternativement des courants Ă©lectriques en sens contraire. Un appendice fixĂ© sous le bouton de la manivelle permet, lorsqu’on j j.' sse cette derniĂšre, d’interrompre le courant qui circule sur '8ne. C’est Ă  ce moment que l’impression dans le rĂ©cepteur P eut s’exĂ©cuter. tinctes^ C ^*- eUr se compose essentiellement de deux parties dis- / Une ^ P° ur objet de faire manƓuvrer une roue Ă  types, au it bĂ© Caselli, auquel il travaille avec persĂ©- ra nce depuis pi us i eurs annĂ©es. Cet appareil construit par M. Fro- roent donne d’une maniĂšre trĂšs-simple et trĂšs-ingĂ©nieuse le moyen e tracer Ă  l’une des stations le fac-similĂ© d’un tracĂ© fait Ă  l’encre autre station. Cet appareil Ă©lectro-chimique, plus parfait que ce ui de 11. Blackwell et que ceux du mĂȘme genre qui avaient Ă©tĂ© proposĂ©s antĂ©rieurement, n’exige qu’un seul fil par paire d’ap- 464 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. pareil, comme les tĂ©lĂ©graphes ordinaires. Il faut espĂ©rer que dans certaines circonstances spĂ©ciales cet instrument ingĂ©nieux pourra ĂȘtre utilisĂ©. Depuis l’établissement du cĂąble sous-marin entre la France et l’Angleterre, des fabricants Ă©trangers ont construit des cĂąbles isolĂ©s, tandis que nos fabricants ne se sont pas livrĂ©s Ă  cette industrie; aussi, Ă  la derniĂšre Exposition, aucune maison française n’avait exposĂ© de ces produits ; cette annĂ©e, M. Rattier a prĂ©sentĂ© des cĂąbles de diffĂ©rents modĂšles, et sa fabrication, qui remonte dĂ©jĂ  Ă  cinq annĂ©es, paraĂźt permettre d’obtenir des fils convenablement disposĂ©s pour la transmission tĂ©lĂ©graphique sous-marine et souterraine. 2° APPAREILS D’INDUCTION MAGNÉTO-ÉLECTRIQUES. L’emploi de l’électricitĂ© comme force motrice n’a pu donner jusqu’ici que des machines de faible puissance dont le prix de revient est trĂšs-Ă©levĂ©, comparativement Ă  celui des moteurs Ă  vapeur environ 60 Ă  70 fois plus fort, dans les meilleures conditions de rendement. Il n’en est pas de mĂȘme des appareils d’induction magnĂ©to- Ă©lectriques, qui sont la contre-partie des moteurs Ă©lectriques, et qui ont pour but de produire de l’électricitĂ© Ă  l’aide du mouvement relatif d’un conducteur et d’un aimant dans l’annexe de l’Exposition se trouvent deux machines de ce genre donnant toutes deux de l’électricitĂ© par le mouvement de rotation de bobines passant contre des pĂŽles de puissants aimants artificiels. L’une appartient Ă  une compagnie française reprĂ©sentĂ©e par M. Berlioz, directeur, et par M. Joseph Van Malderen, mĂ©canicien; l’autre est exposĂ©e par une compagnie anglaise reprĂ©sentĂ©e par M. Holmes. L’appareil français est disposĂ© pour la production de la lumiĂšre ‹électrique, et sans l’addition d’aucun commutateur pour redresser les courants Ă©lectriques. Ainsi, il utilise les courants d’induction alternativement renversĂ©s, ce qui permet d’attacher les conducteurs sur l’arbre mĂȘme de l’appareil en rotation. C’est une importante innovation introduite depuis plusieurs annĂ©es dans la construction de cet appareil. La machine anglaise est pourvue d’un commutateur; cette APPAREILS ÉLECTRIQUES. S disposition, nĂ©cessaire lors de l’emploi de ces appareils pour la galvanoplastie, n’est nullement avantageuse pour la productionde la lumiĂšre, qui est la seule question abordĂ©e cette annĂ©e par les personnes qui prĂ©sentent ces appareils. Sous ce rapport, la machine française est donc prĂ©fĂ©rable. La place occupĂ©e par ces machines Ă  Londres n’a pas permis de chercher quel est le pouvoir Ă©clairant de l’arc voltaĂŻque obtenu avec un rĂ©gulateur de lumiĂšre Ă©lectrique lorsqu’on dispose les bobines et les fils de diverses maniĂšres, et avec diffĂ©rentes vitesses de rotation. Nous ne pouvons que rapporter les rĂ©sultats des expĂ©riences faites Ă  l’administration des phares de Paris avec ufie machine appartenant Ă  la Compagnie française, mais un peu diffĂ©rente de celle qui est exposĂ©e. La machine française exposĂ©e est composĂ©e de 2 parties pouvant fonctionner sĂ©parĂ©ment ou simultanĂ©ment Ă  volontĂ©, et formĂ©es chacune de quatre rouleaux Ă  8 bobines par rouleau ; cela fait 32 Ă©lectro-aimants par machines, ou 64 en totalitĂ©. Celle qui a servi aux expĂ©riences dont nous parlons ci-aprĂšs a 6 rouleaux, chaque rouleau ayant 16 Ă©lectro-aimants ou 96 Ă©lectro-aimants et 56 aimants pour la machine entiĂšre. Chaque aimant permanent pĂšse 12 k ,5 et il peut porter environ 3 fois son poids. La machine qui a donnĂ© lieu aux observations suivantes Ă©tait mise en mouvement par une machine Ă  vapeur qui, dans une premiĂšre sĂ©rie d’expĂ©riences, avait la force d'un cheval ÂŁ environ et consommait 6 kil. de coke pat heure ; dans une seconde sĂ©rie, la machine Ă  vapeur avait la force de 2 chevaux et consommait 9 kil. de charbon par heure. Les courants induits alternativement inverses Ă©taient transmis Ă  un rĂ©gulateur Ă©lectrique du systĂšme de M. Serrin ^donnant automatiquement le recul des charbons entre lesquels se produit l’arc voltaĂŻque. flans la seconde sĂ©rie, on a trouvĂ© par heure, en divisant par / >t- ' .4. . ‱ bon plus pur charbon prĂ©parĂ© par M. Curmer... . de 800 Ă  880 prĂšs de 1300 n on a dĂ©duit l’intensitĂ© lumineuse en bougies, de l'intensitĂ© d’une lampe Carcel brĂ»lant 42 gr. d’huile Ă  l’heure et estimĂ©e Ă©quivalente Ă  7 ^ ou 8 bougies. On voit que pour une dĂ©pense relativement trĂšs-minime, celle qui donne le prix de la houille ou du coke nĂ©cessaire pour produire par heure la force d’un cheval dans une machine Ă  vapeur, on a avec le rĂ©gulateur de lumiĂšre Ă©lectrique une intensitĂ© lumineuse soutenue Ă©gale au moins Ă  700 bougies. Il est intĂ©ressant de comparer le prix de revient de cette lumiĂšre Ă  celui des lumiĂšres produites par les moyens ordinaires. On a, en effet d’aprĂšs les recherches que nous avons faites sur ce sujet SOURCES UJ MINEUSES, j POIDS UES MATIERES consommĂ©es par heure, pour une intensitĂ© lumineuse correspondant Ă  1 bougie stĂ©arique. PRIX DK REVIENT 1 de la lumiĂšre Ă©quivalente A 700 bougies stĂ©ariques purheure* OBSERVATIONS. LumiĂšre Ă©lectrique appareil de 0 f .10 Ă  0',20 magixĂ©to~Ă©lectrique] .. 4, a ld. Pile voltaĂŻque de 60 Ă  80 Ă©lĂ©ments. a de 3 Ă  5 francs. Gaz de iĂąbouille. 15 litres. 3',20 Au prix de 0 f ,30 le mĂštre Huile de schiste lĂ©gĂšre.... 4P, 5 2 3',85 cube dĂ©part}} 1 Huile de colza Ă©purĂ©e. 5 r ,IO 6', 10 Au prix de l f ,70 le kil. 10* r ,5’5 12',60 AupHx dĂ© kil. Bougie stĂ©arique. I0 r ,40 2'fl',ÏO K\i fHx de 3*,Ăż0 W kil, Bougie de cire. 8* r ,26 32', 40 Auprix’de 5 f 60 le kil. On voit donc que, comme source lumineuse, celle qui rĂ©sulte des courants magnĂ©to-Ă©lectriques est la moins coĂ»teuse, mais pourvu que l’on produise une lumiĂšre trĂšs-vive en un point donnĂ© et APPAREILS ÉLECTRIQUES. 467 qu’on utilise toute cette lumiĂšre, car la division de la lumiĂšre si nĂ©cessaire aux Circonstances habituelles de l’éclairage public n’est pas’possible par ce procĂ©dĂ©. Ce n’est donc que dans des cas spĂ©ciaux qu’elle peut-ĂȘtre actuellement utilisĂ©e. Il faut espĂ©rer que lĂšs appareils d’induction qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© employĂ©s pour le dĂ©pĂŽt Ă©lectro-chimique des mĂ©taux, vont trouver Ă  gĂ©nĂ©raliser leur usage, non pas par exemple lorsqu’il s’agit du dĂ©pĂŽt d’un minĂ©ral tel que le cuivre dans des circonstances oĂč l’oĂč comptĂ© avec, le'prix de revient de la force Ă©lectrique employĂ©e car Ă  l’aide de ces appareils l’électri'citĂ© produite a une forte tension et est Ă©n trĂšs-faible quantitĂ©, mais bien comme lors du dĂ©pĂŽt de l’or et de l'argent, car le prix de revient de-la force employĂ©e est comptĂ© pour peu de chose, et la valeur de la main-d’Ɠuvre l’emporte de beaucoup sur celle des matiĂšres dĂ©posĂ©es. ' 3" RÉGULATEURS ET APPAREILS MAGNÉTO-ÉLECTRIQUES DIVERS. On doit distinguer, parmi les appareils Ă©lectriques exposĂ©s par les fabricants français, des instruments trĂšs-divers dont les dispositions nous ont paru prĂ©fĂ©rables Ă  celles que l’on trouve dans les expositions Ă©trangĂšre M. Hardy a exposĂ© le chronoscope au moyen duquel M. Martin de Brettes, chef d’escadron d’artillerie, a pu Ă©tudier la marche des projectiles et rĂ©soudrĂš simplement plusieurs questions im- . portantes de balistique Cet appareil est basĂ© sĂ»r le mouvement uniforme d’un cylindre qui est rĂ©gularisĂ© panun pendule conique et sur le tracĂ© de points sur le cylindre Ă  l’aide d’étiBcelles fournies par un appareil d’induction;Ce tracĂ© est infiniment 'prĂ©fĂ©rable Ă  celui qui 'Consiste Ă  faire usage d’un pendule, lequel aux diffĂ©rentes positions de son mouvement oscillatoire donne lieu au mĂȘme effet, car lefe formules Ă  l’aide desquelles ort dĂ©duit le temps qui sĂ©pare deux instants donnĂ©s, de l’espace angulaire qui sĂ©pare deux points tratĂ©s par ce pendule, sont trĂšs-compliquĂ©es; il'n’en est pas de ihĂȘme dans l’appareil de M. Martin de Brettes, puisque le pendule est douĂ© d’un mouvement uniforme. . -i, Nous devons ajouter que nous avons vu, dans les ateliers de M. Froment, un appareil diffĂ©rent du prĂ©cĂ©dent, construit avec 4fiH EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. une extrĂȘme prĂ©cision et formĂ©, dans sa partie essentielle, d’un cylindre dont le mouvement est rĂ©gularisĂ© d’une autre maniĂšre. Mais le tracĂ© sur la surface s’elfectue de mĂȘme dĂ©graissĂ©e elle comporte naturellement, Cottirtte jĂš lâ€™ĂŒi fait observer pouf l'argile de Stourbrige, la JĂŒahtittS de sĂ ble faĂ©- cessaire pour diminuer sa plasticitĂ©. Dans quelques endroits, cependant, on sĂ©pare, aprĂšs qu’elles se sont dĂ©litéÚS, lÚà masses d’un aspect plus sableux pour les mĂ©langer, Ă  VolumĂ« Ă©gal, aux variĂ©tĂ©s plus franchement plastiques; c’est aiitsi qu’à GlaĂą- cott-Colliery, j’ai vu mĂ©langer, Ă  parties Ă©gales, les variĂ©tĂ©s atiai- lysĂ©es sous les numĂ©ros 2 et 3. AprĂšs les observations gĂ©nĂ©rales qui viennent d’ĂȘtre prĂ©sentĂ©es, je ferai remarquer que le laminage semblĂ©, au moins po'iir les briques communes, donner un façonnage Ă©conomiquĂš. MM. Cazenave et Jardin avaient exposĂ© leur machine ; elle fonctionnait dans l’annexe, section française. La pĂąte, comprimĂ©e entre deux cylindres, s’échappe sĂŽus forme d’une nappe continue de l’épaisseur dĂš la brique. UnĂš disposition ingĂ©nieuse permet au fil qui dĂ©bite les briques de suivre un plan vertical, bien qu’il soit aWiniĂ© d’un mouvement de translation. A cet effet, il est guidĂ© par un mentonnet placĂ© en tĂȘte de la planchette sur laquelle la brique Se trouve dĂ©posĂ©e. On a* remarquĂ© leur moyen trĂšs-simplĂ© de faire agir verticalement le fri qui dĂ©bite les briques Ă ' longueur voulue, dan's urt'Ă©' direction perpendiculaire au mouvement de translation de la' nappe de pĂąte. Il rĂ©sulte d’expĂ©riences faites aux ateliers du chemin dĂ© fĂ©r dlĂȘ' Toulouse Ă  Tarbes, que trois hommes et cinq ertfants, paVĂ©^ ensemble 11 fr., peuvent mouler en une journĂ©e dĂ©' dix hĂ©ures* 12,780 briques , modĂšle dĂ© Bourgogne, soit 1,000'briques p’étit 0 r >86'; les briques sortant dm laminoir sont d’une grande putĂ©té’ de lignes et bien 1 conditionnĂ©es. La tefre employĂ©e par la 1 ihĂ - ehine peut avoir plus de consistance que celle qu’on emploie dans le moulage Ă  la main, ce qui permet de les placer de suite sur champ et de moins encombrer les ateliers. La dessiccation est d’ailleurs plus rapide ; la retraite que prend la brique est bù’atl- coup-plus faible. façonnage mĂ©canique des tuyaux. L’Angleterre fabrique encore’ aujourd’hui de grandes quantitĂ©s de tuyaux pour drainage et 1 conduites d’eau. Les machines Ă  taire les tuyaux de drainage sont connues. Nous signalerons’ cependant uile lĂ©gĂšre modification 496 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. que les constructeurs anglais ont apportĂ©e depuis plusieurs annĂ©es aux dispositions de leurs machines. Au-dessus de l’ouverture qui laisse Ă©chapper la terre moulĂ©e sous la forme voulue, ils ont disposĂ© deux ou trois rĂ©servoirs qui contiennent de l’eau et qui l’instillent goutte Ă  goutte sur les surfaces Ă  leur sortie de la filiĂšre ces surfaces, constamment lubrifiĂ©es, sortent plus nettes et moins dĂ©chiquetĂ©es. Peut-ĂȘtre une Ă©mulsion d’huile commune remplirait-elle avec plus d’avantages ces mĂȘmes fonctions. Lorsque les tuyaux ont un diamĂštre assez considĂ©rable, il faut les faire au moyen d’appareils placĂ©s verticalement. On connaĂźt la disposition gĂ©nĂ©rale au moyen de laquelle on les façonne; sous ce rapport, je n’aurais rien Ă  dire, si je n’avais vu dans deux ou trois ateliers des tuyaux Ă  grand diamĂštre obtenus entiĂšrement par la machine; le renflement supĂ©rieur se moule en mĂȘme temps que le tuyau lui-mĂȘme. On n’ignore pas qu’ordinairement ces emboĂźtements sont rapportĂ©s et faits aprĂšs coup ; cette pratique augmente notablement le prix de revient. Pour bien comprendre comment l’appareil fonctionne, il suffit de dĂ©crire la partie infĂ©rieure du cylindre par lequel la pĂąte est façonnĂ©e. L’ouverture pratiquĂ©e dans le fond, obtenue par un noyau central, donne le plus grand diamĂštre du tuyau; le noyau central descend d’une certaine longueur pour faire l’emboĂźtement , il est entourĂ© pendant que le piston descend d’un anneau circulaire qui s’ouvre en deux par un assemblage Ă  charniĂšre, Ă  la tin de l’opĂ©ration, quand la portion du tuyau qui prĂ©sente la plus petite section se trouve complĂštement dĂ©gagĂ©e. Cette sorte de collier forme, quand il est fermĂ©, la filiĂšre qui façonne le tuyau. Lorsqu’il est ouvert, l’orifice moule l’emboĂźtement par la mĂȘme manƓuvre. Quand le tuyau sort du cylindre Ă  longueur, un fil le dĂ©coupe en passant au-dessous du noyau lui-mĂȘme, plus bas que le fond du cylindre. La manƓuvre de l’appareil est, du reste, identique Ă  celle des cylindres ordinaires. La charniĂšre autour de laquelle tournent les deux parties de l’anneau est fixĂ©e solidement au fond du cylindre. La rĂ©union des deux parties du collier est obtenue par une sorte de griiĂŻe, de crochet ou de verrou, capable de rĂ©sister Ă  la pression considĂ©rable exercĂ©e parle piston. Moulage des briques en pĂąte ferme. L’idĂ©e de mouler les briques 497 PRODUITS CÉRAMIQUES. en terre presque sĂšche n’a pas Ă©tĂ© perdue de vue. L’Exposition de Londres contenait un modĂšle d’un semblable systĂšme inventĂ© par M. W. Wilson, Ăźi l’usine de Campbell-Field, prĂšs Glascow. La pĂąte pulvĂ©risĂ©e et sĂšche est introduite dans une chambre remplie de vapeur; l’eau qu’elle peut condenser, suffit pour l’hu- mecter partiellement et lui donner la plasticitĂ© nĂ©cessaire'Ă  la facilitĂ© du travail, sans que la pression devienne trop considĂ©rable. Les moules qu’on charge de la pĂąte ainsi prĂ©parĂ©e sont placĂ©s sur une couronne qui tourne autour d’un axe vertical; leur fond est pressĂ© par-dessous contre une plate-forme fixe et rĂ©sistante. La pression est rĂ©glĂ©e par un plan inclinĂ©; ce dernier force chaque refouloir Ă  pĂ©nĂ©trer de plus en plus avant dans la cavitĂ© qui forme le moule; il paraĂźt que cette machine est capable de donner des briques d’excellente qualitĂ©, bien faites et prĂ©parĂ©es pour recevoir presque immĂ©diatement l’action de la chaleur. La fabrication est rĂ©guliĂšre; elle est reprĂ©sentĂ©e comme devant ĂȘtre trĂšs-Ă©conomique. Façonnage des poteries fines. Depuis la derniĂšre Exposition de Paris, le tour automoteur a reçu de grands dĂ©veloppements la difficultĂ© n’était pas de relier le tour directement avec un arbre commun dĂ©rivĂ© de la force motrice gĂ©nĂ©rale, et faisant tourner simultanĂ©ment tous les tours d’un mĂȘme atelier; il fallait trouver une disposition simple, permettant au tourneur de changer rapidement et Ă  volontĂ© la vitesse de son tour pour la mettre en rapport avec l'Ă©tat d’avancement de son travail. 11 semble qu’en Angleterre l’appropriation du tour automoteur mĂ©canique se soit faite d’abord dans les ateliers de fabrication des grĂšs cĂ©rames. La magnifique exposition de MM. Doulton et Watt, de Lambeth prĂšs Londres, comprend une sĂ©rie trĂšs-remarquable de piĂšces tournĂ©es; elles sont le rĂ©sultat de l’emploi d’un tour qu’on a pu voir fonctionner dans la Galerie des machines. On sait que dans les tours ordinaires employĂ©s Ăą la fabrication des faĂŻences, la girelle est mise en mouvement par un enfant, ou comme .en Angleterre, quelquefois par une femme. Le tour exposĂ© prĂ©sente cet avantage que, directement mĂ» par le moteur gĂ©nĂ©ral de l’établissement, le tourneur, au moyen de mĂ©canismes trĂšs-simples, peut rĂ©gler lui-mĂȘme la vitesse de son tour et Tarin, 32 49X EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. rĂȘter tout Ă  fait lorsqu’il le juge convenable. A cet effet, une pĂ©dale sur laquelle il peut agir sans changer de place, fait embrayer en mĂȘme temps qu’une sorte de griffe avance ou recule Ă  volontĂ© la courroie qui met en mouvement deux cĂŽnes placĂ©s horizontalement; leurs sommets sont en sens inverses. La vitesse du tour est donc en rapport avec la place qu’occupe la courroie de transmission sur les deux cĂŽnes dont l’un communique avec l’arbre du tour et l’autre avec le moteur gĂ©nĂ©ral. Chez M. Vieillard, de Bordeaux, la variation instantanĂ©e dans la vitesse est obtenue par un cĂŽne de friction agissant sur le volant du tour et qui se dĂ©place en avançant plus ou moins vers le centre, suivant qu’on veut modifier la vitesse de rotation. Il est ĂȘ remarquer que les procĂ©dĂ©s de tournage'deviennent extrĂŽmeinentexpĂ©ditifs lorsqu’on rĂ©unit la mĂ©thode du calibrage Ă  l’emploi du tour automoteur ; on Ă©vite gĂ©nĂ©ralement alors les dĂ©penses du tournassage ; il suffĂźt d’un rĂ©parage que des enfants peuvent exĂ©cuter avec assez de soins pour terminer des piĂšces de vente courante, comme vaisselles et services de table. C’est par le secours de ces moyens mĂ©caniques trĂšs-bien compris que l’Angleterre a pu voir dĂ©passer Ă  son exportation de poteries le chiffre de 35 millions. Façonnage des porcelaines par le procĂ©dĂ© du coulage. Si l’on ne trouva pas dans l’exposition française, et mĂŽme dans l’industrie cĂ©ramique de notre pays, cette grandeur de ressources que nous rencontrons si frappante dans l’industrie anglaise, on est nĂ©anmoins frappĂ© de suite des dĂ©tails qui nous font Ă  juste titre passer pour ĂȘtre plus inventifs que nos voisins. Une Ă©tude de la cĂ©ramique, considĂ©rĂ©e maintenant Ă  ce point de vue, va nous permettre de continuer l’exposĂ© des progrĂšs rĂ©alisĂ©s depuis le commencement du siĂšcle, et que le travail de la Commission française de 1851 a dĂ» suspendre en 1850. Plusieurs de ces perfectionnements sont dus Ă  la Manufacture de SĂšvres; elle n’est pas restĂ©e en dehors de son programme. Fournir libĂ©ralement Ă  l’industrie privĂ©e des modĂšles de bon goĂ»t, Ă©clairer la fabrication particuliĂšre en essayant les procĂ©dĂ©s nouveaux, corrigeant les anciens, Ă©tendant le champ si vaste cultivĂ© par le potier de terre, telle est sa raison d’ĂȘtre; rester utile, tel est son but pour rĂ©pondre dignement Ă  la volontĂ© souveraine du Prince PRODUITS CÉRAMIQUES. 49» qui supporte toutes les charges imposĂ©es par les Manufactures impĂ©riales. FidĂšle Ă  son passĂ©, l’établissement de SĂšvres avait exposĂ© dans le palais de Kensington le rĂ©sultat d’efforts considĂ©rables; le concours de l’art pur a mis en relief les matĂ©riaux prĂ©parĂ©s par l’élĂ©ment scientifique. L’utilitĂ© de SĂšvres n’est contestĂ©e par personne; les progrĂšs et le dĂ©veloppement delĂ  fabrication française dĂ©montrent que son exemple est suivi; nous disons avec orgueil pour les artistes qui travaillent dans la Manufacture impĂ©riale qu’ils sont imitĂ©s, mĂȘme Ă  l’étranger; l’exposition anglaise prouve l’influence qu’ils ont exercĂ©e depuis 1851. Les procĂ©dĂ©s de coulage sont appliquĂ©s avec succĂšs depuis plus de dix annĂ©es au façonnage des piĂšces minces et des piĂšces de grand diamĂštres; ils ont Ă©tĂ© perfectionnĂ©s par l'application du principe des pressions ; l’air comprimĂ© ou l’air rarĂ©fiĂ© interviennent, suivant les cas, pour empĂȘcher la dĂ©formation; ils concourent Ă  maintenir tantĂŽt le contact Ă  l’intĂ©rieur du moule, par une pression intĂ©rieure, tantĂŽt l’adhĂ©rence indispensable pour un moulage parfait, par une diminution dĂ©prĂ©ssion Ă  l’extĂ©rieur du moule ; on obtient, en mĂȘme temps, le raffermissement au moyen d’une sorte de succion. M. Silberman jeune a pensĂ© pouvoir utiliser cette mĂȘme mĂ©thode dans la fabrication des faĂŻences fines imprimĂ©es ; en supposant que le moule soit creux et qu’il porte l’empreinte d’un dessin quelconque, cette empreinte Ă©tant chargĂ©e de couleur Ă©tendue d’une gomme miscible Ă  l’eau, la croĂ»te peut ĂȘtre appliquĂ©e sur ce moule; une compression convenable exercĂ©e il l’intĂ©rieur du moule façonnera la piĂšce et l’imprimera d’un seul coup. Il suffit de boucher le moule par une plaque qui ferme hermĂ©tiquement ; des sphĂšres entiĂšres peuvent ĂȘtre faites ainsi. Sculpture pĂąte sur pĂąte. On se rappelle que SĂšvres a produit, il y a dix ans, des piĂšces remarquables que beaucoup de fabricants ont imitĂ©es avec succĂšs; les pĂątes cĂ©ladon avec reliefs, pĂąte sur pĂąte, sont devenues des types que l’on reproduit partout. L’exposition actuelle offre une grande variĂ©tĂ© de porcelaines colorĂ©es par des oxydes nouveaux ; Ă  l’oxyde de chrĂȘme, seul usitĂ© dans l’origine, on ajoute actuellement les oxydes d’urane, de tungstĂšne, de cobalt, de fer, de manganĂšse et de nickel; seuls ou 800 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. mĂ©langĂ©s, ils conduisent Ă  des rĂ©sultats remarquables, et non-seulement on obtient des effets monochrĂŽmes intĂ©ressants, mais encore on peut faire des sujets peints et colorĂ©s qui, ne nĂ©cessitant qu’une cuisson, donnent, en quelque sorte d’un seul jet, des poteries dĂ©coratives d’un mĂ©rite vĂ©ritablement artistique. Mais il y a lĂ  de grandes difficultĂ©s Ă  vaincre pour atteindre la perfection d’une industrie courante ; l’introduction dans la pĂąte de certains oxydes modifie la retraite et la fusibilitĂ© ; il faut corriger les pĂątes colorĂ©es, afin de les ramener aux propriĂ©tĂ©s primitives de la pĂąte blanche. Ce n’est que par des tĂątonnements longs et pĂ©nibles qu’on peut espĂ©rer arriver Ă  des rĂ©sultats satisfaisants. On ne peut les multiplier qu’en procĂ©dant mĂ©thodiquement et du simple au composĂ©; l’exposition d’une sĂ©rie d’échantillons prĂ©parĂ©s avec grand soin fait voir ce que l’on peut attendre de semblables moyens. La seule modification des proportions dans la composition de certaines pĂątes a conduit Ă  la prĂ©paration d’une matiĂšre remarquable par les nuances roses qu’elle prend Ă  la lumiĂšre artificielle. De grands vases Ă  fond uni ou Ă  reliefs blancs sur fond vert-olive, vus Ă  la lumiĂšre d’une lampe, paraissent rouge-rubis ; ils forment des effets nouveaux dont l’industrie ne tardera certainement pas Ă  s’emparer bientĂŽt. Les Ă©tudes faites Ă  SĂšvres sur la cuisson Ă  la houille ont conduit Ă  croire qu’on pourrait tirer un grand parti, pour la coloration au grand feu, de l’action qu’exercent sur les oxydes ou les silicates mĂ©talliques les gaz au milieu desquels on peut les maintenir Ă  la tempĂ©rature rouge. L’expĂ©rience a montrĂ© que des pĂątes colorĂ©es par certains oxydes prenaient, aprĂšs leur cuisson, des nuances diffĂ©rentes, suivant la composition de l’atmosphĂšre au sein de laquelle elles Ă©taient cuites. En employant donc, Ă  volontĂ©, pour une pĂąte donnĂ©e, des atmosphĂšres oxydantes, neutres ou rĂ©ductrices, on produit des couleurs variĂ©es dont quelques-unes au moins sont entiĂšrement nouvelles les poteries ainsi faites ont un caractĂšre essentiellement cĂ©ramique. Le chrĂȘme donne des bleus clairs, d’une nuance trĂšs-agrĂ©able, dans une atmosphĂšre rĂ©ductive , parce qu’il reste Ă  l’état de protoxyde; tSmsnne atmosphĂšre neutre, Ăč donne Ă  l’état de sesquioxyde les verts de chrome ou le cĂ©ladon quand il est en trĂšs-petite quantitĂ©. Dans une atmosphĂšre oxydante, une partie de l’oxyde se PRODUITS CÉRAMIQUES. SOI suroxyde et la piĂšce prend au jour des tons d'un vert foncĂ© avec Ăźles reflets pourprĂ©s; mais elle devient d’un rouge pourpre Ă  la lumiĂšre artificielle des lampes ou des bougies. L’urane donne une belle couleur jaune au feu oxydant, un vert plus ou moins foncĂ© dans une atmosphĂšre neutre , enfin dans VatmosphĂšre rĂ©duisante des rouges bruns, clairs ou foncĂ©s, suivant la proportion de l’oxyde. C’est avec des mĂ©langes, en certaines proportions, d’oxyde de chrĂŽme et de pechblende, qu’on a pu prĂ©parer les vases Ă  nuances changeantes, dĂ©corĂ©s de sculpture en pĂ»tes rapportĂ©es, qui figurent parmi les piĂšces les plus importantes de l’Exposition de 1862. Ces exemples, auxquels on pourrait en ajouter beaucoup dau- tres, montrent l’importance qu’il y a pour les arts cĂ©ramiques de pouvoir modifier Ă  volontĂ© l’atmosphĂšre particuliĂšre dans laquelle doit se placer chaque piĂšce dĂ©corĂ©e, bien qu’elle se trouve au milieu d’un four qui est surtout rempli de piĂšces blanches de service. La Manufacture de SĂšvres a rĂ©alisĂ© ces diverses conditions par des moyens qu’il serait trop long d’énumĂ©rer ici. § 4. PUOCÉDÉS DE CUISSON. La forme des fours dans lesquels on cuit en Angleterre les diffĂ©rentes poteries que le commerce fournit est trop connue pour que nous nous y arrĂȘtions ici. Toutefois, je ferai remarquer que les tuyaux de drainage, les briques et les terres rĂ©fractaires sont quelquefois cuites dans des fours spĂ©ciaux dont la forme n’est plus celle des fours ordinaires usitĂ©s dans le StaU’ordshire pout la cuisson des poteries. Le four est toujours cylindrique, mais alors le profil se rapproche davantage des fours employĂ©s en France. Les foyers, au nombre de six, sont placĂ©s Ă» la circonfĂ©rence et dĂ©bouchent dans des cheminĂ©es ou carnaux qui s’élĂšvent intĂ©rieurement jusqu’à la voĂ»te du four; les produits de la combustion lancĂ©s de la sorte dans la partie la plus Ă©levĂ©e du four traversent en descendant les produits Ă  cuire, ordinairement placĂ©s dans le four en Ă©chappade ou les uns sur les autres, sans encastage; ils s’engagent ensuite dans une cheminĂ©e centrale et commune pour ĂȘtre rejetĂ©s dans l’atmosphĂšre. J’ai vu vingt de ces appareils dans un seul Ă©tablissement. 02 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Il s’est produit Ă  Londres, autour des fours exposĂ©s par M. Siemen, une certaine Ă©motion. Les fourneaux de cet inventeur sont appliquĂ©s, quant Ă  prĂ©sent, Ă  la fabrication des verres Ă  vitres et de la glace; ils sont en pleine activitĂ© dans l’usine de MM. Chance de Birmingham, et dans la C ie des British-plate-glass. On les a proposĂ©s pour la cuisson des briques et des poteries ; ils ont Ă©tĂ© usitĂ©s en mĂ©tallurgie pour le puddlage du fer et dans les usines Ă  gaz pourdistiller les houilles destinĂ©es Ă  l’éclairage. Je ne puis encore rĂ©unir ici les documents que j’ai rĂ©clamĂ©s; je le ferai d’ailleurs plus utilement dans la note relative Ă  la Verrerie, qui paraĂźtra bientĂŽt. Dans tous les cas, il rĂ©sultera des essais et tentatives dus Ă  M. Siemen quelques notions intĂ©ressantes bien capables de modifier, dans de nombreuses circonstances, les conditions dans lesquelles on utilise aujourd’hui les combustibles solides. 5. PROCÉDÉS DE DÉCORATION. En abandonnant la fabrication proprement dite pour Ă©tudier la dĂ©coration, nous aurons Ă  citer plusieurs observations intĂ©ressantes qui se sont produites depuis 1851. Dorure brunie. Il est assez singulier que les procĂ©dĂ©s de dorure employĂ©s en Angleterre, au moins dans le Staffordshire, ne ressemblent en rien Ă  ceux qui sont rĂ©pandus en France, en Allemagne, en Belgique. Les dĂ©corateurs anglais ne semblent connaĂźtre ni l’or au mercure, ni l’or Ă  la couperose; ils ne font pas usage de l’or prĂ©cipitĂ© chimiquement. Je crois qu’on a renoncĂ© dans les Poteries Ă  l’usage du mĂ©tal divisĂ© par prĂ©cipitation simplement parce que les conditions Ă  remplir pour avoir une matiĂšre d’un emploi facile, douce Ă  Ă©tendre, ductile et couvrant bien, n'Ă©taient pas nettement dĂ©finies. Je renvoie, pour l’indication de ces conditions, au volume II de ce Recueil, page 717. Il faut ajouter Ă  celles que j’ai dĂ©jĂ  prescrites, celle peut-ĂȘtre plus indispensable encore, de ne faire usage, pour prĂ©cipiter l’or par la couperose, que d’une dissolution trĂšs-Ă©tendue de sulfate de protoxyde de fer. L’or dont on se sert en Angleterre est exclusivement de l'amalgame. On prend huit parties de mercure et dix parties d’or; on agite le tout avec assez de vitesse dans un petit moulin mĂ» mĂ©ca- PRODUITS CÉRAMIQUES. 303 niquement. Cet amalgame est gris. Quand on veut faire de la dorure Ă©conomique, on ajoute Ă  cette poudre une certaine quantitĂ© d’oxyde rouge de mercure; le dissolvant est l’essence de goudron; elle brĂ»le plus facilement que l’essence de tĂ©rĂ©benthine. Cette pratique explique pourquoi les moufles n’ont pas de tuyau pour conduire au dehors les vapeurs provenant de la combustion des huiles essentielles. L’or est en gĂ©nĂ©ral fourni par les marchands de Londres; on l’a traitĂ© par le mercure, puis coulĂ© dans l’eau et repris par l’acide azotique pour Ă©liminer le mercure. Cependant l’or en coquille est achetĂ© chez les batteurs d’or de Paris. Dorure brillante. Le fait le plus capital dont nous devions parler est l’application inlroduite en France des procĂ©dĂ©s au moyen desquels on supprime le brunissage par la dorure sortant toute brunie du moufle. MM. Dutertre frĂšres ont les premiers fait connaĂźtre un procĂ©dĂ© qui donne d’excellents rĂ©sultats, et qui a contribuĂ© d’une maniĂšre trĂšs-efficace au dĂ©veloppement de la porcelaine d’exportation. MM. Dutertre frĂšres font plus d’un million d’affaires, et ce chiffre ne porte que sur la façon ; ils reçoivent il forfait la porcelaine blanche et la livrent toute dĂ©corĂ©e. L’or sans brunissage a permis de dĂ©corer richement certaines piĂšces Ă  dessins contournĂ©s, dans l’intĂ©rieur desquels le brunissoir n’eĂ»t pu pĂ©nĂ©trer; la prĂ©paration dĂ©crite par MM. Dutertre a Ă©tĂ© le point de dĂ©part d’une foule de recettes qui concourent toutes Ă  former un produit qui est encore Ă  l’état de secret en Allemagne, lĂ  oĂč fut dĂ©couverte la dorure brillante. Cette dorure brillante, ou dorure Dutertre, comme on la dĂ©signe gĂ©nĂ©ralement en France, Ă©tait exposĂ©e par M. IĂźattier, de Limoges; le jury n’a pas cru devoir accorder Ă  cet exposant la mĂ©daille qui ne pouvait appartenir qu’aux frĂšres dutertre; si MM. Dutertre avaient exposĂ© sous leur nom, cette rĂ©compense leur Ă©tait dĂ©cernĂ©e. J’ai dĂ©jĂ  fait apprĂ©cier dans ce Recueil , page 726, volume II, la valeur des procĂ©dĂ©s de MM. Dutertre ; nous n’avons pas Ă  reproduire ici la description de leur mĂ©thode puisque nous l’avons donnĂ©e dĂ©jĂ  d’une maniĂšre suffisamment dĂ©taillĂ©e. Lustres nacrĂ©s. Rien n’est plus simple que les principes qui ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s par MM. Dutertre pour fabriquer leur dorure; ils se 804 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. rĂ©sument ainsi, comme on le sait prĂ©parer un liquide huileux pouvant se charger d’or, le conserver Ă  l’état tluide, le dĂ©poser ensuite, sous l’influence de la chaleur qui brĂ»le les parties organiques, sous forme d’une couche mince mĂ©tallique apparaissant avec la couleur et l’éclat du mĂ©tal le plus prĂ©cieux que nous connaissions; ces principes ont Ă©tĂ© mis Ă  prolit par M. Brianclmn, pour obtenir des lustres brillants et nacrĂ©s qui sont excessivement remarquables. Les oxydes de fer, de plomb, de bismuth, d'urane, d’argent, substituĂ©s Ă  l’or dans des rĂ©actions analogues Ă  celles jue MM. Dutertre ont dĂ©voilĂ©es, conduisent aux elfets les plus surprenants, soit qu’on emploie ces agents seuls, soit qu’on opĂšre par superposition sur des fonds blancs ou sur des tonds de couleur. Non-seulement M. Brianclmn a reproduit ainsi les tons naturels de la perle et de la nacre blanche, mais il a fait l’imitation la plus satisfaisante qu’il soit possible de rĂ©aliser des nuances irisĂ©es qu’on rencontre quelquefois sur certaines coquilles de couleurs foncĂ©es. L’exposition de MM. Gilet et Brianclmn se fait remarquer par un ensemble complet et un cachet de nouveautĂ© qu’on ne trouve nulle part. En effet, outre les lustres d’or, nommĂ©s buryns , et quelques nuances tirĂ©es du plomb et de l’argent, nous ne connaissons dans ce genre que le lustre de fer imitant la dorure, dont la manufacture de M. Million fait un emploi journalier pour filer des assiettes de faĂŻence fine et d’autres piĂšces de service. Il ne sera pas inutile de faire connaĂźtre en peu de mots les donnĂ©es qui servent de base aux procĂ©dĂ©s de M. Brianclmn. Sa mĂ©thode comporte deux opĂ©rations distinctes la prĂ©paration des fondants et celle des colorants; ces derniers, une fois obtenus, s’ajoutent aux fondants dans des proportions variables et dĂ©terminent par lĂ  les teintes les plus variĂ©es. Les fondants qui servent Ă  glacer les oxydes et les sels mĂ©- talliques sont les sels de bismuth et de plomb; les premiers sont prĂ©fĂ©rables ils supportent beaucoup mieux et sans altĂ©- ration les hautes tempĂ©ratures; leur prĂ©paration comme fon- dant est, du reste, exactement la mĂȘme. On prend 10 parties de nitrate de bismuth cristallisĂ©, en poudre, 30 parties de rĂ©sine d’arcanson ou de colophane, et 75 parties d’essence de lavande ou toute autre essence ne four- nissant pas de prĂ©cipitĂ© dans le mĂ©lange. On procĂšde ainsi PRODUITS CÉRAMIQUES. .>05 Dans une capsule qui repose sur un bain de sable chauffĂ© graduellement, on met les 30 parties de rĂ©sine, et Ă  mesure qu’elle fond, on verse petit Ă  petit les 10 parties de nitrate de bismuth, tout en remuant pour bien incorporer les deux substances; dĂšs qu’elles commencent Ă  brunir on verse, au fur et Ă  mesure, 40 parties de l’essence de lavande, et on continue d’agiter le tout alin de produire le mĂ©lange intime et la dissolution des substances, aprĂšs quoi la capsule est retirĂ©e de son bain de sable et refroidie graduellement; c’est alors qu’on ajoute les 35 parties restantes de l’essence de lavande, puis on laisse refroidir quelques heures, autrement l’emploi en serait difficile et inĂ©gal. bes sels ou oxydes mĂ©talliques qui concourent Ă  la formation des colorants sont ceux que la chimie inorganique a fait connaĂźtre, tels que les sels de platine, d’argent, de palladium, de rhodium, d’iridium, d’antimoine, d’étain, d’uranium, de zinc, de cobalt, de chrĂŽme, de cuivre, de fer, de nickel, de manganĂšse, et quelquefois mĂȘme d’or, pour produire ou les riches teintes des coquillages, ou les reflets du prisme. Pour prĂ©parer un colorant jaune, on opĂšre ainsi Dans une capsule chauffĂ©e par un bain de sable, on fait fondre 30 grammes de rĂ©sine d’arcanson, Ă  laquelle on ajoute, lorsqu’elle est sur le point d’ĂȘtre fondue, 10 grammes de nitrate d’uranium en poudre, et, pour faciliter le mĂ©lange, 35 Ă  40 grammes d’essence de lavande; lorsque la matiĂšre liquide a Ă©tĂ© rendue homogĂšne par l’agitation, on retire la capsule du feu et on ajoute Ă  nouveau 35 ou 40 grammes d’essence de lavande. Ce colorant, mĂ©langĂ© par parties Ă©gales au fondant de bismuth et appliquĂ© au pinceau sur l’objet, fournit une prĂ©paration qui, aprĂšs cuisson, donne un ton jaune. On obtient un colorant rouge-orange ou nankin, en faisant fondre, comme ci-dessus, 15 grammes de rĂ©sine d’arcanson; aprĂšs fusion, on verse 15 grammes de nitrate de fer concassĂ© et 18 grammes d’essence de lavande. Ces additions se font peu peu et en ayant soin d’agiter; lorsque le mĂ©lange est convenablement homogĂšne, on retire du feu et quand le tout est suffisamment refroidi, on ajoute vingt parties d’essence de lavande. Ce colorant, mĂ©langĂ© soit Ă  un ’V'MVĂš'. 506 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- cinquiĂšme, soit Ă  un tiers de son poids de fondant, fournit des prĂ©parations qui, aprĂšs cuisson, donnent des nuances rouge- orange ou nankin et tous les tons intermĂ©diaires, suivant la pro- portion de fondant ajoutĂ©. L’imitation de l’or poli se fait par le mĂ©lange des deux prĂ©- parafions qui prĂ©cĂšdent, en faisant entrer deux ou trois par- ties de la prĂ©paration d’uranium pour une de celle de fer. Pour obtenir enfin les couleurs irisĂ©es du prisme, on prend ou l’ammoniure d’or ou le cyanure d’or et de mercure, ou l’io- dure d’or; ces composĂ©s aurifĂšres sont broyĂ©6 avec de l’es- sence de tĂ©rĂ©benthine sur une palette de façon Ă  former une pĂąte qu’on laisse sĂ©cher pour la rebroyer de nouveau avec de l’essence de lavande ; on ajoute ensuite au produit aurifĂšre une, deux, trois et jusqu’à dix parties du fondant prĂ©parĂ© au bis- mutli. En l’étendant au pinceau sur toutes les pĂątes cuites, et recouvrant cette premiĂšre peinture de la dissolution d’urane, * on obtient de6 tons plus ou moins foncĂ©s. Toutes ces prĂ©parations se mĂ©langent entre elles; elles se superposent mĂȘme, et, appliquĂ©es au pinceau elles fournissent, aprĂšs cuisson, les nuances les plus Ă©clatantes. Il est urgent de bien connaĂźtre l’épaisseur Ă  laquelle chaque couche doit ĂȘtre Ă©tendue ; il faut encore Ă©viter toute poussiĂšre qui ferait des taches en accumulant sur certains points des inĂ©- galitĂ©s de matiĂšre colorante. On cuit dans les conditions des autres peintures. » Chromolithographie. La section française a permis d’étudier d’intĂ©ressants rĂ©sultats d’impression en couleur. La chromolithographie prĂ©sente dans l’exposition de M. MacĂ© une certaine importance; depuis longtemps on sait imprimer sur les poteries ou sous glaçure comme pour les faĂŻences, ou sur glaçure comme pour les porcelaines. Mais c’est seulement dans ces derniĂšres annĂ©es qu’on a pu faire l’application Ă  cette sorte de dĂ©coration de la chromolithographie. La gravure en creux ne permet pas le mĂȘme genre de travail, et d’ailleurs elle est beaucoup trop coĂ»teuse. Un ouvrier lithographe, du nom de Mangin, conçut le projet d’appliquer la chromolithographie Ă  la peinture sur porcelaine. Il trouvadanslespratiquesdel’ PRODUITS CÉRAMIQUES. 507 temps par M. MacĂ© et quelques autres dĂ©corateurs, comme M. PrĂ©vost, le moyen de rĂ©aliser son idĂ©e. Plusieurs planches repĂ©rĂ©es convenablement donnent sur une seule et mĂȘme feuille de papier une succession de nuances, ou juxtaposĂ©es ou superposĂ©es, de maniĂšre Ă  former un dessin colorĂ©. L’encrage de la pierre se fait au vernis. Le papier est encollĂ© avec une prĂ©paration glutineuse particuliĂšre. Lorsque le vernis est encore frais, on saupoudre l’épreuve avec de la couleur en poussiĂšre impalpable, qui n’adhĂšre que sur les points chargĂ©s de vernis. On complĂšte l’adhĂ©rence par un passage Ă  la presse. On superpose ainsi toutes les couleurs, en commençant par les plus foncĂ©es pour terminer par les plus claires, gĂ©nĂ©ralement plus dĂ©licates; elles seraient altĂ©rĂ©es par les autres, si l’on opĂ©rait inversement. Un seul dĂ©calcage suffit. Le papier imprimĂ© par masses, prĂ©parĂ©es Ă  l’avance, peut ĂȘtre conservĂ© et livrĂ© aux dĂ©corateurs ou fabricants affranchis de la sorte de l’embarras du tirage et de la gravure. Il est vraisemblable que cette impression rentrera un jour ou l’autre dans les attributions des lithographes. En Angleterre dĂ©jĂ , les dorures imprimĂ©es sont spĂ©cialisĂ©es entre les mains d’industriels qui vendent des papiers imprimĂ©s en or; le fabricant ou le dĂ©corateur n’a plus qu’à dĂ©tremper le papier, faire le transport et cuire. Quelques tentatives de chromolithographies ont Ă©tĂ© faites en Allemagne, mais les rĂ©sultats exposĂ©s font voir que cette application y est encore Ă  l’état rudimentaire. En Angleterre, onest beaucoup plus avancĂ©, quoique les procĂ©dĂ©s dilfĂšrent en plusieurs points. On n'a plus recours Ă  la lithographie. Les planches sont Ă  saillies contournĂ©es suivant les dessins qu’il faut obtenir, et l’on se sert de clichĂ©s Ă  reliefs, qui se chargent au rouleau. L’encrage est fait avec la couleur elle-mĂȘme. On n’a pas la mĂȘme nettetĂ© que par les procĂ©dĂ©s français; au reste, comme les impressions anglaises se font gĂ©nĂ©ralement sans glaçure, et pour des couleurs dites fluantes, la nettetĂ© n’est pas une condition que l’on recherche d’une maniĂšre absolue. Guillochages. Le tour Ă  guilloclier, employĂ© depuis longtemps pour faire sur des bijoux des dessins rĂ©guliers, est appliquĂ© maintenant Ă  la dĂ©coration des porcelaines. M. Daniel a fait au tour Ă  guilloclier une sĂ©rie intĂ©ressante de tasses dĂ©corĂ©es. La 508 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. tasse Ă©tant chargĂ©e d’un fond de couleur, la pointe du burin, montĂ©e sur le tour, forme un trait rĂ©gulier qui dĂ©pend de la forme de la rosette. EmployĂ© dans des conditions dĂ©terminĂ©es pour de petites piĂšces dites la main, ce procĂ©dĂ© permet une rĂ©gularitĂ©, une finesse de traits qu’on n’obtiendrait, en dehors des moyens mĂ©caniques, qu’avec les plus grandes difficultĂ©s. RĂ©serves et enlevages. La pose des fonds offre souvent de grandes difficultĂ©s quand ces fonds sont chargĂ©s d’ornements qu’il faut enlever ou rĂ©server. On sait comment se font ordinairement ces rĂ©serves ou ces grattages. Un dĂ©corateur d’origine française, M. GrĂ©goire, vient d’importer en France quelques modifications intĂ©ressantes aux procĂ©dĂ©s de pose des fonds avec rĂ©serve. Elles permettent d’obtenir facilement, promptement et sĂ»rement la pose des fonds parfaitement unis, en rĂ©servant certaines finesses et des espaces libres sur lesquels on peut aprĂšs coup peindre ou dorer, ou sur lesquels on a dĂ©jĂ  peint, quand le fond se place seulement pour cuire au second feu, c’est-Ă -dire au feu de retouche. Les parties que l’on veut rĂ©server sont couchĂ©es, sans prĂ©caution autre que celle de ne pas dĂ©border les portions Ă  couvrir, avec un liquide soluble Ă  l’eau, composĂ© de sucre et d’amidon lĂ©gĂšrement colorĂ© par un suc d’une substance vĂ©gĂ©tale, ordinairement du carmin de cochenille; lorsque ce liquide s’est ressuyĂ© et qu’il n’est plus poisseux, on le surcharge d’un mordant qu’on applique avec la queue de morue sur toute la surface en recouvrant Ă  peu prĂšs Ă©galement les parties dĂ©jĂ  chargĂ©es du premier mĂ©lange. On Ă©tend la matiĂšre grasse huile de lin avec un petit sachet ou tampon de mousseline ou de soie trĂšs-fine dans l’intĂ©rieur duquel on a mis du coton ou de la ouate; on se sert de ce sachet comme on le ferait d’un putois; mais on a cet avantage que le grain du putois n’existe plus et que le fond est parfaitement uni. Quand le mordant s’est Ă©talĂ© sur lui-mĂȘme, ce qui se fait ordinairement dans une Ă©tuve Ă  l’abri de toute poussiĂšre, et qu’il reste encore poisseux, on pose la couleur Ă  l’état de poudre impalpable; elle adhĂšre complĂštement sur toutes les parties gluti- neuses. La couleur est Ă©tendue en la frottant Ă  sec par saupoudration sur la poterie, Ă  une seule fois pour les tons clairs, Ă  deux reprises pour les couleurs foncĂ©es ; quand il s’agit de dĂ©corer de 609 PRODUITS CÉRAMIQUES. fonds bleus la porcelaine tendre ou la faĂŻence fine, on se borne Ă  saupoudrer d’oxyde de cobalt la piĂšce mordancĂ©e; la glaçure, sous l’influence de la chaleur, dissout cet oxyde et lui fait acquĂ©rir sa coloration bleue caractĂ©ristique. Lorsque le mordant abreuvĂ© de couleur est suffisamment sec, on humecte la piĂšce avec de l’eau. La couleur se dĂ©laye partout oĂč la rĂ©serve soluble dans l’eau forme la partie infĂ©rieure de la couche, et en facilitant le dĂ©trempage avec quelques flocons de coton, on fait apparaĂźtre le dessin qu’on a voulu rĂ©server. Depuis mon retour de Londres, j’ai fait quelques essais qui m’ont complĂštement rĂ©ussi. J’emploie comme rĂ©serve le mĂ©lange suivant qu’on amĂšne Ă  consistance voulue Eau. 20 ou dextrine. . 10 .. 5 Craie. .. 5 Fuschine.. . . laque de garance. ... 5 La matiĂšre grasse employĂ©e comme mordant n’est autre chose que l’huile de lin siccative dont font usage les artistes qui peignent Ă  l’huile. Cette mĂ©thode, employĂ©e d’une maniĂšre courante chez M. MacĂ©, d’Auteuil, est d’importation anglaise; nous ne pouvons donner le nom du fabricant qui le premier a mis en usage ce procĂ©dĂ© dans le Stafl'ordshire. Elle est plus pratique et plus expĂ©ditive que celle qui consiste Ă  mettre sur le fond dĂ©jĂ  posĂ© une couche huileuse colorĂ©e par de la cochenille ou de la laque, et dont l’effet est de dĂ©layer la matiĂšre rĂ©sineuse qui rend adhĂ©sive, sur les parties qu’il faut dĂ©nuder, la couleur du fond. Ce dernier procĂ©dĂ©, trouvĂ© par M. PlĂ©e, dĂ©corateur de Limoges, est celui qu’on emploie gĂ©nĂ©ralement en France. Il a Ă©tĂ© perfectionnĂ© Ă  la Manufacture de SĂšvres, oĂč l’on a remplacĂ© la matiĂšre huileuse huile d’Ɠillette ou de noix par de l’essence de lavande ou d’aspic. Ces essences dĂ©layent facilement les fonds posĂ©s depuis longtemps et trop secs, ce que ne fait que lentement le mĂ©lange de M. PlĂ©e. Couleurs vitrifĂźables. La restauration, Ă  SĂšvres, de la fabrication de l’ancienne porcelaine, rapprochant dans les mĂȘmes magasins des peintures sur pĂąte dure et des dĂ©corations sur pĂąte tendre, a mis en Ă©vidence toute la supĂ©rioritĂ© de cette derniĂšre au point fil'J EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. de vue dĂ©coratif. Des tentatives intĂ©ressantes ont Ă©tĂ© faites pour ajouter plus de brillant aux porcelaines dures, et l’Exposition de 1862 prouve qu’à cet Ă©gard des progrĂšs rĂ©els ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Les couleurs cuites Ă  la tempĂ©rature qu’on nomme demi-grand feu Ă©taient rĂ©servĂ©s autrefois seulement pour des cas spĂ©ciaux, celui des fonds sur lesquels on devait appliquer de la dorure; elles sont employĂ©es maintenant aux peintures dĂ©coratives, et la voie nouvelle dans laquelle on est entrĂ© ne peut tarder Ă  porter ses fruits. On est d’accord pour regarder les peintures allemandes comme plus brillantes que les peintures françaises. Il y a surtout une Ă©cole Ă  Munich qui reproduit les tableaux Ă  l’huile avec un glacĂ© parfait. Quoique l’excĂšs du glacĂ© puisse paraĂźtre un dĂ©faut, nous devons dire comment on peut l’obtenir. On attribuait Ă  la composition des couleurs cette belle rĂ©ussite. Les observations qui suivent tendent Ă  corriger cette erreur; elles sont d’ailleurs conformes Ă  des dĂ©ductions tirĂ©es d’analyses que j’ai faites sur des matĂ©riaux que j’ai reçus directement d’Allemagne. En effet, j’ai trouvĂ© dans le fondant gĂ©nĂ©ral et le fondant de pourpre dont on fait usage Ă  Meissen les rĂ©sultats que je rapproche des analyses des fondants similaires anglais. Quant aux couleurs anglaises, on sait que leur rĂ©ussite tient principalement Ă  la nature des vernis sur lesquels on les applique, vernis ordinairement plombeux et plus fusibles que la couverte des porcelaines dures. J’ai trouvĂ© dans ces fondants, les uns servant aux gris et rouges, les autres aux pourpres et carmins Gris et rouges. Pourpres et carmins. Perle au feu. 1 allemand 0,00 * anglais 2,50 » allemand 0,00 »! anglais 1,40 Silice. 25,00 — 20,00 — 30,00 — 30,00 Alumine. 1,00 — traces — 0,60 — traces Oxyde de plomb..... 14,00 — 55,11 — 16,20 — 44,00 Soude . 0,00 — 6,51 — 11,20 — 1,50 Potasse. 1 races — 0,00 — traces — traces Oxyde de fer. traces — 0,30 — traces — 0,35 Gliaux. traces — 0,25 — traces — 0,25 Acide borique. 0,00 — 15,18 — 36,00 — 11,50 100,00 — 100,00 — 100,00 — 100,00 PRODUITS CÉRAMIQUES. 511 On trouve en simplifiant i * » M Sable. 25,00 — 22,00 — 80,00 — 30,00 Minium. 75,00 — 55,00 — 16,00 — 45,00 ; Borate de soude. 0,00 — 22,00 — 53,00 — 25,00 L’analyse n° 1 correspond au fondant rocaille employĂ© chez nous; il est plus dur que les fondants dont on fait usage dans la palette ordinaire. L’analyse n° 2 correspond Ă  peu prĂšs au fondant aux bleus usitĂ©s Ă  SĂšvres, dans lequel on aurait doublĂ© la dose de borax; il est plus tendre que notre fondant. L’analyse n° 3 correspondrait au fondant de carmin employĂ© chez nous, dans lequel on augmenterait le plomb en faisant usage des rapports 31 5 au lieu de 3 1 5. Enfin, l’analyse n° 4 reprĂ©sente un fondant de pourpre dans lequel on aurait interverti les doses du minium et du borax on trouve les rapports 463 au lieu de 4 3 6. Ce dernier fondant doit ĂȘtre plus fusible que celui que nous employons; mais il n’entre qu’excep- tionnellement dans la palette du peintre de porcelaine. On voit ainsi qu’on peut prĂ©parer une palette assez riche mĂȘme pour la peinture des fleurs, sans grande modification des couleurs actuelles. En Ă©liminant parmi les couleurs celles qui sont trop altĂ©rables, en changeant quelques fondants, le problĂšme recevrait une solution certaine. Le plus grand obstacle sera de prĂ©parer les couleurs d’or pour qu’elles rĂ©sistent Ă  l'intensitĂ© du demi-grand feu. Il est Ă  remarquer qu’il suffit pour tourner la difficultĂ© de mĂȘler le chlorure d’or avec une substance inerte capable de se colorer en rose sous l’influence de la chaleur et de faire entrer cette substance comme oxyde dans la composition de la couleur. Cette mĂ©thode de faire varier la nuance et la soliditĂ© des couleurs d’or peut devenir susceptible de plus d’une application. Je pense avoir prochainement Ă  donner denouveaux dĂ©tails sur la prĂ©paration des couleurs tirĂ©es de l’or. Ces rĂ©sultats prouvent que la composition des couleurs ne diffĂšre pas sensiblement de .celle qu’on adopte en France et Ă  SĂšvres en particulier. On cuisait plus fort en Allemagne que chez nous; c’est lĂ  la seule diffĂ©rence qu’on doive constater. Cuisson des peintures. La cuisson des poteries peintes est nĂ©cessaire pour faire adhĂ©rer les couleurs et dĂ©velopper les nuances 512 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. quelles possĂšdent. On remarque chez les Anglais une trĂšs-belle fusion, et surtout l’absence de taches et de poussiĂšres trop frĂ©quentes sur les porcelaines du confinent. On appelle moufles les fours spĂ©ciaux dans lesquels on cuit les peintures et la dorure, en gĂ©nĂ©ral toutes les dĂ©corations vitri- fiables. Les moufles employĂ©es en Angleterre diffĂšrent beaucoup des nĂŽtres. On sait qu’en France les moufles se composent d’une sorte de caisse en terre cuite formĂ©e soit d’un seul morceau, soit de tuileaux placĂ©s de champ; dans ce cas, ils sont assemblĂ©s et ne forment qu’un tout. Au-dessous de cette caisse se trouve un foyer plus ou moins profond avec grille et cendrier; sur la grille on place le combustible; c’est ici du bois, h moins qu’il ne s’agisse de brĂ»ler les graisses et essences grasses dont on a fait usage, par exemple dans l’impression des faĂŻences. Avec cette disposition, l’ouverture de la moufle et l’entrĂ©e des foyers sont ouvertes du mĂȘme cĂŽtĂ©, et la conduite du feu, comme l’em- mouflement et le dĂ©mouilement, peuvent se faire, par le mĂȘme personnel. S’il y a quelque avantage au point de vue de certaines Ă©ventualitĂ©s, il faut quelquefois regretter des dĂ©fectuositĂ©s provenant des taches que les cendres peuvent occasionner. En Angleterre les moufles sont placĂ©es sous de vĂ©ritable fours overi, analogues Ă» ceux qui couvrent les appareils Ă  cuire les poteries; elles ont des dimensions variables et sont en nombre plus ou moins considĂ©rable suivant leur dimension. Les foyers sont disposĂ©s au rez-de-chaussĂ©e dans une grande halle, les uns Ă  droite, les autres Ă  gauche, d’autres en face de la porte d’entrĂ©e. Les foyers d’une mĂȘme rangĂ©e chauffent une mĂȘme moufle placĂ©e perpendiculairement Ă  la direction de la grille sur laquelle on brĂ»le du charbon de terre. On ne trouve l’accĂšs des moufles que dans un espace distinct qui ne communique pas avec la chambre de chauffage. On n’a donc Ă  craindre ni fumĂ©e, ni poussiĂšres, ni cendres. Les portes des moufles sont en fonte et Ăč deux battants au milieu desquels on rĂ©serve deux ouvertures fermĂ©es par des plaques de fer mobiles dans des coulisses, comme les petites portes de nos poĂȘles de faĂŻence commune. Elles servent Ă  quitter le feu. On cuit au moyen de carmin Ă©tendu sans prĂ©caution avec le doigt sur un tesson. Les dimensions des moufles sont variables avec leur place sous PRODUITS CÉRAMIQUES. 513 le four; elles ont 2 ou 3 ou 4 alandiers distincts les moufles Ă  4 foyers ont gĂ©nĂ©ralement Prorondeur...de 2 m ,83 Ă  2 m ,97 Largeur. 1 ,05 5 1 ,10 Hauteur 5 la voftlc. > ,47 Ăźi 1 ,52 Elles sont en plein cintre. En moyenne on trouve qu’elles consomment au feu de carmin regulav Kiln Ees plus grandes Ă  4 alandiers, 1,200 kilogr. de charbon. Les moyennes Ă  3 alandiers, 900 kilogrammes. Les plus petites Ăč 2 alandiers, 750 kilogrammes. On n’attend pas pour faire le feu que la moufle soit pleine; on cuit le jour et on dĂ©tourne le lendemain. Ces moufles sont dans un bon Ă©tat de conservation. Quand on cuit des couleurs de grand feu, on ne fait usage que des petites et des moyennes moulles ; elles consomment alors Les moufles Ă  2 alandiers, 900 kilogrammes. Les moufles Ă  3 alandiers, 1,000 kilogrammes. Les piĂšces Ă  cuire sont supportĂ©es par des plaques comme dans un enfournement en chapelles; les plaques sont sĂ©parĂ©es par lits horizontaux au moyen de colonnes placĂ©es de telle sorte que les piliers verticaux se correspondent. Les assiettes sont cuites dans des espĂšces de support Ă  trois pieds placĂ©s les uns sur les autres. Le fond de ces supports porte soit un renflement triangulaire, soit un creux triangulaire aussi, qui remplace les pernettes ou pattes de coq. Les assiettes sont ainsi placĂ©es horizontalement; elles ne cassent pas Ă  cause de la lenteur avec laquelle la chaleur se propage Ă  travers les parois qui ont jusqu’à 55 mill. d’épaisseur. Les tasses et autres piĂšces sont cuites sur des pernettes, ou sur des plaques de terre qui forment chapelle. I C. l’RODUlTS NOUVEAUX. Quelque avancĂ©s que soient les procĂ©dĂ©s cĂ©ramiques, on trouve toujours Ă  chaque Exposition nouvelle des produits qui frappent non pas prĂ©cisĂ©ment par un caractĂšre d’absolue nouveautĂ©, mais au moins par une certaine originalitĂ©. L Exhibition III. 33 SI4 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. de Londres a permis aux amateurs de cĂ©ramique de constater des progrĂšs sĂ©rieux en deliors de ceux qui peuvent ĂȘtre rattachĂ©s plus directement Ă  l’art pur. J’ai dĂ©jĂ  parlĂ© des objets que la Manufacture de SĂšvres avait exposĂ©s et qui doivent leur caractĂšre particulier Ă  l’introduction d’une certaine sĂ©rie d’oxydes non encore employĂ©s jusqu’à ce jour. On trouve dans l’Exposition anglaise d’autres produits qui doivent leur mĂ©rite Ă  la nature de la matiĂšre choisie pour les fabriquer. Parian ou Paros. — On a pu voir avec intĂ©rĂȘt l’extension que prend en Angleterre la pĂąte dite parian , et les spĂ©cimens remarquables offerts au choix du public par M. Copeland. Cette matiĂšre est d’une nuance jaunĂątre agrĂ©able; elle sĂ©duit beaucoup plus que les biscuits si froids de notre porcelaine, comme ne le prouve que trop l’exposition de M. Gille; elle a reçu dans les ateliers de M. Copeland une destination toute princiĂšre; elle y est appliquĂ©e avec discernement Ă  la reproduction des marbres antiques. On citera, nous n’en doutons pas, la VĂ©nus de Milo, dont la nuance et le poli sont irrĂ©prochables. Nous avons encore remarquĂ© dans ce genre un buste de l’Apollon du BelvĂ©dĂšre, par M. Brown-Wes- thead, de Hanley. Le parian se prĂ©sente avec des caractĂšres de rĂ©ussite exceptionnelle, lorsque aprĂšs l’avoir mis en glaçure et cuit, on use la surface soit Ă  la meule, soit Ă  l’acide tluorhydrique; il en rĂ©sulte une poterie d’un grain fin de l’aspect le plus flatteur. Ivoire. — On sait que le parian est une sorte de porcelaine qu’on prĂ©pare avec du feldspath gĂ©ologiquement pur, additionnĂ© d’une matiĂšre plastique dont l’addition est nĂ©cessaire pour faciliter le façonnage. La teinte jaune de ce produit est le rĂ©sultat de l’état d’oxydation du fer que les Ă©lĂ©ments de la pĂąte contiennent naturellement. En exagĂ©rant un peu la nuance jaune du Parian, en choisissant, pour en composer la pĂąte, du feldspath un peu plus ferrugineux, en maintenant trĂšs-oxydante la constitution de l’atmosphĂšre de cuisson, on a fait une pĂąte trĂšs-remarquable; c’est une imitation trĂšs-exacte de l’ivoire. L’exposition de M. Grainger renferme de charmants petits vases dĂ©coupĂ©s Ă jouretdes boĂźtes 515 PRODUITS CKRAMKJUKS. Ă  bonbons du plus bel effet. Cette mĂȘme pĂąte, imitant l’ivoire se trouve Ă©maillĂ©e dans la vitrine de M. Kerr de Worcester. Terres noires modes Ă  dessins brillants. — Sir James Duke a, comme nouveautĂ©s que nous pouvons citer encore, des fonds trĂšs-brillants et des dessins de mĂȘme teinte, glacĂ©s, enlevĂ©s sur fond mat. Ces dĂ©cors, qui rappellent les Ă©trusques, auxquels d’ailleurs ils ont empruntĂ© leurs contours et leurs formes, sont faciles Ă  reproduire. Les pĂątes colorĂ©es en noir sont recouvertes de vernis qui avive la nuance de la pĂąte. On trace la silhouette, puis on enlĂšve, en usant ou de toute autre maniĂšre, par exemple en rongeant Ăą l’acide fluorhydrique liquide ou gazeux, les parties que l’on veut rendre mates. Peinture au crayon. — Je crois pouvoir signaler aux fabricants français comme piĂšces d’une confection intĂ©ressante et principalement comme poteries qu’ils pourront facilement reproduire, des terres cuites peintes sous glaçure, qui sont d’un glacĂ© trĂšs-brillant. Un trait fait sur le biscuit lui-mĂȘme avec un crayon composĂ©, donne une silhouette d’ensemble qu’il suffit d’ombrer ou de modeler avec des couleurs dures pour avoir un travail complet. Le ton clair delĂ  pĂąte forme, sans autre artifice, l’extrĂȘme lumiĂšre des figures. Ce travail au crayon, trĂšs-remarquable, dont nous avons trouvĂ© des traces dans une exposition d’Allemagne, celle de M. Muller, de Berlin, peut accomplir une rĂ©volution et donner au potier les ressources d’une sorte de pastel, s’il sait prĂ©parer des crayons de couleurs variĂ©es. Or, il n’y a pas de difficultĂ© sĂ©rieuse. Une boĂźte de pastels convenables permettra donc Ă  l’artiste, dĂ©barrassĂ© de toute prĂ©occupation de mĂ©tier, de dessiner sur dĂ©gourdi, et de substituer ainsi Ă  la dĂ©coration monumentale faite au moyen de la mosaĂŻque, de vĂ©ritables peintures murales Ă©galement inaltĂ©rables. Cuites et passĂ©es sous une couche de matiĂšre vitreuse et transparente, ces peintures constitueront une sorte de fixĂ© comparable aux anciens Ă©maux; l’excipient mĂ©tallique serait rem- P a cĂ© par un excipient de terre cuite. La belle aiguiĂšre de M. Minton et le plateau qui la reçoit sont aits par ces procĂ©dĂ©s. Il est donc possible de faire plus que n’avait rĂȘvĂ© M. Muller; dans son esprit, ses crayons ne devaient servir qu’à dessiner sur 516 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. un fond vert ou brun , pour modeler des objets dont la lumiĂšre devait ĂȘtre obtenue par un grattage convenable. Je suppose qu’on pourrait encore dessiner avec ces crayons sur des papiers Ă  imprimer et transporter comme on le fait dans la gravure ordinaire. II est vraisemblable d’admettre que les matiĂšres qui servent Ă  confectionner les crayons lithographiques cire, savon et gomme laque, additionnĂ©es de couleurs vitrifiables donneront d’excellents crayons propres Ă  remplir le but que j’indique ici. PĂątes marbrĂ©es. — Les terres cuites Ă  pĂąte marbrĂ©e recouvertes de glaçures colorĂ©es conduisent aux piĂšces queM. Minton appelle malachite, porphyre, et azulite. L’industrie française peut Ă  son tour s’enrichir de ces nouveautĂ©s et surmonter les difficultĂ©s matĂ©rielles que ces fabrications doivent rencontrer. Les Belges nous ont appris Ă  faire des pĂątes de diverses nuances qui, par un mĂ©lange imparfait donnent des Ă©bauches rubannĂ©es; ces irrĂ©gularitĂ©s qui semblent dues au hasard peuvent ĂȘtre savamment prĂ©parĂ©es et conduire Ă  des rĂ©sultats remarquables. On augmente la variĂ©tĂ© de ces rĂ©sultats en recouvrant ces poteries dont la pĂąte est fine de glaçures monochrĂŽmes vertes, bleues, brunes, jaunes, violettes, etc., colorĂ©es dans la masse. La rĂ©action qui se produit entre les glaçures et les oxydes qui forment les veinules de la masse accuse d’une façon originale des modifications de nuances. Il est facile de tirer parti de ces observations surtout dans l’ornementation extĂ©rieure, vases de jardins, de terrasses, de vestibules, etc., etc. C’est ainsi que M. Minton obtient ses poteries malachite, porphyre , azulite,etc. C’est assurĂ©ment pour Ă©tablir des poteries de ce genre qu’on peut utiliser le borate de chaux et de soude dont nous avons parlĂ© dĂ©jĂ  p. 491. Voici, Ă  titre de renseignement une sĂ©rie de colorations qui peuvent servir de bases Ă  d’autres Ă©maux de couleur Dieu. Vert. Brun. Jaune. Sable ou feldspath. . - 1000 — 1000 Minium. - 1500 — 1500 Borate de chaux. - 500 — 500 Oxvde de cobalt . 40 — _ y U Oxyde de cuivre. — B — a Oxyde de fer. - 200 — a Chromate de potasse. - B - 25 PRODUITS CÉRAMIQUES. 517 On fond et on coule; on applique ensuite soit au pinceau, soit pur immersion. 7. produits d’art; poteries dĂ©coratives. Les produits cĂ©ramiques sont de ceux qui peuvent ĂȘtre envisagĂ©s sous les faces les plus nombreuses. S’agit-il de dĂ©terminer la valeur de ces objets comme qualitĂ©, comme commoditĂ©, comme produit commercial, on peut facilement tomber d’accord; car, dans une certaine mesure, ces qualitĂ©s se rapportent Ă  des types que chacun accepte. Il est loin d’en ĂȘtre de mĂȘme, quand on aborde la question de bon goĂ»t. Ici rien d’absolu; ce qui plaĂźt Ă  l’un dĂ©plaĂźt Ă  d’autres; rarement une mĂȘme piĂšce rĂ©siste-t-elle Ă  toutes les critiques. Je n’ai pas donc pas la pensĂ©e de juger Ă  ce point de vue, et dans ce recueil, les Ɠuvres exposĂ©es Ă  Londres en 1862 ; c’est une prĂ©tention qui siĂ©rait mal Ă  mes tendances; je me bornerai, pour terminer mes apprĂ©ciations et pour combler une lacune qu’on ne manquerait pas de remarquer, Ă  citer les genres que le public semble le plus particuliĂšrement rechercher. Le goĂ»t du jour pousse les amateurs vers les faĂŻences et les terres cuites dĂ©coratives. En Angleterre, comme en France, ce courant semble irrĂ©sistible il entraĂźne les uns aprĂšs les autres tous les fabricants. t Poteries anglaises. La cour anglaise fait surtout apparaĂźtre les efforts qu’on a fait dans ce sens depuis la premiĂšre Exposition universelle. M- Minton, seul en 1851, s’était vu disputer dĂ©jĂ , en 1855, la premiĂšre place par MM. Copeland, RoseetKerr de Worcester ; en 1862, on voit chez MM. Wedgwood d’Étruria, Grainger 1 de Wor- I. M. Grainger nous a paru devoir Être citĂ© d’une maniĂšre toute particuliĂšre l J °ur ses faĂŻences fines; leur blanc est parfait; leur pĂąto a donnĂ© Ă  l’analyse. Perte au feu. Silice.,.,. Alumiue. Oxyde de fer.... i .30 Chaux. Potasse. Soude. On \oil que les matĂ©riaux employĂ©s Ă  cette fabrication sont assez purs. C’est Ă  5IS EXPOSITION UNIVERSELLE UE LONDRES. cester, sir James Duke de Burslein, une tendance artistique bien marquĂ©e et le dĂ©sir d’enlever Ă  MM. Minton, CopelandetKerr, une partie de leur clientĂšle aristocratique. Les services, Ă  cet Ă©gard, que peuvent rendre Ă  l’Angleterre les artistes potiers qui figurent parmi nos exposants, ont Ă©tĂ© gracieusement reconnus par les jurĂ©s anglais, qui n’ont pas montrĂ© vis-Ă -vis d’eux la sĂ©vĂ©ritĂ© qu’on aurait pu redouter de la part de juges reprĂ©sentant une nation des plus habile dans l’art de travailler la terre. L’exposant anglais, qui est encore restĂ© supĂ©rieur Ă  tous les autres, malgrĂ© la valeur artistiqĂŒe qu’on remarque chez M. Cope- land, est toujours M. Minton, qui occupe le premier rang par la variĂ©tĂ© de sa fabrication, par les mille sujets divers qu’il expose en earthenware de toutes sortes, en majolique, en terra cotta, en porcelaine tendre anglaise, en porcelaine tendre française, en poteries vernissĂ©es, en carreaux imprimĂ©s ou incrustĂ©s. Le caractĂšre principal de l’exposition de MM. Wedgwood est tirĂ© des jaspes que le cĂ©lĂšbre Wedgwood a le premier créés et que ses descendants n’ont pas cessĂ© de faire. NĂ©anmoins, cette fabrication ne leur a pas paru suffisante; Ă  la fabrication de la pĂąte lĂ©gĂšrement jaunĂątre que les Anglais nomment cream colour ou queens ware, MM. Wedgwood ont ajoutĂ© celle des faĂŻences peintes ; ils ont fait appel aux talents de M. Lessore, dont on a retrouvĂ© les travaux chez M. Minton et dans quelques autres expositions de nĂ©gociants qui, comme Goode et Phillips, achĂštent Ă  Stoke- on-Trent les produits dont sont dĂ©corĂ©s leurs magasins de Londres. La terre de pipe de Wedgwood, cuite en vernis, peut parfaitement recevoir un second feu sans qu’elle se gerce ou tressaille comme le fait la faĂŻence commune Ă  glaçure stannifĂšre. M. Lessore fait donc sur ces piĂšces au feu de moufle de la peinture qui, largement touchĂ©e, produit un bel effet. Nous pourrons citer dans ce genre deux vases Ă  dessins lĂąchĂ©s, obtenus sans frais par l’oxyde de Ter qu’il faut attribuer la coloration des autres faĂŻences; cet oxyde est l’un des plus importants Ă  doser dans les analyses du genre de celle qui prĂ©cĂšde. Je mentionne pour mĂ©moire des traces de phosphate; tous les kaolins, comme la plupartdes roches d’origine ignĂ©e, donnent, comme on le sait, la rĂ©action de l'acide phosphorique quand on essaie par le molybdale d’ammoniaque les produifs qui rĂ©sultent de leur attaque par la fusion au carbonate de soude. PRODUITS CÉRAMIQUES. 319 les aplats bleus, modelĂ©s en demi-teinte avec un trait pour limiter les contours et quelques coups de grattoir pour retrouver les lumiĂšres. Les expositions de M. Kerr de Worcesleer sont remarquables par leurs imitations d’émaux de Limoges, reliefs blancs sur fond Lieu; les blancs sont bien gras, sans tressaillures ni Ă©cailles; ce genre, autrefois caractĂ©ristique de la manufacture royale de Worcester, se retrouve actuellement sans dĂ©faut dans les expositions de MM. Minton et Copeland. MM. Battam et fds ont une spĂ©cialitĂ© dans l’imitation des Ă©trusques ou vases italo-grecs. Quelques-uns sont d’une exactitude remarquable. Poteries françaises. La section française offrait Ă  Londres une variĂ©tĂ© d’objets auxquels nous n’étions pas habituĂ©s. Les poteries dĂ©coratives Ă©taient surtout trĂšs-diverses. A cĂŽtĂ© de quelques piĂšces de M. Avisseau de Tours, les faĂŻences de M. Jean, de M. Pinart, de M. Devers, de M. Lavalle, et de M. Laurin, se prĂ©sentaient avec des caractĂšres bien diffĂ©rents; les porcelaines de M. Rousseau et les poteries de M. Deck ont certainement ouvert des voies qui ne seront pas perdues pour nos voisins. M. Avisseau fait des imitations intĂ©ressantes des rustiques de Bernard Palissy. Il continue la rĂ©putation de son pĂšre. M. Jean fabrique de la faĂŻence dĂ©corative. Ses peintures, exĂ©cutĂ©es sur Ă©mail, sont recouvertes d’une couche vitreuse qui donne Ă  ses productions un brillant trĂšs-remarquable. On a citĂ© les vases fond bleu avec rondes d’enfants en camaĂŻeu violacĂ© rehaussĂ© de blanc. M. Pinart excelle dans la peinture des faĂŻences exĂ©cutĂ©es sur Ă©mail cru, art trĂšs-difficile, qui conserve aux poteries leur caractĂšre Ă©minemment cĂ©ramique. M. Devers s’est constituĂ© le continuateur de Lucca dĂ©lia Robbia. M. Lavalle fait des plats d’une dimension considĂ©rable. Plu- Sleurs spĂ©cimens dĂ©corĂ©s en bleu prouvent une grande habiletĂ©. M. Laurin, qui s’est associĂ© dĂšs longtemps aux premiĂšres e preuves deM. Lessore, dĂ©core les faĂŻences Ă  glaçure stannifĂšre. M. Deck affectionne les magnifiques productions arabes; il a fait ressortir les avantages que le style p ersan permet d’introduire dans les dĂ©corations extĂ©rieures. 520 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Tel est l’ensemble que les potiers français ont envoyĂ© pour briller au concours. Us ont rĂ©ussi, sans doute; mais il n’est pas inutile de considĂ©rer la question sous une seconde face. L’habiletĂ© des Anglais dans les arts cĂ©ramiques leur permettra sans peine d’amener Ă  la derniĂšre perfection les imitations des modĂšles qui viennent de leur ĂȘtre prĂ©sentĂ©s; il est donc Ă  craindre qu’ils ne laissent loin derriĂšre eux leurs maĂźtres d'aujourd’hui. Le danger nous paraĂźt sĂ©rieux. La fabrication des poteries, quelles qu’elles soient, comporte, non-seulement l’art, qui est la pensĂ©e, mais la matiĂšre qui devient le corps, la forme que revĂȘt cette pensĂ©e. A part quelques-uns parmi ceux que nous venons de nommer, comme MM. Pinart, Jean, Lavalle, qui connaissent parfaitement le mĂ©tier, qui sont initiĂ©s aux connaissances si nĂ©cessaires aux cĂ©ramistes, il en est qui ont trop nĂ©gligĂ© la partie pratique de leur art, celle par laquelle et Ă  cause de laquelle leur Ɠuvre durera. A ceux-lĂ , s’ils ne veulent pas ĂȘtre distancĂ©s, nous conseillons d’emprunter aux Anglais leur grande habiletĂ©, leur persĂ©vĂ©rance, leur intelligence complĂšte de toute la science cĂ©ramique. L’Angleterre et la France ne sont pas seules Ă  comprendre le bienfait de l’application des beaux arts Ă  l’industrie. La cĂ©ramique est en Italie, en Espagne, en voie de progrĂšs; en Italie le marquis de Ginori poursuit Ă  Doccia prĂšs de Florence la renaissance d’une industrie nationale. En Espagne, la Manufacture de la Cartuja se dĂ©veloppe et prospĂšre. La Manufacture impĂ©riale de Saint-PĂ©tersbourg, avec des ressources restreintes, a de beaux spĂ©cimens de poterie artistique, et la fabrique de M. Bing et Gronsdahl, en Danemark, est une digne Ă©mule de la Manufacture royale de Copenhague. Les produits de Vienne et de Berlin ont une tendance nouvelle. Plusieurs piĂšces se ressentent des inspirations venues de SĂšvres et tĂ©moignent de l’abandon d’un passĂ© trop ancien. L’exposition prochaine ne peut manquer de mettre en relief de nombreux progrĂšs tant au point de vue de l’art qu’à celui des sciences appliquĂ©es. Paris, — Imprimerie liOUKDIER et rue Mazarinc, ao. EXAMEN COMPARATIF DES EXPOSITIONS des differents peuples suite, Pau M. II. TRESCA. Danemark. L’exposition danoise, qui renferme prĂšs de 300 exposants, est intĂ©ressante surtout en ce que les produits de l’Islande et du Groenland viennent se grouper avec ceux du royaume principal et des ducliĂ©s plus ou moins allemands de Ilolstein et de Schleswig. A en juger par l’exposition, Copenhague est une ville trĂšs-manufacturiĂšre les plus importantes sont ensuite Kiel Ilolstein et Flensborg Schleswig. Parmi les produits naturels, quelques-uns sont trĂšs-remarquables; par exemple, les magnitiques cristaux de spath d’Islande, les argiles Ă  infusoires du Jutland, la cryolite du Groenland, qui a donnĂ© lieu dans ce pays Ă  toute une industrie spĂ©ciale, et particuliĂšrement Ă  la fabrication de l’alun, de l’alumine, de l’bydrate de soude et du carbonate de soude; les cristaux de ce dernier seul, obtenus par la Compagnie miniĂšre du sud du Groenland, sont de toute beautĂ©. Les verts et les jaunes de chrome de l’usine de Flensborg, et les produits extraits, par distillation, des sables asphaltiques de Heide, prĂ©sentent le seul intĂ©rĂȘt des produits chimiques. Les produits agricoles du Danemark, et particuliĂšrement les graines, sont trĂšs-estimĂ©s aussi l’École royale d’agriculture de Copenhague et la SociĂ©tĂ© d’agriculture de Kiel ont-elles pris le soin de se faire convenablement reprĂ©senter dans cette derniĂšre localitĂ©, l’amidon se fabrique en grande usine. Les conserves, principalement celles de viandes et de poissons, constituent Ă  Copenhague et Ă  Flensborg des industries importantes, au nombre desquelles il faut encore placer celle des huiles de graines, lit. 34 522 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. des huiles de foie de morue et des huiles de poisson; le travail de la corne est encore une des spĂ©cialitĂ©s de l’Islande; et, parmi les bois du Groenland, on pourrait citer plusieurs plateaux de chĂȘne ayant jusqu’à 2 mĂštres de diamĂštre. Au nombre des curiositĂ©s de cette exposition il faut nĂ©cessairement indiquer le coton en fleur et en fruit, venu naturellement Ă  Sainte-Croix. Les laines d’Islande sont trĂšs-renommĂ©es. La deuxiĂšme section de la classification officielle Ă©tait moins bien reprĂ©sentĂ©e peu ou pas de machines agricoles ou autres; deux voitures d’une exĂ©cution douteuse, quelques modĂšles de bateaux et d’instruments de pĂȘche; un beau portrait photographique de grandeur naturelle, de l’auteur Anderson; un excellent rĂ©gulateur des successeurs de Kessel, quelques instruments de musique, peu remarquables, mais des instruments trĂšs-justement estimĂ©s de chirurgie; assez pour montrer tout Ă  la fois ce qui est fait et plus encore ce qui reste Ă  faire pour entrer dans la vie industrielle des peuples de l’Occident. Les arts textiles n’étaient rĂ©ellement bien reprĂ©sentĂ©s que par des tissus de laine, des damassĂ©s de lin et des cordages; mais les fourrures ont, dans ces contrĂ©es froides, une importance toute spĂ©ciale ; aussi les trouve-t-on sous toutes les formes, en tapis, en vĂȘtements et en ornements de toutes sortes. Les gants du Danemark n’ont pas encore la rĂ©putation de ceux de SuĂšde, maisilsne tarderont pas Ă  s’en rapprocher Ă  tous titres. Pinneberg et la capitale du Danemark possĂšdent deux usines importantes, l’une pour la confection des ustensiles de mĂ©nage en fer, vernissĂ©s, Ă©maillĂ©s ou Ă©tamĂ©s, l’autre pour la poterie d’étain. Les grandes bassines rectangulaires Ă©maillĂ©es, pour l’écrĂ©mage du lait, de CarlshĂŒtte, sont tout Ă  fait remarquables un petit vĂ©rin Ă  vis permet de leur donner facilement l’inclinaison convenable Ă  chaque moment de l’opĂ©ration. Les meubles sont en gĂ©nĂ©ral peu soignĂ©s; mais plusieurs villes, Kiel et Altona, en confectionnent de fort jolis en osier. Les albĂątres gris, mieux Ă©tudiĂ©s dans leurs formes, pourraient fournir, dans certaines circonstances, de trĂšs-bons effets d’ornementation. L’industrie des papiers est peu avancĂ©e, bien qu’on en fasse de tous genres Copenhague, comme d’autres contrĂ©es, avait aussi envoyĂ© son papier de bois. L’orfĂšvrerie, avec ses oppositions de mat et de poli, revĂȘt un EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. S23 caractĂšre spĂ©cial qui no manque pas d’originalitĂ©; la galvanoplastie et la joaillerie sont en progrĂšs. Mais ce qui, sans aucun doute, a Ă©tĂ© le plus remarquĂ© dans l’exposition danoise, ce sont les porcelaines parmi celles de la Manufacture royale, les modĂšles genre Ă©trusque, et parmi celles de MM. Bing et Grondalil, les piĂšces peintes et richement dĂ©corĂ©es. A en juger par la galerie des objets d’enseignement, le Danemark serait sous ce rapport fort avancĂ© ; ses cartes et ses globes en relief, ses prĂ©parations d’histoire naturelle, ses dessins de vĂ©gĂ©taux, etc., etc., sont tous faits dans un esprit excellent. SuĂšde et deux contrĂ©es, les plus septentrionales de l’JĂŻurope, sont administrĂ©es isolĂ©ment et avec des constitutions diffĂ©rentes, bien qu’elles obĂ©issent au mĂȘme souverain. Au point de vue industriel nous connaissons surtout, sur le marchĂ© europĂ©en, la SuĂšde par ses fers de premiĂšre qualitĂ©, la NorwĂ©ge par ses sapins; mais l’examen le plus superiieiel des produits exposĂ©s fait bien voir que les diffĂ©rences ne sont pas aussi tranchĂ©es que ce rapprochement semble l’indiquer, et que les deux pays ont, en outre, des industries qui, pour n’ĂȘtre pas aussi importantes, n’en sont pas moins dignes d’intĂ©rĂȘt. A tous les points de vue la prĂ©pondĂ©rance appartient Ă  la SuĂšde, qui ne comptait pas moins de 500 exposants, alors que le chiffre correspondant pour la NorwĂ©ge ne s’élĂšve qu’à 122 seulement. SuĂšde. C’est surtout par la mĂ©tallurgie du fer et par les sapins que l’exposition de la SuĂšde est belle. Les minerain de Stora Rlanka, de Moss, de Persberg, deLĂąngvik, deBispberg, de Stripa, de llolm, de Westcrjo, deTaberg, de Westana, de Nya Koppar- Rerg, de Norberg, de Sorskog, de Skotvang, de Forola, de Win- Skinnarang, deTuna Hastbcrg, deNora et d’Asboberg, demandent tous Ă  ĂȘtre citĂ©s parce qu'ils produisent les meil- leurs fers q U e nous connaissions et qui constituent, pour lĂ  SuĂšde, u ne incontestable supĂ©rioritĂ© sous ce rapport. Plusieurs de ces minerais sont maintenant traitĂ©s par la mĂ©thode Bessemer, ou Par le p roc Ă©dĂ© Uchatius. Nous avons peine Ă  croire qu’il convienne d e chercher dans des procĂ©dĂ©s nouveaux, dans lesquels une pi us grande proportion du mĂ©tal paraĂźt ĂȘtre bridĂ©e, une amĂ©lioration dans le prix de revient, pour des fers qui n’ont 524 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- pour ainsi dire pas de prix. Dans quelques circonstances, les fabricants suĂ©dois font des alliages de nickel et de fer qui leur ont fourni, paraĂźt-il, d’assez bons rĂ©sultats. Le cuivre, le plomb, le cobalt et le manganĂšse appartiennent aussi Ă  la mĂ©tallurgie de cette riche contrĂ©e, qui exploite encore les porphyres et les granits comme pierres de construction et d’ornementation. La stĂ©atite est employĂ©e pour le mĂȘme objet; mais on fabrique aussi, avec cette matiĂšre, de trĂšs-curieuses marmites servant aux mĂȘmes usages que nos marmites de poterie ou de fonte. La fabrication des produits chimiques ne se fait remarquer Ă  l’exposition que par le salpĂȘtre rĂ©coltĂ© dans les fermes. Quant aux produits agricoles, ils ressemblent beaucoup Ă  ceux du Danemark et de la NorvĂšge, et les Ă©chantillons de blĂ© d’automne rĂ©coltĂ©s Ă  Itters- tforss montrent jusqu’à quel point cette plante peut prospĂ©rer Ă  la latitude de 65°. Les fromages, le sucre, l’amidon, et les conserves sucrĂ©es, forment les seuls produits alimentaires de la classe 3 ; le tabac, prĂ©parĂ© pour ses diffĂ©rents emplois, joue encore un rĂŽle important dans l’agriculture suĂ©doise. Les laines sont en gĂ©nĂ©ral de belles qualitĂ©s, et voilĂ  dĂ©jĂ  que la soie pĂ©nĂštre dans ce pays qu’on croirait absolument dĂ©shĂ©ritĂ© de ce prĂ©cieux filament il s’est formĂ© Ă  Stockholm une sociĂ©tĂ© pour l’élĂšve du ver Ă  soie, et M. Rossing de Gothenburg est parvenu Ă  obtenir industriellement de la soie, non plus en nourrissant les vers avec le mĂ»rier, mais avec la scorzonera humilis, ou hispanica. Tout ce que l’on peut obtenir et vendre avec le sapin et le pin fait l’objet d’une grande industrie le bois de sapin blanc et rouge, les pignons, les cordes faites en sapin, les filaments obtenus des aiguilles, la tĂ©rĂ©benthine et ses produits accessoires, le noir de fumĂ©e y figurent chez un certaiu nombre d’exposants. Les moulures et la menuiserie de sapin de MM. Burk et Warburg dĂ©notent une fabrication trĂšs-avancĂ©e. On fait aussi, avec ce bois vefendu, une sorte de voĂŒge, large de 12 Ă  15 centimĂštres, qui est employĂ©e en toitures, le plus souvent aprĂšs avoir Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e Ă  chaud dans une dissolution de sulfate de cuivre. L’industrie des machines est trĂšs-perfectionnĂ©e en SuĂšde, grĂące sans doute au dĂ©veloppement des procĂ©dĂ©s mĂ©tallurgiques. La machine Ă  vapeur Ă  deux cylindres concentriques de l’usine de liergsund est une des plus remarquables de l’exposition, et la EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 32a machine Ă  fabriquer les clous au laminoir nous paraĂźt nouvelle dans toutes ses parties le fil qui doit ĂȘtre forgĂ© est passĂ© Ă  chaud entre deux cylindres dont les cannelures en regard vont graduellement en augmentant ; le clou est par cela mĂȘme plus laminĂ© vers la pointe, le corps va constamment en se renforçant, et lorsque ce corps a acquis la longueur convenable, le fil est coupĂ©, la tĂȘte est forgĂ©e sur place par une Ă©tampe appropriĂ©e, et l’opĂ©ration recommence, Ă  chaque tour, dans les mĂȘmes conditions. L’habiletĂ© que l’on reconnaĂźt dans ces machines principales entre aussi pour quelque chose dans la construction des instruments agricoles et la carrosserie. Il en est de mĂȘme de tous les emplois du fer et des autres mĂ©taux usuels. Les feuilles de tĂŽle qui recouvraient la proue d’un navire ont Ă©tĂ© tordues et repliĂ©es par un choc des plus violents, et cependant aucune fissure ne s’est produite, la navigation a pu ĂȘtre continuĂ©e en sĂ©curitĂ© et cette preuveparlante de la qualitĂ© du mĂ©tal n’a pas cessĂ©, pendant toute la durĂ©e de l’exposition, d’attirer l’attention d’une foule de visiteurs. Au nombre des instruments de prĂ©cision se trouvait le petit pyromĂštre avec lequel M. le capitaine Bystrom a fait rĂ©cemment un grand nombre de dĂ©terminations sur la tempĂ©rature de fusion des divers mĂ©taux et de leurs alliages, et une sĂ©rie de modĂšles pour faire comprendre les lois des ondulations lumineuses. Plusieurs calorifĂšres d’appartement en poterie vernissĂ©e, et de 3 mĂštres environ de hauteur, montrent comment on sait, dans les villes, se mettre Ă  l’abri du froid. Parmi les produits fabriquĂ©s, les soieries seules sont remarquables ; la peausserie est une des industries principales, et l’on peut citer encore la fabrication des stores, parmi lesquels une broderie en laine sur canevas Ă  jour et Ă  grandes mailles fait un trĂšs-joli effet. fin voit par ces dĂ©tails que l’industrie de la SuĂšde est beau- c °up que celle des pays limitrophes elle le doit Su ''tout Ă  la supĂ©rioritĂ© de ses produits mĂ©tallurgiques et parti- icrement de ses fers et de ses aciers. NonvĂ©gg L’exposition de la NorvcĂ©ge est beaucoup moins considĂ©rable; cependant le fer et l’acier sont Ă©galement de bonne qualitĂ©; la pyrite magnĂ©tique y est abondante, et est la plupartdu EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. ;i2fi temps trĂšs-riche en nickel; l’exploitation du cuivre donne lieu dĂ©jĂ  Ă  une exploitation fructueuse, et les mines d’argent de Kongsberg sont extrĂȘmement intĂ©ressantes cette mine est exploitĂ©e par l’État, et l’on remarque, dans son exposition, de magnifiques Ă©chantillons d’argent fibreux et en larmes, que l’on chercherait vainement ailleurs. L’huile de foie de morue et les produits rĂ©sineux du sapin forment toute l’industrie chimique de la NorwĂ©ge. Les produits vĂ©gĂ©taux les plus remarquables sont ceux de la culture et des forĂȘts de Finmarkcn, Ă  une latitude de 70° nord ; le plus abondant est l’orge, qui est l’objet d’une grande consommation; la fabrication des ustensiles en bois forme, avec celle des filets de pĂȘche, les principales industries domestiques. Les traĂźneaux sont d’une bonne exĂ©cution, et l’on voit dĂ©jĂ , dans quelques spĂ©cimens d’instruments d’agriculture, lĂšs indices d’une construction bien entendue. La marine et la guerre sont reprĂ©sentĂ©es par un grand nombre de modĂšles; on remarque surtout une ancre colossale provenant des ateliers de la marine de l’État, qui dĂ©note un haut degrĂ© d’avancement dans l’exploitation des procĂ©dĂ©s mĂ©tallurgiques. Parmi les instruments de prĂ©cision, en petit nombre, on ne peut citer qu’un beau chronomĂštre. Les fourrures et les articles de sellerie sont les objets de luxe de ces contrĂ©es froides; l’orfĂšvrerie y est encore Ă  l’état primtif, mais la bijouterie de filigrane a surtout Ă  Bergen une dĂ©licatesse de forme toute particuliĂšre. Comme en 1855, le caractĂšre spĂ©cial de l’exposition norwĂ©- gienne est celui qui rĂ©sulte des costumes, des ornements de femme, des scĂšnes d’intĂ©rieur, qui sont reprĂ©sentĂ©s quelquefois jusqu’en vraie grandeur par des modĂšles dissĂ©minĂ©s dans toutes les parties de l’exposition. Si ces objets n’ont pas, pour l’étude, un grand intĂ©rĂȘt, ils rompent cependant la monotonie des produits plus sĂ©rieux, et ils ne manquent pas de pittoresque c’est ce qui a lieu surtout en ce qui concerne la Finlande et la Laponie. Russie. Quoique la Russie soit plus grande que l’Europe, elle a moins de 80 millions d’habitants; ce vaste territoire, qui occupe une grande partie de l’Asie, se prolonge en Europe et en AmĂ©rique, et possĂšde tous les climats dont les plus favorisĂ©s pro- EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 827 luisent, pour les pays de l’Occident, une importante rĂ©serve de cĂ©rĂ©ales; les contrĂ©es les moins bien dotĂ©es sous ce rapport sont les plus riches en mines de toutes sortes; mais la population n’est vraiment industrielle que dans les environs de Saint-PĂ©tersbourg et de Moscou. En 1851, dĂ©jĂ , l’exposition russe s’était fait remarquer par ses mĂ©taux, par ses cĂ©rĂ©ales, par ses lins, et par ses soieries ; mais les circonstances politiques au milieu desquelles l’Exposition de 1855 s’est faite, ayant empĂŽchĂ© la Russie d’y prendre part, il Ă©tait trĂšs-intĂ©ressant d’apprĂ©cier, dans la nouvelle Exposition, les progrĂšs qu’avait pu faire ce vaste empire, qui ne s’est fait reprĂ©senter cependant que par 650 exposants. Cette proportion indique que l’industrie n’est, en quelque sorte, que l’exception dans ces populations si dissĂ©minĂ©es, qu’elles ne pourront naĂźtre Ă  la vie industrielle avant de s’ĂȘtre concentrĂ©es davantage, et d’avoir acquis des droits politiques qu’elles n’ont pas encore aujourd’hui. Les mines et l’agriculture ont seules une importance gĂ©nĂ©rale que l'Exposition de Londres accusait avec une grande nettetĂ©. Parmi les 32 exposants de produits minĂ©raux, les gouvernements d’Orenburg et de Perm sont les mieux reprĂ©sentĂ©s, c’est, en etfet, sur ces contins de l’Europe et de l’Asie, que se trouvent, dans la chaĂźne des monts Ornais, les richesses mĂ©tallurgiques les plus importantes ; plus Ă  l’est, la SibĂ©rie a, de son eĂ»tĂ©, donnĂ© lieu Ă  des dĂ©couvertes tout Ă  fait inattendues. Un Français, M. Alibert, en recherchant des sables aurifĂšres entre les riviĂšres Oka et Irkoutsk, aperçut des traces de graphite pur, tout Ă  fait comparable, sinon supĂ©rieur Ă  celui de la cĂ©lĂšbre mine de Jlorrowdal, dans le Cumberland. 11 redoubla d’attention dans ses recherches, et tinit par s’assurer de la prĂ©sence d’une grande quantitĂ© de ce prĂ©cieux minĂ©ral sur le versant de l’un des monts Saianiens. Les Ă©chantillons exposĂ©s ont Ă©tĂ© sciĂ©s, P°Es et sculptĂ©s sous la direction de M. Alibert, qui, se soudant de son origine, a donnĂ© Ă  notre Conservatoire le ma gmliq ue trophĂ©e qu’il en a fait. Sous ces diverses formes, la puietĂ© de la matiĂšre, son homogĂ©nĂ©itĂ© surtout sont plus faci- ement saisissables, et la dĂ©couverte de M. Alibert, couronnĂ©e Ă  1 Exposition par deux rĂ©compenses, fera certainement Ă©poque dans l es annales des dĂ©couvertes utiles. Les deux autres 528 EXPOSITION UNIVERSELLE IE LONDRES, envois de graphites de SibĂ©rie Ă©taient de qualitĂ© bien infĂ©rieure. La nĂ©phrite est une pierre d’ornementation de grande valeur et du plus bel effet; jusqu’à prĂ©sent elle n’avait Ă©tĂ© trouvĂ©e qu’en Chine; M. Alibert en a retirĂ©, de ses mines, un bloc qui ne pĂšse pas moins de 700 kilogrammes, et qui ligure Ă©galement Ă  l’Exposition, ainsi qu’un vase exĂ©cutĂ© avec cette riche matiĂšre. C’est encore la SibĂ©rie qui a fourni le bloc de cuivre natif du pays des Kirghis, du poids de 640 kilog., ainsi que d’autres minerais de cuivre, d’argent et de plomb. Les gouvernements d’Orenburg et de I’erm Ă©taient reprĂ©sentĂ©s surtout par du fer et de l’acier trĂšs-remarquables et par des cuivres provenant de mines nombreuses; le dernier, seulement, par des sables aurifĂšres et de la poudre d’or. La houille, peu abondante, se rencontre Ă  Orenburg, dans le voyaume de Pologne et au Caucase, particuliĂšrement Ă  Imeritia, mais les lignites du mont Shibusdag sont plus importants. M. le baron de Volkersam avait envoyĂ© prĂšs de 200 spĂ©cimens de l’ambre Ă  insectes de la mer Baltique. Le soufre, le sel du lac Inder, la chaux, le plĂątre, et presque tous les mĂ©taux secondaires complĂštent cette nomenclature qui place certaines parties de la Russie au nombre des contrĂ©es les plus favorisĂ©es sous le rapport mĂ©tallurgique. Les Ă©tablissements de produits chimiques'sont plus rapprochĂ©s des grands centres de population; ils sont, en gĂ©nĂ©ral, peu remarquables, mais il convient de mentionner dans le Caucase, la soude brute d’Érivan, les produits des puits de naphte de la mer Caspienne, et la poudre de pyrĂšthre du Caucase qui est si heureusement employĂ©e Ă  la destruction des insectes domestiques ; l’importance de cette poudre insecticide doit ĂȘtre comptĂ©e au nombre des faits industriels les plus intĂ©ressants. Les industries du caoutchouc et de la gutta-percha n’offrent nulle part des produits mieux prĂ©parĂ©s et plus variĂ©es. Les terres noires de l’Ukraine, par leur prodigieuse fĂ©conditĂ©, sont incessamment appelĂ©es Ă  combler les dĂ©ficit en cĂ©rĂ©ales de toutes les contrĂ©es de l’Occident. Certains froments sont les plus beaux de l’Europe, et, par leur densitĂ©, ils viennent en premier rang, aprĂšs les blĂ©s exceptionnels de l’Australie, qui pĂšsent 80 Ă  84 kilog. l’hectolitre. Le lin et le chanvre, etla graine de lin pour 529 EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. semence n’ont nulle part une aussi grande importance. Les vins et les tabacs de la CrimĂ©e et de la Bessarabie ont eu certaine rĂ©putation. La Russie produit de grandes quantitĂ©s de laines, les plus belles pelleteries; les soies du Caucase, de la CrimĂ©e et de la Bessarabie comptent dĂ©jĂ  pour un certain chiffre dans la production de ce prĂ©cieux filament; ces deux derniĂšres contrĂ©es surtout sont Ă  tous les points de vue favorisĂ©es par le sol et par le climat. MalgrĂ© toutes ces richesses en matiĂšres premiĂšres, les usines ne sont pas trĂšs-nombreuses en Russie la mouture et la fabrication du sucre sont parmi les plus importantes. Les lainages, parmi lesquels il convient de remarquer les draps consommĂ©s en Chine, et les tricots en poils de chĂšvre, imitant assez bien la dentelle; les cotonnades dont les teintures en rouge sont excellentes; les tissus imprimĂ©s, pour l’Asie centrale et pour l’Inde, qui, malgrĂ© leur aspect peu agrĂ©able, font, dans ces contrĂ©es, une concurrence sĂ©rieuse aux produits anglais; la maroquinerie, qui, en Pologne surtout, a pris un dĂ©veloppement considĂ©rable; la coutellerie qui est trĂšs-bien reprĂ©sentĂ©e Ă  l’Exposition telles sont les industries qui dominent, mais qui n’offrent aucun fait saillant. L’état de la fabrication des papiers est tout Ă  fait caractĂ©ristique ; on ne fait en Russie que du papier de chiffon, et le surplus de cette matiĂšre premiĂšre qui, partout ailleurs manque absolument, est un objet d’exportation considĂ©rable vers toutes les contrĂ©es de l’Europe. C’est lĂ  le cĂŽtĂ© le moins brillant de la civilisation russe ; la population consomme beaucoup de linge, parce qu’elle est nombreuse, mais elle est proportionnellement peu lettrĂ©e ; elle n’écrit presque pas. Lorsque nous arrivons, dans l’Exposition russe, Ă  considĂ©rer les objets qui sont plus du domaine de l’art industriel, nous sommes frappĂ©s de l’étonnante perfection et de l’éclat tout Ă  fait extraordinaire de certains objets; nous nous croirions revenus en France, si le modelĂ© n’était pas un peu roide, si l’imitation n e * a it pour ainsi dire exagĂ©rĂ©e, et si, d’un autre cĂŽtĂ©, les ornements religieux n’avaient un caractĂšre de grandeur et d’origina- 1 e a i’tistique que nous ne saurions rencontrer chez nous au mĂȘme degrĂ©. Do tous les peuples Ă©trangers, le russe est celui qui se rap- 330 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. proche le plus des allures françaises; aucun autre ne parle aussi bien et aussi purement notre langue; aucun autre non plus ne s’en rapproche davantage par le goĂ»t et le sentiment du beau. Pour les soieries,* pour l’orfĂšvrerie, surtout pour l’orfĂšvrerie religieuse, pour les bronzes, mĂȘme, cette industrie qui n’a pu se crĂ©er encore en Angleterre, et qui n’est un peu connue qu’en Prusse, l’Exposition de l’empire russe est extrĂȘmement remarquable. Les mosaĂŻques sont aussi belles que celles de Rome; les pierres en relief sont plus belles que celles de Florence; il y a, parmi les porcelaines, des piĂšces dĂ©corĂ©es qui ne le cĂšdent, en mĂ©rites de toutes sortes, Ă  aucune autre. Sans doute les manufactures impĂ©riales, entretenues Ă  grands frais par la munificence du souverain, sans doute les fortunes princiĂšres qui encouragent volontiers les arts, ont exercĂ© sur ces qualitĂ©s indiscutables une trĂšs-grande influence. Il faut applaudir Ă  ces efforts, car si la Russie veut crĂ©er chez elle une grande industrie, elle est trop isolĂ©e du mouvement gĂ©nĂ©ral de l’Europe pour puiser Ă  l’extĂ©rieur d’autres Ă©lĂ©ments de prospĂ©ritĂ© que ceux qui rĂ©sultent de l’exportation de ses matiĂšres premiĂšres; il faut que longtemps encore elle trouve en elle-mĂȘme toutes ses ressources, et ce que nous venons de voir Ă  l’Exposition nous donne une grande idĂ©e de ce que son industrie peut devenir. Les machines seules font dĂ©faut on compte Ă  Odessa par centaines les machines locomobiles et les machines Ă  battre qui y sont chaque annĂ©e expĂ©diĂ©es en entrepĂŽt parles constructeurs anglais; les amĂ©liorations qu’elles produisent ne sont pas dĂ©jĂ  sans influence sur la meilleure utilisation des produits agricoles qui n’arrivaient aux marchĂ©s jusqu’ici que par des voies et Ă  travers des obstacles presque insurmontables et auxquels, d’un autre cĂŽtĂ©, les nouveaux tracĂ©s de chemins de fer assurent dĂ©sormais un dĂ©bouchĂ© facile. Les institutions dĂ©jĂ  plus libĂ©rales de l’empire russe aideront encore au dĂ©veloppement de ces amĂ©liorations, et, sans nul doute, nous en reconnaĂźtrons dĂ©jĂ  l’influence dans les prochaines expositions industrielles. LĂ  oĂč la matiĂšre premiĂšre est abondante et oĂč le sentiment du goĂ»t est dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ©, les lacunes intermĂ©diaires ne peuvent manquer d’ĂȘtre promptement comblĂ©es. 531 EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. GrĂšce. L’exposition de la GrĂšce est bien l’image de ce que doit ĂȘtre l’administration de ce pays. Les matiĂšres minĂ©rales et les produits agricoles sont mĂ©langĂ©s avec les objets d’art; et, si ce n’est pour ces derniers, qui ont incontestablement du mĂ©rite, on croirait qu’on a ramassĂ© au hasard ce que l’on destinait Ă  l’Exposition. Ce n’est pas cependant que la GrĂšce soit sans importance sous le rapport du climat et des richesses minĂ©rales ; mais c'est Ă  peine si les moindres notions d’industrie ont commencĂ© Ă  se faire jour dans ce malheureux pays, dont les destinĂ©es ont Ă©tĂ© si grandes et qui s’annihile, s’il est possible, de plus en plus. A peine si les habitants cultivent ce sol si fertile; ils seraient habiles nĂ©gociants si les produits leur arrivaient sans qu’ils eussent Ă  se donner la moindre peine. Parmi les produits minĂ©raux, le chromate de fer, l’émeri de Naxos, la magnĂ©site et les marbres ont de l’importance; le marbre blanc de Paros, le vert antique du PĂ©loponĂšse pourraient donner lieu Ă  de fructueuses exploitations. Chaque circonscription ou demos a envoyĂ© du blĂ©, de l’orge, du maĂŻs, du riz, des raisins, des figues, du tabac; mais tout cela ne'constitue qu’une sorte d’étalage de pharmacie, sans ordre, sans mĂ©thode, et surtout sans caractĂšre. Les bois seuls, les huiles et les soies sont assez bien classĂ©s, surtout les bois de teinture qui sont en assez grand nombre ; la cire et le miel apparaissent au milieu de tous ces produits. Les Ă©ponges donnent lieu Ă  une pĂȘche abondante, comme sur tout le littoral de l’Adriatique. Les arts textiles sont reprĂ©sentĂ©s par des tissus lĂ©gers, des barĂ©ges, des costumes nationaux, brodĂ©s en or et en argent sur toutes les coutures, des tissus qui se rapprochent de ceux de la Turquie; mais Ă  part ce rapprochement, on ne trouve dans l’exposition grecque ni l’industrie mĂ©canique de l’Occident, ni l’originalitĂ© des contrĂ©es orientales. Un beau buste en marbre de Paros est placĂ© tout Ă  cĂŽtĂ© d’un costume de bayadĂšre, et l’objet le plus remarquable consiste en une sorte de chĂąsse en bois sculptĂ© qui reprĂ©sente l’origine du monde, et qui est d'une perfection toute chinoise. La GrĂšce, Ă  en juger par son exposition, Ăą tous les points de vue, en est encore Ă  hĂ©siter entre les diverses civilisations qui l’entourent et ne sait faire aucun mouvement pour se rapprocher de l’une ou de l’autre. Quelque grande commotion viendra-t-elle 532 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. la faire sortir de cette sorte de torpeur qui n’est rien moins qu’industrielle. Iles Ioniennes. Ces Ăźles qui semblent faites pour s’annexer Ă  la GrĂšce continentale, mais c^ui, sous le protectorat exclusif de la grande nation qui les traite aussi bien que si elles lui appartenaient, jouissent du mĂȘme climat, rĂ©coltent les mĂȘmes produits, et cependant leur exposition n’est plus celle d’une contrĂ©e inactive et sans industrie. Les richesses minĂ©rales sont bien groupĂ©es, les produits vĂ©gĂ©taux sont abondants, les vins et les huiles sont bien Ă©tiquetĂ©s, les broderies d’argent et d’or, les costumes sont frais et Ă©lĂ©gants; le coton et l’aloĂšs figurent Ă  cĂŽtĂ© des tissus qu’ils servent Ă  confectionner; un commencement d’activitĂ© se rĂ©vĂšle sous ces produits de toutes sortes; avant peu CĂ©phalonique, CĂ©rigo, Corfou, Ithaque, Paros, Santa-Maura, Zantc, seront des Ăźles franchement europĂ©ennes, pour ne pas dire des Ăźles anglaises. Turquie et Égypte. LiĂ©es par leur organisation politique, ces deux contrĂ©es vivraient pour ainsi dire de la mĂȘme vie, si l’une d’elles ne s’était davantage aguerrie, par la force mĂȘme des choses, au contact des habitudes europĂ©ennes. Chez l’une et chez l’autre la presque totalitĂ© de la population ne vit que pour aider, dans leur faste ou dans leurs jouissances, un petit nombre de seigneurs opulents et placĂ©s dans des conditions entiĂšrement diffĂ©rentes. L’existence de plusieurs ouvriers sera Ă  peinesufĂŻĂźsante pour exĂ©cuter un de ces produits exceptionnels, d'une grande richesse par la matiĂšre qui les constitue, d’une plus grandes richesse encore par la somme de patience que sa confection aura exigĂ©e. Cette existence large de quelques-uns, alimentĂ©e par la misĂšre d’une population nombreuse, n’est certainement pas faite pour donner un grand essor aux pratiques perfectionnĂ©es d’une industrie en progrĂšs. Si les tissus sont lĂ©gers et Ă©lĂ©gants, si les ornements, les broderies et les tapis ont un cachet particuliĂšrement artistique, si partout la finesse et la lenteur hĂ©rĂ©ditaire du travail se traduisent par une perfection inimitable dans les produits, il ne faut pas croire, pour cela, qu’ils soient bien diffĂ©rents de ce qu’ils Ă©taient il y a un siĂšcle. Une grande usine fera plus de progrĂšs en un jour que cette ancienne organisation en cent ans. EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 333 Sans doute on s’arrĂȘte avec Ă©tonnement devant ces tissus d’or et de soie ; mais combien la rĂ©flexion modifie cette admiration 1 comment prĂ©tendre, aprĂšs cela, que le dĂ©veloppement de l’industrie soit une cause de dĂ©moralisation? En assignant, Ă  chaque individu, un rĂŽle actif Ă  remplir, ce dĂ©veloppement n’est-il pas nu contraire un gage assurĂ© de la nĂ©cessitĂ© du travail pour tous, & quelque condition qu’ils appartiennent? Et cette solidaritĂ© de tous les efforts peut-elle conduire Ă  un rĂ©sultat plus certain que le contentement de soi-mĂȘme et le sentiment de sa propre dignitĂ©, pour tous les travailleurs? Si l’on Ă©tudie les catalogues dans leurs dĂ©tails, on s’aperçoit bien vite que, dans cette organisation,l’initiative individuelle est si Ă©touffĂ©e que les gouverneurs de province occupent frĂ©quemment la place que les exposants individuels occupent dans les expositions des autres pays. Les collections ne constituent plus dĂšs lors que des cabinets de curiositĂ©; il faudrait, pour les faire connaĂźtre, examiner les produits un Ă  un, et cette Ă©tude n’est plus de notre domaine. L’exposition turque se compose de quelques Ă©chantillons de minĂ©raux, de produits vĂ©gĂ©taux semblables Ă  ceux de la GrĂšce ; de quelques meubles incrustĂ©s en nacre et parfaitement laids, d’un petit nombre de poteries de caractĂšre oriental, d’un trĂšs-bel assortiment de tissus de coton, de laine et de soie, parmi lesquels on peut signaler, comme Ă©tant d’utilitĂ© gĂ©nĂ©rale, le linge de bain en tissu bouclĂ© de coton et surtout les tapis de Smyrne, de riches harnais, enfin d’ornements d’un grand prix en or, en argent et en ambre pĂąle. L’exposition Ă©gyptienne] serait toute semblable si l’on n’y remarquait quelques objets de sparterie d’une bonne exĂ©cution, une trĂšs-belle collection d’armes ordinaires et dlarmes de luxe, de la bijouterie et de l’orfĂšvrerie d’un beau caractĂšre, et surtout un grand nombre d’objets de grande valeur et d’un admirable travail provenant des tombeaux de l’ancienne Égypte. 0u voit dĂ©jĂ , dans ces diffĂ©rences, une tendance plus marquĂ©e vers les arts industriels; aussi dans ses frĂ©quentes visites Ă  1 Exposition, i e vice-roi a-t-il fait de nombreuses acquisitions, pour la plupart choisies avec discernement, et dont l’introduc- tion ne sera pas sans inlluence sur les progrĂšs Ă  venir. L’exĂ©cution du canal de Suez est une nouvelle campagne française qui 534 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. ne peut manquer de donner une impulsion plus rapide encore ii cette tendance bien marquĂ©e vers les travaux utiles. Chine et Japon. On fait, ce nous semble, beaucoup trop d’honneur aux gouvernements de l’Asie orientale, en croyant qu’ils aient eu l’intention de prendre une part quelconque Ă  la grande Exposition des produits industriels. Ni la Chine, ni le Japon, ni le royaume de Siam ne se sont prĂ©occupĂ©s de l’Exposition. Quelques amateurs de curiositĂ©s, quelques nĂ©gociants liĂ©s d’intĂ©rĂ©t avec ces peuples, quelques fonctionnaires dĂ©sireux de faire connaĂźtre ont seuls fourni les objets qui figurent au Palais de Londres. Ces objets, qui sont pour la plupart des objets d’art, auxquels on a joint quelques produits naturels, ne sont pas davantage l’expression de la vie industrielle de chaque peuple, dont le nom fait partie du Catalogue, que la magnifique Exposition d’objets d’art qui a lieu en ce moment au musĂ©e de Kensington n’est l’expression de l’état actuel de l’art industriel en Angleterre. Celui qui jugerait la Chine par ses laques, ses porcelaines et ses ivoires, sculptĂ©s, ne serait pas plus fondĂ© dans ses apprĂ©ciations que celui qui ne verrait de la France que ses bronzes et sa bijouterie. On a rĂ©pĂ©tĂ© sur tous les tons, et d’aprĂšs cette mĂ©thode, que nulle contrĂ©e du globe n’est peut-ĂȘtre plus avancĂ©e en industrie que le CĂ©leste Empire. C’est lĂ  une erreur bien grande, et l’on nous permettra de nier, de toutes nos forces, cette prĂ©tendue supĂ©rioritĂ©. La Chine a des ouvriers habiles Ă  force de patience, mais elle n’a point d’industrie; elle s’est fait connaĂźtre en Europe par quelques tours de force de cette nature, qu’il est de bon goĂ»t d’admirer ; mais comment donc une nation serait^elle vĂ©ritablement industrielle, si elle n’a point de machines perfectionnĂ©es, si les outils mĂȘmes sont grossiers, si les instruments d’agriculture sont presque barbares, si les canons sont en bois, si la masse de la population vit dans l’ignorance et dans le besoin? On estime Ă  340 millions le nombre des habitants de l'empire chinois; la moitiĂ© de cette population appartient Ă  la Chine, proprement dite, ou empire du milieu, et, dans cette innombrable multitude, on estime Ă  500 mille Ă  peu prĂšs le nombre des let- F,XAMEN COMPARATIF DES DIFFERENTS PEUPLES. 53S trĂšs. C’est Ă  peu prĂšs un sur 600 chez cette nation qui passerait pour si instruite. Les petites merveilles les plus Ă©tonnantes sont les ivoires sculptĂ©s Ă  jour, qui sont d’une perfection presque inimitable, de belles et grandes porcelaines, et des ornements en jade d’un grand effet; les plus curieux se composent du sceau de l’empereur, de l’autographe du premier chef des rebelles, de ses coins, et d’une sorte de relique en or Ă  laquelle le crĂąne de Confucius sert de prĂ©texte. L’empire chinois est fertile sur presque toute son Ă©tendue, mais les produits agricoles sont en petit nombre, et, sous ce rapport, l’agriculture moins favorisĂ©e du Japon n’est pas mieux reprĂ©sentĂ©e. Cet empire, beaucoup moins puissant que l’empire chinois dont il n’est sĂ©parĂ© que par la mer du Japon, se compose de quatre Ăźles principales sa capitale est Jeddo, et il ne compte pas plus de 30 millions d’habitants. Bien que nos observations prĂ©cĂ©dentes soient de tous points applicables Ă  l’industrie japonaise, nous avons cependant Ă  citer de merveilleux petits ouvrages en fer, ciselĂ©s et damasquinĂ©s avec une dĂ©licatesse extrĂȘme, des bronzes dans le genre grotesque, mais ayant cependant du caractĂšre, des imitations d’objets d’histoire naturelle Ă©galement en bronze, des porcelaines, et surtout des Ă©maux. Les meubles en laque sont d’une fort belle exĂ©cution, et le papier, comme en Chine, se fabrique en trĂšs-grande quantitĂ© pour tous usages, voire mĂȘme pour l’imitation du cuir et la dĂ©coration. On pourra juger des connaissances musicales des Japonais par ce fait ; un violon ayant Ă©tĂ© envoyĂ© de France pour en faire laquer la boĂźte, l’instrument est revenu du Japon complĂštement verni et incrustĂ© ; il Ă©tait vraiment magnifique, mais ce n’était 'lus un instrument de musique. Le commodore John Ray avait formĂ© pour l’Exposition une collection vraiment intĂ©ressante des soies du Japon. Il paraĂźtrait l ue ! es plus beaux produits ne peuvent ĂȘtre exportĂ©s, et que la pioduction totale n’est pas infĂ©rieure Ăą celle de la France. Royaume de Siam. Au milieu de l’Indo-Chine, limitĂ©e Ă  1 ouest par la Birmanie, trop voisine de l’IndousLan pour n’ître pas con- 530 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. voitĂ©e par les Anglais, Ă  l’ouest par le royaume d’Annam, dans lequel les opĂ©rations de la Cochincliiue se poursuivent, le royaume indĂ©pendant de Siarn ne compte pas plus de 3 millions d’habitants. En relation avec les Etats europĂ©ens Ă  diverses Ă©poques, les Siamois n’en sont pas pour cela plus avancĂ©s dans la pratique industrielle. Comme la Chine et comme le Japon, ils se livrent Ă  la culture de la soie ; les tissus de coton Ă  bandes de couleur, ou Ă  bandes d’or et d’argent, les plumes de paon, les nids d’hirondelles, et quelques produits du sol constituent la presque totalitĂ© de l’exposition. Comme produits cĂ©ramiques, des Ă©lĂ©phants informes; comme outils, de la coutellerie grossiĂšre, ne sont pas faits pour placer l’industrie siamoise Ă  un niveau bien relevĂ©; cependant des Ă©maux et des damasquinures de petites dimensions permettent de retrouver encore quelques traces d’habiletĂ© professionnelle. Iles Sandwich. DĂ©jĂ  loin des cĂŽtes orientales de l’Asie, bien loin aussi du continent amĂ©ricain, Ă  l’est, se trouve l’archipel HawaĂŻen, qui, du milieu du grand OcĂ©an, et tout Ă  fait Ă  la limite sud de la PolynĂ©sie, vient faire constater Ă  Londres son indĂ©pendance. SituĂ© sous le tropique, l’archipel HawaĂŻen jouit d’un climat comparable Ă  celui des Antilles, et perdu au milieu de l’OcĂ©an, il se suffit pour ainsi dire Ă  lui-mĂȘme. Les beaux-arts sont reprĂ©sentĂ©s par le portrait en costume europĂ©en du roi Kamcharmeha IV, qui nous Ă©tait jusqu’alors peu connu ; les lettres, par une traduction de la Bible, en langue hawaĂŻenne, imprimĂ©e Ă  Ilonolulu ; par des livres et des journaux, et mĂȘme une carte du pays de mĂȘme origine; l’agriculture, parla racine Ă  l’aide de laquelle on prĂ©pare la liqueur si vĂ©nĂ©neuse, que l’on connaĂźt sous le nom d’awa; parla fibre de Pulu, nouvelle matiĂšre textile qui donne lieu dĂ©jĂ  Ă  un commerce considĂ©rable; l’industrie, enfin, par des tissus offerts par le roi Ă  lady Franklin, et par la sĂ©rie des instruments qui servent Ă  leur fabrication. C’est dans cette mĂȘme vitrine que se trouve un fragment de pierre qui a Ă©tĂ© pris Ă  la place mĂȘme oĂč le capitaine Cook a Ă©tĂ© frappĂ© Ă  mort. AmĂ©rique septentrionale. De l’Asie Ă  l’AmĂ©rique septenlrio- EXAMEN COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. 537 nale la transformation est complĂšte au point de vue qui nous occupe. Les curiositĂ©s disparaissent, et les madones interviennent dans la plupart des fabrications. Par un excĂšs Ă©galement regrettable, la forme n’a plus aucun prix; on ne comprend plus ffue ce qui est matĂ©riellement utile, que ce qui est consommĂ© en grandes masses, que ce qui est produit avec rapiditĂ©. Etats-Unis. Il eĂ»t Ă©tĂ© vraiment instructif de pouvoir apprĂ©cier les rĂ©sultats de ce positivisme absolu, si les Etats-Unis, qui le professent, avaient exposĂ© d’une façon plus complĂšte. EngagĂ©s dans une guerre inutile et terrible, les AmĂ©ricains du Nord et du Sud, les unionistes et les sĂ©cessionnistes se sont Ă©galement abstenus; et, parmi les 113 exposants qui figurent seuls au Catalogue, plus de moitiĂ© appartiennent Ă  l'État de New-York; plusieurs autres ne sont que des nĂ©gociants anglais s’abritant pour la circonstance sous le pavillon amĂ©ricain. On ne peut donc pas considĂ©rer l’exposition actuelle, Ă  l’égal de celle de 1851, comme reprĂ©sentant, avec quelque exactitude, le mouvement si rapide qui place certaines villes du continent amĂ©ricain au nombre des citĂ©s les plus industrielles. Parmi les 113 exposants inscrits au Catalogue, 19 seulement appartiennent aux quatre premiĂšres classes, 27 seulement aux 20 derniĂšres, en telle sorte que les produits de la deuxiĂšme section forment plus que la moitiĂ© de l’ensemble ; peu de matiĂšres premiĂšres, peu de produits fabriquĂ©s, et beaucoup de machines ou instruments de travail, voilĂ  prĂ©cisĂ©ment l’inverse de ce que nous avons rencontrĂ© chez tous les Peuples les moins avancĂ©s dans la pratique industrielle, et cette PrĂ©pondĂ©rance est plus marquĂ©e qu’en Angleterre mĂŽme, oĂč les Produits fabriquĂ©s occupent une place proportionnellement plus grande. Parmi les produits naturels, les minĂ©raux seuls sont intĂ©ressants, et parmi eux les minerais d’or delĂ  Californie, et quelques minerais d’argent et de mercure. Comme produits fabriquĂ©s, c’est Ă  peine si l’on peut citer autre ohose quequelques tissus de coton, les imitations de cuirs, connues sous le nom de cuirs amĂ©ricains, et un grand portefeuille, monte sur roues, pour le service des bibliothĂšques. Les machines, au contraire, ont toutes un caractĂšre original, et sous une forme toute diffĂ©rente de celle que nous leur t'onne- 35 m. 538 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. rions, eu Ă©gard leurs destinations, elles sont, pour la plupart, remarquables par quelque cĂŽtĂ©; cette originalitĂ© nous engage Ăč donner la liste des plus intĂ©ressantes Classe 5. ModĂšle d’un systĂšme pneumatique pour la transmission des dĂ©pĂȘches. — Photographies de locomotives Ă  grande vitesse, d’une construction gĂ©nĂ©rale peu robuste. — ModĂšle de locomotives pour routes ordinaires. Classe G. Voitures lĂ©gĂšres avec roues plus lĂ©gĂšres encore ; les rais, construits en bois d’Hickori, ont une section qui ne dĂ©passe pas le quart des piĂšces unatogues dans la construction europĂ©enne. Ce bols d’Hickori, qui se rencontre en grandes quantitĂ©s au Canada, est appelĂ© Ă  jouer, avant peu, un rĂ»le important dans notre carrosserie de luxe. Classe 7 . Machines il coudre parmi, lesquelles la machine originale du premier inventeur, M. llowe, qui so fait aujourd’hui, par les droits de licence qui continuent il lui ĂȘtre payĂ©s, par suito de la prolongation de sa patente, un revenu de prĂšs de un million par an, La lĂ©gislature amĂ©ricaine, en accordant cette faveur Ă  l’une des inventions les plus importantes de notre Ă©poque, a donnĂ© un grand exemple aux pays qui so prĂ©tendent les meilleurs juges des droits qu'il convient de confĂ©rer aux inventeurs. — Une grande machine Ă  lisser les tapis, avec trames disposĂ©es sur rouleaux mobiles, venant se placer automatiquement en prise avec les organes du tissage. La mĂȘme IdĂ©e avait Ă©lĂ© rĂ©solue en France, sauf le dĂ©placement des rouleaux qui s’opĂ©rait it la main. — Machines & gaufrer les tissus fonctionnant avec une grande perfection. — Collection trĂšs-remarquable d'une BĂ©rie de machines nouvelles pour la reliure. Concasseur de pierres pour la prĂ©paration du macadam, IrĂšs-rustiquc et d’une grande efficacitĂ©. — Une machine Ă  couper les bouchons, d’uno construction tout Ă  fait nouvelle, prenant elle-mĂȘme le fragment do liĂšge et le tournant Ă  l’aide d’une grande lame circulaire trĂšs-bien disposĂ©e. — Une sĂ©rie de machines Ă  commettre les cordages, plus simples et mieux groupĂ©es dans ses organes que nos machines analogues. Classe 8. Machines Ă  air chaud d’Ericcson et de Wilson, qui sont employĂ©es en grand nombre comme moteurs dans les petites Industries. — DynamomĂštre enregistreur deNearni peu sensible, mais d’uno construction trĂšs-simple et trĂšs-ramassĂ©c. _ ModĂ©rateurs i\ boules de Porter, adoptĂ©s d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale pour remplacer le modĂ©rateur de Walt. _ Machines Ă  vapeur, systĂšme Corliss, pour le moins aussi perfectionnĂ©es que les meilleurs systĂšmes de nos constructeurs frunjuisi COMPARATIF DES DIFFÉRENTS PEUPLES. Ăź-31 — Machines A rnpeur de Allen, A dĂ©icide variable dans des limllcs trĂšit- Ă©lendues. — Pompe A incendie il vapeur do Lee et Lurncd, la premiĂšre des machines de ce genre ipii ait fonctionnĂ© en Franco et en Angleterre. — Pompe Ă  vapeur sans volant, fonctionnant avec distribution particuliĂšre, A une vitesse assez grande. — Machine Ă  imprimer, avec tablier Ă  bascule cl d’uno construction entiĂšrement nouvelle. Classe 0. Plusieurs machines A moissonner, parmi lesquelles il faut remarquer celle de Mac Cormick, rĂ©cemment munie d’un rĂąteau mĂ©canique pour faire la javelle. — Instruments A main, lois que herses, pelles et fourches en bois de Hickori. — Charrues en acier. — Pompe pour traire les vaches plus rapidement qu’A la main. — Excavateur trĂšs-pratique pour les travaux de terrassement. A la seule lecture de cette Ă©numĂ©ration fort incomplĂšte, on se trouve surpris de la puissance d’invention 4S FER PUDLÉ. Les recherches de Graham et les spĂ©culations de Herschel, Brayley et autres savants, ont attirĂ© l’attention sur la similitude d’état des substances fondues Ă  des tempĂ©ratures trcs-diflfĂ©- rentes et possĂ©dant des caractĂšres physiques et des compositions chimiques diverses. I1 en est rĂ©sultĂ© la division des substances en cristalloĂŻdes et en colloĂŻdes. Il est probable que quand le fer est amolli par le feu et liquĂ©fiĂ©, il prend la constitution colloĂŻdale. M. Graham remarque que l’acide sili- cique peut exister tantĂŽt comme cristalloĂŻde et tantĂŽt comme colloĂŻde, de mĂŽme que la glace formĂ©e Ă  0° peut prendre l’état vitreux ou colloĂŻde et est en rĂ©alitĂ© un verre de glace, tandis que celle formĂ©e A une tempĂ©rature plus basse a, d’une maniĂšre trĂšs-marquĂ©e, toutes les apparences d’un cristalloĂŻde. Ni les cristalloĂŻdes, ni les colloĂŻdes ne perdent leurs propriĂ©tĂ©s caractĂ©ristiques par la liquĂ©faction, et les recherches de Graham nous ont donnĂ© une vue plus prĂ©cise sur les caractĂšres de la matiĂšre passant de l’état liquide A l’état solide. Elles nous conduisent A une nomenclature et Ă  une thĂ©orie qui peut nous servir A expliquer plusieurs opĂ©rations mĂ©tallurgiques. Jusqu’A quel point le fer peut-il, dans le four A pudler, de cristalloĂŻde passer en colloĂŻde, ou devient-il un mĂ©lange des deux, s’il est vrai qu’un pareil passage d’un Ă©tat dans l’autre se produise? C’est IA l’objet d’une recherche intĂ©ressante. Dans le four A pudler, le fer d’abord se dĂ©barrasse du silicium combinĂ©, par suite de la grande affinitĂ© de celui-ci avec les autres substances Ă©trangĂšres mises en prĂ©sence, comme cela doit ĂȘtre dans une opĂ©ration d’affinage, aidĂ©e sans aucun doute par la lĂ©gĂšretĂ© et la grande fusibilitĂ© des composĂ©s siliceux. L’enlĂšvement du carbone du fer fondu est dĂ» A la plus grande affinitĂ© du carbone pour les gaz en contact avec lui que pour le fer. Cette action doit ĂȘtre graduelle; elle peut alors ĂȘtre arrĂȘtĂ©e A volontĂ©. Environ 4 1/2 quintaux de fer sont gĂ©nĂ©ralement produits par chaque opĂ©ration, et cette quantitĂ© est gĂ©nĂ©ralement divisĂ©e en deux , quatre ou six loupes par l’ouvrier, dans le but d’exposer toutes les parties A la flamme qui oxyde le carbone et rĂ©duit ce qu’il peut y avoir d’oxyde de fer lonnĂ©. 550 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Suivant la quantitĂ© de carbone enlevĂ©, on a de l’acier pudlĂ©, du mĂ©tal homogĂšne ou du fer pur. Le systĂšme adoptĂ© pour obtenir de fortes loupes de mĂ©tal non libreux consiste Ă  rĂ©unir deux balles ensemble sous le marteau Ă  cingler, et en ajoutant successivement une mise Ă  une autre mise, d’obtenir de grandes masses se brisant avec des fractures non fibreuses. On voit des exemples do ceci dans l’Exposition l’acier pudlĂ© de Firth, le fer pudlĂ© ou le mĂ©tal homogĂšne de Lord Ward, et beaucoup d’autres variĂ©tĂ©s obtenues en raison des modifications du procĂ©dĂ© de pudlage et de forgcage, dont l’objet est d’éviter la structure fibreuse pour les fers Ă  rails, qui n’est pas dĂ©sirable en raison delĂ  tendance Ă  une semblable texture que le laminage leur communique. Ils sont accompagnĂ©s de spĂ©cimens de fer possĂ©dant des fibres remarquables, ce qui est obtenu en laminant et rĂ©chauffant plusieurs fois jusqu’à ce que les fibres soient produites. L’enlĂšvement du charbon par le pudlage est l’opĂ©ration inverse de celle produite dans le four Ă  cĂ©mentation pour convertir le fer en acier. Le procĂ©dĂ© de cĂ©mentation pour faire de l’acier doit ĂȘtre rĂ©glĂ© avec le plus grand soin, de telle sorte que le carbone puisse parvenir Ă  la distance voulue de la surface de la barre de fer, et que la proportion convenable de carbone soit rĂ©pandue dans sa masse. Dans le procĂ©dĂ© employĂ© pour convertir la fonte en fonte mallĂ©able, celle-ci est portĂ©e Ă  une tempĂ©rature Ă©levĂ©e en prĂ©sence de l’oxyde de fer, et le carbone est enlevĂ©, mais seulement Ă  une certaine distance de la surface, par l’effet de sa plus grande affinitĂ© pour le peroxyde de fer chauffĂ© que pour le fer pur avec lequel il est combinĂ©. Il est probable que le fer, quand il est chauffĂ©, prend l’état colloĂŻdal, et que cela surtout a lieu quand on rĂ©unit les piĂšces sĂ©parĂ©es en une masse en les soudant; quant Ă  la duretĂ© de l’état cristalloĂŻde avec ses plans et ses angles, elle est remplacĂ©e dans l’état colloĂŻdal, par la rĂ©sistance de l’état amorphe, sur une Ă©paisseur plus ou moins grande Ă  partir de la surface, et par suite il n’est pas nĂ©cessairement vrai qu’une masse de fer forgĂ©, bien que composĂ©e de piĂšces unies ensemble, soit plus faible aux surfaces de jonction que dans la masse de la piĂšce. Plusieurs manufacturiers prĂ©fĂšrent doubler le fer Ă  l’état de LAMINAGE ET FOllGEAGE DES MÉTAUX. Soi loupes que de le rĂ©unir plus tard Ă  l’état de barres ou de plaques, pensant arriver ainsi Ă  une plus grande soliditĂ©. Il y a plusieurs opinions Ă  cet Ă©gard; mais on doit observer que la Compagnie de Lowmor et les fabricants du meilleur fer du Yorksliire pensent qu’il est important de briser les blocs de fer pudlĂ© en petits morceaux, afin d’examiner la fracture de chacun d’eux. Ils se fient entiĂšrement Ă  l’adresse de leurs ouvriers pour les souder ensuite ensemble, et parviennent ainsi Ă  une grande rĂ©gularitĂ© de fabrication. La rĂ©ussite dĂ©pend, avec l’habiletĂ© des contre-maĂźtres et des ouvriers, de la bonne construction des fourneaux, de la puretĂ© des matĂ©riaux et de la bonne organisation du travail. C’est beaucoup trop l’usage de regarder la rĂ©union faite Ă  la forge ordinaire comme l’art tout entier 'du travail du fer Ă  chaud, pendant qu’en fait de semblables travaux sont faits dans les bonnes usines Ă 'fer par des mĂ©thodes totalement diffĂ©rentes et dans des conditions bien plus avantageuses. Cela est si vrai que les mĂ©caniciens, les constructeurs de locomotives notamment, Ă©vitent presque entiĂšrement le forgeage Ă  la main, et dĂ©coupent les piĂšces dont ils ont besoin dans des masses de fer forgĂ©, non que le fer corroyĂ© soit par lui-mĂȘme un produit infĂ©rieur quand il est chauffĂ© dans des fours et des fourneaux convenablement construits, mais parce que cette opĂ©ration, faite Ă  l’aide de la forge ordinaire du forgeron, ne conduit pas avec certitude au rĂ©sultat voulu. Ilerschel remarque que dans la soudure Ă  chaud il doit se produire un regel, et je vais donner quelque idĂ©e de cette thĂ©orie ici, parce qu’il y a sans doute Ă  en faire une application Ă©loignĂ©e Ă  1 art de la mĂ©tallurgie. Les cristaux de glace Ă  certaines tempĂ©ratures peuvent ĂȘtre reunis par compression en un bloc solide de glace, en tout semblable Ă  une masse formĂ©e librement 1 . Dans le procĂ©dĂ© consistant Ă  rĂ©unir ensemble des piĂšces de fer par compression, Ă  des tempĂ©ratures peu distantes du point de fusion, on a l’exemple I. La thĂ©orie du regel, fondĂ©e sur l’abaissement du point de congĂ©lation par l’effet de la compression, est une des plus curieuses applications de la thĂ©orie mĂ©canique de la chaleur qui seule pouvait permettre de prĂ©voir ce rĂ©sultat. En donnant le moyen d’évaluer la grando quantitĂ© de chaleur quo dĂ©gage le travail mĂ©canique consommĂ© par le travail de la forge, cette thĂ©orie permettra aussi d’éclairer diverses parties obscures de cette opĂ©ration. 552 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. d’une rĂ©union parfaite de particules mises en contact les unes avec les autres ; et bien que les particules d’oxyde de fer ou autres substances gĂȘnent d’abord par leur prĂ©sence le contact immĂ©diat, la pression et la tempĂ©rature Ă©levĂ©e des gaz peut soit amener la rĂ©duction de l’oxyde, soit agir sur les matiĂšres Ă©trangĂšres, de telle sorte que les oxydes lĂ©gers et les silicates deviennent libres de remonter Ă  la surface par la puissance de diffusion qui appartient aux corps colloĂŻdes. Je pense que c’est pour cette raison que la tĂ©nacitĂ© du fer augmente jusqu’il un certain point quand on le travaille, tandis que le passage au marteau et au laminoir, longtemps prolongĂ©, fait naĂźtre une structure cristalline au lieu d’une structure fibreuse. Quand un rail de fer fibreux est laminĂ© froid sous une pression considĂ©rable, il perd la structure fibreuse et prend l’état cristallin. On connaĂźt plusieurs exemples d’unions de mĂ©taux tels que l’étain et le cuivre, produites sans que les deux Ă©lĂ©ments soient complĂštement fondus, des mĂ©langes dans lesquels la cohĂ©sion rĂ©sultant de l’attraction mutuelle des mĂ©taux est considĂ©rable, mais il n’y a pas il les citer ici, voulant seulement attirer l’attention sur ce fait que certains mĂ©taux, et parmi eux le fer, sont susceptibles de contracter une grande cohĂ©sion, sans passer par l’état de liquiditĂ© complĂšte, comme d’autres mĂ©taux qu’il faut fondre. C’est de la sorte que les rubans du canon Armstrong sont rĂ©unis en cylindres sous la seule action du marteau, que un ou plusieurs cylindres formĂ©s d’hĂ©lices, sont rĂ©unis ensemble au moyen de vis pour ĂȘtre placĂ©s dans le fourneau et ensuite soumis au marteau-pilon. Les seuls auteurs qui aient traitĂ© le sujet des colloĂŻdes et du regel sont, je crois, Graham Philosophical Transactions et Bray- ley Proceedings Itoyal Society . PLAQUES DE BLINDAGE. Les matiĂšres employĂ©es pour fabriquer les plaques de blindage par les cinq Ă©tablissements qui, en Angleterre, en ont produit jusqu’à ce jour, ont Ă©tĂ© exclusivement des fers anglais obtenus Ă  l’aide des minerais habituellement exploitĂ©s dans ces diverses usines. J1 n’y a pas de mode de comparaison bien Ă©tabli LAMINAGE liT FORGE AGE DES MÉTAUX. *53 pour apprĂ©cier les qualitĂ©s des fabrications diffĂ©rentes. On sc contente de les soumettre Ă  froid Ă  l’action du marteau et d’écouter le son qu’elles rendent, mais surtout on refuse une fourniture d’aprĂšs l’essai d’une piĂšce d’une fabrication qui rĂ©siste mal Ă  l’action du boulet. Les procĂ©dĂ©s employĂ©s dans les usines pour obtenir ces plaques sont ceux, habituellement usitĂ©s pour la fabrication des grandes tĂŽles Ă  l’aide du laminoir ou du marteau. Je n’ai pas A dĂ©crire ici une fabrication bien connue; mais on lira, j’espĂšre, avec intĂ©rĂȘt, quelques notes prises en suivant la fabrication des plaques de blindage. De grandes masses de fer forgĂ©, pesant de oĂč 15 tonnes, devant ĂȘtre formĂ©es de petits Ă©lĂ©ments, la premiĂšre question qui se prĂ©sente est celle-ci Des parties soudĂ©es sont-elles moins rĂ©sistantes que celles qui ne le sont pas? La rĂ©ponse dĂ©pendra de la maniĂšre dont on concevra la soudure et le pudlage. Dans le four A pudler, le mĂ©tal est recouvert d’une couche de matiĂšres rĂ©fractaires et sĂ©parĂ© du combustible par un pont. La fonte ou le fer affinĂ©, ou tous deux mĂ©langĂ©s, sont fondus par la chaleur provenant du feu fait de l’autre cĂŽtĂ© du pont, comme dans les fourneaux A rĂ©verbĂšre ordinaires. L’action des gaz dans de semblables fourneaux a Ă©tĂ© expliquĂ©e par MM. Le Play, Percy et d’autres auteurs. Le but que doit se proposer le fabricant, est d’obtenir des plaques dont le fer, nĂ©cessairement libreux aprĂšs avoir Ă©tĂ© soumis au marteau et au laminoir, ait des libres croisĂ©es dans toutes les directions, alin qu’il n’y ait pas de plans de moindre rĂ©sistance. On y parvient par le traitement suivant — La charge du four A pudler de 4 quintaux 1/2 est divisĂ©e en loupes de I q. 1/2 chaque. Deux de ces loupes sont rĂ©unies et forment sous le marteau de forge un bloc de 3 quintaux. Ce marteau est prĂ©fĂ©rable aujnarteau-pilon A vapeur, parce que le coup est toujours le meme, tandis qu’avec le marteau A vapeur l’ouvrier peut le donner hop faible. Ces blocs sont ensuite rĂ©chauffĂ©s et laminĂ©s en an es de h pouces de large, 3/4 de pouce d’épaisseur, et coupes en 3 ou 4 morceaux de 3/4 de quintal chaque, propres ormei un paquet, ce qui donne le moyen d’examiner la qualitĂ©, qui est alors celle du meilleur fer. Deux ou trois de ces piĂšces, pesant I I 4 quintal ensemble, sont for gĂ©es avec deux ou LL 30 554 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. trois piĂšces semblables faites avec des riblous, de maniĂšre h former alors un bloc de 2 1/2 quintaux. La barre de fer de riblous, dont il vient d’ĂȘtre parlĂ©, est faite de petits morceaux soudĂ©s ensemble et chauffĂ©s dans un four Ă  petit fer. La loupe de petit fer est alors portĂ©e au marteau de forge et laminĂ©e en barres de S Ă  10 pouces de large et 3/4 do pouce d’épaisseur, puis coupĂ©e en piĂšces ayant aprĂšs le travail un peu plus de longueur que les barres pudlĂ©es; elles sont formĂ©es de fer de qualitĂ© deux lois bonne. Ce bloc de 2 1 /2 quintaux est chauffĂ© et laminĂ© en une plaque de 3 pieds X 3 pieds sur 5/8 de pouce, et les bords dressĂ©s de telle sorte que le poids soit de 2 quintaux; la qualitĂ© obtenue rĂ©pondant i\ celle d’un Ă©chantillon de fer trois fois bon. Quatre de ces plaques carrĂ©es sont chauffĂ©es et laminĂ©es ensemble pour former une plaque de 8 pieds X 4 pieds 3 pouces et de 1 pouce d’épaisseur, qui peuvent ĂȘtre dites d’un fer quatre fois bon et pesant 7 ou 8 quintaux. Quatre de ces plaques sont chauffĂ©es ensemble et laminĂ©es en une piĂšce de 10 pieds X 4 pieds 3 pouces X 4 1 /2 pouces, donnant une qualitĂ© de fer cinq fois bon et pesant 2G quintaux. Quatre piĂšces semblables, pesant 1 tonne 1/2 chacune, sont chauffĂ©es et laminĂ©es, et d’une Ă©paisseur de fipouccs et d’une longueur de 10 pieds sont amenĂ©es Ă  une Ă©paisseur de 4 pouces 1/2 et Ă©tendues Ă  12 ou 14 pieds de longueur. 11 est nĂ©cessaire de passer la plaque au laminoir deux ou trois fois, ce qui exige moins d’une minute pour chaque passe; malgrĂ© le poids de la plaque et celui des cylindres, ceux-ci sont arrĂȘtĂ©s pour renverser le mouvement, afin d’éviter d’avoir Ă  Ă©lever la plaque au-dessus des cylindres, opĂ©ration qui offre de grandes difficultĂ©s. La qualitĂ© obtenue est six fois bonne, quel que soit le fer employĂ©, le fer de riblous Ă©tant Ă  la surface. Il n’est pas d’usage dans le langage commercial de dĂ©signer le fer le meilleur autrement que par qualitĂ© supĂ©rieure ou deux fois bon, mais il est important ici de rappeler le nombre de façons qu’il a supportĂ©. Il n’y a pas de doute que le bon fer s’amĂ©liore par le chauffage et le façonnage rĂ©pĂ©tĂ©s six ou huit fois, mais qu’il se dĂ©tĂ©riore ensuite. En employant dĂšs le dĂ©but de gros blocs, on peut faire deux rĂ©chauffages de moins. Je dĂ©crirai maintenant la fabrication au marteau des plaques de blindage. Les morceaux de fer sont choisis avec soin, chauffĂ©s LAMINAGE ET FORGEAGE DES MÉTAUX. 3aa clans le leur Ă  rĂ©chauffer, laminĂ©s et coupĂ©s en morceaux de faible longueur. Ceux-ci sont forgĂ©s et laminĂ©s en barres, fjui Ă  leur tour sont rĂ©chauffĂ©es, doublĂ©es et laminĂ©es en plaques pesant 5 quintaux chaque et de 1 1/2 Ă  2 pouces d'Ă©paisseur. Cinq plaques semblables sont portĂ©es au marteau, et soudĂ©es Ă  une longue barre de fer portĂ©e par une grue qui conduit du four Ă  un marteau de 5 Ă  7 tonnes. Ces plaques sont rĂ©duites par le martelage en une masse homogĂšne, qui peut Ăšlre dite la forme n°l, de l’épaisseur de i 1 /2 pouces, qui est rĂ©chauffĂ©e, sa surface urne, et son extrĂ©mitĂ© dressĂ©e. Elle est alors mise au feu pour ĂȘtre rĂ©unie Ă  une sĂ©rie de plaques semblables composant la forme n° 2, et portĂ©e au blanc soudant sous le marteau. La plaque, composĂ©e des formes I et 2, pĂšse alors 2 tonnes 1/2 quand le soudago est complet. La surface do la placĂ©e est dressĂ©e, et son extrĂ©mitĂ© prĂ©parĂ©e pour une rĂ©union semblable Ă  celle qui vient d’ître dĂ©crite. Il semble qu’il n’y a pas d’aufres limites Ă  la grandeur des plaques martelĂ©es que celles fixĂ©es par les dimensions des grues, des marteaux et des fours. Avec le nouveau marteau dcM. Krupp, qui doit, dit-on, peser 20 tonnes, on pourra fabriquer des plaques de 12 pouces d’épaisseur, probablement sur des dimensions en largeur et en longueur supĂ©rieures Ă  celles que l’on fabrique aujourd’hui. J’ai essayĂ© de rĂ©duire en tableau les sĂ©ries d’opĂ©rations rivales de laminage et de martelage; j’y ai rĂ©uni les poids employĂ©s, qui varient avec les dimensions des plaques Ă  fabriquer et avec d’autres circonstances. MM. Beale de llotherham, qui sont entrĂ©s dans la carriĂšre les premiers, ont produit une grande quantitĂ© d’excellentes plaques laminĂ©es, et les forges de la Mersey, comme les ateliers dits Thames-Iron-Works, en ont fabriquĂ© au marteau de trĂšs- bonne qualitĂ©. John Brown de ShefĂŻield, et la Compagnie But- terley, ont des ordres pour fabriquer des plaques laminĂ©es, et il en es ^ dĂ©jĂ  sorti de leurs ateliers. Mars et C il! ont aussi Ă  fournir eS^.S-» B ÂŁ Z g*s i-S'sa. .» B 3* .J J K 3 —'* St? S "O U Ă». B. fl t£— O—* Cf a *i fl C 0**5 'o-Ă»- 6 * es B O ^. O O — ta » S ÂŁ v»s .sS e S'ĂŻ'S" 8 fl'T’“ I = * 3 U fl fl '3 V O A = w *9 B A fliae 9 S JS g- Ü*gi. ,i *>‹‹‹» B si»- SS'iH d CO ^3 A-fJ? A ej J2 fl- fl ja ‱ ÂŁ b s s fl E .5 *B fl 40 J! _ B C g »~S 5 o3 - fri S 3 fl .2 o ^ 1 & S»? e. S oTS O ‹»*; fa ^fr ‱ . Bt*. O fcℱ O fl -b C-ja a s 2 Ă  "S^flSalfflfl - A O B fl s fl S v v» o 05 ?- S-Ă« 2 S-5 S §£££ g^S'S^j S*' b . a » ÂŁ b 44 ‱ a .o ” 00 LVxlrĂ©mil mise n° chauffĂ©e, teleeetdi est soude une no mise. Le est alors Fer € loi Poids tonnes. , . . -, .—..M Ăź b g s g” g.'sa-ïç- -s ÂŁĂŻ g 2 CO lĂŒ r- „r rt 2. b 9-2 s S a c ? SSngT 0-3*2 ^ tĂ« - 2 *‱ JS * J ÂŁ *“ - .S s 5 S ĂŻ. a. s □ ÂŁ**6^* -S'Aura Hli UJ — — 1- cc n 2f U 25 H 31 f L*cssai ne continue pas. 11 36 n 2 -J, U 1 f 4 5 33 f 1 12 39 n 1 f U 3* 5 40 13 39 n 3i U 25 3 5 46 14 39 n U 3 S 5 5 51 i . 15 39 n 3 f ‱ ‱ . . . . . . 1 Essai continuĂ© le 7 octobre 1861. Les forges de Monkbridge exposent des spĂ©cimens de bandages de fer et d’acier soudĂ©s par un procĂ©dĂ© particulier, et amenĂ©s ensuite au laminoir Ă  toute section '. CANONS. Le canon d’acier de 9 pouces, exposĂ© par M. Krupp, est fait 1 ; ^’ Am alcs du Conservatoire, la description donnĂ©e par M. Trosca do eotto faillie,dion montĂ©e par M. VerdiĂ©, maĂźtre do forges Ă  Firminy, qui a donnĂ© ĂŻi ce produit le nom do Produit mixte. C’est le brevet do cet industriel que les forges de Monkbridge exploitent en Angleterre. 502 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. avec un lingot d’un poids de 25 tonnes, et forgĂ© au marteau, tandis que le canon des forges de la Mersey est laminĂ© d’une maniĂšre fort ingĂ©nieuse par le procĂ©dĂ© patentĂ© de M. Clay, dont je donnerai ici la description. On se sert des cylindres ordinaires Ă  surface lisse; mais, au lieu de vis pour dĂ©terminer leur Ă©cartement, des tiges de piston sont adaptĂ©es aux coussinets supĂ©rieurs du cylindre de dessus et celui-ci monte et descend avec ces tiges. Elles sont attachĂ©es Ă  des pistons se mouvant dans des cylindres hydrauliques qui surmontent les deux montants. Ces cylindres portent des tuyaux de sortie fermĂ©s par une soupape, qui permet de rĂ©gler Ă  volontĂ© la sortie de l’eau du cylindre. Supposons le cylindre rempli d'eau, les rouleaux donneront une certaine compression, soit Ă  une loupe, soit Ăźi une barre poussĂ©e entre eux. Lorsque la valve viendra Ă  ĂȘtre ouverte pendant que la barre de fer est entraĂźnĂ©e atin d’obtenir la forme conique, la pression des cylindres sur la barre diminuera graduellement en proportion de l’eau qui s’échappe du cylindre, et du piston qui par suite s’élĂšve. Une des extrĂ©mitĂ©s de la barre est alors diminuĂ©e d’épaisseur pendant que l’autre est Ă  peine altĂ©rĂ©e. La barre est ainsi passĂ©e entre les cylindres jusqu’à ce qu’elle ait pris la forme conique voulue. Quand il s’agit de forger un canon, si l’extrĂ©mitĂ© du cĂŽtĂ© de la bouche et celle du cĂŽtĂ© delĂ  culasse doivent appartenir Ă  des cĂŽnes trĂšs- diffĂ©rents , ou varier brusquement d’épaisseur, les cylindres peuvent ĂȘtre arrĂȘtĂ©s en dĂ©brayant quand la partie de plus petit diamĂštre est linie, et ils sont alors disposĂ©s pour une opĂ©ration suivante, la soupape Ă©tant ouverte pour une forme nouvelle. La soupape Ă©tant ajustĂ©e, la culasse est fabriquĂ©e Ă  l’aide des mĂȘmes cylindres. Les tourillons sont assemblĂ©s en dernier. Cette mĂ©thode est applicable au laminage de toutes les piĂšces dĂ©formĂ© conique. InventĂ©e Ă  Birmingham au commencement du siĂšcle pour laminer les canons de fusil, elle a Ă©tĂ© appliquĂ©e Ă  la fabrication des carabines d’Enfield, comme on le voit par l’exposition de la fabrique de Wolwich. La barre de fer de riblons ou la loupe est passĂ©e Ă  travers des cylindres diffĂ©rents jusqu’à ce que les bords soient rĂ©unies, soudĂ©e et passĂ©e Ă  travers des cylindres qui portent des parties de forme convenable pour allonger je canon Ă  la longueur voulue et lui donner la forme conique demandĂ©e. De semblables cylindres peuvent ĂȘtre faits pour toute LAMINAGE ET FORGEAGE DES MÉTAUX. 803 fabrication spĂ©ciale, en faisant en sorte que la largeur et la longueur des barres soient en rapport avec celle du mĂ©canisme, et il est probable que ce systĂšme de laminage conique, employĂ© pour la fabrication des canons, est Ă©galement bon pour de petites piĂšces. Les canons d’acier, vendus jusqu'Ă  ce jour par M. Krupp aux gouvernements Ă©trangers Ă  4,200 liv. st. piĂšce, pourront dĂ©sormais ĂȘtre produits mĂ©caniquement Ă  des prix trĂšs-modĂ©rĂ©s. On doit toutefois reconnaĂźtre Ă  cet Ă©minentfabricantle mĂ©rite d’avoir appliquĂ© le premier de puissantes machines au travail de l’acier, et il a eu parfaitement raison de demander d'abord des prix Ă©levĂ©s pour payer facilement ces machines avec le profit retirĂ© des articles vendus, ce qui lui permettra par la suite de faire de grandes rĂ©ductions de prix et de produire Ă  bon marchĂ©. L’exposition de M. Krupp contient Des bandages de roues de 34 Ă  58 pouces do diamĂštre, variant de 290 Ă  745 livres. Leur surface tournĂ©e ne prĂ©sente pas un seul dĂ©faut, pas plus que ceux brisĂ©s ne montrent pas une paille. Des Ă©chantillons courbĂ©s en tout sens montrent la flexibilitĂ© du mĂ©tal ; Deux essieux de locomotive en acier fondu, avec des roues et bandages en mĂȘme matiĂšre, prĂȘts Ă  ĂȘtre employĂ©s, pesant 1,550 livres; Un essieu principal de locomotive en acier fondu, avec des roues en fer forgĂ© et des bandages d’acier fondu, qui ont parcouru 66,000 milles sur le chemin de fer Eastern Counties 6ans avoir Ă©tĂ© tournĂ©es; la machine pesant 28 tonnes et le poids des roues Ă©tant do 10 tonnes; Uno manivelle doublement coudĂ©e pour transatlantique Ă  hĂ©lice, pesant 11 tonnes; longueur 24 pieds, diamĂštre 15 pouces; Un arbre pesant 15 tonnes, forgĂ© avec un lingot de 25 tonnes; Ulle partie d’ancre de navire pesant 1/2 tonne; Une hĂ©lice propulsive de 9 pieds de diamĂštre, en acier fondu; Une paire de rouleaux d’acier, durcis et polis pour laminer 1 or c’est la fabrication do ces petits articles, depuis quarante ans, qui a fait d’abord la rĂ©putation de M. Krupp. 504 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Enfin les bouches il feu suivantes Canon de DiamĂštre de Fume en pouces. 4 go chargeant par la houchc. 3,4 1 Poids en livres. 595 Canon de 25 se chargeant par la culasse. 3,75 1,905 Canon de 40 — 4,75 3,012 Canon de 100 — 7,00 7,709 Canon de 08 — pas fini. 8,12 8,305 Canon de » _ _ 9,00 18,000 Tous ces canons sont terminĂ©s intĂ©rieurement et extĂ©rieurement, Ă  l’exception des deux derniers, qui n’ont pu ĂȘtre achevĂ©s en temps utile. ACIER BESSEMER. D’aprĂšs l’expĂ©rience de cent annĂ©es, on a reconnu dans tous les pays que certaines mines produisaient des fers Ă  propension aciĂ©reuse, et les produits de ces mines ont reçu des prix en rapport avec leur valeur. Le fer extrait de l’hĂ©matite prend rang maintenant parmi les fers Ă  acier par l’introduction du procĂ©dĂ© Bessemer, qui s’y applique heureusement Ă  cause de son bas prix et de l’absence de soufre et de phosphore que cette mĂ©thode n’enlĂšve pas entiĂšrement. 11 serait peut-ĂȘtre plus exact de dire que le fer extrait de l’hĂ©matite bessemerisĂ© est un fer supĂ©rieur, que de l’appeler un vĂ©ritable acier, car il faut toujours le mĂȘler Ă  du fer possĂ©dant une propension aciĂ©reuse. Il n’entre pas encore parmi l’acier vendu aux fabricants de Sheffield. Le patentĂ© a Ă©tabli une petite fabrique bien plus destinĂ©e Ă  l’expĂ©rimentation qu’à la production, et a prĂ©fĂ©rĂ© vendre des licences Ă  d’autres personnes que de fabriquer lui-mĂȘme. Une immense publicitĂ© a Ă©tĂ© donnĂ©e au procĂ©dĂ© Bessemer, et plusieurs fabriques se montent dans divers pays. John Brown et la Compagnie Wear Dale fabriquent cet acier. Ces habiles manufacturiers s’appliquent, Ă  l’exemple de M. Krupp, Ă  la production d’articles chers, et demandent d’abord un prix Ă©levĂ© pour couvrir leurs grandes dĂ©penses d’établissement, sans doute pour diminuer plus tard leurs prix, lorsque la consommation augmentera et que le prix de revient deviendra moindre. Malheureusement, Ă  mon avis, M. Bessemer a trop parlĂ© du bas prix auquel il pourrait livrer un article qui allait faire concurrence aux aciers connus dans le LAMINAGE ET FORGEAGE DES MÉTAUX. MĂŒ commerce. Les inconvĂ©nients de. ce plan sont Ă©vidents pour l’acquĂ©reur de sa licence M. Brown, obligĂ© de demander un prix rĂ©munĂ©rateur qu’il obtient difficilement du public, qui attend de trĂšs-grands avantages par suite de tout ce qui lui a Ă©tĂ© annoncĂ©. La demande a Ă©tĂ© jusqu’ici fort limitĂ©e, et a consistĂ© surtout en rails, qui ont Ă©tĂ© vendus de 18 23 liv. st. la tonne par M. Brown. Ceux-ci sont bons daus certains cas, mais rencontrent la concurrence des rails en fer durcis par cĂ©mentation Ă  la dĂ©pense de 1 1. st. par tonne, et aussi de celle des rails plaquĂ©s d’acier. L’acier pudlĂ© de Firth, obtenu avec un mĂ©lange des meilleures fontes du Rhin au charbon de bois et de quelques-uns des meilleurs fers anglais au coke, peut ĂȘtre achetĂ© au mĂȘme prix que le fer de Lowmor; et s’il y avait une forte demande de rails d’acier, il n’est pas douteux qu’il serait employĂ© Ă  cet usage. L’acier pudlĂ© fabriquĂ© avec le fer du Rhin, et fondu par la mĂ©thode de Sheffield dans des creusets d’argile, est, pense-t-on, la substance employĂ©e par M. Krupp pour la fabrication des magni- liques spĂ©cimens qu’il expose. Il est Ă©galement employĂ© par la Compagnie Bocchum '. M. Bessemer, d’ailleurs, fond quelquefois son acier aprĂšs l’avoir bessemĂ©risĂ© dans des creusets d’argile. Je ne sais pas quels sont, parmi les Ă©chantillons exposĂ©s, ceux qui sont produits de la sorte, ni dans ses listes de prix ce qu’il cote comme acier direct ou bien comme acier seulement; il n’y a pas de classification do ce genre parmi les Ă©chantillons. La preuve de la bontĂ© de l’acier produit par l’ingĂ©nieux systĂšme que Bessemer a fait breveter, serait qu’il pĂ»t se vendre sur le marchĂ© de Sheffield comme une substance propre Ă  ĂȘtre fondue pour produire les premiĂšres qualitĂ©s d’acier. AprĂšs de longues recherches, M. Leplay perdant toute foi dans les rapports publiĂ©s sur les qualitĂ©s du fer en France et dans d’autres pays, et sur leurs propensions aciĂ©reuses respectives, prĂ©fĂšre adopter les prix des fers des diffĂ©rentes mines comme critĂ©rium de leur valeur relative. Les marchands de Sheffield ne sont intĂ©ressĂ©s dans aucune mine particuliĂšre, et les *‱ L ’ U8 >ne de M. Krupp renferme aujourd’hui quatre cents fours do fusion, recevant chacun de deux Ă  vingt-quatre creusets qui contiennent chacun 05 kilogrammes d’acier pudlĂ© obtenu par le traitement des fontes miroitantes du pays de Siegen. On rĂ©um t les produits d’un nombre suilisant de ces fours pour couler les grandes piĂšces. ĂŒGĂŒ EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. acheteurs veulent toujours en avoir pour leur argent. L’expĂ©rience de plus d’un siĂšcle a fixĂ© la valeur relative do toute marque de fer bien connue. Le procĂ©dĂ© Ressemer a Ă©tĂ© introduit en SuĂšde, et appliquĂ© aux produits des mines qui fournissent des minerais convenables pour fabriquer de bon fer, et lorsque le mĂ©tal Ressemer serajun article de vente sur le marchĂ© de Shef- field, on aura une mesure exacte de sa valeur. Il y a cent ans le gouvernement et plusieurs compagnies en France assurĂšrent que le fer de France Ă©tait le meilleur du monde pour fabriquer de l’acier. C’était une erreur, comme le {trouve le fait que jamais du fer français n’a Ă©tĂ© vendu Ă  l’étranger dans un but semblable. Les Français prohibĂšrent l’introduction dans leur pays du fer de SuĂšde qualitĂ© supĂ©rieure, Ă  cause de cette malheureuse prĂ©vention en faveur de leurs propres produits. Quand les barriĂšres ont Ă©tĂ© levĂ©es, les fers de SuĂšde ont commencĂ© Ă  ĂȘtre employĂ©s en France, et la rĂ©putation des produits français fabriquĂ©s en acier a immĂ©diatement gagnĂ©. Quant il l’applicabilitĂ© du procĂ©dĂ© Ressemer pour obtenir des lingots de grandes dimensions pour arbres Ă  manivelles, canons, etc., je pense qu’il y a des difficultĂ©s pratiques qui empĂȘchent ce procĂ©dĂ© de tenir ce qu’il a promis sous ce rapport, difficultĂ© dont on pourra, j’espĂšre, triompher. Tel est le court intervalle de temps pendant lequel le fer dĂ©carburĂ© est mĂ©langĂ© Ă  une substance fortement carburĂ©e, pour produire un acier rĂ©gulier modĂ©rĂ©ment carburĂ©. La forme de la cornue rend l’état d’imparfaite liquiditĂ©, ou, si l’on prĂ©fĂšre, d’imparfaite soliditĂ© trĂšs-incommode; elle gĂȘne pour diriger le mĂ©tal oĂč il doit ĂȘtre portĂ©. AussitĂŽt que la couleur de la flamme qui paraĂźt au-dessus du vase qui renferme la charge de fer fondu montre que le carbone a Ă©tĂ© enlevĂ©, la soufflerie est arrĂȘtĂ©e, et immĂ©diatement une charge de fonte au bois, comme celle du Rhin, propension aciĂ©reuse, dont il a Ă©tĂ© parlĂ©, y est versĂ©e. Le vent est alors rendu, et le temps nĂ©cessaire pour l’union parfaite des deux Ă©lĂ©ments n’est que de quelques moments, pendant lesquels le carbone est rĂ©duit Ă  la proportion voulue par le vent. Dans la fabrication ordinaire de l’acier fondu, l’acier n’est pas dĂ©tĂ©riorĂ© pour ĂȘtre restĂ© fondu mĂȘme deux heures entiĂšres dans le creuset, et l’ouvrier ne verse jamais le contenu du creuset avant d’ĂȘtre assurĂ© que l’acier est homogĂšne et exactement Ă la tempĂ©rature convenable, bien qu’il b07 LAMINAGE ET EORGEAGE DES MÉTAUX. n’y ait qu’une seule nature de substance dans le pot. Ces prĂ©cautions olfrent beaucoup plus de difficultĂ© avec deux espĂšces de matĂ©riaux dans un vase fermĂ©, comme dans l’appareil Ressemer; et il paraĂźt nĂ©cessaire, pour la perfection du travail, que le mĂ©tal soit renfermĂ© dans un vase auquel la chaleur puisse ĂȘtre appliquĂ©e pendant un temps suffisant par des moyens artificiels, de maniĂšre Ă  donner le temps nĂ©cessaire pour l’union parfaite des substances. 11 y aurait Ă  se rapprocher de l’ancien procĂ©dĂ© de SheiĂŻield, de l’emploi du creuset. FORGEAOE DU FER ET DE L’ACIER. Les remarques que nous avons faites Ă  propos de la fabrication des plaques de blindage nous dispensent d’entrer dans de longs dĂ©tails relativement au travail du fer forgĂ©. Un grand progrĂšs a Ă©tĂ© accompli dans le travail du forgeron par la construction du marteau Ăč vapeur dans ces derniĂšres annĂ©es. En disposant de bons et nombreux fourneaux Ă  rĂ©chauffer prĂšs des marteaux Ă  vapeur, et en se spĂ©cialisant dans certains travaux de forge, on peut arriver Ă  une grande rapiditĂ© dans la fabrication en mĂŽme temps qu’à une qualitĂ© supĂ©rieure des produits. L’essieu Ă  manivelles pour locomotives, exposĂ© par MM. Taylor frĂšres, est annoncĂ© comme fait en une demi- journĂ©e; mais nous ferons remarquer que ces essieux sont consommĂ©s en de telles quantitĂ©s que le maĂźtre de forges peut avoir des ordres sur ses livres pour cent ou cent cinquante Ă  la fois, et l u â€™ĂŒ peut prendre par suite les meilleures dispositions pour former ses ouvriers et bien organiser son travail. Quand il y a beaucoup d’hommes employĂ©s et beaucoup de fourneaux pour prĂ©parer le travail pour un seul marteau Ă  vapeur, il est Ă©conomique de payer, mĂȘme un prix trĂšs-Ă©levĂ©, le forgeron qui dirige j e travail, pour s’assurer un ouvrier supĂ©rieur; et quand mĂȘme es Maires seraient extraordinairement Ă©levĂ©s, la qualitĂ© du tra- vail le sera encore plus. a ylor frĂšres exposent aussi quelques barres pour les rubans s canons Armstrong; elles proviennent d’un mĂ©lange de fonte 1 e 0I ' ts hire, Ă  air froid, et de fonte au bois de SuĂšde, mĂȘlĂ©es poui 1 affinage et pudlĂ©es avec beaucoup de soin. La fracture 368 EXPOSITION UNIVERSELLE 1E LONDRES. est excellente, et plus compacte que celle d’un fer d’essieu. On ajoute quelquefois au produit suĂ©dois un autre de l’Inde. Pour arriver Ă  cette maniĂšre de procĂ©der, une longue sĂ©rie d’expĂ©riences sur les qualitĂ©s du fer forgĂ© obtenu par des mĂ©langes de fonte de diverses qualitĂ©s a Ă©tĂ© faite par les producteurs de fer du Yorkshire, qui a eu une si grande rĂ©putation. Je crois que M. Taylor a Ă©tĂ© pendant plusieurs annĂ©es le directeur ou le contre-maĂźtre des forges de M. Cooper Ă  Leeds, et on doit croire que les mĂ©langes de fer dans diffĂ©rents buts sont basĂ©s sur les rĂ©sultats d’expĂ©riences faites dans quelques-unes des meilleures forges. Je ne connais pas les proportions de fer de SuĂšde employĂ© pour le fer Ă  canon employĂ© [tour les rubans des canons Armstrong, mais j’ai Ă©tĂ© informĂ© par d’autres sources qu’une addition de 15 0/0 de fonte de SuĂšde au bois, ajoutĂ©e Ă  8a 0/0 du meilleur fer de Yorkshire, produit un excellent rĂ©sultat. L’acier est continuellement employĂ© Ă  de nouveaux usages. La fabrication de Sheflield a fait de grands progrĂšs depuis 1851, et MM. Firtli et Fils ont fondu des lingots d’acier fondu de plus de 5 tonnes pour canons; mais malheureusement l’emploi de l’acier n’a pas reçu d’encouragements de Wolwich, ce qui est bien Ă  regretter, car il ne peut ĂȘtre douteux que l’acier fondu ue trouve de nombreux emplois dans l’artillerie. Il en est ainsi par exemple pour les canons en acier pour carabines. L’acier fondu de Sheflield est coupĂ© en petites longueurs de 12 pouces, percĂ©es, chauffĂ©es et laminĂ©es Ă la longueur du canon qui estensuile alĂ©sĂ© et rayĂ©. Le supplĂ©ment de dĂ©pense nĂ©cessaire pour remplacer le fer par l’acier est insignifiant, et cependant permet d’obtenir un canon de qualitĂ© vraiment supĂ©rieure. CLASSE 4. ASSAINISSEMENT KT MISE EN VALEUR DES LANDES DE GASCOGNE, Par M. J. CilAMBRELENT, IngĂ©nieur des ponls et chaussĂ©es. Nous devons Ă  l'amitiĂ© do M. Chambraient do pouvoir reproduiro loi l’intĂ©ressante notice qu'il a publiĂ©e Ă  l’occasion de l’Exposition do Londres. Depuis 1840, Ă©poque oĂč il a fait la premiĂšre application de son modo de culture des Landes, il a eu bien souvent Ă  expliquer, Ă  faire comprendre son systĂšme nous dirons un mot en terminant pour montrer comment il n’y est pas toujours parvenu, malgrĂ© la simplicitĂ© do sa mĂ©thode, aussi cst-il arrivĂ© itlo formuler avec une nettetĂ© parfaite. Nous croyons pic ces pages resteront comme la forme dĂ©finitive do l’Exposition des principes simples cl fĂ©conds auquelsla France va devoir, dans peu d’annĂ©es, la mise en valeur de 800,000 hectares de terres incultes dont on n’avait jamais su tirer parti, et l’enrichissement de deux dĂ©partements de la France. C. L. Toute l’étendue de terrains connue sous le nom gĂ©nĂ©ral de Landes, qui se trouve comprise entre la mer et les vallĂ©es de la Garonne et de l’Adour, prĂ©sente une superficie d’environ 8,000 1 otnĂštres carrĂ©s, dont la presque totalitĂ©, il y a dix ans, Ă©tait oncoie inculte et inhabitĂ©e. On n’y trouvait de loin en loin que 'lues chaumiĂšres isolĂ©es et quelques bouquets de pin, inac- esst es 1 hiver par l’inondation des terrains environnants. immense dĂ©sert est cependant placĂ© aux portes d’une des p us grandes villes de France et sous un des climats de l’Europe e plus favorable Ă  la vĂ©gĂ©tation. 11 est traversĂ© aujourd’hui par HL 37 570 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. le chemin de fer de Bayonne, destinĂ© Ă  devenir, par son prolongement sur Lisbonne, l’une des lignes les plus importantes pour les transits avec l’AmĂ©rique, et il va ĂȘtre bientĂŽt reliĂ©, dans toute son Ă©tendue, Ă  cette grande artĂšre, par des routes agricoles qui, partant des diffĂ©rentes gares, iront porter dans tout le pays le bienfait de nombreuses et faciles communications. On conçoit de quelle importance Ă©tait la mise en culture d’un si vaste territoire placĂ© dans des conditions si favorables. Depuis longtemps de nombreux essais avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© faits dans ce but; mais tentĂ©s le plus souvent sans une Ă©tude approfondie de ce singulier pays, ils avaient toujours Ă©chouĂ© d’abord, parce qu’avant de les entreprendre on n’avait pas mĂȘme songĂ© Ă  mettre ces terrains dans des conditions normales de culture, et d’un autre cĂŽtĂ©, parce que tandis qu’on s’efforçait, par des peines infinies et d’énormes sacrifices d’argent, de donner au terrain des qualitĂ©s que la nature lui avait absolument refusĂ©es et de lui demander des produits incompatibles Ă  son sol, on mĂ©connaissait d’autres qualitĂ©s non moins prĂ©cieuses dont il Ă©tait largement dotĂ©, et qui, avec de faibles efforts, devaient porter dans cette terre la richesse et la fĂ©conditĂ©. Nous allons prĂ©senter une description succincte delĂ  configuration et de la constitution du sol des Landes et l’on verra combien la mise en culture du terrain rĂ©sultait naturellement d'une Ă©tude attentive et raisonnĂ©e du pays. Configuration et constitution du sol des landes. Les landes de la Gascogne forment un vaste plateau presque entiĂšrement horizontal, placĂ© Ă  une hauteur de 80 Ă  100 mĂštres au-dessus de la mer. Le terrain qui le forme est composĂ© d’un sol maigre et sablonneux, sans aucune trace d’argile ou de calcaire, d’une Ă©paisseur moyenne de 0 m ,60 Ă  0 m ,80, reposant sur un sous-sol impermĂ©able. Ce sous-sol impermĂ©able, qui prĂ©sente une Ă©paisseur moyenne de O^O Ă  0 m ,40, et qui est connu dans le pays sous le nom d ’alios, est composĂ© d’un sable ordinaire, agglutinĂ© par des matiĂšres vĂ©gĂ©tales qui forment une sorte de ciment organique. 57 ASSAINISSEMENT DES LANDES DE GASCOGNE. Il n’existe sur le plateau aucune source, aucune trace d’eau Ă  la surface pendant l’étĂ©; mais en Inver, au contraire, les eaux pluviales, si abondantes sur ces cĂŽtes de l’OcĂ©an, s’abattent pendant plus de six mois sur ce plateau, et n’y trouvent ni Ă©coulement intĂ©rieur, ni Ă©coulement superficiel; elles y restent stagnantes jusqu’à ce qu'elles aient Ă©tĂ© Ă©vaporĂ©es par les chaleurs de l’étĂ©. Ainsi, l’inondation permanente l’hiver, la sĂ©cheresse absolue d’un sable brĂ»lant l’étĂ©, tel est le caractĂšre principal du terrain. Qu’on se ligure maintenant l’effet de ce passage continuel d’une inondation de six mois Ă  une longue sĂ©cheresse, et on aura l’idĂ©e de la stĂ©rilitĂ© du sol pour toute culture, et de son insalubritĂ© pour les animaux et les malheureux habitants qui y travaillent. Ou comprendra quels mĂ©comptes devaient accompagner tous les essais tentĂ©s avant qu’on ait pensĂ© Ă  y faire disparaĂźtre ces deux causes, si nuisibles Ă  tout dĂ©veloppement agricole quelconque. NĂ©cessitĂ© d’un assainissement prĂ©alable. — L’assainissement prĂ©alable n’était donc pas seulement une amĂ©lioration utile pour les landes, c’était une condition indispensable de leur mise en culture, et l’on peut dire sans hĂ©siter que la cause principale qui a fait Ă©chouer jusqu’ici tant d’entreprises dans ce pays, c’est de n’avoir pas reconnu cette indispensable nĂ©cessitĂ© d’assurer, avant tout essai de culture, l’écoulement des eaux superficielles. Il est vrai que le terrain des landes avait toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme ayant par lui-mĂ©me si peu de valeur, et qu’en gĂ©nĂ©ral les procĂ©dĂ©s de dessĂšchement d’un terrain marĂ©cageux nĂ©cessitent des dĂ©penses si considĂ©rables, que jusqu’ici, mĂŽme ceux qui avaient constatĂ© la nĂ©cessitĂ© du dessĂšchement, avaient reculĂ© devant les dĂ©penses Ă  faire. On ne saurait penser, du reste, pour peu qu’on y rĂ©flĂ©chisse, Ă  appliquer Ă  ces terrains le drainage proprement dit avec des conduits souterrains. La faible valeur des landes relativement au prix Ă©levĂ© du drainage, l’impossibilitĂ© de trouver des terres argileuses dans le pays, la couche impermĂ©able d’alios qu’il faudrait percer, en lin la nature des cultures, consistant principalement en essences forestiĂšres qui Ă©tendent leurs racines en tous sens, sont autant de causes qui rendrout toujours impossible ce mode de drainage dans les landes. Un seul grand propriĂ©taire a 572 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. voulu le tenter malgrĂ© toutes ces raisons, et il y a fait pour cela des travaux trĂšs-coĂ»teux, auxquels il a dĂ» renoncer complĂštement au bout de deux annĂ©es. SystĂšme d’assainissement appliquĂ© en 1849. — Si cependant on Ă©tudie avec soin la configuration gĂ©nĂ©rale du plateau des landes, on reconnaĂźt un fait remarquable qui rĂšgne sur toute l’étendue du pays, et qui doit rendre l’assĂšchement trĂšs-simple et trĂšs-peu coĂ»teux. Sur tout le plateau il existe, depuis le faĂźte jusqu’au versant des vallĂ©es, dans les deux sens perpendiculaires, une pente gĂ©nĂ©rale excessivement rĂ©guliĂšre; sur aucun point le terrain ne forme cuvette de maniĂšre Ă  nĂ©cessiter des travaux spĂ©ciaux pour l’écoulement des eaux. Cette pente est tellement faible, que les moindres accidents ou plutĂŽt les simples irrĂ©gularitĂ©s du terrain la contrarient et empĂȘchent l’eau d’en suivre la dĂ©clivitĂ©. Mais ces irrĂ©gularitĂ©s, qui entravent ainsi l’écoulement, n’ont jamais plus de 0 n, ,30 Ă  0 ra ,40 de hauteur maximum, de telle sorte que, si sur un point quelconque de la lande, on ouvre un fossĂ© de 0 m ,40 Ă  O" 1 ,50 de profondeur, dont le plafond soit dressĂ© suivant un plan bien parallĂšle Ă  la pente gĂ©nĂ©rale du terrain, on est certain que ce fossĂ© pourra ĂȘtre exĂ©cutĂ© dans toute son Ă©tendue sans nĂ©cessiter des dĂ©blais de plus de 0 m ,GO Ă  0 m ,70 de profondeur, et qu’il Ă©coulera parfaitement toutes les eaux qui y arriveront; traversant d’ailleurs un terrain de sable trĂšs-permĂ©able, il attirera Ă  lui les eaux superficielles jusqu’à une assez grande distance; et comme la pente de ce fossĂ©, tout en Ă©tant bien suffisante pour l’écoulement des eaux, n’est jamais de plus de 0",001 Ă  0 m ,003 par mĂštre, les eaux y couleront toujours lentement et rĂ©guliĂšrement sans en corroder les bords. Par suite de la permĂ©abilitĂ© du terrain, il suffira du reste que ces fossĂ©s soient Ă  des distances encore assez grandes les uns des autres pour obtenir le dessĂšchement complet du terrain. C’est ce systĂšme d’assainissement qui a Ă©tĂ© appliquĂ© d’abord par nous en 1849 aux landes de Saint-Alban que nous avons mises en exploitation; ces landes Ă©taient si inondĂ©es qu’on ne pouvait y circuler la moitiĂ© de l’annĂ©e que sur de hautes Ă©chasses. Des fossĂ©s de 1’",20 de largeur en gueule, sur 0ℱ,40 de profondeur, ont Ă©tĂ© ouverts dans le sens de la plus forte pente et dans ASSAINISSEMENT DES LANDES DE GASCOGNE. Ăź>'3 une direction perpendiculaire. La longueur totale des fossĂ©s a Ă©tĂ© de 100 mĂštres par hectare. L’ell'et de ces fossĂ©s, qui constituaient un vĂ©ritable drainage Ă  ciel ouvert, fut complet et immĂ©diat. Le terrain fut si bien assĂ©chĂ©, que pendant les plus fortes pluies d’hiver, pendant que l’eau coulait abondamment dans tous les fossĂ©s et avec une remarquable rĂ©gularitĂ©, le terrain ne prĂ©sentait nulle part Ă  la surface la moindre trace d’eau stagnante ; toute l’eau pluviale qui tombait traversait immĂ©diatement le sol pour se rendre aux fossĂ©s, sans qu’on en vĂźt mĂȘme courir la moindre partie Ă  la surface du sol. On peut d’ailleurs se faire une idĂ©e de la rĂ©gularitĂ© et delĂ  faible vitesse avec laquelle l’eau coulait dans les fossĂ©s, par ce fait pic depuis plus de douze ans que nos 200 kilomĂštres de fossĂ©s reçoivent tontes les eaux de la propriĂ©tĂ© et mĂȘme une assez, grande partie des eaux supĂ©rieures, il ne s’y est pas produit la moindre corrosion. Le sol ainsi assaini pouvait recevoir toutes les cultures compatibles avec sa nature ; mais dans un tel terrain, composĂ© d’un sable pur, sans mĂ©lange de calcaire et d’argile, et privĂ© de population, la culture immĂ©diate en grand des cĂ©rĂ©ales ne pouvait se faire qu’avec d’énormes dĂ©penses. C’est Ă  peine si dans des terres de bonne qualitĂ© oĂč ne manquent ni les engrais ni la population, la culture des cĂ©rĂ©ales peut payer le cultivateur que serait cette culture aujourd’hui dans les terres maigres des landes, oĂč manquent Ă  la fois les amendements, les bras et les engrais 1 La culture forestiĂšre, au contraire, qui rĂ©ussit si bien d’elle- mĂȘme sans soins et sans efforts, sur les points isolĂ©s oĂč le sol est naturellement assaini, indiquait clairement ce que nous avions Ă  taire d’abord pour la mise en valeur immĂ©diate de toute cette vaste Ă©tendue de terrain, oĂč l’on ne pouvait appeler tout de suite toute la population nĂ©cessaire pour y dĂ©velopper de riches cultures. Climat. - Le terrain sablonneux des Landes, [^^0 essences forestiĂšres, est placĂ© d’ailleurs sou ^ vi f. \\ y France les plus favorables Ă  la " d ct ^ coudant; rĂšgne, dĂšs le mois de mars, un solcd ej 1 o74 EXPOSITION UNIVEKSKLLE DE LONDIƒS. il y tombe toujours aussi, du mois de mars au mois de mai, des pluies frĂ©quentes provenant du voisinage de l’OcĂ©an et des vents de mer qui rĂ©gnent souvent sur la cĂŽte, mais dont les landes sont en partie garanties par les hautes dunes qui longent le littoral. Ces eaux de pluies restant toujours stagnantes Ă  la surface, par suite de l’impermĂ©abilitĂ© du sous-sol et de l’horizontalitĂ© du terrain, tous les semis de glands-faits jusqu’ici n’avaient pu y rĂ©ussir facilement, malgrĂ© les excellentes conditions climatĂ©riques du pays, parce que pendant les deux mois du printemps, au moment de la germination naturelle, la chaleur solaire qui devait faire germer la graine Ă©tait entiĂšrement absorbĂ©e par l’eau qui couvrait le sol. Ce n’était guĂšre que vers le milieu de juin, ou tout au plus Ă  la lin de mai, que la terre, dĂ©gagĂ©e des eaux pluviales de l’hiver, recevait la chaleur nĂ©cessaire Ă  la plante. Le gland germait bien alors quelquefois, mais avec peine; puis, quand arrivait la chaleur du mois de juillet, le plant Ă  peine naissant ne pouvait rĂ©sister au soleil brĂ»lant de cette saison, et mourait en juillet pour n’avoir pas pu naĂźtre en avril. Pour les semis de pins, le mal n’était pas aussi grand, parce que cette essence pouvant vĂ©gĂ©ter Ăč peu prĂšs Ă  toute Ă©poque de l’annĂ©e, et rĂ©sistant mieux aux chaleurs de l’étĂ©, triomphait plus facilement des mauvaises conditions du terrain; mais sa vĂ©gĂ©tation n’en soutirait pas moins, et en ne commençant Ă  pousser qu’au mois de mai ou de juin, il Ă©tait naturellement bien moins dĂ©veloppĂ© que s’il avait pu profiter dĂšs le mois de mars de la chaleur solaire de cette Ă©poque, qui allait en quelque sorte s’éteindre dans l’eau qui baignait le sol oĂč il se trouvait. Sur quelques points mĂȘme oĂč l’eau sĂ©journait jusqu’au milieu de l’étĂ©, la graine elle-mĂȘme ne pouvait germer. Aussi, au milieu des semis de pins tentĂ©s jusqu’ici dans la lande non assainie, parmi des arbres jaunĂątres et soutirants qui disputaient chaque printemps Ăą l’eau une partie de la chaleur nĂ©cessaire Ă  leur vĂ©gĂ©tation , voyait-on de nombreux vides oĂč le pin n’avait jamais pu sortir et oĂč toutes les dĂ©penses de dĂ©frichement et de semis avaient Ă©tĂ© faites en pure perte. En semant, au contraire, sur le terrain assaini de maniĂšre Ă  ce que l’eau ne fasse que traverser le sol, le-gland et la graine de pin ont pu germer partout dans le courant de mars, sous la double iniluence des pluies du printemps, dont l’eau ne fait que ASSAINISSEMENT DES LANDES DE GASCOGNE. 875 traverser et arroser la terre, et d’un soleil dĂ©jĂ  chaud Ă  cette opoque, dont toute la force est employĂ©e Ă  fĂ©conder la vĂ©gĂ©tation; et au mois de juillet, les jeunes plantes, qui ont poussĂ© promptement leurs racines dans un sol lĂ©ger et trĂšs-divisĂ©, se trouvent assez profondes et assez fortes pour rĂ©sister au soleil et pouvoir reprendre dĂšs les premiers jours du printemps leur active vĂ©gĂ©tation. Un fait jui s’est prĂ©sentĂ© d’une maniĂšre remarquable, et qu’il otait facile du reste de prĂ©voir, c’est que dans ces parties basses °u le pin ne pouvait venir parce que la graine y Ă©tait noyĂ©e, la vĂ©gĂ©tation s’est dĂ©veloppĂ©e aprĂšs l’assainissement avec une activitĂ© bien plus grande encore que sur les autres points. Les eaux y avaient entraĂźnĂ©, en effet, chaque hiver, tous les dĂ©tritus vĂ©gĂ©taux ou animaux, tous les engrais que les moutons y avaient dĂ©posĂ©s; de telle sorte que ces parties, perdues jusqu’ici pour toute vĂ©gĂ©tation, se sont trouvĂ©es, par le fait du dessĂšchement, ĂȘtre les parties les plus fertiles de la lande. AprĂšs avoir appliquĂ©, Ă  l’automne de 1849, le systĂšme d’assainissement que nous venons d’indiquer, sur les landes de Saint-Alban, situĂ©es sur une des parties du plateau les plus fatiguĂ©es par les eaux, nous y fĂźmes exĂ©cuter au mois de mars des semis de pins et de chĂȘnes. Ces semis rĂ©ussirent si bien, qu’en 1855 nous pĂ»mes envoyer Ă  l’Exposition universelle de Uaris des sujets qui avaient jusqu’à 4 mĂštres de hauteur, 0 m ,10 de diamĂštre. Ces rĂ©sultats parurent si remarquables au Jury international, qu il voulut faire visiter sur les lieux les semis faits, qui se dĂ©veloppaient alors sur une Ă©tendue de 500 hectares. Cet examen lit reconnaĂźtre 1° Que la bonne venue des arbres Ă©tait aussi remarquable sur toute la surface des landes assainies; Que le systĂšme d’assainissement appliquĂ© Ă  ces landes Ă©tait auss ^mple que peu coĂ»teux; '1 Que le mĂȘme systĂšme pouvait ĂȘtre appliquĂ© avec la mĂȘme aci itĂ© sur toute l’étendue des 8,000 kilomĂštres carrĂ©s de terres e l insalubres qui existaient encore sur cette partie du sol 1 L a lance ’ et en permettre une mise en valeur rationnelle. Le Jui y international lit constater au^si, que sur tous les points 57C EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. oĂč le terrain les landes se trouvait naturellement dans les conditions d’assainissement oĂč nous pouvions mettre toute l’étendue des Landes, au moyen do nos fossĂ©s d’écoulement, il existait des arbres dĂ©jĂ  AgĂ©s qui s’étaient dĂ©veloppĂ©s chaque annĂ©e d'une maniĂšre aussi remarquable que ceux venus dans les landes inondĂ©es, aprĂšs notre assainissement prĂ©alable, ce qui ne pouvait laisser de doutes pour l’avenir des semis faits dans ces derniers terrains. Depuis 1855, nos semis de 1850 et tous ceux qui ont Ă©tĂ© faits depuis ont continuĂ© Ă  se dĂ©velopper avec une vigueur au moins aussi grande; on peut en juger par les sujets que nous avons envoyĂ©s celte annĂ©e Ă  l’Exposition universelle de Londres des chĂȘnes venus de glands semĂ©s en 1850 prĂ©sentent des hauteurs de tige qui vont jusqu’à 7“',80, et une circonfĂ©rence de O" 1 ,70 au collet. On ne peut citer, dans l’histoire de la vĂ©gĂ©tation en France, rien d’aussi remarquable que le dĂ©veloppement de ces jeunes arbres. M. Duhamel du Monceau, dans son grand ouvrage des semis et plantations, cite comme exemple de belle venue de chĂȘne, un semis fait en 1732, dans un excellent terrain de sable gras, qui fut bien cultivĂ© pendant les premiĂšres annĂ©es, et qui prĂ©sentait en 1759, c’est-Ă -dire aprĂšs vingt-huit ans de pousse, un taillis de 22 Ă  25 pieds de haut, oĂč beaucoup d’arbres avaient 12 Ă  14 pouces de diamĂštre. Nos semis, qui n'ont que onze ans, prĂ©sentent une hauteur Ă  peu prĂšs Ă©gale, et un diamĂštre de plus des deux tiers des autres. Les sujets que nous avons envoyĂ©s Ă  Londres ne sont pas, du reste, des sujets exceptionnels et beaucoup plus beaux que l’ensemble de ceux qui existent dans nos semis. En 1859, lors de l’Exposition de la SociĂ©tĂ© philomathique de Bordeaux, le jury d’agriculture nomma une sous-commission pour visiter nos semis dans toute leur Ă©tendue. On peut voir, par le rapport fait Ă  la suite de cet examen, ce qu’est l’ensemble des arbres sur toute la surface de nos landes assainies. La belle venue des chĂȘnes, dit le rapport, est parfaitement Ă©gale sur toutes les parties consacrĂ©es Ă  cette essence; et quelque remarquables que fussent les sujets exposĂ©s, il eĂ»t pu en ĂȘtre pris de plus beaux sur le domaine. Une des objections qui avaient Ă©tĂ© faites dans le principe ASSAINISSEMENT D1ÏS LANDES DE GASCOGNE. Ü77 contre notre systĂšme, c’est que les fossĂ©s d’écoulement ouverts dans un terrain sablonneux s’ébouleraient et se combleraient promptement, et qu’ils cesseraient de fonctionner au bout de peu de temps. On verra aussi, par l’extrait du rapport de la commission de visite des lieux, en 1859, que les fossĂ©s ouverts depuis dix ans sont en parfait Ă©tat de conservation. Ce fait, qui paraĂźt assez surprenant, Ă©tait cependant facile Ă  prĂ©voir pour qui u bien Ă©tudiĂ© le sol des Landes. Bien que ce sol soit formĂ© d’un sable fin et meuble, sa surface est couverte d’une abondante vĂ©gĂ©tation de bruyĂšre, dont les racines forment dans l’intĂ©rieur du terrain, jusqu’à la profondeur de l’alios, une sorte de trame assez serrĂ©e, qui donne de la consistance au sable et en prĂ©vient l’éboulement. D’un autre cĂštĂ©, l’égalitĂ© de la pente gĂ©nĂ©rale du sol nous a permis de dresser le plafond de nos fossĂ©s suivant une pente tellement uniforme et des lignes tellement droites, que l’eau y coule avec une parfaite rĂ©gularitĂ©, sans jamais y causer de corrosions. C’est ainsi que nos fossĂ©s, aprĂšs une durĂ©e de douze ans, se trouvent dans l’état de parfaite conservation constatĂ© par le jury de Bordeaux en 1859. Une autre objection encore plus sĂ©rieuse avait Ă©tĂ© produite contre l’avenir de nos semis. Quelques personnes avaient fait observir que le sous-sol impermĂ©able des landes, qui rĂšgne Ă  0 m ,60 environ au-dessous de la surface du terrain, Ă©tant un tuf d’une nature particuliĂšre qui ne peut ĂȘtre traversĂ© parles racines des arbres, il Ă©tait Ă  craindre que, lorsque les racines arriveraient Ăč ce terrain, elles ne pourraient point pivoter, et que, par suite, le dĂ©veloppement de la tige s’en ressentirait. Nous avions dĂ©jĂ  rĂ©pondu Ă  cette objection en faisant remarquer combien le pivot de l’arbre, qui ne reçoit jamais l’humiditĂ© ni la chaleur fĂ©condantes de l’atmosphĂšre, Ă©tait moins important que les racines traçantes, pour le dĂ©veloppement de l’arbre ; mais il Ă©tait encore mieux de rĂ©pondre Ă  l’objection par le fait lui-mĂŽme. Pour cela, nous avons fait enlever les arbres envoyĂ©s Ă  l’Exposition de 'Ondres av ec toutes leurs racines. On verra combien peu ces memes ont pivotĂ©, sans que cependant le dĂ©veloppement des ai les ait cessĂ© d’élre de plus en plus remarquable. our faire comprendre encore mieux combien le pivotement c e a Ăźacine a peu d’influence sur le dĂ©veloppement de la tige, nous avons prĂ©sentĂ© aussi un jeune pin pris dans un semis qui 578 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. a Ă©tĂ© fait en 1855, dont le pivot avait dĂ©jĂ  commencĂ© l’annĂ©e derniĂšre Ă  s’émousser contre le tuf, et qui nĂ©anmoins a prĂ©sentĂ© cette annĂ©e-lĂ  une longueur de pousse Ă©norme de 1 m ,G0 pour les deux pousses du printemps et de l’automne. On verra, au surplus, par le peu de dĂ©veloppement de cette racine, combien le pin des Landes se nourrit peu dans le sol, et combien sa vĂ©gĂ©tation se fait principalement dans l’air. DĂ©bouchĂ© des produits. — En prĂ©sence de la grande production de bois que devait amener l’ensemencement forestier d’une si vaste Ă©tendue de terrain, il est naturel de se prĂ©occuper du dĂ©bouchĂ© de ces bois. Culture des pins. — AprĂšs vingt ans, les pins des Landes peuvent ĂȘtre rĂ©sinĂ©s, et alors ils donnent des produits dont on est tou jours sĂ»r de trouver un facile dĂ©bouchĂ©. Mais pendant les vingt premiĂšres annĂ©es du semis, on ne peut tirer des Ă©claircies qu’il faut faire au fur et Ă  mesure de la croissance des arbres, que des bois de chauffage ou des bois d’Ɠuvre. L’exploitation des Ă©claircies de jeunes pins en bois de chauffage ne donne qu’un combustible de faible valeur sous un gros volume, et qui paye Ă  peine le transport, pour peu que le semis soit Ă  une grande distance de bordeaux. Quand les semis ont sept ans, on peut y trouver des Ă©clialas pour les vignobles du dĂ©partement. C’est dĂ©jĂ  un produit qui peut donner en moyenne 15 Ă  18 fr. par hectare, et dont la consommation annuelle est considĂ©rable dans la Gironde. De douze Ă  vingt ans, les Ă©claircies de semis de pins peuvent donner des chevrons pour charpente, des poteaux tĂ©lĂ©graphiques et autres bois d’industrie; mais les Ă©claircies de cet Ăąge ont trouvĂ© depuis quelques annĂ©es, en Angleterre, un autre dĂ©bouchĂ© important qui tend Ă  s’agrandir de plus en plus. Il a Ă©tĂ© demandĂ©, en effet, ces derniĂšres annĂ©es, aux propriĂ©taires des Landes, une grande quantitĂ© de poteaux de pins pour le fonçage des puits de mine, dans les exploitations houillĂšres. Il a Ă©tĂ© expĂ©diĂ© notamment, au port de Troom, en Écosse, pour les mines du duc de Portland, sept navires chargĂ©s de ces poteaux de pins. Les dimensions exigĂ©es pour les poteaux sont de 0 m ,06 de 579 ASSAINISSEMENT DES LANDES DE GASCOGNE. diamĂštre au petit bout, et 2",50 de longueur minimum. On voit, par le sujet que nous avons exposĂ© Ă  Londres, que dĂšs l’ñge de onze ans nos pins des landes assainies peuvent satisfaire Ă  ces conditions. Le prix des poteaux envoyĂ©s en Écosse a Ă©tĂ© de 6 sliellings les 100 pieds anglais, livrĂ©s sur le quai de Troom, soit environ 7 fr. 50 les 3I mĂštres courants. Les navires qui transportent les poteaux de Bordeaux Ă  Troom reviennent Ă  Bordeaux-chargĂ©s de charbon. On voit dans quelles conditions avantageuses de transport peuvent se faire les envois de pins, et quel dĂ©bouchĂ© nous pouvons espĂ©rer, pour les Ă©claircies de douze Ă  vingt ans, des semis qui se font sur une grande Ă©chelle, depuis quelques annĂ©es, dans les landes assainies. A vingt ans, les pins peuvent ĂȘtre rĂ©sinĂ©s, et donnent alors des produits divers dont l’emploi se gĂ©nĂ©ralise de plus en plus dans le commerce, et dont on est toujours sĂ»r de trouver un dĂ©bouchĂ© facile et avantageux, quelle qu’en soit la quantitĂ© Ă  Ă©couler. A trente ans, un hectare de landes peut contenir 200 arbres, donnant en moyenne un revenu, en produits rĂ©sineux, de 20 c. par arbre, soit 40 fr. de revenu annuel '. Le produit peut se maintenir au moins trente ans, si le pignadas est bien amĂ©nagĂ©. A mesure que les arbres grossissent, il peut ĂȘtre bon de les Ă©claircir de maniĂšre Ă  en rĂ©duire le nombre Ă  150 par hectare; mais alors le produit de chaque arbre augmente, et maintient Ă  peu prĂšs le chitire du revenu, indĂ©pendamment de la valeur des sujets abattus. A soixante ans, les 150 arbres restants, aprĂšs avoir Ă©tĂ© rĂ©sinĂ©s pendant trente ans, peuvent avoir une valeur nette de 10 fr. au moins, ce qui peut donner un produit de 1,500 fr, par hectare, nou compris la valeur du sol qui reste aprĂšs la coupe des arbres. Si l’on remarque Ă  quel prix on peut avoir encore aujourd’hui un hectare de landes, assaini et ensemencĂ©, on peut juger de rits! ^ epU ' S lnnm - e derniĂšre, par suite de la guerre d’AmĂ©rique, le prix de la do 6 ** llUS f ' UC doublĂ©, de telle sorte que les belles plantations de pins ont jg" 0 ! ' ,8 ' 1U ’ 1 110 francs de revenu net par hectare. Il est probable que ce prix d U ' U ' IIC » e se maintiendra pas aussi Ă©levĂ© qu'il l’a Ă©tĂ© en 1861, mais il no Ăźe osiendi a jamais aux prix anciens, et l'on peut alllrmer que dans l’avenir le produit d un hectare de pins ne sera jamais moindre do 50 Ă  60 li anes. 11 est peu do terrains qui donnent un revenu aussi considĂ©rable. Ü80 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. l’avantage que peuvent prĂ©senter, pour l’avenir des familles, des propriĂ©tĂ©s semĂ©es en pins. Culture du chĂȘne. — Tour les semis de chĂȘne, les rĂ©sultats sont encore plus avantageux. Le bois de cliĂŽne a toujours Ă©tĂ© le bois le plus recherchĂ©, soit pour les constructions en charpente, soit pour la marine; on peut ĂȘtre assurĂ© d’un dĂ©bouchĂ© d’autant plus avantageux, dans l’avenir, pour ces bois, qu’ils deviennent chaque jour de plus en plus rares en France et mĂȘme en Europe, et qu’on est obligĂ© de les faire venir d’AmĂ©rique, oĂč le chĂȘne est d’une qualitĂ© bien infĂ©rieure. Un fait important, qui donne encore plus de valeur aux rĂ©sultats obtenus parla culture des chĂȘnes dans les landes et qu’on ne saurait trop signaler aux agriculteurs du pays, c’est que ces chĂȘnes, venus si rapidement, donnent nĂ©anmoins des bois d’une qualitĂ© supĂ©rieure. Le caractĂšre, en effet, le plus remarquable du chĂȘne des Landes, venu dans un terrain assaini, c’est que, contrairement Ăč larĂšgle presque universelle parmi les vĂ©gĂ©taux ligneux, l’énorme lfĂątivetĂ© du bois ne rĂšgne pas aux dĂ©pens de sa qualitĂ©. Ce fait si important nous a Ă©tĂ© confirmĂ© par plusieurs ingĂ©nieurs des constructions navales, et il est signalĂ© depuis longtemps dans l’ouvrage Des ForĂȘts delĂ  France page 151, de M. de Bonnard, inspecteur gĂ©nĂ©ral des constructions maritimes, comme le rĂ©sultat d’une enquĂȘte faite sur les lieux en 1822 par des hommes spĂ©ciaux. M. de Bonnard, aprĂšs avoir expliquĂ© combien il serait heureux, pour les besoins de la marine, qu’on pĂ»t asseoir dans les Landes une grande institution forestiĂšre, ajoute ; Il est fĂącheux qu’un si brillant aperçu soit gĂątĂ©, quant Ă» prĂ©sent, par deux grands empĂȘchements, par le manque d’un bon dĂ©bouchĂ© pour extraire du pays l’approvisionnement qu’on y crĂ©erait, et par l’état de marĂ©cage malsain dĂą au dĂ©faut d'Ă©coulement des eaux hivernales sur le sol plane et impermĂ©able des Landes. » Notre systĂšme d’assainissement fait entiĂšrement disparaĂźtre le plus grand des deux obstacles. D’un autre cĂŽtĂ©, le chemin de fer de Bayonne et les routes agricoles que l’État fait exĂ©cuter en ce moment assurent au pays des dĂ©bouchĂ©s, qui pourront d’ail- ASSAINISSEMENT DES LANDES DE GASCOGNE. 381 leurs ĂȘtre augmentĂ©s au fur et Ă  mesure que les produits dĂ©veloppĂ©s dans les landes assainies augmenteront de valeur. Depuis notre Exposition de 1855, sur laquelle le jury international avait fait un rapport si favorable, la presque totalitĂ© des landes appartenant aux particuliers ont Ă©tĂ© assainies et mises en valeur. Une loi du 19 juin 1857 a prescrit, en outre, l’assainissement et la mise en valeur de toutes les landes communales existant dans les deux dĂ©partements de la Gironde et des Landes. Dans la discussion de cette loi au Corps lĂ©gislatif, la Commission chargĂ©e d’examiner la loi cita dans son rapport les rĂ©sultats que nous avions obtenus par nos travaux de 1849 et que nous avions fait connaĂźtre en 1855, ainsi que la faible dĂ©pense qu’ils avaient nĂ©cessitĂ©e. Ces rĂ©sultats rĂ©pondaient d’une maniĂšre pĂ©remptoire Ăč ceux qui prĂ©tendaient qu’il n’y avait pas plus de raison d'ordonner la mise en valeur des landes de Gascogne, que celle de toutes les autres landes du sol de la France. Nulle part ailleurs on ne pouvait, avec la mĂȘme dĂ©pense, obtenir des rĂ©sultats plus certains et aussi considĂ©rables. Les travaux d’assainissement et d’ensemencement faits par les communes sont payĂ©s avec le prix d’une portion de leurs landes, vendue avec la condition imposĂ©e aux acquĂ©reurs d’y faire eux- mĂȘmes des travaux semblables. Aujourd’hui, l'assainissement et la mise en valeur de toutes les landes de Gascogne s’exĂ©cutent avec la plus grande activitĂ© dans les dĂ©partements de la Gironde et des Landes; et dans quelques annĂ©es, toute cette vaste Ă©tendue de terrains arides et insalubres, oĂč avaient Ă©chouĂ© jusqu’ici toutes les entreprises qu’on y avait tentĂ©es, auront disparu sous de magnifiques forĂȘts de pins et de chĂȘnes, oĂč les nations voisines, et notamment l’Angleterre, viendront chercher les bois nĂ©cessaires Ă  leur industrie. 582 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. CULTURES DIVERSES. Fabrique d’engrais. — Tabac. — Pommes de terre. — Prairies. Nature des eaux et puits d’eau potable. Quoique la culture forestiĂšre doive ĂȘtre longtemps encore la base des grandes exploitations dans les Landes, Ăč cĂŽtĂ© de cette culture il faut dĂ©velopper, mais en marchant lentement, et au fur et Ă  mesure que les ressources le permettent, une culture qui puisse appeler et nourrir la population qui doit servir Ă  cette exploitation, et surtout la formation de prairies pour les chevaux et les bƓufs destinĂ©s au transport des bois. Dans le terrain maigre et sablonneux des Landes, l’élĂ©ment le plus essentiel pour la culture est le fumier, et il est d’autant plus rationnel de chercher Ă  en avoir le plus possible, que ce sol sablonneux, avec une quantitĂ© suffisante de fumier, est un des sols qui se prĂȘtent le mieux Ă  la culture. L’on ne pouvait songer Ă  suffire aux besoins de la culture avec le fumier du bĂ©tail actuel des Landes, car le peu de fumier que fournissent les maigres et chĂ©tifs troupeaux de ces contrĂ©es, exigerait qu’on consacrĂąt Ă  ces troupeaux la presque totalitĂ© des immenses dĂ©serts oĂč chaque mouton est obligĂ© de parcourir plusieurs hectares pour trouver une nourriture qui peut Ă  peine le soutenir. Ce qui manque, du reste, le moins dans les Landes, c’est la litiĂšre. Les bruyĂšres, les fougĂšres, les herbes de toutes sortes qui couvrent tout le sol des Landes, la feuille de pin elle-mĂȘme, conviennent trĂšs-bien Ă  la confection du fumier; elles contiennent jusqu’à 0,40 pour 100 d’azote, d’aprĂšs les analyses qui en ont Ă©tĂ© faites avec le plus grand soin. Avec cette abondance de litiĂšre et un trĂšs-grand centre de population reliĂ© aux landes par un chemin de fer, nous avions les deux Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires pour une production en grand d’engrais qui a pu s’établir d’une maniĂšre simple et Ă©conomique. Les vidanges de Bordeaux, que les entrepreneurs Ă©taient obligĂ©s de porter Ă  de grandes distances de la ville, et les urines, ASSAINISSEMENT DES LANDES DE GASCOGNE- 583 qu’ils jetaient le plus souvent Ă  la riviĂšre, sont transportĂ©es le matin au chemin de fer, sur lequel nous avons pu obtenir un tarif spĂ©cial, et dirigĂ©es sur un point des landes de Saint-Alban, oĂč on les emploie, soit dans leur Ă©tat naturel, pour la fermentation des litiĂšres, soit Ă  des productions de poudrette, pour desservir les parties des landes les plus Ă©loignĂ©es oĂč les transports des composts seraient trop coĂ»teux. Avant leur arrivĂ©e au chemin de fer, les matiĂšres et les urines sont dĂ©sinfectĂ©es par une dose de sulfate de fer de 2 kilogrammes environ par hectolitre, qui fixe le carbonate d’ammoniaque en le transformant en sulfate. La dĂ©sinfection est si complĂšte, que tous les trains peuvent se charger des transports sans le moindre inconvĂ©nient. La dĂ©pense est, du reste, insignifiante elle n’est que de 14 Ă  20 centimes par hectolitre. A l’avantage de faire disparaĂźtre la mauvaise odeur des matiĂšres, le sulfate de fer joint un autre avantage plus grand encore c’est de retenir dans les matiĂšres les principes volatils les plus favorables Ă  la vĂ©gĂ©tation, et de conserver ainsi la richesse de l’engrais. Du reste, notre engrais de vidange, dont la composition est si variĂ©e, est un de ceux qui conviennent le plus au sol si maigre des Landes, surtout Ăč cause des carbonates et des phosphates calcaires qu’ils lui apportent et qui manquent si complĂštement dans le sol. 38,4c Cl, 54 100 , 00 — 100,00 Cette fabrique d’engrais, Ă©tablie dans les Landes depuis 1857, L’analyse de cet engrais a donnĂ© les rĂ©sultats suivants 1 ° MatiĂšres volatiles. Eau et produits volatils ou combustibles, non compris , . 30,47 . . 1,00 — AĂŻotc. ' 2° Cendres. „ , , 0,92 aels solubles dans l’eau... U6sidu arçila-& Insoluble dans les acides. ’ Alumine, peroxyde do fer et phosphate. Chaux. 3 >’* Acide carbonique ou pertes. ^ ’ ,">84 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. a permis surtout d’introduire dans notre exploitation une culture des plus riches, celle du tabac. Celte culture nous donne un trĂšs-grand produit par elle-mĂȘme, mais elle a surtout l’avantage de prĂ©parer parfaitement le sol pour y former des prairies. Il a Ă©tĂ© plantĂ©, en 1861,246 hectares de landes en tabac dans le dĂ©partement de la Gironde. Il est probable que cette surface s’étendra chaque annĂ©e davantage, Ă  mesure que se dĂ©veloppera, dans les landes, la population qu’y appellent les semis de pins et de chĂȘnes. Une autre culture assez productive et rĂ©pandue dans toutes les fermes, c’est celle de la pomme de terre, qui a aussi l’avantage de bien prĂ©parer le sol pour des prairies. La prairie est, sans contredit, aprĂšs l’exploitation forestiĂšre, la culture la plus rationnelle des Landes, oĂč se trouve un sol frais jusqu’au commencement de juin, Ă©poque delĂ  fenaison, qui devient tout Ă  fait sec au moment delĂ  maturitĂ© des cĂ©rĂ©ales, et qui se trouve, du reste, privĂ© des bras nĂ©cessaires Ă  la culture des cĂ©rĂ©ales. Notre fabrique de Saint-Alban, situĂ©e sur le bord du chemin de fer, ne fournit pas seulement des engrais aux landes de la Gironde il s’y fabrique des poudrettes qu’on expĂ©die aussi dans le dĂ©partement des Landes. En 1861, il en a Ă©tĂ© expĂ©diĂ© plus de 1,400 hectolitres au domaine impĂ©rial de SolfĂ©rino, oĂč ces poudrettes ont Ă©tĂ© signalĂ©es comme un des meilleurs engrais Ă  employer. Cet engrais, en se rĂ©pandant de plus en plus dans les Landes, permettra d’y dĂ©velopper chaque annĂ©e davantage les cultures, et par suite les prairies. Celles-ci, en favorisant l’élĂšve du bĂ©tail, crĂ©eront Ă  leur tour une nouvelle source d’engrais, qui augmentera encore par elle-mĂȘme le dĂ©veloppement des cultures. Nature des eaux. — Une des causes qui nuisent le plus au dĂ©veloppement agricole dans les Landes, c’est la mauvaise qualitĂ© des eaux qui servent Ă  l’alimentation des hommes et des animaux. C’est lĂ  un des plus grands obstacles dont on doit chercher Ă  triompher; car tant qu’on ne rĂ©ussira pas Ă  assurer aux habitants et au bĂ©tail une boisson pure et saine, on ne peut espĂ©rer de voir se dĂ©velopper dans le pays la population qui doit en assurer la mise en valeur ASSAINISSEMENT DES LANDES DE GASCOGNE. Ü85 Ainsi que nous l’avons dit, il n’existe aucune source d’eau ‱vive sur tout le plateau des Landes. La seule eau qu’on y trouve pour la boisson des hommes et des animaux provient d’une nappe gĂ©nĂ©rale situĂ©e sous la couche aliotique, Ă  1 ra ,20 environ au-dessous du sol. Les puits ne consistent ainsi que dans de simples trous, creusĂ©s Ă  travers l’alios pour arriver Ă  la nappe d’eau placĂ©e immĂ©diatement au-dessous. L’eau de cette nappe provient des premiĂšres eaux pluviales de l’automne qni tombent sur le sol des Landes; ces eaux, aprĂšs avoir lavĂ© le terrain et entraĂźnĂ© tous les dĂ©tritus vĂ©gĂ©taux et animaux qui s’y trouvent en abondance, passent Ă  travers les interstices assez nombreux de l’alios, et vont se loger dans le banc de sable qui se trouve immĂ©diatement au-dessous. Elles y restent stagnantes, toujours chargĂ©es d’abondantes matiĂšres organiques, parmi lesquelles se trouve principalement de l’albumine vĂ©gĂ©tale. Ces eaux sont gĂ©nĂ©ralement d’un aspect jaunĂątre, d’une saveur Ăącre; aucune vĂ©gĂ©tation, aucun roulement sur le sable ouĂŻe gravier, ne contribue Ă  les purifier ou Ă  les aĂ©rer, ainsi que cela a lieu pour les eaux courantes. PlacĂ©es d’ailleurs presque au niveau du sol, elles sont glaciales en hiver et tiĂšdes en Ă©tĂ©. De telles eaux, oĂč la putrĂ©faction de l’albumine vĂ©gĂ©tale dĂ©veloppe des produits azotĂ©s, sont gĂ©nĂ©ralement bonnes pour l’arrosage des terres, et la facilitĂ© de les avoir, l’étĂ©, sur un point quelconque de la lande, par un simple trou de t ,n ,20 de profondeur, en fait une ressource prĂ©cieuse pour la culture du pays. Nous les avons utilisĂ©es avec avantage dans certaines cultures, notamment celle du tabac, et on peut les considĂ©rer comme devant ĂȘtre d’une grande importance pour les cultures que l’avenir dĂ©veloppera dans les Landes avec la population. Mais on comprend, en mĂŽme temps, combien de telles eaux doivent ĂȘtre funestes pour la boisson des hommes et des animaux; pour assurer une bonne exploitation agricole, il fallait a solunrent avoir une eau plus saine. Au-dessous du banc de sable dans lequel se tient cette nappe d eau, il existe des gisements d’argile et de calcaire sous lesquels il n est pas douteux qu’on pĂ»t trouver de l'eau plus pure que celle qui existe immĂ©diatement au-dessous de l’alios; mais des sondages de plus de 20 mĂštres de profondeur, que nous avons Ut. 38 880 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES, faits sur diffĂ©rents points, n’ont pas atteint ces couches, et il est probable, d’aprĂšs l’étude gĂ©ologique du pays, que les bancs d’argile ou de calcaire se trouvent Ă  une trop grande profondeur pour aller chercher l’eau des puits ordinaires en dessous. Mais au fur et Ă  mesure quel’eau impure de la surface descend Ă  travers le sable, elle se dĂ©barrasse peu Ăą peu des matiĂšres organiques qu’elle tient en suspension; de telle sorte que la mĂȘme eau, prise Ă  une profondeur de quatre mĂštres par exemple, offre un degrĂ© de puretĂ© plus grand que celle prise Ă  la surface. Si, de plus, on fait passer cette eau prise Ă  4 mĂštres Ă  travers une forte couche de calcaire et de gravier argileux, elle finira par se dĂ©pouiller du restant des matiĂšres organiques et sortira de cette couche artificielle tout Ă  fait pure. Pour appliquer cette idĂ©e, nous avons construit un puits de 4 mĂštres de profondeur seulement, pour rendre la dĂ©pense le moins Ă©levĂ©e possible. Les parois ont Ă©tĂ© cimentĂ©es de maniĂšre Ă  ĂȘtre impermĂ©ables. L’eau n’y arrive maintenant que par la partie infĂ©rieure; nous avons mis, en outre, au fond, une couche de 0 m ,50 de gravier argileux et de pierrailles calcaires qui n’étaient que les dĂ©bris de la taille de nos pierres; l’eau, en sortant de cette couche, se trouve pendant quelques jours un peu blanchĂątre, mais elle reprend bientĂŽt sa limpiditĂ© et se trouve entiĂšrement dĂ©barrassĂ©e de toute matiĂšre organique; elle est, au contraire , chargĂ©o d’un peu de bicarbonate de chaux dont elle Ă©tait privĂ©e avant d’arriver au puits, puisque c’était de l’eau pluviale, mais qu’elle y a pris en passant Ă  travers notre filtre artificiel. Or, comme on le sait, la prĂ©sence des sels calcaires en petite quantitĂ© dans l’eau est favorable aux conditions hygiĂ©niques de l’eau. L’eau distillĂ©e est reconnue moins bonne Ă  l’estomac que celle qui contient, une petite proportion de bicarbonate de chaux. Des puits semblables ont Ă©tĂ© construits dans toutes les communes des Landes du dĂ©partement de la Gironde. Cette substitution d’une eau pure et saine Ăč la mauvaise eau que buvaient les habitants, a Ă©tĂ© une des plus grandes amĂ©liorations apportĂ©es Ă  la salubritĂ© du pays. Dans un grand travail de dessĂšchement qui s’exĂ©cute aujourd’hui sur une longueur de 100 kilomĂštres, sur le versant occidental du plateau des Laudes, entre la Gironde et le bassin d’Arçachon, dans la partie du pays oĂč les 887 ASSAINISSEMENT DES LANDES DE GASCOGNE, fiĂšvres sĂ©vissaient avec le plus de force, nous n’avons pas eu do malades depuis trois ans dans des chantiers de plusieurs centaines d’ouvriers, et ce rĂ©sultat est principalement dĂ» aux prĂ©cautions prises pour assurer de la bonne eau aux travailleurs. Tel est l’ensemble des mesures prises pour obtenir l’assainissement et la mise en valeur des Landes de Gascogne, et qui assurent aujourd’hui Ă  la France la conquĂȘte pacifique de ce vaste territoire. Note. —La nĂ©cessitĂ© si bien dĂ©montrĂ©e ]iar M. Cliambrclentparun raisonnement si clair et bien plus pĂ©remptoirement encore par une expĂ©rience si probante, de faire prĂ©cĂ©der toute plantation dans les Landes de l’établissement de fossĂ©s assurant l’écoulement des eaux stagnantes, est Ă  peine gĂ©nĂ©ralement compristrau- jouril’hui. Il se trouve encore quelques personnes, et il s’en trouvait surtout beaucoup, il y a quelques annĂ©es, qui pensaient que l’on pouvait so dispenser de semblables travaux, qui n’en apprĂ©ciaient pas l’absolue nĂ©cessitĂ©. Je n’en citerai pour exemple que quelques passages d’un rapport insĂ©rĂ© au Moniteur du 11 octobre 1850 sur tes cultures des domaines impĂ©riaux des Landes, et certes les ingĂ©nieurs chargĂ©s de leur direction sont des hommes plus Ă©clairĂ©s que la plupart des propriĂ©taires des Landes. AprĂšs avoir rendu compte de divers modes d'ensemencement, le rapport dit qu’on a ensemencĂ© en pins une Ă©tendue de 351 hectares par un mode particulier, dit Ă  la canne. Nous devons avouer, y lil-on, que ce semis a mal rĂ©ussi. Nous ne croyons pas toutefois devoir condamner dĂ©finitivement, d’aprĂšs cette expĂ©- rience, ce mode d'ensemencement trĂšs-rapide et trĂšs-Ă©conomique, t-u effet, le semis exĂ©cutĂ© de celte maniĂšre a Ă©tĂ© fait en juillet, en vue d'expĂ©rimenter les semis tardifs que plusieurs praticiens du pays considĂšrent comme les plus cill- caces ; mais nous croyons dĂ©finitivement que les mois de juin, de juillet et d’aoĂ»t sont la saison la plus dĂ©favorable aux semis de pins et que la campagne du printemps doit finir en mai et celle d’automne ouvrir en septembre. * On voit que la consĂ©quence dĂ©finitive Ă  laquelle arrive l’auteur du rapport n’est autre chose que la reconnaissance du principe essentiel posĂ© par M. Chatn- brelent fie semer en mai, mais sans ajouter qu’un bon rĂ©sultat n'est assurĂ© qu’’P GS lui suffisent avec un lĂ©ger accroissement dans la puissance, dans la surface de chauffe et le poids servant Ă  adhĂ©rence. C’est ainsi que le poids portĂ© par l’essieu moteur des 610 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. machines express atteint souvent 14 tonnes; 11 1/2 sur les machines Ă  deux essieux couplĂ©s, et 10 1/2 Ă  11 sur les machines Ă  trois essieux couplĂ©s. La pression de la vapeur est plus Ă©levĂ©e, les foyers plus spacieux, les roues motrices plus grandes', et l’approvisionnement d’eau et de combustible plus considĂ©rable. Ces modifications permettent de remorquer, Ă  vitesse Ă©gale, des trains un peu plus lourds que par le passĂ©; elles ont surtout pour but d’augmenter la vitesse, qui est le point principal sur lequel se porte la concurrence entre les lignes anglaises. Mais si l’Angleterre ne prĂ©sente aucune disposition d’ensemble nouvelle, son exposition est du plus haut intĂ©rĂȘt, au point de vue des dispositions de dĂ©tail et de la perfection de l’exĂ©cution. On sent que chacune des piĂšces est travaillĂ©e par un outil spĂ©cial, et que la main-d’Ɠuvre se rĂ©duit de plus en plus au simple montage des machines. Le choix d’excellentes matiĂšres est trĂšs-apparent, ainsi que la tendance Ă  la simplification dans la forme et Ă  la rĂ©duction du nombre des piĂšces. Les roues motrices sont exclusivement en fer, les bandages en acier fondu, ainsi que les essieux et plusieurs piĂšces du mĂ©canisme. Le travail de l’aciĂ©r nĂ©cessite l’emploi d’outils trĂšs-rĂ©sistants, et la transformation des machines-outils. Sous ce rapport, l’Allemagne entre dans la mĂȘme voie que l’Angleterre la maison Borsig, de Berlin, expose une machine dont les piĂšces d’acier n’ont Ă©tĂ© dressĂ©es et ajustĂ©es qu’aprĂšs la trempe. FOYERS. La variĂ©tĂ© des foyers fumivores destinĂ©s Ă  brĂ»ler la houille est beaucoup plus grande en Angleterre qu’en France. Les machines exposĂ©es olfrent, sous ce rapport, plusieurs dispositions trĂšs- dignes d’ĂȘtre Ă©tudiĂ©es. Nous citerons le foyer Mac-Connell, en usage depuis plusieurs annĂ©es sur le North-Western, qui se compose d’une chambre de combustion s’étendant bien au delĂ  do la grille, sĂ©parĂ©e en deux parties, ainsi que la grille, par un bouilleur vertical qui va presque jusqu’à la plaque tubulaire. 11 y a deux portes, deux grilles, et pour ainsi dire deux foyers qu’on charge alternativement. Cette grande capacitĂ© de la chambre de combustion per- MACHINES LOCOMOTIVES. CH met un mĂ©lange complet de l’air et des gaz combustibles, et produit, en consĂ©quence, la fumivoritĂ©. Le foyer Clark, dans lequel le mĂ©lange de l’air et des gaz est produit, au moyen de jets de vapeur, par les deux faces latĂ©rales du foyer. Nous citerons, en outre, le foyer Kamsbottom, appliquĂ© sur la machine Lady of the Lake , du North-lVestern, dans lequel l’air est introduit par deux ouvertures carrĂ©es placĂ©es au-dessous des tubes, par consĂ©quent sur la face postĂ©rieure du foyer et munies de clapets pour modĂ©rer l’admission. Au-dessus de ces ouvertures se trouve une voĂ»te en briques rĂ©fractaires qui avance d’une quantitĂ© presque Ă©gale Ă  la demi- profondeur du foyer et qui force l’air Ăč passer sur la surface du combustible et Ă  produire des remous en changeant brusquement de direction pour entrer dans les tubes. Le foyer Cudworth, de la machine exposĂ©e par MM. Sharp, Stewart et C ie . Ce foyer se compose d’une longue grille de 2 m ,40 fortement inclinĂ©e, qu’on peut piquer par le dessous et nettoyer en marche; elle est terminĂ©e par une petite grille horizontale Ă  renversement. La boĂźte Ă  feu contient un bouilleur longitudinal occupant un peu plus de la demi-longueur de la grille et qui la sĂ©pare pour ainsi dire en deux grilles distinctes desservies chacune par deux portes spĂ©ciales superposĂ©es. Le foyer Connor, appliquĂ© sur la machine express de MM. Neil- son et O, de Glascow, offre un rabat en briques rĂ©fractaires disposĂ© exactement comme celui de M. Ramsbottom; seulement l’introduction de l’air a lieu par la porte. Le foyer Frodsham, employĂ© sur le Easiern-Gounties, consiste principalement dans un rabat placĂ© derriĂšre la porte d’introduction d’air, et dans l’emploi de jets de vapeur dans l’intĂ©rieur du foyer, de façon Ă  mĂ©langer les gaz combustibles avec l’air nĂ©cessaire Ă  leur combustion. Nous citerons encore le foyer employĂ© par M. Jenkins sur le Lancashire et Yorhshire, et qui se compose d’un rabat lixĂ© au- dessous des tubes avec prise d’air par trois rangĂ©es horizontales de trous sur la face postĂ©rieure, et une rangĂ©e sur la face antĂ©rieure du foyer. Nous citerons enfin, comme le rĂ©sumĂ© le plus complet des tentatives laites dans cette voie, les nombreux foyers de M. Beattie, sur le London and Eor t h-Western. Les premiers foyers con- 612 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. sistaient en deux grilles distinctes Ă  la suite l’une de l’autre, desservies chacune par une porte, et dans l’intervalle desquelles se trouvait un bouilleur transversal en mĂ©tal percĂ© de trous. Sur la premiĂšre grille, on chargeait de la houille ; sur la seconde, du coke ; derriĂšre ces grilles, se trouvait une chambre de combustion, profonde, sĂ©parĂ©e en deux parties par un bouilleur vertical. Aujourd’hui on ne charge plus qu’avec de la houille, le bouilleur est agrandi et reportĂ© plus au fond du foyer. L’Exposition anglaise se composait de 12 machines dont 4 machines express; 4 — Ă  marchandises ; 4 — de petites dimensions pour houillĂšres et travaux de terrassement. Sur ces 12 machines, 4 seulement ont des cylindres intĂ©rieurs ; et sur les 20 qui composaient l’exposition de toutes les nations, 6 seulement avaient des cylindres intĂ©rieurs. MACHINES EXPRESS. Les 4 machines express exposĂ©es ont les roues motrices placĂ©es entre les roues, de support. La surface de chauffe, quoique plus grande qu’autrefois, n’atteint pas encore 100 mĂštres carrĂ©s pour les machines dont la largeur de voie est 1 m ,50. Le diamĂštre des roues motrices est, en gĂ©nĂ©ral, de 2 m ,10 Ă  2 m ,50. Les roues, de 2 m ,70, sont les plus grandes que l’on puisse trouver sur les machines express des lignes anglaises. Un poids de 12 Ă  14 tonnes est portĂ© par les roues motrices. — C’est le dernier mot de ces machines sous ce rapport. La C io du London and North-Western expose 2 machines l’une, construite aux ateliers deWo'lverton, par M. Mac-Conneli, l’autre, aux ateliers de Crewe, par M. Ramsbottom. 1° La machine de M. Mac-Connell est Ă  cylindres intĂ©rieurs, dont la course est 0 ra ,61. Les roues motrices ont 2 m ,30 de diamĂštre. La surface de chauffe n’atteint pas 80 mĂštres. Les bandages, les manivelles, et l’essieu coudĂ© sont en acier de Krupp. MACHINES LOCOMOTIVES. 613 Elle est munie d’un injecteur Giffard. Le tertder est Ă  6 roues et porte des balanciers compensateurs entre les roues du milieu et celles d’arriĂšre. L’ensemble pĂšse avec 8 tonnes d’eau et 2 tonnes de coke, 54 tonnes, soit 675 kilos par mĂštre carrĂ© de surface de chauffe. Le foyer disposĂ© pour brĂ»ler de la houille est de la forme dĂ©crite prĂ©cĂ©demment, sous le titre de foyer Mac-Counell. 2° La machine de M. Ramsbottom est Ă  cylindres extĂ©rieurs, de 0 m ,407 de diamĂštre, et de 0 m ,61 de course. Les roues motrices ont 2 m ,33 de diamĂštre. La base a une longueur de 4ℱ,70. La surlace de chauffe est de 91 mĂštres carrĂ©s, dont 7»',75 au foyer. Le poids servant Ă  l’adhĂ©rence est de 11 1/2 tonnes. La machine est munie de deux injecteurs Giffard. Le tender Ă  6 roues porte 8 tonnes d’eau et 2 de combustible. L’ensemble pĂšse plein 531 /2 tonnes, soit 575 kilos par mĂštre carrĂ© de surface de chauffe. Le foyer est disposĂ© pour brĂ»ler de la houille et de la forme des foyers Ramsbottom. Le soupapes de sĂ»retĂ© et les pistons sont d’un modĂšle nouveau dĂ» Ă» M. Ramsbottom. Enfin, cette machine porte un appareil spĂ©cial inventĂ© Ă©galement par M. Ramsbottom, pour l’alimentation d’eau sans arrĂȘt. Sur la voie se trouve une rigole en fonte de 400 mĂštres environ de longueur, de 0 m ,40 de largeur, et 0 m ,13 .de profondeur, pleine d’eau. Le tender porte un large tuyau mobile, recourbĂ© en avant Ă  sa partie infĂ©rieure. Lorsque la machine arrive en vitesse, prĂšs de la rigole, on fait plonger le tuyau recourbĂ©, et 5 Ă  6 mĂštres cubes d’eau sont introduits dans le tender en moins d'une minute. Toutefois l’eau ne commence ĂŒ entrer dans le tender que lorsque la vitesse du train est de 36 kilomĂštres Ă  l’heure. Cette rigole, Ă©tablie sur le chemin de Chester Ă  Holyhead, permet un service rĂ©gulier et journalier de 136 kilomĂštres sans arrĂȘt. Depuis l’époque oĂč cet appareil a Ă©tĂ© installĂ©, environ 7,000 mĂštres cubes d’eau ont Ă©tĂ© pris par les machines. La C 10 du London and Nord- Western railway , se dispose Ă  installer ces rigoles dans d autres stations. Comme dĂ©tail intĂ©ressant, nous rappellerons que, le 7 janvier 1862, l’emploi de ce moyen a permis Ă  une machine de franchir sans arrĂȘt et en 2 heures 25 minutes les 210 kilomĂštres qui sĂ©parent Holyhead de Stafford. 3° Le Caledonian railway exposait une machine de M. Connor, construite chez M. Neilson et C ic . Cette machine est Ă  cylindres 614 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. extĂ©rieurs, de 0”,6I de course, et Ă  double chĂąssis extĂ©rieur et intĂ©rieur. Le diamĂštre des roues motrices est de 2 m ,50. La surface de chauffe est de 99 mĂštres carrĂ©s extĂ©rieurement. La longueur des tubes est de 3 m ,80; leur nombre, 192; leur diamĂštre extĂ©rieur, 47 millimĂštres 1/2. Le foyer est fumivore, et de la forme indiquĂ©e prĂ©cĂ©demment, sous le titre de foyer Connor. L’essieu moteur est en acier fondu et fabriquĂ© dans les ateliers du Caledonian railtvay; les bandages sont en acier fondu de Krupp. Le poids de la machine pleine est do 31 tonnes; en lui supposant un tender Ă  6 roues, le poids par mĂštre carrĂ© de surface de chauffe serait de 530 kilos. C’est la plus lĂ©gĂšre des express exposĂ©es par l’Angleterre. Le poids sur l’essieu moteur est de 14 tonnes 1 /2. La 4 e machine express est exposĂ©e par Beyer, Peacock et C, et destinĂ©e au chemin de fer du Sud-Est du Portugal, dont la voie est de 1 m ,68. Les cylindres extĂ©rieurs ont 0 ra ,41 de diamĂštre, et 0 in ,56 de course. Le diamĂštre des roues motrices est de 2 m ,14. La base est de 4 m ,67. La surface de chauffe est de 122""', dont >,50 au foyer. La longueur des tubes est de 3",38; leur nombre 215; le poids servant Ă  l’adhĂ©rence 11 tonnes; le tender contiendra 10 tonnes d’eau et 1 1/2 de charbon. MACHINES MIXTES ET A MABCIIANDISES. 1° Machine mixte Ă  4 roues couplĂ©es du South-Eastern-Connties railtvay, projetĂ©e par M. Robert Sinclair et construite dans les ateliers de Robert Stephenson, Ă  Newcastle. Cette machine a parcouru 72,000 kilomĂštres sans autres rĂ©parations que celles de peinture et du tournage des roues motrices. Elle a des cylindres extĂ©rieurs placĂ©s horizontalement, de 0 m ,61 de course. Le diamĂštre des roues motrices est de 1 ,n ,83. Les bandages sont en acier de Krupp, et une paire de bandages qui ont parcouru 110,000 kilomĂštres sans ĂȘtre tournĂ©s, est exposĂ©e avec la machine. L’usure de ces bandages est d’environ 6 millimĂštres. La machine est munie d’injecteurs Gififard. La surface de chauffe totale est de 94 1/2 mĂštres carrĂ©s, dont 88 pour les tubes extĂ©rieurement. Le poids de la machine pleine MACHINES LOCOMOTIVES. 615 est de30 tonnes, dont 20 sur les 4 roues motrices; le poids du tender plein est de 23 tonnes. Ces poids correspondent au chiffre de 560 kilogr. par mĂštre carrĂ© de surface de chauffe. La machine est munie du foyer Frodsham dĂ©crit prĂ©cĂ©demment. 2° Machine Ă  4 roues couplĂ©es, exposĂ©e par S. W. G. Armstrong, construite dans ses ateliers de Elswick Works, prĂšs Newcastle. Cette machine destinĂ©e Ă  Y East-lndian railiuay, a une largeur de voie de b",68, et des cylindres extĂ©rieurs de 0 m ,56 de course. Cette machine a 9ℱ,30 de surface de foyer, et seulement 95 mĂštres carrĂ©s de surface extĂ©rieure des tubes. 3° Machine Ă  6 roues couplĂ©es Ă  cylindres intĂ©rieurs de 0 m ,61 de course, exposĂ©e par W. Fairbairn et Sons, de Manchester, cons- Iruite sur les plans de M. Kirtley. Le diamĂštre des roues est de 1 m ,68; le chĂąssis est double. L’essieu coudĂ© repose sur 4 boĂźtes Ă  graisse. Le nombre des tubes est de 180 ; leur diamĂštre 54 millimĂštres ; leur surface de chauffe de 106 mĂštres carrĂ©s. La porte du foyer est formĂ©e de 2 vantaux s’ouvrant horizontalement. 4° Machine Ă  6 roues couplĂ©es, Ă  cylindres extĂ©rieurs de 0ℱ,43 de diamĂštre, et de 0 m ,61 de course, construite par MM. Sharp, Stewart et O, de Manchester. DiamĂštre des roues 1 ,n ,68; la base est de 4 m ,73; poids de la machine pleine, 32 tonnes, dont 11 1/2 sur l’essieu moteur du milieu. Il y a un double chĂąssis extĂ©rieur et intĂ©rieur; l’essieu coudĂ© est portĂ© par 4 boĂźtes Ă  graisse. Le gĂ©nĂ©rateur est alimentĂ© par deux Gitfard. La surface de chauffe totale est de 108 mĂštres carrĂ©s, dont 11 au foyer. Le nombre des tubes est de 189. Le foyer fumivore est celui que nous avons dĂ©crit prĂ©cĂ©demment sous le titre Foyer Cudworth. Les bandages sont attachĂ©s aux roues, de façon Ă  ne pouvoir pas s’en sĂ©parer en cas de rupture. Nous avons indiquĂ© les moyens employĂ©s par les ingĂ©nieurs français pour accroĂźtre la puissance des machines dans le but de leur faire gravir de fortes inclinaisons ou de remorquer des trains trĂšs-p es ants, tout en prenant les prĂ©cautions nĂ©cessaires pour leur permettre de passer sans fatigue dans des courbes de laible rayon, il es t cur i e ux de comparer ces moyens avec les dispositions P ri ses rĂ©cemment par les ingĂ©nieurs anglais dans les mĂȘmes circonstances. 016 EXPOSITION UNIVERSELLE IE LONDRES. Ces circonstances se prĂ©sentent dans l’Inde, sur le chemin de fer Great Indian peninsula, oĂč se trouvent deux fortes inclinaisons l’une, celle de Bore-Ghaut, a 25,200 mĂštres de longueur et franchit 564 mĂštres de hauteur. C’est une inclinaison moyenne de 22 mm ,4 par mĂštre. La rampe n’est pas rĂ©guliĂšre; elle s’élĂšve Ă  27 millimĂštres sur 7,200 mĂštres. La machine le Bore-Ghaut, construite Ă  Manchester sur les dessins de M. J. Kershans, ingĂ©nieur, par MM. Sharp, Stewart et C io , est Ăč 10 roues, dont 6 motrices, situĂ©es h l’arriĂšre et couplĂ©es. Les quatre roues de support sont Ă  l’avant; leurs essieux sont montĂ©s sur un truck ou bogie. Le diamĂštre des roues motrices est de l m ,32, celui des roues de support est de 0 m ,84; la distance entre les essieux extrĂȘmes est de 6 m ,09. Le poids portĂ© par les six roues motrices est de 37,500 kilogrammes; les roues du bogie portent 11,500. Le poids total de la machine est ainsi de 49 tonnes, y compris son eau d’approvisionnement 4,775 litres et son combustible '. La surface de chauffe est de 134 mĂštres carrĂ©s, dont 120 en tubes et 14 en foyer. Le bogie placĂ© Ă  l’avant peut pivoter et glisser Ă  la fois de plus, les roues de l’essieu moteur intermĂ©diaire ont leurs bandages sans saillies et tournĂ©s cylindriquement. Ces dispositions permettent Ă  la machine de passer sans effort dans des courbes de 150 mĂštres de rayon, malgrĂ© le grand Ă©cartement des essieux et la rigiditĂ© des chĂąssis intĂ©rieurs et extĂ©rieurs qui ont, tous deux, la longueur de la machine et sont trĂšs-solidement Ă©tablis. La machine est munie de quatre freins Ă  sabots, systĂšme Lai- gnel, glissant sur les rails, et qui peuvent porter le poids entier qui pĂšse sur les roues motrices. Cette disposition a pour but de mĂ©nager les bandages qui, sur des pentes aussi longues, ne pourraient glisser sur les rails sans ĂȘtre rapidement altĂ©rĂ©s. L’ingĂ©nieur et les constructeurs espĂšrent que cette machine remorquera un train de200 tonnes, au moins, sur le Bore-Ghaut. Cela est difficilement admissible. Un train de 200 tonnes exigera, sur la rampe de 27 milli- 1. Ces chiffres sont extraits de l’Artizan. MAC1IIN1ÎS 017 mctres, un effort de traction de 31 k ,25 par tonne, soit pour 200 tonnes. 6,250 kil. La machine pĂšse 49 tonnes; Ă  elle-seule, elle exigera. L’effort total de traction serait donc de. 7,780 kil. Le poids adhĂ©rent Ă©tant de 37,500 kil., l’effort de traction serait le cinquiĂšme environ rie ce poids. Or on sait que le rapport habituel de l’effort de traction au poids adhĂ©rent est de -J- Ă  i. Si mĂŽme on compare les poids maxima autorisĂ©s par les ordres de service sur la plupart des chemins de fer, avec l’effort de traction que ces poids supposent, on trouve que cet effort n’atteint jamais le cinquiĂšme du poids adhĂ©rent des machines qui remorquent ces trains. Pour les machines qui portent leur approvisionnement, la proportion — r est d’autant i ,0 plus convenable que l’approvisionnement diminue rapidement en marche. Si on compare la surface de chauffe avec l’effort de traction sur lequel l’ingĂ©nieur paraĂźt compter, on arrive Ă  des chiffres Ă©galement impossibles. L’effort de traction de 7,780 kil. qu’on espĂšre tirer de 134 mĂštres de surface de chauffe et Ă  la vitesse de 24,500 mĂštres Ă  l’heure, correspond Ă  58 kil. par mĂštre carrĂ©. Or, dans les machines dont il s’agit, l’expĂ©rience indique 36 kil. pour l’expression habituelle du rapport de l’effort de traction Ă  la surface de chauffe et Ă  la vitesse de 16 Ă  18 kilom. seulement. L’effort de traction pouvant ĂȘtre, au maximum, Ă©levĂ© au septiĂšme du poids adhĂ©rent, quand la surface de chauffe est suffisante, il serait ici de 5,350 kil., et cela correspondrait Ă  40 kil. par mĂštre carrĂ© de surface de chauffĂ©, c’est-Ă -dire Ă  un produit encore considĂ©rable. La machine remorquerait dans ce 49 totlues , dans lesquelles elle entrerait elle-mĂȘme pour onnes - 41 resterait 122 tonnes de poids brut, correspondant Ă  onnes de poids net, au lieu de 140 qu’on paraĂźt attendre, n se fondant sur l’expĂ©rience acquise pour obtenir un effort ^ o traction de 7,780 kil., nĂ©cessaire pour remorquer un poids de 200 tonnes sur une rampe de 27 millimĂštres, les ingĂ©nieurs fran- HL 40 618 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. çais auraient construit une machine ayant 21 h mĂštres de surface de chauffe et 50 Ă  60 tonnes de poids adhĂ©rent. Des machines ayant ces proportions se construisent en ce moment dans les ateliers de MM. Gouin, sur les dessins de la Compagnie du Nord, qui entend les appliquer Ă  un service de trains trĂšs-pesants. Rien de particulier dans la machine anglaise ne fortifie d’ailleurs l’espoir que ses auteurs manifestent; les cylindres ont, il est vrai, un grand volume ; mais le diamĂštre des roues motrices est proportionnel. Le foyer, qui dans nos plus puissantes machines a 10 mĂštres de surface de chauffe, en a 14 dans celle-ci ; mais la surface tubulaire est relativement trĂšs-faible l'expĂ©rience indique d’autres proportions. Rien ne peut, du reste, mieux caractĂ©riser l’infĂ©rioritĂ© de cette machine comparativement Ă  celle des chemins de 1er français, que le rapprochement suivant son poids est, par mĂštre carrĂ© de surface de chauffe, de 365 kil., tandis que, dans les machines rĂ©cemment construites et en construction, il s’est abaissĂ©, en France, Ăč 319 et aujourd’hui Ă  258 kilogrammes. MACHINES DE PETITES DIMENSIONS POUn TRAVAUX DE TERRASSEMENTS ET POUR MINES. Ces petites machines, au nombre de 4, sont surtout remarquables par la soliditĂ© et par la simplicitĂ© de leur construction. Elles prouvent la tendance de spĂ©cialiser de plus en plus les machines aux besoins Ă  desservir. EXPOSITION BELGE. La SociĂ©tĂ© anonyme de Couillet expose une machine Ă  marchandises Ă  6 roues couplĂ©es, Ă  cylindres intĂ©rieurs. Le diamĂštre des roues est de 1 m ,40; la surface de chauffe de 114 mĂštres carrĂ©s, dont 7 m ,80 au foyer; le poids de la machine pleine est de 33 1 /2 tonnes; le poids maximum par paire de roues est de 11 tonnes. La course des pistons est de ĂŒ m ,60; leur diamĂštre 0 m ,445; la base est de 4'»,00. La machine porte un foyer llelpaire, dont nous avons donnĂ© prĂ©cĂ©demment la description; l’essieu d’arriĂšre est placĂ© au- dessous de ce foyer. MACHINES LOCOMOTIVES. 619 . EXPOSITION ALLEMANDE. Cotte exposition comprend 4 machines, dont 2 pour l’Autriche, 1 pour la Prusse, et 1 pour la Saxe royale. Cette exposition est trĂšs-remarquable sous le rapport de la perfection de l’exĂ©cution, de la nouveautĂ© des dispositions, et du rĂŽle que joue l’acier dans ces machines. 1 0 Machine locomotive express Dupleix, exposĂ©e par M. Ilaswell, directeur de la SociĂ©tĂ© autrichienne de Vienne. Voici les raisons par lesquelles M. Ilaswell explique les dispositions qu’il a adoptĂ©es pour cette machine. Les forces qui naissent de l’inertie des masses animĂ©es d’un mouvement alternatif ont pour rĂ©sultat, comme on le sait r de produire un mouvement saccadĂ© longitudinal d’avant en arriĂšre, et d’arriĂšre en avant, dont l’intensitĂ© croĂźt avec la grandeur relative des masses Ă  mouvement alternatif par rapport Ă  la masse entiĂšre. Elles tendent aussi, Ă  cause de l’action des pistons, tantĂŽt concordante, tantĂŽt opposĂ©e, et changeant alternativement de direction, Ă  faire tourner la machine horizontalement autour de son centre de gravitĂ©, de gauche Ă  droite et de droite Ă  gauche, c'est-Ă -dire Ă  produire ce qu’on appelle le mouvement de lacet. Elles produisent enfin d’autres mouvements dĂ©sordonnĂ©s, comme le roulis ou balancement de la machine autour de son axe longitudinal; Xondulation de toute la masse qui porte sur les ressorts de suspension; le galop, ou les Ă©lans autour d’un axe transversal horizontal. Enfin l’inertie des manivelles et des piĂšces qui s’y attachent produit une force centrifuge dont la composante verticale tend Ă  surcharger et Ă  dĂ©charger alternativement les roues motrices. On peut empĂȘcher le mouvement longitudinal saccadĂ© et le Mouvement de lacet au moyen de contre-poids exerçant une action Ă©gale et opposĂ©e Ă  celles des masses en mouvement. Mais Poids lui-mĂȘme de ces contre-poids exerce une action verticale 111 nse dont le rĂ©sultat est, soit de soumettre les bandages et les lai s Ă  des efforts supĂ©rieurs Ă  ceux que nĂ©cessite leur conserva- Ăźon, soit de rĂ©duire l’adhĂ©rence et de produire la tendance au patinage et au dĂ©raillement. » L ingĂ©nieur s’est donc proposĂ© de rĂ©aliser, sans le secours des 620 EXPOSITION UNIVERSELLE 1E LONDRES. contrepoids , l’équilibre horizontal et vertical des masses en mouvement. Dans ce but, les 2 cylindres ordinaires sont, remplacĂ©s chacun par 2 cylindres superposĂ©s, d’une surface moitiĂ© moindre, dont les axes sont situĂ©s dans un plan inclinĂ© Ă  l’horizon. Les tiges des pistons sont convergentes et l’intersection de l’angle qu’elles font est presque horizontale ; leur mouvement est alternatif; elles se terminent par des glissiĂšres situĂ©es au-dessus du second essieu porteur. A ces deux tiges s’attachent deux bielles agissant sur l’essieu moteur par une double manivelle, dont les deux tourillons sont aux extrĂ©mitĂ©s d’un mĂȘme diamĂštre. On se fera une idĂ©e trĂšs- nette du fonctionnement de ce mĂ©canisme en supposant que la manivelle double reprĂ©sente la base d’un triangle dont les bielles sont les deux autres cĂŽtĂ©s, et dont les tiges des pistons sont les prolongements de ces cĂŽtĂ©s. Les Ă©preuves ont confirmĂ© les prĂ©visions de l’ingĂ©nieur. La machine ayant Ă©tĂ© suspendue et les roues motrices animĂ©es d’une vitesse correspondante Ă  une vitesse de marche de 154 kilomĂštres, le dĂ©placement horizontal n’a Ă©tĂ© que de 2"" n ,2 et le dĂ©placement vertical de 5 millim. Tandis qu’une machine exactement du mĂȘme type, mais avec deux cylindres ordinaires et des contre-poids, a donnĂ©, pour une vitesse de 80 kilomĂštres seulement, un dĂ©placement horizontal de 6 mm ,60 et de 42 millimĂštres verticalement. La machine Dupleix est alimentĂ©e par deux injecteurs Giflard ; elle a ses roues motrices Ă  l’arriĂšre; leur diamĂštre est de 2'",065; la charge sur les roues motrices est de 12,500 kilogr. La surface de chauffe totale est de 125 mĂštres carrĂ©s, dont 7,80 au foyer. On voit que les machines autrichiennes grande vitesse se rapprochent davantage, sous le rapport de la surface de chauffe, des machines françaises que des locomotives anglaises. Le constructeur de cette machine pense qu’indĂ©pendamment de l’avantage qu’offre cette disposition de pouvoir atteindre, en toute sĂ©curitĂ©, les plus grandes vitesses, il y a lieu d’espĂ©rer qu’en raison de la suppression des actions perturbatrices les plus graves, les conditions d’usure de la machine seront amĂ©liorĂ©es, et que la conservation de la voie fera plus que compenser l’excĂ©dant d’entretien du double mĂ©canisme rĂ©sultant de l’emploi de quatre cylindres. MACHINES LOCOMOTIVES. 021 2° Machine Ă  marchandises Steierdorf il cinq essieux couplĂ©s, exposĂ©e par la mĂȘme sociĂ©tĂ©. Cette machine, destinĂ©e au chemin de fer d’Orawitza Ă  Steierdorf Bannat, qui prĂ©sente sur 17 kilomĂštres des rampes de 20 millimĂštres, et des courbes de 114 mĂštres de rayon, offre une disposition d’accouplement de cinq essieux permettant le passage dans des courbes de 90 mĂštres de rayon. L’étude de cette disposition, provoquĂ©e par M. Engerth, pour remplacer l’accouplement Ă  engrenage, qu’il ne considĂ©rait lui- mĂȘme que comme une solution temporaire et incomplĂšte-du problĂšme, a pris pour point de dĂ©part un mode d’accouplement par l’intermĂ©diaire d'un faux essieu proposĂ© par M. Kirchweger, directeur du service des machines du Hanovre. AprĂšs beaucoup d’essais et de tĂątonnements, l’un des ingĂ©nieurs de la sociĂ©tĂ© autrichienne, M. Pius Fink, proposa la combinaison qui a Ă©tĂ© dĂ©finitivement appliquĂ©e Ă  la machine Steierdorf. En voici la description sommaire l’essieu d’avant du tender porte au-dessus de lui, au moyen de deux supports Ă  tourillons sphĂ©riques, un faux essieu qui est maintenu Ă  une distance sensiblement constante de l’essieu d’arriĂšre de la machine essieu moteur au moyen de deux tiges guides assemblĂ©es aux coussinets du faux essieu et de l’essieu moteur, et portant deux articulations sphĂ©riques. L’essieu moteur et le faux essieu portent chacun une manivelle dont les boutons sont rĂ©unis par une bielle inclinĂ©e Ă  tourillons sphĂ©riques. Cette bielle laisse en dedans la bielle d’accouplement des roues du train de la machine, ainsi que la bielle motrice. Enfin, les manivelles du faux essieu et du premier essieu du tender, portant des tourillons sphĂ©riques, sont rĂ©unies par »ne bielle pendante qui est toujours verticale en voie droite. Quand la machine passe dans une courbe, le premier essieu du tender et le faux essieu changent de position relative. L’essieu u tender prend une direction normale Ă  la courbe, tandis que le faux essieu conserve une direction parallĂšle Ă  l’essieu moteur. ans ce changement de position, les supports du faux essieu m, celui- c i descend par consĂ©quent d’une petite quantitĂ© ou, en lestant horizontal, et tout en restant Ă  la mĂȘme distance e essieu moteur; le parallĂ©logramme formĂ© par les manivelles 622 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. lu faux essieu et de l’essieu moteur, par la grande bielle inclinĂ©e et par les tiges guides, s’aplatit ou s’ouvre suivant la direction de la courbe; le second parallĂ©logramme, formĂ© par le support, les manivelles du faux essieu, du premier essieu du tender et par la bielle pendante, se dĂ©forme Ă©galement, et la bielle pendante cesse d’ĂȘtre verticale. Ce systĂšme d’accouplement permet de transmettre Ă  l’essieu du tender les forces agissant sur l’essieu moteur; il n’a aucune tendance Ă  dĂ©placer les essieux et il ne modifie en rien leur charge. La machine est attelĂ©e au tender par une cheville ouvriĂšre. Elle est munie d’un frein Ă  vapeur dont les quatre sabots agissent sur le sommet des roues du deuxiĂšme et du troisiĂšme essieu de la machine. Les donnĂ©es principales de la construction sont Poids total servant Ă  l’adhĂ©rence, y compris les approvisionnements de service, 46,750; surface de chauffe 122 mĂštres carrĂ©s; diamĂštre des roues, 1 mĂštre; surface de la grille, 1 m ,40; le poids portĂ© par chaque essieu ne dĂ©passe pas 9,500 kil., Ă  cause de la faible dimension des rails. Les essais ont montrĂ© que cette machine est susceptible de franchir des rampes allant jusqu’à 25 millimĂštres, et do passer dans des courbes de 100 mĂštres de rayon. 3° Machine Ă  marchandises Ă  quatre roues couplĂ©es de Borsig Ă  Berlin. Ce type est exclusivement adoptĂ© sur la ligne de Cologne Ă  Minden pour le service des trains mixtes et des trains de marchandises. On le trouve, en outre, sur un grand nombre de lignes allemandes. Les particularitĂ©s qu’offre cette machine sont une dĂ©tente variable Ă  double tiroir applicable exclusivement aux machines Ă  marchandises ; une suspension h compensation destinĂ©e Ă  maintenir une rĂ©partition constante du poids sur les trois essieux; l’ensemble do la machine repose sur trois points. Les bielles d’accouplement sont d’une grande lĂ©gĂšretĂ© apparente, elles sont en acier fondu et n’ont Ă©tĂ© dressĂ©es qu’aprĂšs la trempe; les tiges de piston, les bielles, les manivelles sont en acier fondu; les boĂźtes Ă  graisse en fer forgĂ©. La surface de chauffĂ© est de 93 m ,50, dont 6 au foyer; le nombre des tubes est de 156; leur longueur, 4 m ,20; leur diamĂštre G23 MACHINES LOCOMOTIVES. extĂ©rieur, 49 millimĂštres. Les cylindres ont 0>",43 de diamĂštre et 0'",56 de course. Le poids portĂ© par les deux essieux moteurs est de 24 tonnes; le poids total de la machine et du tender en marche est de 50 tonnes, soit 535 kil. par mĂštre carrĂ© de surface de chauffe. Le tender, avec ses formes massives qui datent de quinze ans, fait contraste avec la machine si lĂ©gĂšre d’apparence et si hien Ă©tudiĂ©e. 4° Machine de montagne Ă  quatre roues couplĂ©es exposĂ©e par Hartmann, Ă  Chemnitz. Le caractĂšre particulier de cette machine est un truck ou bogie d’une disposition nouvelle, placĂ© Ă  l’avant de la machine, et quf lui permet de passer dans des courbes de 85 mĂštres de rayon. Le chĂąssis de ce truck, qui n’est supportĂ© que par un seul essieu, est triangulaire; il est attachĂ© Ă  une espĂšce de cheville ouvriĂšre qui lui permet de se mouvoir transversalement dans une certaine limite; ce truck supporte le corps de la chaudiĂšre par trois points qui permettent Ă©galement un mouvement transversal. Cette locomotive a des cylindres extĂ©rieurs de 0“,38 de diamĂštre et 0 m ,56 de course; le diamĂštre des roues motrices est de 1 m ,37. Le poids portĂ© par un essieu est de 10 tonnes 1/2 au maximum. La surface de chauffe est de 78 m, ,40, dont G,40 au foyer. Le nombre des tubes est de 148; le poids de la machine pleine est de 28 tonnes. Nous terminerons cet exposĂ© en reproduisant ici la conclusion de notre rapport sur les locomotives. L’excellence de la fabrication des machines locomotives est due principalement Ă  l’emploi de machines-outils spĂ©ciales. Sous ce rapport, l’outillage des ateliers anglais et allemands, qui se renouvelle chaque jour en se spĂ©cialisant, est aujourd’hui trĂšs- supĂ©rieur Ă  celui des ateliers français. Pour faire cesser cette Cf iuse d’infĂ©rioritĂ© dans la fabrication des machines, nous demandons l’application des droits d’entrĂ©e du feraux outils Ă©trangers 8 °rvant Ăą travailler le fer pour la fabrication des machines. d’autre part, l’acier fondu, mais un acier fondu d’une qualitĂ© analogue Ăą celle de l’acier de cĂ©mentation fondu ou de l’acier Krupp, est destinĂ© Ă  rendre de grands services Ă  la construction des machines locomotives. 11 importe donc, pour stimuler la fabrication de cet acier et en accroĂźtre la consommation, d’ou- 024 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. vrir le marchĂ© français aux qualitĂ©s d’acier que jusqu’à ce jour l’Allemagne et l’Angleterre ont seules pu nous fournir. Un autre point sur lequel se porte l’attention, en France, parce qu’il y constitue un obstacle de plus en plus sĂ©rieux aux progrĂšs mĂ©caniques, c’est l’influence de la lĂ©gislation des brevets. Depuis plusieurs annĂ©es, un flot immense de brevets s’élĂšve comme un rempart presque inaccessible devant les moindres comme devant les plus larges modifications du matĂ©riel des chemins de fer. Dans le vaste champ des dispositions mĂ©caniques plus ou moins ingĂ©nieuses, appliquĂ©es, puis dĂ©laissĂ©es, puis reprises en partie et appliquĂ©es de nouveau avec succĂšs, l’ignorance, la spĂ©culation ou l’intrigue ont tout ramassĂ© et se sont appropriĂ© Ă  la fois ce qui se fait, ce qui ne se fait plus, et ce qui a quelque chance d’ître de nouveau appliquĂ©. A mesure que la science dĂ©couvre un principe nouveau, une loi, un corps ou de nouvelles propriĂ©tĂ©s d’un corps, une nuĂ©e de soi-disant inventeurs en traduisent immĂ©diatement les applications Ăč toutes les industries et s’emparent de l’usage le plus simple qui en pourrait ĂȘtre fait. Cette lĂšpre des faux inventeurs est facile Ă  reconnaĂźtre aux marques d’ignorance que constate la rĂ©daction mĂȘme du plus grand nombre de brevets. Elle monte et tend Ă  couvrir le corps tout entier de l’industrie; elle constitue elle-mĂȘme une industrie, une profession qui veille aux portes des ateliers, des bureaux de dessin, des laboratoires; qui s’y introduit indiscrĂštement, dĂ©loyalement, pour Ă©pier les progrĂšs des idĂ©es ou de l’étude, les devancer et s’en attribuer la propriĂ©tĂ©. Aujourd’hui, le secret d’une amĂ©lioration doit ĂȘtre bien gardĂ© si son inventeur veut avoir le temps d’en faire l’essai. Il y a plus l’employĂ© le plus honnĂȘte, l’agent que sa situation attache aux travaux de l’industrie, devient incertain de savoir s’il gardera et exploitera lui- mĂȘme, ou s’il laissera Ă  celui pour lequel il travaille, les idĂ©es que la situation qui lui a Ă©tĂ© faite fait germer et Ă©clore en lui. A part la moralitĂ© nĂ©gative d'une institution qui assure une prime aux plagiaires et aux employĂ©s indiscrets ou infidĂšles, si l’on considĂšre le dĂ©veloppement inouĂŻ de l’envahissement par les brevets, du domaine de l’industrie et de la science, on reconnaĂźt qu’il y a une impossibilitĂ© rĂ©elle Ă  ce qu’un Ă©tat de choses si contraire Ă  tout progrĂšs se maintienne. MACHINES LOCOMOTIVES. 02a Nous prĂ©senterons enfin une derniĂšre considĂ©ration dont l’Exposition montre l’opportunitĂ©. Les ouvriers anglais et allemands, employĂ©s dans la construction des machines, possĂšdent, plus que les ouvriers français, les notions scientifiques spĂ©ciales Ă  leur industrie, Pourquoi? Ils n’ont pas l’intelligence plus apte Ă  1 Ă©tude, ils n’ont pas plus d’intĂ©rĂȘt Ă  s’instruire, non; mais il leur est plus facile d’acquĂ©rir ces notions. L’enseignement entre, Ă  cet Ă©gard, dans le courant des habitudes de l’ouvrier anglais. Des institutions gratuites et spĂ©ciales pour la jeunesse et pour 1 a- dulte offrent Ă  la fois l’occasion de l’activitĂ© intellectuelle et..du repos physique. L’adulte, qui y est conduit par le sentiment de son intĂ©rĂȘt et de son devoir, y entraĂźne l’apprenti, et 1 habitude les y ramĂšne chaque jour. En France, de gĂ©nĂ©reux et habiles efforts se font dans cette voie trois Ă©coles d’arts et mĂ©tiers forment des hommes auxquels la carriĂšre est ouverte, et dont le plus grand nombre atteint de belles positions dans les rangs du travail ; puis viennent quelques centres d'enseignement gratuit. Mais ces rares institutions, au lieu d’ĂȘtre voisines du domicile de l’ouvrier, l’appellent Ăźi de grandes distances, exigent un changement de tenue et deviennent ainsi inconciliables avec le besoin de repos qui suit la fatigue de la journĂ©e. Il faut cependant un enseignement scientifique Ă  l’ouvrier mĂ©canicien. Sans cet enseignement professionnel, la France restera infĂ©rieure aux autres nations dans les arts mĂ©caniques. L’adresse et l’intelligence ne suffisent plus, il leur faut un guide; les sciences exactes peuvent seules le donner. OĂč trouver une occasion plus belle et plus opportune de provoquer l’intervention du gouvernement? Les tableaux qui suivent montrent l’augmentation progressive de la puissance des machines des diffĂ©rents types pendant ces derniĂšres annĂ©es, et la rĂ©duction du poids de mĂ©tal par mĂštre carr Ă© de surface de chauffe. 126 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Machines express. ANNÉES. NORD. EST. ORLEANS. Poids servant h J'adhĂ©rencc. Surface de chauffe. Poids servent i\ l’adhĂ©rence. Surface de clwulfo, Poids servant A l’adhĂ©rence. Surfaoo de chauffe. tonnes. tonnes. tonnes. 1845 Ă  50 9,2 Ă  11,0 02 il 78 8,4 5 9,8 05 5 72 7,0 5 11,4 70 5 79 1850 Ă  55 11,0 Ă  12,0 78 Ă  94 9,8 Ă  10,3 72 5 97 11,4 5 12,3 79 5 80 i855 Ă  00 » 94 Ă  99 » D U » 18G0 Ă  62 12,0 5 13,G I O 0 12,3 5 13,0 80 Ăč 101 Machines mixtes. ANNÉES. NORD. Poids servant Ă  Surface l’adhĂ©rence. de chauffe. EST. ORLÉANS. Poids servant k l’adhĂ©rence. Surface de chauffe. Poids servant Ă  l’adhĂ©rence. Surface de chauffe. tonnes, U .2 tonnes. tonnes. 1845 5 50 14,5 05 17,2 5 20,4 83 5 104 1850 5 55 15,2 5 22,4 74 5 125 14,5 5 18,G 05 5 89 20,4 5 22,4 104 5 110 1855 5 00 18,05 21,5 89 5 99 22,4 5 24,0 110 5 128 1800 5 02 22,4 5 21,4 126 5 1G4 0 » » » 1. Express et trains ordinaire de voyagenrs. Machines Ă  marchandises. ANNÉES. NORD. EST. ORLÉANS. Poids servant k l’adhĂ©rence. Surface de chauffe. Poids servant fi l’adhĂ©rence. Surfaro de chauffe. Poids servant Ă  Fadhdrcncc. Surface do chauffe. 1845 5 50 1850 Ă  55 1855500 1800 5 G2 tonnes. 21,0 5 23,2 5 33,9 33,9 5 40,3 5 54,0 G7 5 74 74 5 120 12G 5197 197 5 213 tonnes. 24,0 24,0 5 20,8 20,8 5 39,4 30,9 80 805 100 100 5 190 125 tonnes. 22,3 5 28,9 28,9 5 30,7 30,7 5 37,0 37,0 5 38,0 ni .S G 9 5 114 114 5137 137 5140 140 5 209 TABLEAU reprĂ©sentant la diminution progressive du poids des machines-locomotives, par mĂštre carrĂ© de surface de chauffe. a ‱ © © o ^ ? J gĂ«i C0©00©*-i-'k0k!0©^© oor-eocoi—cot''-i'-cor-© © © oo CO 1^ kO O 05 0004©—lCO©kOCO© COuOrtlCOCOG^CNCOCN q s s " a O = = ĂŻ JS -0 0 O S" AI ©krt-t©' O» Ăź- PH 05 r-39 au-dessus Ă  une distance Ă©gale Ă  l’épaisseur de la partie du fil qui passe entre les deux ; et dans le passage entre le deuxiĂšme et le troisiĂšme galet, tous ceux au-dessus sont soulevĂ©s de deux Ă©paisseurs ; et enfin entre les derniers, ou entre le dixiĂšme et le onziĂšme, le soulĂšvement du galet supĂ©rieur 6era la somme de dix Ă©paisseurs, le systĂšme Ă©tant combinĂ© pour que les actions successives du jaugeage s’ajoutent. Il est, de plus, multipliĂ©par lo mouvement des axes i i' Ă  l’extrĂ©mitĂ© du long bras ou index du levier D, et en raison du rapport entre les deux bras du levier ii 1 / / fit 4' c' dont la disposition est indiquĂ©e dans une projection horizontale [fig. 10. Le degrĂ© d’élĂ©vation de ces axes indique la moyenne de la portion de fil passant par les divers galets. S’il arrive une variation dans l’épaisseur du fil, elle se dĂ©cĂšle par l’élĂ©vation ou l’abaissement du levier D' aveclesdits axes. Les axes i disposĂ©s vis-Ă -vis l’un de l’autre dans une fourchette Ă  l’extrĂ©mitĂ© du levier D', constituent une portion du mouvement d’arrĂȘt des bobines G G' G**. Lorsque le fil et la bobine sont arrĂȘtĂ©s, on enlĂšve çefte derniĂšre pour lui en substituer une autre. Supposons que les trois bobines G G’G 2 correspondent Ă  trois grosseurs 1, 2 et 3, et le fil 1 le plus fin, 2 le moyen et 3 le plus gros. Soit I en marche si l’épaisseur 2 augmente ou diminue, l’appareil s’arrĂȘte par la direction des leviers; l’ouvriĂšre s’aperçoit si le fil devient plus fin ou plus gros; elle change alors la bobine en activitĂ© contre la bobine 1 ou 3. Disons de suite que la machine peut ĂȘtre rĂ©glĂ©e de façon Ă  dĂ©brayer spontanĂ©ment pour un plus grand nombre de cas; il suffit, Ă  cet effet, de modifier un peu la disposition du dĂ©brayage qui s'effectue par la relation entre les axes i et avec des crans correspondant Ă  un levier et un cadre agissant sur le levier Ă  fourche q de la figure H cesser le contact de la bobine G' avec le galet H, fig. 8. Cette action se rĂ©alise, soit pour deux changements de grosseurs, par la communication des broches i i' avec trois crans; on pourrait en combiner quatre ou un plus grand nombre pour autant de finesses diffĂ©rentes. Avant de dĂ©crire les dĂ©tails de ces dĂ©brayages, disons que l’originalitĂ© de l’appareil consiste essentiellement dans l’idĂ©e de ces galets superposĂ©s en Ă©quilibre, jouant le rĂŽle d’une sĂ©rie de filiĂšres infiniment petites, d’une sensibilitĂ© infinie, pouvant au besoin opĂ©rer sur les plus grandes finesses. Et pour empĂȘcher la 660 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. rupture du fil lorsqu’il est trop fin, on visse un bouton d’arrĂȘt dans la partie supĂ©rieure du bras du levier D' opposĂ© Ă  celui qui porte les axes i i' du mouvement d’arrĂȘt, et disposĂ© de telle façon que, quand le fil touche Ă  l’extrĂȘme limite de finesse, le bouton vienne se mettre en contact avec la tĂȘte du chĂąssis il, empĂȘcher la descente du bras le plus lourd du levier, et libĂ©rer le fil de la pression du galet C'. Outre les variations dans la grosseur des diffĂ©rentes parties d’une mĂȘme bobine, il peut se prĂ©senter une variation assez considĂ©rable dans la grosseur moyenne des bobines ; il faut alors ajuster l’appareil jaugeur au mouvement d’arrĂȘt au moyen de la vis de pression d placĂ©e Ă  la partie infĂ©rieure. Suivant que l’on agit sur la vis dans un sens ou dans l’autre, on soulĂšve ou l’on abaisse le premier galet C. Dans le premier cas, qui convient Ă  un fil fin, on soulĂšve tous les galets au-dessus ; dans le second, opĂ©rĂ© en vue d’un fil gros, on augmente de la quantitĂ© voulue l’espace entre le galet et celui qui lui est superposĂ©. SystĂšme de dĂ©brayage. Les dispositions aussi dĂ©licates que prĂ©cises et sĂ»res pour arrĂȘter spontanĂ©ment et presque instantanĂ©ment la bobine lorsque la grosseur du fil varie, mĂ©ritent d’ĂȘtre dĂ©crites surtout Ă  cause des applications variĂ©es qui peuvent en ĂȘtre faites Ă  d’autres appareils analogues. Pour comprendre les dĂ©tails de ce. mĂ©canisme, il est nĂ©cessaire de consulter simultanĂ©ment les figures 8, 9,10 et 11, les trois derniĂšres donnant certaines parties sur une Ă©chelle plus grande. L’un des Ă©lĂ©ments principaux du mĂ©canisme de dĂ©brayage consiste fig . 11 dans le levier Ă  crans P, et un chĂąssis Ă  mouvement de bascule Q. Le levier P est attachĂ© par son extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure Ă  un arbre fixe k , tenu dans des paliers l /, fixĂ©s au chĂąssis principal A, et ce levier est disposĂ© de maniĂšre Ă  se mouvoir Ă  quelque distance de l’arbre k, et d’osciller autour de ce point. L’extrĂ©mitĂ© opposĂ©e du levier est amincie et porte deux crans n et n sur un cĂŽtĂ©, et sur l’autre cĂŽtĂ© un troisiĂšme cran, vis Ă  vis l’espace qui existe entre les deux premiers. Le chĂąssis Q est attachĂ© Ă  un petit arbre Ă  bascule m, tournant dans deux paliers pp, fixĂ©s Ă  l’arbre principal ; l’un de ces cĂŽtĂ©s s’étend au-dessus de l’arbre Ă  bascule et a sa partie supĂ©rieure LES INDUSTRIES TEXTILES. 01 recourbĂ©e en q'fig. 8, de telle sorte que par un mouvement en avant il puisse remplir l’oilice d’une came sous la bobine en action, dont les tourillons portent dans les paliers ee, de maniĂšre Ă  faire cesser le contact entre cette bobine et le disque II. Pendant que l’opĂ©ration du parage s’effectue et que la prise du III a lieu, le levier P se trouve compris dans la bifurcation du levier D' [fig. 8, et repose par l’effet de son poids contre uades axes i i du levier D' fig. 10. Si le fil passant par les galets jau- gours est de grosseur moyenne, on place le levier P sur la droite de la bifurcation du levier D' hors de la voie de l’axe i', et entre les crans n' n 2 fig. 10 et 11 posant contre l’axe i. Tant que la grosseur du fil en dĂ©vidage ne s’écarte pas de la moyenne, l’axe i ni ne s’élĂšve au-dessus ni ne s’abaisse au-dessous de cette partie du levier ; mais si la grosseur vient Ă  augmenter, l’axe i s’élĂšve au-dessus du bord infĂ©rieur du trou n' du levier P; si, au contraire, cette mĂȘme grosseur diminue, l’axe i descend au-dessous du bord supĂ©rieur du cran n 2 dudit levier, et dans l’un et l’autre cas, la partie supĂ©rieure de ce dernier reste sans support. Son poids le fait alors abaisser contre la partie infĂ©rieure du chĂąssis, suivant l’indication ponctuĂ©e fig. 8, faisant passer en avant le bras recourbĂ© supĂ©rieur q contre le fond de la bobine b, pour la libĂ©rer du disque de commande II. L’ouvriĂšre coupe alors le 111, retire la bobine, et la remplace par une autre destinĂ©e Ă  une grosseur diffĂ©rente de celle en travail. Quoique cet appareil ait Ă©tĂ© spĂ©cialement imaginĂ© pour le triage des soies et surtout des soies exotiques infĂ©rieures, nous pensons qu’il pourrait ĂȘtre utilement appliquĂ© Ă  la vĂ©rification de la rĂ©gularitĂ© d’un fil quelconque, et rendre des services dans la fabrication et l’usage des fils d’autres substances ; son usage Pourrait servir Ă  contrĂŽler la rĂ©gularitĂ© des titres sur tous les Points de leur longueur, ce qui est impossible par les moyens de vĂ©rification en usage. nouvelle machine a bobiner et a lustrer automatiquement LES FILS A COUDRE. Le dĂ©vidage ou transport d’un fil en Ă©cheveau ou en bobine sur une autre bobine est un travail des plus simples en apparence. Cependant le problĂšme se complique si l’on considĂšre 602 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. que le fil dans son envidage doit rester constamment soumis Ă  une tension uniforme, qu’il doit se disposer en circonfĂ©rences successives avec une rĂ©gularitĂ© mathĂ©matique, que l’ensemble des couches superposĂ©es, au lieu de former un cylindre rĂ©gulier d’égale grosseur sur toute sa hauteur, doit se constituer d’un fĂ»t cylindrique, avec des rebords en talus qui simulent assez bien une embase et un chapiteau, que la quantitĂ© ou la longueur de fĂ»t d’une mĂȘme bobine doit rester constante et ĂȘtre fixĂ©e sur la bobine au commencement de l’opĂ©ration et arrĂȘtĂ©e Ă  la fin par une entaille faite au petit rĂ©cepteur, que le fil soit lustrĂ© en s’enroulant; enfin que cette opĂ©ration accessoire du dĂ©vidage est une charge dont il faut diminuer autant que possible la dĂ©pense et les frais. Cette derniĂšre condition, ajoutĂ©e Ă  celle de la nĂ©cessitĂ© de la rĂ©gularitĂ© de la forme, a fait imaginer depuis longtemps dĂ©jĂ  des machines Ă  tourner les bobines. La nature de celles-ci peut varier; on en fait parfois en mĂ©tal, en os, en ivoire; mais elles sont le plus gĂ©nĂ©ralement en bois. Les tours automatiques destinĂ©s Ă  ces bobines mĂ©riteraient une description spĂ©ciale si elle ne nous Ă©loignait du sujet qui nous occupe. Pour donner une idĂ©e de leur utilitĂ©, il suffit de dire que l’une de ces machines, surveillĂ©e dans sa marche par un enfant, peut tourner 70 ji 80 grosses de bobines par jour. La machine Ă  bobiner, exposĂ©e par MM. Sharp Steward et O, de Manchester, est de l’invention de M. William Weild, auquel l’industrie doit des progrĂšs remarquables; la maniĂšre extrĂȘmement ingĂ©nieuse dont il a rĂ©solu l’opĂ©ration du dĂ©vidage automatique complet prouve Ă  elle seule les connaissances spĂ©ciales et l’originalitĂ© de l’auteur. Aux conditions Ă  remplir^ Ă©noncĂ©es ci-dessus il a ajoutĂ© celle du transport et du placement automatique de la bobine. La machine la prend en effet dans une auge oĂč elle est disposĂ©e, la met en place sur son axe, et commence l’enroulement en spirales superposĂ©es du fil, tout en le frottant, jusqu’à ce que la longueur totale des spires reprĂ©sente la longueur dĂ©terminĂ©e Ă  l’avance, 180 mĂštres par exemple. La machine pratique alors spontanĂ©ment une entaille pour y engager l’extrĂ©mitĂ© du fil; puis la bobine, aprĂšs s’ĂȘtre dĂ©gagĂ©e, va se placer dans la position qui lui est rĂ©servĂ©e en descendant le long d’un petit plan inclinĂ©. Une seule machine peut former simultanĂ©ment un plus ou moins grand nombre de bobines ; celle de l’Exposition LES INDUSTRIES TEXTILES. C03 en avait six. La perfection du rĂ©sultat ne laisse rien Ă  dĂ©sirer. La construction de cette machine et d’autres de ce genre, pour les besoins du tissage, prouvent combien l’industrie anglaise est familiarisĂ©e avec ces sortes d’appareils et attache d’importance Ă  la rĂ©alisation de problĂšmes auxquels nous n’accordons qu’une mĂ©diocre attention. Le Conservatoire des arts et mĂ©tiers s’est empressĂ© d’ pour ses galeries un magnifique modĂšle, sur une Ă©chelle rĂ©duite, et qui fonctionne nĂ©anmoins avec la prĂ©cision de la machine qui a Ă©tĂ© tant admirĂ©e Ă  l’Exposition. L’examen et l’étude de ce modĂšle fera mieux saisir l’intĂ©rĂȘt qu’il prĂ©sente que ne pourrait le faire la description longue et compliquĂ©e qu’il exigerait ici. Nous dirous seulement, pour faire apprĂ©cier le degrĂ© d’avantage de cette machine, qu'avec ses six bobines elle peut en faire de 18 Ă  20 grosses par jour de dix heures de travail effectif. Elle peut ĂȘtre soignĂ©e par une ouvriĂšre quelconque, et rĂ©alise eri moyenne le travail de 0 Ă  0 dĂ©videuses habiles, travaillant Ă  la main. Il a Ă©tĂ© calculĂ© dans un compte rendu anglais, concernant les services de cette petite machine, qu’elle pouvait faire Ă©conomiser annuellement une somme de prĂšs de 100,000 livres ou 2 millions et demi de notre monnaie, c’est-Ă -dire les cinq sixiĂšmes de la main-d’Ɠuvre de trois mille personnes employĂ©es jusqu’ici au dĂ©vidage des petites bobines. TISSAGE. Les machines qui concourent au tissage peuvent se diviser en machines Ă  prĂ©parer les tils et en mĂ©tiers Ă  tisser. Elles diffĂšrent suivant le genre de tissage, selon qu’il est uni ou façonnĂ©, lisse ou Ă  poil, Ă  entrelacements rectangulaires, Ă  lils tendus et serrĂ©s, ou curvilignes Ă  jour, Ă  mailles ĂŒxes polygonales, ou enfin Ă  un fil libre rebouclĂ© produisant des rĂ©seaux Ă©lastiques. Les moyens indĂ©pendants de la nature des fils varient avec les caractĂšres des entrelacements que nous venons d’indiquer sommairement delĂ  les mĂ©tiers Ă  tisser ordinaires les Ă©toffes unies, façonnĂ©es, les gazes, les velours, les tulles, les dentelles, les crochets et les tricots. Dans les mĂ©tiers Ă  tisser les unies, et surtout dans l’exĂ©cution des machines prĂ©paratoires, l’industrie anglaise paraĂźt occuper 004 IMPOSITION UNIVERSELLE UE LONURES. le premier rang. 11 nous semble que nous sommes au contraire sensiblement plus en progrĂšs dans la construction et le montage du mĂ©tier Jacquard, Ă  faire les façonnĂ©s Ă  la main, tandis que les Anglais sont plus familiarisĂ©s avec l’application du Jacquard complĂštement automatique. Aucun mĂ©tier Ă  tulle n’étant exposĂ©, nous n’avons pas il en parler; quant aux mĂ©tiers Ă  tricots, qui peuvent Ă  leur tour se subdiviser en mĂ©tiers Ă  tricots droits et ii tricots circulaires, nous sommes plus avancĂ©s en France dans la construction de ces derniers. Quant aux premiers, nous commençons Ă  peine Ă  employer les mĂ©tiers Ă  faire un plus ou moins grand nombre de bas simultanĂ©ment; nos concurrents nous ont devancĂ©s dans cette direction. Les constructeurs et les industriels anglais ont compris depuis longtemps toute l’importance des machines prĂ©paratoires; aussi se sont-ils ingĂ©niĂ©s Ă  les perfectionner autant que possible c’est surtout dans cette direction que l’exposition des machines anglaises brille. Machines Ă  dĂ©vider, Ă  ourdir, Ă  encoller, Ă  faire les lisses, les peignes, les cannettes, ligurent de toutes parts, et chacune d’elles est remarquable par quelques perfectionnements de dĂ©tail ou quelque ingĂ©nieuse modification ou addition. Les dĂ©vidoirs, souvent trop rustiques chez nous, ont tous des combinaisons plus ou moins rationnelles pour que le fil, dans son transport de l’écheveau Ă  la bobine, ou d’une bobine Ă  une autre, ait lieu sous une tension constante, malgrĂ© la variation de volume des rĂ©cepteurs une foule de dispositions ingĂ©nieuses sont imaginĂ©es Ă  cet effet. Les ourdissoirs sont disposĂ©s de façon Ă  ce que, malgrĂ© le nombre considĂ©rable de fils et la rapiditĂ© de leur marche, on puisse les surveiller, arrĂȘter, et retrouver instantanĂ©ment celui qui vient Ă  manquer par une cause quelconque. Les machines Ă  encoller, substituĂ©es presque partout aux anciennes machines Ă  parer, ont permis de diminuer le matĂ©riel si compliquĂ© de ce chef des cinq sixiĂšmes, en produisant cinq Ă  six fois plus, et au moins aussi bien que par le passĂ© lorsque les encolleuses sont bien gouvernĂ©es et la colle bien faite. Enfin les appareils automatiques Ă  faire des cannettes serrĂ©es, se produisent sous des formes diffĂ©rentes et se sont introduites dans presque toutes les industries. 11 nous serait impossible d’entrer dans la description de la plupart de ces appareils, dans un article du genre de celui-ci; nous y renonçons sans grand 665 LES INDUSTRIES TEXTILES. regret, attendu que la plupart de ces machines ne sont pas prĂ©cisĂ©ment remarquables par leur nouveautĂ©, mais par la gĂ©nĂ©ralitĂ© de leur application en Angleterre. Afin de dĂ©montrer jusqu’à quel point les industriels de ce pays recherchent la prĂ©cision dans l’outillage en apparencele plus simple, nous donnons fig. 12 la coupe d’un dĂ©vidoir Ă©tabli de façon Ă  ce que la tension des fils se rendant des Ă©clieveaux sur les bobines reste constante, et fournissent des couches de fils Ă©galement tendues et serrĂ©es sur toute leur grosseur, malgrĂ© la variation des diamĂštres de cette bobine Ă  chacune des rĂ©volutions du rĂ©cepteur du fil. La machine est symĂ©trique; elle reçoit deux rangĂ©es de bobines, Tune Ă  chaque cĂŽtĂ© du bĂąti, placĂ©es Ă  Ă©gale distance l’une de l’autre. Ces bobines II ont une position verticale, comme dans la plupart des machines de ce genre ; l’axe ou broche de la bobine tourne en contact d’une espĂšce de palette ou frein Y fixĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure d’un bras courbe Ă©lastique, agissant comme un ressort. La communication du mouvement de rotation est imprimĂ©e aux bobines par un disque circulaire horizontal L, placĂ© Ă  la partie infĂ©rieure de chacune d’elles, et reposant sur un autre disque vertical M; l’ensemble de ces derniers reçoit l’action simultanĂ©e par un arbre horizontal mĂ» par les roues S et T, dont la derniĂšre est fixĂ©e sur l’arbre moteur U. Chacun des disques frottants est garni de cuir ou d’une autre substance convenable pour adoucir le contact. Il rĂ©sulte de cette disposition, que la vitesse de chacune des broches ou bobines dĂ©pend du rapport entre le diamĂštre du plateau dĂ©terminĂ© par son contact avec le disque M. Plus le rayon de contact entre les deux disques tournant sera rapprochĂ© de l’axe de la broche, et plus la vitesse de celle-ci sera grande, toutes choses Ă©gales d’ailleurs. Cette vitesse diminuera nĂ©cessairement dans le cas contraire, c’est-Ă -dire Ă  mesure que le contact entre L etM s’éloignera du centre de la bobine. Or, c’est cette variation ou diminution progressive de la vitesse en raison de l’augmentation de la grosseur de la bobine, qui est rĂ©alisĂ©e spontanĂ©ment et automatiquement de la maniĂšre suivante Le pied du bras courbe O {fig. 13, dont la palette guide-fil supĂ©rieure reste constamment appuyĂ©e tangentiellement contre la bobine, peut glisser dans une coulisse pratiquĂ©e dans le chariot II, de façon Ă  ce que la plus lĂ©gĂšre pression lui fasse 111 . 43 606 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. prendre un mouvement latĂ©ral, il s’ensuit qu’à chaque superposition de couche .nouvelle le bras courbe, la bobine et le disque L se dĂ©placent d’une quantitĂ© Ă©gale Ă  l’épaisseur de cette couche, et le diamĂštre suivant lequel le contact a lieu entre L et Fig. 12. Fig. 13. .O Yj IWtiltĂ - sW**o. M, et par suite leur vitesse relative change dans la mĂŽme pro- portion. La figure 12 dĂ©montre la situation relative des disques, 667 LliS INDUSTIUKS TKXTILHS. au commeiicomenl, au milieu et Ă  la fin de l’envidage; la position a et 11 des disques correspond Ă  l’action au commencement» du travail, c dĂ©montre la bobine Ă  moitiĂ© pleine, et d l’indique au moment de son achĂšvement. Afin que les dĂ©placements des bobines et commandes puissent s’opĂ©rer latĂ©ralement, conformĂ©ment Ă  la description qui prĂ©cĂšde, ces bobines et leurs disques sont placĂ©s sur une traverse Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’une barre J,-qui peut se dĂ©placer autour d'une articulation K, qui a son point l’appui sur une traverse ou piĂšce D reprĂ©sentĂ©e en section horizontale /co oooooooooodooooooooooooooooooo CO CS CO OS KO ÂŁ - X fM — fN t- OS vO CM CS t* O KO CO CS fM io 5 ĂąaCTcs'NaNirt'»itooiftt'O>wiocoi'*- 0 coowtr — CO CO KO -1* 00 1- TJ 1 i-O lO KO -H r -r-lCMCMCNCOr'r- > »*CMT}lO ' 5 lf 2 Sa^ , ^^ĂźO'^>O'-H»Aa 5 'tfXC-'CO'* 1 T?GOo 6 aOO&l'''©C 5 ©orofN-,cOooĂźrt-icsoi'hir.h GH C'I H H Srh&SS&iSSSSOO^^^^^^tr^^ttCOOSXe-CSOCMCtOXX IIOIMOt^ 3341 ;-nDKv iSSS^ 2  3 i 2 SSC;°Ç 2 !çßG e ĂŽ ooc o w ^ Ăź Ă» 5 »^cocoxxi^coi->xi- TT©©Nf>lflOƓ©©CO»»©ftfCH©ciiNC 1 MNNN!HN CM . ^ . .f CM. S CM O O O IO co cm co ’Xntfrii Wp ‱ J S\KU ’wwHtton TOfOcMCMCMCOCOCOCOCMcMCMCOCOcMCNCNCNCOCOCMCOCOCOCOCOCOCOCOCO OOXXXXXXXapXXOQXXXXOC 0000000 » 0 »OXOQCMCM CMCMOHCMCMCMĂźMCMG 1CMCMG HCHM,30 de largeur, s’élargissant on forme l’anneau, Ă  l’intĂ©rieur duuel est rivĂ©e une enveloppe cylindrique en tĂŽle mince, consolidĂ©e Ă  son orifice infĂ©rieur par une bride, et formant Ă  la fois un support et une sorte de cage, pour recevoir la chaudiĂšre. Cette extrĂ©mitĂ© de la plaque est supportĂ©e par des ressorts semblables Ă  ceux d’un omnibus, par l’intermĂ©diaire de tiges de tension et d’attache, fixĂ©es k chacun des angles; le centre de gravitĂ© se trouve directement au-dessus de l’essieu d’arriĂšre, qui est coudĂ©, pour laisser passage Ă  la chaudiĂšre. Les ressorts sont formĂ©s de lames d’égale Ă©paisseur, mais dont la largeur diminue depuis le centre jusiju’aux extrĂ©mitĂ©s. Al’avant, on se sert de deux resorts semblables, superposĂ©s, dans la ligne d’axe, et destinĂ©s k supporter le poids de la machine en son milieu. Ils remplissent ainsi le double objet de la maintenir, au moyen d’articulations placĂ©es aux deux extrĂ©mitĂ©s d’un petit arbre vertical, formant Ă©mĂ©rillon ou joint universel. Ce mode de suspension par un seul point maintient mieux la machine pendant son transport; il empĂȘche ses oscillations et la garantit mieux que toute autre combinaison, et avec le moindre poids de matiĂšre, contre les accidents de route. Les dimensions V DIAMÈTRES des tuyaux a vapeur. il eau. d’aspiration. de refoulement. m. U. m. 1. m. m. 1 Mcrrvwcathcr et fils .... ,, 2 ShaĂŻul el Mason.. . 3 Shand et Mason... ... 704 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Los deux machines sont Ă  cylindres horizontaux et Ă  double effet; celle de Merryweather n’a pas de volant et le tiroir est conduit par un renvoi de mouvement, venant de la tige des pistons. On a cherchĂ©, au moyen d’un ressort, Ă  faire dĂ©masquer brusquement les lumiĂšres d’admission, ce qui donne lieu Ă  une sĂ©rie de chocs qui doivent fatiguer le mĂ©canisme en peu de temps. La disposition gĂ©nĂ©rale de la machine est indiquĂ©e par la figure ci-jointe. Fig. 4 . mm'ÊAÈSSm . 1 W. / ' , . 1 .- La pompe de RIM. Sliand et Mason, fig. 5, est la plus simple ; le cylindre Ă  vapeur À est placĂ© dans le prolongement du cylindre Ă  eau B, et il n’y a dĂšs lors d’autre transmission de mouvement que celle nĂ©cessaire Ă  la marche du volant C, destinĂ© Ă  faire passer les temps morts ; la chaudiĂšre est construite de maniĂšre Ă  obtenir une mise en vapeur trĂšs-rapide; cette vapeur est conduite directement au tiroir par le tube D, contournĂ© de maniĂšre Ă  rendre ses dilatations plus libres ; elle s’échappe ensuite par le tuyau courbe E dans la cheminĂ©e trĂšs-courte F; mais MACHINES A ÉLEVER L’EAU. 70ĂŒ suffisante cependant, au moyen de l’échappement, r pour dĂ©terminer un tirage convenable. Le rĂ©gulateur A air G est grand, bien disposĂ©, et placĂ© derriĂšre le siĂšge du cocher, il n’embarrasse pas la machine ; A cĂŽtĂ© Fig. b. JshMÏÜ iMjiĂŻtm 1 W'/M rrc ato rar’ WL9- _sm- l’T7 ofrMlR '‱ . de ce rĂ©gulateur se trouve une sorte de panier en tĂŽle II, destinĂ© A contenir une certaine longueur de tubes, insuffisante cependant dans la plupart des circonstances. Tout le systĂšme est portĂ© sur quatre roues et facilement transportable avec deux chevaux. Voici comment le capitaine Shaw rend compte des opĂ©rations auxquelles M. le duc de Sutherland a procĂ©dĂ©, avec le jury qu’il prĂ©sidait AprĂšs l’examen des chaudiĂšres et des machines, les constructeurs remplirent leurs gĂ©nĂ©rateurs avec de l’eau directement puisĂ©e dans la riviĂšre; les feux ayant Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s, l'allumage s’est fait en mĂȘme temps pour les trois pompes, et l’ordre a Ă©tĂ© donnĂ© de commencer le travail, pour chacune d’elles, aussitĂŽt que la pression indiquĂ©e par le manomĂštre aurait atteint cinq atmosphĂšres. 700 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. La machine de M. Merry weather y arriva en 12' 30"; le grand modĂšle de MM. Sliand et Mason en 18' 30" ; le petit modĂšle en 30 minutes seulement, par suite de la nĂ©cessitĂ© oĂč l’on fut de la rallumer une seconde fois. » Voici d’ailleurs quelques dĂ©tails nĂ©cessaires pour complĂ©ter les indications du tableau gĂ©nĂ©ral des expĂ©riences que nous donnons ci-aprĂšs. La machine n° t, de M. Merryweather, a atteint la pression de 5 atmosphĂšres en 7'.40 ; aprĂšs ĂȘtre montĂ©e jusqu’à 5 atmosphĂšres, elle s’est abaissĂ©e de 1 atmosphĂšre, pendant le premier essai. Elle s’est ensablĂ©e pendant les expĂ©riences 3, 9 et 13 et elle a Ă©prouvĂ© quelques dĂ©rangements dans les organes de distribution. , La machine n° 2, de MM.. Shand et Mason, n’a eu qu’un petit accident au tuyau d’aspiration, et l’expĂ©rience n° 17 a Ă©tĂ© prolongĂ©e pendant plus d’une heure. La machine n° 3 a Ă©galement bien fonctionnĂ©, mais son jet de 0^,022 n’était pas de plus grande dimension que ceux des grandes pompes anglaises manƓuvrĂ©esĂ  bras; on verra par les tableaux des expĂ©riences que cependant 53 0/0 du volume de ce jet ont encore Ă©tĂ© utilisĂ©s Ă  1 8 m ,30 de distance et Ă  6 m ,10 de hauteur ; la plus grande rapiditĂ© delĂ  marche de la machine, et l’énergie de l’effort exercĂ© par la vapeur ont produit, mĂȘme avec cette dimension d’orifice , d’excellents rĂ©sultats. Dans le meilleur essai sur les pompes Ă  bras on n’a pu atteindre un dĂ©bit de 700 litres par minute ; le modĂšle n° 2 Ă  vapeur en a dĂ©bitĂ©, dans l’expĂ©rience n u 3, 4842 litres dans le mĂȘme temps, et rien n’est plus propre, que cette comparaison, pour montrer les services que ces nouvelles machines peuvent dĂ©jĂ  rendre; le dĂ©bit est plus que sextuplĂ© et le jet peut atteindre Ă  une distance de 18 m ,30, mais Ă  la hauteur trĂšs-faible, il est vrai, de 3 m ,05. Cette mĂȘme machine a portĂ© son jet Ă  24 m ,40 et Ă  une hauteur de 9'»,15 avec une utilisation, en volume, de 0,37, lĂ  oĂč toutes nos pompes françaises auraient Ă©tĂ© absolument inefficaces. Les brigades de pompiers de Londres possĂšdent dĂ©jĂ  plusieurs de ces machines, et MM. Shand et Mason en ont installĂ© une sur un bateau, pour protĂ©ger les propriĂ©tĂ©s riveraines de la Tamise; on sait qu’à Londres il n’y a pas de quai, et que les magasins les plus considĂ©rables en occupent la place. Comme simplification TABLEAU des expĂ©riences des pompes Ă  vapeur. MACHINES A ÉLEVER L’EAU. 707 ’oinnjOA no uo n w »'!inu ‱XIUHJ OOP* OOOOQOOO O OOOOOOOOOOOOOQO -0'CONOOHO>OiOOO'SSM 07 ÏÏhofl!iΩ*cococc>coi-» SOSiOuOriuOCNOi-OItfĂźMOCOfNCrt C 5 CO-COCOO}iOCOCOGt^^^HrHf~lt-rH^CNCSH?OC^^CONt^ÇOÇSir'r^mf^t- 1 C 0 t'* 00 O 5 G^i^^^^ÉNtor-t'-t-'*ociÂŁ>i^cot>oocĂŽoĂŽ hhN01NNhhhhhhJhhhhhhhhwN{NiĂź1h O O O O O OOOO O OOO c ^ , . , .'O .O .©Hl'O N OOOĂź r E 20 ! S io r 2 !2 !2 co ."2 32 » fj ."2 » o ,52 de diamĂštre, de maniĂšre Ă  produire une vitesse de 14 milles Ă  l’heure ; dans un petit trajet on a mĂŽme atteint 18 milles. Les roues sont mises en mouvement par une chaĂźne, et des moyens simples sont employĂ©s pour remĂ©dier aux allongements ou Ă  l’usĂ© de cette chaĂźne. Les essieux moteurs, un pour chaque roue, sont montĂ©s chacun sur deux ressortsd’unegrandeĂ©lasticitĂ©, et, la place des plaques de garde ordinaire, des tiges radiales sont employĂ©es pour les rĂ©unir au bĂąti. Une simple roue directrice, Ă  l’avant, permet de tourner dans un cercle de 3 m ,GG de diamĂštre, presque aussi vite qu’un bon cavalier avec son cheval. Rien, en vĂ©ritĂ©, ne peut surpasser la facilitĂ© avec laquelle la machine obĂ©it, dans l’exĂ©cution, Ă . ces diffĂ©rents mouvements. Sur l’arbre principal se trouvent une poulie et un cabestan, la premiĂšre pour remorquer la machine, s’il est nĂ©cessaire, et l’autre pour l’employer Ă  l’élĂ©vation des fardeaux, objet pour lequel M. Marc avait sans doute l’intention de l’employer, la plupart du temps ; quand elle fonctionne comme pompe Ă  incendie, on emploie deux pompes de M. Roberts; les deux pompes sont Ă  double effet ; chaque cylindre a 0 m ,240 de diamĂštre et une course MACHINĂŒS A ÉLEVEK L'EAU. de O m , 177. La chaudiĂšre est faite pour contenir une grande quantitĂ© d’eau, et le temps nĂ©cessaire pour mettre en vapeur est par consĂ©quent assez grand. Lorsqu’elle fonctionne, un jet de 0 n \044 de diamĂštre atteint au sommet d’une cheminĂ©e de 42 m ,70 de hauteur, ou Ă  une distance horizontale de 60 mĂštres, sans compter les 4 ou o mĂštres suivants, dans lesquels l’eau n’arrive plus que dissĂ©minĂ©e en gouttelettes. La vapeur ne s’est pas maintenueĂ  une pression uniforme; aprĂšs s’ĂȘtre Ă©levĂ©e Ă  10 atmosphĂšres, elle s’est abaissĂ©e rapidement, mais M. Roberts espĂšre qu’il pourra corriger ce dĂ©faut, avant le complet achĂšvement de la machine. Pendant l’essai, il a montrĂ© comment, alors que les pompes fonctionnaient Ă  50 tours par minute, on pouvait employer successivement des jets variant de 0"',040 A H,032 de diamĂštre. La machine est revenue sans accident Ă  Mihvall Ă  une heure avancĂ©s.’- » Un voit, par ces dĂ©tails, l’intĂ©rĂȘt que l’on attache en ce moment, tout A la fois A la machine de traction et A la pompe A vapeur; nous ne croyons pas, pour notre part, A la solution du double problĂšme; pour ĂȘtre vraiment supĂ©rieures, quant. A une application dĂ©terminĂ©e, les machines demandent A ĂȘtre Ă©tudiĂ©es spĂ©cialement en vue de cette seule application ; cependant le problĂšme mĂ©rite d’ĂȘtre poursuivi, et, A ce titre, on nous saura grĂ© sans doute de faire connaĂźtre le programme du concours ouvert, A Londres- mĂȘme, pour la meilleure construction des pompes A vapeur. Les fabricants de pompes, les ingĂ©nieurs mĂ©caniciens et autres, sont informĂ©s qu’un fonds a Ă©tĂ© souscrit, dans le but de distribuer des prix aux constructeurs des pompes A vapeur, qui, par suite des essais, seront reconnues les plus efficaces pour l’objet en vue duquel elles sont construites. Les arrangements relatifs A ce concours, les conditions sous lesquelles les constructeurs y seront admis, et l’attribution des rĂ©compenses seront dĂ©cidĂ©s par un comitĂ© composĂ© ainsi qu’il suit PrĂ©sident. — Sa GrĂące le lue de Sutherland. Le T .-H. comte de Caitlincsse; Lord IL- Grosvenor, M. P. ; Cramplon ; J. Hawskley; Mac-Connell ; J—G. Appold ; J—E. Bnteman; Brown ; J. Nasmyth ; AV. Smith ; Capitaine Shaw, secrĂ©taire honoraire. 70 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Le comitĂ© offre les prix suivants pour les meilleures pompes Ă  incendie Ă  vapeur qui seront essĂąyĂ©es Ă  Londres le 1 or juin 1863 Les machines prĂ©sentĂ©es aux essais formeront deux classes La premiĂšre classe se compose des machines dont le poids ne dĂ©passera pas 30 quintaux 1,500 kilogrammes ; La seconde, de celles dont le poids sera supĂ©rieur Ă  30 quint, et n’excĂ©dera pas 60 quint. 3,000 kilogr., ce poids ne comprenant ni le charbon, ni l’eau, ni les tuyaux ou autres accessoires. Les prix offerts dĂšs Ă  prĂ©sent sont de 6,250 francs pour la meilleure machine, et de 2,500 fr. pour celle qui sera dĂ©signĂ©e comme la seconde, dans chaque classe. Le comitĂ©espĂšre qu’il pourra prochainement former une troisiĂšme classe, qui comprendrait toutes les machines se transportant par elles-mĂȘmes, sans distinction de poids. Les principaux points sur lesquels le comitĂ© fixera son attention, aprĂšs la considĂ©ration du coĂ»t et du poids, sont ceux qui sont relatifs Ă  l’efficacitĂ© gĂ©nĂ©rale de ces machines comme pompes Ă  incendie, en rĂ©unissant, parmi d’autres points d’excellence, la rapiditĂ© dans l’apparition et la production de la vapeur, la sĂ»retĂ© de l’aspiration, le volume du jet, la distance Ă  laquelle il peut atteindre avec la moindre perte, la simplicitĂ©, la facilitĂ© d’accĂšs et la durabilitĂ© de toutes les parties. Le comitĂ© se rĂ©serve le droit de modifier de retirer ces prix, dans le cas oĂč aucune des machines produites ne lui paraĂźtrait suffisamment recommandable, et les compĂ©titeurs sont informĂ©s que les dĂ©cisions du comitĂ© seront dĂ©finitives et sans appel. Les communications devront ĂȘtre adressĂ©es au capitaine Shaw, secrĂ©taire honoraire du comitĂ©, 63, Watling street, Ă  Londres, E. C. » L’appel du comitĂ© sera entendu, et nous ne craignons pas de dire que l’avenir rĂ©serve aux pompes Ă  vapeur un grand rĂŽle; elles auraient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© indirectement utiles, si les rĂ©sultats spĂ©ciaux qui prĂ©cĂšdent pouvaient convaincre l’administration de la nĂ©cessitĂ© de mettre l’eau plus libĂ©ralement Ă  la disposition] des services qui ne la rĂ©clament que dans un intĂ©rĂȘt commun. Nous avons pensĂ©, d’ailleurs, qu’il Ă©tait utile de faire connaĂźtre Ă  nos constructeurs des faits encore dignes de leur attention» MACHINES A ÉLEVER L’EAU. 71 i La question des presses Hydrauliques se rattache si intimement Ă  celle des pompes, qu’il nous semble nĂ©cessaire d’en dire quelques mots, non pas que les pompes se soient notablement moditiĂ©es dans leur construction; mais le rĂŽle de la soupape de sĂ»retĂ© s’est agrandi de telle sorte, qu’elle constitue maintenant un appareil intermĂ©diaire qui, sous le nom d’accumulateur ou de rĂ©servoir de force, ou de compensateur, a dotĂ© ces sortes d’appareils de propriĂ©tĂ©s tout Ă  fait nouvelles. L’emploi des presses verticales est encore plus exclusif en Angleterre [qu’en France, oĂč cependant on semble aussi tendre vers la mĂȘme prĂ©fĂ©rence. La construction des presses anglaises est trĂšs-bonne, mais elle n’est pas plus avancĂ©e que chez nous, bien qu’on emploie cette machine Ă  des usages beaucoup plus variĂ©s. Les Ă©normes poids qu’elle peut supporter la font rechercher chez nos voisins pour les grands travaux de construction ; et l’on voyait, en 1851, le modĂšle de celle qui avait servi Ă  soulever le pont Britannia. Aujourd’hui le vĂ©rin hydraulique est, en Angleterre, aussi employĂ© que l’est, chez nous, le vĂ©rin Ă  vis. L’extraction de l’huile de lin se fait exclusivement Ă  la presse hydraulique, et les modĂšles exposĂ©s Ă©taient fort remarquables, sous le rapport de l’agencement des plateaux et des sacs, disposĂ©s de maniĂšre Ă  faciliter le chargement et Ă  Ă©viter toute perte d’huile bien mieux que chez fabricants ont gĂ©nĂ©ralisĂ©, dans toutes les usines, l’emploi de l’huile elle-mĂȘme, Ă  la place de l’eau, pour transmettre les pressions aux pistons. Il est maintenant bien Ă©tabli que les cuirs et surtout les surfaces mĂ©talliques se conservent beaucoup mieux en opĂ©rant de cette façon. Ces dĂ©tails Ă©cartĂ©s, le seul fait important est celui de l’emploi, qui se gĂ©nĂ©ralise en France, de l’accumulateur. L’accumulateur est une vĂ©ritable presse hydraulique, disposĂ©e de maniĂšre Ă  ce que la pression s’y maintienne constante, quelles que soient les variations du jeu des pompes d’injection, qui la desservent, et les quantitĂ©s d’eau qu’on lui enlĂšve, Ă  chaque instant, besoins des autres presses. C est un appareil intermĂ©diaire entre les pompes et les presses hydrauliques, en si grand nombre que l’on voudra, d’une usine. Les figures 6 et 7 font voir l’appareil en Ă©lĂ©vation et en plan. La figure 8 est une coupe horizontale par le milieu de la base du corps de presse; la figure 9, une coupe verticale laite suivant ab, I .1 712 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. pour les organes de la presse elle-mĂȘme, et suivant a! b', pour le systĂšme des plateaux de fonte qui chargent, au degrĂ© voulu, le piston. TTU B 0N PÈGt\RO Fig. G, 7, 8 et !. Les orifices d’injection des pompes et ceux d’alimentation des presses, que le compensateur doit desservir, se trouvent distri- MACHINES A ÉLEVliK L’EAU. 71,! bues, au nombre de quatre, clans le pied de l’appareil, au-dessus de la plaque de fondation. Le corps de presse A est trĂšs-long par rapport Ă  son diamĂštre il est alĂ©sĂ© intĂ©rieurement, et garni des cuirs emboutĂ©s convenables pour assurer le jeu du piston B, et exactement tournĂ© A l’extĂ©rieur pour permettre au cylindreC, garni de ses rondelles, de glisser librement, suivant la demande du piston. La solidaritĂ© entre l’une et l’autre piĂšce se produit au moyen de la forte bride triangulaire D et des trois tiges de suspension E; celles-ci relient entre eux les deux plateaux C, qui comprennent entre leurs tiges un nombre de plaques plus ou moins considĂ©rable, suivant la pression Ă  laquelle on veut se maintenir. Ainsi chargĂ©, le piston peut parcourir, du haut en bas, toute sa course, sans pour cela que la pression varie, et pourvu qu’il ne repose pas par la bride supĂ©rieure D sur le corps de presse, ^appareil sera toujours prĂȘt Ă  injecter une partie de son eau sous cette mĂŽme pression. Les pertes que fait ainsi le cylindre A sont d’ailleurs incessamment rĂ©parĂ©es par le service des pompes d’injection qui ne doivent cesser de fonctionner que si le piston B est arrivĂ© au sommet de sa course. .Si, par impossible, cette circonstance se prĂ©sentait, on voit en B' comment l’eau excĂ©dante serait rejetĂ©e en dehors par le petit conduit B', mĂ©nagĂ© Ă  lapartie infĂ©rieure du piston. Mais c’est lĂ  une condition de sĂ©curitĂ© surabondante, car les choses sont ainsi disposĂ©es qu’en venant rencontrer le poids I au moyen du tampon D', et avant de permettre Ă  l’eau de sortir par le conduit B', le piston dĂ©termine la cessation du fonctionnement de la pompe ou des pompes d’injection. Dans la machine exposĂ©e par M. Lecointe, le piston B a une section transversale de 33 centimĂštres carrĂ©s; le poids total des rondelles est de 3300 kilogr., de sorte que la pression hydraulique est constamment maintenue Ă  3300 ; 33=100 kilogr. par centimĂštre carrĂ© ou Ă  100 atmosphĂšres. On ne saurait croire combien ces sortes d’appareils apportent d’amĂ©liorations clans les usines dans lesquelles un grand nombre de presses sont constamment en fonction ; chaque ouvrier pres- seur n’a qu’un robinet Ă  tourner plus ou moins, pour dĂ©terminer et modĂ©rer Ă  son grĂ© la rapiditĂ© de l’opĂ©ration qu’il dirige. La premiĂšre idĂ©e de ces appareils repose Ă©videmment sur le mĂŽme principe que le rĂ©servoir, Ă  eau comprimĂ©e, des grues 714 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Armstrong, et des appareils analogues qui fonctionnent dans les principaux docks de l’Angleterre; mais pour introduire cette donnĂ©e dans la pratique courante des ateliers, pour atteindre Ă  des pressions le plus souvent supĂ©rieures Ă  100 atmosphĂšres, il a fallu modifier toutes les formes les compensateurs de M. FalguiĂšre d’abord, ceux de M. Lecointe ensuite, perfectionnĂ©s comme ils le sont, dans la disposition gĂ©nĂ©rale des organes , sont destinĂ©s Ă  devenir d’une application de plus en plus gĂ©nĂ©rale. Nous avons demandĂ© Ă  M. Lecointe de nous construire sur ce principe un compensateur Ă  poids variable, destinĂ© ii nos expĂ©riences d’écrasement sur les matĂ©riaux de constructions. La disposition la plus nouvelle de l'appareil de M. Lecointe consiste daus l’ensemble des organes nĂ©cessaires pour faire cesser et. reprendre le jeu des pompes alimentaires, toutes les fois qu’il est nĂ©cessaire. Ces pompes sont au nombre de deux et la cessation du fonctionnement de chacune d’elles est dĂ©terminĂ©e par l’a- baissement du poids P', fig. 10, reliĂ© au poids P de la ligure prĂ©cĂ©dente. Ce poids P' s’abaisse dans la position indiquĂ©e parle dessin, toutes les fois que le piston du compensateur est arrivĂ© au haut de sa course. Le poids P' agit alors par l’intermĂ©diaire du levier l, mobile autour du centre o, sur la bielle m, Ă  l’extrĂ©mitĂ© de laquelle se trouve articulĂ© un autre levier dont l’extrĂ©mitĂ© opposĂ©e Ă  la bielle agit sur la queue de la soupape d’aspiration pour la relever. Lorsque les choses sont arrivĂ©es dans cette position, la soupape cesse d’agir et ne peut plus reprendre son jeu que quand le levier V a repris une position horizontale. Une tige verticale] v sert d’intermĂ©diaire entre le levier l' et la soupape S qui est en ce moment soulevĂ©e sur son siĂšge. Lorsque les leviers l et l' se sont ainsi inclinĂ©s MACHINES A ÉLEVER L’EAU. 7Ui pour produire le dĂ©brayage de la soupape, sous l’action du poids P', l’extrĂ©mitĂ© l du levier l est venue se loger dans une encoche correspondante pratiquĂ©e sur le cĂŽtĂ©, d’une Ă©querre rqt, mobile autour du point q, et qui tend Ă  se maintenir dans cette position sous l’action d’un contre-poids u de sa branche horizontale, jusqu’à ce que celle-ci repose sur un buttoir fixe x, attachĂ© au bĂ t-i de la pompe. Tant que le taquet ou l’encoche r se maintiendra dans cette position, elle retiendra la soupape d au-dessus de son siĂšge, en sorte que la reprise de la pompe ne pourra avoir lieu que quand on agira surl’équerre, pour soulever sa branche horizontale q t. C’est ce qui arrive chaque fois que le piston C arrive prĂšs de l’extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure de sa course. Le prolongement y de la goupille d’articulation avec la bielle rencontre alors la branche q t, et dĂ©gage, eh le soulevant, le taquet. C’est seulement Ă  ce moment que le poids P' peut se relever et dĂ©gager la soupape; il rĂ©sulte de cet arrangement que la soupape ne retombe jamais sur son siĂšge qu’au moment oĂč s’achĂšve la course descendante du piston, et que l’aspiration ne peut avoir lieu qu’au moment oĂč ce piston commence sa course ascendante, c’est-Ă -dire au moment oĂč il n’a pas encore acquis une vitesse qui - puisse donner lieu Ă  des coups de bĂ©lier. Nous considĂ©rons cette impossibilitĂ© de la reprise de la pompe, en toute autre position des organes, comme une amĂ©lioration trĂšs-importante ; elle est parfaitement assurĂ©e au moyen des dispositions que nous avons dĂ©crites. On remarquera d’ailleurs que l’action de la broche y ayant lieu Ă  chaque coup de piston, la pompe reprendra toujours, au commencement de la course qui suivra l’abaissement du poids P, c’est-Ă -dire aussitĂŽt que le compensateur ne sera pas entiĂšrement plein. On voit, par ces indications, comment les dĂ©tails se perfectionnent dans les machines les plus employĂ©es ; chacun de ces perfectionnements se traduit par de nouvelles facilitĂ©s dans le travail et par la diminution du prix de revient des produits. CLASSE 17. INSTRUMENTS ET APPAREILS DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE, Pau le I' ĂŒ. TRÉLAT. 2. Appareils orthopĂ©diques, contentifs, etc. — Les appareils orthopĂ©diques sont des machines gĂ©nĂ©ralement complexes, ayant pour but, Ă  l’aide de pressions ou de tractions soutenues, de maintenir ou de ramener les parties dĂ©viĂ©es vers leur situation naturelle. La diversitĂ© des mouvements Ă  obtenir et la difficultĂ© de presser longtemps les parties molles sans les blesser sont ici les deux obstacles Ă  vaincre. D’immenses progrĂšs ont Ă©tĂ© faits dans cette voie depuis le commencement du siĂšcle, et chaque jour en voit Ă©clore de nouveaux ; les uns consistant en une modification de dĂ©tail, les autres dĂ©rivant d’une idĂ©e plus gĂ©nĂ©rale et partant plus fĂ©conde. Nous aurons Ă  indiquer plus bas un progrĂšs de cette nature. MM. Lebellegnic et Grandcollot de Paris, M. Leiter de Vienne ont perfectionnĂ© Ă  diffĂ©rents Ă©gards les appareils Ă  pied bot. M. Lebelleguic substituĂ© les mouvements parallĂšles ou par glissement aux mouvements par rotation autour d’un axe, et, bien que cette formule ne doive pas passer Ă  l’état de principe, on ne saurait nier que dans bon nombre de cas elle ne donne de trĂšs- bons rĂ©sultats. Rien ne serait plus aisĂ© que d’employer, dans un mĂȘme appareil, ici le glissement, lĂ  la rotation ; c’est une ressource nouvelle Ă  ajouter et non Ă  substituer aux autres. M. Grandcollot a poursuivi une autre idĂ©e. Il a cherchĂ© une combinaison simple qui permĂźt, Ă  la volontĂ© du chirurgien, le INSTRUMENTS ET APPAREILS. 717 mouvement libre dans deux directions opposĂ©es ou seulement dans une seule. Il y arrive de la façon que voici son articulation se compose de deux courbes, l’une circulaire dans toute son Ă©tendue, l’autre circulaire en partie et non circulaire dans le reste de son Ă©tendue. Quand la tangence est Ă©tablie selon les deux fractions de cercle, le mouvement est libre dans les deux sens, mais dĂšs que, par un trĂšs-lĂ©ger dĂ©placement de la piĂšce qui porte la courbe variĂ©e, le point de tangence a Ă©tĂ© portĂ© en dehors d’une ligne qui unirait les centres des courbes, le mouvement, facile dans un sens, est absolument arrĂȘtĂ© dans l’autre comme par l’action d’un frein. Cette disposition, croyons-nous, avait Ă©tĂ© dĂ©jĂ  utilisĂ©e dans la construction des machines, mais on n’y avait nullement songĂ© pour les appareils orthopĂ©diques, oĂč elle demandait d’ailleurs Ă  ĂȘtre modiliĂ©epour devenir facilement applicable. Jusqu’ici on se servait de roues dentĂ©es commandĂ©es par un pignon Ă  pas de vis ou par un encliquetage empĂȘchant le recul; il est Ă©vident que l’articulation de M. Grandcollot est plus simple, tout aussi solide et peut ĂȘtre variĂ©e dans son action avec la plus rapide facilitĂ©. Cette articulation peut ĂȘtre appliquĂ©e Ă  des appareils trĂšs-divers de contention ou de redressement. La grande majoritĂ© des appareils orthopĂ©diques agit en .poussant, eu pressant dans un sens contraire Ă  celui de la dĂ©formation. Il n’est pas douteux que dans certains cas ce mode d'action soit utile et suffisant, mais il en est d’autres plus particuliĂšrement caractĂ©risĂ©s par des dĂ©formations oĂč la paralysie de quelques muscles joue le principal rĂŽle. C’est ce qui explique comment une gymnastique appropriĂ©e ou les contractions provoquĂ©es artificiellement par l’électricitĂ© peuvent parfois rendre un grand service. Mais, en prĂ©sence d’une paralysie rĂ©elle, ces moyens sont inefficaces. Depuis longtemps on avait songĂ© Ă  supplĂ©er aux muscles paralysĂ©s par des ressorts ou des cordons Ă©lastiques, mais les difficultĂ©s d’exĂ©cution de semblables appareils avaient entravĂ©, dĂšs leur dĂ©but, presque toutes les tentatives. On n’obtenait en gĂ©nĂ©ral que des tractions ou trop faibles ou trop Ă©nergiques, cl ayant le dĂ©faut grave de ne donner qu’une sorte de rĂ©sultante des mouvements si complexes qui se produisent Ă  l’état normal. EclairĂ© par ses importantes recherches sur l’action physiolo- 718 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. gique des muscles, M. le docteur Duchenne de Boulogne a repris cette Ă©tude des appareils orthopĂ©diques Ă  forces constantes, et les rĂ©sultats auxquels il est arrivĂ© constituent un de ces progrĂšs importants que nous signalions aux premiĂšres lignes de ce chapitre. M. Duchenne a reconnu que, pour maintenir une situation naturelle ou provoquer des mouvements naturels dans les petites articulations de la main ou du pied, il Ă©tait indispensable de donner aux moteurs artificiels la direction, les points d’attache des muscles et des tendons. C’était lĂ  une idĂ©e bien simple, et cependant personne n’en avait suffisamment compris l’importance, et personne ne l’avait mise en pratique. On comprendra, sans qu’il soit besoin d’entrer ici dans de plus amples dĂ©tails, combien les appareils conçus d’aprĂšs ces principes peuvent et doivent ĂȘtre variĂ©s. Ici point de panacĂ©e, rien de formulĂ© d’avance, seulement un moyen gĂ©nĂ©ral dont l’efficacitĂ© dĂ©pend du tact du chirurgien et de l’habiletĂ© du fabricant. Signalons ici une sĂ©rie de petits appareils trĂšs-ingĂ©nieux, quoiqu’en gĂ©nĂ©ral trĂšs-simples, et destinĂ©s Ă  pallier une disposition morbide assez frĂ©quente. Certaines personnes ne peuvent conserver une attitude ou rĂ©pĂ©ter un mouvement sans Ă©prouver une douleur fixe, une crampe qui s’oppose absolument Ă  la continuation de l’acte. Cette crampe atteint surtout les doigts, la main, l’avant-bras, et, chose remarquable, elle cesse aussitĂŽt que la situation des organes est modifiĂ©e. Cette singuliĂšre et gĂȘnante affection est connue sous le nom de crampe des Ă©crivains, parce que c’est l’écriture qui la provoque le plus souvent, mais non toujours. 11 suffit donc, pour y porter remĂšde, de faire que le patient puisse toujours Ă©viter la position spĂ©ciale qui engendre la douleur. Pour atteindre ce but, on a construit des porte- plumes, des porte-pinceaux offrant les formes les plus variĂ©es, souvent les plus bizares, mais contraignant les doigts ou la main Ă  prendre une attitude exempte de souffrance. Ces appareils sont dus surtout Ă  MM. Velpeau, Cazenave de Bordeaux, Duchenne de Boulogne ; ils figuraient dans les expositions de MM. Char- riĂšre et Mathieu, qui leur ont fait subir diverses modifications. Nous avons examinĂ© avec grand intĂ©rĂȘt des appareils servant Ă  la contention des membres Ă  la suite de traumatismes graves 719 INSTRUMENTS ET APPAREILS. produits par la main du chirurgien ou par une cause accidentelle. Les chirurgiens d’Angleterre et d’Allemagne opĂšrent assez frĂ©quemment la rĂ©section de la hanche et du genou. Ces opĂ©rations importantes, difficilement acceptĂ©es par la chirurgie française, laissent le membre flottant et sans aucun maintien ; or, comme la guĂ©rison ne peut s’effectuer sans un temps considĂ©rable, il faut de toute nĂ©cessitĂ© disposer un appareil qui, tout en permettant des mouvements au malade, conserve l’immobilitĂ© du membre. La rĂ©alisation de cette double donnĂ©e n’est ni faefle, ni simple ; on n’y est arrivĂ© jusqu’ici qu’à l’aide de machines compliquĂ©es et coĂ»teuses. Ce sont des chariots oĂč le membre blessĂ© repose couvert de son pansement et bien fixĂ©, chariots suspendus Ă  des galets roulant avec facilitĂ© sur des rails ; de sorte que les mouvements gĂ©nĂ©raux du corps entraĂźnent ensemble le membre malade et son appareil contentif. En consĂ©quence, aucun dĂ©placement nuisible ne peut se produire. M. Mathews de Londres, et M. Leiter de Vienne ont exposĂ© de ces chariots Ă  rĂ©section dont le plus connu est le Salter’s siuinc/ berceau de Salter. Ils peuvent ĂȘtre employĂ©s non-seulement aprĂšs ces opĂ©rations, mais dans toute circonstance oĂč une plaie grave nĂ©cessite une immobilitĂ© prolongĂ©e. Si nous sommes bien renseignĂ©, c’est un appareil de ce genre que le docteur Partridge a appliquĂ© Ă  Garibaldi, et cette disposition a Ă©tĂ© approuvĂ©e par tous les chirurgiens qui ont visitĂ© l’illustre blessĂ©. Malheureusement, ainsi que nous le disions, l'Ă©lĂ©vation du prix et la nĂ©cessitĂ© de modifier le chariot Ă  peu prĂšs dans chaque cas particulier apportent de sĂ©rieux obstacles Ă  l’extension de ce prĂ©cieux moyen de pansement. D’autres objets peu coĂ»teux, et d’un usage trĂšs-commun, ont attirĂ© notre attention dans les vitrines des exposants anglais et dans nos visites aux hĂŽpitaux de Londres; nous voulons parler des attelles ou Ă©clisses si utiles dans le pansement des fractures. Est-ce routine ou besoin de simplicitĂ©, nous employons Ă  peu prĂšs exclusivement en France des attelles droites, plates, ou parfois courbĂ©es suivant leurs bords; aussi, pour adapter ces lames rigides aux contours sinueux des membres, sommes-nous obligĂ©s d’user de remplissages, de coussins volumineux, et encore ne parvenons-nous pas toujours Ă  bien remplir toutes les indications. Nous avons vu Ă  Londres des attelles pour les frac- 720 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. tures du membre infĂ©rieur qui nous paraissent bien supĂ©rieures aux nĂŽtres; elles sont courbes suivant la largeur, percĂ©es d’un large trou au niveau des mallĂ©oles et munies d’un prolongement angulaire qui embrasse les parties latĂ©rales du pied. Une autre disposition permet, chose bien utile, d’appliquer autour d’un membre un appareil contentif solide en laissant Ă  dĂ©couvert un point plus ou moins Ă©tendu qui rĂ©clame des pansements frĂ©quemment renouvelĂ©s. Ce rĂ©sultat est obtenu au moyen de Y attelle interrompue, deux attelles reliĂ©es l’une Ă  l’autre, suivant leur longueur, par deux barrettes de fer en forme de n renversĂ© dont les deux extrĂ©mitĂ©s sont rivĂ©es sur le bois; on voit de suite comment cet assemblage rigide laisse passer entre les deux tiges de mĂ©tal les mains du chirurgien et les piĂšces du pansement. Il n’y a pas ici un grand effort d’invention, mais il convient de rappeler que, dans la pratique chirurgicale, l’instrument le plus ingĂ©nieux ne comporte pas nĂ©cessairement un progrĂšs ou un avantage proportionnel, et rĂ©ciproquement. Une table Ă  opĂ©rations exposĂ©e sous le nom de M. Whibley est employĂ©e dans plusieurs hĂŽpitaux de Londres. Cette table Ă©troite, lĂ©gĂšre, facile Ă  transporter et fonctionnant dans toutes ses parties Ă  l’aide de moyens simples et solides, est bien prĂ©fĂ©rable au meuble lourd qui existe dans nos hĂŽpitaux de Paris ; elle permet au chirurgien d’ĂȘtre plus prĂšs du malade, de soutenir isolĂ©ment un seul de ses membres congĂ©nĂšres ou tous les deux ensemble; enfin, grand avantage, reposant sur quatre pieds, elle ne peut jamais basculer et est aisĂ©ment placĂ©e dans tel point convenable de l'amphithéùtre. Or, ce point est sujet Ă  varier suivant la quantitĂ©, la nature de la lumiĂšre, l’incidence des rayons du soleil, etc. Du reste, quoique ce ne soit pas ici le lieu d’aborder en dĂ©tail un pareil sujet, il nous a semblĂ© que, sous tous les rapports, les amphithéùtres Ă  opĂ©rations des hĂŽpitaux de Londres Ă©taient infiniment mieux installĂ©s que les nĂŽtres. Ce soin gĂ©nĂ©ral se retrouve jusque dans le transport des opĂ©rĂ©s, dont nous voulons dire un mot. Chez nous, l’opĂ©ration et le pansement terminĂ©s, le malade est soulevĂ© Ă  bras par un ou deux infirmiers qui le placent sur un brancard et le transportent jusque dans la salle, prĂšs de son lit. LĂ  il est de nouveau enlevĂ© du brancard de la mĂȘme maniĂšre et dĂ©posĂ© dans son lit. Si bien exĂ©cutĂ©e qu’on la sup- 721 INSTRUMENTS ET APPAREILS. pose, cette double manƓuvre est, dans bien des cas, longue et pĂ©nible, Ă  ce point que, pour certaines opĂ©rations, les chirurgiens prĂ©fĂšrent pratiquer dans la salle, au milieu des autres malades, ce qui est mauvais, pour Ă©viter le mode de transport que nous avons indiquĂ©. La majeure partie de ces mouvements est Ă©vitĂ©e par le procĂ©dĂ© anglais. Au moment de commencer l’opĂ©ration, on Ă©tend sur la table une piĂšce de forte toile d’égale dimension, munie d’une large coulisse suivant chaque bord longitudinal ; par-dessus on dispose un tissu impermĂ©able. Le malade est couchĂ© sur la table ainsi prĂ©parĂ©e et l’opĂ©ration s’achĂšve. AussitĂŽt deux infirmiers glissent dans les coulisses deux longs bĂątons maintenus Ă©cartĂ©s Ă  l’aide de barres de fer convenablement placĂ©es; ce brancard improvisĂ© soulĂšve et emporte le malade sans lui imprimer aucun mouvement inutile ; on le dĂ©pose sur son lit, les bĂątons et les barres de fer sont Ă©levĂ©s et le transport est effectuĂ©. Au bout d’une ou de plusieurs heures, quand les premiers moments de trouble sont passĂ©s, on retire la toile, qui pourrait devenir gĂȘnante. On comprendra que ce mode d’agir permet, si c’est nĂ©cessaire, le double transport de l’opĂ©rĂ©, de son lit Ă  l’amphithéùtre et de l’amphithéùtre Ăą son lit sans plus de difficultĂ© que nous venons de le dire. On allĂ©guera peut-ĂȘtre que ces manƓuvres sont compliquĂ©es, qu’elles doivent ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©es deux ou quatre fois pour chaque malade. Nous affirmons que tout cela se fait trĂšs-aisĂ©ment, trĂšs-vite, et que les opĂ©rĂ©s Ă©chappent ainsi Ăą tous les mouvements intempestifs qu’ils ont Ă  subir lorsqu’on agit comme nous l’avons indiquĂ© pour nos hĂŽpitaux. g 3. Appareils prothĂ©tiques. — D’immenses progrĂšs ont Ă©tĂ© faits dans cette branche depuis le commencement du siĂšcle ; quelques-uns datent mĂȘme de ces derniĂšres annĂ©es. Nous y insiste- ions plus particuliĂšrement. La prothĂšse ne vise pas toujours au mĂȘme but; tantĂŽt, sans souci de la forme, elle poursuit la restitution d’une fonction, tantĂŽt elle cherche, par une imitation savante, Ăą simuler un organe absent; parfois, enfin, touchant alors Ă  la perfection, elle cache sous une apparence naturelle un artifice qui remplace et la forme et la fonction perdues. Tout cela est soumis Ăą l’habiletĂ©, au gĂ©nie de 1 artiste, et avant tout Ăą l’indication. 722 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Quand l’Ɠil est perdu, il ne peut ĂȘtre question que d’une seule chose, simuler son existence ; mais cette chose, grĂące Ă  l’admirable exĂ©cution des coques artificielles d’émail, rend d’inestimables services. C’est un fait aujourd’hui reconnu qu’un Ɠil de verre simule la nature au point de tromper les personnes les plus attentives. A cette perfection des apparences, les habiles artistes qui s’occupent de cette fabrication ont ajoutĂ© d’autres progrĂšs bien importants. GrĂšce Ăą l’épaisseur variable qu’ils peuvent donner aux coques, grĂące aux encochures de leurs bords disposĂ©es pour chaque cas particulier, il n’existe pour ainsi dire plus de moignon oculaire qui se refuse Ă  l’application d’un Ɠil artificiel. Nous devons citer avec Ă©loge ici les fabricants français, MM. Desjardins, Coulomb sonneau, pĂšre et fils. Nous passons, sans nous y arrĂȘter, sur la prothĂšse dentaire. Quelque remarquables que soient les rĂ©sultats obtenus, ils sont aujourd’hui trop bien connus pour que nous en parlions; mais il n’en est pas de mĂȘme des restaurations plus considĂ©rables dues Ă  un dentiste amĂ©ricain, aujourd’hui fixĂ© Ă  Paris. M. PrĂ©terre a construit des piĂšces artificielles destinĂ©es Ăą remplacer des mĂąchoires entiĂšres, Ă  combler d’horribles dĂ©labrements rĂ©sultant de plaies d’armes Ă  feu ou d’opĂ©rations chirurgicales. Ces piĂšces faites pour des malades des hĂŽpitaux civils ou militaires de Paris, sous les yeux de chirurgiens Ă©minents, permettent la mastication et la parole Ă  de malheureux blessĂ©s qui, sans elles, ne pourraient accomplir aucune de ces deux fonctions si nĂ©cessaires. AprĂšs la dĂ©couverte de la staphyloraphie rĂ©union du voile du palais, on avait renoncĂ© Ăą la prothĂšse; on cherchait Ă  remĂ©dier au vice de conformation par les procĂ©dĂ©s de la chirurgie. En 1845, M. Stearns, mĂ©decin amĂ©ricain, fit voir aux chirurgiens de Paris un appareil fait par lui et pour lui et qui fonctionnait parfaitement. Par malheur, M. Stearns quitta la France sans laisser copier son appareil. Pendant dix ans il ne fut plus question de prothĂšse pour les divisions du voile palatin. Aujourd’hui, M. PrĂ©terre peut montrer plusieurs inlirmes qui mangent, parlent, vivent avec des appareils remarquables faits par lui. Les succĂšs de la prothĂšse sont tels, que plusieurs chirurgiensn’hĂ©sitent pas Ă  y avoir recours plutĂŽt que de pratiquer mĂȘme des opĂ©rations INSTRUMENTS ET APPAREILS. m inoffensives. Cette derniĂšre opinion prĂ©vaudra-t—elle ? 11 est permis d’en douter, surtout en face des remarquables succĂšs opĂ©ratoires obtenus dans ces derniers temps par quelques chirurgiens. Quoi qu’il en soit, cette rivalitĂ© entre la chirurgie proprement dite et la prothĂšse ne peut que donner les meilleurs rĂ©sultats pour la cure d’une infirmitĂ© d’autant plus triste, que respectant toutes les grandes fonctions, elle gĂȘne profondĂ©ment les continuels rapports qui s’établissent par la parole 1 . Les membres artificiels ont Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©s de ditfĂ©rentes façons, et nous devons citer les noms de MM. Bigg et Gray, en Angleterre, de MM. CharriĂšre, Mathieu, comte de Beaufort, en France. Il nous est impossible d’entrer dans le dĂ©tail de ces amĂ©liorations qui nĂ©cessiteraient des descriptions Ă©tendues, nous devons nous borner ii en indiquer la nature. MM. CharriĂšre et Mathieu ont perfectionnĂ© les mouvements des bras artificiels en employant le systĂšme de traction imaginĂ©, en 1844, par M. Van Petersen. Mais s’il est juste de rendre Ă  ce dernier auteur ce qui lui appartient rĂ©ellement, il faut reconnaĂźtre que M. Mathieu est le seul qui soit parvenu Ă  satisfaire complĂštement un amputĂ© bien connu du monde artistique. De son cĂŽtĂ©, M. le comte de Beaufort, avec l’aide d’un habile orthopĂ©diste de Paris, a pu montrer aux sociĂ©tĂ©s savantes une main artificielle d’un nouveau modĂšle, et ce qu’il nomme /iras artificiel utile ou automoteur. Le mĂ©rite de cet appareil, qui a Ă©tĂ© trĂšs-favorablement apprĂ©ciĂ© par le conseil de santĂ© des armĂ©es, consiste en ceci, qu’il entre en jeu, pour ainsi dire, A l’insu de celui qui le porte ; si l’épaule se jette en avant, l’avant- bras artificiel s’étend, et rĂ©ciproquement. C’est en Ă©tudiant avec attention comment les mouvements du bras et de l’avant-bras s associent dans l’état normal, que M. de Beaufort est arrivĂ© Ă  ce rĂ©sultat de synergie artificielle. Ce n’est, du reste, pas la premiĂšre fois que l’étude de la physiologie ou de l’anatomie nor- 1. LĂ©s individus atteints le division congĂ©nitale du voilo du palais ou de la voĂ»le palatine ne peuvent absolument pas produire certains sons ; les autres sont courus et nazouné». ÂŁ V sommCj j a paro t 6 efll pR „ prĂšs inintelligible, Ă  moins d’une habitude spĂ©ciale, il est facile de comprendre que cet Ă©tat constitue une inlirmilĂ© rĂ©elle. 724 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. males donne de bonnes inspirations aux inventeurs d’appareils prothĂ©tiques. M. Duchenne de Boulogne n’est parvenu Ăč agir utilement contre les paralysies musculaires du bras et de la jambe qu’en simulant avec des ressorts la direction et les insertions des muscles. Un des plus remarquables perfectionnements apportĂ©s Ă  la construction des jambes artificielles, la position excentrique en arriĂšre de l’articulation des attelles jambiĂšre>et fĂ©morale ce qui permet Ă  la fois et la mobilitĂ© du genou et sa solide rĂ©giditĂ© dĂšs que le membre est dans l’extension, n’est qu’une imitation rigoureuse de ce qui existe dans la nature; ce perfectionnement remonte Ă  une vingtaine d’annĂ©es. Ce qu’il y a de plus important Ă  signaler pour ces derniers temps, c’est l’adaptation d’une sorte de pied en bois de frĂȘne que M. de Beau- fort fait au pilon commun et la tendance de plus en plus marquĂ©e des chirurgiens et des fabricants Ă  donner pour point d'appui Ă  leurs appareils non la tubĂ©rositĂ© sciatique mais la cuisse, comme le fait M. Palmer, de New-York, ou la cuisse et la partie supĂ©rieure de la jambe, ainsi que cela existe dans le modĂšle de M. Mathieu. 4. Appareils physiques d’usage mĂ©dical. Quoique nous n’ayons Ă  exposer ici qu’un petit nombre de sujets, leur importance est si grande que nous avons cru devoir leur consacrer un paragraphe spĂ©cial. De ces appareils, les uns sont particuliĂšrement utiles Ă  l’étude des sciences mĂ©dicales qui ne forment qu’une branche des sciences naturelles; le microscope est de ce nombre. Les progrĂšs que cet instrument a fait faire Ă  l’anatomie, Ă  la physiologie, Ă  la pathologie sont immenses. On ne saurait dire dans quelles proportions se sont accrues les connaissances humaines, grĂące au tĂ©lescope qui nous fait voir l’infiniment loin, et au microscope qui nous montre l’infmiment petit. Aussi peut-on prĂ©voir des dĂ©couvertes scientifiques nouvelles chaque fois que ces puissants moyens d’investigation sont amĂ©liorĂ©s. Ce qui nous a le plus frappĂ© Ă  cette Exposition, ce sont les microscopes binoculaires. Nous en avons vu chez plusieurs fabricants anglais et chez l’un d’eux, dont malheureusement nous ne pouvons retrouver le nom, nous avons pu observer diffĂ©rents objets donnant cette sensation de relief qu’on n’obtient que par la vision avec les deux INSTUUMIiNTS ET APPAIUÎILS. 72Ă« yeux. Nous n’avons pas Ă  indiquer ici les diffĂ©rents procĂ©dĂ©s par lesquels ce rĂ©sultat peut ĂȘtre obtenu et la thĂ©orie assez dĂ©licate de ces dispositions nouvelles; c’est lĂ  un point d’optique pure qui n’appartient pas Ă  cet article. Il nous suffit de signaler le perfectionnement qui ne peut manquer de rendre d’importants services Ă  tous les micrograplies. Depuis qu’on connaĂźt mieux, et cette connaissance est absolument contemporaine, les conditions de la vision binoculaire, On a cherchĂ© Ă  la rendre possible pour le plus grand nombre des instruments d’observation. C’est cette pensĂ©e qui a dirigĂ© M. Gi- raud-Teulon, savant physicien en mĂȘme temps que physiologiste habile, dans la construction de son ophthalmoscope binoculaire que l’on pouvait voir dans la vitrine de M. Nacliet. Nous n’avons pas besoin de faire ici l’éloge de cet exposant, dont les excellents microscopes, qui sont entre les mains de presque tous les anatomistes français, ont acquis une rĂ©putation incontestĂ©e. Notre expĂ©rience personnelle ne nous permet pas de dire si l’instrument de M. Giraud-Teulon remplacera tous ceux qui ont Ă©tĂ© imaginĂ©s depuis l’admirable dĂ©couverte d’IIelmhotz Ă©clairage et observation du fond de l’Ɠil ; nous pensons cependant qu’il constitue une innovation remarquable et que dĂšs qu’on aura vaincu quelques lĂ©gĂšres difficultĂ©s d’application, il pourra faciliter et rendre plus complet l’examen delĂ  surface rĂ©tinienne. Eu effet, d’une part, la vision binoculaire donne cette sensation de relief dont nous parlions Ă  propos du microscope, d’autre part, la grande difficultĂ© de l’ophtlialmoscopie consistant en ce que l’observateur doit voir une image rĂ©elle ou aĂ©rienne situĂ©e entre son propre Ɠil et l’Ɠil observĂ©, cette image est plus facilement trouvĂ©e par les deux yeux que par un seul, qui n’a pas la sensation des distances. A cĂŽtĂ© de l’ophthalmoscope nous devons parler du laryngoscope. Les deux promoteurs ou vulgarisateurs de cet instrument, M- Czermack, de Pesth, et M. TĂŒrck, de Vienne, ont exposĂ© leurs appareils. La premiĂšre idĂ©e de la laryngoscopie appartient Ă  histon et Ă  Manuel Garcia. Ce dernier, Ă©tudiait sur lui-mĂȘme, Ă  1 aide d’un miroir introduit dans l’arriĂšre-gorge, le travail du larynx dans la production des sons musicaux. Pendant plusieurs annĂ©es ces faits restĂšrent stĂ©riles; presque en mĂȘme temps, M. TĂŒrck et M. Czermack publiĂšrent des observations remarqua- EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 72IÎ blĂ©s et montrĂšrent Ă  un nombre considĂ©rable de mĂ©decins et de physiologistes le larynx, les cordes vocales et les anneaux de la trachĂ©e. Aujourd’hui, quatre ans seulement aprĂšs ces premiers travaux, le laryngoscope est adoptĂ© et employĂ© par tous les mĂ©decins. Les choses utiles font vite leur chemin, et nous croyons fermement que, dans ce siĂšcle, lorsqu’une idĂ©e scientifique rencontre des rĂ©sistances tenaces, c’est qu’elle est nuisible ou pour le moins stĂ©rile. Tl n’en a pas Ă©tĂ© ainsi pour l’ophthalmoscope ni pour le laryngoscope; ces admirables moyens d’investigation qui font pĂ©nĂ©trer le regard de l’observateur dans les tĂ©nĂšbres de nos organes Ă©taient Ă  peine connus, qu’aussitĂŽt ils Ă©taient appliquĂ©s et perfectionnĂ©s ' avec un succĂšs que l’avenir augmentera encore. Signalons en passant un ingĂ©nieux appareil du professeur Iluete, l’ophthalmotrope. De bien remarquables dĂ©couvertes ont Ă©tĂ© faites dans ces derniĂšres annĂ©es sur la physiologie de l’Ɠil. Le mĂ©canisme de l'accommodation aux diverses distances, les troubles de cette importante fonction, tout cela a provoquĂ© des recherches et des Ă©tudes de toute nature sur la vision. Les muscles moteurs du globe oculaire n’y ont pas Ă©chappĂ©; l’instrument du professeur Ruete est destinĂ© Ă  dĂ©montrer d’une maniĂšre rigoureuse les mouvements de ces muscles, leur Ă©tendue, la part que chacun d’eux prend aux dĂ©placements de l’axe optique. Le mĂ©rite de cet appareil consiste surtout dans l’exactitude des connaissances physiologiques qu’il doit vulgariser. Le sphygmographe du docteur Marey doit attirer toute notre attention; c’est un appareil trĂšs-portatif, destinĂ© Ă  Ă©crire les formes du pouls. Outre ses variations de frĂ©quence, bien Ă©tudiĂ©es par tous les mĂ©decins, le pouls prĂ©sente des variĂ©tĂ©s de forme qui avaient reçu des anciens mĂ©decins une foule de noms dont le moindre inconvĂ©nient Ă©tait de ne donner qu’une idĂ©e trĂšs-vague de sensations fugaces et par cela mĂȘme mal reprĂ©sentĂ©es par le langage. Aussi tous ces mots Ă©taient tombĂ©s dans l’oubli et une longue expĂ©rience pouvait seule dĂ©velopper un tact assez fin pour sentir des changements rĂ©els mais presque imperceptibles. 1. Ces perfectionnements dus fi MM. Czormack, Turck, en Allemagne, Moura- liourouillon en France, sont surtout relatifs au mode d’éclairage et Ă  l’emploi des rĂ©flecteurs; ce ne sont que des variĂ©tĂ©s d’une mĂ©thode unique. 727 INSTRUMENTS ET APPAREILS. Les recherches physiologiques, faites sur l’appareil circulatoire Ă  l’aide de manomĂštres et d’hĂ©momĂštres, devaient conduire les savants Ă  trouver des procĂ©dĂ©s qui leur permissent de mieux apprĂ©cier, en les amplifiant, les formes du pouls et mĂȘme d'en conserver le tracĂ©. Vierordt, le premier, construisit un sphygmo- graphe Ă  levier qui donnait le tracĂ© du pouls. Mais le levier de cet appareil Ă©tait chargĂ© d’un poids destinĂ© Ă  presser sur l’artĂšre et Ă©quilibrĂ© par un contre-poids; il oscillait comme le flĂ©au d’une balance chargĂ©e, c’est-Ă -dire lentement, de telle sorte que l’ascension et la descente Ă©taient Ă©gales. Ce sphygmographe ne donnait donc que l’intensitĂ© de la pulsation et non sa forme ; il fallait obtenir ce dernier et si important rĂ©sultat. M. Marey l’a atteint au bout de longues et ingĂ©nieuses recherches. Son appareil, construit par BrĂ©guet, se compose d’un cadre mĂ©tallique qu’on fixe aisĂ©ment sur l’avant-bras au moyen d’un lacet courant d’un cĂčtĂ©^ l’autre, d’un ressort oblique dont on peut graduer la pression, terminĂ© par une plaque d’ivoire qui appuie sur l’artĂšre, d’un levier long et trĂšs-lĂ©ger qui, fixĂ© par une de ses extrĂ©mitĂ©s au cadre, est soulevĂ© prĂšs de cette extrĂ©mitĂ© par le ressort; son bras le plus long traduit la pulsation en l’amplifiant et l’écrit sur une bande de papier mise en mouvement par un mĂ©canisme d’horlogerie trĂšs-peu volumineux qui fait par. tie intĂ©grante de l’appareil. Il est facile de comprendre qu’avec une semblable disposition, le levier indicateur se meut eu toute libertĂ©, sans avoir Ă  vaincre aucune de ces rĂ©sistances compensatrices que nous avons signalĂ©es dans l’appareil Vierordt; aussi le sphymographe de M. Marey donne-t-il des tracĂ©s variĂ©s en rapport avec les changements qu’éprouve la circulation artĂ©rielle Ă  l’état normal et Ă  l’état pathologique. En un mot, il indique les formes du pouls. Ces lormes sont si constantes et si absolument liĂ©es aux causes qui les produisent que l’on peut, sans hĂ©siter, remonter de la forme pulsatile Ă  la cause physiologique ou pathologique. Un pareil instrument ne pouvait manquer de fournir des donnĂ©es nouvelles; des points de physiologie importants et obscurs, des incertitudes de diagnostic ont Ă©tĂ© tranchĂ©s par lui et l’ingĂ©nieuse ardeur de notre cordrĂšre nous autorise Ă  penser qu’il est encore loin du terme de ses heureuses recherches. Le jury de Londres lui a dĂ©cernĂ© une mĂ©daille, la FacultĂ© de mĂ©decine de Paris un prix, ĂŻ'>* IMPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. et nous croyons savoir que l’Institut de France lui prĂ©pare une haute rĂ©compense. Nous ne voulons pas omettre de signaler en terminant les admirables aquarelles de M. LakerbauĂ«r qui consacre un rĂ©el talent Ă  la reproduction si difficile des piĂšces pathologiques ; les curieuses photographies de M. Duchenne de Boulogne, extraites de son remarquable travail sur la physiologie des muscles de la face; enfin les belles prĂ©parations microscopiques de M. Ilyrtl, de Vienne, et de MM. Bourgogne pĂšre et fils, de Paris. g 5. Conclusion. ArrivĂ© au terme de cette Ă©tude, qu’il nous soit permis de rĂ©sumer notre impression sur la dix-septiĂšme classe de l’Exposition de 1862. Le grand progrĂšs d’aujourd’hui, c’est la dispersion, l’universalisation du progrĂšs. La construction des instruments et appareils de chirurgie ne saurait ĂȘtre l’apanage .d’un pays, d’une ville ; la production des matiĂšres premiĂšres et leur bas prix jouent ici un rĂŽle secondaire; ce qui importe, c’est une chirurgie active, s’exerçant sur un grand théùtre et soufflant de continuelles inspirations aux mains habiles des ouvriers. Or, ces conditions existent, plus ou moins accusĂ©es, dans presque toutes les grandes villes d’Europe; aussi pouvait-on voir Ă  l’Exposition des produits de Berlin, de Vienne, de Stockolm, de Copenhague, de Rotterdam, de Lisbonne, de Bologne et mĂȘme de la lointaine Russie. En 1851, la France avait une Ă©clatante supĂ©rioritĂ©; cette supĂ©rioritĂ© s’affirmait en 1855 par l’extrĂȘme raretĂ© des exposants Ă©trangers, elle s’affirme en 1862 par leur nombre. Nos fabricants se sont créé des imitateurs, des Ă©mules. Leurs modĂšles, leurs formes, le travail de leurs instruments ont Ă©tĂ© copiĂ©s ou imitĂ©s, et c’est par cela qu’on trouve, Ă  n’en pas douter, la raison des progrĂšs remarquables accomplis en premiĂšre ligne par les couteliers anglais, ensuite par ceux des autres pays. Ce rĂŽle initiateur de notre industrie prouve que si elle n’est plus sans rivale elle marche toujours au premier rang dans sa sphĂšre. Paris. — Imprimerie BOURDIEU el O, rue MazaĂŻuie, SU CLASSE 7. MACHINES A TRAVAILLER LES MÉTAUX ET LES BOIS. I\ah M. TRESCA. L’Exposition universelle de 1862 Ă©tait surtout remarquable par le grand nombre des machines-outils qui avaient Ă©tĂ© placĂ©es, les unes Ă  cbtĂ© des autres, dans la grande annexe du palais de Ken- sington. Jamais les mille systĂšmes de machines Ă  travailler le bois et le fer n’avaient offert une aussi grande variĂ©tĂ©, ni une aussi grande perfection. L’emploi des grandes machines-outils a Ă©tĂ©, pour l’Angleterre, la cause prĂ©dominante de sa supĂ©rioritĂ© dans la construction des machines, et si certains constructeurs français sont parvenus au mĂȘme degrĂ© de perfection, il faut bien le reconnaĂźtre cependant, l’Exposition qui vient de finir a dĂ©montrĂ© qu’ils 11e savent gĂ©nĂ©ralement pas se servir des machines-outils aussi bien que dans les ateliers anglais, et que ces machines elles-mĂȘmes ne sont pas arrivĂ©eschez nousĂ uneaussi grande sĂ»retĂ© dans le travail qu’elles exĂ©cutent, ni Ă  une aussi grande perfection dans leur agence- ment gĂ©nĂ©ral. Sans doute nous avons, en France,'des machines-outils fort bien exĂ©cutĂ©es; beaucoup d’entre elles sont mĂȘme la copie de machines anglaises plus anciennes, et l’on sait qu’à partir de \ 820 ce sont presque toujours les types anglais qui ont servi de thĂšme Ă  la plupart des amĂ©liorations de dĂ©tail qui ont Ă©tĂ© introduites par nos constructeurs les plus habiles, dans cette partie importante des appĂŒ ca n ons mĂ©caniques. G est de cette Ă©poque aussi que date le dĂ©veloppement de nos 730 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. ateliers de construction mĂ©canique; outillĂ©s d’abord avec les machines de Fox et de Sharp et Robert, ils se sont formĂ© bientĂŽt un matĂ©riel spĂ©cial et tout français; mais pendant que MM. Pihet, Calla, CavĂ©, Hallette, De Coster, Ducommun, s’inspiraient, dans leurs nouvelles constructions, de ces premiĂšres machines-outils venues de l’étranger, MM. Whitworth, Fairbairn, Sharp et Stewart travaillaient, de leur cĂŽtĂ©, Ă  perfectionner leurs propres types ; et Ă  notre avis, quant Ă  la construction spĂ©ciale des machines-outils, la distance est encore bien grande entre les nĂŽtres et celles de nos voisins. Ce genre de machines Ă©tait d’ailleurs reprĂ©sentĂ© en trĂšs-petit nombre dans notre Exposition française l’esprit d’invention s’y faisait remarquer cependant, autant et plus peut-ĂȘtre que dans les travĂ©es anglaises; mais le nombre, mais la puissance, mais la spĂ©cialisation faisaient dĂ©faut, et il nous a semblĂ© que, pour s’ĂȘtre mis Ă  l’Ɠuvre beaucoup plus tard, certains constructeurs allemands, prenant leurs modĂšles sur des machines anglaises plus rĂ©centes, avaient approchĂ© du but beaucoup plus que les nĂŽtres. Avant de passer en revue les machines-outils les plus remarquables, il nous parait nĂ©cessaire d’indiquer ce qui nous paraĂźt constituer, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la supĂ©rioritĂ© que nous attribuons aux produits anglais car elle tient tout autant Ă  une physionomie d’ensemble qu’Ăč quelques dilfĂ©renees dans l’exĂ©cution et dans la disposition des organes. Il ne faut pas s’étonner d’ailleurs de la diversitĂ© des opinions qui ont Ă©tĂ© Ă©mises sur le sujet important qui nous occupe. Suivant le temps que chaque observateur a pu consacrer Ă  l’examen des machines-outils, il a dĂ» rapporter de ses visites Ă  l'Exposition une impression toute diffĂ©rente. A premiĂšravue, il Ă©tait impossible de n’ĂȘtre point frappĂ© de ce vaste ensemble qui rapprochait, Ă  quelques pas les uns des autres, ces puissants engins qui n’avaient pas encore, Ă©tĂ© rĂ©unis en aussi grand nombre, mĂȘme dans les plus vastes chantiers. Ce mĂȘme nombre de machines, ce mĂȘme nombre de constructeurs, tous habiles, ne pouvait se rencontrer que dans un pays oĂč l’activitĂ© industrielle a pris l’importance qui est un des traits les plus caractĂ©ristiques de la puissance anglaise. Si, revenu de ce premier Ă©blouissement, l'observateur s’est attachĂ© Ă  reconnaĂźtre la nature des machines-outils qui liguraient 731 MACHINES-OUTILS. il l’Exposition, il n’y a trouvĂ© que des tours, des machines A raboter, des machines Ă  percer, des marteaux-pilons, de grandes dimensions pour la plupart, mais n’offrant, ni par leur objet, ni par leur mode de fonctionnement, de diffĂ©rences bien apparentes avec nos machines similaires; de lĂ  cette opinion que les machines-outils, qui font la fortune des ateliers anglais, seraient semblables aux nĂŽtres. Ce sont en effet, comme celles-ci, des tours, des machines Ă  raboter, puisqu’elles sont destinĂ©es Ă  façonner les piĂšces brutes, suivant les formes variĂ©es qu’exigent les besoins divers des arts mĂ©caniques; mais, quand on y regarde de plus prĂšs, on ne tarde pas Ă  apercevoir, malgrĂ© les similitudes des noms, des diffĂ©rences d’autant plus importantes qu’elles se traduisent presque toujours par une plus grande sĂ»retĂ© ou par une plus grande rapiditĂ© dans l’exĂ©cution, en mĂŽme temps que par une rĂ©partition mieux entendue du mĂ©tal, dans le but d’assurer Ă  chacune des piĂšces la rĂ©sistance la plus convenable ; on tient aussi Ă  ce que l’ouvrier prĂ©posĂ© au travail ait, pour ainsi dire sous sa main, tous les moyens de faire varier, quand il en est besoin, le jeu des organes et les diffĂ©rents mouvements qu’ils doivent effectuer. Les constructeurs anglais, moins capricieux et en mĂȘme temps moins inventifs que les nĂŽtres , sont en gĂ©nĂ©ral peu disposĂ©s Ă  s’éloigner d’un type, quand ilsl’ont une fois adoptĂ©; mais, par cela mĂȘme qu’ils le rĂ©pandent Ă  un grand nombre d’exemplaires, qu’ils s’enquiĂšrent des avantages et des dĂ©fauts signalĂ©s dansles diverses applications qui eu sont laites, ils le modifient pour ainsi dire piĂšce Ă  piĂšce, donnant delĂ  force Ă  telle partie qui n’a pas rĂ©sistĂ©, aux. dĂ©pens de telle autre qui a peut-ĂȘtre des dimensions exagĂ©rĂ©es; cette Ă©tudo non interrompue conduit Ă  rapprocher les uns des autres certains organes, Ă  grouper, sur un mĂȘme point, tous ceu * j ui doivent ĂȘtre mis en jeu par la main de l’ouvrier, Ă  distribuer l’action mĂ©canique Ă  toutes les opĂ©rations qui peuvent se faire d’ une maijiĂšre automatique, et, sur tous ces points de dĂ©tail, Ă  amĂ©liorer toujours, sans rien abandonner de ce qui dĂ©jĂ  a Ă©tĂ© rendu meilleur. Ce mode de procĂ©der, qui exige sans doute plus de temps et pl us d e persĂ©vĂ©rance, trouve ses principaux avantages dans sa lenteur mĂȘme, et il se traduit, en dĂ©finitive, chez les constructeurs les plus en renom, en robustes automates, solide- 73 ? EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. ment constituĂ©s dans toutes leurs parties, et exĂ©cutant, sans hĂ©sitation et sans retard, dans la mesure de leurs forces et de leurs dimensions, tous les travaux en vue desquels ils ont Ă©tĂ© con struits. AprĂšs cet aperçu gĂ©nĂ©ral, voici d’ailleurs l’indication des principales tendances auxquelles la pratique journaliĂšre paraĂźt avoir conduit, en Angleterre, la plupart des constructeurs de machines-outils. Toutes les machines-outils sont lourdes et massives; leur bĂąti est en gĂ©nĂ©ral composĂ© d’une seule piĂšce de fonte creuse, d’une exĂ©cution difficile parfois, mais sur laquelle tous les organes viennent se grouper, chacun Ă  sa place, occupant dĂšs lors par rapport aux autres une position parfaitement dĂ©finie, Ă  partir de laquelle ils fonctionnent avec la plus grande sĂ»retĂ©. Ce caractĂšre spĂ©cial des outils anglais s’est produit, ainsi que nous venons de le dire, par des modifications successives, et l’emploi des bĂątis creux en fonte, tels que M. Whitworth les a, le premier, construits, a Ă©tĂ© entre toutes la plus importante. La stabilitĂ© d’une machine-outil n’est jamais assez grande si les diverses parties ne sont pas suffisamment solidaires, si elles peuvent mĂȘme vibrer pendant leur action, le travail sera dĂ©fectueux, et l’on dit alors que l’outil broute. Si au contraire la construction est bien assise et suffisamment compacte, non-seulement le travail sera plus uniforme et plus prĂ©cis, mais encore on pourra faire mordre d’avantage les outils et enlever, d’un seul coup, des Ă©paisseurs de matiĂšre pour lesquelles, avec des machines moins bien organisĂ©es, plusieurs passes ne suffiraient pas. Le grand mĂ©rite des machines-outils construites en Angleterre c’est qu’elles sont robustes, et nos constructeurs ne sauraient mieux faire que de tendre vers le mĂȘme but, au lieu de chercher Ă  allĂ©gir le poids mort des bĂątis. U ne faudrait pas croire que ces lourds appareils, si bien appropriĂ©s aux gros travaux, manquent en aucune façon de dĂ©licatesse pour les opĂ©rations du plus grand fini, et cette observation nous conduit Ă  signaler encore, Ă  nos fabricants, une pratique qui mĂ©riterait d’ĂȘtre mise Ă  l’étude dans leurs ateliers. En Angleterre, quand on a dĂ©croĂ»tĂ© une piĂšce, et qu’elle est amenĂ©e sur la machine, Ă  la forme gĂ©omĂ©trique qu’on veut lui donner, on ne la livre pas Ă  des ajusteurs, pour enlever, Ă  la lime, les sillons MACHINES-OUTILS. 733 de l’outil et la polir. Nous avons vu, dans les ateliers si bien dirigĂ©s par M. Penn, que ce travail de finissage s’effectuait lui- mĂȘme sur la machine, au moyen de passes spĂ©ciales, enlevant fort peu de mĂ©tal, et, dans quelques circonstances, n’ayant absolument pour objet que de brunir la surface; le travail tout entier Ă©tait ainsi effectuĂ© sans que la piĂšce fĂ»t dĂ©rangĂ©e de sa place; ses formes gĂ©omĂ©triques n’étaient pas altĂ©rĂ©es, comme elles le sont habituellement par les derniĂšres opĂ©rations faĂźtes Ă  la main, et la main-d’Ɠuvre dĂ©pensĂ©e pour ce finissage se trouvait diminuĂ©e dans une proportion notable. Cette pratique est trĂšs-gĂ©nĂ©rale en Angleterre; elle exige qu’une mĂȘme machine-outil soit plus longtemps employĂ©e Ă  l’exĂ©cution d'une piĂšce donnĂ©e; l’outillage nĂ©cessitĂ© par une fabrication de mĂȘme importance doit ĂȘtre augmentĂ© dans la mĂȘme proportion que cette durĂ©e de l’exĂ©cution; le capital il dĂ©penser pour l’installation d’une usine devient ainsi plus considĂ©rable; mais, s’il est vrai que l’exĂ©cution soit meilleure, et qu'elle exige moins de main d’Ɠuvre, il faut Ă©videmment reconnaĂźtre que, dans la plupart des cas, la pratique anglaise est prĂ©fĂ©rable Ă  la nĂŽtre, et que nous ferions bien de l’imiter. En dĂ©crivant les machines elles-mĂȘmes nous aurons souvent Ă  faire remarquer que la terminaison des piĂšces, sur la machine mĂȘme, est une des grandes prĂ©occupations des principaux constructeurs de machines-outils. Cette prĂ©occupation a grandement contribuĂ© Ă  la tendance que l’Exposition a signalĂ©e vers la spĂ©cialisation, de plus en plus marquĂ©e, dans la destination des outils; Ă  cĂŽtĂ© des machines destinĂ©es Ă  exĂ©cuter toujours la mĂȘme nature de travail sur des piĂšces de formes et de destinations diffĂ©rentes, nous avons aujourd’hui des appareils qui servent exclusivement au travail d’une piĂšce, de forme et de dimensions presque dĂ©terminĂ©es les tours Ă  tourner les roues de wagons sont un exemple dĂ©jĂ  ancien de cette spĂ©cialisation des machines, et l’Exposition de Londres nous montrait, pour la premiĂšre fois, des tours pour façonner les tiges de tampons, des machines Ă  mortaiser pour laboter spĂ©cialement les arbres coudĂ©s des locomotives, des machines Ă  percer disposĂ©es tout exprĂšs pour le travail de leurs longerons, une machine Ă  raboter pour faire les dos cylindriques des clavettes, etc. Toutes les fois qu'une mĂȘme piĂšce doit 734 EXPOSITION UNIVERSELLE 1E LONDRES. ĂȘtre exĂ©cutĂ©e Ă  un trĂšs-grand nombre d’exemplaires, on ne recule point devant la dĂ©pense d’une machine appropriĂ©e, qui empruntera, aux machines-outils ordinaires, les organes particuliers et le mode de travail nĂ©cessaires pour l’exĂ©cution de chacune des parties de cette piĂšce. Une circonstance particuliĂšre, qu’il importe de signaler Ă  l’attention de nos constructeurs, a puissamment contribuĂ© Ă  faire naĂźtre ces machines spĂ©ciales en Angleterre chaque fabricant a ses modĂšles, qu'il ne modifie point au grĂ© de l’acheteur celui-ci n'a donc qu’un choix Ă  faire, et non pas, comme chez nous, des conditions particuliĂšres Ă  imposer; et, le type se reproduisant toujours le mĂȘme, jusqu’à ce qu’il se prĂ©sente une occasion de l’amĂ©liorer, on n’a point Ă  redouter de faire une dĂ©pense, dont on sera bientĂŽt remboursĂ© par l'Ă©conomie rĂ©alisĂ©e dans une fabrication courante de la machine, disposĂ©e en vue de cette fabrication. En France les habitudes sont tout autres, et il y sera difficile, pendant longtemps encore, d’échapper aux exigences des acheteurs et des ingĂ©nieurs qui dirigent les exploitations. Afin de rĂ©duire, autant que possible, le rĂŽle de l’ouvrier, dans la partie matĂ©rielle de l’exĂ©cution, les machines anglaises sont, plus encore que les nĂŽtres, dotĂ©es de transmissions automatiques, pour tous les dĂ©placements de l’outil ou de la piĂšce Ă  travailler; la marche rĂ©trograde se dĂ©termine en gĂ©nĂ©ral par le dĂ©placement du mĂȘme cliquet chargĂ© de produire le mĂȘme mouvement en avant; Ă  la fin de chaque passe, l’outil s’avance de lui- mĂȘme, sous l’action gĂ©nĂ©rale de la poulie motrice ; en un mot, la machine se suffit Ă  elle-mĂȘme dans toutes ses manƓuvres, aussitĂŽt que cette poulie tourne, et l’ouvrier n’a plus qu’à dĂ©gager ou Ă  engager les encliquetages, pour arrĂȘter ou modifier Ă  son grĂ© le fonctionnement de chacun des organes. Cet agencement si complet, qui continue ses fonctions avec une exactitude chronomĂ©trique, Ă  moins que le conducteur n’en ordonne autrement, cette obĂ©issance prĂ©cise Ă  chaque signal, qu’il suffit de manifester, par le moindre eflort, sur quelque levier ou quelqu’autre piĂšce bien apparente, et bien placĂ©e sous la main, n’ont pas seulement pour objet de faciliter le travail et la surveillance de l’ouvrier; s’il doit moins faire par lui-mĂȘme, il surveille mieux, et les choses en sont arrivĂ©es Ă  ce point qu’il peut mĂȘme, dans un grand MACHINES-OUTILS. 73n nombre de cas, surveiller Ă  la fois l’exĂ©cution de deux piĂšces ou de deux parties d’une mĂȘme piĂšce, sur la mĂȘme machine. S’il s’agit du rabotage d’une bielle, le mĂȘme banc portera deux limeuses indĂ©pendantes, façonnant simultanĂ©ment ses deux tĂȘtes; deux forets pourront de mĂȘme prĂ©parer, aux deux extrĂ©mitĂ©s, les logements des clavettes; et, dans d’autres cas, on exĂ©cutera, Ă  chacune des extrĂ©mitĂ©s de la mĂȘme machine, un boulon ou un Ă©crou sĂ©parĂ©. Cette double surveillance, imposĂ©e au mĂȘme conducteur, est ainsi l’un des caractĂšres les plus communs dans les machines qui travaillaient Ă  l’Exposition ; elle constitue, par elle-mĂȘme, une amĂ©lioration importante, et quand on ne peut en obtenir le bĂ©nĂ©fice, soit parce que les piĂšces sont trop grandes, soit parce que la surveillance du travail doit ĂȘtre incessante, on place encore plusieurs outils les uns Ă  cĂȘtĂ© des autres de maniĂšre Ă  effectuer Ă  la lois plusieurs passes parallĂšles, et Ă  arriver ainsi Ă  une exĂ©cution plus rapide, avec une moindre dĂ©pense de main- d’Ɠuvre. La stabilitĂ© des machines, la complĂšte exĂ©cution des piĂšces, sans dĂ©montage, la spĂ©cialisation des outils Ă  l’exĂ©cution de celles qui se font Ă  un grand nombre d’exemplaires, la gĂ©nĂ©ralisation des mouvements automatiques poussĂ©e jusqu’à l’extrĂȘme, l’emploi simultanĂ© de plusieurs outils, tels sont les caractĂšres les plus gĂ©nĂ©raux des progrĂšs rĂ©cemment accomplis dans la construction des machines-outils. S’il nous Ă©tait donnĂ© d’entrer dans quelques dĂ©tails sur l’histoire des perfectionnements successifs d’une mĂȘme machine-outil, nous verrions que, depuis le mĂ©morable rapport de M. le gĂ©nĂ©ral Poncelet, c’est-Ă -dire depuis la premiĂšre Exposition universelle de 18iil, chacun des appareils que l’on comprend dans cette dĂ©nomination gĂ©nĂ©rale de machines-outils s’est modifiĂ© suivant 1 ou l’autre de ces caractĂšres; en nous bornant, dans cet ar- hcle, examiner, en eux-mĂȘmes, les diffĂ©rents genres de machines exposĂ©s Ă  Londres, 1’ annĂ©e derniĂšre, nous aurons Ă  consta- 1 aussi d autres amĂ©liorations de dĂ©tail ; mais elles ne sauraient, comme les prĂ©cĂ©dentes, ĂȘtre caractĂ©risĂ©es dans leur ensemble par des tendances aussi nettement dĂ©finies et d’un intĂ©rĂȘt aussi general. 736 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. I. TOURS. De toutes les machines-outils, le tour est la plus ancienne, et c’est aussi la plus remarquable car elle permet d’exĂ©cuter, avec une extrĂȘme prĂ©cision, toutes les surfaces de rĂ©volution, particuliĂšrement les surfaces cylindriques, sur lesquelles elle donne aussi le moyen de tracer des hĂ©lices et de creuser profondĂ©ment des rainures, de mĂȘme forme et de diffĂ©rents profils, qui laissent en saillie les filets d’une vis. Il suffit, pour exĂ©cuter ce travail, de dĂ©placer l’outil devant le cylindre, de maniĂšre qu’il avance, Ă  chaque tour, d’une distance Ă©gale au pas de cette vis. Au moyen d’engrenages intermĂ©diaires, convenablement disposĂ©s, on sait, depuis longtemps, faire varier cette distance entre des limites trĂšs-diffĂ©rentes. C’est ainsi que les tours Ă  charioter sont transformĂ©s en tours Ă  fileter; mais nous n’avons Ă  signaler aucune particularitĂ© nouvelle dans les dispositions destinĂ©es Ă  ce travail, si ce n’est que, comme nous l’avons dĂ©jĂ  dit, les bancs sont gĂ©nĂ©ralement d’une seule piĂšce, en fonte creuse, et que les chariots qui glissent sur ces bancs ont un plus grand empĂątement, et prĂ©sentent ainsi, dans leur fonctionnement, une stabilitĂ© plus grande. Les modĂšles de M. Whitworth et Cie se sont Ă  peine modifiĂ©s depuis l’Exposition de 1851 ; mais l’emploi simultanĂ© de deux outils opposĂ©s est gĂ©nĂ©ralement adoptĂ© pour toutes les piĂšces longues; on Ă©vite ainsi la flexion de ces piĂšces, et rien ne s’oppose Ă  ce que l’on donne Ă  chaque passe une plus grande profondeur. On adopte aussi la disposition que l’on dĂ©signe depuis quelque temps sous le nom de tour Ă  banc rompu une lourde plaque de fondation, dressĂ©e et percĂ©e de mortaises sur toute sa surface, supporte un banc mobile, qui peut s’éloigner de la poupĂ©e du tour, de maniĂšre Ă  laisser, au-dessous de celle-ci, une fosse plus ou moins large, pour les piĂšces qui doivent ĂȘtre tournĂ©es sur plateau; la transmission qui dĂ©termine le dĂ©placement du support Ă  chariot, passe dans l’intĂ©rieur de la plaque de fondation , et l’outil se transporte automatiquement, soit parallĂšlement Ă  l’axe, pour charioter, soit dans une direction perpendicu- culaire, pour planer. Quant Ă  l’ouverture et Ă  la fermeture de la fosse, elle s’effectue en faisant glisser le banc tout entier sur la 737 MACHINES-OUTILS.' plaque de fondation, au moyen d’une manivelle et d’un arbre liletĂ© auquel on donne une longueur convenable. Dans le tour Ă  fileter de William Muir, on remarque deux petites crĂ©maillĂšres qui font partie du chariot, et qui, placĂ©es de chaque cĂŽtĂ© de l’embrayage, sont destinĂ©es Ă  faire baisser le support de la longue vis, Ă  l’instant oĂč la partie infĂ©rieure de l’écrou doit passer, et Ă  le ramener ensuite, dans sa premiĂšre position, aprĂšs le passage de cet Ă©crou. Dans le tour de Maclea et March, on remarque une disposition nouvelle pour le serrage delĂ  contre-pointe on a pratiquĂ©, dans le tube dans lequel cet organe est logĂ©, une mortaise d’une largeur d’un centimĂštre et de vingt centimĂštres de longueur environ; cette mortaise est remplie de plomb , et l’on place, vers le milieu, un boulon destinĂ© Ă  resserrer les deux lĂšvres; le serrage se fait ainsi d’une maniĂšre parfaitement concentrique, sans aucun risque de dĂ©placement de la contre-pointe. M. Ducom- mun avait dĂ©jĂ  employĂ© une disposition analogue. MM. Smith IJeacock et Tannett ont employĂ© deux outils, niais dans des conditions tout Ă  fait diffĂ©rentes de celles de M. Whit- worth; ils ont placĂ©, sur un mĂȘme banc, un double attirail de poupĂ©es, et ils peuvent ainsi travailler deux piĂšces Ă  la fois; ces piĂšces, ce sont des tiges de tampons de choc, et le cheminement du chariot Ă©tant guidĂ© par une rainure, chacun des outils avance ou recule de maniĂšre Ă  exĂ©cuter automatiquement, sur le tour, le prolil mĂȘme de la rainure qui sert de guide. Une disposition analogue pourrait, dans un grand nombre de cas, ĂȘtre appliquĂ©e avec avantage, pour le travail des piĂšces qui sont d’un emploi frĂ©quent. M. Hartmann, de Chemnitz, avait disposĂ© un tour spĂ©cial pour couper les tubes de locomotives et pour les repousser ou les rĂ©treindre Ă  leur extrĂ©mitĂ©, de maniĂšre Ă  faciliter l’assemblage des deux parties Ă  souder ensemble, pour les faire servir, Ă  nouveau, dans les chaudiĂšres tubulaires. Cette petite machine Ă©tait fort ingĂ©nieusement disposĂ©e et deviendra certainement l’un des outils Jes plus indispensables dans les ateliers de rĂ©paration. Ce sont encore MM. Smith Jieacock et Tannett qui avaient construit cette grande machine Ă  rayer les canons, qui doit, Ă  tous Ă©gards, ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un modĂšle Ă  suivre ; la rayure se fait, d’une maniĂšre entiĂšrement automatique, par la combinaison 738 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. d’un mouvement de rotation et d’un mouvement de translation, celui-ci variant Ă  volontĂ© par rapport Ă  l'autre, en inclinant plus ou moins, sur l’axe de la piĂšce, le bras sur lequel le mouvement rectiligne est rĂ©alisĂ©; l’outil n’avance dĂšs lors que suivant la projection de ce mouvement, et cette projection varie, suivant l’angle indiquĂ© sur une division que porte la machine. M. Anderson , qui l’a Ă©tudiĂ©e dans toutes ses parties , avait exposĂ© la coupe d’un canon, dans lequel il avait exĂ©cutĂ© des rainures extrĂȘmement variĂ©es, et d’un prĂ©cision irrĂ©prochable. il. MACHINES A ALÉSER. L’alĂ©sage est une opĂ©ration qu’on effectue, suivant les circonstances, sur des machines Ă  axe vertical ou Ă  axe horizontal; ces derniĂšres ont prĂ©valu parce que cette disposition permet facilement de donner une grande stabilitĂ© aux piĂšces en travail. On se sert souvent, pour cet objet, de tours spĂ©ciaux , et nous ne voyons que deux de ces machines Ă  signaler parmi celles de l’Exposition. Lâ€™ĂŒne d’elles, sortant, des ateliers de MM. Crawhall et Campbell, Ă©tait disposĂ©e pour alĂ©ser plusieurs cylindres horizontaux, suivant des axes exactement parallĂšles. M. le baron SĂ©guier, dans son rapport officiel, a fait remarquer avec raison que ce parallĂ©lisme n’était peut-ĂȘtre pas assurĂ© avec une prĂ©cision suffisante; et, si le rĂ©sultat n’est pas obtenu d’une maniĂšre absolue, il est Ă©vident que la machine n’a aucune raison d’ĂȘtre. Cependant l’idĂ©e subsiste, et il n’est pas impossible de la rĂ©aliser sous plus d’une forme satisfaisante. Le constructeur allemand que nous avons dĂ©jĂ  citĂ©, nous a montrĂ© une petite machine pour alĂ©ser, sans le dĂ©placer, un cylindre de locomotive, qui aurait pris un peu de jeu par l’usĂ©. L’outil est un burin de machine Ă  raboter, Ă  fer taillĂ© en forme de gouge, dans des conditions telles qu’il peut agir sous diffĂ©rents angles ; l’appareil est fixĂ© par des boulons au cylindre rmĂȘme, et l’outil tourne autour de ce cylindre; une disposition analogue peut ĂȘtre appliquĂ©e au dressage des glaces de tiroirs, et des outils-machines de ce genre pourraient certainement trouver de trĂšs-nombreuses applications pour la rĂ©paration de diverses MACHINES-OUTILS. TSD parties d’un matĂ©riel, en dehors de 1 atelier de construction. C’est lĂ  une indication qui peut taire naĂźtre toute une classe de machines nouvelles, disposĂ©es pour la rĂ©paration seulement. III. MACHINES A PEHCEII. Tous les constructeurs avaient prĂ©sentĂ© quelques machines de ce genre, les unes remarquables par leurs dimensions ou par les moyens employĂ©s pour leur donner une volĂ©e variable, les autres comme spĂ©cimens de difficultĂ©s vaincues dans le moulage de bĂątis creux, d’une exĂ©cution remarquable, ou parce qu’elles apportaient de notables perfectionnements dans la mise en place des grosses piĂšces. Nous dĂ©crirons d’abord quelques-unes de ces machines en dĂ©tail. Machine radiale , de FaMmirn et Cie, de Leeds. Cette machine est surtout remarquable par la disposition du tablier Ă  rainures, qui se compose de deux faces À et 15, bien rectangulaires entre elles, et disposĂ©es de maniĂšre que, suivant la forme des piĂšces, leur mise en place se fait avec la mĂȘme facilitĂ©, sur la face horizontale ou sur la face verticale de ce tablier. La poulie motrice est cachĂ©e derriĂšre la face verticale, de maniĂšre Ă  ne jamais gĂȘner la manƓuvre; la transmission a lieu au moyen de deux poulies Ă©tagĂ©es et d’une double paire d’engrenages, de maniĂšre Ă  accĂ©lĂ©rer convenablement la vitesse de l’arbre vertical, cachĂ© dans l’intĂ©rieur de la colonne, et qui, par son pignon supĂ©rieur, commande Ă  la fois le mouvement de rotation de l’outil et son mouvement de descente; le premier de ces eflets s obtient directement au moyen de deux autres engrenages coniques, dont l’un est solidaire avec un arbre horizontal intermediaire, l’autre avec le porte-outil. Ce dernier pignon sert aussi Ă  dĂ©terminer l’avance de l'outil de la maniĂšre suivante un troisiĂšme pignon conique, symĂ©trique par rapport au premier, fait tourner un petit arbre horizontal et, avec lui, une poulie Ă  Ă©tages, lixĂ©e a son extrĂ©mitĂ©; cette poulie correspond Ă  une poulie inverse, placĂ©e sur un arbre parallĂšle, au bas du chariot C; cet arbre agit, parvis sans lin, sur un pignon horizontal, taisant mou- 740 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. voir, Ă  l’extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure de son arbre vertical, un autre pignon commandant une roue centrale, qui forme Ă©crou, et qui agit sur la tige filetĂ©e du porte-outil. Fig. i. gSis maii 1*31 mmiHÏ aiic ‱Tifjcu, Lorsque le chariot qui porte l’outil se dĂ©place dans ses glissiĂšres, l’arbre horizontal, qui est au sommet de la colonne, glisse Ă©galement dans ses portĂ©es; mais, le pignon qui lui donne le mouvement restant en place, la transmission du mouvement continue Ă  s’opĂ©rer de la mĂȘme façon. Quant au dĂ©placement autour de la colonne, il s’effectue facilement Ă  la main, le premier pignon de l’arbre horizontal tournant MACIUNKS-OUTILS. 741 alors autour du premier pignon d’angle, sans cesser de rester en prise avec lui. Cette macliine simple a O 111 ,10 de course de fer et 0 m ,90 de flĂšche; elle convient parfaitement pour percer jusqu au diamĂštre de 0 m ,04D. Machin? Ă  percer radiale, automatique, et Ă  table reposant sur le sol, de Itulse, de Manchester. La partie fixe de cette machine se compose d’une grande table Ă  rainures A, reposant directement sur le sol, et munie, Ă  l’une de ses extrĂ©mitĂ©s, d’un socle cylindrique sur lequel est fixĂ©e une colonne It, qu'on peut considĂ©rer comme faisant partie de la mĂȘme piĂšce, et qui sert de support Ă  toutes les parties mobiles de l’appareil. Les rainures de la table peuvent servir directement Ă  la mise en place des grosses piĂšces ; et, dans le cas oĂč l’on aurait Ă  travailler sur des piĂšces plus petites, on y boulonnerait une sorte de billot cylindrique a, dont le plateau supĂ©rieur est disposĂ©, soit avec des rainures, soit avec des mortaises, pour le passage des boulons d’assemblage. La colonne verticale porte l'arbre moteur et les glissiĂšres sur lesquelles doit venir s’assembler le chĂąssis mobile C, qui porte le banc radial D, avec le foret et tous les organes nĂ©cessaires Ă  son fonctionnement. Dans la position qui est reprĂ©sentĂ©e par la figure 2, l’effort moteur est transmis Ăą la poulie motrice, et, par l’intermĂ©diaire du pignon conique calĂ© sur le mĂȘme axe, il entraĂźne l’arbre vertical au sommet duquel unenouvelle paire d’engrenages coniques sert Ă  faire tourner, sur lui-mĂȘme, le petit arbre horizontal, qui porte en son milieu un pignon engrenant avec la roue droite, figurĂ©e sur le dessin, et dont l’arbre porte Ă  son autre extrĂ©mitĂ© une nouvelle roue d’angle; c’est cette derniĂšre roue qui engrĂšne avec celle du porte-outil, et qui imprime Ă  celui-ci son mouvement de rotation. Quant au mouvement de descente automatique de cet outil, il est Ă©galement dĂ©rivĂ© du dernier arbre horizontal, au moyen de la poulie Ă  Ă©tages qui se voit Ă  cĂŽtĂ© de la roue droite; le mouvement de rotation est transmis, par courroie, Ă  la poulie inverse qui est au-dessous, et au pignon droit qui est solidaire avec elle; ce pignon engrĂšne avec un pignon parallĂšle 742 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. dont l’arbre horizontal fait fontionner, par vis sans fin, le petit pignon horizontal qui se voit de l’autre cotĂ© de la ligure et dont l’arbre vertical est Ă©galement muni d’une vis, Ă  sa partie supĂ©rieure; enfin c’est cette vis qui est chargĂ©e d’entraĂźner le petit arbre horizontal qui agit, au moyen d’un pignon placĂ© en son milieu, sur la crĂ©maillĂšre de la tige du porte-outil. Si ce mouvement de descente devait s’opĂ©rer Ă  la main, on supprimerait la courroie et on agirait aprĂšs dĂ©brayage au moyen de la manivelle qui est solidaire avec le dernier arbre vertical. f 11 Jffi SS' iMWLL» P "i liilutiĂŒĂŒli! ttPP - ."A 1 jp-p *Ăźi5ĂŻÂŁ rir. Ăź. Cette combinaison n’offre rien de particulier, mais il faut que les mĂȘmes fonctions puissent ĂȘtre remplies par tous les organes qui la constituent, quelle que soit la position de l’outil par rapport au bĂąti de la machine. 743 MACHINES-OUTILS. Le transport longitudinal du chariot du porte-outil s’effectue au moyen de la vis horizontale, qui rĂšgne d’un bout Ă  l’autre du banc radial D; le chariot tout entier se dĂ©place parallĂšlement Ă  lui-mĂȘme, en entraĂźnant avec lui tous les organes de transmission, y compris le pignon droit qui glisse sur une rainure de l'arbre horizontal supĂ©rieur. Le mouvement autour du premier arbre vertical, parallĂšle Ă  l’axe de la colonne, s’effectue directement Ă  la main; et toute la partie mobile de l’appareil est fixĂ©e dans la position convenable, au moyen de deux vis de pression, dont les tĂȘtes sont apparentes en ce sur le dessin. Quant au soulĂšvement tout entier du banc, il s’opĂšre Ă©galement d’une maniĂšre simple. Un petit volant Ăą manette b agit, par vis sans fin, sur un arbre horizontal, dont la roue dentĂ©e se voit Ă  la gauche du dessin; Ă  l’autre extrĂ©mitĂ© du mĂȘme arbre est un pignon, agissant sur la crĂ©maillĂšre qui fait partie du chĂąssis mobile C; dans ce mouvement, le deuxiĂšme pignon conique glisse sur l’arbre vertical d’articulation, et ne cesse pas de rester en prise avec le pignon qui le commande; on pourra donc monter et baisser ce chariot, faire tourner le chĂąssis horizontal, tout autour de la machine, enfin Ă©loigner ou rapprocher l’outil, de toute la longueur du chariot horizontal, sans pour cela qu’aucun des organes de transmission cesse de fonctionner. Cette condition a exigĂ© l’emploi d’un plus grand nombre d’engrenages intermĂ©diaires; mais le rĂ©sultat est aussi complet que possible, et la machine constitue un outil puissant, trĂšs-solide, et d’une trĂšs-bonne application Ă  un grand nombre de travaux. Machine Ă  percer, deShanks. ‱Plusieurs applications des engrenages Ă  coin avaient Ă©tĂ© faites Ă  l’Exposition ; mais la seule qui nous ait paru vraiment bonne, eu ra ison de la petitesse des efforts Ă  transmettre, est celle de M- Shanks, dans sa nouvelle machine Ă  percer, Ă  plusieurs forets; cette machine est reprĂ©sentĂ©e tig. 3; le mouvement est transmis par la poulie placĂ©e au bas de l’appareil, Ăą un arbre Ăą peu prĂšs vertical qui est renfermĂ© dans la colonne extĂ©rieure, et la poulie Ă  rainures A, qui surmonte cet arbre, est toujours un peu inclinĂ©e du cĂŽtĂ© du plateau li, reprĂ©sentĂ© Ă  la droite du dessin. La jante 744 IMPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. de cette poulie est garnie de rainures qui correspondent aux saillies mĂ©nagĂ©es entre les rainures semblables, pratiquĂ©es dans un certain nombre de petits pignons aao, distribuĂ©s Ă  Ă©gale distance, au pourtour de la machine, et portant chacun un foret; les saillies, offrant une Ă©paisseur qui va rĂ©guliĂšrement en augmentant; de la ^circonfĂ©rence au centre, constituent de vĂ©ritables TpWf ĂŻĂŻsr$*ĂŻ » .M l'ifc'. 3. coins qui, lorsqu’on les presse par les rainures du plateau central, dĂ©terminent une suffisante adhĂ©rence entre la poulie et le pignon correspondant, pour que le premier de ces organes en- MACHIN l'S-OUTlLS. traĂźne la rotation de l’autre, avec une vitesse angulaire d’autant plus grande que le diamĂštre du pignon est moindre. M. Shanks a profitĂ© de cette propriĂ©tĂ© pour faire mouvoir ses forets avec des vitesses diffĂ©rentes, en montant, sur leur axe, des couronnes de diamĂštres variĂ©s, et appropriĂ©s Ă  la vitesse qu’il convient de donner Ă  chacun d’eux, eu Ă©gard Ă  la dimension du trou qu’il doit percer. ha tĂȘte de cet appareil, qui porte quatre forets, est mobile sur la colonne principale, et l’on peut Ă  volontĂ© mettre l’un ou l’autre de ces forets en prise avec la roue centrale, en l’amenant au- dessus du plateau latĂ©ral B. O11 voit sous la poulie une sorte de clef C, qui sert Ă  fixer exactement, au moyen d’un verrou et d’une entaille, la tĂȘte de l’appareil dans la position convenable. La piĂšce Ă  forer Ă©tant assujettie sur le plateau B, il suffira de soulever celui-ci, au moyen de l’écrou Ă  poignĂ©es qui est au- dessous de lui, pour que le foret pĂ©nĂštre dans la piĂšce et fasse rapidement son office. PlacĂ©e Ă  l’écart, dans un atelier, cette machine serait d’une utilitĂ© trĂšs-grande pour effectuer rapidement le percement des petites piĂšces, suivant l’un ou l’autre des diamĂštres des diffĂ©rents outils installĂ©s. Peut-ĂȘtre la forme gĂ©nĂ©rale de la machine est-elle un peu recherchĂ©e et de mauvais goĂ»t, mais elle n’en constitue pas moins une application nouvelle, d’une rĂ©elle et sĂ©rieuse utilitĂ©. Machines Ă  percer les longerons des locomotives, par M. Smith Beacock et Tannett. Nous avons dĂ©jĂ  citĂ© cette machine comme un des exemples les plus remarquables de l’emploi de certains outils spĂ©ciaux dans une fabrication dĂ©terminĂ©e. Imaginez un banc immense, sur lequel reposent les piĂšces Ă  percer, assujetties pac les moyens ordinaires. Trois chariots mobiles, assez semaines aux ponts des machines Ă  raboter, peuvent, au moyen une mĂȘme transmission, se dĂ©placer dans le sens longitudinal, et, dans chacun d’eux, un porte-foret peut se dĂ©placer transversalement, de maniĂšre Ă  s’approcher, autant qu’on le veut, de l’un des bords du plateau qui forme le banc ; ces dĂ©placements sont dĂ©terminĂ©s par des vis; la rotation des outils est, en chaque position, assurĂ©e par des pignons d’angles, les uns fixes, les Bl. 48 7ii EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. autres mobiles eux-mĂȘmes sur les arbres avec lesquels ils tournent. Cette simple description suffit pour faire comprendre le principe sur lequel repose cette machine, et pour dĂ©montrer qu’elle doit agir avec une prĂ©cision exceptionnelle. Reste savoir si elle n’immobilise pas, eu Ă©gard Ă  ses grandes dimensions, un capital d’une importance exagĂ©rĂ©e par rapport aux services qu’elle peut rendre. Nous aurions pu multiplier les descriptions de toutes ces machines; nous aurions trouvĂ©, dans chacune d’elles, quelque particularitĂ© Ă  signaler, mais il nous suffira de dire d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale que l’exĂ©cution est partout excellente, que l’emploi d’ajustements coniques assure , dans presque toutes , une fixitĂ© parfaitement satisfaisante dans la position des axes, et que quelques-unes d’entre elles peuvent servir pour des tonds d’un diamĂštre de six Ă  sept centimĂštres. La plupart des constructeurs donnent maintenant du 1er il l'outil, au moyen d’une crĂ©maillĂšre ; le foret s’engage moins avec ce mode de transmission, et l'on parvient plus facilement Ă  le dĂ©gager Ă  la main, en cas de soufflure. Depuis quelque temps, M. houille, mĂ©canicien Ă  Paris, construit une machine Ă  percer, Ă  banc rainĂ©e sur toutes ses faces, et Ă  table rapportĂ©e. Elle est disposĂ©e de maniĂšre Ă  pouvoir percer sous toute inclinaison, fĂ»t ce mĂȘme de bas en haut; cette machine peut rendre des services dans certains cas spĂ©ciaux. IV. MACHINES A MORTAISER, A OUTILS ROTATIFS. En ce qui concerne le travail des mĂ©taux, aucun lait nouveau n’est plus important que l’emploi des outils rotatifs pour creuser des rainures, des mortaises, ou, en ternies plus gĂ©nĂ©raux, pour creuser une piĂšce de mĂ©tal suivant un profil parfaitement dĂ©terminĂ©. Les mortaises confectionnĂ©es de cette façon sont si bien exĂ©cutĂ©es, que la morsure de l’outil s’aperçoit Ă  peine sur les parois travaillĂ©es, et que les fonds sont aussi Lien dressĂ©s que par l’action d’une excellente machine Ă  raboter. Ces machiuesi’ioulils rotatifs agissent eu gĂ©nĂ©ral sur une piĂšce solidement fixĂ©e sur un tablier mobile, et l’outil se dĂ©place 747 M \’ longitudinalement, en mĂȘme temps qu’il tourne sur lui-mĂȘme, Ă  la maniĂšre des outils Ă  percer. Les dimensions de chaque mortaise se trouvent ainsi dĂ©terminĂ©es en largeur parle diamĂštre de l’outil, en longueur par lĂ  course variable qu’on lui donne, et en profondeur par l’abaissement plus ou moins considĂ©rable qu’il reçoit automatiquement de la poulie-motrice cet abaissement se produit chaque fois qu’une passe entiĂšre a Ă©tĂ© faite, et il est rĂ©glĂ© suivant la nature du mĂ©tal sur lequel on opĂšre. L’outil rotatif doit ĂȘtre spĂ©cialement dĂ©crit. 11 est ordinairement formĂ© par l'affĂ»tage d’une tige cylindrique en acier, sur laquelle on produit deux mĂ©plats opposĂ©s, comprenant entre, eux une Ă©paisseur de mĂ©tal qui va lĂ©gĂšrement en diminuant vers l’extrĂ©mitĂ©. Si l’on se reprĂ©sente une section perpendiculaire Ă  l’axe de la tige, cette section sera une sorte de rectangle curviligne dont tes deux cĂŽtĂ©s parallĂšles seront des lignes droites, reliĂ©es Ă  leurs deux extrĂ©mitĂ©s par des arcs de cercle, lin pressant cette section sur une plaque de mĂ©tal, elle ne pourrait l’entamer, avec quelque profondeur, par ses angles, qui sont obtus tous les quatre; mais si l’on recoupe la lige suivant un profil demi-cylindrique, Ă  gĂ©nĂ©ratrices horizontales, et inclinĂ©es d’un certain angle par rapport aux cĂŽtĂ©s rectilignes dont il vient d’ĂȘtre question, on voit que le plan de la section quadrangulaire aura pu disparaĂźtre tout entier, Ă  l’exception de deux petits triangles, formĂ©s chacun par l’un des cĂŽtĂ©s curvilignes de la face primitive, par une partie seulement de l’un des cĂŽtĂ©s rectilignes, et par l’une des gĂ©nĂ©ratrices infĂ©rieures de l’évidement demi- cylindrique. Les quatre extrĂ©mitĂ©s de ces deux gĂ©nĂ©ratrices Ă©tant inclinĂ©es par rapport aux facettes primitives, le berceau demi-cylindrique reposera sur le plan, par deux dents aigues qui pourront mordre, avec une grande Ă©nergie, la surface Ă  travailler, sur toute la longueur des gĂ©nĂ©ratrices horizontales, surtout si la pression est grande, et si l’on a pris soin d'affĂ»ter, un peu en biseau, les deux triangles conservĂ©s Ă  la face primitive. Les outils a i lls i ii S 0S Ă© s coupent avec une trĂšs-grande prĂ©cision, et leur affĂ»tage, qui ne prĂ©sente aucune ditlicultĂ©, leur permet toujours de conserver le mĂȘme diamĂštre extĂ©rieur, qui est celui de la mortaise Ă  exĂ©cuter. Pour 1 exĂ©cution des rainures et des mortaises de grandes lar- 748 KXPOSITION UNIVKKSKLLK lK geurs, M. Sharp et Stewart ont profitĂ© de ce que les outils ne doivent pas couper par leur centre, pour remplacer celui que nous venons de dĂ©crire, par un simple manchon cylindrique en acier, dans toute la longueur duquel ils introduisent, avec une lĂ©gĂšre inclinaison, deux burins, dont ils fixent la position avec des vis, et qui ne dĂ©passent la face infĂ©rieure du manchon que de quelques millimĂštres. Ces burins peuvent ĂȘtre facilement enlevĂ©s toutes les fois qu’il est utile de les affĂ»ter, et cette forme d’outils nous paraĂźt devoir remplacer toutes les autres, lorsque les diamĂštres sont assez grands pour pouvoir l’employer.' Dans d’autres circonstances, on se sert simplement d’une broche en acier, taillĂ©e en forme de fraise sur son pourtour. Pour que le fond de la piĂšce soit rabotĂ© avec une grande prĂ©cision, il faut, autant que possible, que le dĂ©placement longitudinal de l’outil se produise d’un mouvement uniforme, et les diffĂ©rents constructeurs ont, chacun de son cĂŽtĂ©, cherchĂ© une solution Ă» ce problĂšme difficile; la transmission par bielle et manivelle donne lieu Ă  des dĂ©placements trop irrĂ©guliers, et l’on n’est arrivĂ© Ă  une solution convenable qu’au moyen d’engrenages ovales. Pour diminuer la pĂ©riode de ralentissement vers les points morts, on comprend en effet qu’il suffirait de rendre plus grande la vitesse de la manivelle, ce que l’on peut facilement rĂ©aliser en fixant le bouton de cette manivelle sur un plateau elliptique, dont la denture serait commandĂ©e par un autre plateau semblable. Si le plus grand rayon de l’ellipse motrice correspond au plus petit rayon de l’ellipse conduite, le mouvement de rotation sera, Ă  ce moment, accĂ©lĂ©rĂ©, et si le bouton de manivelle est placĂ© sur ce dernier rayon, l’influence finale des points morts se fera beaucoup moins sentir. Pour arriver Ă  ce rĂ©sultat, MM. Slianks et C i0 emploient deux roues elliptiques, Ă©gales et disposĂ©es de telle façon qu’en tournant respectivement autour de leurs centres, leurs dents ne cessent pas d’ĂȘtre en prise, la somme des deux rayons vecteurs qui viennent se placer simultanĂ©ment dans la ligne des centres restant exactement constante. MM. Sharp Stewart et C ,e arrivent au mĂȘme rĂ©sultat en employant, comme pignon moteur, une roue circulaire excentrĂ©e, dont le dĂ©veloppement total est la moitiĂ© de celui de la roue elliptique qu’il conduit. Le bouton de manivelle est alors placĂ© MACÜlNliS-OUTILS. 74 !» sur le petit axe de l’ellipse, et la distance des deux centres de rotation est mesurĂ©e par la somme des longueurs de ce petit axe et du plus grand rayon vecteur du cercle excentrĂ©. L’introduction, dans les machines, de ces roues dentĂ©es elliptiques ou excentrĂ©es, dans le but de rendre le mouvement d’une tĂȘte de bielle plus uniforme, est un fait assez saillant pour qu’il nous ait paru nĂ©cessaire de reproduire, Ă  une Ă©chelle sullisante, les Ă©pures de ces transmissions. Les figures 1,2 et 3 de la planche la se rapportent Ă  la disposition de M. Shanks ; les figures 4, a et 6, Ă  celle de MM. Sharp Stewart et O. A, lig. I et 2, est une roue Ă  vis sans in, qui reçoit, d’une maniĂšre continue, son mouvement de rotation de la machine; sur l’axe a de cette roue, et au-dessus d’elle, se trouve calĂ©e la roue elliptique 15, que nous avons dĂ©signĂ©e sous le nom de roue motrice; cette roue, dont les deux diamĂštres principaux ont pour longueur, 0 OT ,270 et 0 m , 189, est dentĂ©e sur tout son pourtour, et elle engrĂšne avec une deuxiĂšme roue elliptique C, de mĂȘmes dimensions; la distance entre ces deux centres b etc est Ă©gale Ă  la somme 0 m ,2245 des deux demi-axes. Cette seconde roue C, est fondue, d’une seule piĂšce, avec le plateau-manivelle D, d'un diamĂštre de 0 m ,482 ; le boulon de manivelle d peut se dĂ©placer dans la coulisse e, de maniĂšre Ă  s’écarter du centre jusqu’à la distance maximum de 0 m ,20, et le rayon du cercle qu’il dĂ©crit peut ĂȘtre rĂ©duit, suivant la course que l’on veut obtenir, de ectte distance maximum Ă  0. La bielle F, d’une longueur totale de l ,n ,32, transmet le mouvement de translation au porte-outil. Pour reprĂ©senter par un tracĂ© graphique les circonstances de cette transmission de mouvement, nous avons reproduit, dans la hgure 3, les ellipses sur lesquelles les dentures ont Ă©tĂ© tracĂ©es. Pans la premiĂšre position, l’ellipse motrice agit, par son plus giand diamĂštre, sur l’extrĂ©mitĂ© du plus petit diamĂštre de l’ellipse conduite, et le bouton de manivelle se trouve sur ce diamĂštre en d„, point auquel correspond le point /j de l’autre extrĂ©mitĂ© de la bielle. Lorsque les deux ellipses se dĂ©placent, le point de contact a toujours lieu sur la ligne des centres, et le point d„ occupe successivement les positions 1 , 2. 3. . . 12, auxquelles correspondent les mĂȘmes numĂ©ros pour l’autre extrĂ©mitĂ© de la bielle en f. EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 700 Le dĂ©placement angulaire du bouton d de la manivelle, et le dĂ©placement en ligne droite de l’articulation f de la bielle, Ă©tant ainsi dĂ©terminĂ©s, on a pu construire sur la ligne prise pour axe des abscisses, la courbe dont les ordonnĂ©es augmentent de quantitĂ©s Ă©gales pour dos dĂ©placements angulaires Ă©gaux. Cette courbe MN affecte, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la mĂȘme forme que celle de la transmission par manivelle; mais, pour la comparer plus utilement Ă  cette derniĂšre, on l’a Ă©galement tracĂ©e sur le dessin, en supposant que la course totale fĂ»t la mĂȘme, dans les deux cas, pour chaque tour de l’arbre moteur. On voit ainsi que cette nouvelle courbe PQ est beaucoup plus renflĂ©e que la premiĂšre, et que, pour celle-ci, la vitesse, aprĂšs ĂȘtre arrivĂ©e beaucoup plus rapidement Ă  son maximum, le conserve presque exactement jusqu’il la fin de la pĂ©riode. La courbe MN ne diffĂ©rant sensiblement d'une ligne droite qu’en ses extrĂ©mitĂ©s, on est en droit d’en conclure que c’est seulement vers les points morts que le. mouvement est notablement retardĂ©, et qu’ainsi la nouvelle disposition rĂ©alise, d’une maniĂšre beaucoup plus approchĂ©e, les conditions d’un mouvement de transport uniforme. Les mĂȘmes lettres reprĂ©sentent respectivement les organes correspondants dans la transmission employĂ©e par MM. Sharp Stewart et O. A, fig, 4 et !>, est toujours la roue motrice Ă  vis sans fin; B le pignon circulaire excentrĂ©, dont le diamĂštre est de 0 m ,168, et qui tourne autour de l’axe b, excentrĂ© de 0,023; ce pignon est dentĂ© sur tout son pourtour, et il conduit, par sa denture, la roue elliptique G, dont les axes ont pour longueur 0,378 et 0,280; elle tourne autour de son centre c, et la distance bc = 0,250 mesure exactement la somme du petit rayon vecteur du cercle et du demi-grand axe de l’ellipse. Le bouton de manivelle rfpeut se dĂ©placer dans la coulisse e, de maniĂšre Ă  s’écarter du centre depuis 0 jusqu’à la distance maximum de 0,180, suivant la course que l’on veut donner Ă  l’outil. La machine Ă©tant beaucoup plus rĂ©duite que la prĂ©cĂ©dente, dans ses dimensions longitudinales, MM. Sharp Stewart et C ic n’ont donnĂ© Ă  la bielle qu’une longueur de 0,70, et cette diffĂ©rence se remarque Ă  premiĂšre vue lorsqu’on compare la figure 6 Ă  la figure 3. C’est afin de ramener la transmission dans l’axe de la machine, encore plus que pour diminuer la vitesse du plateau circulaire, que M. Sharp Stewart et C ic ont Ă©tĂ© conduits Ă  employer les roues MACHINRS-OUTILS. 7;H intermĂ©diaires A’ et IV, dont les analogues n’existent pas dans le systĂšme h; M. Slianks et C' 0 . Lanouvelle courbe MN, fig. G, IracĂ©e avec ces Ă©lĂ©ments, ressemble beaucoup Ă  la prĂ©cĂ©dente, bien qu'elle ne soit pas tout Ă  l'ait aussi rĂ©guliĂšre; les temps morts sont plus marquĂ©s, et les renflements que l’on remarque en M et en N indiquent, en ces points, une petite augmentation dans la vitesse de transport de l’outil. Cette cause d’infĂ©rioritĂ©, dans la nouvelle transmission, tient un peu, sans doute, au raccourcissement de la bielle, mais il convient de faire observer que cette combinaison d’organes prĂ©sente d’ailleurs, par rapport Ă  la premiĂšre, deux avantages importants un seul des deux pignons est elliptique, et le nombre des tours du plateau-manivelle qui porte l’engrenage elliptique n’est pie la moitiĂ© de celui du pignon circulaire. Dans la machine de Slianks, le nombre dĂ©bours du plateau varie de \ Ăą 6 pour 1,000 tours de l’outil; dans la machine de Sharp Stewart, les chiffres correspondants varient de 0,80 3 seulement. AprĂšs avoir ainsi dĂ©crit les organes qui dĂ©terminent le mouvement de transport de l’outil, nous pouvons facilement faire comprendre, dans son ensemble, le jeu des deux machines. Celle de Slianks, la premiĂšre qui ait Ă©tĂ© employĂ©e en France, porte deux outils horizontaux placĂ©s sur une mĂȘme ligue; la piĂšce Ăą mortaiser se place dans l’axe de la machine, au moyen d’une pointe et d’une lunette Ă  mĂąchoires concentriques; le support Ă  chariot qui porte les deux outils est amenĂ© en face d’elle, de maniĂšre que le travail se commence au point convenable; au dĂ©but, l’écartement des deux burins se rĂšgle Ă  la main, au moyen d’une vis Ăą deux pas contraires; les porte-outils reçoivent leurs mouvements de rotation Ă  la maniĂšre ordinaire, et le support tout entier se transporte Ăą l'aide de la transmission que nous avons indiquĂ©e; Ăą la fin de chaque course un buttoir dĂ©termine l’avancement des deux fers, de la quantitĂ© convenable, et ils marchent ainsi, a l’encontre l’un de l’autre, jusqu’à ce que la cloison qui les sĂ©parĂ© n’ait plus que l’épaisseur d’une fraction de millimĂštre. M- Shanks trouve, dans cette combinaison de deux outils, l’a- 'antage de ne leur faire faire Ă  chacun qu’un chemin Ă©gal Ă  la demiĂ©-paisseur delĂ  piĂšce en travail, ce qui lui permet de donner ses outils moins de longueur, au grand profit de la rĂ©gularitĂ© EXPOSITION UNIVERSELLE UK LONDRES. 7 »'* des surfaces exĂ©cutĂ©es; mais, aprĂšs avoir dĂ©gagĂ© la piĂšce, il faut rompre, au burin et Ă  la lime, la petite cloison de mĂ©tal, qui sĂ©pare encore les deux mortaises, et c’est lĂ  un inconvĂ©nient que ne prĂ©sentent pas les machines Ă  un seul outil. Il est vraiment curieux de voir comment les deux cavitĂ©s, ainsi formĂ©es, se correspondent; les faces sont mathĂ©matiquement dans le prolongement l’une de l’autre, et le travail est en dĂ©finitive excellent. On peut reprocher Ă  la machine de Shanks sa grande longueur; les engrenages elliptiques et tous les organes qui sont relatifs au mouvement de transport de l’outil sont rejetĂ©s au dehors du bĂąti principal de la machine, et la grande longueur de la bielle est loin d’ĂȘtre une cause de stabilitĂ©. La machine de Sharp Stewart et C ic est au contraire trĂšs- eondensĂ©e; la transmission est placĂ©e tout Ă  cĂŽtĂ© de la table; la bielle est courte, et l’ensemble de la construction possĂšde bien le cachet de soliditĂ© des bonnes machines anglaises. Cette machine est reprĂ©sentĂ©e par la figure i ci-jointe. La piĂšce est fixĂ©e, Ă  la maniĂšre ordinaire, sur un tablier horizontal, semblable Ă  celui des Ă©taux limeurs, et l’outil est disposĂ© verticalement comme celui des machines Ă  percer. Le fer se donne automatiquement, au moyen d’un cliquet, Ă  la fin de chaque course, mais le desserrage d’un petit manchon conique permet aussi de le manƓuvrer trĂšs-facilement Ă  la main. La poulie Ă©tagĂ©e principale dĂ©termine, par la rotation de son arbre et l’intermĂ©diaire de deux paires de roues d’angles, le mouvement de rotation de l’outil autour de son axe, mais son mouvement de transport, qui doit ĂȘtre relativement trĂšs-ralenti, ne s’obtient pas aussi facilement. A l’autre extrĂ©mitĂ© de ce premier arbre, on voit une poulie Ă©tagĂ©e, de moindre dimension, transmettre son mouvement Ă  un arbre parallĂšle, placĂ© dans le bas de la machine; cet arbre est filetĂ© dans une partie de sa longueur, de maniĂšre Ă  faire mouvoir le pignon horizontal que l’on aperçoit sous le banc, et, par l’intermĂ©diaire de l’arbre de celui-ci, un autre arbre vertical, qui est placĂ© au milieu du bĂąti, et sur lequel est calĂ© le pignon horizontal excentrĂ© que nous avons dĂ©signĂ©, dans le tracĂ© de l’épure, sous le nom de roue motrice. On voit en Cia roue elliptique que ce premier pignon commande, et l’on se rend ainsi parfaitement compte de la disposition gĂ©nĂ©rale des organes. Quant Ă  MACHINES-OUTILS. 7 lia l'avancement de l’outil, il se produit, Ă  chaque fin de course, au moyen d’un renflement que porte la face infĂ©rieure de la roue elliptique; ce renflement abaisse le levier L et relĂšve l’autre jww/ĂŻ/Sr jpzehAo ‱ / '*-' ,'HKiiiĂŻnil >uiii 1 i- . I ‱üiĂźf mm branche K, armĂ©e d’un cliquet, qui vient agir sur la roue Ă  rochet correspondante; cette action intermittente est transmise a l’arbre horizontal qui donne le fer par deux petits arbres intermĂ©diaires et leurs pignons dentĂ©s. Quant au rĂšglement de la course, il se fait avec une manette, en agissant sur 1 arbre filetĂ© R qui n’a d’autre mission que de permettre le dĂ©placement du bouton de manivelle dans sa coulisse; le chariot porte-outil peut obĂ©ir d’ailleurs au dĂ©placement de la tĂȘte de bielle, en quelque position qu’il soit amenĂ© par rapport Ă  elle. Cette nouvelle machine est dĂ©jĂ  d’un grand usage dans les ateliers anglais, mais elle acquiert encore bien plus d importance lorsqu’elle est Ă  double table et Ă  double poupĂ©e, de maniĂšre Ă  EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 7!H façonner Ă  la fois les deux extrĂ©mitĂ©s d’une mĂȘme bielle, ou, dans certaines circonstances, de les former l’une aprĂšs l’autre sans avoir il dĂ©monter les piĂšces en travail. MM. Sharp Stewart et C ie -, et M. Whitwortli exposaient ces machines plus complĂštes. Voici la description qu’en donne ce dernier constructeur dans sa notice. Le banc Ă  coulisse est rainĂ© dans toute sa face antĂ©rieure, de maniĂšre Ă  recevoir les deux plateaux, qui peuvent se dĂ©placer, soit dans le sens vertical, soit dans le sens longitudinal. La tige de l’outil rotatif tourne avec ses ajustements coniques, en acier trempĂ©, dans un tube de section octogonale qui se place comme le porte-foret d’une machine Ă  percer; tous les organes de transmission, nĂ©cessaires pour donner le mouvement de rotation, et l’avancement du fer, fonctionnent automatiquement Ă  l’intĂ©rieur de chacune des poupĂ©es, qui se dĂ©placent Ă  volontĂ© tout le long de la glissiĂšre de la face supĂ©rieure du banc. Ces machines sont construites avec une ou plusieurs tables et de dimensions variĂ©es suivant les piĂšces en travail. Le mode de construction de l’outil est spĂ©cialement Ă©tudiĂ© pour Ă©viter tout jeu latĂ©ral, et par consĂ©quent pour produire un excellent travail ; des dispositions particuliĂšres sont prises pour ajuster l’outil pendant son action, soit dans le sens longitudinal, soit dans le sens transversal, et pour rĂ©gulariser la direction de la rainure. Il est nĂ©cessaire de faire remarquer que M. Whitworth Ă©chappe Ă  l’emploi des roues elliptiques, en dĂ©terminant l’avance du fer d’une maniĂšre continue et non pas seulement Ă  l’extrĂ©mitĂ© de chaque course il est difficile de croire que cette combinaison, beaucoup plus simple, satisfasse complĂštement aux conditions d’un aussi bon travail. On construit encore ces machines sous une autre forme pour le cas oĂč les mortaises ne doivent pas ĂȘtre dirigĂ©es suivant la longueur de la piĂšce, comme, par exemple, pour les T des machines Ă  vapeur. Le bĂąti qui porte la fraise est fixe, et la manivelle qui dĂ©termine le glissement agit alors sur la table qui porte la piĂšce. Toutes dispositions sont prises pour que ce dĂ©placement ait lieu dans une direction quelconque. Nous nous sommes longtemps arrĂȘtĂ© sur ces machines morlaiser, Ă  outils tournants, mais l’importance de la question exigeait ces dĂ©tails, et nous 11e saurions trop insister pour que MACHINES-OUTILS. 7b!i ces machines soient promptement adoptĂ©es par nos ateliers de construction ils y trouveraient, sans aucun doute, l’avantage d’une plus prompte et d’une meilleure exĂ©cution, dans un trĂšs- grand nombre de circonstances. Nous avons, en notre possession, une grande filiĂšre de M. Whitworth, dans laquelle tous les encastrements et toutes les rainures ont Ă©tĂ© laits avec des machines du genre de celles dont nous venons de nous occuper; la trace de l’outil se trouve sur toutes les surfaces, mais si peu apparente qu’il ne peut ĂȘtre nĂ©cessaire de retoucher, ni Ă  la lime, ni au burin, aucune-des parties dans lesquelles doivent se mouvoir les clavettes de serrage et les peignes, qui forment les coussinets de cet outil d’une extrĂȘme prĂ©cision. V. MACHINES A KAUOTEIt. Trois grandes machines Ă  raboter figuraient Ă  l’Exposition, et il serait dificile de choisir entre elles. Celle de M Whitworth et C ie , qui avait 6 m ,70 de long sur 1 m ,68 de large, se distingue cependant des autres par le fini de l’exĂ©cution ; mais ces constructeurs sont Ă  peu prĂšs les seuls qui aient conservĂ© les outils Ă  retournement, fonctionnant dans les deux sens ; on n’arrivera jamais, par ce systĂšme, Ă  une aussi grande rĂ©gularitĂ© dans les passes qu’avec les outils fixes, qui ont l’inconvĂ©nient de ne travailler que dans un seul sens. MM. Whitworth et O reviennent Ă  celte disposition pour les machines de moindre dimension, mais le mouvement de retour est alors accĂ©lĂ©rĂ© dans le rapport de 3 Ă  1 ; pour rattraper le temps perdu, les deux autres constructeurs emploient chacun trois outils fonctionnant dans le mĂȘme sens ; deux d’entre eux dressent la partie horizontale de la piĂšce, pendant que le troisiĂšme est chargĂ© de raboter les rives; ce troisiĂšme outil, qui est aussi Ă  mouvement automatique, est supportĂ© par un chariot vertical, glissant sur l’un des montants verticaux qui portent le pont. M. Whitworth a conservĂ© l’emploi de la vis pour dĂ©terminer lu dĂ©placement de la piĂšce Ă  travailler; et lorsqu’il se sert de deux vis bien parallĂšles, on peut ĂȘtre assurĂ© que le travail sera excellent, si les montants sont reliĂ©s au banc avec la rigiditĂ© EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 7HD convenable; MM. Fairbairn et C ic dĂ©terminent ce dĂ©placement par l’intermĂ©diaire d’une crĂ©maillĂšre simple et de roues d'Ăąngle; M. Zimmermann par une crĂ©maillĂšre Ă  plusieurs dentures juxtaposĂ©es, qui apportent plus de rĂ©gularitĂ© dans le mouvement de transport. M. Zimmermann a d’ailleurs remplacĂ© tous les pignons d’angle par des* pignons droits, et, comme M. Fairbairn, il donne au mouvement de retour une vitesse triple de celle qui correspond Ă  la pĂ©riode de travail. Les machines plus petites Ă©taient en trĂšs-grand nombre, et l’on ne pourrait cependant en citer une seule dont le bĂąti ne soit pas d'une grande masse, avec des montants creux en fonte, et rĂ©sistant, par la forme la mieux appropriĂ©e, aux efforts exercĂ©s pendant le travail. Inutile d’ajouter que tous les mouvements Ă©taient automatiques, soit pour le dĂ©placement de la piĂšce, soit pour le dĂ©placement et l’avancement de l’outil. La petite machine Ăą raboter, fonctionnant Ă  la main par l’intermĂ©diaire d’un levier, continue Ăą ĂȘtre employĂ©e, en Angleterre, pour l’exĂ©cution d’un grand nombre de petites piĂšces. VI. .MACHINES A IIAH0TEK Puisque la plupart Ăźles mortaises sont faites aujourd’hui par des machines Ă  fraises, il est impossible de conserver aux machines que l’on dĂ©signait sous le nom de machines Ă  inortaiser leur ancienne dĂ©nomination ; c’est pourquoi nous les dĂ©signons sous celui de machines Ă  raboter verticalement, leur caractĂšre spĂ©cial consistant en ce que le chariot porte-outil se meut dans un plan vertical dĂ©terminĂ© par des coulisseaux venus de tonte avec le bĂąti. A cela prĂšs, les machines Ă  raboter verticalement ressemblent beaucoup, dans leur forme gĂ©nĂ©rale, aux machines Ă  percer. Le mouvement de va-et-vient du chariot est dĂ©terminĂ© le plus ordinairement par bielle et manivelle, quelquefois par un simple excentrique; mais, dans la plupart des grandes machines, on a maintenant adoptĂ© la disposition au moyen de laquelle M. Whitworth est parvenu Ă  ramener l’outil avec rapiditĂ©, aprĂšs chacun des sillons qu’il a tracĂ©s. On sait que M. Whitworth a rĂ©alisĂ©, d’une maniĂšre fort ingĂ©nieuse, ce problĂšme, en plaçant l’axe de la poulie motrice un peu plus bas que celui du plateau-manivelle, et en engageant un goujon, .M A ; H IN ES- 0 DTI LS. TM appartenant Ă  ce plateau, dans une coulisse radiale, tournant avec la poulie; on arrive de celte façon Ă  rĂ©duire le temps perdu au tiers de la durĂ©e totale d'un tour du plateau. Plusieurs autres solutions ont Ă©tĂ© donnĂ©es du mĂȘme problĂšme, et en particulier celle qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par MM. Ducom- mun et Dnbied, dans leur machine Ă  mortaiser de l’Exposition de 1853 l’arbre-moteur et l’arbre-conduit Ă©taient, comme dans la solution prĂ©cĂ©dente, excentrĂ©s l’un par rapport Ă  l’autre, et les bras dont ils Ă©taient respectivement armĂ©s Ă©taient reliĂ©s entre eux par une petite bielle intermĂ©diaire, de longueur constante; il est facile de voir, par un tracĂ© gĂ©omĂ©trique des plus simples, que le rapport des vitesses, dans la pĂ©riode ascendante et dans la pĂ©riode descendante, peut ĂȘtre augmente dans la mĂȘme proportion qu’au moyen de la combinaison de MM. Whit- wortli et C ie . La variation de la longueur de la course s’obtient en rapprochant plus ou moins, du centre du plateau, le bouton d’articulation de la bielle ; lorsque cette course a Ă©tĂ© rĂ©glĂ©e , on peut encore relever l’outil dans son chariot, de maniĂšre que cette course s’accomplisse entre les points extrĂȘmes de la piĂšce Ă  raboter. Comme machines nouvelles prĂ©sentant quelque caractĂšre de nouveautĂ©, nous citerons celle de Fairbairn et la grande machine de Smith Bcacock et C' c . Dans la machine de Fairbairn, le dĂ©placement de l’outil est dĂ©terminĂ© par un simple bouton excentrĂ©, glissant dans une coulisse horizontale du chariot; on peut, comme Ă  l’ordinaire , changer la course, en rapprochant ou en Ă©loignant le bouton du centre; mais la bielle est entiĂšrement supprimĂ©e, ce qui permet de rĂ©duire notablement les dimensions de la machine en hauteur. Quoique fort simple, la transmission qui vient d’ĂȘtre indiquĂ©e serait absolument mauvaise si toutes les piĂšces qui la composent n Ă©taient pas cĂ©mentĂ©es et trempĂ©es ; cela constitue, pour quelques-unes d’entre elles, de grandes difficultĂ©s d’exĂ©cution, mais quand on a remĂ©diĂ©, Ă  la meule, aux gauchissements qui peuvent s ĂȘtre produits pendant l’opĂ©ration de la trempe, la durĂ©e de ces organes est convenablement assurĂ©e. Ce qui surtout donne un caractĂšre particulier A celte machine, c est que les coulisseaux, entre lesquels les mouvements du cha- EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 7o8 riot doivent s’ell'ectuer, sont solidaires avec un plateau rapportĂ©, au moyen de boulons et d’écrous, sur une bride d’attente verticale, faisant partie du bĂąti lui-mĂȘme. Cette bride ainsi que le plateau sont divisĂ©s de maniĂšre que l’on puisse toujours donner Ă  celui-ci une inclinaison dĂ©terminĂ©e par rapport Ă  l’autre; les coulisseaux sont alors inclinĂ©s par rapport Ă  la verticale, et l’outil, tout en continuant Ă  rester dans le mĂȘme plan, peut, en suivant cette inclinaison nouvelle, raboter des surfaces faisant un angle donnĂ© avec la verticale. Dans cet appareil, comme dans tous les autres du mĂȘme genre, le plateau sur lequel se fixe la piĂšce Ă  travailler peut recevoir automatiquement deux mouvements horizontaux, perpendiculaires l’un Ă  l’autre, ou mĂȘme un mouvement circulaire continu ; dans ce dernier cas la piĂšce serait façonnĂ©e suivant la forme d’un cĂŽne de rĂ©volution, Ăč axe vertical, dont toutes les gĂ©nĂ©ratrices seraient inclinĂ©es, comme l’outil lui-mĂȘme, dans les divers sillons qu’il produit Ă  la surface du mĂ©tal. Si l’on se sert, dans les mĂȘmes conditions, des mouvements rectilignes, on obtiendra des biseaux plus ou moins inclinĂ©s, qu’il serait souvent difficile d’exĂ©cuter aussi bien avec l’étau limeur dont nous parlerons bientĂŽt. MM. Whitworth et C ie n’ont pas adoptĂ© cette disposition, mais ils construisent de petites poupĂ©es comportant toutes les transmissions d’une petite machine Ăč mortaiser, et ils placent plusieurs de ces poupĂ©es sur un mĂȘme banc, de maniĂšre Ăč mortaiser diffĂ©rentes piĂšces Ă  la fois, sous la surveillance d’un mĂȘme ouvrier. Dans la grande machine dont il nous reste Ă  parler, les constructeurs ont eu pour objet de disposer spĂ©cialement une machine Ă  mortaiser pour faire verticalement le rabotage des essieux coudĂ©s des locomotives. La piĂšce est maintenue debout, sur un plateau de grande dimension, dont tous les mouvements sont commandĂ©s par doubles vis parallĂšles; Ăą la partie supĂ©rieure l’essieu est maintenu par une contre-pointe, aussi verticale, et l’outil abat facilement toute la matiĂšre qui excĂšde le rayon extrĂȘme que 1 on veut laisser Ă  chacun des coudes. Pour dĂ©gager ensuite les Ă©videments qui doivent former les coudes, on munit la machine Ăą mortaiser de deux outils Ă©cartĂ©s de la distance convenable ; en faisant marcher le plateau dans une direction recti- MACHINES-OUTILS. 73» ligue, on tonne peu Ă  peu les deux rainures parallĂšles, comprenant entre elles le mĂ©tal, qu'une troisiĂšme tranchĂ©e transversale sĂ©parera tout Ă  fait. Nous rencontrerons encore l’emploi simultanĂ© de plusieurs outils lorsque nous traiterons des petites mortaiseuses qui servent ii tailler les faces des Ă©crous et des tĂȘtes de boulons. Vil. ÉTAUX LIMEURS UNIVERSELS. On dĂ©signe, sous le nom d’étaux limeurs, de petites machines Ă  raboter transversalement, dans lesquelles l’outil se dĂ©place horizontalement et enlĂšve des copeaux parallĂšles sur une piĂšce maintenue fixe sur un plateau; le chariot qui porte l’outil se meut automatiquement, au moyen d’un arbre filetĂ©, et le mandrin qui porte l’outil peut lui-mĂȘme tourner autour d’un axe horizontal, de maniĂšre Ă  dĂ©terminer sur la piĂšce, une forme cylindrique, concave ou convexe; enfin, et c’est pour cela que M. Whitworth donne aux outils de ce genre, qui sortent de ses ateliers, le nom de limeuses universelles, le mandrin qui porte l’outil peut prendre diverses inclinaisons, par rapport au plateau divisĂ© sur lequel il est assemblĂ© par des boulons; quand cette inclinaison est rĂ©glĂ©e, si l’on se borne Ă  donner automatiquement du fer, sans dĂ©placer la poupĂ©e, on peut former des biseaux de toute inclinaison, de la mĂȘme maniĂšre qu’un plan vertical; tous ces mouvements sont automatiques par l’emploi, comme intermĂ©diaire, d’une manivelle Ă  cliquet, qui se place sur celui des arbres de transmission que l’on veut faire fonctionner. L’amplitude de mouvement de va-et-vient de l’outil est rendue variable par le dĂ©placement du de manivelle, sur lequel est articulĂ©e l’une des extrĂ©mitĂ©s de la bielle qui fait glisser le chariot dans ses coulisses. M. Whitworth et plusieurs autres constructeurs adoptent, pour cette transmission, une disposition de retour rapide, analogue Ă  celle de la machine Ă  mortaiser; les constructions allemandes ne ddfĂšrent de la disposition prĂ©cĂ©dente qu’en ce qu’on se sert, pour le maintien des piĂšces, de petits Ă©taux Ă  mĂąchoires parallĂšles, tout Ă  fait analogues Ă  ceux qui ont Ă©tĂ©, tout d’abord, employĂ©s par M. de Gosier. H y a donc, dans la construction gĂ©nĂ©rale de ces machines, peu de diffĂ©rences dans les organes; mais il n’eu est pas de mĂȘme quant 760 KXI’OSITION UNIVlĂźKSIiLLIÎ 115 L0ND1U5S. aux dimensions. M. Whitvvorth, entre autres, donne Ă  ses outils une course qui va dans les plus grands modĂšles jusqu’à 0 m ,90; les transmissions sont mieux groupĂ©es et moins Ă©loignĂ©es du banc; le chariot, avec tous ses organes, est plus ramassĂ© et mieux assis, sur la tabletterabotĂ©e qui rĂšgne dans toute la longueur. Les dĂ©tails diffĂšrent peu d’un constructeur Ă  l’autre, et alors que les machines les plus complĂštes, en 1831, ne portaient qu’un seul chariot pour desservir deux plateaux, et un mandrin spĂ©cialement destinĂ© aux piĂšces cylindriques, elles ont aujourd’hui, presque toutes, deux chariots distincts et entiĂšrement indĂ©pendants, Ă  l’aide desquels on peut travailler Ă  la fois plusieurs piĂšces ou les diverses parties d’une mĂȘme piĂšce. La machine de est encore plus ramassĂ©e; son banc est plus solide, et elle diffĂšre de celle des autres constructeurs en ce que le mandrin destinĂ© aux piĂšces rondes peut se placer Ă  deux hauteurs diffĂ©rentes, c’est-Ă -dire au-dessus et au-dessous de l’arbre Ă  vis tangente qui dĂ©termine sa rotation. On peut mĂȘme placer trois chariots sur cette machine; le mĂȘme constructeur Ă©tablit aussi des machines plus petites qu’il suffĂźt de placer sur un banc appropriĂ©, pour pouvoir les appliquer au travail d’un grand nombre de petites piĂšces. Ou voit donc que, pour ce genre de machines comme pour les autres, le caractĂšre le plus saillant des derniĂšres amĂ©liorations est celui qui consiste dans un groupement plus robuste des organes et dans la multiplicitĂ© des outils dont un seul ouvrier surveille le fonctionnement. VIH. MACHINE A FAIRE LES ÉCROUS ET LES TÈTES DF, BOULONS. Nous rangerons les machines Ă  faire les Ă©crous Ă  la suite des prĂ©cĂ©dentes, parce que, sous leur forme la plus apprĂ©ciĂ©e aujourd’hui, elles constituent de vĂ©ritables machines Ă  raboter verticalement. M. Whitworth se sert toujours, pour dresser Ă  la fois quatre faces appartenant Ă  deux Ă©crous diffĂ©rents, de deux fraises planes, tournant sur deux axes qui sont dans le prolongement l’un de l'autre; les fraises peuvent s’approcher Ă  la mesure de l’épaisseur Ă  conserver entre les faces, et les Ă©crous se montent horizontale- MACHINES-OUTILS. 761 ment sur des broches qui sont facilement mises en prise au moyen d’un mandrin universel Ă  trois coussinets, analogue Ă  celui que l’on emploie pour certaines filiĂšres; lorsqu’une face est faite, on tourne l’écrou de 120° et l’on exĂ©cute simultanĂ©ment les deux faces nouvelles, qui se prĂ©sentent, dans la position convenable, devaut les fraises. Sans doute M. Whitworth a reconnu que ces fraises de grandes dimensions Ă©taient d’une exĂ©cution difficile, car il remplace aujourd’hui leur denture par des lames d’acier rapportĂ©es; mais il n’obtient ainsi ni la nettetĂ© dans le travail, ni l’économie rĂ©sultant de l’action du burin, la seule qui convienne d’ailleurs pour les mĂ©taux mous comme le bronze et le fer. M. Ducommun, de Mulhouse, avait cherchĂ© Ă  obvier Ă  cet inconvĂ©nient en agissant avec des burins rotatifs, pour lesquels il avait imaginĂ© un mode d'affĂ»tage fort ingĂ©nieux; mais l’Exposition de-1862 nous a fait voir qu’en revenant, avec quelques modifications, Ă  la premiĂšre disposition de Mariotte les constructeurs allemands ont beaucoup amĂ©liorĂ© le travail de ces machines. Dans le modĂšle exposĂ© par M. Zimmermann, le banc est surĂ©levĂ©, en son milieu, par une poupĂ©e fixe, au milieu de laquelle se trouvent les poulies de commande, faisant fonctionner, au-dessus de chaque extrĂ©mitĂ© du banc, une petite machine Ă  mortaiser Ă  deux outils; ces deux machines sont entiĂšrement indĂ©pendantes; les outils d’une mĂȘme poupĂ©e peuvent se rapprocher suivant la dimension de l’écrou Ă  faire; l’amplitude du mouvement peut ĂȘtre modifiĂ©e par le dĂ©placement du bouton excentrĂ© qui fait fonctionner la bielle; les boulons ou les broches sur lesquels les Ă©crous sont fixĂ©s sont maintenus verticalement, au centre d’un plateau Ă  serrage conique, qui assure un bon centrage et qui opĂšre avec rapiditĂ©, ce qui est indispensable, surtout pour des opĂ©rations qui se rĂ©pĂštent Ă  petits intervalles; enfin la rotation de la piĂšce s’opĂšre Ă  la main, suivant la division fort exacte des trous disposĂ©s sur le collet qui sert d’axe au plateau. La machine que nous venons de dĂ©crire Ă©quivaut, on le voit, Ă  deux petites mortaiseuses installĂ©es Sur un mĂŽme banc et fonctionnant sous la surveillance d’un mĂŽme ouvrier. Cette fois encore nous retrouvons cette mĂŽme tendance que nous avons dĂ©jĂ  rencontrĂ©e si souvent. III. 4 a 762 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- Nous nous rappelons que M. Reisz, de Mulhouse, avait prĂ©sentĂ©, Ă  l’Exposition de Metz, des machines analogues, et il en est de mĂȘme Ă  l'Ă©gard d’une disposition de M. Hartmann, appropriĂ©e au dressage, non des pans, mais delĂ  face principale des Ă©crous, et au tournage du chanfrein qui, dans les Ă©crous bien faits, raccorde cette face Ă  celles qui forment les pans. L’écrou est, Ă  l’ordinaire, fixĂ© sur une broche Ă  tĂȘte que l’on serre solidement dans un mandrin Ă  einboitage conique, et la piĂšce tourne alors avec ce mandrin comme si elle Ă©tait montĂ©e sur un tour. Un double porte-outil est mis en mouvement par un levier horizontal, tournant autour d’un axe vertical; les deux outils dont il est armĂ© attaquent peu Ă  peu le sommet et les bords de l'Ă©crou, de telle façon que quand la face plane est dressĂ©e, le chanfrein est entiĂšrement terminĂ©; le seul dĂ©savantage de cette machine consiste en ce que, pour faire mordre Ă  la fois les deux burins, il faut que l’un attaque la droite de l’écrou par son tranchant, pendant que l’autre travaille Ă  gauche, et que le tranchant de celu i-ci soit, pour cette raison, formĂ© par une des arĂȘtes infĂ©rieures du burin. M. Zimmermann avait aussi une machine spĂ©ciale pour couper et pour percer des Ă©crous dans une barre de fer de section hexagonale. La barre Ă©tant montĂ©e, en lunette, sur un banc, et traversant la poupĂ©e creuse d’un petit tour, est mise en prise avec deux outils, supportĂ©s Ă  l’autre extrĂ©mitĂ© de ce banc par deux chariots distincts ; l’un d’eux porte le foret destinĂ© Ă  percer la barz-e jusqu’à une profondeur Ă©gale Ă  l’épaisseur de l’écrou; l’autre est armĂ© d’un burin transversal qui dĂ©tache, Ă  chaque fois, un Ă©czmu en donnant aux deux surfaces sĂ©parĂ©es le profil appropriĂ© Ă  leur destination. Des procĂ©dĂ©s analogues ont Ă©tĂ© employĂ©s en France, mais nous n’avions encore vu aucune machine qui fĂ»t aussi bien disposĂ©e pour cette double opĂ©ration. IX. MACHINES A TAIUUDlin. La filiĂšre Ă  laquelle M. Whitworth a donnĂ© son nom a complĂštement transformĂ©, depuis longtemps, le fonctionnement des machines Ă  tarauder. On sait que cette filiĂšre, dont les organes ont i-eçu, de temps en temps, quelques modifications de dĂ©tail, agit au moyen de trois peignes qui sont taillĂ©s avec un taraud et qui MACHINES-OUTILS. 763 affĂ»tĂ©s au besoin sur la meule, dĂ©coupent les filets dans le mĂ©tal qui constitue les boulons, sans le refouler. Les filiĂšres Wbitworth et mĂȘme la sĂ©rie des pas Ă©tablie par ce constructeur sont, en Angleterre, d’un usage absolument gĂ©nĂ©ral, et la mĂȘme tendance se manifeste chez nous, depuis un certain nombre d’annĂ©es, quant au mode de construction des filiĂšres. La filiĂšre Whitvvorth, telle qu’on l’exĂ©cuteaujourd’hui, se compose d’un tourne-Ă -gauche s’élargissant au milieu de sa longueur en forme de plateau circulaire. Dans ce plateau on perce, de part en part une lunette dans laquelle les peignes pourront fonctionner; trois rainures sont pratiquĂ©es, Ă  la machine, suivant rayons Ă©galement inclinĂ©s les uns par rapport aux autres; c'est dans ces rainures que l’on place les peignes; deux d’entre eux, plus Ă©troits que le troisiĂšme, sont exactement ajustĂ©s pour se loger dans les cavitĂ©s correspondantes et ils peuvent y glisser de maniĂšre Ă  se rapprocher du centre de la lunette, lorsqu’on repousse leurs talons, par les bords inclinĂ©s d’une mĂȘme clavette mobile dans l’épaisseur du plateau, par l’action qu’exerce un Ă©crou sur la tige filetĂ©e par laquelle celle-ci se termine. Le troisiĂšme peigne est plus large que les autres et il est coupĂ© suivant une gĂ©nĂ©ratrice pour dĂ©terminer, dans cette partie, une troisiĂšme arĂȘte tranchante. Cet ensemble des trois peignes ou coussinets est recouvert par une simple plaque, retenue par des boutons Ă  mentonnets; cet assemblage sullit pour maintenir les coussinets en place, et le changement de coussinets peut s’effectuer plus rapidement que par tout autre moyen. On sait d’ailleurs que ces coussinets sont taillĂ©s par des tarauds- mĂšres, d’un diamĂštre extĂ©rieur plus grand de deux fois la profondeur du filet que celui des boulons Ă  fileter. M. Wbitworth a Ă©tĂ© conduit Ă  adopter celte disposition pour que, dĂšs le commencement de l’opĂ©ration du taraudage, la filiĂšre soit, par toutes les arĂȘtes des filets, en contact avec la paroi du cylindre Ă  fileter. En France on prenait gĂ©nĂ©ralement pour diamĂštre de la mĂšre des coussinets le diamĂštre mĂȘme des boulons Ă  fileter; mais dans ces derniers temps la plupart des constructeurs prennent, pour le diamĂštre de la mĂšre, celui du boulon, augmentĂ© seulement d une seule profondeur du pas. Quelle que soit la rĂšgle Ă  cet Ă©gard, le principal mĂ©rite de ces filiĂšres est de faire les boulons en une seule passe. Quant aux 764 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Ă©crous, on opĂšre sur eux au moyen de tarauds coniques, filetĂ©s dans de bonnes filiĂšres et rendus coupants par des rainures profondes, pratiquĂ©es, par une machine spĂ©ciale, parallĂšlement Ă  l’axe du taraud. La machine Ă  tarauder, exposĂ©e par M. Whit- worth, se composait simplement d’une poupĂ©e avec mandrin Ă  mĂąchoires destinĂ©es Ă  prendre rapidement les faces du boulon, de maniĂšre Ă  prĂ©senter celui-ci par la pointe, devant la filiĂšre, et d’un support fixe pour la filiĂšre elle-mĂȘme. Cette machine fonctionne parfaitement; mais il faut, pour retirer le boulon, faire tourner en sens contraire, et nous allons voir que la disposition de MM. Sharp Stewart et C ie Ă©vite, de la maniĂšre la plus inattendue, cette manƓuvre. Machine Ă  tarauder de MM. Sharp Stewart et C u . Le nom de MM. Sharp frĂšres est intimement liĂ© aux premiĂšres machines-outils qui nous ont Ă©tĂ© fournies par l’Angleterre, au moment de la transformation de nos ateliers; et leurs successeurs actuels, MM. Sharp Stewart et C 1 ”, continuent Ă  occuper un des premiers rangs parmi les constructeurs qui s’occupent de la fabrication des machines-outils. La machine Ă  tarauder qu’ils construisent, et dont l’invention est due Ă  M. Sellers, de Philadelphie, commence Ă  se rĂ©pandre en France elle est, dans notre opinion, destinĂ©e Ă  un grand succĂšs. La figure S la reprĂ©sente au moment oĂč elle serait employĂ©e Ă  fileter des coussinets; mais son emploi principal consiste Ă  tarauder les boulons; la filiĂšre se compose d’un jeu de trois peignes qui se rapprochent et s’éloignent du centre Ă  la volontĂ© de l’ouvrier; les peignes ressemblent de tous points Ăą ceux employĂ©s pour fileter sur le tour; ils n’agissent absolument que par enlĂšvement de matiĂšre et non par compression; c’est pour cette raison que les tiges des boulons doivent ĂȘtre exactement tournĂ©es au diamĂštre que l’on veut conserver Ăč l’arĂȘte extĂ©rieure du filet. Lorsque cette prĂ©paration est faite, la tĂȘte du boulon est placĂ©e dans l’étau Ă  mĂąchoires mobiles A, que l’on voit au-dessus de la machine; les deux mĂąchoires se dĂ©placent parallĂšlement, de quantitĂ©s Ă©gales, sous l’action du volant supĂ©rieur, et une main Ă  bĂ©quille R sert Ă  mettre le boulon en prise avec la filiĂšre, au MACHINES-OUTILS. 765 moyen d’un cliquet qui s’appuie sur l’une ou l’autre des dents qui forment une vĂ©ritable crĂ©maillĂšre sur le bord du banc. '.VAA/VÙ Fig. s. Les trois peignes de la filiĂšre sont guidĂ©s dans leur boĂźte, chacun en deux points prĂšs du centre ils glissent dans un guide fixe; Ă  leur autre extrĂ©mitĂ© ils portent un prisonnier, engagĂ© dans une rainure courbe, qui, quand elle se dĂ©place, force la partie affĂ»tĂ©e des peignes correspondants Ă  se rapprocher du centre; c’est ce qui dĂ©termine le serrage des filiĂšres, et ce serrage s effectue d’une maniĂšre entiĂšrement automatique, ainsi qu’il suit. La boĂźte tout entiĂšre, qui constitue la filiĂšre, participe au mouvement qui est communiquĂ© Ă  la grande roue M par le pignon correspondant, quiestsolidaire avec l’arbre des poulies; l’autre pignon, qui engrĂšne avec la roue N, est ordinairement F ou sur ce mĂȘme arbre; de telle sorte qu’aussitĂŽt la mise en marche, il y a mouvement relatif de la roue M par rapport il la roue N ; l’une d’elles conduit la boĂźte qui forme la filiĂšre, l’autre n’agit 766 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. que sur les coulisses circulaires des peignes ; et par suite de ce mouvement relatif il y a serrage dans la boĂźte, jusqu’à une limite dĂ©terminĂ©e par la mise en contact de deux cames ou arrĂȘts, respectivement disposĂ©s sur les moyeux des deux roues. La filiĂšre est immĂ©diatement prĂȘte Ă  fonctionner, et aussitĂŽt que le boulon est terminĂ©, il faut opĂ©rer le desserrage des filiĂšres-. A cet effet, l’ouvrier, en agissant sur le levier L, force les deux pignons Ă  marcher ensemble, en les reliant par l’intermĂ©diaire d’un embrayage Ă  cĂŽne de friction; les deux pignons Ă©tant alors solidaires, agissent, suivant le nombre de leurs dents sur les deux roues correspondantes M et N ; il y a avance de celle-ci par rapport Ă  celle-lĂ ; les filets se dĂ©gagent, et il suffit de tirer, Ă  la main, sur la poignĂ©e de l’étau, pour ramener celui-ci en arriĂšre et y placer un nouveau boulon ; dans ce mouvement de retour le cliquet est sans action, mais il reprend sa place de lui-mĂȘme au moyen d’un contre-poids qui le force Ă  mordre Ă  nouveau dans la denture de la crĂ©maillĂšre. On voit donc qu’avec cette machine les boulons sont terminĂ©s en une seule passe et sans retour sur eux-mĂȘmes; la machine, marchant constamment dans le mĂȘme sens, est toujours prĂȘte Ă  fileter, et l’on estime que le temps gagnĂ©, sur chaque opĂ©ration, se traduit par une diffĂ©rence de trente pour cent environ sur la durĂ©e totale du travail. Le taraudage des Ă©crous peut aussi se faire en une seule passe; et, lorsqu’elle est terminĂ©e,il suffit de retirer les mĂąchoires en arriĂšre, de maniĂšre qu’elles emportent avec elles le boulon et le taraud; celui-ci est terminĂ© par une portion cylindrique autour de laquelle l’écrou est venu se placer par l’action de la machine, et dont le diamĂštre est assez faible pour que cet Ă©crou puisse lĂ©gĂšrement glisser sur toute la longueur. MM. Varrall Elwell et Poulot sont, Ă  Paris, les concessionnaires du brevet Sellers, qui a Ă©tĂ© dĂ©livrĂ© sous la date du 27 mai 1859. On comprend d’ailleurs qu’en limitant, au moyen de prisonniers engagĂ©s dans une rainure, l’écartement maximum de l’une des grandes roues par rapport Ă  l’autre, on puisse restreindre autant qu’on le voudra la course des peignes, et ainsi fileter, avec un mĂȘme pas et une mĂȘme filiĂšre, des boulons de diamĂštres notablement difi'Ă©rents; la rainure circulaire, que l’on emploie pour cet objet, est munie d’une aiguille, et d’une division qui permet, MACHINES-OUTILS. 7 comme principe, de celles employĂ©es pour l’affĂ»tage des lames des tondeuses, dans la fabrication du drap. L’effet Ă  produire est en effet le mĂȘme, Ă  cela prĂšs, que M. MarĂ©chal enlĂšve, sur toute la surface, un copeau rĂ©gulier et continu. Machine Ă  raboter sur les quatre faces, de MM. Samuel Worssam et C'°. Les machines Ă  raboter sur les quatre faces Ă©taient trĂšs-nombreuses Ă  l’Exposition; mais, entre toutes, celle de MM. Samuel Worssam et C i0 , se faisait remarquer par la soliditĂ© de tous ses organes et par la stabilitĂ© de son bĂ»ti ; c’est pour des machines de cette sorte que l’on peut dire, en toute sĂ»retĂ©, qu’elles ne sont jamais trop lourdes. La figure sur bois que nous donnons de cette machine remarquable ne peut ĂȘtre bien comprise qu’à la condition de distinguer, tout d’abord, la position occupĂ©e par les diffĂ©rents rabots. La planche sur laquelle on opĂšre est reprĂ©sentĂ©e en A B; elle entre par la gauche de la figure et sort Ă  droite. Dans son mouvement, elle est successivement soumise Ă  l’action des rabots M, N, P, 0; le rabot M agit sur la surface de dessus; les deux rabots N, qui se projettent l’un sur l’autre dans le dessin, agissent sur les faces latĂ©rales; le rabot rotatif P exĂ©cute un premier travail sur la face infĂ©rieure; enfin la varlope plane Q, qui est entiĂšrement fixe, termine le dressage de cette face, en enlevant un dernier copeau continu, que l’on dĂ©gage par des regards, toutes les fois qu’il en est besoin. La piĂšce de bois est maintenue et entraĂźnĂ©e par quatre rouleaux de grand diamĂštre, 1 E F G; les deux rouleaux infĂ©rieurs F et G sont disposĂ©s dĂ© maniĂšre que leur gĂ©nĂ©ratrice supĂ©rieure soit toujours dans le mĂȘme plan que la surface, trĂšs-bien dressĂ©e, du banc de la machine; les axes des rouleaux supĂ©rieurs sont au contraire mobiles. On rĂšgle, pour chaque sĂ©rie d’opĂ©rations, la hauteur de ces axes au moyen de petites manivelles d et e, qui, par l’intermĂ©diaire d’une vis sans fin et d’un pignon central formant Ă©crou, font monter ou descendre les vis qui supportent les axes, dans l’intĂ©rieur des grandes bornes en fonte, qui existent sur les deux cĂŽtĂ©s du banc de la machine, et qui sont reliĂ©es, deux Ă  deux, par les arcades C. Ainsi soulevĂ©s Ă  776 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. une hauteur suffisante, ces rouleaux pressent constamment con- — - 'Üf J 7 - 7TVI mm\ 13 wĂŒsSSi tre la pitce en travail, au moyen des contre-poids H et K, qui MACHINES-OUTILS. 777 agissent en dessous, par l’intermĂ©diaire d’étriers, de leviers et de crochets. Le mouvement de rotation des quatre rouleaux est d’ailleurs dĂ©terminĂ© au moyen de la courroie 1, par l’intermĂ©diaire de la poulie 2 et des roues dentĂ©es 3, 4, 5 et 6 ; c’est cette derniĂšre roue 6 qui est aussi chargĂ©e de faire mouvoir le pignon 7 du quatriĂšme rabot rotatif P. La machine Ă©tant ainsi comprise, dans son ensemble, nous pouvons maintenant entrer dans quelques dĂ©tails sur le fonctionnement de chacun des organes principaux qui doivent agir sur les faces du bois. On voit, au-dessous du rabot M, un volant qui sert Ă  rĂ©gler la course de cet organe, eu Ă©gard aux dimensions de la piĂšce en travail; mais cette course n’est limitĂ©e qu’en dessous, le rabot tout entier pouvant se relever, s’il est necessaire, mais sans cesser d’ĂȘtre soumis Ăč l’action du contre-poids m, qui tend toujours, Ă  le faire redescendre. Les rabots N des faces latĂ©rales reçoivent directement leur mouvement, par deux courroies obliques, agissant sur la poulie verticale de chacun des axes de ces rabots. Quant Ă  la dimension transversale de la piĂšce, elle est dĂ©terminĂ©e en rĂ©glant la distance des rabots par le volant », dont le pignon entraĂźne, en sens contraires, les deux roues correspondantes, et, avec elles, les arbres fdetĂ©s sur lesquels elles sont calĂ©es. Un Ă©cran vertical en tĂŽle est placĂ© derriĂšre les rabots N, pour retenir les copeaux qu’ils dĂ©gagent, ainsi que ceux du premier rabot M. La face dont le dressage doit ĂȘtre le plus parfait est celle qui repose sur la table de la machine; elle est dĂ©grossie par un premier rabot rotatif, qui, mis en mouvement par l’arbre de la roue dentĂ©e 7, vient agir sur la face du bois, au-dessous de deux galets destinĂ©s Ă  la maintenir, entre les points d’appui desgrands rouleaux, en parfait contact avec la table, malgrĂ© l’action incessante du rabot rotatif; Ă  cet effet, les deux galets dont nous venons de parler supportent la charge d’un plateau mobile reprĂ©sentĂ© dans le dessin, et cette charge peut ĂȘtre variĂ©e Ă  volontĂ©; ce plateau est d’ailleurs maintenu entre deux guides qui l'empĂȘchent de se dĂ©verser. La varlope fixe Q, qui termine le travail, est Ă©galement aidĂ©e, III. KO 778 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. dans son action par un galet presseur, et la charge variable de celui-ci est dĂ©terminĂ©e par un levier Ă  poids curseur, que l’on ne pourrait voir que sur l’autre face de la machine. Ce puissant appareil fonctionne avec une vitesse de 1350 tours par minute, pour chacun des outils rotatifs, qui, dans certaines circonstances, pourraient ĂȘtre remplacĂ©s par des outils Ă  moulures. Il pĂšse environ 6 tonnes, et exige au moins le travail de i chevaux-vapeur. Les dimensions sont telles qu’il peut opĂ©rer sur des piĂšces ayant jusqu’à 0 m ,35 de large et 0 m ,16 d’épaisseur. Les rouleaux compresseurs n’ont pas moins de 0 m ,60 de diamĂštre, et le mouvement de transport de la piĂšce peut atteindre facilement 0 m ,20 par seconde. On se fait difficilement une idĂ©e du produit considĂ©rable d’une telle machine. La particularitĂ© la plus nouvelle consiste dans l’emploi delĂ  varlope fixe, qui est d’ailleurs employĂ©e, dans les mĂȘmes conditions, par un grand nombre de constructeurs anglais; la monture est en fonte, et l’outil tout entier se retire comme le tiroir d’un meuble, pour ĂȘtre aussitĂŽt remplacĂ© par un rabot semblable et fraĂźchement affĂ»tĂ©; avec cette modification, la face principale est absolument droite et tout aussi bien parĂ©e qu’à la main. Machine Ă  faire les tenons, de Poivis James. Lorsqu’il faut faire des tenons sur des piĂšces de grandes dimensions, qui ne se placeraient pas facilement dans les machines ordinaires, MM. Powis James et C“ se servent d’un support indĂ©pendant, sorte de table parfaitement rigide, munie d’un chariot et d’un valet. La machine est alors rĂ©duite dans le nombre de ses organes, et l’on peut voir sur la ligure 7 les diffĂ©rentes parties qui la composent. Les deux rabots rotatifs R et S sont montĂ©s, Ă  la maniĂšre ordinaire, sur deux arbres horizontaux parallĂšles; leur Ă©cartement est rĂ©glĂ©, pour chaque cas particulier, par les deux Ă©crous Ă  manettes r et s, qui sont assez commodĂ©ment placĂ©s sous la main de l’ouvrier; ils se composent chacun de quatre fers de rabot, montĂ©s Ă  rainure sur un tourteau de fonte, et l’on voit Ă  l’extĂ©rieur une lame supplĂ©mentaire, sorte de bec-d'Ăąne, destinĂ©e Ă  affranchir le bord de la joue enlevĂ©e. MACllINES-OUTILS. 770 __Quant Ă  la transmission du mouvement, elle s’opĂšre, avec une courroie unique, de la maniĂšre suivante cette courroie embrasse, derriĂšre la machine, la demi-circonfĂ©rence de la poulie motrice, lĂźwil ĂŒĂŒ vaĂąrsr et elle passe successivement sur la poulie R' du rabot R, sur une poulie de renvoi T, placĂ©e sur un arbre spĂ©cial, Ă  l’arriĂšre du bĂąti de la machine, et enfin sur la poulie S' du rabot S. La poulie motrice ayant pour diamĂštre l’écartement moyen des deux poulies R et S, on peut concevoir qu’au moyen du dĂ©placement de la poulieS, la longueur de cette courroie reste constante pour diverses Ă©paisseurs de tenons; chacune des poulies est embrassĂ©e, dans toutes ses fonctions, sur la moitiĂ© de la circonfĂ©rence, et les glissements sont peu Ă  craindre. Cette machine est surtout utile en ce que, sous un faible 780 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. volume, elle permet d’opĂ©rer sur des piĂšces de gros Ă©chantillon, en laissant, entre les faces dressĂ©es, une Ă©paisseur de tenon considĂ©rable; elle est trĂšs-propre au travail de certaines piĂšces de charpente, et quant Ă  l’avancement du chariot, il se fait entiĂšrement Ă  la main. Nous croyons que ces machines Ă  banc indĂ©pendant sont appelĂ©es Ă  Ă©largir le domaine des rabots Ă  lames rotatives. Etabli mĂ©canique de M. Worssam. Pour tous les ateliers oĂč l’on a la libre disposition d’un arbre de couche, l’établi mĂ©canique que MM. Worssam et O; appellent le menuisier universel [general joiner , peut faciliter de beaucoup l’exĂ©cution de la plupart des piĂšces de menuiserie. _ju i 1 u laiLiiiuuj iTidijÎÎmÎwiji iu iiuq ri i i r f i i r m un i rifĂŻupi iĂŒi rq i irpjtif ijuSurĂŒTl .. 'Av- 'Ă©&W-z/-. - hwm MF K !lll ; kij.!Hirii,mt [IL^ÉÉ rig. 8. Il se compose [fig. 8 et 9 d’une table solide A en fonte, avec un arbre longitudinal B, muni de deux poulies, et pouvant recevoir, Ă  son extrĂ©mitĂ©, divers modĂšles de scies circulaires C. DerriĂšre cette scie se trouve une planchette verticale D, qui peut s’élever ou s’abaisser Ă  volontĂ©, et qui est complĂ©tĂ©e par un tablier E, qui forme avec elle diilĂšrents angles, suivant le travail que l’on veut effectuer. C’est dans l’intervalle compris entre ces deux plans mobiles que les piĂšces Ă  travailler sont le plus ordinaire- 781 MACHINES-OUTILS. ment placĂ©es; on les fait glisser dans des rainures, pendant que l’on fait tourner, soit la scie, soit des outils rotatifs de divers profils. Cette machine est combinĂ©e tout Ă  la fois pour scier, faire les rainures et les languettes, pour raboter, pour faire les tenons et les moulures, pour percer, araser et dresser les extrĂ©mitĂ©s et les faces des tiroirs, planchettes, boites, etc. Elle peut ĂȘtre employĂ©e Ăźl une multitude de travaux, dans les ateliers des menuisiers, des charpentiers et des Ă©bĂ©nistes. La table est disposĂ©e pour recevoir des scies de 0 m ,40 de diamĂštre et au-dessous; elle peut s’élever et s’abaisser pour faire les rainures et les languettes, et pour raboter. Une glissiĂšre en fonte, adaptĂ©e Ă  la table et pouvant se mouvoir dans une rainure, sert Ă  araser ou enlever les joues des tenons, etc. La piĂšce sur laquelle on veut confectionner un tenon est placĂ©e dans une sorte d’étau, qui glisse sur le bord de la planchette D; l’étau est assez grand pour recevoir des piĂšces de Oℱ,^ d’équarissage, et la pression Ă©tant dĂ©terminĂ©e par l’action de deux plans inclinĂ©s, le serrage et le desserrage de la piĂšce s’effectuent avec une grande promptitude. Fig. 9. MIIHUBtlMMill' I' B-ai PL SAKD biwiwiwiiiji ''''ĂŻyj. La tablette E peut prendre, au moyen d’une manivelle montĂ©e sur un arbre Ă  vis sans fin, toutes les inclinaisons possibles jus- 782 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- qu’à 45°, pour l’ajustement sous diffĂ©rents angles et la coupe des onglets. Lorsqu’on veut faire des rainures, on remplace la scie ordinaire par une scie de l’épaisseur mĂȘme de la rainure ; la table est alors Ă©levĂ©e jusqu’à ce que la scie ne dĂ©passe son plan que de la profondeur qu’on veut obtenir, et il suffit de faire glisser la piĂšce, Ă  la maniĂšre ordinaire, pendant que la scie tourne. A la place d’une scie Ă©paisse, on peut aussi se servir, pour obtenir le mĂȘme rĂ©sultat, d’une lame mince de scie ordinaire, montĂ©e obliquement Ă  l’axe, en la maintenant entre deux rondelles Ă  faces inclinĂ©es; les Anglais appellent cette lame circulaire une scie en ribotte drunken satv, et cette expression fait bien comprendre les allures de chacun des points de la circonfĂ©rence qui passent de droite Ă  gauche, en enlevant la partie de bois nĂ©cessaire pour produire une rainure de la largeur voulue. Parmi les accessoires de cette machine se trouve un mandrin disposĂ© pour recevoir des lames de diffĂ©rents profils, parfaitement appropriĂ©es pour les petits bois de fenĂȘtres ou autres. L’arbre sur lequel se monte la scie est percĂ© Ă  son autre extrĂ©mitĂ©; il peut recevoir des forets de 0 m ,02o de diamĂštre; le bois Ă  percer est alors placĂ© sur un chariot spĂ©cial G, portĂ© sur une table que l’on abaisse ou que l’on Ă©lĂšve Ă  volontĂ© au moyen du petit volant qui se voit Ă  l’autre extrĂ©mitĂ© de la figure. Les mĂšches que M. Worssam livre avec sa machine ne peuvent que percer, mais nous avons maintenant en France des mĂšches qui coupent latĂ©ralement et qui permettraient le dĂ©placement latĂ©ral de la piĂšce, aprĂšs leur introduction, de maniĂšre Ă  obtenir, d’un seul coup, l’exĂ©cution de vĂ©ritables mortaises Ă  bouts arrondis. M. Thomson arrive au mĂȘme rĂ©sultat en employant des outils analogues Ă  ceux des machines Ă  rainures, Ă  outils rotatifs. Cet arbre peut ĂȘtre aussi garni d’une sĂ©rie de petites scies, Ă©galement espacĂ©es sur toute la longueur, de maniĂšre Ă  pouvoir servir Ă  la prĂ©paration des assemblages Ă  queue d’hironde sur le bord d’une planche. On voit ces petites scies en II, sur la fig. 9. Cette disposition est, Ă  elle seule, suffisante pour amener, dans la confection de certains objets de menuiserie, une diminution notable de prix. Quant Ă  la scie de M. PĂ©rin, elle a toujours le privilĂšge d’intĂ©- 783 MACHINES-OUTILS. resser tous les visiteurs, par la prĂ©cision avec laquelle elle dĂ©coupe le bois, suivant les tracĂ©s les plus dĂ©licats. Au point de vue industriel, elle continue Ă  rendre d’immenses services, et nous avons surtout remarquĂ© deux tuyaux de 80 cent, de longueur, qui, dĂ©bitĂ©s l’un dans l’autre, sont bien faits pour dĂ©montrer tout le parti que l’on peut attendre de la scie continue. Une petite machine Ă  tourner les formes de souliers Ă©tait particuliĂšrement remarquable, en ce qu’elle permettait de modifier, dans une certaine mesure, les dimensions du modĂšle, et en ce qu’elle travaillait avec une trĂšs-grande prĂ©cision. Enfin, nous indiquerons encore une grande machine de MM. Cox et O, qui, bien que trĂšs-mal construite, produisait de trĂšs-bons rĂ©sultats; les outils Ă©taient de petits rabots rotatifs, tournant avec rapiditĂ©, Ă  l’extrĂ©mitĂ© de longues tiges verticales, se dĂ©plaçant en hauteur, en largeur et en profondeur, suivant les contours du modĂšle en relief que l’on se propose de rĂ©produire les mouvements Ă©taient tellement combinĂ©s, que l’ensemble de l’appareil constituait une sorte de pantographe mĂ©canique, dĂ©grossissant, avec une certaine perfection, les parties principales et jusqu’à quelques dĂ©tails de la reproduction. En ce moment, oĂč les meubles sculptĂ©s sont en si grande vogue, il n’est pas douteux que cette machine doive rendre de vĂ©ritables services. En approchant des limites qui nous Ă©taient imposĂ©es dans l’étendue que nous pouvions donner Ă  cette note, nous Ă©prouvons le besoin de dire combien, en la relisant, elle nous semble incomplĂšte; il est presque impossible de faire comprendre certains dĂ©tails de machines sans une description minutieuse de toutes leurs parties. Mais les matĂ©riaux que nous avons rapportĂ©s de l'Exposition rĂ©soudront, bien mieux que nous ne pourrions le faire, la diilicultĂ©. Le Conservatoire impĂ©rial des Arts et MĂ©tiers a consacrĂ© une partie des fonds qui avaient Ă©tĂ© mis Ă  sa disposition, Ă  l’exĂ©cution de cinq cents feuilles de dessins reprĂ©sentant, dans tous leurs dĂ©tails, les machines-outils les plus remarquables. Ces dessins sont dĂšs aujourd’hui Ă  la disposition du public, qui peut gratuitement en prendre des calques. Nous ne craignons pas d’affirmer que cette collection, si elle est consultĂ©e 784 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. avec quelque empressement par nos constructeurs, peut exercer une influence trĂšs-importante sur les progrĂšs de la construction dans notre pays. LISTE DES MACHINES-OUTILS EXPOSÉES A LONDRES EN 1862 Et dont les dessins sont mis Ă  la disposition du public, au portefeuille industriel du Conservatoire impĂ©rial des Arts et MĂ©tiers 1 . feuilles 1. Tour parallĂšle, par Hartmann. 3 2. Tour Ă  charioter et planer, par Zimmermann. 4 3. Tour double Ă  roues de locomotives, par Beyer et Peacock 5 4. Tour double Ă  roues de locomotives, par Hartmann. 6 5. Machine Ă  couper et tourner les Ă©crous, modĂšle par Hartmann. 0 6. Machine Ă  rayer les canons de l’arsenal de Woolwich_ 7 7. Machine horizontale Ă  alĂ©ser, par Hartmann. 3 8. Machine Ă  couper les tubes, par Kendall et Gent. 2 0. Machine Ă  percer Ă  la main, par Smith et Coventry. 2 10. Machine Ă  percer, s’appliquant sur colonne, par Hartmann 3 H. Machine Ă  percer, Ă  4 outils, Ă  vitesses diffĂ©rentes, par Shanks et C ie . 1 12. Machine Ă  percer, Ă  patin rainĂ©, par Eastbrook et Alcard. 3 13. Machine Ă  percer, Ă  plateau mobile, de Eastbrook et Alcard. 4 14. Machine Apercer, Ă  patin rainĂ© et Ă  plateau mobile, Ă  vitesses etavancements variables, par Eastbrock et Alcard 3 15. Machine Ă  percer avec tableĂ  chariot, par Smith et Coventry 4 16. Machine Ă  percer, avec table tournante et A chariot, par Whitworlh. 4 17. Machine A percer, avec table A double mouvement de cha- X’iot, par Zimmermann. 4 18. Machine A percer les plaques de foyer, par Shanks et C“. 3 I. La galerie du porlel'euille est ouverte tous les jours, exceptĂ© le lundi, de dix heures Ă  trois heures. MACHINES-OUTILS. 78.’ feuilles 1 !. Machine triple Ă  percer les longerons, par Heyer et Peacock 3 20. Machine radiale Ă  percer, Ă  patin rainĂ©, par Smith et Covenlry. 3 21. Machine radiale Ă  percer, avec plateau Ă  chariot, par Zimmermann. 4 22. Machine radiale Ă  percer, avec patin rainĂ© formant socle et support additionne], par Hulse. 3 23. Machine radiale Ă  percer, avec banc rainĂ© sur trois faces rectangulaires, par Fairbairn. 4 24. Machine radiale Ă  percer, avec patin et banc rainĂ© sur trois faces rectangulaires, par Hartmann. 3 23. Machine simple Ă  faire les mortaises et cannelures, Ă  outil tournant vertical, par Whitworth. 6 26. Machine double Ă  faire les mortaises et cannelures, Ă  outil tournant vertical, par Whitworth. 3 27. Machine Ă  faire les mortaises, Ă  outil tournant horizontal, par Zimmermann. -4 28. Machine Ă  faire les mortaises, Ă  deux outils tournants horizontaux, par Slianks et C i0 . 4 29. Machine Ă  raboter horizontalement, Ă  trois outils, par Fairbairn. 3 30. Petit Ă©tau limeur, par W. Muir. 4 31. Étau limeur avec un mouvement accĂ©lĂ©rĂ© de l’outil, par Zimmermann. 4 32. Grand Ă©tau limeur Ă  deux tables, par Hartmann. 3 33. Étau limeur universel, avec deux tables et mandrin tournant, par Whitworth. 6 34. Machine Ă  raboter verticalement, Ă  deux mouvements automatiques par Maclea et March. 4 33. Petite machine Ă  raboter verticalement, entiĂšrement automatique, par Hartmann. 3 36. Petite machine Ă  raboter verticalement, modĂšle par Fairbairn. O 3”. Machine Ă . raboter verticalement, avec retour accĂ©lĂ©rĂ© de l’outil, par Whitworth. 4 38. Grande machine Ă  raboter verticalement, avec retour accĂ©lĂ©rĂ© de l’outil, par Hartmann. 3 39. Machine Ă  tailler les Ă©crous, Ă  deux burins, par Zimmermann. 4 40. Machine double Ă  tailler les Ă©crous, par Zimmermann... 4 41. Machine Ă  tailler les engrenages de toutes sortes, par Whitworth. r * 786 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. feuilles. 42. Machine Ă  tailler les molettes, par Whitworth. 4 43. Machine Ă  tailler les molettes, modĂšle par Fairbairn. 0 44. Machine Ă  tarauder, par Kershaw. t 43. Machine Ă  tarauder, Ă  serrage fixe ou variable, parGlasgow 3 46. Machine Ă  tarauder, Ă  serrage fixe ou variable et sans mouvement de retour, par Sharp Stewart et O. 4 47. Machine double Ă  tarauder simultanĂ©ment les boulons et les Ă©crous par Crawhall. 3 48. Petites machines Ă  cisailler et poinçonner, fonctionnant Ă  la main ou par courroie, par Eastbrook et Alcard. 4 49. Machine fl cisailler et poinçonner, fonctionnant par courroie, par Eastbrook et Alcard. 2 30. Machine Ă  cisailler et poinçonner, avec coins de serrage. pour les coussinets, par Hartmann. 4 31. Machine Ă  cisailler et poinçonner, avec hauteur variable de poinçon, par Whitworth. 3 32. Grande machine Ă  cisailler et poinçonner, fonctionnant par courroie, par Hartmann. 3 53. Machine Ă  poinçonner et cisailler, fonctionnant au moyen de leviers, par Rhodes.,. 5 54. Cisaille circulaire, disposĂ©e pour couper des tĂŽles de grandes largeurs, par M. Tussau d. 2 55. Machine Ă  river, fonctionnant par courroie, par de Ilergue 4 56. Machine Ă  river, Ă  vapeur, de Cook. 3 57. Machine Ă  cisailler, poinçonner et river, de Cook. S 58. Machine Ă  faire les rivets, Ă  action continue, par de Bergue 5 59. Machine Ă  forger Ă  quatre mĂąchoires, par Shanks. 3 60. Machine Ă  forger ft quatre paires d’étampes, par Ryder.. 4 61. Machine Ă  forger, par Whitworth. 5 62. Marteau-pilon fonctionnant par transmission, par Bunnett 4 63. Marteau-pilon Ă  air comprimĂ© par Cowan. 3 64. Marteau-pilon Ă  air comprimĂ©, par Cotton. 5 65. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  simple effet, par Eastbrook et Alcard. . 3 66. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  simple effet et Ă  tiroir Ă©quilibrĂ©, par Napier et fils. 3 67. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  simple effet et Ă  tiroir Ă©quilibrĂ©, par Marcellis. 4 68. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  simple effet et Ă  action automatique, par Twaites et Carbutt. 3 69. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  simple effet et Ă  action complĂštement aulomatique, par Nasniyth. 5 MACHINES-OUTILS. 787 feuilles. 70. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  double effet, par Carrett, Marshall et O». 3 7t. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  double effet et Ă  dĂ©tente, par Righby. 3 72. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  double effet et Ă  action automatique , par Morrison. 3 73. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  double effet et Ă  action automatique, par la compagnie des forges de Kirkstall. 3 74. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  double effet et Ăč. action automatique, par MM. Varral, Elwell et Poulot systĂšme Naylor 5 7E>. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  double effet et Ă  course constante, avec enclume hydraulique, par Schwartzkopff. 4 76. Marteau-pilon Ă  vapeur, Ă  action variable et Ă  enclume hydraulique, par Imray. 4 L’étude de ces dessins fera ressortir, bien mieux encore .que nos indications, les caractĂšres de supĂ©rioritĂ© que nous avons cherchĂ© Ă  faire saisir, au commencement de cet article, par quelques considĂ©rations gĂ©nĂ©rales. CLASSE 25 . MATIÈRES TINCTORIALES, TEINTURE ET IMPRESSION. PAU M. SALVETAT. 11 ne me sera pas possible, dans le court espace dont je puis disposer, de parler de toutes les matiĂšres exposĂ©es Ă  Londres, et qui se rattachent au titre de ce chapitre. On comprend, en effet, que l’industrie de la teinture se lie trop intimement aux sciences chimiques et physiques, et qu’elle emprunte trop d’élĂ©ments de succĂšs aux arts mĂ©caniques, pour ĂȘtre traitĂ©e convenablement dans quelques pages seulement. Une revue complĂšte des diffĂ©rentes matiĂšres colorantes que la nature met entre les mains du teinturier, prĂ©senterait certainement son intĂ©rĂȘt, et il serait instructif de comparer entre elles les diffĂ©rentes sources auxquelles l’industriel puise les diverses matiĂšres colorantes qu’il emploie; les plantes tinctoriales, l’indigo, la garance, le pastel, le sumac, le safran, le cartliame, les insectes utiles, comme la cochenille, le kermĂšs, etc., ont toujours une importance que personne ne conteste; mais nous devons avouer que cette annĂ©e la question se prĂ©sente sous un jour toutnouveau, et que l’attention publique se porte avec raison plus particuliĂšrement sur cette nouvelle mine, encore vierge en quelque sorte, bien qu’elle ait jouĂ© dĂ©jĂ  dans les ateliers un rĂŽle des plus importants ; je veux parler des matiĂšres tinctoriales que l’homme sait prĂ©parer aujourd’hui dans son laboratoire, en transformant, modifiant, accouplant des substances incolores, capables de produire, dans des conditions convenablement choisies, les matiĂšres tinctoriales les plus variĂ©es, matiĂšres ne le cĂ©dant en rien en Ă©clat et en valeur aux principes les plus riches que la nature met Ă  notre service. 789 MATIÈRES TINCTORIALES. Il y aurait avantage Ă  grouper encore les amĂ©liorations introduites depuis peu dans l’art de prĂ©parer les extraits propres Ă  la teinture, les outils qui servent Ă  dĂ©biter les bois, Ă  broyer les poudres, les appareils employĂ©s dans l’impression des tissus; les machines en usage dans le blanchiment, les apprĂȘts, le mesurage et le pliage des Ă©toffes. Mais cette Ă©tude nous conduirait trop loin, et je suis forcĂ© de choisir dans les faits les plus saillants tout en regrettant de ne pouvoir relater toutes les inventions utiles qui sont appelĂ©es Ă  faire Ă©poque dans l’intervalle de six ans qui nous sĂ©pare de l’Exposition universelle de 1855. Ainsi que je le disais tout Ă  l’heure, la dĂ©couverte la plus importante que je doive citer en premiĂšre ligne, celle qui a le plus frappĂ© l’imagination, celle qui semble la plus capable d’étendre les limites du champ dĂ©jĂ  si vaste que l’homme peut exploiter, c’est la transformation de certains agents incolores sous certaines influences en vĂ©ritables matiĂšres tinctoriales. La dĂ©couverte de la propriĂ©tĂ© que possĂšde l’acide picrique de teindre en jaune vif les fibres animales avec lesquelles on le met en contact, semble devoir ĂȘtre pris comme le premier point de dĂ©part d’une sĂ©rie de recherches qui font le plus d’honneur aux chimistes de notre Ă©poque. Ce fut en 1847 que M. Guinon, habile teinturier de Lyon, fĂźt connaĂźtre l’emploi de cet acide pour teindre la soie en un jaune vif et brillant; on en consomme aujourd’hui de grandes quantitĂ©s pour la teinture de la laine; on s’en sert pour obtenir des teintes vertes de la plus grande variĂ©tĂ© et de la plus grande richesse. § 1 er . — ACIDE l'ICRlQUE. L’acide azotique donne naissance, on le sait, par son contact avec les matiĂšres organiques, Ă  des composĂ©s stables entre lesquels on distingue l’acide picrique, qui, dĂ©couvert en 1788, par Ilausmann, et retrouvĂ© plus tard parmi les produits de l’oxydation de l’indigo, de la salicine, de l’aloĂ«s, des huiles de houille, Ă©tait restĂ© sans application industrielle. Nous n’avons pas Ă  rĂ©pĂ©ter ici la description de la mĂ©thode Ă  laquelle Laurent avait recours pour prĂ©parer l’acide picrique; on la trouvera dans tous les TraitĂ©s de chimie; elle est peu pratique, surtout si l’on veut faire journellement de grandes masses 700 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. d’acide elle est d’ailleurs dangereuse Ă  cause de la violence de l’attaque, quand on agit sur des masses quelque peu considĂ©rables. mm M. Guinon jeune, de Lyon, a disposĂ© son appareil d’une maniĂšre trĂšs-intelligente ; elle peut servir de modĂšle dans beaucoup de cas analogues c’est pour cette raison que j’ai cru devoir en 791 MATIÈRES TINCTORIALES. donner ici la description dĂ©taillĂ©e; l’opĂ©ration est rĂ©guliĂšre, tranquille; elle conduit Ă  des produits remarquables. Sur un fourneau A on a rĂ©servĂ© huit bains de sable B formĂ©s par une cuvette mĂ©tallique qu’on peut chauffer Ă  volontĂ© par un foyer commun. Chaque bain de sable reçoit un ballon de verre C dans lequel, au moyen d’un large tube I, on fait affluer sur l’acide nitrique, l’huile de houille ou l’acide phĂ©nique qui s’écoule par un entonnoir E, d’un rĂ©cipient en bois F contenant la quantitĂ© nĂ©cessaire pour une opĂ©ration ; l’instillation se fait goutte Ă  goutte. Les produits de la rĂ©action, qui se fait Ă  froid, s’échappent et se condensent dans un rĂ©servoir en grĂšs O maintenu par un support en mĂ©tal II. Quand la rĂ©action sc trouve terminĂ©e, on chauffe pour transformer la rĂ©sine ; le rĂ©sidu de l’opĂ©ration est transvidĂ© dans des cruches K qui servent de cristal— lisoirs le collet L des mĂȘmes tourilles sert d’entonnoir ; pour Ă©goutter les cristaux, on met au fond du collet renversĂ© quelques fragments de tuiles en terre trĂšs-cuite qui font l’office d’amiĂąhte, et retiennent les cristaux en sĂ©parant une liqueur trĂšs-acide qu’on fait rentrer dans les opĂ©rations subsĂ©quentes. On comprend qu’on peut avoir autant de fourneaux qu’on le dĂ©sire; on rĂ©unit dans une cheminĂ©e commune tous les tubes de dĂ©gagement qui s’échappent des condenseurs G. Il n’est pas nĂ©cessaire pour les besoins de la teinture de purifier complĂštement l’acide picrique ; on se borne Ă  laver Ă  l’eau froide la niasse pĂąteuse pour enlever l’acide azotique en excĂšs, puis on redissout dans l’eau bouillante Ă  laquelle on ajoute 1 00 gr. d’acide sulfurique par 100 litres d’eau pour sĂ©parer la matiĂšre rĂ©sineuse qui reste avec l’acide picrique. La prĂ©sence de cette matiĂšre donnerait Ă  la soie une odeur dĂ©sagrĂ©able et ternirait la couleur en lui laissant une nuance rougeĂątre. On obtient de la sorte une liqueur suffisamment pure qui, Ă©tendue d’une quantitĂ© d'eau en rapport avec la nuance qu’on veut produire, peut ĂȘtre immĂ©diatement employĂ©e comme bain de teinture. L’acide picrique rĂ©sulte de l’action del’acide azotique sur beaucoup d’autres substances ; l’indigo bleu, la laine, la soie, la couina- rine en fournissent. Mais jusqu'Ă  ce jour ce sont les produits delĂ  distillation de la bouille qui le donnent au meilleur marchĂ©. Il y a mĂȘme avantage Ă  prendre non plus les huiles de Laurent bouil- 702 EXPOSITION UNIVERSELLE LE LONDRES. lant entre 160 et 190°, mais les huiles lourdes, qui, d’aprĂšs M. BobƓuf, contiennent beaucoup d’acide capable de se transformer en acide picrique. On agite ces huiles lourdes avec de la soude qui saponifie tout ce qui est attaquable. Les liquides aqueux sont ensuite traitĂ©s par l’acide chlorhydrique, qui met les huiles en libertĂ©. Ces derniĂšres sont traitĂ©es comme nous l’avons dit plus haut. i 2. — COULEURS DÉRIVÉES DE L’ANILINE. Rouge d’aniline. — Nous avons dĂ©jĂ  dit dans ce mĂȘme recueil l , avec des dĂ©tails techniques suffisants, ce qu’étaient les couleurs dĂ©rivĂ©es de l’aniline. Il me paraĂźt inutile d’y revenir ici, et je me borne Ă  dire que M. Francisque Renard a reçu des mains de S. M. l’Empereur, le 25janvier dernier, la dĂ©coration de la LĂ©gion d’honneur. Cette haute distinction est la juste rĂ©compense de la part qui revient Ă  la maison Renard frĂšres et Franc, de Lyon, dans la dĂ©couverte si controversĂ©e de la matiĂšre tinctoriale rouge dĂ©rivĂ©e de l’aniline. Depuis la publication du travail que j’ai citĂ© plus haut, de nombreuses recherches ont Ă©tĂ© publiĂ©es sur le rouge d’aniline, Ă©crites les unes au point de vue historique, les autres au point de vue spĂ©culatif. Parmi ces derniĂšres, je citerai celles de M. Hoffmann, dont je transcrirai ici les conclusions sur la nature chimique de la fuchsine et sur la genĂšse de cette intĂ©ressante matiĂšre. D’aprĂšs M. Hoffmann, les opinions divergentes qui se sont produites tour Ă  tour sur l’origine de la fuchsine rĂ©sulteraient de la difficultĂ© qu’on Ă©prouve Ă  purifier complĂštement la matiĂšre colorante. Ce serait M. Chamber Nicholson, de la maison Simpson, Maule et Nicholson qui l’aurait isolĂ©e pour la premiĂšre fois Ă  l’état de puretĂ© complĂšte. Je ne rĂ©pĂ©terai pas ici les caractĂšres que M. Hoffmann assigne Ă  la rosaniline ; ils ont Ă©tĂ© reproduits dĂ©jĂ  dans plusieurs ouvrages. La nature de cette matiĂšre serait parfaitement dĂ©finie dans le travail de l’illustre chimiste il la reprĂ©sente par la formule C 40 H 19 Ak 8 . A l’état d’hydrate elle fixe un Ă©quivalent d’eau ; elle n’est pas . T. II, paire S80, Perse*, PeLtiynes fil Snlveiat, MATIÈRES TINCTORIALES. 79! oxygĂ©nĂ©e, comme nous l’avions dĂ©jĂ  dĂ©montrĂ©; elle forme des sels colorĂ©s, alors qu’elle se prĂ©sente Ă  l’état de libertĂ© sous forme de cristaux incolores. M. Nicliolson la retire de l’a— cetate. 11 me semble bien regrettable que M. Nicliolson n’ait pas fait connaĂźtre les procĂ©dĂ©s au moyen desquels il produit son acĂ©tate. Ces procĂ©dĂ©s seraient un Ă©lĂ©ment trĂšs-important pour l’étude qui nous occupe ; ils permettraient sans doute d’expliquer les faits dĂ©jĂ  publiĂ©s dans ce recueil, et qui sont en dĂ©saccord avec les rĂ©sultats signalĂ©s par M. Hoffman. En voici quelques-uns La fuchsine est trĂšs-soluble dans l'ammoniaque, et nous avons obtenu cette matiĂšre tinctoriale Ă  l’état de poudre vĂ©rte miroitante, c’est-Ă -dire colorĂ©e sans qu’elle fĂ»t Ă  l’état de chlorure, quoique prĂ©parĂ©e par le bichlorure d’étain. Je n’hĂ©site pas Ă  penser qu’on trouvera quelque jour la raison de ces divergences en Ă©tudiant de plus prĂšs les procĂ©dĂ©s de prĂ©paration ; les caractĂšres assignĂ©s Ă  la rosaniline pourraient ĂȘtre ceux de la matiĂšre rouge cramoisie, observĂ©e pour la premiĂšre fois par M. Hoffman', sans appartenir complĂštement Ă  la fuchsine. Quoi qu’il en soit, la rosaniline donne des produits intĂ©ressants quand on la soumet Ă  l’action des corps rĂ©ducteurs. Une solution de la hase dans de l’acide chlorhydrique mise en contact avec du zinc est bientĂŽt dĂ©colorĂ©e Le liquide contient, outre du chlorure de zinc, le chlorure d’une nouvelle hase qui est parfaitement blanche en Ă©tat de libertĂ©, comme Ă  l’état de combinaison saline. M. Hoffman lui a donnĂ© le nom de leucanilinc pour rappeler cette propriĂ©tĂ©. Le leucanilinc a pour formule C 40 11 ! 1 A z 3 . Elle ne diffĂšre ainsi de la rosaniline que par deux Ă©quivalents d’hydrogĂšne en plus. On observe donc entre ces deux hases les mĂȘmes relations que celles qui existent entre l’indigo bleu et l’indigo blanc. Jaune d'aniline. — Les chimistes qui ont Ă©tudiĂ© l’Exposition de Londres ont Ă©tĂ© frappĂ©s de la richesse des couleurs tirĂ©es 1. Annales du Conservatoire, t. II, p. 880. III. St ĂŻ 794 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- de l’aniline ; ils l’ont Ă©tĂ© tout autant encore de la variĂ©tĂ© des nuances qu’on en obtient. On remarquait, Ă  cĂŽtĂ© des rouges et des violets, un magnifique jaune d’or qui se prĂ©sente comme produit secondaire dans la fabrication delĂ  rosaniline. On sait que dans les opĂ©rations les mieux rĂ©ussies et quel que soit le procĂ©dĂ© de prĂ©paration, la rosaniline qu'on obtient ne reprĂ©sente qu’une fraction minime de l’aniline employĂ©e. Avec la matiĂšre utile se forme une grande quantitĂ© d’une substance rĂ©sineuse, d’un pouvoir basique assez faible, dont les propriĂ©tĂ©s en gĂ©nĂ©ral mal dĂ©finies ont jusqu’ici dĂ©jouĂ© toute tentative d’examen dĂ©taillĂ©. Ce mĂ©lange contient cependant quelques composĂ©s bien dĂ©finis qu’on peut sĂ©parer au moyen de traitements compliquĂ©s par une succession de dissolvants. C’est encore Ă  M. Nicholson qu’on doit la dĂ©couverte d’une couleur jaune tinctoriale dans ces rĂ©sidus sans valeur. M. Hoffman propose de la nommer chrysaniline pour rappeler sa couleur et son origine; elle se reprĂ©sente par C 40 II 17 Az 3 . Cette composition la rapproche de la rosaniline et de la leu- caniline, elles ne diffĂšrent donc que par la quantitĂ© d’IiydrogĂšne qu’elles renferment, relations intĂ©ressantes quifont ressortir la possibilitĂ© de les transformer l’une dans l’autre. La formule de la chrysaniline fait prĂ©sumer sa mĂ©tamorphose en rosaniline et en leucaniline ; mais jusqu’à prĂ©sent cette rĂ©action n'a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e. Ces bases renferment trois Ă©quivalents d’azote. Elles rĂ©sultent au moins de la condensation de trois molĂ©cules d’aniline C ,2 II 7 Az. Mais l’excĂšs de carbone qu’elles renferment prouve qu’une quatriĂšme molĂ©cule d’aniline doit intervenir dans la rĂ©action et cĂ©der une portion de son carbone aux groupes composĂ©s qui forment ces substances. Cette rĂ©action est donc encore obscure; il reste en consĂ©quence Ă  dĂ©couvrir le vrai mode de dĂ©rivation de ces matiĂšres tinctoriales. Bleu d’aniline. — Lorsqu’on introduit dans une cornue en fonte 2 kilog. de chlorhydrate de rosaniline sec avec 2 kilog. d’aniline et qu’on chauffe Ă  180°, on retire au bout de quatre heures une masse violette qui est insoluble dans l’acide chlorhy- 795 MATIÈRES TINCTORIALES. drique et le sel marin ; on se sert de ces liquides pour la purifier; on l’emploie en solution alcoolique pour la teinture. En doublant le poids de l’aniline, on obtient un bleu magnifique; MM. Girard et Delaire ont dĂ©couvert ce produit on le prĂ©pare en grand Ă  Lyon, chez MM. Renard frĂšres et Franc. Les huiles de goudron sont destinĂ©es Ă  devenir la source de bien d’autres matiĂšres tinctoriales. L’acide pliĂ©nique, la quinolĂ©ine et la naphtaline qu’on y trouvent seront peut-ĂȘtre un jour trĂšs-employĂ©s. 3. — C0ULEU11S DÉRIVÉES DE L’ACIDE PHÉNIQUE. L’acide phĂ©nique sert Ă  la prĂ©paration de l’azuline, et diverses tentatives ont prouvĂ© qu’il n’était pas trop hardi de prĂ©sumer qu’on tirerait parti de la quinolĂ©ine et de la napthaline. M. Jules Persoz a le premier observĂ© que l’acide phĂ©nique pouvait ĂȘtre converti d'abord en une matiĂšre rouge. Cette rĂ©action est devenue le point de dĂ©part de la fabrication industrielle de la matiĂšre Ă  laquelle MM. Guinon, Marnas et Bonnet de Lyon, ont donnĂ© le nom d’azuline. Leurs procĂ©dĂ©s sont encore secrets. Je ne puis donc que faire connaĂźtre quelques caractĂšres de cette nouvelle matiĂšre tinctoriale. Elle paraĂźt jouir de propriĂ©tĂ©s basiques. A l’état de puretĂ©, elle est incolore ou peu colorĂ©e, elle est insoluble dans l’eau, inattaquable par les solutions de potasse et de soude Ă  30°. Elle possĂšde une grande affinitĂ© pour les acides avec lesquels elle forme des sels qui, lorsqu’ils sont secs, prennent l’éclat chatoyant mĂ©tallique des matiĂšres tinctoriales. Les solutions de ces sels sont bleues; dans l’industrie, on n’emploie que ces derniers, et surtout le sulfate, qu’on fait dissoudre dans l’alcool ou dans l’esprit de bois. L’affinitĂ© de cette nouvelle matiĂšre colorante est puissante; l’absorption est complĂšte par les fibres textiles. Dix grammes de matiĂšre pure suffisent pour feindre un kilogramme de soie, mĂȘme en couleur foncĂ©e. § 4. — BLEU DE QUINOLÉINE. Mais l’éclat de l’azuline est moindre que celui que fournit la quinolĂ©ine dont la propriĂ©tĂ© tinctoriale fut dĂ©couverte par M. Greville William. On fait bouillir pendant dix minutes une 1 796 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. partie de quinolĂ©ine avec une partie et demie d’iodure d’amyle, et l’on obtient aprĂšs refroidissement une masse de cristaux qui reprĂ©sentent de l’iodhydrate d’amylquinolĂ©ine. La solution aqueuse de ce produit, soumise Ă  l’ébullition avec une solution aqueuse d’ammoniaque qu’on ajoute graduellement, laisse dĂ©poser un prĂ©cipitĂ©; c’est une matiĂšre colorante violette. Remplace- t-on l’ammoniaque par la potasse caustique, on obtient une matiĂšre capable de teindre en bleu. Ces matiĂšres tinctoriales paraissent ĂȘtre identiques dans leurs propriĂ©tĂ©s et leur constitution. M. Greville les obtient sous forme de rĂ©sines Ă  reflets dorĂ©s. M. MĂ©nier, dont on connaĂźt l’habiletĂ©, avait exposĂ© sous le nom de cyanine de superbes cristaux rivalisant en Ă©clat avec l’acĂ©tate d’aniline de MM. Simpson, Maule et Nicliolson. M. lloffman en a fait une Ă©tude approfondie 1 . Ici l’industrie sert les intĂ©rĂȘts de la science, et l’habile chimiste auquel la thĂ©orie doit de si grands services termine en disant que, sans les magnifiques produits sortis des ateliers de M. MĂ©nier, il n’aurait pas mĂȘme tentĂ© d’élucider l’histoire de ces substances. La science, quoique fiĂšre de guider l’industrie Ă  travers les obstacles qui l’arrĂȘtent, recon- naĂźt toutefois sans rougir qu’il y a des terrains sur lesquels elle ne peut avancer sans accepter l’appui que lui offre sa vigou- reuse compagne. Les travaux communs de ce genre ne peuvent manquer de mettre le sceau Ă  l’alliance entre la science et l’industrie. » Il est regrettable que les couleurs dĂ©rivĂ©es de la quinolĂ©ine n’offrent aucune soliditĂ©. Cette circonstance ressort de l’offre faite par la SociĂ©tĂ© de Mulhouse pour la dĂ©couverte d’un procĂ©dĂ© pour rendre solides les bleus de quinolĂ©ine. g 5. — MATIÈRES DÉRIVÉES DE LA NAPHTALINE. On a cherchĂ© si les dĂ©rivĂ©s de la naphtaline ne pourraient pas, comme ceux de l’aniline, conduire Ă  des matiĂšres tinctoriales. M. de Wildes a produit, en traitant par le nitrate de mercure la naphtylamine, une substance colorante violette. M. Robert Rutnney, de Manchester, avait exposĂ© sous le nom de pourpre de naphtylamine une masse d’un bleu noir. Les ten- I. Comptes rendus de l'AcadĂ©mie des sciences, I. LV, p, 849, n° 24. MATIÈRES TINCTORIALES. 797 tatives faites pour employer cette substance Ă  la teinture sont, jusqu’à ce jour au moins, restĂ©es sans rĂ©sultat; il en est de mĂŽme de la nitrosonaphtaline dĂ©couverte par M. Perkin dans les produits de la rĂ©action du nitrite de potasse sur le chlorhydrate de n aphtyl amine. Une dĂ©couverte toute rĂ©cente qui se rattache aux produits dĂ©rivĂ©s de la napthaline a eu beaucoup de retentissement. On avait cru tout d'abord Ă  la formation de l’alizarine, matiĂšre prĂ©cieuse extraite directement des garances. On s’était trop hĂątĂ© de conclure. Toujours est-il que M. Houssin a fait rĂ©agir sur la binitronaphtaline pure l’acide sulfurique et le zinc, Ă  une tempĂ©rature d’environ 200°. L’eau bouillante extrait de la masse qui rĂ©sulte de cette rĂ©action une matiĂšre colorante rouge qui se dĂ©pose de la solution aqueuse sous forme d’une gelĂ©e rouge. Elle se forme donc dans des conditions identiques Ă  celles dans lesquelles l’érythrobenzine se produit. Laurent avait entrevu beaucoup de ces matiĂšres colorantes; il y aurait quelque intĂ©rĂȘt Ă  les prĂ©parer au point de vue de leur application Ă  l’industrie 1 . Au reste, s’il faut se prĂ©occuper aujourd’hui de l’éclat et de la vivacitĂ© des couleurs applicables en teinture, il est bon de ne pas perdre de vue les conditions de rĂ©sistance et de stabilitĂ© qu’on doit en attendre. Il est important qu’on conserve toujours aux couleurs solides leur valeur rĂ©elle, et qu’on encourage les tentatives dirigĂ©es dans le but de donner Ă  celles qui manquent de soliditĂ© ces qualitĂ©s prĂ©cieuses. § 6. — ORSE1LLE SOLIDE. POURPRE FRANÇAISE. Si, comme on le dit, la lutte est actuellement ouverte entre les orseilles d’une part et l’indisine ou les bleus d’aniline d’autre Part; entre les rouges d’aniline d’une part et les cochenilles d’autre part, il est urgent que les nopaleries fassent leurs efforts pour se dĂ©velopper en diminuant les prix des cochenilles, en mĂȘme temps que les chimistes chercheront Ă  rendre les couleurs nouvelles plus fixes et plus stables. On sait avec quelle faveur l’opinion publique avait accueilli la 1. ComplĂ©ment nu Dictionnaire des Arts et Manufactures, par M. Ch. Laboulayo, I. I, P. 5G9. 798 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. dĂ©couverte deMM. Guinon, Marnas et Bonnet quand ils obtinrent l’orseille comparativement plus solide qu’on ne l’obtenait ordinairement. Les procĂ©dĂ©s de MM. Guinon, Marnas et Bonnet ont perdu beaucoup de leur importance depuis la dĂ©couverte des matiĂšres colorantes nouvelles sur l’histoire desquelles nous nous sommes arrĂȘtĂ©s plus haut. Mais il me semble utile d’en dire ici quelques mots, afin de faire comprendre l’influence que peuvent exercer sur la qualitĂ© du produit des circonstances en apparence de peu de valeur. On traite Ă  froid les lichens par une solution ammoniacale ou alcalinisĂ©e par le carbonate de soude, de maniĂšre Ă  dissoudre les acides colorables qu’ils renferment. AprĂšs quelques minutes de contact, on jette le mĂ©lange sur une chausse, et on exprime les lichens de maniĂšre Ă  enlever le plus complĂštement possible la liqueur adhĂ©rente, puis on prĂ©cipite par l’acide chlorhydrique; le prĂ©cipitĂ© Ă©tant filtrĂ©, lavĂ© et Ă©gouttĂ©, est redissous dans l’ammoniaque, et on expose il froid la solution au contact de l’air. Au moment oĂč cette liqueur prend la teinte rouge-cerise, on la porte il l’ébullition et on la maintient pendant quelque temps. On l’introduit ensuite par couches de 5 Ă  6 centimĂštres de hauteur dans des vases il fond plat de 2 Ă  3 litres de capacitĂ©, qui sont chauffĂ©s dans une Ă©tuve Ă  60 ou 70°. L’opĂ©ration est terminĂ©e quand la liqueur a pris une teinte pourpre, et qu’étendue sur du papier blanc elle ne change plus de nuance, mĂȘme aprĂšs complĂšte dessiccation. On peut prĂ©cipiter par l’acide sulfurique ou par l’acide tar- trique la matiĂšre colorante ainsi formĂ©e, c’est la pourpre française; mais il vaut mieux la prĂ©cipiter Ă  l’état de laque pour Ă©viter la prĂ©sence d’un acide rouge qui change la nuance. On se sert alors de chlorure de calcium ou d’alun ou d’un sel de magnĂ©sie. I 7. — AL1ZARINE SUBLIMEE. Bien que l’étude des dĂ©rivĂ©s de la garance ait perdu momentanĂ©ment de son importance par suite des dĂ©couvertes que nous venons de citer, nous devons une mention spĂ©ciale aux recherches de M. Kopp, qui a dotĂ© l’industrie de la garance de deux pro- MATIÈRES TINCTORIALES. 799 cĂ©dĂ©s trĂšs-ingĂ©nieux au moyen desquels on peut purifier l’ali- zarine. Il suffit de surchauffer graduellement et avec beaucoup de soin un extrait trĂšs-concentrĂ©. On savait que la sublimation de l’alizarine ne rĂ©ussissait bien qu’en agissant sur de petites quantitĂ©s. On savait, en outre, que l’opĂ©ration entraĂźnait toujours la perte d’une portion notable de matiĂšre. L’altĂ©ration qui se produit ordinairement dans la sublimation de l’alizarine disparaĂźt lorsque la vapeur dececorps, au moment mĂȘme de son apparition, se trouve entraĂźnĂ©e mĂ©caniquement et soustraite ultĂ©rieurement Ă  l’action de la chaleur. On y parvient en sublimant et distillant l’alizarine dans un courant un peu rapide de vapeur d’eau surchauffĂ©e. Il est prĂ©fĂ©rable d’opĂ©rer directement sur la garancine. On la prĂ©pare Ă la maniĂšre ordinaire par Ă©bullition de la garance broyĂ©e dans l’acide sulfurique Ă©tendu, lavage jusqu’à ce que les liqueurs ne soient plus acides, expression Ă  la presse hydraulique et dessiccation dans une Ă©tuve. Il n’est pas indispensable de neutraliser les derniĂšres traces d’acide sulfurique par le carbonate de soude, puisqu’à la tempĂ©rature Ă  laquelle se sublime l’alizarine, ces traces d’acide sulfurique rĂ©agissent plutĂŽt sur l’acide pectique et le ligneux que sur la matiĂšre colorante. Graduer exactement la tempĂ©rature de la vapeur d'eau surchauffĂ©e et la maintenir constante pendant un temps dĂ©terminĂ©, tels sont les deux points essentiels Ă  rĂ©aliser. M. Kopp, auquel on doit l’idĂ©e de ce perfectionnement, a fait connaĂźtre un appareil qui conduit Ă  ces rĂ©sultats. La vapeur provenant d’un gĂ©nĂ©rateur passe dans une sĂ©rie de tuyaux, sorte de jeux d’orgues disposĂ©s dans un four Ă  rĂ©verbĂšre; la flamme circule autour de ces tuyaux; la vapeur s’échauffe et acquiert une tempĂ©rature convenablement Ă©levĂ©e. A sa sortie du four, elle se rend dans une petite chambre de fonte oĂč aboutit Ă©galement un tuyau de vapeur provenant directement du gĂ©nĂ©rateur; au moyen de cette disposition, en rĂ©glant les quantitĂ©s de l’une et de l’autre, on peut obtenir une tempĂ©rature rĂ©guliĂšre entre 100 et 150» centigrades. La vapeur Ă  tempĂ©rature rĂ©glĂ©e est conduite, au sortir de Ja chambre de fonte, dans un cylindre de fonte ou de cuivre qui ren- 800 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. ferme, entre deux diaphragmes, la garancine sĂ©chĂ©e, rĂ©duite en fragments de la grosseur d’une noix. Ce cylindre est lui-mĂ©me enveloppĂ© d’un autre cylindre concentrique qui reçoit de la vapeur surchauffĂ©e dans le but d’éviter la dĂ©perdition de chaleur du cylindre enveloppĂ© cette vapeur se perd directement dans l’air. La vapeur passant sur la garancine entraĂźne l’alizarine et la porte au condenseur. Celui-ci se partage en deux parties l’une conservant une tempĂ©rature de 100o reçoitl’alizarine condensĂ©e; la deuxiĂšme refroidie complĂštement reçoit de lavapeur liquĂ©fiĂ©e. On rassemble sur un fdtre l’alizarine sublimĂ©e. Les eaux de condensation sont rĂ©unies et destinĂ©es Ă  la teinture ou Ă  la confection de la liqueur de garance. Des racines de garance exposĂ©es dans cet appareil se recouvrent de cristaux d’alizarine qui semblerait s’y trouver transformĂ©e. En Angleterre cette alizarine commerciale a reçu le nom de pinkoffine; elle est pure parce que la tempĂ©rature Ă  laquelle elle a Ă©tĂ© soumise a dĂ©truit les matiĂšres fauves; on en obtient des violets qui n’ont pas besoin d’ĂȘtre avivĂ©s. Si ces premiĂšres recherches de M. Kopp sont restĂ©es sans application, il n’en est plus de mĂȘme des procĂ©dĂ©s entiĂšrement nouveaux qui lui font un titre sĂ©rieux auprĂšs des industriels. Ces mĂ©thodes qu’on lui doit sont en pleine activitĂ© dans la fabrique de MM. Schauffet Lauth Ă  Strasbourg. On sait qu’il existe dans la racine de la garance une substance particuliĂšre, incolore, il laquelle on a donnĂ© le nom de rubiane et qui peut, par un dĂ©doublement sous l’influence d’une sorte de fermentation, former de l’alizarine et de la purpurine. Cette fermentation se dĂ©veloppe au bout de quelques heures par une macĂ©ration humide en prĂ©sence des acides ou des bases. Mais l’acide sulfureux jouit dans cette circonstance d’une action spĂ©ciale. Il permet d’obtenir un rendement plus considĂ©rable et des produits en grande partie beaucoup plus purs. Voici comment il faut opĂ©rer On commence par faire macĂ©rer la garance conservĂ©e comme Ă  l’ordinaire Ă  l’abri de l’humiditĂ© dans de l’eau contenant quelques centiĂšmes, 2 Ă  3, d’acide sulfureux. On dĂ©cante ce liquide soi MATIÈRES TINCTORIALES. aprĂšs 10 heures et on presse le rĂ©sidu. C’est dans ce liquide que se trouve la matiĂšre colorable. En effet, si l’on vient Ă  faire addition Ă  la liqueur de 3 pour 100 d'acide sulfurique, et qu’on chauffe Ă  30 ou 10°, il se dĂ©pose d’abondants tlocons d’un rouge orangĂ© qui, sĂ©parĂ©s et lavĂ©s, sont de la purpurine Ă  l'Ă©tat de puretĂ©. On chauffe Ă  100° l’eau mĂšre sĂ©parĂ©e des flocons de purpurine. Il s’établit alors une rĂ©action trĂšs-nette accompagnĂ©e d’un dĂ©gagement d’acide carbonique et d’un dĂ©pĂŽt d’alizarine qu’altĂšre bien, il est vrai, certaine matiĂšre d’aspect verdĂątre, mais qui communique aux tissus mordancĂ©s une magnifique couleur rouge en respectant les blancs. On comprend que cette seconde eau mĂšre privĂ©e de l’alizarine qu’elle contenait d’abord puisse servir, chargĂ©e d’acide sulfurique, Ă  transformer par les moyens ordinaires en garancine la garance que l’eau chargĂ©e d’acide sulfureux n’a pas Ă©puisĂ©e. Outre ces matiĂšres colorantes isolĂ©es trĂšs-utiles pour la teinture des laines et du coton, le procĂ©dĂ© de M. Kopp peut fournir encore d’autres produits utilisables pour l’impression des tissus. Et en effet, le rĂ©sidu de la garance traitĂ©e par l’acide sulfureux contient encore de la rubiane et les produits qui peuvent en dĂ©river. LavĂ© l’eau bouillante, il peut donc fournir une liqueur qui, mĂȘlĂ©e d’un sel d’alumine, donnera une laque rose ou rouge suivant la quantitĂ© d’alumine ajoutĂ©e. TraitĂ©e par un lait de chaux, la mĂȘme liqueur fournira soit une laque violette formĂ©e d’alizarine et de purpurine, dĂ©composable en d’autres nuances avec les composĂ©s mĂ©talliques, soit un extrait analogue Ă  la colorine, lorsqu’on le dĂ©composera par l’acide chlorhydrique. M. Kopp a donc dotĂ© l’industrie dĂ©composĂ©s intĂ©ressants capables de teindre de trente Ă  quarante fois autant que la garance, et de rendre Ă  l’impression les mĂȘmes services que la garance a rendus Ă  la teinture elle-mĂȘme. M. Kopp vient d’ĂȘtre dĂ©corĂ©. 8. — VF,RT ÉMERAUDE. Dans un autre ordre d’idĂ©es, nous citerons ici l’une des dĂ©couvertes les plus importantes de la chimie minĂ©rale. On connaissait 802 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES- un hydrate d’oxyde de chrome, d’un vert magnifique dont les procĂ©dĂ©s Ă©taient restĂ©s secrets ou inĂ©dits. Cette matiĂšre, d'une rĂ©sistance complĂšte, d’un Ă©clat parfait, trouvĂ©e par M. Panne- tier, Ă©tait, sous le nom de vert Ă©meraude , vendue dans le prix de 6 francs les 30 grammes aux artistes, qui s’en servaient pour peindre Ă  l’huile. M. Binet, auquel M. Pannetier avait abandonnĂ© le bĂ©nĂ©fice de cette petite fabrication, en faisait annuellement pour quelques milliers de francs. C’est aujourd’hui par tonnes que la maison Kestner de Thann le livre aux imprimeurs de coton. Une prĂ©paration de laboratoire est actuellement une opĂ©ration d’usine, depuis que M. Guignet a cĂ©dĂ© la licence de son brevet Ă  MM. Scheurer et Kestner de Thann, qui ont industrialisĂ© le produit. Les droits de ces derniers ont Ă©tĂ© respectĂ©s, et s’ils ont Ă©tĂ© plus heureux que d’autres brevetĂ©s, c’est que le produit qu’ils livrent au commerce exige pour sa prĂ©paration un concours tout particulier de circonstances que jusqu’à prĂ©sent la rĂ©action du bichromate de potasse sur l’acide borique a seule pu rĂ©unir. Rappelons en quelques phrases la prĂ©paration de cette matiĂšre, que j’indiquais dĂ©jĂ  vers 1860 comme devant ĂȘtre trĂšs-utile aux imprimeurs d’indiennes. Lorsqu’on calcine Ă  une chaleur d’environ 300» un mĂ©lange de huit Ă©quivalents d’acide borique cristallisĂ© et un Ă©quivalent de bichromate de potasse, il y a dĂ©gagement d’eau, d’oxygĂšne et formation d’un borate double de sesquioxyde de chrome et de potasse ; ce borate se dĂ©truit au contact de l’eau ; il se forme du borate de potasse, de l’acide borique et de l’hydrate d’oxyde de chrome complĂštement insoluble. On opĂšre en grand dans un four Ă reverbĂšre; la calcination du mĂ©lange, mis en bouillie Ă©paisse par la quantitĂ© d’eau voulue, s’effectue avec un boursouflement sensible, en prenant une teinte foncĂ©e d’un trĂšs-beau vert d’herbe; on retire la masse avec un ringard, pour la plonger dans l’eau pendant qu’elle est encore rouge, elle s’y dĂ©sagrĂ©gĂ©; on Ă©puise par l’eau bouillante avant de pulvĂ©riser dans un appareil Ă  gobilles. Les eaux de lavage sont Ă©vaporĂ©es et dĂ©composĂ©es par l’acide chlorhydrique qui rĂ©gĂ©nĂšre de l’acide borique dont la majeure partie rentre ainsi dans la fabrication, et qui n’agit en quelque sorte que connue agent provocateur de la rĂ©action. On rĂ©gĂ©nĂšre environ 65 pour 100 de l’acide borique employĂ© dans l’opĂ©ration. 803 MATIÈRES TINCTORIALES. La disette de coton qui pĂšse si pĂ©niblement sur notre industrie a beaucoup diminuĂ© cette annĂ©e la fabrication de cet oxyde; il est vrai qu’on dĂ©sire en Alsace une nuance plus intense pour des verts plus vifs tout en conservant cette prĂ©cieuse propriĂ©tĂ© de rester Ă©clatant Ă  la lumiĂšre artificielle. Ce dĂ©sidĂ©ratum semble satisfait cependant par un composĂ© dont on doit la dĂ©couverte Ă  l’Allemagne, et qui semblerait ĂȘtre un composĂ© cyanurĂ© analogue au bleu de Prusse dans lequel l’oxyde de chrome remplacerait l’oxyde de fer. § 9. — OBJETS DIVERS. Nous allons, pour terminer cette Note, passer en revue les principaux produits dont la perfection dĂ©note une grande connaissance dans l’art de teindre et d’imprimer les Ă©tolfes. Toutefois nous dirons avec M. Persoz, que l’habiletĂ© des fabricants d’extraits, la puretĂ© des produits chimiques, dont on fait usage en fabrique, l’instruction de la plupart des directeurs d’usine, ont fait disparaĂźtre bien des difficultĂ©s inhĂ©rentes Ă  l’art de la teinture et Ă  celui de l’impression. On a pu remarquer les filĂ©s rouge-turc de M. Legras et les violets sur coton huilĂ© de M. Henry et fils de Bar-le-Duc. Dans les filĂ©s de laine on a vu la gamme chromatique que MM. KƓchlin- Dollfus de Mulhouse avaient exposĂ©e, et qui prouve les soins que cette maison apporte dans tout ce qui sort de ses ateliers. Les fils de soie exposĂ©s par MM. Renard frĂšres et Franc, Gui- non, Marnas et Bonnet, Grevon, tous de Lyon, ont soutenu dignement l’honneur de la France. La perfection des produits, d’une part, et d’autre part l’invention des nouvelles matiĂšres tinctoriales dites fuchsine, pourpre française, azuline, pĂ©onine, placent les noms de ces teinturiers il la tĂȘte de notre industrie. On a retrouvĂ© parmi les teintures en tissus les cachemires stoft's et lastings de M. RougĂšres, les mĂ©rinos de MM. Boutarel et Chappat de Clichy, les tissus lĂ©gers de M. Guillaume! de Puteaux, les draps de M. Francillon, les mousselines de MM. Dela- motte et Faille de Reims, les velours de coton teints de M. Pouchelle d’Amiens, les rouges turcs de M. Steiner. Non-seulement l’art de la teinture se trouve rendu des plus simples parles derniĂšres dĂ©couvertes que nous avons relatĂ©es au 804 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. commencement de cet article, mais surtout l’art d’imprimer les tissus en retire d’immenses avantages. En combinant Ă  la fois six et huit rouleaux, on obtient des rĂ©sultats immenses au point de vue de l’économie et de la perfection du travail ; au moyen des prĂ©parations de garance, de cochenille et autres, on prĂ©pare avec une trĂšs-grande rĂ©gularitĂ© des Ă©toffes perses d’une grande beautĂ©. L’application simultanĂ©e des couleurs fixĂ©es Ă  l’albumine empruntĂ©es au rĂšgne minĂ©ral outremer, vert de chrome, charbon, etc., et des couleurs dĂ©rivĂ©es de la houille, ont immensĂ©ment simplifiĂ© l’ancienne fabrication, celle qui avait pour base l’indigo et ses dĂ©rivĂ©s, la garance et ses modifications, et qui nĂ©cessitait des dĂ©penses considĂ©rables. Qui ne comprend immĂ©diatement qu’on n’est plus obligĂ© d’imprimer au prĂ©alable les mordants pour noir, brun, mge et violet, de les fixer, de les teindre, de les aviver pour dĂ©pouiller les blancs et de rentrer ensuite les couleurs d’enluminage lorsque le tissu est dĂ©jĂ  fatiguĂ© par les dĂ©gorgeages et rinçages qui doivent suivre nĂ©cessairement chacune des opĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. MM. Thierry Mieg et Huguenin Collineau se sont placĂ©s dans ce genre nouveau Ă  la tĂšte du mouvement. CLASSE 5i- INDUSTRIE DU VERRE, Par M. SALVETAT. VERRE A VITRES. — GLACES. — VERRES A BOUTEILLES. GOBELETERIE. — CRISTAL. — ÉMAUX. — PEINTURE SUR VERRE. PEINTURE VITRIFIABLE. Les observations que nous avons prĂ©sentĂ©es dans ce mĂȘme volume, p. 483, s’appliquent sans incertitude aussi bien aux produits cĂ©ramiques qu’aux nombreuses variĂ©tĂ©s d’objets qu’on peut façonner avec le verre. Et peut-il en ĂȘtre autrement? Non-seulement les terres et les verres peuvent ĂȘtre transformĂ©s les unes en les autres, mais encore les procĂ©dĂ©s gĂ©nĂ©raux au moyen desquels on obtient les premiers se confondent avec ceux que la pratique de tous les temps a consacrĂ©s Ă  la fabrication des derniers. Chacun sait que le verre dĂ©vitrifiĂ© prend l’aspect particulier et caractĂ©ristique de la porcelaine, Ă  ce point mĂȘme qu’à une Ă©poque dĂ©jĂ  ancienne, RĂ©aumur avait cru reconnaĂźtre dans les procĂ©dĂ©s de dĂ©vitrification la voie la plus naturelle pour arriver Ă  la reproduction des porcelaines chinoises. Et, d’autre part, personne n’ignore que telle terre qu’on voudra, soumise Ă  la tempĂ©rature convenable, pourra prendre l’aspect vitreux, tantĂŽt transparent et incolore, lorsque les matĂ©riaux qui la composent sont exempts de substances colorantes, tantĂŽt opaque et colorĂ©e, lorsque les Ă©lĂ©ments qui la forment sont souillĂ©s d’oxyde de fer ou d’autres principes Ă©trangers. FidĂšle Ă  l’ordre que nous avons suivi dans l’article dĂ©jĂ  citĂ© plus haut, nous aurons Ă  examiner les faits les plus saillants qui 806 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. se sont produits depuis l’Exposition de 1851, en indiquant ici dĂšs Ă  prĂ©sent que notre tĂąche est bien simplifiĂ©e depuis que M. Pe- ligot a rĂ©sumĂ© dans ses leçons sur l’art de la verrerie, publiĂ©es dans ce Recueil, l’histoire de cette industrie. Toutefois, il ma paru trĂšs-utile de revenir avec dĂ©tails sur les diverses mĂ©thodes usitĂ©es par les verriers lorsqu’on les considĂšre dans leur ensemble, pour les comparer aux procĂ©dĂ©s en usage dans la fabrication des produits cĂ©ramiques. Il m’a paru trĂšs-intĂ©ressant de faire cette Ă©tude instructive au point de vue technologique, et parce qu’elle rattache encore d’une maniĂšre plus intime deux industries importantes, toutes deux essentiellement chimiques, et qui toutes deux empruntent aux arts physiques et mĂ©caniques leurs principaux moyens d’action. Dans ces deux fabrications on retrouve encore l’application des beaux- arts, application gĂ©nĂ©ralement favorable au dĂ©veloppement de nos dĂ©bouchĂ©s. On rencontre les matiĂšres vitreuses sous diffĂ©rentes formes; ces formes varient avec les usages auxquels on les destine; Ă  cette forme correspond gĂ©nĂ©ralement une composition appropriĂ©e, dĂ©pendant toujours du prix auquel le produit doit ĂȘtre vendu, et du choix des matiĂšres employĂ©es Ă  la fabrication. Je ne rĂ©pĂ©terai ni l’énumĂ©ration des Ă©lĂ©ments qui composent les diffĂ©rentes espĂšces de verre, leur histoire, le rĂŽle qu’ils jouent dans la fabrication, ni l’examen des conditions auxquelles ils doivent satisfaire au point de vue de leur puretĂ© ; mais j’insisterai sur la nĂ©cessitĂ© de suivre la fabrication pas Ă  pas. Dans la plupart des usines Ă  glaces, maintenant, on imite l’exemple de la manufacture de SĂšvres, qui ne fait emploi d’une substance donnĂ©e qu’aprĂšs que l’analyse chimique a prononcĂ© sur sa puretĂ© et sur sa valeur. Les glaces, ainsi qu’on le sait, tirent leur grande valeur de leur nuance. L’emploi presque exclusif de la soude, qui remplace la potasse dont on se servait autrefois, exalte une nuance verte que l’oxyde de fer dĂ©veloppe en prĂ©sence de la chaux. Cette nuance est trĂšs-dĂ©sagrĂ©able surtout pour les glaces qui doivent ĂȘtre Ă©tamĂ©es. H y a donc urgence pour le fabricant Ă  rechercher, Ă  prix Ă©gal, les Ă©lĂ©ments les moins ferrugineux, sables et calcaires. Je sais plus d’une usine qui fait doser le fer avec une trĂšs-grande exactitude et une trĂšs-grande cĂ©lĂ©ritĂ© par les liqueurs titrĂ©es. INDUSTRIE DU VERRE. S07 Les fabricants de verre Ă  vitres, dont les produits sont d’autant plus recherchĂ©s qu’ils sont moins colorĂ©s, n’auraient-ils pas intĂ©rĂȘt Ă  suivre la mĂȘme voie? Le lavage des sables, lorsqu’ils sont trop argileux et trop ferrugineux, conduirait assurĂ©ment, avec une analyse des calcaires ou des chaux dont on se sert, Ă  de notables amĂ©liorations de la fabrication. Les sables purs ne sont pas Ă  la portĂ©e de tous les verriers ; mais avec du soin et sans de grandes dĂ©penses d’argent et de temps, on peut sensiblement les amĂ©liorer. J’indiquerai encore, indĂ©pendamment du lavage des sables, une mĂ©thode que j’ai vu pratiquer dans une verrerie de la Meur- the. Le sable est mĂ©langĂ© grossiĂšrement avec du sel marin humide, puis chauffĂ© dans un four Ăč rĂ©verbĂšre. L’oxyde de fer, sous l’influence de l’acide chlorhydrique formĂ© par la vapeur d’eau et du sel marin se transforme en chlorure. Le sodium se combine avec l’oxygĂšne et forme du silicate de soude qui entre dans lacom- position. Le chlorure de fer se volatilise en grande partie, et dans tous les cas il colore les points sur lesquels il se concentre ; on peut l’éliminer par un Ă©pluchage soignĂ©. J’ai dit que les mĂ©thodes Ă  l’aide desquelles on façonnait les verres Ă©taient, en principe, les mĂȘmes que celles que le potier de terre emploie journellement. Dans les deux cas les mĂ©thodes se fondent sur la plasticitĂ© de la matiĂšre. Dans l’un la plasticitĂ© se dĂ©veloppe Ă  la tempĂ©rature ordinaire, dans l’autre il faut que la substance soit soumise Ă  l’action de la chaleur. Le ramollissement de la pĂ»te par une tempĂ©rature suflisamment Ă©levĂ©e lui permet de recevoir la forme qu’elle conserve intacte aprĂšs le refroidissement. On sait que les mĂ©thodes employĂ©es au façonnage des poteries se rapportent Ă  trois types distincts tournage, moulage et coulage. C’est encore Ă  ces trois types qu’on peut rapporter les procĂ©dĂ©s de façonnage du verre. Il y a plus, c’est que les mĂ©thodes mixtes qui tiennent de deux ou plusieurs mĂ©thodes se retrouvent Ă©galement appliquĂ©es dans les deux fabrications. On a recours Ă  ces diffĂ©rents procĂ©dĂ©s suivant la forme que l’on veut produire. Tournage. Lorsque le verrier fabrique un verre de lampe, il emploie le procĂ©dĂ© de tournage comme le potier qui façonne une piĂšce de rĂ©volution au moyen de l’ébauchage sur le tour. S 08 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. En effet, aprĂšs avoir cueilli la masse dont il a besoin au moyen de la canne, il promĂšne cette masse sur le marbre en donnant Ă  la canne un mouvement de rotation sur elle-mĂȘme; la masse s’allonge et prend une forme cylindroĂŻdc; elle s’étend lorsqu’on souffle lĂ©gĂšrement Ă  l’intĂ©rieur. La pression de l’air remplit alors l’office de la main du tourneur potier quand il comprime le ballon entre ses doigts pour diminuer l’épaisseur de la piĂšce. L’opĂ©ration est donc la mĂȘme dans les deux cas; seulement pour le potier le tour est fixe, tandis que pour le verrier le tour est mobile, en raison de la nĂ©cessitĂ© de rĂ©chauffer de temps en temps la masse qui se refroidit continuellement par le travail, en perdant sa mollesse et sa plasticitĂ©. Lorsque l’allongement de la masse se fait en balançant dans l’air l’ébauche du cylindre, maintenue par l’extrĂ©mitĂ© de la canne, la pesanteur agit encore comme une pression qui serait exercĂ©e par les doigts. Enfin, quand replaçant la canne horizontalement, le verrier se sert ou de la tenaille ou des pinces de bois pour Ă©largir le diamĂštre du cylindre, pour faire le bas de la cheminĂ©e ou donner Ă  la bouche la forme circulaire, il accomplit le mĂȘme acte que le potier qui, tantĂŽt avec les doigts ou l’éponge, tantĂŽt avec une estĂšque, donne Ă  son Ă©bauche la forme convenable. La chaleur que possĂšde la masse de verre est seule cause qu’il ne la touche pas avec les doigts et s’il se sert de cisailles pour enlever par ablation les parties qui sont en trop, c’est parce que l’emploi du fil ou de la lame de couteau dont se sert le potier ne pourrait convenir pour sĂ©parer des molĂ©cules qui ont entre elles une plus grande adhĂ©rence que celle que possĂšdent les particules de terre plastique. Les outils dont le verrier se sert pour rĂ©gler la hauteur, la longueur, le diamĂštre et le profil des piĂšces sont exactement les mĂȘmes que ceux que le potier de terre a sous la main, compas, Ă©querres, gabaris, etc., en bois ou en mĂ©tal. Moulage. Toute pĂąte molle, mise en contact avec un support ou appui convenable, peut prendre la forme de cet appui qui reçoit le nom de moule, lorsqu’on la soumet Ă  la pression convenable pour lui faire Ă©pouser l’empreinte. Si l’on verse la matiĂšre vitreuse liquide dans l'intĂ©rieur du moule, on opĂšre par moulage comme le fait le potier, et si l’on INDUSTRIE DU VERRE. 809 combine Ă  la fois le moulage et le tournage qui reçoit le nom de soufflage dans le cas particulier du travail du verre, on pratique un vĂ©ritable moulage Ă  la housse, ainsi que le fait le potier de terre. Coulage. Quand le moule affecte la forme d’une table, c’est-Ă - dire lorsque la matiĂšre Ă  fabriquer doit prĂ©senter une forme plane, on opĂšre par coulage comme dans la confection des glaces; il y a donc la plus grande analogie, par exemple, entre le coulage d’une glace de verre et la confection d’une plaque de porcelaine ; l’opĂ©ration gĂ©nĂ©rale se confond avec la prĂ©paration de ce que le mouleur en terre appelle la croĂ»te. Que le rouleau dont on se sert pour Ă©taler le verre en fusion soit un cylindre guillochĂ© ou gaudronnĂ©, ne rĂ©alise-t-on pas un vĂ©ritable gaudronnage ou moletage? On le voit, toutes ces opĂ©rations ont dans les deux industries les mĂȘmes principes pour base, et je comprends que l’étude de la verrerie, considĂ©rĂ©e dans son ensemble au point de vue didactique, puisse revĂȘtir une forme des plus simples et des plus intĂ©ressantes. Il me paraĂźt inutile d’insister encore sur ce que les mĂ©thodes d’ornementation ont d’analogue, lorsqu’on les applique aux deux sortes de produits. La dĂ©coration vitritiable est la mĂȘme; elle procĂšde par les mĂŽmes mĂ©thodes ; elle emprunte les mĂȘmes matĂ©riaux; elle peut ĂȘtre obtenue dans les deux cas, soit dans la masse, soit sur la surface. Les mĂ©taux prĂ©cieux, l’or, l’argent,.le platine, les couleurs, les Ă©maux peuvent ĂȘtre Ă©galement employĂ©s. On peut les appliquer Ă  la main ou par les mĂ©thodes de l’impression mĂ©canique, en surfaces pleines ou en dessins variĂ©s Ă  l’infini, en tirant parti, comme dans les diffĂ©rents genres d’impression sur tissus, de rĂ©serves mĂ©caniques ou chimiques, ou de rongeants et d’absorbants. Une classification mĂ©thodique des diffĂ©rents effets qu’on pourrait produire au moyen de ces mĂ©thodes serait sans doute de nature Ă  conduire Ă  quelques rĂ©sultats nouveaux. APPAREILS DE CUISSON. Il est tout aussi peu possible de se faire une idĂ©e des tours de main qu’on a mis en usage pour faire un objet de verrerie, qu’il III. 52 810 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. l’est de comprendre, d’aprĂšs une piĂšce de poterie, les procĂ©dĂ©s dont on s’est servi. C’est en quelque sorte en fabrique, au sein des usines, qu’il faut surprendre les moyens perfectionnĂ©s dont l’industrie moderne tire un parti journalier. A cet Ă©gard l’Exposition de Londres ne pouvait rien apprendre, et si les plans des fours de MM. Siemens n’avaient pas Ă©tĂ© exposĂ©s, les rapports qu’on pouvait faire sur la verrerie n’avaient Ă  prĂ©senter que des considĂ©rations Ă©conomiques ou artistiques. Ces considĂ©rations ne nous semblent pas de nature Ă  trouver place ici. Il n’en est pas de mĂŽme de la description des fours de MM. Siemens, qui pourra ĂȘtre accueillie avec quelque intĂ©rĂȘt. Les fours de MM. Siemens reposent sur ce principe qu’il convient de ne lancer l’air dans la cheminĂ©e que lorsqu’on l’a mis en contact avec des matĂ©riaux capables d’absorber tout le calorique que les produits de la combustion renferment, et de le restituer en temps opportun aux gaz qui agissent dans l’appareil. Si donc, entre un fourneau ordinaire et la base de la cheminĂ©e oĂč les produits de la combustion se dĂ©gagent Ă  une tempĂ©rature Ă©levĂ©e, on dispose un long couloir ou une vaste chambre remplie complĂštement ou par intervalles de matĂ©riaux incombustibles, de briques rĂ©fractaires, par exemple, ceux-ci ne tardent pas Ă  s’échauffer; prĂšs du four ils possĂšdent la tempĂ©rature la plus haute et sont presque aussi chauds que le four lui-mĂȘme, tandis qu’à l’autre extrĂ©mitĂ© se maintient une tempĂ©rature beaucoup moins Ă©levĂ©e. Supposons maintenant qu’on puisse alimenter le four avec de l’air qui ait traversĂ© cette chambre en suivant un courant inverse de celui que suivaient les produits de la combustion dirigĂ©s vers la cheminĂ©e, et que, pour ne pas arrĂȘter le tirage du four, on le fasse communiquer'avec la cheminĂ©e par un autre carneau ou mieux par une deuxiĂšme chambre disposĂ©e comme la premiĂšre, il en rĂ©sultera que l'air atmosphĂ©rique s’avancera graduellement vers les parties du four les plus chaudes, arrivera dans ce four et viendra l’alimenter en lui apportant un gaz dont la tempĂ©rature sera presque celle qu’il possĂšde lui-mĂȘme. Ce premier principe n’est pas le seul dont les inventeurs aient rĂ©alisĂ© l'application dans la construction de leurs appareils. Si, au lieu de diriger l’air chaud qui doit opĂ©rer la combustion Ă  travers ou sous un combustible solide placĂ© dans un fourneau INDUSTRIE DU VERRE. 8H ou sur une grille, on volatilise, sans les faire brĂ»ler, les produits combustibles gazeux et si on les fait circuler dans une chambre rĂ©ticulĂ©e , qu’ils traversent en allant de la partie la plus froide vers la partie la plus chaude, en lin si l’on vient Ă  mĂ©langer ensuite ces produits gazeux avec l’air chaud, alors que, comme celui-ci, ils possĂšdent une teinpĂ©i'ature presque Ă©gale Ă  celle du fourneau, il est Ă©vident qu’on obtiendra une ilamme d’une intensitĂ© bien plus considĂ©rable et que l’on rĂ©alisera une Ă©conomie de combustible bien plus grande que prĂ©cĂ©demment. MM. Siemens ont su faire pĂ©nĂ©trer, avec succĂšs, dans la pratique, ces idĂ©es qui 11 e sont pas tout Ă  fait aussi neuves qu’on a pu le penser, comme nous le verrons bientĂŽt. Mais je laisse parler ici les inventeurs eux-mĂȘmes [Patente de 1861. Une particularitĂ© essentielle Ă» notre invention, disent-ils, consiste dans la dĂ©composition, au moyen d’un appareil sĂ©parĂ©, du combustible, quel qu’il soit, houille, lignite, tourbe, etc., de telle sorte que toute introduction de combustible solide dans le foyer sc trouve supprimĂ©e et que le combustible gazeux se trouvant Ă©chauft'Ă© avant sa combustion par l’air atmosphĂ©rique qui lui-mĂȘme se trouve trĂšs-surĂ©chauißé, on peut rĂ©aliser une grande Ă©conomie. Cette mĂ©thode otfre encore ce grand avantage que le tourne renferme ni cendre ni charbon solide, de sorte qu’on peut exĂ©cuter Ă  fourneau libre bien des opĂ©rations qui jusqu’ici n’avaient Ă©tĂ© possibles que dans des pots ou des vases couverts. » Il est fort important, pour un certain nombre d’opĂ©rations, d’ĂȘtre absolument maĂźtre de la pression des gaz qui pĂ©nĂštrent dans le four, de la rendre quelquefois supĂ©rieure Ă  celle de l’atmosphĂšre de maniĂšre Ă  Ă©viter la sortie de la Ilamme ou la rentrĂ©e de l’air par les ouvreaux, lorsque les ouvriers s’en approchent au moment du travail, comme dans le soufflage du verre. » Dans ce but on dispose sous la sole du four quatre rĂ©gĂ©nĂ©rateurs; deux servent Ăč chauffer isolĂ©ment le gaz combustible et l’air atmosphĂ©rique qui se rendent au foyer; les deux autres sont destinĂ©s Ă  absorber la chaleur perdue des produits de la combustion qui les traversent en se rendant Ă  la cheminĂ©e; ils fonctionnent alternativement comme magasin de chaleur, tantĂŽt pour la cĂ©der, tantĂŽt pour la reprendre. Les courants d’air chaud et de gaz sont maintenus dans le laboratoire du four Ă  des pressions dĂ©terminĂ©es au moyen d'une valve et du registre placĂ© sur la 812 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. cheminĂ©e d’appel. On peut en mĂȘme temps, sans autre disposition, rĂ©gler Ă  volontĂ© l’intensitĂ© comme les qualitĂ©s chimiques delĂ  flamme. Afin d’empĂȘcher l’accumulation d’une trop grande quantitĂ© de chaleur dans la voĂ»te qui recouvre les rĂ©gĂ©nĂ©rateurs, on rĂ©serve dans cette voĂ»te des chambres pour la circulation de l’air atmosphĂ©rique. MM. Siemens ont adoptĂ© pour leurs appareils producteurs de gaz des dispositions particuliĂšres que la pratique semble avoir sanctionnĂ©es L’appareil doit avoir une action trĂšs-rĂ©guliĂšre; il doit ĂȘtre facile Ă  visiter et Ă  purger des rĂ©sidus que le combustible solide apporte continuellement. Il est important Ă©galement que tous les gaz ne soient pas appelĂ©s dans le fourneau par le tirage de la cheminĂ©e; il y a tout intĂ©rĂȘt, au contraire, Ă  ce que la pression de l’atmosphĂšre soit maintenue constamment dans les carneaux qui vont des appareils producteurs au four. On Ă©vite ainsi la combustion partielle des gaz combustibles sous l'influence de l’air qui pĂ©nĂ©trerait par les fissures des maçonneries. On brĂ»le d’ailleurs les portions de carbone qui pourraient se dĂ©poser Ă  l’intĂ©rieur des conduits, au moyen de filets d’eau ou de vapeur aqueuse qui se transforme en un mĂ©lange combustible d’hydrogĂšne et d’oxyde de carbone. Lorsqu’on peut avoir plusieurs gĂ©nĂ©rateurs marchant simultanĂ©ment, il vaut mieux diriger les produits gazeux qu’ils fournissent dans un tuyau commun qui rĂ©gularise tout Ă  la fois la qualitĂ© comme la quantitĂ© des gaz. Pour rĂ©aliser toutes ces conditions, MM. Siemens ont installĂ© des fours Ă  verrerie dont nous allons donner une description d’ensemble. La figure 1 reprĂ©sente une coupe transversale faisant comprendre le fourneau, les rĂ©gĂ©nĂ©rateurs et les appareils producteurs du gaz. La figure 2 reprĂ©sente une coupe longitudinale de l’appareil producteur du gaz. A est le four sur la banquette duquel sont les pots de verrerie B. C reprĂ©sente les ouvreaux destinĂ©s au travail du verre. Sous la banquette sont disposĂ©s les quatre rĂ©gĂ©nĂ©rateurs D 1 D 2 , D 3 , D 4 . Chacun d’eux est formĂ© d’une chambre construite en briques rĂ©fractaires, prĂšs de laquelle est une grille E ; sur cette grille sont entassĂ©es des briques rĂ©fractaires ou toute autre INDUSTRIE DU VERRE. 813 matiĂšre incombustible disposĂ©e de maniĂšre Ă  laisser entre elles de petits interstices. Ces rĂ©gĂ©nĂ©rateurs sont fermĂ©s Ă  la partie supĂ©rieure par une voĂ»te qui supporte la banquette. Cette voĂ»te est percĂ©e de petits trous longitudinaux qui communiquent, d’une part, avec un conduit F en relation directe avec l’air atmosphĂ©rique, et d’autre part, avec un canal G se rendant aux rĂ©gĂ©nĂ©rateurs. Fig. I. n-CARil La communication entre la partie supĂ©rieure des quatre rĂ©gĂ©nĂ©rateurs et le four A a lieu de la maniĂšre suivante D 4 avec la partie antĂ©rieure T ĂŠ&ssi " min» iii»iw wniiiminimaiiwi w liante HW iMInwrtia wag&3S 8S0 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. jamais le Français le plus original, l’Anglais le plus excentrique ne les auraient inventĂ©s. Les Allemands sont dĂ©cidĂ©ment des chasseurs infatigables; nous aimons, en France, aprĂšs ces journĂ©es joyeuses et pĂ©nibles que nous passons Ă  courir au grand air, Ă  trouver de larges fauteuils moelleux; nos voisins d’outre-Rhin sont plus rigides ils ne se contentent pas de mettre Ă  mort cerfs et chevreuils, ils veulent encore employer leurs bois Ă  construire leur mobilier ; de lĂ  des piĂšces toutes hĂ©rissĂ©es d’andouillers pointus d’un aspect inquiĂ©tant. — Les tables, les chaises, les fauteuils sont en bois de cerf ; de tous cĂŽtĂ©s se dressent des an- douillers menaçants; on n’est pas rassurĂ©, et, malgrĂ© la fatigue, on hĂ©siterait Ă  s’asseoir sur la peau de daim qui couvre les siĂšges. Plus loin, un autre amateur de chasse a fait construire un lustre pour rappeler ses exploits; sur le large cercle qui doit supporter les lampes sont fixĂ©es, Ă  l’extrĂ©mitĂ© de deux diamĂštres perpendiculaires entre eux, quatre tĂštes de chevreuil ; au-dessus se trouvent quatre tĂštes de liĂšvre ; enfin, le tout est surmontĂ© par un Ă©mouchet qui plane, les ailes dĂ©ployĂ©es. Je ne voudrais pas traiter l’Exposition allemande avec trop de sĂ©vĂ©ritĂ© ; on me pardonnera cependant de rire encore du fameux lit Ă  baldaquin que la ville de BrĂšme a envoyĂ© Ă  Kensington. Tous les voyageurs gardent une juste rancune aux lits allemands, çt puisque, par hasard, nous pouvons leur ĂȘtre un peu dĂ©sagrĂ©able, nous n’y manquerons pas. Ce n’est pas une attaque, ce n’est qu’une revanche. Je n’ai rien Ă  dire du lit lui-mĂȘme; s’il ressemble Ă  ses confrĂšres, il doit entrer quelques planches dans ses matelas. Ce que j’ai admirĂ© surtout, c’est l’invention ingĂ©nieuse employĂ©e pour soutenir les rideaux; au chevet et au pied s’élĂšvent jusqu’à une hauteur convenable, des piles de gros coussins, elles supportent pour couronnement, un mannequin de grandeur naturelle, richement habillĂ©, qui Ă©tendu Ă  plat ventre, Ă©tend dĂ©licatement la main pour relever les rideaux. Il n’est pas douteux qu’on fasse d’autres meubles que ceux-lĂ  en Autriche et en Prusse; mais il faut reconnaĂźtre que l’Exposition de Londres ne donne aucune idĂ©e de cette industrie. En Russie, nous avons pu trouver des objets d’un meilleur style, la marqueterie y est surtout parfaitement traitĂ©e; mais si LES INDUSTRIES D’ART. 851 nous revenons en Danemark, nous trouverons encĂŽre un meuble pour le moins singulier. Les peuples du Nord aiment les fleurs ; dans les villes de l’Allemagne septentrionale, on voit presque toujours grelottant derriĂšre les vitres quelques plantes Ă©tiolĂ©es cherchant en vain un chaud rayon de soleil. C’est un goĂ»t charmant et que personne ne partage plus que nous ; mais pousser cette passion jusqu’à prĂ©tendre Ă  s’asseoir sur une rose, c’est de l’exagĂ©ration. Nous avons vu cependant, dans l’Exposition du Danemark, un fauteuil d’un rose vif, dont les saillies simulaient les pĂ©tales de la reine des fleurs; les feuilles, avec leurs nervures parfaitement imitĂ©es, forment le dossier et les qu’on aura omis les Ă©pines. Ce sont lĂ  des erreurs fĂącheuses que l’Espagne ni l’Italie n’ont commises. Leur Ă©bĂ©nisterie, beaucoup mieux traitĂ©e, est encore un peu lourde, cependant ; les meubles en laque tout ruisselants de bronzes dorĂ©s y abondent. Nous ferons exception, toutefois, pour un joli cabinet en Ă©bĂšne, avec incrustation d’ivoire ; deux figures, l’une du Dante, l’autre du Tasse dĂ©corent les panneaux. Le tout est certainement d’un bon sentiment. GrĂące aux efforts de quelques fabricants et au grand nombre de sculpteurs habiles que compte l’Italie, on doit bien augurer des progrĂšs qui ont dĂ©jĂ  placĂ© en 1862, les meubles de ce pays en avant de ceux de tous les la France et l’Angleterre. Les mosaĂŻques de pierre dure de Florence ont aussi un grand charme ; celles de M. Barbensi ont notamment une vĂ©ritable valeur. La Turquie n’a guĂšre exposĂ© en Ă©bĂ©nisterie que ces tabourets recouverts de nacre disposĂ©e en damier qui servent plutĂŽt de tables que de siĂšges, car les Orientaux prĂ©fĂšrent s’étendre sur ces beaux tapis qu’ils savent si bien nuancer de tons doux, rabattus et harmonieux. L’ébĂ©nistcrie française n’a donc jusqu’à prĂ©sent, cet examen rapide le dĂ©montre complĂštement, pour rivale sĂ©rieuse que T Ă©bĂ©nisterie anglaise. C’est vers la cour française qu’il faut nous diriger maintenant pour apprĂ©cier les Ɠuvres remarquables qu ont Ă©tĂ© exposĂ©s cette annĂ©e Ă  Kensington. § 3. Meubles français. — L’érudition peut-elle, dans le do- EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. N52 maine des arts, nuire Ă  l’inspiration? On le croirait en Ă©tudiant notre architecture actuelle , dans laquelle trop souvent les rĂ©miniscences remplacent les idĂ©es originales. Nous savons refaire une cathĂ©drale gothique, un palais de la Renaissance, un boudoir Louis XV ; nous avons plus de peine Ă  composer une Ɠuvre ayant un caractĂšre propre. Cette pauvretĂ© d’imagination que montrent nos architectes se retrouve dans l’ébĂ©nisterie, et les meilleurs meubles que nous faisons aujourd’hui sont des pastiches de la Renaissance, de Louis XV ou de Louis XVI. Us ditfĂšrent toutefois assez des originaux, pour qu’il soit possible de les en distinguer. Quand une Ă©poque en imite une autre, elle l’interprĂšte plutĂŽt qu’elle ne la copie servilement, mais il faut que quelques annĂ©es se soient Ă©coulĂ©es pour qu’on puisse bien reconnaĂźtre en quoi l’imitation diffĂšre de l’original. Les meubles de l’Empire avaient sans doute la prĂ©tention d’ĂȘtre une copie de l’antique ; ils en diffĂšrent cependant assez pour que la confusion soit impossible. Nos imitations de la Renaissance et du Louis XVI ont de mĂȘme, sans que nous le voyions nettement aujourd’hui, un caractĂšre spĂ©cial qui permettra un jour aux connaisseurs de les reconnaĂźtre facilement. En gĂ©nĂ©ral, la composition des meubles exposĂ©s Ă  Kensington est plus sage que celle des objets rĂ©unis dans le Panorama en 1855. Dans son dĂ©sir d’utiliser la sculpture sur bois dans laquelle nos Ă©bĂ©nistes font chaque jour de nouveaux progrĂšs, on avait, en 1855, dĂ©passĂ© le but ; l’ornementation n’était plus restĂ©e Ă  sa place d’accessoire. Elle envahissait de tous cĂŽtĂ©s, ne laissant plus aux objets leur destination primitive ; c’est alors que nous avons vu notamment quatre figures presque de grandeur naturelle assises sur un buffet de salle Ă  manger, l’obstruant, rendant son abord difficile; c’était lĂ  Ă©videmment une exagĂ©ration de mauvais goĂ»t. Nos sculpteurs ne sont pas moins habiles qu’il y a sept ans; mais ils sont moins ambitieux, M. Ribailler a exposĂ© plusieurs figurines demi-nature destinĂ©es sans doute Ă  une armoire Ă  fusils ; la chasse, la pĂȘche, sont symbolisĂ©es par de jeunes hommes en costume moyen Age, dans une bonne attitude. Ce sont de vĂ©ritables statues; elles ne rentrent dans l’ébĂ©nisterie que par la matiĂšre employĂ©e. L’armoire en Ă©bĂšne de M. GroliĂ© est beaucoup plus simple ; cette simplicitĂ© en fait le charme. Elle est bien conçue, bien des- 8o3 LES INDUSTRIES D'ART. sinĂ©e, d’un trĂšs-bon style ; c’est un des meubles qui ont rĂ©uni, Ă  l’Exposition, le plus de suffrages. — Le petit bulfet en bois de rose, du mĂȘme Ă©bĂ©niste, est du plus pur style Louis XVI les cuivres qui l’ornent sont du meilleur goĂ»t; ces petits meubles de luxe sont infiniment plus jolis que les buffets de laque qui ont Ă©tĂ© Ă  la mode dans ces derniĂšres annĂ©es ; ils ont une beautĂ© plus douce, plus pĂ©nĂ©trante ; ils n’ont pas cette richesse un peu altiĂšre, un peu brutale de leurs rivaux. J’en indiquerai le genre en reproduisant ici une commode de mĂȘme style, envoyĂ©e par le mĂȘme fabricant Ă  l’Exposition de 1855. rig. 3. r ! wjmnnra .r'.,r t*Ăż.~ Ă auaaii La bibliothĂšque de M. Kneicht est fort jolie. La figure de l’étude qui occupe la partie supĂ©rieure harmonise bien ses ailes avec les dĂ©tails de l’entablement; nous lui trouvons, cependant, un grave dĂ©faut c’est un meuble dans lequel il est impossible de mettre des livres; l’ornement y prend une place exagĂ©rĂ©e. M. Chaix a exposĂ© une armoire en Ă©bĂšne de forme ovale. Elle est destinĂ©e Ă  renfermer des curiositĂ©s, et elle doit se placer au milieu d’une piĂšce, de façon qu’il soit possible d’admirer, sous 854 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. toutes les faces, les objets d’art qu’elle doit renfermer. Sa couleur sombre, sans aucune dorure extĂ©rieure, fera valoir les richesses qu’on y enfermera.— Ce meuble est Ă  deux corps, la partie supĂ©rieure seule est vitrĂ©e, les panneaux infĂ©rieurs sont pleins, quatre figures allĂ©goriques occupent les montants supĂ©rieurs, elles symbolisent la poĂ©sie, la musique, l’architecture et le dessin. Rien de mieux, mais que vient faire au couronnement Romulus et sa louve ? Je 11 e sache pas que ce hĂ©ros Ă  moitiĂ© fabuleux ait jamais encouragĂ© les arts. Nous Ă©tions dans les symboles, pourquoi ne pas continuer et couronner ce joli meuble avec une figure reprĂ©sentant l’art ou l’étude? La grande bibliothĂšque en Ă©bĂšne de MM. Jeanselme et Gaudin, est une Ɠuvre excellente. La puretĂ© des lignes, l’ornementation obtenue par des champlevĂ©s exĂ©cutĂ©s avec une grande fermetĂ©, produisant des parties rnattes au milieu d’autres polies, est d’un goĂ»t parfait. L’exposition de M. Fourdinois, un des Ă©bĂ©nistes qui soutiennent le plus haut notre drapeau, est fort importante. Sa cheminĂ©e monumentale en marbre vert et en bois a de grandes qualitĂ©s,* mais elle a un petit voisin qui lui fait tort. Je crois que tout le monde est d'accord pour considĂ©rer le cabinet de M. IL Fourdinois fils comme l’un des meilleurs meubles de l’Exposition. Il est en Ă©bĂšne, Ă  deux corps, le bas est d'ordre ionique, les colonnes un peu fluettes comme on les aimait sous la Renaissance, sont cannelĂ©es ; entre elles se trouve un panneau finement sculptĂ© reprĂ©sentant l’enlĂšvement de Proserpine; le corps supĂ©rieur est d’ordre corinthien et trĂšs-dĂ©licatement incrustĂ© de lapls-lazuli et de jaspe sanguin ; sur les panneaux de la porte du milieu sont figurĂ©s Diane et Apollon, d’aprĂšs Jean Goujon ; les panneaux latĂ©raux s’ouvrent pour laisser voir des tiroirs fort joliment incrustĂ©s d’ivoire. Tout cela est d’un goĂ»t sobre, sĂ©vĂšre, d’un sentiment parfait. C’est une imitation faite avec tant de soin, tous les dĂ©tails sont si parfaitement traitĂ©s, qu’il est douteux qu’on ait jamais fait mieux. Trois jours aprĂšs l’ouverture de l’Exposition, ce meuble Ă©tait vendu Ă  un orfĂšvre de Londres ; il vaut 30,000 francs. Nous donnons ici le dessin de ce vĂ©ritable chef-d’Ɠuvre, dĂ©but d’un jeune homme qui aurait pu aspirer Ă  la grande sculpture, $r>6 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. si la rĂ©putation justement acquise par son pĂšre dans l’ébĂ©nis- trerie d'art ne l’avait retenu sur un théùtre plus modeste oĂč les victoires cependant ne sont pas sans gloire. L’armoire qu’a construite M. Barbedienne pour le vice-roi d’Egypte est dans un tout autre style; elle est d’une excessive richesse, l’ébĂšne employĂ© Ă  sa construction Ă©tant presque partout recouvert d’argent, la tinesse des dĂ©tails ne le cĂšde en rien Ă  la beautĂ© de l’ensemble ; les cariatides qui supportent le corps sont bien modelĂ©s, les petites ligurines empruntĂ©es Ăą Jean Goujon qui ornent les cĂŽtĂ©s ont toute l’élĂ©gance qui caractĂ©rise ce maĂźtre, le couronnement est du goĂ»t le plus pur. ExposĂ© ailleurs que chez M. Barbedienne, ce beau meuble aurait peut- ĂȘtre Ă©tĂ© plus admirĂ©. Mais la galerie de ce fabricant est si riche, si remplie d’objets intĂ©ressants , qu’ils se nuisent les uns aux autres. Trop de richesse a parfois son inconvĂ©nient. Nous avons dit que plusieurs de nos exposants s’étaient efforcĂ©s d’imiter les beaux meubles de Boulle. Une de ces imitations les plus heureuses est due Ă  M. Roux. Ses meubles de marqueterie rehaussĂ©s de dorure, sont d’un goĂ»t parfait; l’un d’entre eux est une des Ɠuvres les plus charmantes de l’Exposition. 4. Tapisseries. Papiers peints. MosaĂŻques. — Lorsqu’il a Ă©tĂ© question du traitĂ© de commerce avec l’Angleterre, on a cru un instant qu’il allait y avoir en France une vĂ©ritable invasion de tapis anglais; on le craignait, sans doute, avant de les avoir vus. Les tapis anglais sont bon marchĂ©, mais infĂ©rieurs en gĂ©nĂ©ral Ă  ceux fabriquĂ©s en France comme objets de luxe. 11 n’y a, en effet, aucune comparaison Ă  Ă©tablir entre nos beaux tapis et ceux de nos voisins. Non-seulement, ils n’atteindront jamais les Gobelins ou Beauvais, mais ils sont Ăą une distance Ă©norme d’Aubusson et de Neuilly. Les fabricants anglais ne paraissent mĂȘme pas se soucier dĂ© s’engager dans la voie oĂč nos manufactures rencontrent d’éclatants succĂšs ; ils ne semblent apprĂ©cier les tapisseries de nos manufactures impĂ©riales qu’au point de vue de la difficultĂ© vaincue. Elles ont un autre mĂ©rite, cependant, si l’on veut bien, comme on y tend aujourd’hui, les considĂ©rer non comme Ɠuvre d’art proprement dite, mais seulement comme dĂ©coration d’un meuble ou d’un panneau. J’accorde qu’il n’y ait pas grand intĂ©rĂȘt Ă  reproduire avec de LES INDUSTRIES D'ART. 857 la laine un tableau du Titien ; on fait ainsi un travail trĂšs-remarquable sans doute, mais d’un prix excessif et toujours infĂ©rieur Ă  l’Ɠuvre primitive, si la tapisserie, toutefois, renonçant lutter avec la peinture, reprend son vĂ©ritable rĂŽle de tissu destinĂ© Ă  l’ornementation, je ne comprends plus le peu de cas qu’en font nos voisins d’outre mer. Les natures mortes, d’aprĂšs Desportes ou d’aprĂšs Mignon, exposĂ©es par nos manufactures impĂ©riales, la derniĂšre surtout, ne sont-elles pas des chefs-d’Ɠuvre d’ornementation? La peinture n’aura jamais, il faut le reconnaĂźtre, cette douceur, ce moelleux d’aspect qu’offre la tapisserie, et, si nous descendons plus bas encore, qui Ă©galera jamais, pour couvrir un fauteuil ou un canapĂ©, ces dĂ©licieuses fleurs exposĂ©es par Beauvais et par Aubusson ? Quoi de plus gracieux que ces fonds vert clair sur lesquels se dĂ©tachent des guirlandes de fleurs d’une fraĂźcheur adorable? Si notre Ă©bĂ©nisterie est la premiĂšre du monde, c’est en partie parce qu’elle peut s’aider des merveilles de nos tapisseries ou de nos soieries de Lyon. Les meubles dorĂ©s couverts de tapisseries exposĂ©es soit par nos manufactures impĂ©riales, soit par Aubusson et Neuilly, sont des merveilles. Jamais le luxe n’a rien inventĂ© de plus riche et en mĂȘme temps de plus beau. Et si l’on voulait opposer quelques productions Ă  celles que nous louons aujourd’hui, ce serait dans le passĂ© qu’il faudrait remonter; si Beauvais de 1862 peut ĂȘtre vaincu, ce sera sans doute par l’ancien Beauvais, celui du quinziĂšme ou du seiziĂšme siĂšcle, qui nous a laissĂ© de ses travaux les magnifiques spĂ©cimens qu’on peut voir Ă  l’HĂŽtel de Cluny. Si belle que soit notre exposition de tapisserie, il faut bien avouer qu’elle ne renfermait aucune Ɠuvre aussi magistrale que l 'Histoire de David et de BethsabĂ©e, exĂ©cutĂ©e sous le rĂšgne de Louis XII, par les manufactures flamandes. 11 ne faut essayer cependant, que ce qu’on peut complĂštement rĂ©ussir. Nous avons donc regrettĂ© vivement qu’on eĂ»t placĂ© sur le transept, Ă  l’entrĂ©e de la cour française, plusieurs tapisseries Ă  personnages d’une exĂ©cution trĂšs-imparfaite. Si les manufactures qui les ont composĂ©es, au lieu de vouloir atteindre it la grande tapisserie Ă  personnages et de nous montrer des figures mal dessinĂ©es, d’une couleur criarde, se contentaient de reproduire des fleurs, des fruits, des ornements, elles arriveraient certainement Ă  de meilleurs rĂ©sultats. 55 III. 858 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. Quant aux tapis de pied, ce n’est pas encore en France qu’on rĂ©ussit le mieux. Ce que nous faisons est cependant supĂ©rieur Ă  ce que produisent les Anglais, si nous en jugeons, du moins, par ce que nous avons vu dans les salons de quelques grands seigneurs. Mais la palme appartient encore aux tapis de Perse, et mĂȘme aux imitations que produisent les villes du Levant, notamment Smyrne. Quelle harmonie dans l’ensemble, quelle grĂące et quelle richesse dans les dessins ! VoilĂ  d’admirables modĂšles Ă  reproduire 1 L’heureuse tendance que nous avons signalĂ©e dans l’ébĂ©nisterie se reproduit dans les papiers peints. En 1855, l’industrie, toute fiĂšre de son habiletĂ©, a voulu lutter avec l’art proprement dit; lĂ  n’est pas son rĂŽle, cependant. Un papier peint est une dĂ©coration, cene doit pas ĂȘtre un tableau. Ainsi, nous avons eu beau voir avec plaisir, dans le Panorama, le tableau de M. Couture qui reprĂ©sente une scĂšne du carnaval, nous n'approuvions pas ce dĂ©fi donnĂ© Ă  la peinture. Cette annĂ©e, Ă  Kensington, nous n’avons plus d’essais aussi compliquĂ©s; nous y avons vu encore, cependant, un paysage trĂšs-fin de tons, trĂšs-bien modelĂ©, d’un fort joli aspect, peut-ĂȘtre encore plus peinture que dĂ©coration; mais les grands sujets Ă  personnages ont disparu. 11 n’est que juste de dire que les Anglais ont fait dans cette industrie des progrĂšs importants ; sans atteindre Ă  aucun essai de production analogue Ă  celle dont nous parlons, ces progrĂšs coĂŻncident avec l’adoption de moyens mĂ©caniques impropres Ă  la crĂ©ation d’Ɠuvres d’un ordre un peu Ă©levĂ© au point de vue de l’art. Une desplus belles ornementations qu’on puisse mettre sur les murs d’une Ă©glise, sur le pavĂ© d’un monument, c’est la mosaĂŻque, nous avons dĂ©jĂ  citĂ© les beaux exemples qu’a montrĂ©s l’Italie; la Russie a aussi exposĂ© plusieurs grandes mosaĂŻques dans le genre byzantin, d’un trĂšs-bon style. Le Saint Nicolas couvert de ses ornements religieux, destinĂ© Ă  l'Ă©glise Saint-Isaac, est du plus grand etfet, et constitue une admirable dĂ©coration. Ce sont surtout les sujets religieux qu’affectionnent les artistes russes ; les peuples pauvres, courbĂ©s sous le joug, sont pieux; ils n’ont d’espĂ©rance qu’au ciel. Conclusion. — Nous l’avons dit plus haut, aucune industrie n’exige un concours plus nombreux de matiĂšres diffĂ©rentes que INDUSTRIES D’ART. fin! l'ameublement. Or, malgrĂ© les efforts tentĂ©s par les nations qui ont exposĂ© leur Ă©bĂ©nisterie Ă  Kensington, aucune ne peut montrer des produits remarquables dans toutes les branches de travaux dont le concours est nĂ©cessaire pour conduire Ăč bien la fabrication d’un meuble remarquable. Nos sculpteurs sur bois, parmi lesquels on compte de vĂ©ritables artistes, aidĂ©s, conseillĂ©s, guidĂ©s par nos architectes et nos statuaires, n'ont pas de rivaux Ă  l’étranger, et, quand on veut lutter contre eux, on n’y arrive le plus souvent qu’en les opposant Ă  eux-mĂŽmes, et en recrutant dans leurs rangs des artistes qui vont travailler Ă  l’étranger. Avec ce puissant secours, depuis plusieurs annĂ©es, JIM. Gra- ham et Jackson , qui ont exposĂ© les meilleures Ɠuvres du compartiment anglais, ont pu produire de beaux meubles en bois sculptĂ©; les fabricants anglais rencontrent dĂ©jĂ  plus de difficultĂ© pour faire des imitations de Boule, car il faut joindre Ă  l’art de fabriquer la marqueterie!, qu’ils possĂšdent, celui de fondre et de ciseler de beaux bronzes, qu’ils ont Ă  un moindre degrĂ©. S’il fallait, enfin, fabriquer des siĂšges riches, dignes de lutter avec ceux qu’ont exposĂ©s les Gobelins, Beauvais ou Aubusson, ils y Ă©choueraient complĂštement; car, malgrĂ© le remarquable dĂ©veloppement de leur fabrication de tissus de tout genre, ils n’ont aucune manufacture capable de produire les admirables tapisseries qui couvrent les siĂšges exposĂ©s dans notre cour française, et malgrĂ© les progrĂšs de leurs fabriques de damas de soie de Manchester, ils n’ont rien montrĂ© de comparable aux belles soieries qui tapissaient la chambre Ă  coucher de l’ImpĂ©ratrice. Il est possible qu’une nation ou une autre arrive Ă  nous Ă©galer dans un des arts qui touchent Ă  l’ameublement; il est difficile de supposer que, d’ici Ă  longtemps , aucun pays puisse nous surpasser dans l’ensemble, que nous avons portĂ© si loin. Nos tapisseries, notamment, seront pour longtemps inimitables. En comparant seulement nos produits Ă  ceux de nos voisins et mĂȘme en tenant compte des diffĂ©rences de goĂ»t, des deux nations qui ne font pas rechercher Ă©galement les mĂȘmes formes dans les deux pays, nous avons donc lieu d’ĂȘtre satisfaits. En serait-il de mĂȘme si rentrĂ©s en France nous examinions nos objets d’ameublement sans vouloir Ă©tablir de comparaison avec ceux que fabriquent les pays voisins, llĂ©pondent-ils complĂ©- 860 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. tement Ă  l’idĂ©e qu’on peut se faire de meubles parfaits? Évidemment non. Leur principal dĂ©faut est de manquer d’originalitĂ© nous imitons beaucoup, nous crĂ©ons peu; tous les meubles remarquables que nous avons citĂ©s rappellent les Ɠuvres de la Renaissance, ou celles de Louis XV ou de Louis XVL Il faut bien reconnaĂźtre, toutefois, que cette imitation est faite avec beaucoup de goĂ»t, et que, si on a choisi des modĂšles, on les a choisis excellents; aussi, sans nous arrĂȘter Ă  cette critique, nous oserons en formuler une plus sĂ©rieuse. Les dessins de nos meubles sont bons, les ornements sont, en gĂ©nĂ©ral, bien exĂ©cutĂ©s, mais il n’en est pas toujours ainsi des grandes figures sur bois qui les dĂ©corent; il y en a d’excellentes; il y en a de beaucoup plus faibles; des motifs de l’importance delĂ  grande cheminĂ©e de M. Fourdinois doivent ĂȘtre traitĂ©s par de vĂ©ritables statuaires ; des ouvriers, mĂȘme trĂšs-habiles, n’y sauraient rĂ©ussir. Si comme nous l’avons remarquĂ© bien souvent dans nos meubles parisiens, ou nous reprĂ©sente des enfants Ă  tĂȘte monstrueuse, des figures sans ensemble, dont les membres ne tiennent pas les uns aux autres, s’il y a enfin dans l’exĂ©cution des figures des fautes de dessin grossiĂšres, le meuble perd toute valeur artistique ; il vaut mille fois mieux restreindre l’ornementation, que de la faire incomplĂšte. Si donc on veut continuer Ă  dĂ©corer les meubles de figures en haut relief, si on veut dessiner sur les tapisseries des personnages, il faut avoir recours Ă  de vĂ©ritables artistes pour les exĂ©cuter. En rĂ©sumĂ©, nous pouvons dire que notre Ă©bĂ©nisterie, plus sage que par le passĂ©, se limitant mieux qu’autrefois sur son domaine, a exposĂ© cette annĂ©e des Ɠuvres en gĂ©nĂ©ral bien conçues, trĂšs- agrĂ©ables Ă  l’Ɠil ; mais qu’il arrive parfois, cependant, que l’exĂ©cution des figures de grande dimension laisse encore Ă  dĂ©sirer. II. — LES BRONZES D’ART. Les amateurs d’objets d’art, dĂ©sireux avant tout de voir des Ɠuvres parfaites, peuvent regretter le succĂšs de plus en plus marquĂ© des procĂ©dĂ©s mĂ©caniques employĂ©s pour la rĂ©duction des belles statues antiques Ă  de moindres proportions. Sans doute le procĂ©dĂ© inventĂ© par Achille Collas et par Sauvage, s’ap- LES INDUSTRIES D'ART. SOI plique bien mieux aux bas-reliefs qu’aux figures en ronde bosse. Tour la rĂ©duction de ces derniĂšres, en effet, on est obligĂ© de faire des coupes, et la rĂ©union des morceaux rĂ©duits sĂ©parĂ©ment est une premiĂšre cause d’infidĂ©litĂ©. La fonte au sable, deux fois moins chĂšre que la fonte en cire perdue, et qui est seule adoptĂ©e par le commerce, prĂ©sente les mĂȘmes dangers. Au lieu de fondre le modĂšle d’un seul morceau, on le divise, le travail est ainsi simplifiĂ©; mais lorsqu’il s’agit d’ajuster les morceaux fondus, le gauchissement qui a pu se rĂ©vĂ©ler dans l’assemblage des piĂšces moulĂ©es devient plus sensible encore. Pour l’eflacer, ou du moins l’attĂ©nuer, le fabricant a recours au ciseleur, et c’est le dernier coup portĂ© Ă  l’exactitude de la reproduction. Tout cela est vrai ; mais si ces procĂ©dĂ©s sont impuissants Ă  rendre complĂštement le modĂšle avec toutes ses finesses, il donne toujours un ensemble, une silhouette qui rappelle de trĂšs-prĂšs l’objet, qui en reproduit les lignes; et les personnes peu versĂ©es dans l’étude des beaux-arts, douĂ©es seulement d’un sentiment assez vif de la beautĂ©, peuvent jouir encore de ces Ɠuvres imparfaites, et les prĂ©fĂ©rer avec raison Ă  des originaux mieux exĂ©cutĂ©s matĂ©riellement, mais dans lesquels n’existe plus ce souffle de grandeur qui se rĂ©vĂšle dans la plupart des Ɠuvres antiques. Avec la diffusion des connaissances, le goĂ»t des grandes Ɠuvres s’est gĂ©nĂ©ralisĂ©, et, dans l’impossibilitĂ© oĂč se trouve la masse de possĂ©der une Ɠuvre parfaite, elle prĂ©fĂšre une reprĂ©sentation mĂȘme incomplĂšte Ăč une absence totale. N’avons-nous pas vu ce goĂ»t trĂšs-prononcĂ© pour les Ɠuvres hors ligne, entraĂźner un public extrĂȘmement nombreux aux concerts de musique classique qui ont lieu l’hiver au Cirque NapolĂ©on? Sans doute l’exĂ©cution n’approche pas de cette perfection qui caractĂ©rise la SociĂ©tĂ© des concerts qui tient ses sĂ©ances Ă  la salle du Conservatoire de musique; mais Ă  travers cette exĂ©cution imparfaite on retrouvait la grande pensĂ©e de maĂźtre, comme au travers des rĂ©ductions Collas on sent encore le style, la majestĂ© des Ɠuvres de Phidias, deLysippe, de PolyclĂšte, comme travers les photographies on retrouve la puissance lumineuse des eaux-fortes de Rembrandt, lamajestĂ© sĂ©vĂšre de Marc-Antoine, la folle imagination d’Albert Durer. Cette vulgarisation des Ɠuvres hors ligne a eu certainement une influence trĂšs-heureuse sur le goĂ»t du public, et depuis 802 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES, quelque temps les modĂšles de nos bronzes dorĂ©s eux-mĂšmes sont beaucoup mieux choisis qu’ils ne l’étaient il y a une vingtaine d’annĂ©es. Une faute que commettent cependant nos fabricants d’objets d’art, c’est d’employer trop exclusivemnt le bronze, et de confier Ă  cet alliage la reproduction des Ɠuvres exĂ©cutĂ©es en marbre. Cette faute est particuliĂšrement sensible pour la VĂ©nvs de Milo, qui est cependant une des meilleures rĂ©ductions faites par le procĂ©dĂ© Collas. En plĂątre elle conserve encore la meilleure partie de son charme et de sa puissance; fondue en bronze, elle change d’accent, elle n’a plus la grĂące du modĂšle que nous admirons au MusĂ©e du Louvre. § I er . Bronzes. — Aucun pays n’a dans cette industrie une importance Ă©gale Ă  la France, qui a accumulĂ© ses produits peut- ĂȘtre avec une abondance exagĂ©rĂ©e. Nous serions Ă©tonnĂ©s que la demande des bronzes pĂ»t expliquer le nombre considĂ©rable de nos fabricants, et il nous paraĂźt assez probable que celui-ci se rĂ©duira dans quelques annĂ©es. M. barbedienne se place toujours en premiĂšre ligne, non- seulement par les Ɠuvres anonymes qu’il expose, mais surtout par le dĂ©pĂŽt des Ɠuvres de M. llarye, que chacun apprĂ©cie de plus en plus Ă  mesure qu’il les Ă©tudie mieux. Personne jusqu’à prĂ©sent n’avait compris comme cet artiste la sauvage beautĂ©, l’élĂ©gance des animaux. Quelques-uns de ses combats sont terribles; le lion qui dĂ©chire un crocodile est admirable c’est le calme de la force impassible devant les tortures du vaincu; personne n’a su comme lui aplatir le crĂąne d’un tigre, allonger son torse maigre, pendant qu’il se glisse, les membres rassemblĂ©s et prĂȘt Ă  bondir. M. llarye n’est pas seulement un sculpteur d’animaux, il est digne Ă  tous Ă©gards de traiter des sujets antiques quelle puissance dans le combat du Centaure et du Lapithe; celui-ci serre de ses jambes nerveuses la croupe de son adversaire; sa main, crispĂ©e sur l’épaule du Centaure, amĂšne la tĂȘte effarĂ©e sous sa massue brandie, prĂȘte Ă  frapper. Si audacieux que soit le mouvement, il n’en reste pas moins un modĂšle de style. MalgrĂ© le parfum antique qu’exhale le ThĂ©sĂ©e terrassant le Mi- notaure, on y sent une idĂ©e morale ; la sĂ©rĂ©nitĂ©, le calme, la cer- LUS INDUSTRIES D’ART. 813 titude du hĂ©ros triomphant victorieusement des contorsions du monstre Ă  tĂȘte de taureau, n’est-ce pas la victoire tranquille de la raison sur la force brutale? Chez M. Barhedienne se trouve encore une foule d’objets gracieux destinĂ©s Ă  des garnitures de cheminĂ©es, des vases moulĂ©s sur l’antique, de belles coupes surbaissĂ©es aux anses doucement arrondies, enfin cet ensemble si dĂ©sirable qui s’étale, au grand plaisir des curieux, sur le boulevard Montmartre. M. Graux-Marly a exposĂ© les deux beaux esclaves Ă©gyptiens porte-flambeaux du regrettĂ© Toussaint. Tout le monde a Ă©tĂ© frappĂ©, Ă  l’un de nos derniers Salons, de ces figures demi-nues, dont les yeux baissĂ©s, expriment la rĂ©signation d’une race vaincue, courbĂ©e Ă  un eobĂ©issance servile; comme sa compagne, le fellah soutient de son bras Ă©tendu le flambeau qui Ă©claire le chemin du maĂźtre. Ce sont lĂ  deux excellents modĂšles de candĂ©labre, qui ont Ă©tĂ© rĂ©duits Ă  des dimensions trĂšs-variĂ©es; au bas d’un escalier monumental ils seront parfaitement placĂ©s. M. MĂšne marche sur les traces de M. Barye, depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ ; il cisĂšle avec talent de charmants groupes d’animaux. Une de ses piĂšces, reprĂ©sentant des chasseurs et des chiens, est encore assez agrĂ©able, malgrĂ© la grande difficultĂ© de composition que prĂ©sentait le sujet. M. Delafontaine, M. Susse, ont d’excellents modĂšles de statuettes ou de bronzes d'appartement. Nous avons remarquĂ© surtout chez ce dernier un trĂšs-bon trĂ©pied destinĂ© Ă  contenir une lampe. Une bonne reproduction des trois GrĂąces, de Germain Pilon, a Ă©tĂ© exposĂ©e par M. Lemaire. Combien de fois ce beau motif a-t-il Ă©tĂ© interprĂ©tĂ© par la statuaire, par la peinture ! Le groupe de Germain Pilon n’a pas la puissance des femmes de RaphaĂ«l, fortes, robustes, si chastes malgrĂ© leur nuditĂ©; les trois grandes filles du sculpteur français sont plus Ă©lĂ©gantes, plus grandes dames; elles n’ont plus la sĂ©vĂ©ritĂ© de RaphaĂ«l, elles ont un charme plus vivant ce ne sont plus des divinitĂ©s, mais d’admirables crĂ©atures tout empreintes de grĂące. Nous l’avons dit, dans l’industrie des bronzes la France se place si nettement au premier rang, que c’est Ă  peine si les autres nations ont exposĂ© quelques objets. ConcentrĂ©e dans le quartier du Marais Ă  Paris, divisĂ©e en une foule de grands et petits ateliers 864 EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. dans lesquels l’intelligente activitĂ©, le goĂ»t, de l’ouvrier fabricant est la condition essentielle du succĂšs , cette industrie ne saurait ĂȘtre entamĂ©e par la puissance des grands ateliers anglais. Cette industrie parisienne n’a pas encore de rivaux sĂ©rieux. Nous devons toutefois faire mention d’une jolie collection de bronzes russes, reprĂ©sentant divers Ă©pisodes de chasse. Tous les dĂ©tails sont traitĂ©s avec soin, les chasseurs, les chiens eL le gibier qu’ils ont su atteindre, tout est ciselĂ© avec beaucoup de finesse. -U.* y* WM, r 3 sÏMfY. l'ig. S. II. Bronzes dorĂ©s, Ă©maillĂ©s .— Ce n’est plus ici la France qui domine, mais bien l’extrĂȘme Orient, la Chine et le Japon. Quelques membres de l’aristocratie anglaise, quelques nĂ©gociants, avaient exposĂ© les vases pris au palais d’étĂ© du chef du CĂ©leste Empire, et il faut bien reconnaĂźtre que rien n'est plus parfait comme ornementation que ces beaux vases Ă©maillĂ©s qui Ă©taient rĂ©unis dans un petit compartiment de l’Exposition anglaise, fort dĂ©daignĂ© du public cependant. Il semble qu’il n’est pas nĂ©cessaire qu’un ornement ait une LES INDUSTRIES D’ART. 8Gb signification prĂ©cise; on place un vase sur une table, sur une cheminĂ©e par horreur du vide; ce qu’on doit lui demander surtout, c’est de bien remplir ce vide, d’avoir un joli aspect, assez riche de ton pour ne pas amener la tristesse, assez doux pour ne pas tout tuer par son voisinage c’est lĂ  le grand mĂ©rite de ces vases chinois et japonais, ils sont admirables et modestes; comme ces hommes silencieux qui ne dĂ©couvrent tout Ă  coup la finesse de leur esprit, la sĂ»retĂ© de leur jugement, que pressĂ©s par leurs interlocuteurs, et qui habituellement gardent le silence, Fig. 1. > $5 Site ,*'ar jsr tandis que les sots babillent Ă  perdre haleine, de mĂȘme ces beaux vases, trĂšs-doux d’aspect, peuvent passer inaperçus; les regarde-t-on un instant avec attention, leur charme pĂ©nĂštre, on ne sait plus s’en dĂ©tacher. L’auteur s’est abandonnĂ© Ă  la plus pure fantaisie; personne n’a jamais vu ces grosses bĂȘtes aux formes bizarres qui s’entrelacent sur leur panse arrondies; c’est Ă  peine si elles ont Ă©tĂ© entrevues dans les rĂȘves les plus incohĂ©rents; ces figures bizarres vous entraĂźnent au travers de ce monde inconnu, dans lequel les conteurs orientaux accumulent si libĂ©ralement toutes les richesses, on aban- Sfifi EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. donne avec eux la rĂ©alitĂ© pour voyager en pleine fantaisie. C’est lĂ  leur suprĂȘme qualitĂ©. Si une Ɠuvre sĂ©rieuse est bonne quand elle excite la pensĂ©e, une Ɠuvre de fantaisie est agrĂ©able lorsqu’elle fait rĂȘver. Le charme de la musique est de fournir un thĂšme sur lequel l’imagination, la folle du logis, brode Ă  son aise? Quelles innombrables armĂ©es on voit dĂ©filer en entendant la symphonie hĂ©roĂŻque ! Les gĂ©ants de Gulliver peuvent seuls marcher au pas de ces grands accents; combien de bergĂšres enrubannĂ©es, poudrĂ©es, Ă  la jupe courte et ballonnĂ©e, j’ai vues danser devant moi pendant la pastorale! On aime ainsi Ă  se perdre dans les songes les plus vagabonds, devant les ĂȘtres fantastiques des vases japonais et chinois ; Ă  chaque instant, avec un nouveau plaisir, on y dĂ©couvre une nouvelle folie. L’harmonie de leurs teintes est admirable; ils sont dorĂ©s, c’est Ă  peine si on le croit; ils sont Ă©maillĂ©s, mais leurs couleurs sont douces, elles n’ont rien de criard , bien diffĂ©rents en cela de nos gros bronzes dorĂ©s, tout battants neufs, qui crĂšvent les yeux malgrĂ© tout. Que cette pagode en bronze dorĂ©, est amusante! Sur le toit des monstres tortillĂ©s, font siffler leur langue pointue, ils dĂ©fendent le dieu de Jade, immobile au fond du sanctuaire, contre les entreprises des impies. Que ces boĂźtes d’ivoire sont finement dĂ©coupĂ©es ! On y retrouve cette patience de main d’Ɠuvre, cette abnĂ©gation de l’artiste si loin de nous aujourd’hui et que nous avons connu autrefois, quand des scribes habiles passaient une vie tout entiĂšre, abritĂ©e par l’ombre pieuse du cloĂźtre, a enluminer un manuscrit de curieuses miniatures. Quel merveilleux travail encore dans ces admirables paravents de laque, que l’exiguĂŻtĂ© de nos appartements ont fait passer de mode. Pourquoi faut-il que le plaisir de voir ces belles choses soit empoisonnĂ© par le souvenir d’un pillage, d’une destruction indigne d’un peuple civilisĂ©? Nos bronzes dorĂ©s sont peut-ĂȘtre un peu meilleurs qu’il y a quelques annĂ©es; nous avons eu naguĂšre une avalanche de modĂšles dĂ©testables, de sujets de pendules d’un goĂ»t affreux; tout cela s’est un peu modifiĂ©; on a pris l’excellent parti de se servir surtout de rĂ©duction soit de l’antique, soit des bonnes statues modernes la belle PĂ©nĂ©lope de M. Cavelier, rĂ©duite par M. Bar- bedienne, a fait un excellent motif de pendule pour une chambre LES INDUSTRIES D’ART. 8 - & Kl dĂ©lia Robbia, trĂšs-riche et puissant de ton. M. Lisci fera bien de s’en tenir i sa faĂŻence et d’abandonner la fabrication de la porcelaine dĂ©corĂ©e; celle qu’il a montrĂ©e est d’un goĂ»t horrible. LES INDUSTRIES D’AIIT. 889 Nous ne reviendrons pas sur les porcelaines de Chine et du Japon, mĂ©diocrement reprĂ©sentĂ©es au reste Ă  Kensington, et qui n’ont d’autres tendances que le statu quo dans une fabrication qui a produit de si merveilleux rĂ©sultats. Au point de vue de l’art, la cĂ©ramique a encore Ă©normĂ©ment Ă  faire; la porcelaine doit surtout chercher d’habiles dessinateurs y\ 'ĂźL** r 4M % f \ .? \ * Ih'Tl'UVbltA- tld .SC "MACHINES A FAIRE LES MORTAISES .ET LES. BAIflURES Details de transmission Kio\ x rUiuehe lu Annales du t'enserrateire Imper ni! des Arts et Me tiers. / tio*. 2 . ..'Y/r . x BenniĂżi'ĂŒJy, j <* . Ă©xi&'ĂŻ'*- imm iliilS IMll SĂŻiĂ©llùù WWĂ  {$&&;i ‱&ÂŁ;‱ ,v; ‱iJ* ; 'VvĂźfrift Vt'-^ -jtkÀ. ' c 'a'&?i"$i Fait tes projets dans le silence, le succĂšs s’occupera du bruit. –

travail en silence la reussite se chargera du bruit